Textes : Job 34, v. 1 à 37 Psaume 16 Daniel 12, v. 1 à 3 Hébreux 10, v. 11 à 18 Marc 13, v. 24 à 32Françoise NIMAL, étudiante en Théologie – Faculté de théologie protestante de Bruxelles

Quelques notes sur Marc 13, 24-32 Contexte: plan de Mc 13 1-2 : intro, annonce la destruction du Temple 3-23 : les signes de la fin des temps « Quel est « LE » signe annonçant la fin de toutes ces choses? Ne sont pas « le » signes les malheurs qui arrivent avant (inscrites dans l’histoire de l’humanité : guerres, catastrophes naturelles, persécutions… font partie de l’histoire de l’humanité Importance de persévérer à annoncer la Bonne Nouvelle malgré les persécutions, jusqu’à la fin. L’abominable dévastateur : jours de détresse… Prendre garde aux faux prophètes (Rem : selon certains exégètes, hypothèse que les versets 14-20 viendraient d’une autre apocalypse 24-27 : La venue du Fils de l’homme en Gloire La parabole du figuier. « Cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive » 28-37. Dieu seul connaît le moment de la fin. Exhortation à veiller. La venue du Fils de l’Homme Que fait le Christ à la fin des temps? – Ébranler les puissances – Rassembler ceux qu’il a choisis (qui sont-ils? En tout cas ceux qui ont été persévérants et fidèles dans l’annonce de la bonne nouvelle, cf. v. 13: « celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé ») – Être en Gloire (contraste avec Jésus brisé sur la croix. La mort, la destruction du Temple, et Dieu lui-même profané, détruit, par la Croix, qui sont des événements de l’histoire humaine, ne sont pas la fin, la Parousie, où la Gloire du Christ restaure ce qui était détruit) – Juger, rendre JUSTICE (thème déjà dans Mc, encore plus accentuée dans d’autres textes de l’Église ancienne) cf. épitre de Barnabé, 15,5, un passage sur le sabbat:  » « Il chôma le septième  » veut dire: lorsque son Fils sera venu mettre une fin au temps de l’injustice, juger les impies, métamorphoser le soleil, la lune et les étoiles, alors il chômera pleinement le septième jour. » 2. Notes exégétiques complémentaires – Tonalité générale : l’objectif de l’auteur est que les disciples ne s’endorment pas dans l’annonce de la fin des temps qui est proche (d’autres récits apocalyptiques circulent à l’époque) mais continuent à annoncer sans relâche la Bonne nouvelle. Ce qui est demandé au disciple, c’est la VIGILANCE (non pas de lire des signes, mais de rester éveillé). L’insistance sur « ne pas écouter les faux prophètes », etc., au début, fait de Mc 13 une sorte d’ »anti-apocalypse » – La parousie est signe de la fin. Mais en fait, c’est du « déjà-là », cela a déjà commencé avec la Passion et la Résurrection du Christ. – V.28 : le figuier, aussi symbole du peuple dont Dieu attend des fruits (cf. Ap 6,13). Les fruits, l’été, suggèrent que la Parousie est non une menace, mais un temps d’abondance. On retrouve l’image du figuier pour symboliser le peuple d’Israël par exemple chez Jérémie (4, 1-2). – Le figuier est une parabole, ça ne demande pas de réflexion: on le voit et on « sait » que l’été est proche, parce qu’on le sent. Jésus invite à sentir l’imminence de la Fin, l’imminence du Règne de Dieu. C’est « pour cette génération-ci » (et en même temps, il y a une tension, les versets 32, 33,35 insistent sur le fait qu’on ne sait pas quand le jour viendra. – V.29 : « Il est proche, aux portes » il n’y a pas de sujet à « se tenir aux portes », ce qui laisse une ambiguïté : parle-t-on du temps de la Fin, du Fils de l’Homme? – V.30 à lire en lien avec la génération qui reçoit le texte (contemporains de la destruction du Temple) et leurs craintes. – V.31 : « le ciel et la terre » = l’entièreté du monde. Seule stabilité, la Parole de Dieu. 3. Pistes pour l’actualisation – Croyons-nous encore à la fin des temps? Qu’est-ce que cela implique pour nous? – Tout ce qui est « apocalyptique » aujourd’hui (guerres, catastrophes, pollution, dérèglement climatiques, intolérance, intégrisme, injustices économique et sociales… et ceux qui spéculent sur nos angoisses liées à tout ça). Marc nous invite à ne pas voir là les signes de la fin: le signe de la fin est un figuier annonçant des fruits! Invitation à lire l’histoire humaine à l’horizon d’une promesse : le retour du Christ en gloire. Invitation à la confiance. Ce texte fait écho dans son côté à la fois inquiétant et rassurant. Jésus lui-même rassure ses disciples : la fin du temple, préoccupation à l’époque de rédaction de l’Évangile, ce n’est pas « La Fin », il faut continuer à prier, enseigner, veiller. – Quelles que soient les forces du mal, les idoles, les dominants, le monde n’est jamais à la totale disposition des hommes. – Nous devons nous engager pour vivre notre futur avec la seule confiance que le dernier mot de l’avenir vient de Dieu. – Comment être des veilleurs? La seule chose qui est stable, permanente, la seule chose qui toujours demeure, c’est la parole de Dieu. Quand les temps nous semblent apocalyptiques, ne cherchons pas les signes, mais accrochons-nous à ce trésor qu’est la Parole de Dieu pour nous. – La parabole du figuier : chercher des signes de la venue du Christ, ou sentir les premiers frémissements pour mieux être des signes de la venue du Christ? Références : Milos Rejchrt, Marc 13,28-37 (La leçon du figuier • Veillez !), dans Lire et dire, 34-1997/4 Etienne Trocmé, L’Évangile selon Saint Marc, Labor et Fides, 2000 Elian Cuvillier, L’Évangile de Marc, Bayard, Prédication La fin du monde est une petite feuille tendre Êtes-vous prêts pour la fin du monde? Attention, c’est dans moins d’un mois! Le 21 décembre 2012 : c’est en tout cas ce que prétendent les magazines à sensation. Il est même assez étonnant qu’on ne voie pas dans les magasins plus de promotions « spécial fin du monde » cherchant à nous vendre quelque chose pour l’occasion. Par exemple, une application i phone qui détecte les faux prophètes, ça pourrait être utile. De tous temps, il s’est trouvé des gens pour prédire la fin du monde : ça donne plutôt envie d’en rire. Et en même temps, nous avons aussi de bonnes raisons de penser que notre monde court à sa perte. « Quels sont les signes de la fin de toutes choses », demandent les disciples à Jésus. Quels sont les signes de la fin des temps ? À première vue, on les retrouve aussi bien dans toute apocalypse qui se respecte que dans nos journaux télévisés: Cataclysmes, tremblements de terre, raz de marées, tsunami, catastrophe à Fukushima ou ailleurs, désordres climatiques, grandes sécheresses et famines, guerres, mondialisation des désordres politiques et économiques, montée en puissance du terrorisme, … Un peu avant la péricope que nous venons de lire (Mc 13,8), Jésus dit :  » On se dressera, en effet, nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura par endroits des tremblements de terre, il y aura des famines. Ce sera le commencement des douleurs de l’enfantement ». Ce chapitre 13 de Marc appartient au genre littéraire de l’apocalypse. Il a été écrit pour des lecteurs qui vivent des temps troublés et sont inquiets : le Temple de Jérusalem a été profané par l’occupant romain, qui a voulu y mettre une statue de l’Empereur, puis il a été détruit… Mais regardons de plus près ce que Jésus dit des signes de la fin… « Comment pouvons-nous savoir que la fin des temps est proche », demandent les disciples. La réponse de Jésus est très claire : « Lorsque vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres, ne vous alarmez pas : il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin » (v7). Donc, les signes de la fin du monde, ce ne sont ni les guerres, ni les injustices, ni les tremblements de terre, ni les catastrophes naturelles… Car tous ces événements, qui nous arrivent aujourd’hui, et qui arrivaient déjà lorsque Jésus de Nazareth parcourait la Galilée, sont des événements qui font partie de l’histoire des hommes. « Il faut que cela arrive »… Ces désordres font partie du monde et du temps, ce ne sont pas des événements extraordinaires… Ce sont des éléments de notre histoire humaine, notre histoire d’humanité souffrante. Et d’ailleurs, le calendrier maya ne dit pas autre chose. Le 21 décembre 2012 dans le calendrier maya, ce n’est pas la fin de tout, c’est simplement la fin d’un long cycle et le commencement d’un autre cycle. Tout comme chaque 31 décembre marque la fin du cycle d’une année dans le calendrier grégorien, sans que cela n’implique de fin définitive du calendrier, et encore moins la fin du monde. Non pas la fin de l’histoire, mais un moment de l’histoire. Mais quel est alors le signe de la fin de l’histoire, si ce n’est pas les guerres, les catastrophes naturelles, les persécutions? Le signe de la fin du monde, c’est un figuier en feuilles. Le figuier fleurit à la mi-février, au moment où l’hiver prend fin en Israël, puis il a cette particularité de faire ses fruits et puis seulement ses feuilles. Le moment où le rameau est tendre, le moment où l’été est proche, est aussi le moment où sous les premières jolies feuilles neuves du figuier, vous trouverez des fruits juteux, sucrés, parfumés. L’été vient, c’est un moment d’abondance. On sent que l’été est proche quand on se promène près des figuiers. Pas besoin de réfléchir, pas besoin de calculs, de prédictions, de tentatives de connaître ce qui va arriver : on le sait, parce qu’on le sent, on le reconnaît! Et non seulement on ne peut pas prédire le moment où viendra la fin des temps, non seulement on le reconnaît tout naturellement, mais on le reconnaît par des signes non de désolations et de catastrophes, mais par des signes d’abondance, de félicité, de quelque chose de neuf et de tendre : les premières feuilles de l’arbre. Quelque chose de presque très doux. Quel est le signe de la fin du monde? Un figuier en feuilles: un moment de fécondité et de renouveau, moment où l’amour de Dieu coule comme la sève, sans entraves, dans toute la création. Jésus nous dit que ce qui vient avec la fin des temps, c’est un événement qui n’est semblable à aucune des calamités que les humains prennent par erreur comme des signes de la fin. C’est un événement heureux : un rameau qui s’ouvre, une feuille qui pousse, le Fils de l’Homme venant sur les nuées… Quel contraste entre la venue du Fils de l’Homme décrite dans le style apocalyptique, grandiose et imagé, et l’image presque sensuelle de la parabole : une jeune feuille qu’on peut caresser du bout des doigts pour s’en émerveiller! L’été vient. Le figuier est aussi le symbole biblique du peuple dont Dieu attend des fruits. L’image du figuier suggère aussi que nous, le peuple de Dieu, l’humanité, avons aussi à porter en nous quelque chose de vivant, de neuf, à faire des nouvelles feuilles, à porter des fruits. A faire jaillir l’été en nous. Comment? La fin de notre lecture de ce matin, et les versets qui suivent, peuvent nous guider. Personne ne connaît le jour et l’heure, dit Jésus, alors restez sur vos gardes, restez éveillés, car le moment peut venir à tout instant. Certes, cela fait écho aux préoccupations du temps où l’évangile a été écrit, et où on croyait, semble-t-il, que le retour du Christ serait tout proche. « Cette génération ne passera pas avant que tout n’arrive ». Mais une chose s’impose quand on lit ce chapitre de Marc : l’intention de l’auteur en écrivant cette petite apocalypse, c’est que les croyants à qui il s’adresse restent des veilleurs, qu’ils ne s’endorment pas, qu’ils continuent à vivre de l’Évangile et à le proclamer. « Ce que je vous dis, je le dis à tous, dit Jésus : veillez! » Il n’y a pas de raisons que ce message ne nous parle pas, à nous aussi. Quel que soit le moment où viendra la fin des temps, cette fin que nous ne pouvons pas prévoir, veillons, ne soyons pas endormis, soyons vivants, bien vivants! Et pour celles et ceux d’entre nous à qui toutes ces histoires de fin du monde ne parlent pas beaucoup, pour celles et ceux qui trouvent ça un peu trop difficile à imaginer, un peu trop grand spectacle, un peu trop film catastrophe, qu’ils se rassurent : il n’y a pas besoin de croire aux signes apocalyptiques pour être un veilleur espérant la venue du Christ! En fait, ce texte nous dit même qu’il ne faut pas y croire, que ce sont des faux signes… Mais il faut croire au figuier. Il faut tenter de rester éveillés, assez éveillés pour reconnaître l’été dans une jeune pousse de figuier. Assez éveillés pour garder de l’espérance, et qu’elle nous fasse battre le cœur. Car il y a de quoi avoir le cœur battant. Aussi difficile que ce soit à imaginer pour nos esprits rationnels, le Christ nous a promis de revenir. Et si nous ne savons pas à quoi ce retour va ressembler, si l’image du Fils de l’Homme dans la nuée ne nous parle pas, si la notion de jugement dernier nous semble un vieux truc dépassé, faisons un petit détour par un texte de l’Église ancienne, l’Épître de Barnabé, écrite au début du deuxième siècle. Elle n’est pas reprise dans le Canon biblique, mais elle figure encore dans le Nouveau Testament du codex Sinaïticus, au IVe siècle. On y trouve un passage sur le Sabbat qui dit ceci: « Il se reposa le septième jour veut dire ceci : lorsque son Fils sera venu mettre une fin au temps de l’injustice, juger les impies, métamorphoser le soleil, la lune et les étoiles, alors il se reposera pleinement le septième jour. » Lorsque le temps d’abondance viendra, lorsque le Christ viendra à nouveau, il mettra fin au temps de l’injustice. La fin des temps, la fin de l’histoire, c’est la fin de l’injustice. Le mot de la fin appartient à Dieu, et Il nous annonce la justice. Alors, si nous sommes appelés à rester éveillés, c’est certainement aussi pour rester vigilant face aux injustices, pour les reconnaître, les dénoncer, les combattre. Il n’y a donc pas de magasin ou nous puissions acheter de véritable kit de fin du monde… Parce qu’il n’y a nulle part où nous puissions acheter ce qui fera de nous des veilleurs et des veilleuses assoiffé-e-s de justice. Peut-être est-ce alors, à chacune et chacun de nous de trouver ce qui, dans notre vie, est une force d’éveil, ce qui se tient disponible pour l’Esprit, ce qui brûle d’espérance malgré les doutes et les difficultés, ce qui dans nos vies attend la venue du Christ tout en travaillant à construire un monde meilleur. En nous, il y a des feuilles neuves qui jaillissent de l’écorce. Quelles que soient nos doutes, nos faiblesses, quelles que soient autour de nous et en nous les forces du mal et de la destruction, nous sommes invités à porter ce jaillissement, à nous engager pour vivre notre futur avec la seule confiance que le dernier mot de l’avenir vient de Dieu. Il y a un beau slogan qui dit : « L’important n’est pas s’il y a une vie après la mort, l’important c’est qu’il y ait une vie avant la mort ». Être vraiment vivant avant la mort. Nous pourrions paraphraser cela : « Ne nous demandons pas si nous serons avec Jésus après son retour. Mais laissons-le être avec nous avant qu’il revienne.  » Laissons-le agir en nous dès aujourd’hui, avec puissance et Gloire, avec la tendresse et la détermination d’une jeune feuille de figuier. Amen.

Textes : Job 34, v. 1 à 37 Psaume 16 Daniel 12, v. 1 à 3 Hébreux 10, v. 11 à 18 Marc 13, v. 24 à 32Françoise NIMAL, étudiante en Théologie – Faculté de théologie protestante de Bruxelles

Quelques notes sur Marc 13, 24-32 Contexte: plan de Mc 131-2 : intro, annonce la destruction du Temple3-23 : les signes de la fin des temps »Quel est « LE » signe annonçant la fin de toutes ces choses? Ne sont pas « le » signes les malheurs qui arrivent avant (inscrites dans l’histoire de l’humanité : guerres, catastrophes naturelles, persécutions… font partie de l’histoire de l’humanité Importance de persévérer à annoncer la Bonne Nouvelle malgré les persécutions, jusqu’à la fin. L’abominable dévastateur : jours de détresse… Prendre garde aux faux prophètes (Rem : selon certains exégètes, hypothèse que les versets 14-20 viendraient d’une autre apocalypse24-27 : La venue du Fils de l’homme en Gloire La parabole du figuier. « Cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive »28-37. Dieu seul connaît le moment de la fin. Exhortation à veiller. La venue du Fils de l’HommeQue fait le Christ à la fin des temps? – Ébranler les puissances- Rassembler ceux qu’il a choisis (qui sont-ils? En tout cas ceux qui ont été persévérants et fidèles dans l’annonce de la bonne nouvelle, cf. v. 13: « celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé »)- Être en Gloire (contraste avec Jésus brisé sur la croix. La mort, la destruction du Temple, et Dieu lui-même profané, détruit, par la Croix, qui sont des événements de l’histoire humaine, ne sont pas la fin, la Parousie, où la Gloire du Christ restaure ce qui était détruit)- Juger, rendre JUSTICE (thème déjà dans Mc, encore plus accentuée dans d’autres textes de l’Église ancienne) cf. épitre de Barnabé, 15,5, un passage sur le sabbat:  » « Il chôma le septième  » veut dire: lorsque son Fils sera venu mettre une fin au temps de l’injustice, juger les impies, métamorphoser le soleil, la lune et les étoiles, alors il chômera pleinement le septième jour. »2. Notes exégétiques complémentaires- Tonalité générale : l’objectif de l’auteur est que les disciples ne s’endorment pas dans l’annonce de la fin des temps qui est proche (d’autres récits apocalyptiques circulent à l’époque) mais continuent à annoncer sans relâche la Bonne nouvelle. Ce qui est demandé au disciple, c’est la VIGILANCE (non pas de lire des signes, mais de rester éveillé).L’insistance sur « ne pas écouter les faux prophètes », etc., au début, fait de Mc 13 une sorte d’ »anti-apocalypse » – La parousie est signe de la fin. Mais en fait, c’est du « déjà-là », cela a déjà commencé avec la Passion et la Résurrection du Christ. – V.28 : le figuier, aussi symbole du peuple dont Dieu attend des fruits (cf. Ap 6,13). Les fruits, l’été, suggèrent que la Parousie est non une menace, mais un temps d’abondance. On retrouve l’image du figuier pour symboliser le peuple d’Israël par exemple chez Jérémie (4, 1-2).- Le figuier est une parabole, ça ne demande pas de réflexion: on le voit et on « sait » que l’été est proche, parce qu’on le sent. Jésus invite à sentir l’imminence de la Fin, l’imminence du Règne de Dieu. C’est « pour cette génération-ci » (et en même temps, il y a une tension, les versets 32, 33,35 insistent sur le fait qu’on ne sait pas quand le jour viendra. – V.29 : « Il est proche, aux portes » il n’y a pas de sujet à « se tenir aux portes », ce qui laisse une ambiguïté : parle-t-on du temps de la Fin, du Fils de l’Homme? – V.30 à lire en lien avec la génération qui reçoit le texte (contemporains de la destruction du Temple) et leurs craintes.- V.31 : « le ciel et la terre » = l’entièreté du monde. Seule stabilité, la Parole de Dieu. 3. Pistes pour l’actualisation- Croyons-nous encore à la fin des temps? Qu’est-ce que cela implique pour nous? – Tout ce qui est « apocalyptique » aujourd’hui (guerres, catastrophes, pollution, dérèglement climatiques, intolérance, intégrisme, injustices économique et sociales… et ceux qui spéculent sur nos angoisses liées à tout ça). Marc nous invite à ne pas voir là les signes de la fin: le signe de la fin est un figuier annonçant des fruits! Invitation à lire l’histoire humaine à l’horizon d’une promesse : le retour du Christ en gloire. Invitation à la confiance. Ce texte fait écho dans son côté à la fois inquiétant et rassurant. Jésus lui-même rassure ses disciples : la fin du temple, préoccupation à l’époque de rédaction de l’Évangile, ce n’est pas « La Fin », il faut continuer à prier, enseigner, veiller.- Quelles que soient les forces du mal, les idoles, les dominants, le monde n’est jamais à la totale disposition des hommes. – Nous devons nous engager pour vivre notre futur avec la seule confiance que le dernier mot de l’avenir vient de Dieu. – Comment être des veilleurs? La seule chose qui est stable, permanente, la seule chose qui toujours demeure, c’est la parole de Dieu. Quand les temps nous semblent apocalyptiques, ne cherchons pas les signes, mais accrochons-nous à ce trésor qu’est la Parole de Dieu pour nous. – La parabole du figuier : chercher des signes de la venue du Christ, ou sentir les premiers frémissements pour mieux être des signes de la venue du Christ?Références : Milos Rejchrt, Marc 13,28-37 (La leçon du figuier • Veillez !), dans Lire et dire, 34-1997/4Etienne Trocmé, L’Évangile selon Saint Marc, Labor et Fides, 2000Elian Cuvillier, L’Évangile de Marc, Bayard, PrédicationLa fin du monde est une petite feuille tendreÊtes-vous prêts pour la fin du monde? Attention, c’est dans moins d’un mois! Le 21 décembre 2012 : c’est en tout cas ce que prétendent les magazines à sensation. Il est même assez étonnant qu’on ne voie pas dans les magasins plus de promotions « spécial fin du monde » cherchant à nous vendre quelque chose pour l’occasion. Par exemple, une application i phone qui détecte les faux prophètes, ça pourrait être utile.De tous temps, il s’est trouvé des gens pour prédire la fin du monde : ça donne plutôt envie d’en rire. Et en même temps, nous avons aussi de bonnes raisons de penser que notre monde court à sa perte. « Quels sont les signes de la fin de toutes choses », demandent les disciples à Jésus. Quels sont les signes de la fin des temps ? À première vue, on les retrouve aussi bien dans toute apocalypse qui se respecte que dans nos journaux télévisés: Cataclysmes, tremblements de terre, raz de marées, tsunami, catastrophe à Fukushima ou ailleurs, désordres climatiques, grandes sécheresses et famines, guerres, mondialisation des désordres politiques et économiques, montée en puissance du terrorisme, … Un peu avant la péricope que nous venons de lire (Mc 13,8), Jésus dit :  » On se dressera, en effet, nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura par endroits des tremblements de terre, il y aura des famines. Ce sera le commencement des douleurs de l’enfantement ».Ce chapitre 13 de Marc appartient au genre littéraire de l’apocalypse. Il a été écrit pour des lecteurs qui vivent des temps troublés et sont inquiets : le Temple de Jérusalem a été profané par l’occupant romain, qui a voulu y mettre une statue de l’Empereur, puis il a été détruit…Mais regardons de plus près ce que Jésus dit des signes de la fin… « Comment pouvons-nous savoir que la fin des temps est proche », demandent les disciples. La réponse de Jésus est très claire : « Lorsque vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres, ne vous alarmez pas : il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin » (v7). Donc, les signes de la fin du monde, ce ne sont ni les guerres, ni les injustices, ni les tremblements de terre, ni les catastrophes naturelles… Car tous ces événements, qui nous arrivent aujourd’hui, et qui arrivaient déjà lorsque Jésus de Nazareth parcourait la Galilée, sont des événements qui font partie de l’histoire des hommes. « Il faut que cela arrive »… Ces désordres font partie du monde et du temps, ce ne sont pas des événements extraordinaires… Ce sont des éléments de notre histoire humaine, notre histoire d’humanité souffrante. Et d’ailleurs, le calendrier maya ne dit pas autre chose. Le 21 décembre 2012 dans le calendrier maya, ce n’est pas la fin de tout, c’est simplement la fin d’un long cycle et le commencement d’un autre cycle. Tout comme chaque 31 décembre marque la fin du cycle d’une année dans le calendrier grégorien, sans que cela n’implique de fin définitive du calendrier, et encore moins la fin du monde. Non pas la fin de l’histoire, mais un moment de l’histoire. Mais quel est alors le signe de la fin de l’histoire, si ce n’est pas les guerres, les catastrophes naturelles, les persécutions? Le signe de la fin du monde, c’est un figuier en feuilles. Le figuier fleurit à la mi-février, au moment où l’hiver prend fin en Israël, puis il a cette particularité de faire ses fruits et puis seulement ses feuilles. Le moment où le rameau est tendre, le moment où l’été est proche, est aussi le moment où sous les premières jolies feuilles neuves du figuier, vous trouverez des fruits juteux, sucrés, parfumés. L’été vient, c’est un moment d’abondance. On sent que l’été est proche quand on se promène près des figuiers. Pas besoin de réfléchir, pas besoin de calculs, de prédictions, de tentatives de connaître ce qui va arriver : on le sait, parce qu’on le sent, on le reconnaît! Et non seulement on ne peut pas prédire le moment où viendra la fin des temps, non seulement on le reconnaît tout naturellement, mais on le reconnaît par des signes non de désolations et de catastrophes, mais par des signes d’abondance, de félicité, de quelque chose de neuf et de tendre : les premières feuilles de l’arbre. Quelque chose de presque très doux. Quel est le signe de la fin du monde? Un figuier en feuilles: un moment de fécondité et de renouveau, moment où l’amour de Dieu coule comme la sève, sans entraves, dans toute la création.Jésus nous dit que ce qui vient avec la fin des temps, c’est un événement qui n’est semblable à aucune des calamités que les humains prennent par erreur comme des signes de la fin. C’est un événement heureux : un rameau qui s’ouvre, une feuille qui pousse, le Fils de l’Homme venant sur les nuées… Quel contraste entre la venue du Fils de l’Homme décrite dans le style apocalyptique, grandiose et imagé, et l’image presque sensuelle de la parabole : une jeune feuille qu’on peut caresser du bout des doigts pour s’en émerveiller! L’été vient. Le figuier est aussi le symbole biblique du peuple dont Dieu attend des fruits. L’image du figuier suggère aussi que nous, le peuple de Dieu, l’humanité, avons aussi à porter en nous quelque chose de vivant, de neuf, à faire des nouvelles feuilles, à porter des fruits. A faire jaillir l’été en nous.Comment? La fin de notre lecture de ce matin, et les versets qui suivent, peuvent nous guider. Personne ne connaît le jour et l’heure, dit Jésus, alors restez sur vos gardes, restez éveillés, car le moment peut venir à tout instant. Certes, cela fait écho aux préoccupations du temps où l’évangile a été écrit, et où on croyait, semble-t-il, que le retour du Christ serait tout proche. « Cette génération ne passera pas avant que tout n’arrive ». Mais une chose s’impose quand on lit ce chapitre de Marc : l’intention de l’auteur en écrivant cette petite apocalypse, c’est que les croyants à qui il s’adresse restent des veilleurs, qu’ils ne s’endorment pas, qu’ils continuent à vivre de l’Évangile et à le proclamer. « Ce que je vous dis, je le dis à tous, dit Jésus : veillez! » Il n’y a pas de raisons que ce message ne nous parle pas, à nous aussi. Quel que soit le moment où viendra la fin des temps, cette fin que nous ne pouvons pas prévoir, veillons, ne soyons pas endormis, soyons vivants, bien vivants! Et pour celles et ceux d’entre nous à qui toutes ces histoires de fin du monde ne parlent pas beaucoup, pour celles et ceux qui trouvent ça un peu trop difficile à imaginer, un peu trop grand spectacle, un peu trop film catastrophe, qu’ils se rassurent : il n’y a pas besoin de croire aux signes apocalyptiques pour être un veilleur espérant la venue du Christ! En fait, ce texte nous dit même qu’il ne faut pas y croire, que ce sont des faux signes… Mais il faut croire au figuier. Il faut tenter de rester éveillés, assez éveillés pour reconnaître l’été dans une jeune pousse de figuier. Assez éveillés pour garder de l’espérance, et qu’elle nous fasse battre le cœur. Car il y a de quoi avoir le cœur battant. Aussi difficile que ce soit à imaginer pour nos esprits rationnels, le Christ nous a promis de revenir. Et si nous ne savons pas à quoi ce retour va ressembler, si l’image du Fils de l’Homme dans la nuée ne nous parle pas, si la notion de jugement dernier nous semble un vieux truc dépassé, faisons un petit détour par un texte de l’Église ancienne, l’Épître de Barnabé, écrite au début du deuxième siècle. Elle n’est pas reprise dans le Canon biblique, mais elle figure encore dans le Nouveau Testament du codex Sinaïticus, au IVe siècle. On y trouve un passage sur le Sabbat qui dit ceci: « Il se reposa le septième jour veut dire ceci : lorsque son Fils sera venu mettre une fin au temps de l’injustice, juger les impies, métamorphoser le soleil, la lune et les étoiles, alors il se reposera pleinement le septième jour. » Lorsque le temps d’abondance viendra, lorsque le Christ viendra à nouveau, il mettra fin au temps de l’injustice. La fin des temps, la fin de l’histoire, c’est la fin de l’injustice. Le mot de la fin appartient à Dieu, et Il nous annonce la justice. Alors, si nous sommes appelés à rester éveillés, c’est certainement aussi pour rester vigilant face aux injustices, pour les reconnaître, les dénoncer, les combattre. Il n’y a donc pas de magasin ou nous puissions acheter de véritable kit de fin du monde… Parce qu’il n’y a nulle part où nous puissions acheter ce qui fera de nous des veilleurs et des veilleuses assoiffé-e-s de justice. Peut-être est-ce alors, à chacune et chacun de nous de trouver ce qui, dans notre vie, est une force d’éveil, ce qui se tient disponible pour l’Esprit, ce qui brûle d’espérance malgré les doutes et les difficultés, ce qui dans nos vies attend la venue du Christ tout en travaillant à construire un monde meilleur. En nous, il y a des feuilles neuves qui jaillissent de l’écorce. Quelles que soient nos doutes, nos faiblesses, quelles que soient autour de nous et en nous les forces du mal et de la destruction, nous sommes invités à porter ce jaillissement, à nous engager pour vivre notre futur avec la seule confiance que le dernier mot de l’avenir vient de Dieu. Il y a un beau slogan qui dit : « L’important n’est pas s’il y a une vie après la mort, l’important c’est qu’il y ait une vie avant la mort ». Être vraiment vivant avant la mort. Nous pourrions paraphraser cela : « Ne nous demandons pas si nous serons avec Jésus après son retour. Mais laissons-le être avec nous avant qu’il revienne.  » Laissons-le agir en nous dès aujourd’hui, avec puissance et Gloire, avec la tendresse et la détermination d’une jeune feuille de figuier. Amen.

Textes : Job 34, v. 1 à 37 Psaume 16 Daniel 12, v. 1 à 3 Hébreux 10, v. 11 à 18 Marc 13, v. 24 à 32Françoise NIMAL, étudiante en Théologie – Faculté de théologie protestante de Bruxelles

Quelques notes sur Marc 13, 24-32 Contexte: plan de Mc 131-2 : intro, annonce la destruction du Temple3-23 : les signes de la fin des temps »Quel est « LE » signe annonçant la fin de toutes ces choses? Ne sont pas « le » signes les malheurs qui arrivent avant (inscrites dans l’histoire de l’humanité : guerres, catastrophes naturelles, persécutions… font partie de l’histoire de l’humanité Importance de persévérer à annoncer la Bonne Nouvelle malgré les persécutions, jusqu’à la fin. L’abominable dévastateur : jours de détresse… Prendre garde aux faux prophètes (Rem : selon certains exégètes, hypothèse que les versets 14-20 viendraient d’une autre apocalypse24-27 : La venue du Fils de l’homme en Gloire La parabole du figuier. « Cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive »28-37. Dieu seul connaît le moment de la fin. Exhortation à veiller. La venue du Fils de l’HommeQue fait le Christ à la fin des temps? – Ébranler les puissances- Rassembler ceux qu’il a choisis (qui sont-ils? En tout cas ceux qui ont été persévérants et fidèles dans l’annonce de la bonne nouvelle, cf. v. 13: « celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé »)- Être en Gloire (contraste avec Jésus brisé sur la croix. La mort, la destruction du Temple, et Dieu lui-même profané, détruit, par la Croix, qui sont des événements de l’histoire humaine, ne sont pas la fin, la Parousie, où la Gloire du Christ restaure ce qui était détruit)- Juger, rendre JUSTICE (thème déjà dans Mc, encore plus accentuée dans d’autres textes de l’Église ancienne) cf. épitre de Barnabé, 15,5, un passage sur le sabbat:  » « Il chôma le septième  » veut dire: lorsque son Fils sera venu mettre une fin au temps de l’injustice, juger les impies, métamorphoser le soleil, la lune et les étoiles, alors il chômera pleinement le septième jour. »2. Notes exégétiques complémentaires- Tonalité générale : l’objectif de l’auteur est que les disciples ne s’endorment pas dans l’annonce de la fin des temps qui est proche (d’autres récits apocalyptiques circulent à l’époque) mais continuent à annoncer sans relâche la Bonne nouvelle. Ce qui est demandé au disciple, c’est la VIGILANCE (non pas de lire des signes, mais de rester éveillé).L’insistance sur « ne pas écouter les faux prophètes », etc., au début, fait de Mc 13 une sorte d’ »anti-apocalypse » – La parousie est signe de la fin. Mais en fait, c’est du « déjà-là », cela a déjà commencé avec la Passion et la Résurrection du Christ. – V.28 : le figuier, aussi symbole du peuple dont Dieu attend des fruits (cf. Ap 6,13). Les fruits, l’été, suggèrent que la Parousie est non une menace, mais un temps d’abondance. On retrouve l’image du figuier pour symboliser le peuple d’Israël par exemple chez Jérémie (4, 1-2).- Le figuier est une parabole, ça ne demande pas de réflexion: on le voit et on « sait » que l’été est proche, parce qu’on le sent. Jésus invite à sentir l’imminence de la Fin, l’imminence du Règne de Dieu. C’est « pour cette génération-ci » (et en même temps, il y a une tension, les versets 32, 33,35 insistent sur le fait qu’on ne sait pas quand le jour viendra. – V.29 : « Il est proche, aux portes » il n’y a pas de sujet à « se tenir aux portes », ce qui laisse une ambiguïté : parle-t-on du temps de la Fin, du Fils de l’Homme? – V.30 à lire en lien avec la génération qui reçoit le texte (contemporains de la destruction du Temple) et leurs craintes.- V.31 : « le ciel et la terre » = l’entièreté du monde. Seule stabilité, la Parole de Dieu. 3. Pistes pour l’actualisation- Croyons-nous encore à la fin des temps? Qu’est-ce que cela implique pour nous? – Tout ce qui est « apocalyptique » aujourd’hui (guerres, catastrophes, pollution, dérèglement climatiques, intolérance, intégrisme, injustices économique et sociales… et ceux qui spéculent sur nos angoisses liées à tout ça). Marc nous invite à ne pas voir là les signes de la fin: le signe de la fin est un figuier annonçant des fruits! Invitation à lire l’histoire humaine à l’horizon d’une promesse : le retour du Christ en gloire. Invitation à la confiance. Ce texte fait écho dans son côté à la fois inquiétant et rassurant. Jésus lui-même rassure ses disciples : la fin du temple, préoccupation à l’époque de rédaction de l’Évangile, ce n’est pas « La Fin », il faut continuer à prier, enseigner, veiller.- Quelles que soient les forces du mal, les idoles, les dominants, le monde n’est jamais à la totale disposition des hommes. – Nous devons nous engager pour vivre notre futur avec la seule confiance que le dernier mot de l’avenir vient de Dieu. – Comment être des veilleurs? La seule chose qui est stable, permanente, la seule chose qui toujours demeure, c’est la parole de Dieu. Quand les temps nous semblent apocalyptiques, ne cherchons pas les signes, mais accrochons-nous à ce trésor qu’est la Parole de Dieu pour nous. – La parabole du figuier : chercher des signes de la venue du Christ, ou sentir les premiers frémissements pour mieux être des signes de la venue du Christ?Références : Milos Rejchrt, Marc 13,28-37 (La leçon du figuier • Veillez !), dans Lire et dire, 34-1997/4Etienne Trocmé, L’Évangile selon Saint Marc, Labor et Fides, 2000Elian Cuvillier, L’Évangile de Marc, Bayard, PrédicationLa fin du monde est une petite feuille tendreÊtes-vous prêts pour la fin du monde? Attention, c’est dans moins d’un mois! Le 21 décembre 2012 : c’est en tout cas ce que prétendent les magazines à sensation. Il est même assez étonnant qu’on ne voie pas dans les magasins plus de promotions « spécial fin du monde » cherchant à nous vendre quelque chose pour l’occasion. Par exemple, une application i phone qui détecte les faux prophètes, ça pourrait être utile.De tous temps, il s’est trouvé des gens pour prédire la fin du monde : ça donne plutôt envie d’en rire. Et en même temps, nous avons aussi de bonnes raisons de penser que notre monde court à sa perte. « Quels sont les signes de la fin de toutes choses », demandent les disciples à Jésus. Quels sont les signes de la fin des temps ? À première vue, on les retrouve aussi bien dans toute apocalypse qui se respecte que dans nos journaux télévisés: Cataclysmes, tremblements de terre, raz de marées, tsunami, catastrophe à Fukushima ou ailleurs, désordres climatiques, grandes sécheresses et famines, guerres, mondialisation des désordres politiques et économiques, montée en puissance du terrorisme, … Un peu avant la péricope que nous venons de lire (Mc 13,8), Jésus dit :  » On se dressera, en effet, nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura par endroits des tremblements de terre, il y aura des famines. Ce sera le commencement des douleurs de l’enfantement ».Ce chapitre 13 de Marc appartient au genre littéraire de l’apocalypse. Il a été écrit pour des lecteurs qui vivent des temps troublés et sont inquiets : le Temple de Jérusalem a été profané par l’occupant romain, qui a voulu y mettre une statue de l’Empereur, puis il a été détruit…Mais regardons de plus près ce que Jésus dit des signes de la fin… « Comment pouvons-nous savoir que la fin des temps est proche », demandent les disciples. La réponse de Jésus est très claire : « Lorsque vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres, ne vous alarmez pas : il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin » (v7). Donc, les signes de la fin du monde, ce ne sont ni les guerres, ni les injustices, ni les tremblements de terre, ni les catastrophes naturelles… Car tous ces événements, qui nous arrivent aujourd’hui, et qui arrivaient déjà lorsque Jésus de Nazareth parcourait la Galilée, sont des événements qui font partie de l’histoire des hommes. « Il faut que cela arrive »… Ces désordres font partie du monde et du temps, ce ne sont pas des événements extraordinaires… Ce sont des éléments de notre histoire humaine, notre histoire d’humanité souffrante. Et d’ailleurs, le calendrier maya ne dit pas autre chose. Le 21 décembre 2012 dans le calendrier maya, ce n’est pas la fin de tout, c’est simplement la fin d’un long cycle et le commencement d’un autre cycle. Tout comme chaque 31 décembre marque la fin du cycle d’une année dans le calendrier grégorien, sans que cela n’implique de fin définitive du calendrier, et encore moins la fin du monde. Non pas la fin de l’histoire, mais un moment de l’histoire. Mais quel est alors le signe de la fin de l’histoire, si ce n’est pas les guerres, les catastrophes naturelles, les persécutions? Le signe de la fin du monde, c’est un figuier en feuilles. Le figuier fleurit à la mi-février, au moment où l’hiver prend fin en Israël, puis il a cette particularité de faire ses fruits et puis seulement ses feuilles. Le moment où le rameau est tendre, le moment où l’été est proche, est aussi le moment où sous les premières jolies feuilles neuves du figuier, vous trouverez des fruits juteux, sucrés, parfumés. L’été vient, c’est un moment d’abondance. On sent que l’été est proche quand on se promène près des figuiers. Pas besoin de réfléchir, pas besoin de calculs, de prédictions, de tentatives de connaître ce qui va arriver : on le sait, parce qu’on le sent, on le reconnaît! Et non seulement on ne peut pas prédire le moment où viendra la fin des temps, non seulement on le reconnaît tout naturellement, mais on le reconnaît par des signes non de désolations et de catastrophes, mais par des signes d’abondance, de félicité, de quelque chose de neuf et de tendre : les premières feuilles de l’arbre. Quelque chose de presque très doux. Quel est le signe de la fin du monde? Un figuier en feuilles: un moment de fécondité et de renouveau, moment où l’amour de Dieu coule comme la sève, sans entraves, dans toute la création.Jésus nous dit que ce qui vient avec la fin des temps, c’est un événement qui n’est semblable à aucune des calamités que les humains prennent par erreur comme des signes de la fin. C’est un événement heureux : un rameau qui s’ouvre, une feuille qui pousse, le Fils de l’Homme venant sur les nuées… Quel contraste entre la venue du Fils de l’Homme décrite dans le style apocalyptique, grandiose et imagé, et l’image presque sensuelle de la parabole : une jeune feuille qu’on peut caresser du bout des doigts pour s’en émerveiller! L’été vient. Le figuier est aussi le symbole biblique du peuple dont Dieu attend des fruits. L’image du figuier suggère aussi que nous, le peuple de Dieu, l’humanité, avons aussi à porter en nous quelque chose de vivant, de neuf, à faire des nouvelles feuilles, à porter des fruits. A faire jaillir l’été en nous.Comment? La fin de notre lecture de ce matin, et les versets qui suivent, peuvent nous guider. Personne ne connaît le jour et l’heure, dit Jésus, alors restez sur vos gardes, restez éveillés, car le moment peut venir à tout instant. Certes, cela fait écho aux préoccupations du temps où l’évangile a été écrit, et où on croyait, semble-t-il, que le retour du Christ serait tout proche. « Cette génération ne passera pas avant que tout n’arrive ». Mais une chose s’impose quand on lit ce chapitre de Marc : l’intention de l’auteur en écrivant cette petite apocalypse, c’est que les croyants à qui il s’adresse restent des veilleurs, qu’ils ne s’endorment pas, qu’ils continuent à vivre de l’Évangile et à le proclamer. « Ce que je vous dis, je le dis à tous, dit Jésus : veillez! » Il n’y a pas de raisons que ce message ne nous parle pas, à nous aussi. Quel que soit le moment où viendra la fin des temps, cette fin que nous ne pouvons pas prévoir, veillons, ne soyons pas endormis, soyons vivants, bien vivants! Et pour celles et ceux d’entre nous à qui toutes ces histoires de fin du monde ne parlent pas beaucoup, pour celles et ceux qui trouvent ça un peu trop difficile à imaginer, un peu trop grand spectacle, un peu trop film catastrophe, qu’ils se rassurent : il n’y a pas besoin de croire aux signes apocalyptiques pour être un veilleur espérant la venue du Christ! En fait, ce texte nous dit même qu’il ne faut pas y croire, que ce sont des faux signes… Mais il faut croire au figuier. Il faut tenter de rester éveillés, assez éveillés pour reconnaître l’été dans une jeune pousse de figuier. Assez éveillés pour garder de l’espérance, et qu’elle nous fasse battre le cœur. Car il y a de quoi avoir le cœur battant. Aussi difficile que ce soit à imaginer pour nos esprits rationnels, le Christ nous a promis de revenir. Et si nous ne savons pas à quoi ce retour va ressembler, si l’image du Fils de l’Homme dans la nuée ne nous parle pas, si la notion de jugement dernier nous semble un vieux truc dépassé, faisons un petit détour par un texte de l’Église ancienne, l’Épître de Barnabé, écrite au début du deuxième siècle. Elle n’est pas reprise dans le Canon biblique, mais elle figure encore dans le Nouveau Testament du codex Sinaïticus, au IVe siècle. On y trouve un passage sur le Sabbat qui dit ceci: « Il se reposa le septième jour veut dire ceci : lorsque son Fils sera venu mettre une fin au temps de l’injustice, juger les impies, métamorphoser le soleil, la lune et les étoiles, alors il se reposera pleinement le septième jour. » Lorsque le temps d’abondance viendra, lorsque le Christ viendra à nouveau, il mettra fin au temps de l’injustice. La fin des temps, la fin de l’histoire, c’est la fin de l’injustice. Le mot de la fin appartient à Dieu, et Il nous annonce la justice. Alors, si nous sommes appelés à rester éveillés, c’est certainement aussi pour rester vigilant face aux injustices, pour les reconnaître, les dénoncer, les combattre. Il n’y a donc pas de magasin ou nous puissions acheter de véritable kit de fin du monde… Parce qu’il n’y a nulle part où nous puissions acheter ce qui fera de nous des veilleurs et des veilleuses assoiffé-e-s de justice. Peut-être est-ce alors, à chacune et chacun de nous de trouver ce qui, dans notre vie, est une force d’éveil, ce qui se tient disponible pour l’Esprit, ce qui brûle d’espérance malgré les doutes et les difficultés, ce qui dans nos vies attend la venue du Christ tout en travaillant à construire un monde meilleur. En nous, il y a des feuilles neuves qui jaillissent de l’écorce. Quelles que soient nos doutes, nos faiblesses, quelles que soient autour de nous et en nous les forces du mal et de la destruction, nous sommes invités à porter ce jaillissement, à nous engager pour vivre notre futur avec la seule confiance que le dernier mot de l’avenir vient de Dieu. Il y a un beau slogan qui dit : « L’important n’est pas s’il y a une vie après la mort, l’important c’est qu’il y ait une vie avant la mort ». Être vraiment vivant avant la mort. Nous pourrions paraphraser cela : « Ne nous demandons pas si nous serons avec Jésus après son retour. Mais laissons-le être avec nous avant qu’il revienne.  » Laissons-le agir en nous dès aujourd’hui, avec puissance et Gloire, avec la tendresse et la détermination d’une jeune feuille de figuier. Amen.

Textes : Job 34, v. 1 à 37 Psaume 16 Daniel 12, v. 1 à 3 Hébreux 10, v. 11 à 18 Marc 13, v. 24 à 32Françoise NIMAL, étudiante en Théologie – Faculté de théologie protestante de Bruxelles

Quelques notes sur Marc 13, 24-32 Contexte: plan de Mc 131-2 : intro, annonce la destruction du Temple3-23 : les signes de la fin des temps »Quel est « LE » signe annonçant la fin de toutes ces choses? Ne sont pas « le » signes les malheurs qui arrivent avant (inscrites dans l’histoire de l’humanité : guerres, catastrophes naturelles, persécutions… font partie de l’histoire de l’humanité Importance de persévérer à annoncer la Bonne Nouvelle malgré les persécutions, jusqu’à la fin. L’abominable dévastateur : jours de détresse… Prendre garde aux faux prophètes (Rem : selon certains exégètes, hypothèse que les versets 14-20 viendraient d’une autre apocalypse24-27 : La venue du Fils de l’homme en Gloire La parabole du figuier. « Cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive »28-37. Dieu seul connaît le moment de la fin. Exhortation à veiller. La venue du Fils de l’HommeQue fait le Christ à la fin des temps? – Ébranler les puissances- Rassembler ceux qu’il a choisis (qui sont-ils? En tout cas ceux qui ont été persévérants et fidèles dans l’annonce de la bonne nouvelle, cf. v. 13: « celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé »)- Être en Gloire (contraste avec Jésus brisé sur la croix. La mort, la destruction du Temple, et Dieu lui-même profané, détruit, par la Croix, qui sont des événements de l’histoire humaine, ne sont pas la fin, la Parousie, où la Gloire du Christ restaure ce qui était détruit)- Juger, rendre JUSTICE (thème déjà dans Mc, encore plus accentuée dans d’autres textes de l’Église ancienne) cf. épitre de Barnabé, 15,5, un passage sur le sabbat:  » « Il chôma le septième  » veut dire: lorsque son Fils sera venu mettre une fin au temps de l’injustice, juger les impies, métamorphoser le soleil, la lune et les étoiles, alors il chômera pleinement le septième jour. »2. Notes exégétiques complémentaires- Tonalité générale : l’objectif de l’auteur est que les disciples ne s’endorment pas dans l’annonce de la fin des temps qui est proche (d’autres récits apocalyptiques circulent à l’époque) mais continuent à annoncer sans relâche la Bonne nouvelle. Ce qui est demandé au disciple, c’est la VIGILANCE (non pas de lire des signes, mais de rester éveillé).L’insistance sur « ne pas écouter les faux prophètes », etc., au début, fait de Mc 13 une sorte d’ »anti-apocalypse » – La parousie est signe de la fin. Mais en fait, c’est du « déjà-là », cela a déjà commencé avec la Passion et la Résurrection du Christ. – V.28 : le figuier, aussi symbole du peuple dont Dieu attend des fruits (cf. Ap 6,13). Les fruits, l’été, suggèrent que la Parousie est non une menace, mais un temps d’abondance. On retrouve l’image du figuier pour symboliser le peuple d’Israël par exemple chez Jérémie (4, 1-2).- Le figuier est une parabole, ça ne demande pas de réflexion: on le voit et on « sait » que l’été est proche, parce qu’on le sent. Jésus invite à sentir l’imminence de la Fin, l’imminence du Règne de Dieu. C’est « pour cette génération-ci » (et en même temps, il y a une tension, les versets 32, 33,35 insistent sur le fait qu’on ne sait pas quand le jour viendra. – V.29 : « Il est proche, aux portes » il n’y a pas de sujet à « se tenir aux portes », ce qui laisse une ambiguïté : parle-t-on du temps de la Fin, du Fils de l’Homme? – V.30 à lire en lien avec la génération qui reçoit le texte (contemporains de la destruction du Temple) et leurs craintes.- V.31 : « le ciel et la terre » = l’entièreté du monde. Seule stabilité, la Parole de Dieu. 3. Pistes pour l’actualisation- Croyons-nous encore à la fin des temps? Qu’est-ce que cela implique pour nous? – Tout ce qui est « apocalyptique » aujourd’hui (guerres, catastrophes, pollution, dérèglement climatiques, intolérance, intégrisme, injustices économique et sociales… et ceux qui spéculent sur nos angoisses liées à tout ça). Marc nous invite à ne pas voir là les signes de la fin: le signe de la fin est un figuier annonçant des fruits! Invitation à lire l’histoire humaine à l’horizon d’une promesse : le retour du Christ en gloire. Invitation à la confiance. Ce texte fait écho dans son côté à la fois inquiétant et rassurant. Jésus lui-même rassure ses di