Textes : Proverbes 14 Daniel 7, v. 13 & 14Apocalypse 1, v. 5 à 8 Jean 18, v. 33 à 37 Ps 93 Pasteur Philip GirodetTélécharger le document au complet

Notes bibliques

Quelques notes Ce chapitre est foisonnant. De nombreux mots ou versets peuvent servir de point d’appui pour une prédication. Le sot, l’imbécile, le faux témoin et autres qualificatifs peuvent nous mettre sur une piste. Ce sont des mots qui nous sont parfois associés car notre vie n’est pas toujours « un long fleuve tranquille » ou nous vivons pleinement de tous ce que la Parole de notre Dieu nous propose. Je n’ose pas reprendre ici la confession des péchés de Calvin. Si nous l’avons dans la tête, nous pouvons dire que ce chapitre 14 et presque « light » par rapport à ce que Calvin nous présentait !!! Le texte hébreu est parfois difficile à traduire, mais c’est aussi ce qui en fait le charme… Je me suis servi de la traduction et du « Commentaire des Proverbes » par A. Lelièvre et A. Maillot, paru au Cerf en 1933.

  • Les proverbes ne sont pas une production littéraire originale ou spécifique à Israël, mais s’inscrivent dans le cadre littéraire et spirituel de tout le Moyen-Orient.
  • On peut être étonné de découvrir que la plupart des proverbes bibliques ont des antécédents ou des correspondants avec les proverbes égyptiens, ou sumériens. Je n’en parlerai pas car cela nous prendrait trop de temps.

Mais voici un exemple de proverbe sumérien du 3° millénaire « Les biens sont des moineaux en vol qui ne peuvent trouver place pour se poser sur le sol » et son correspondant en hébreu tiré du livre des Proverbes 23, v. 4 & 5 : « Ne t’épuise pas à courir après les richesses, arrête tes investigations. Que ton regard les survole, elles s’évanouissent, car elles se sont fait des ailes et, comme l’aigle, s’envolent vers le ciel. » Même s’il n’y a pas correspondance littérale, il suffit de noter leurs similitudes.

  • Il faut aussi prendre en compte les diversités d’approche de la divinité. Autant les dieux païens sont faciles d’accès, autant le Dieu d’Abraham est exigeant vis-à-vis de ses fidèles. Pour les dieux païens, il suffit d’avoir sa statue chez soi, et de respecter les règles ou consignes que donnent les prêtres de ce dieu. Même s’ils ont des histoires de famille différentes, les anciens n’hésitaient pas à faire des équivalences entre tous ces dieux.
  • Les peuples de cette époque n’avaient ni chronographe, ni télé, ni internet, par contre leurs contacts religieux ou culturels étaient beaucoup plus importants qu’on ne le croit habituellement. S’ils avaient des traditions cultuelles différentes, leurs écoles de Sagesse arrivaient parfois à les harmoniser.
  • Leurs dieux couvraient, accompagnaient et étaient associés à tous les aspects et domaines de la vie. Leur particularité : ils n’étaient pas exclusifs et s’acceptaient fort bien les uns les autres.
  • Cela ne les empêchaient pas de voyager, parfois contraint et forcé par les guerres ou par les envahisseurs. Ils emportaient avec eux leurs traditions, leurs dieux… mais ils en profitaient pour découvrir celles des peuples dans lesquels ils s’intégraient.

Traduction 1- Chacune des femmes sages a bâti son foyer, mais une bêtise le démolit en un tour de main.2- Qui se conduit honnêtement respecte le Seigneur, mais qui va de travers le méprise.3- Le sot a dans la bouche un ramage arrogant, mais les lèvres des sages les en protègeront.4- Sans bœufs la grange est vide, mais on a de beaux troupeaux avec un taureau vigoureux.5- Un témoin digne de foi ne ment jamais, mais le faux témoin ment comme il respire.6- Un insolent a recherché la sagesse…, impossible ! pourtant le savoir est facile pour l’homme curieux.7- Éloigne-toi de l’imbécile, car tu n’as jamais connu de savoir sur ses lèvres.8- La sagesse d’un homme habile lui fait choisir son chemin, mais la bêtise des imbéciles est une embrouille.9- Pour des sots dédommager est ridicule, mais entre honnêtes gens on se met d’accord.10- Chacun ne connaît que sa propre peine, et personne ne partagera la joie d’autrui.11- La maison des mauvaises gens sera détruite, mais la tente de l’honnête homme sera prospère.12- Devant tout homme il y a un chemin droit, mais il aboutit aux chemins de la mort.13- Même quand on rit, le cœur peut souffrir, et la joie aboutit au chagrin.14- La conscience d’un dévoyé est satisfaite de sa conduite, mais un brave homme l’est bien davantage.15- Un naïf craint n’importe quoi, mais l’homme habile regarde où il met les pieds.16- Un sage craint de commettre le mal et s’en écarte, mais sûr de lui, un imbécile y fonce.17- Un individu impatient fait des bêtises, mais l’homme qui calcule sera exalté.18- Les naïfs ont hérité de la bêtise, mais les gens habiles sont auréolés de savoir.19- Des hommes malveillants ont rampé devant les bons et les mauvaises gens sont mis à la porte des justes.20- L’indigent est rejeté même par son camarade, mais les amis du riche sont nombreux.21- Qui méprise son camarade déraille, mais qui a pitié des malheureux réussit.22- C’est certain : les artisans du mal s’égareront, mais stabilité et sécurité sont pour les artisans du bien.23- De tout effort on retire un avantage, mais à discourir on finit dans le besoin.24- La couronne des sages c’est leurs richesses, mais quand on est bête c’est pour la vie.25- Un témoin digne de foi sauve des gens, mais avec un faux témoin, c’est l’erreur judiciaire.26- Le respect du Seigneur donne la sûreté d’un fort, et c’est un abri pur ses adeptes.27- Le respect du Seigneur est source de vie, et fait éviter des pièges de mort.28- Un peuple nombreux donne du prestige au roi, mais la dépopulation est la décadence d’une dynastie.29- Un homme patient a une grande lucidité, mais le caractère impulsif accroît la bêtise.30- Un cœur paisible, c’est la santé du corps, mais la passion gangrène les membres.31- L’exploiteur du pauvre outrage son auteur, mais on l’honore en prenant pitié du mendiant.32- Le mauvais homme est terrassé par ses méfaits, mais à sa mort le juste est à l’abri.33- La sagesse est à l’aise dans un esprit curieux, mais au cœur des imbéciles elle est anéantie;34- La justice grandit une nation, mais les inégalités sont la honte des peuples.35- Un roi prodigue sa faveur au serviteur compétent, et sa fureur à celui qui est indigne.

Prédication

Ce dimanche, la liste des lectures bibliques propose le chapitre 14 du livre des Proverbes, en son entier. Vous venez d’entendre tout ce chapitre. Les premières impressions ? Il y a trop de chose à entendre ! Vrai florilège de proverbes, de réflexions en tout genre, tout cela centré sur la place ou les réactions du sot à l’imbécile, du sage au malveillant ou aux mauvaises gens…! Ces proverbes se succèdent sans ordre apparent, on s’y perd !! Tous ou presque ont pour sujet ou pour objet, comme l’on veut : la bêtise ou la sottise humaine. L’on sait que toutes deux arrivent à fausser consciemment, volontairement ou non, toutes les relations que l’homme essaye de nouer avec son prochain. C’est vrai, de la bêtise à la sottise, on en prend plein… la figure. Or, soyons franc, il y a un peu de nous dans cette accumulation. En effet, qui un jour n’a-t-il pas agit comme l’un des ces hommes, décrit par l’auteur ? De plus, dans ce désordre apparent, par 2 fois (v. 2 et 26-27) notre auteur fait référence à Yahvé, comme si cela allait réguler le chapitre, ou donner plus de valeur aux paroles écrites. Ceci est en partie vrai, tout en sachant que la sottise, bêtise ou mauvaise foi envahissent notre vie de façon plus ou moins crue ou sournoise. Or, c’est vers le Seigneur que vont toutes les prières, que s’élève toutes les demandes et vers qui toute la vie humaine est tendue, non seulement pour les juifs, mais aussi pour les chrétiens de tous les temps. Le v. 2 est significatif : « Qui se conduit honnêtement respecte le Seigneur, mais qui va de travers le méprise » Littéralement : « Qui marche dans la droiture respecte le Seigneur ». Nous pouvons le comprendre ainsi : « Celui qui marche droit respecte le Seigneur » ou bien « Celui qui respecte le Seigneur marche droit » à savoir la religion change la conduite. Ainsi d’un prisonnier rencontré en Centrale. Il se plaignait régulièrement et manifestait son incompréhension face aux réactions des détenus : « Personne ne veut m’écouter quand j’annonce Jésus-Christ Seigneur et Sauveur ». Cet homme était sincère dans l’expression de sa foi et de sa démarche de prédicateur. Alors pourquoi était-il raillé, rejeté ? Il y avait un os et de taille. Son comportement en prison ne manifestait pas la libération qu’il annonçait. Cet homme s’enivrait régulièrement, ce qui fait que sa parole n’était pas recevable pour ses auditeurs. C’est ainsi que ceux à qui il s’adressait se moquaient de lui, lui renvoyant au passage son image dégradée par l’alcool. Il fallut un long temps de dialogue et de réflexion autour de la question : Pourquoi les autres se moquent-ils de moi et ne veulent pas m’écouter ? Avec lui, j’essayais de réfléchir de l’importance de l’alcool dans sa vie? « N’as-tu pas remarqué ceci, quand tu as bu, tu ne réagis pas de la même façon que lorsque tu es sobre ? » J’essayais de lui faire découvrir que l’évangile, auquel il tenait tant, lui proposait un autre mode de vie, que celui qu’il menait dans la boisson. Enfin un jour il me dit « Je crois bien qu’il me faut arrêter de boire pour que la parole que j’annonce au nom du Christ Sauveur soit entendue et écoutée par les autres. » De ce jour, il arrêta l’alcool. Je peux dire que la parole biblique avait atteint son but : elle avait changé sa conduite. Ce témoignage confirme le v. 2 : « Celui qui respecte le Seigneur marche droit. » L’intérêt de ce verset est aussi de contenir, avant toute autre considération, le tétragramme YHWH, donc de rappeler dans ce contexte de sagesse, la nécessité et la supériorité du « respect du Seigneur » qui surpasse toute science. De plus, la 1° partie de ce v. 2 « Qui se conduit honnêtement respecte le Seigneur » laisse entendre qu’il s’agit d’une personne qui poursuit sa route sans se laisser détourner, ni même impressionner par ce qui se passe autour de lui. Il s’agit bien autant d’aller droit son chemin, que d’aller sur un chemin droit. J’aimerais maintenant vous faire faire un petit détour. Que représentait et comment la Sagesse se transmettait-elle dans les différents empires de l’époque ? Au Moyen-Orient, leur existence est prouvée dès le 12° siècle avant J-C. ainsi chaque empire, qu’il soit égyptien, sumérien, babylonien, assyrien ou hittite avait ses écoles de Sagesse. C’était de vraies écoles de formation pour les hauts-fonctionnaires du royaume. Cela correspondait à notre ENA actuelle. On peut dire que les gouvernants de l’époque avaient à cœur d’avoir des hommes formés pour l’administrer leur pays. En vous disant cela, je veux mettre en évidence ceci : Le livre des Proverbes n’est pas qu’un recueil de morale ordinaire ou de paroles moralisantes telle que nous la pratiquons. Cette morale oppose le bien au mal, disant ce qu’il faut faire ou pas, ce qu’il faut vivre ou pas, etc. Du coup qui dit morale, dit culpabilité. Or, ce livre n’est pas dans cette perspective, il ne privilégie pas cette dimension, même si celle-ci n’est pas absente. Autre remarque : à lire ce chapitre, tout comme le reste du livre, on s’aperçoit vite que « ça ne vole pas très haut » dans ce livre biblique. Que l’on est loin de ce que peuvent nous dire Quohelet ou Job. Tous deux parlent de notre vie, sans prendre de gants, de manière très vive, crue ou franche, que ce soit dans nos rapports avec Dieu pour Job et avec la vie quotidienne pour Quohelet. Or les Proverbes nous rappellent que notre vie se déroule le plus souvent au ras des pâquerettes et sommes confrontés à des sots, des stupides, des faux témoins et autres… De plus, même si nous ne trouvons pas cela très normal, nous devons reconnaître que nous aussi, ne volons souvent pas très haut !! N’en déplaise à tous ceux et celles qui croient être ou vivre au-dessus de la mêlée. En fait, ce livre est un bon miroir de notre vie ordinaire ou banale. Ce livre à l’avantage de nous rappeler que notre Seigneur se préoccupe de cette vie ordinaire, ce qui, dans notre monde comme à l’époque est moins que banal. C’est ce qu’Il fera en venant sur la terre partager notre vie, jusqu’à la mort. C’est ce qui fait toute la différence vis-à-vis des autres dieux auxquels était confronté le rédacteur des Proverbes. Ces dieux que l’Ancien Testament présente comme des dieux aveugles, sourds et muets et qui n’en ont rien à faire des humains, pourvu qu’ils aient leur content d’offrandes et de sacrifices, se moquant bien de leur sort. Pour cela, il n’y a qu’à relire certaines pages d’Ésaïe. Finalement, ce verset 2 nous demande ou « de marcher droit pour respecter le Seigneur » ou bien « si tu respectes le Seigneur, tu marches droit ». Ce qui fait que dans ta vie quotidienne cela te servira, te permettant d’avoir d’autres relations et de tisser d’autres liens avec les hommes dans notre société…etc. Tu pourras aussi aborder et dialoguer avec les autres, sans les mépriser par ta suffisance ou les écraser de ton pouvoir. Tu pourras vivre avec tes frères et sœurs en toute fraternité. Ainsi les sots et consorts ne t’atteindront pas. Deviendras-tu sage pour autant ? Seule ta vie en témoignera !au fait, c’et ce que l’ami Jésus nous demande tout au long des évangiles. Alors à toi de jouer ! d’en vivre ! et de t’en réjouir ! Amen.