Semaine de prières pour l’unité des chrétiensTexte : Jean 2, v. 1 à 12Pasteur Christophe VERREYTélécharger le document au complet
Proposition de prédication A l’arrivée de Jésus, le Royaume de Dieu s’installe dans le monde. Celui que Jn appelle « la Parole de Dieu : celui qui est la Parole était avec Dieu, et il était Dieu.», « le logos incarné », est celui qui vient apporter lumière et vie aux hommes « Celui qui est la Parole est devenu un homme et il a vécu parmi nous, plein de grâce et de vérité » (1 v14). Enfin les prophéties s’accomplissent, le Sauveur est arrivé, il est parmi nous. Mais discrètement, sans tapage ni déploiement de force. Simple et merveilleux. Comme une lampe qu’on allume, comme le soleil au matin. C’est pour cela que personne ne le sait. Alors, pour se montrer un peu tel qu’il est, pour dire qu’il est l’heure, que le moment tant attendu par le peuple est arrivé, Jésus va donner un signe. C’est le vin du Royaume! Que Jésus fait couler à flot dans cet évangile plein de surprises et plein de joie. 1ère surprise, un festin de noce ! Pour fêter le début du ministère de Jésus, inauguré avec discrétion par le plongeon dans l’eau du baptême puis par le choix des premiers disciples. 2nde surprise, l’eau se change en vin, comme s’il en pleuvait ! Comme si tout était changé puisque Jésus est là. Avec la joie de cette grâce en abondance. Pourquoi des noces ? Dans la joie de la noce, le peuple des croyants épouse enfin Dieu ! C’est une image juive traditionnelle, que l’on trouve dans toute la Bible, dans les prophéties d’Osée et d’Ezékiel (16 :8), par exemple. C’est la suite logique du Cantique des Cantiques. Ce Cantique est un poème d’amour libre entre un homme et une femme, il n’y est jamais fait mention de Dieu et pourtant il fait partie de la Bible, parce que la Tradition y a vu une image de l’amour de Dieu pour l’homme. Amour qui doit trouver son heureux aboutissement dans le mariage, comme il se doit. Inversement, Osée montrera que malgré l’infidélité du peuple Dieu l’aime toujours, en épousant une prostituée. Si vous lisez l’Apocalypse, du même auteur que cet évangile, vous y trouverez encore le Jour du Jugement Dernier décrit comme étant un jour de noces, « les noces de l’Agneau ». C’est une manière de montrer que le croyant n’a rien à redouter de la Fin du Monde, qu’il s’agira pour lui d’un heureux évènement, qui l’unira à Dieu pour l’éternité. Aussi parce que pour l’homme et la femme qui se marient, c’est la fin d’une ancienne vie, le début d’une vie nouvelle, dans la fidélité et l’espérance. Jésus ici n’est que l’invité des noces, avec sa mère et ses disciples. Mais si Jn a choisi des noces pour le premier signe de Jésus, lui qui multiplie dans ses livres les symboles et les indices, c’est pour attirer notre attention sur ce début de ministère miraculeux qui en annonce l’heureux aboutissement, après la mort et la Résurrection, et malgré l’infidélité du peuple qui a préféré le laisser mourir. « Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu dans son propre bien, et les siens ne l’ont pas accueilli… » Cana est un signe fort de la fidélité de Dieu qui espère encore en la notre. Il est bon au passage de découvrir que l’Évangile n’est pas opposé au mariage et à l’union sexuelle de l’homme et de sa femme. Au contraire, il y voit un premier signe de joie de l’homme. L’eau changée en vin : C’est un miracle! C’est un miracle discret, juste un signe destiné aux disciples et à sa mère pour montrer de quoi il était capable. Mais surtout, c’est un miracle qui n’a de sens que par sa symbolique, par ce qu’il cherche à nous dire. Il n’a pas de sens en soi, puisqu’il ne respecte pas les lois de la nature que Jésus a lui-même institué. Si pour Jean « le monde fut par lui », Jésus et le créateur ne font qu’un ; et ce n’est qu’un jeu pour lui, même descendu du ciel, homme parmi les hommes, de faire ce petit tour de passe-passe ! Mais c’est un tout petit miracle par rapport à la Création, il faut bien le reconnaître. C’est beaucoup moins impressionnant que le miracle de faire vivre toute vie dans l’univers jour après jour, ou de faire tourner la Terre à la bonne vitesse. Heureusement que toute l’eau de la Terre ne s’est pas transformée en vin ! Ce n’est donc pas le côté prodigieux du miracle qu’il faut retenir ici. Cana, c’est le signe du changement ! Changement par rapport à la Tradition juive, changement pour notre vie toute entière. L’eau qui était là, ce n’était pas n’importe quelle eau : « Il y avait là six récipients de pierre que les Juifs utilisaient pour leurs rites de purification » … En les privant d’eau, Jésus empêche les autres invités de continuer leurs ablutions rituelles. Il ne s’agissait pas seulement de se laver les mains ou de se rafraîchir. C’était beaucoup plus profond que cela, la même signification que le baptême de Jean : la volonté de montrer à Dieu que l’on veut rester pur, respectueux de la loi, fidèles à Dieu par la Tradition…L’eau, c’est le système de la souillure qu’il faut laver. Le vin au contraire est le plus beau cadeau de Dieu, ce qui réjouit le cœur de Dieu et le met en fête. Voici donc l’évangile nouveau: la vie de l’homme est une aventure exaltante. La fête n’a pas besoin de rite pour être juste et belle! Après Jésus, l’homme n’a plus besoin de rites pour être sauvé. Pas plus que de sacrifice après son sacrifice. La foi en Jésus-Christ n’est pas un mode de vie ni une morale. C’est une fête, un embrasement de la personne, un enthousiasme pour les promesses de l’évangile. L’eau se change en vin pour nous montrer que notre vie peut se changer en fête. La guerre peut se changer en paix, la violence peut se changer en pardon, la mort peut se changer en vie, la tristesse peut se changer en joie, … Certes, c’est en espérance ! « Si l’on voit ce que l’on espère, ce n’est plus de l’espérance: qui donc espérerait encore ce qu’il voit? » (nous dit si bien Romains 8:24 ) Comme, à Cana, ce n’est qu’un signe donné aux disciples. Mais « il manifesta ainsi sa gloire, et ses disciples crurent en lui. » Pas besoin d’autres signes que ce signe de Cana. En lui nous pouvons reconnaître la gloire du Christ, avec tout ce que les témoignages des disciples nous ont transmis, en lisant la suite de l’évangile pour mieux le comprendre. Pas besoin de plusieurs baptêmes, un seul suffit comme signe de changement dans notre vie. A nous de vivre à fond avec ce signe qui nous est donné pour donner sens à notre vie, dans la fidélité et l’espérance. Et dans la joie de la fête qui nous attend dans le Royaume. AMEN.PRIERE après la prédication et avant la Cène« Quelle simplicité, quelle confiance, Seigneur, … » (La Galette et la Cruche Tome 1, p.44-45- A. Nouis – Réveil Ed°)