Textes : Job 17, v. 1 à 11 Ps 90 Proverbes 3, v. 13 à 20 Hébreux 4, v. 12 & 13 Marc 10, v. 17 à 31Pasteur Élisabeth BRINKMAN

Textes : Job 17, v. 1 à 11 Ps 90 Proverbes 3, v. 13 à 20 Hébreux 4, v. 12 & 13 Marc 10, v. 17 à 31Pasteur Élisabeth BRINKMAN

Textes : Job 17, v. 1 à 11 Ps 90 Proverbes 3, v. 13 à 20 Hébreux 4, v. 12 & 13 Marc 10, v. 17 à 31Pasteur Élisabeth BRINKMAN

Textes : Job 17, v. 1 à 11 Ps 90 Proverbes 3, v. 13 à 20 Hébreux 4, v. 12 & 13 Marc 10, v. 17 à 31Pasteur Élisabeth BRINKMAN

Textes : Job 17, v. 1 à 11 Ps 90 Proverbes 3, v. 13 à 20 Hébreux 4, v. 12 & 13 Marc 10, v. 17 à 31Pasteur Élisabeth BRINKMAN

Textes : Job 17, v. 1 à 11 Ps 90 Proverbes 3, v. 13 à 20 Hébreux 4, v. 12 & 13 Marc 10, v. 17 à 31Pasteur Élisabeth BRINKMAN

Textes : Job 17, v. 1 à 11 Ps 90 Proverbes 3, v. 13 à 20 Hébreux 4, v. 12 & 13 Marc 10, v. 17 à 31Pasteur Élisabeth BRINKMAN

Notes exégétiques sur Marc 10, 17- 30Le passage est pris dans un ensemble qui commence en 9, 30 avec la 2e annonce de la Passion, et se termine en 10,52. Plusieurs choses frappent dans cet ensemble : l’importance du chemin, non seulement Jésus chemine de Galilée jusqu’à Jérusalem, mais surtout le chemin a une fonction symbolique.L’importance aussi de l’enseignement aux disciples qui sont sur ce chemin avec Jésus. Soit au moyen d’enseignements proprement dit, soit sous forme de dialogue, progressivement Jésus dévoile ainsi à ses disciples, (et donc Marc à ses lecteurs, à nous !), le sens de son cheminement.La section comprend 3 parties :17-22 : le riche et Jésus23-27 : les richesses comme obstacle à l’entrée dans le Royaume de Dieu28-31 : la « récompense » du renoncement[1]Vs 17 : Jésus est « en route » (vers Jérusalem, vers la passion) et quelqu’un « court » : vers lui, et en attitude d’adoration, se jette aux pieds de Jésus. D’emblée Marc indique la quête de l’homme (dont nous ne savons pas ici s’il est jeune, ni encore qu’il est riche) comme une quête urgente du sens de la vie. Et Jésus est perçu par l’homme comme un Maître, un bon maître même, quelqu’un qui est arrivé à une grande hauteur spirituelle, et qui pourra lui donner LA réponse.L’homme est dans le « faire » et le « il faut »: il faut mériter son paradis, et pour cela, non seulement il faut obéir à la Loi, mais encore « faire » des aumônes, la charité etc.Vs 18- 19 : Jésus récuse le mot « bon », qui ne doit être utilisé que pour Dieu seul. Cette phrase a fait couler énormément d’encre exégétique : est-ce que Jésus a ainsi mis une limite entre lui et son Père ? Est-ce que Jésus se met ainsi sur le même plan que son interlocuteur ? Le terme « bon » étant réservé uniquement à Dieu dans le judaïsme, peut-être que Jésus ici veut surtout se démarquer de la quête (qui s’avérera stérile) de la perfection de l’homme ? Peut-être que Marc veut ici souligner que vouloir construire sa vie devant Dieu au regard de la Loi conduit à une impasse.[2]Vs 20-22 : Jésus le renvoie vers la double instance de jugement que sont Dieu et la Loi, qui manifestement ici ne suffisent pas, puisque l’homme a l’expérience d’un manque qui l’a conduit vers Jésus. Et « Jésus le regarda et l’aima » : il voit en l’homme son inquiétude, sa quête, sa soif de vérité. Jésus qui regarde et qui aime : Lazare, Marthe et Marie, Zachée… notre homme fait partie de cette liste de ceux que Jésus regarde avec amour.Et il lui donne le chemin à suivre : « va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres ». « Puis, viens et suis-moi. » Se défaire de tout est surtout à prendre dans le sens de changer radicalement son point de départ. Il ne s’agit plus de ramasser, que ce soit de l’argent ou des bonnes œuvres, mais bien de recevoir, car dépouillé de tout on ne peut plus que recevoir. Il ne s’agit plus d’être raisonnable et prévoyant, mais de donner sans retenue. C’est suivre le Christ au lieu de fonder sa vie sur une identité religieuse ou matérielle. Cela implique, qu’on ose changer tout l’équilibre de sa vie. Et cela est impossible à l’homme qui « s’en va, tout triste ». A remarquer ce même mot triste utilisé pour décrire Jésus à Gethsémani.[3]Vs 23-27 : le dialogue avec les disciples continue la réflexion sur les conditions pour entrer dans le Royaume : il s’agit de ressentir le manque, le désir de Dieu et non d’avoir ou de faire : mérites, richesses diverses….l’image du chameau et du trou d’aiguille (qui est bien une image, et non comme on l’a parfois cru, le nom d’une petite porte d’entrée dans Jérusalem) montre notre radicale impossibilité anthropologique d’un dépouillement total. Jusqu’à cette phrase : ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu.Vs 28-31 : enfin, la remarque de Pierre qu’eux, les disciples, ont tout donné pour suivre le Maître montre la préoccupation de la communauté marcienne devant les choix à faire. Ces gens-là ont quitté leur vie antérieure pour devenir chrétien, n’est-il pas logique que quelque part ils aimeraient bien être rétribués pour leur peine ? Notons qu’en quittant père, mère etc., ils reçoivent au centuple tout, à part un père, puisque désormais le seul Père est le Père céleste.Et, nous revoici devant le don libre de Dieu, la phrase finale qui remet en cause la logique de la rétribution : Dieu seul décide, il ne nous appartient ni de croire y arriver par notre mérite, ni de juger les autres ! [1] Jean Valette, l’Évangile de Marc, commentaire, tome II, p. 21[2] Elian Cuvillier, L’Évangile de Marc, p. 209[3] idem***

Prédication

Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous sur un chemin, et tous, nous cherchons à donner un sens à ce cheminement. Croyants ou non croyants, à un moment ou un autre se pose à nous la question du sens : comment orienter ma vie, comment lui donner sens, dans quelle direction avancer ?Et sur ce chemin, se tient Jésus, lui aussi en route. Lui, il sait déjà où il va : vers Jérusalem, et vers la mort : il l’a déjà annoncé 2 fois. Mais les disciples ne veulent pas le croire. Pour eux, le chemin qu’ils ont pris doit être un chemin de réussite, de gloire, pour certains même de pouvoir : Pierre l’a vertement réprimandé lorsque Jésus annonçait sa passion (8,32) et Jacques et Jean aimeraient bien avoir les premières places (9,34 et 10, 37). Aucun d’entre eux ne comprend ou ne veut comprendre, que le chemin que Jésus propose est un chemin de renoncement.Et voici, sur le chemin vers Jérusalem, cette rencontre avec celui qu’on appelle communément « le jeune homme riche » même si on ne sait pas s’il est jeune ; notre texte l’appelle juste « quelqu’un ». Il est peut-être vous, il est sans doute moi… Celui-là est aussi sur le chemin, il y court même : il a hâte de trouver le sens profond de sa vie, et pour cela il s’approche de Jésus avec sa question pressante sur les lèvres: « que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? »N’est-ce pas là le bât qui blesse ? Dans ce « Que faut-il faire » ? Car il en fait, des choses : il respecte la loi de Moïse, depuis son enfance. C’est un croyant sincère et pratiquant, qui applique scrupuleusement les commandements. Et pourtant, Jésus le réprimande : ne m’appelle pas « bon », il n’y a que Dieu qui est bon. Qu’est-ce que cela veut dire ? Jésus pourtant est si proche de Dieu ! Il me semble que nous avons ici un premier point à retenir : l’homme voudrait être bon lui aussi, il prend sa foi au sérieux, il cherche comment faire pour être encore meilleur, encore plus religieux. Il ne veut pas mener une vie superficielle et matérielle, non, il cherche comment hériter la vie éternelle. Et il pense qu’il doit se hisser toujours plus vers Dieu….Et voilà Jésus qui lui rappelle le B-A-BA de la religion juive : les 10 Paroles de la Thora ! Et encore : il récapitule la 2e table de la loi, celle qui parle des liens interpersonnels : tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu honoreras ton père et ta mère. Enfantin ! D’ailleurs, l’homme répond bien vite que oui, ça, il le connaît, depuis son enfance. Rappelons-nous que juste avant l’arrivée de l’homme auprès de Jésus, celui-ci avait fait la leçon à ses disciples qui voulaient refuser l’accès à des enfants. Il leur avait dit : « le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme ces enfants. En vérité, je vous déclare, qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas. » Le jeune homme riche est peut-être bien un de ceux à qui il est si difficile de devenir comme un enfant, c’est à dire se reconnaître faible et dépendant de la bonté d’un Autre.Car, nous dit Marc, il s’en alla, tout triste, car il avait beaucoup de biens. Je ne sais pas pour vous, mais moi, cette phrase toute simple me met mal à l’aise : tout donner, tout quitter ? Vendre tout ce qu’on a pour suivre Jésus, n’est-ce pas demander l’impossible ? Même si le Christ me regarde avec amour, est-ce que j’en suis capable ? Je me reconnais tellement dans ce jeune homme ! C’est vrai que c’est aussi peu probable que l’histoire du chameau qui passe par le trou d’une aiguille ! Vous voyez bien l’image qui parle pour elle-même ! Elle fait mal, cette phrase, puisqu’elle nous met devant cette radicale impossibilité de suivre le Christ sur tout le chemin ! Souvent ce petit passage a été interprété comme un appel au partage des biens, ou a servi à justifier des choix de vie de dénuement ou monastiques. Pourquoi pas ? Notre monde a un besoin urgent d’un partage plus juste des richesses, et qui mettrait en cause ceux qui ont tout abandonné pour vivre parmi les plus pauvres ?Mais il me semble que l’essentiel de l’enseignement de Jésus est ailleurs : en vue de son chemin qui mène à Jérusalem et à la mort, Rappelons-nous alors la 1e partie que Jésus n’a PAS dite des 10 Paroles : Je suis le Seigneur qui t’a libéré de l’esclavage……N’y a-t-il pas là un lien à faire ?Le peuple élu ne s’est pas libéré tout seul : Dieu s’est montré, s’est détaché de toutes les divinités qui enferment, qui demandent des services, et Il a dit : Je suis ton Dieu, je te libère de ton esclavage, et je te mène jusque dans le pays promis ! Et ici Jésus regarde le jeune homme riche, avec amour.Il lui offre de suivre son chemin, avec lui, mais l’homme en est incapable: il n’arrive pas à se détacher suffisamment de ses préoccupations.Sommes-nous alors inexorablement condamnés ? C’est la question angoissée des disciples, qui en même temps se recoupe avec une légitime fierté qu’eux au moins, ils ont été capables de quitter leur famille, leur boulot, leur souci du lendemain. Et il y a de quoi à la fois de se demander si ça suffit, et de se dire que, ma foi, on fait quand-même de gros efforts !La réponse de Jésus vient interpeller ces interrogations qui sont les nôtres, tout comme elles ont été celles de la communauté chrétienne naissante : est-ce que nous sommes dans le bon chemin ? Que faut-il faire pour avancer dans la bonne direction ? Ce que Jésus montre à ses disciples, à nous, c’est ce Dieu qui vient vers nous, qui nous accepte, non pas comme une récompense pour nos efforts, mais comme un préalable à notre relation avec lui. Un Dieu qui nous appelle à une vie sous son regard d’amour, et qui, par là même, nous libère. Un Dieu qui nous dit : toi, sur ce chemin de vie-là, tu ne seras pas seul, mais en compagnie de frères, de sœurs, d’amis et de parents avec qui marcher, prier, chanter et lutter pour un monde conforme à mon plan. Un monde où les 10 Paroles seront la loi, le viatique, mais non plus comme un joug pesant, un idéal jamais atteint, mais comme une invitation à l’amour et au partage !Littérature : Valette, Jean : L’évangile de Marc, parole de puissance, message de vie, tome II, Paris, les Bergers et les mages, 1986Cuvillier, Elian, L’Évangile de Marc, Paris/Genève, Bayard/Labor et Fides, 2002

Notes exégétiques sur Marc 10, 17- 30Le passage est pris dans un ensemble qui commence en 9, 30 avec la 2e annonce de la Passion, et se termine en 10,52. Plusieurs choses frappent dans cet ensemble : l’importance du chemin, non seulement Jésus chemine de Galilée jusqu’à Jérusalem, mais surtout le chemin a une fonction symbolique.L’importance aussi de l’enseignement aux disciples qui sont sur ce chemin avec Jésus. Soit au moyen d’enseignements proprement dit, soit sous forme de dialogue, progressivement Jésus dévoile ainsi à ses disciples, (et donc Marc à ses lecteurs, à nous !), le sens de son cheminement.La section comprend 3 parties :17-22 : le riche et Jésus23-27 : les richesses comme obstacle à l’entrée dans le Royaume de Dieu28-31 : la « récompense » du renoncement[1]Vs 17 : Jésus est « en route » (vers Jérusalem, vers la passion) et quelqu’un « court » : vers lui, et en attitude d’adoration, se jette aux pieds de Jésus. D’emblée Marc indique la quête de l’homme (dont nous ne savons pas ici s’il est jeune, ni encore qu’il est riche) comme une quête urgente du sens de la vie. Et Jésus est perçu par l’homme comme un Maître, un bon maître même, quelqu’un qui est arrivé à une grande hauteur spirituelle, et qui pourra lui donner LA réponse.L’homme est dans le « faire » et le « il faut »: il faut mériter son paradis, et pour cela, non seulement il faut obéir à la Loi, mais encore « faire » des aumônes, la charité etc.Vs 18- 19 : Jésus récuse le mot « bon », qui ne doit être utilisé que pour Dieu seul. Cette phrase a fait couler énormément d’encre exégétique : est-ce que Jésus a ainsi mis une limite entre lui et son Père ? Est-ce que Jésus se met ainsi sur le même plan que son interlocuteur ? Le terme « bon » étant réservé uniquement à Dieu dans le judaïsme, peut-être que Jésus ici veut surtout se démarquer de la quête (qui s’avérera stérile) de la perfection de l’homme ? Peut-être que Marc veut ici souligner que vouloir construire sa vie devant Dieu au regard de la Loi conduit à une impasse.[2]Vs 20-22 : Jésus le renvoie vers la double instance de jugement que sont Dieu et la Loi, qui manifestement ici ne suffisent pas, puisque l’homme a l’expérience d’un manque qui l’a conduit vers Jésus. Et « Jésus le regarda et l’aima » : il voit en l’homme son inquiétude, sa quête, sa soif de vérité. Jésus qui regarde et qui aime : Lazare, Marthe et Marie, Zachée… notre homme fait partie de cette liste de ceux que Jésus regarde avec amour.Et il lui donne le chemin à suivre : « va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres ». « Puis, viens et suis-moi. » Se défaire de tout est surtout à prendre dans le sens de changer radicalement son point de départ. Il ne s’agit plus de ramasser, que ce soit de l’argent ou des bonnes œuvres, mais bien de recevoir, car dépouillé de tout on ne peut plus que recevoir. Il ne s’agit plus d’être raisonnable et prévoyant, mais de donner sans retenue. C’est suivre le Christ au lieu de fonder sa vie sur une identité religieuse ou matérielle. Cela implique, qu’on ose changer tout l’équilibre de sa vie. Et cela est impossible à l’homme qui « s’en va, tout triste ». A remarquer ce même mot triste utilisé pour décrire Jésus à Gethsémani.[3]Vs 23-27 : le dialogue avec les disciples continue la réflexion sur les conditions pour entrer dans le Royaume : il s’agit de ressentir le manque, le désir de Dieu et non d’avoir ou de faire : mérites, richesses diverses….l’image du chameau et du trou d’aiguille (qui est bien une image, et non comme on l’a parfois cru, le nom d’une petite porte d’entrée dans Jérusalem) montre notre radicale impossibilité anthropologique d’un dépouillement total. Jusqu’à cette phrase : ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu.Vs 28-31 : enfin, la remarque de Pierre qu’eux, les disciples, ont tout donné pour suivre le Maître montre la préoccupation de la communauté marcienne devant les choix à faire. Ces gens-là ont quitté leur vie antérieure pour devenir chrétien, n’est-il pas logique que quelque part ils aimeraient bien être rétribués pour leur peine ? Notons qu’en quittant père, mère etc., ils reçoivent au centuple tout, à part un père, puisque désormais le seul Père est le Père céleste.Et, nous revoici devant le don libre de Dieu, la phrase finale qui remet en cause la logique de la rétribution : Dieu seul décide, il ne nous appartient ni de croire y arriver par notre mérite, ni de juger les autres ! [1] Jean Valette, l’Évangile de Marc, commentaire, tome II, p. 21[2] Elian Cuvillier, L’Évangile de Marc, p. 209[3] idem***PrédicationQu’on le veuille ou non, nous sommes tous sur un chemin, et tous, nous cherchons à donner un sens à ce cheminement. Croyants ou non croyants, à un moment ou un autre se pose à nous la question du sens : comment orienter ma vie, comment lui donner sens, dans quelle direction avancer ?Et sur ce chemin, se tient Jésus, lui aussi en route. Lui, il sait déjà où il va : vers Jérusalem, et vers la mort : il l’a déjà annoncé 2 fois. Mais les disciples ne veulent pas le croire. Pour eux, le chemin qu’ils ont pris doit être un chemin de réussite, de gloire, pour certains même de pouvoir : Pierre l’a vertement réprimandé lorsque Jésus annonçait sa passion (8,32) et Jacques et Jean aimeraient bien avoir les premières places (9,34 et 10, 37). Aucun d’entre eux ne comprend ou ne veut comprendre, que le chemin que Jésus propose est un chemin de renoncement.Et voici, sur le chemin vers Jérusalem, cette rencontre avec celui qu’on appelle communément « le jeune homme riche » même si on ne sait pas s’il est jeune ; notre texte l’appelle juste « quelqu’un ». Il est peut-être vous, il est sans doute moi… Celui-là est aussi sur le chemin, il y court même : il a hâte de trouver le sens profond de sa vie, et pour cela il s’approche de Jésus avec sa question pressante sur les lèvres: « que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? »N’est-ce pas là le bât qui blesse ? Dans ce « Que faut-il faire » ? Car il en fait, des choses : il respecte la loi de Moïse, depuis son enfance. C’est un croyant sincère et pratiquant, qui applique scrupuleusement les commandements. Et pourtant, Jésus le réprimande : ne m’appelle pas « bon », il n’y a que Dieu qui est bon. Qu’est-ce que cela veut dire ? Jésus pourtant est si proche de Dieu ! Il me semble que nous avons ici un premier point à retenir : l’homme voudrait être bon lui aussi, il prend sa foi au sérieux, il cherche comment faire pour être encore meilleur, encore plus religieux. Il ne veut pas mener une vie superficielle et matérielle, non, il cherche comment hériter la vie éternelle. Et il pense qu’il doit se hisser toujours plus vers Dieu….Et voilà Jésus qui lui rappelle le B-A-BA de la religion juive : les 10 Paroles de la Thora ! Et encore : il récapitule la 2e table de la loi, celle qui parle des liens interpersonnels : tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu honoreras ton père et ta mère. Enfantin ! D’ailleurs, l’homme répond bien vite que oui, ça, il le connaît, depuis son enfance. Rappelons-nous que juste avant l’arrivée de l’homme auprès de Jésus, celui-ci avait fait la leçon à ses disciples qui voulaient refuser l’accès à des enfants. Il leur avait dit : « le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme ces enfants. En vérité, je vous déclare, qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas. » Le jeune homme riche est peut-être bien un de ceux à qui il est si difficile de devenir comme un enfant, c’est à dire se reconnaître faible et dépendant de la bonté d’un Autre.Car, nous dit Marc, il s’en alla, tout triste, car il avait beaucoup de biens. Je ne sais pas pour vous, mais moi, cette phrase toute simple me met mal à l’aise : tout donner, tout quitter ? Vendre tout ce qu’on a pour suivre Jésus, n’est-ce pas demander l’impossible ? Même si le Christ me regarde avec amour, est-ce que j’en suis capable ? Je me reconnais tellement dans ce jeune homme ! C’est vrai que c’est aussi peu probable que l’histoire du chameau qui passe par le trou d’une aiguille ! Vous voyez bien l’image qui parle pour elle-même ! Elle fait mal, cette phrase, puisqu’elle nous met devant cette radicale impossibilité de suivre le Christ sur tout le chemin ! Souvent ce petit passage a été interprété comme un appel au partage des biens, ou a servi à justifier des choix de vie de dénuement ou monastiques. Pourquoi pas ? Notre monde a un besoin urgent d’un partage plus juste des richesses, et qui mettrait en cause ceux qui ont tout abandonné pour vivre parmi les plus pauvres ?Mais il me semble que l’essentiel de l’enseignement de Jésus est ailleurs : en vue de son chemin qui mène à Jérusalem et à la mort, Rappelons-nous alors la 1e partie que Jésus n’a PAS dite des 10 Paroles : Je suis le Seigneur qui t’a libéré de l’esclavage……N’y a-t-il pas là un lien à faire ?Le peuple élu ne s’est pas libéré tout seul : Dieu s’est montré, s’est détaché de toutes les divinités qui enferment, qui demandent des services, et Il a dit : Je suis ton Dieu, je te libère de ton esclavage, et je te mène jusque dans le pays promis ! Et ici Jésus regarde le jeune homme riche, avec amour.Il lui offre de suivre son chemin, avec lui, mais l’homme en est incapable: il n’arrive pas à se détacher suffisamment de ses préoccupations.Sommes-nous alors inexorablement condamnés ? C’est la question angoissée des disciples, qui en même temps se recoupe avec une légitime fierté qu’eux au moins, ils ont été capables de quitter leur famille, leur boulot, leur souci du lendemain. Et il y a de quoi à la fois de se demander si ça suffit, et de se dire que, ma foi, on fait quand-même de gros efforts !La réponse de Jésus vient interpeller ces interrogations qui sont les nôtres, tout comme elles ont été celles de la communauté chrétienne naissante : est-ce que nous sommes dans le bon chemin ? Que faut-il faire pour avancer dans la bonne direction ? Ce que Jésus montre à ses disciples, à nous, c’est ce Dieu qui vient vers nous, qui nous accepte, non pas comme une récompense pour nos efforts, mais comme un préalable à notre relation avec lui. Un Dieu qui nous appelle à une vie sous son regard d’amour, et qui, par là même, nous libère. Un Dieu qui nous dit : toi, sur ce chemin de vie-là, tu ne seras pas seul, mais en compagnie de frères, de sœurs, d’amis et de parents avec qui marcher, prier, chanter et lutter pour un monde conforme à mon plan. Un monde où les 10 Paroles seront la loi, le viatique, mais non plus comme un joug pesant, un idéal jamais atteint, mais comme une invitation à l’amour et au partage !Littérature : Valette, Jean : L’évangile de Marc, parole de puissance, message de vie, tome II, Paris, les Bergers et les mages, 1986Cuvillier, Elian, L’Évangile de Marc, Paris/Genève, Bayard/Labor et Fides, 2002

Notes exégétiques sur Marc 10, 17- 30Le passage est pris dans un ensemble qui commence en 9, 30 avec la 2e annonce de la Passion, et se termine en 10,52. Plusieurs choses frappent dans cet ensemble : l’importance du chemin, non seulement Jésus chemine de Galilée jusqu’à Jérusalem, mais surtout le chemin a une fonction symbolique.L’importance aussi de l’enseignement aux disciples qui sont sur ce chemin avec Jésus. Soit au moyen d’enseignements proprement dit, soit sous forme de dialogue, progressivement Jésus dévoile ainsi à ses disciples, (et donc Marc à ses lecteurs, à nous !), le sens de son cheminement.La section comprend 3 parties :17-22 : le riche et Jésus23-27 : les richesses comme obstacle à l’entrée dans le Royaume de Dieu28-31 : la « récompense » du renoncement[1]Vs 17 : Jésus est « en route » (vers Jérusalem, vers la passion) et quelqu’un « court » : vers lui, et en attitude d’adoration, se jette aux pieds de Jésus. D’emblée Marc indique la quête de l’homme (dont nous ne savons pas ici s’il est jeune, ni encore qu’il est riche) comme une quête urgente du sens de la vie. Et Jésus est perçu par l’homme comme un Maître, un bon maître même, quelqu’un qui est arrivé à une grande hauteur spirituelle, et qui pourra lui donner LA réponse.L’homme est dans le « faire » et le « il faut »: il faut mériter son paradis, et pour cela, non seulement il faut obéir à la Loi, mais encore « faire » des aumônes, la charité etc.Vs 18- 19 : Jésus récuse le mot « bon », qui ne doit être utilisé que pour Dieu seul. Cette phrase a fait couler énormément d’encre exégétique : est-ce que Jésus a ainsi mis une limite entre lui et son Père ? Est-ce que Jésus se met ainsi sur le même plan que son interlocuteur ? Le terme « bon » étant réservé uniquement à Dieu dans le judaïsme, peut-être que Jésus ici veut surtout se démarquer de la quête (qui s’avérera stérile) de la perfection de l’homme ? Peut-être que Marc veut ici souligner que vouloir construire sa vie devant Dieu au regard de la Loi conduit à une impasse.[2]Vs 20-22 : Jésus le renvoie vers la double instance de jugement que sont Dieu et la Loi, qui manifestement ici ne suffisent pas, puisque l’homme a l’expérience d’un manque qui l’a conduit vers Jésus. Et « Jésus le regarda et l’aima » : il voit en l’homme son inquiétude, sa quête, sa soif de vérité. Jésus qui regarde et qui aime : Lazare, Marthe et Marie, Zachée… notre homme fait partie de cette liste de ceux que Jésus regarde avec amour.Et il lui donne le chemin à suivre : « va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres ». « Puis, viens et suis-moi. » Se défaire de tout est surtout à prendre dans le sens de changer radicalement son point de départ. Il ne s’agit plus de ramasser, que ce soit de l’argent ou des bonnes œuvres, mais bien de recevoir, car dépouillé de tout on ne peut plus que recevoir. Il ne s’agit plus d’être raisonnable et prévoyant, mais de donner sans retenue. C’est suivre le Christ au lieu de fonder sa vie sur une identité religieuse ou matérielle. Cela implique, qu’on ose changer tout l’équilibre de sa vie. Et cela est impossible à l’homme qui « s’en va, tout triste ». A remarquer ce même mot triste utilisé pour décrire Jésus à Gethsémani.[3]Vs 23-27 : le dialogue avec les disciples continue la réflexion sur les conditions pour entrer dans le Royaume : il s’agit de ressentir le manque, le désir de Dieu et non d’avoir ou de faire : mérites, richesses diverses….l’image du chameau et du trou d’aiguille (qui est bien une image, et non comme on l’a parfois cru, le nom d’une petite porte d’entrée dans Jérusalem) montre notre radicale impossibilité anthropologique d’un dépouillement total. Jusqu’à cette phrase : ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu.Vs 28-31 : enfin, la remarque de Pierre qu’eux, les disciples, ont tout donné pour suivre le Maître montre la préoccupation de la communauté marcienne devant les choix à faire. Ces gens-là ont quitté leur vie antérieure pour devenir chrétien, n’est-il pas logique que quelque part ils aimeraient bien être rétribués pour leur peine ? Notons qu’en quittant père, mère etc., ils reçoivent au centuple tout, à part un père, puisque désormais le seul Père est le Père céleste.Et, nous revoici devant le don libre de Dieu, la phrase finale qui remet en cause la logique de la rétribution : Dieu seul décide, il ne nous appartient ni de croire y arriver par notre mérite, ni de juger les autres ! [1] Jean Valette, l’Évangile de Marc, commentaire, tome II, p. 21[2] Elian Cuvillier, L’Évangile de Marc, p. 209[3] idem***PrédicationQu’on le veuille ou non, nous sommes tous sur un chemin, et tous, nous cherchons à donner un sens à ce cheminement. Croyants ou non croyants, à un moment ou un autre se pose à nous la question du sens : comment orienter ma vie, comment lui donner sens, dans quelle direction avancer ?Et sur ce chemin, se tient Jésus, lui aussi en route. Lui, il sait déjà où il va : vers Jérusalem, et vers la mort : il l’a déjà annoncé 2 fois. Mais les disciples ne veulent pas le croire. Pour eux, le chemin qu’ils ont pris doit être un chemin de réussite, de gloire, pour certains même de pouvoir : Pierre l’a vertement réprimandé lorsque Jésus annonçait sa passion (8,32) et Jacques et Jean aimeraient bien avoir les premières places (9,34 et 10, 37). Aucun d’entre eux ne comprend ou ne veut comprendre, que le chemin que Jésus propose est un chemin de renoncement.Et voici, sur le chemin vers Jérusalem, cette rencontre avec celui qu’on appelle communément « le jeune homme riche » même si on ne sait pas s’il est jeune ; notre texte l’appelle juste « quelqu’un ». Il est peut-être vous, il est sans doute moi… Celui-là est aussi sur le chemin, il y court même : il a hâte de trouver le sens profond de sa vie, et pour cela il s’approche de Jésus avec sa question pressante sur les lèvres: « que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? »N’est-ce pas là le bât qui blesse ? Dans ce « Que faut-il faire » ? Car il en fait, des choses : il respecte la loi de Moïse, depuis son enfance. C’est un croyant sincère et pratiquant, qui applique scrupuleusement les commandements. Et pourtant, Jésus le réprimande : ne m’appelle pas « bon », il n’y a que Dieu qui est bon. Qu’est-ce que cela veut dire ? Jésus pourtant est si proche de Dieu ! Il me semble que nous avons ici un premier point à retenir : l’homme voudrait être bon lui aussi, il prend sa foi au sérieux, il cherche comment faire pour être encore meilleur, encore plus religieux. Il ne veut pas mener une vie superficielle et matérielle, non, il cherche comment hériter la vie éternelle. Et il pense qu’il doit se hisser toujours plus vers Dieu….Et voilà Jésus qui lui rappelle le B-A-BA de la religion juive : les 10 Paroles de la Thora ! Et encore : il récapitule la 2e table de la loi, celle qui parle des liens interpersonnels : tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu honoreras ton père et ta mère. Enfantin ! D’ailleurs, l’homme répond bien vite que oui, ça, il le connaît, depuis son enfance. Rappelons-nous que juste avant l’arrivée de l’homme auprès de Jésus, celui-ci avait fait la leçon à ses disciples qui voulaient refuser l’accès à des enfants. Il leur avait dit : « le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme ces enfants. En vérité, je vous déclare, qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas. » Le jeune homme riche est peut-être bien un de ceux à qui il est si difficile de devenir comme un enfant, c’est à dire se reconnaître faible et dépendant de la bonté d’un Autre.Car, nous dit Marc, il s’en alla, tout triste, car il avait beaucoup de biens. Je ne sais pas pour vous, mais moi, cette phrase toute simple me met mal à l’aise : tout donner, tout quitter ? Vendre tout ce qu’on a pour suivre Jésus, n’est-ce pas demander l’impossible ? Même si le Christ me regarde avec amour, est-ce que j’en suis capable ? Je me reconnais tellement dans ce jeune homme ! C’est vrai que c’est aussi peu probable que l’histoire du chameau qui passe par le trou d’une aiguille ! Vous voyez bien l’image qui parle pour elle-même ! Elle fait mal, cette phrase, puisqu’elle nous met devant cette radicale impossibilité de suivre le Christ sur tout le chemin ! Souvent ce petit passage a été interprété comme un appel au partage des biens, ou a servi à justifier des choix de vie de dénuement ou monastiques. Pourquoi pas ? Notre monde a un besoin urgent d’un partage plus juste des richesses, et qui mettrait en cause ceux qui ont tout abandonné pour vivre parmi les plus pauvres ?Mais il me semble que l’essentiel de l’enseignement de Jésus est ailleurs : en vue de son chemin qui mène à Jérusalem et à la mort, Rappelons-nous alors la 1e partie que Jésus n’a PAS dite des 10 Paroles : Je suis le Seigneur qui t’a libéré de l’esclavage……N’y a-t-il pas là un lien à faire ?Le peuple élu ne s’est pas libéré tout seul : Dieu s’est montré, s’est détaché de toutes les divinités qui enferment, qui demandent des services, et Il a dit : Je suis ton Dieu, je te libère de ton esclavage, et je te mène jusque dans le pays promis ! Et ici Jésus regarde le jeune homme riche, avec amour.Il lui offre de suivre son chemin, avec lui, mais l’homme en est incapable: il n’arrive pas à se détacher suffisamment de ses préoccupations.Sommes-nous alors inexorablement condamnés ? C’est la question angoissée des disciples, qui en même temps se recoupe avec une légitime fierté qu’eux au moins, ils ont été capables de quitter leur famille, leur boulot, leur souci du lendemain. Et il y a de quoi à la fois de se demander si ça suffit, et de se dire que, ma foi, on fait quand-même de gros efforts !La réponse de Jésus vient interpeller ces interrogations qui sont les nôtres, tout comme elles ont été celles de la communauté chrétienne naissante : est-ce que nous sommes dans le bon chemin ? Que faut-il faire pour avancer dans la bonne direction ? Ce que Jésus montre à ses disciples, à nous, c’est ce Dieu qui vient vers nous, qui nous accepte, non pas comme une récompense pour nos efforts, mais comme un préalable à notre relation avec lui. Un Dieu qui nous appelle à une vie sous son regard d’amour, et qui, par là même, nous libère. Un Dieu qui nous dit : toi, sur ce chemin de vie-là, tu ne seras pas seul, mais en compagnie de frères, de sœurs, d’amis et de parents avec qui marcher, prier, chanter et lutter pour un monde conforme à mon plan. Un monde où les 10 Paroles seront la loi, le viatique, mais non plus comme un joug pesant, un idéal jamais atteint, mais comme une invitation à l’amour et au partage !Littérature : Valette, Jean : L’évangile de Marc, parole de puissance, message de vie, tome II, Paris, les Bergers et les mages, 1986Cuvillier, Elian, L’Évangile de Marc, Paris/Genève, Bayard/Labor et Fides, 2002

Notes exégétiques sur Marc 10, 17- 30Le passage est pris dans un ensemble qui commence en 9, 30 avec la 2e annonce de la Passion, et se termine en 10,52. Plusieurs choses frappent dans cet ensemble : l’importance du chemin, non seulement Jésus chemine de Galilée jusqu’à Jérusalem, mais surtout le chemin a une fonction symbolique.L’importance aussi de l’enseignement aux disciples qui sont sur ce chemin avec Jésus. Soit au moyen d’enseignements proprement dit, soit sous forme de dialogue, progressivement Jésus dévoile ainsi à ses disciples, (et donc Marc à ses lecteurs, à nous !), le sens de son cheminement.La section comprend 3 parties :17-22 : le riche et Jésus23-27 : les richesses comme obstacle à l’entrée dans le Royaume de Dieu28-31 : la « récompense » du renoncement[1]Vs 17 : Jésus est « en route » (vers Jérusalem, vers la passion) et quelqu’un « court » : vers lui, et en attitude d’adoration, se jette aux pieds de Jésus. D’emblée Marc indique la quête de l’homme (dont nous ne savons pas ici s’il est jeune, ni encore qu’il est riche) comme une quête urgente du sens de la vie. Et Jésus est perçu par l’homme comme un Maître, un bon maître même, quelqu’un qui est arrivé à une grande hauteur spirituelle, et qui pourra lui donner LA réponse.L’homme est dans le « faire » et le « il faut »: il faut mériter son paradis, et pour cela, non seulement il faut obéir à la Loi, mais encore « faire » des aumônes, la charité etc.Vs 18- 19 : Jésus récuse le mot « bon », qui ne doit être utilisé que pour Dieu seul. Cette phrase a fait couler énormément d’encre exégétique : est-ce que Jésus a ainsi mis une limite entre lui et son Père ? Est-ce que Jésus se met ainsi sur le même plan que son interlocuteur ? Le terme « bon » étant réservé uniquement à Dieu dans le judaïsme, peut-être que Jésus ici veut surtout se démarquer de la quête (qui s’avérera stérile) de la perfection de l’homme ? Peut-être que Marc veut ici souligner que vouloir construire sa vie devant Dieu au regard de la Loi conduit à une impasse.[2]Vs 20-22 : Jésus le renvoie vers la double instance de jugement que sont Dieu et la Loi, qui manifestement ici ne suffisent pas, puisque l’homme a l’expérience d’un manque qui l’a conduit vers Jésus. Et « Jésus le regarda et l’aima » : il voit en l’homme son inquiétude, sa quête, sa soif de vérité. Jésus qui regarde et qui aime : Lazare, Marthe et Marie, Zachée… notre homme fait partie de cette liste de ceux que Jésus regarde avec amour.Et il lui donne le chemin à suivre : « va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres ». « Puis, viens et suis-moi. » Se défaire de tout est surtout à prendre dans le sens de changer radicalement son point de départ. Il ne s’agit plus de ramasser, que ce soit de l’argent ou des bonnes œuvres, mais bien de recevoir, car dépouillé de tout on ne peut plus que recevoir. Il ne s’agit plus d’être raisonnable et prévoyant, mais de donner sans retenue. C’est suivre le Christ au lieu de fonder sa vie sur une identité religieuse ou matérielle. Cela implique, qu’on ose changer tout l’équilibre de sa vie. Et cela est impossible à l’homme qui « s’en va, tout triste ». A remarquer ce même mot triste utilisé pour décrire Jésus à Gethsémani.[3]Vs 23-27 : le dialogue avec les disciples continue la réflexion sur les conditions pour entrer dans le Royaume : il s’agit de ressentir le manque, le désir de Dieu et non d’avoir ou de faire : mérites, richesses diverses….l’image du chameau et du trou d’aiguille (qui est bien une image, et non comme on l’a parfois cru, le nom d’une petite porte d’entrée dans Jérusalem) montre notre radicale impossibilité anthropologique d’un dépouillement total. Jusqu’à cette phrase : ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu.Vs 28-31 : enfin, la remarque de Pierre qu’eux, les disciples, ont tout donné pour suivre le Maître montre la préoccupation de la communauté marcienne devant les choix à faire. Ces gens-là ont quitté leur vie antérieure pour devenir chrétien, n’est-il pas logique que quelque part ils aimeraient bien être rétribués pour leur peine ? Notons qu’en quittant père, mère etc., ils reçoivent au centuple tout, à part un père, puisque désormais le seul Père est le Père céleste.Et, nous revoici devant le don libre de Dieu, la phrase finale qui remet en cause la logique de la rétribution : Dieu seul décide, il ne nous appartient ni de croire y arriver par notre mérite, ni de juger les autres ! [1] Jean Valette, l’Évangile de Marc, commentaire, tome II, p. 21[2] Elian Cuvillier, L’Évangile de Marc, p. 209[3] idem***PrédicationQu’on le veuille ou non, nous sommes tous sur un chemin, et tous, nous cherchons à donner un sens à ce cheminement. Croyants ou non croyants, à un moment ou un autre se pose à nous la question du sens : comment orienter ma vie, comment lui donner sens, dans quelle direction avancer ?Et sur ce chemin, se tient Jésus, lui aussi en route. Lui, il sait déjà où il va : vers Jérusalem, et vers la mort : il l’a déjà annoncé 2 fois. Mais les disciples ne veulent pas le croire. Pour eux, le chemin qu’ils ont pris doit être un chemin de réussite, de gloire, pour certains même de pouvoir : Pierre l’a vertement réprimandé lorsque Jésus annonçait sa passion (8,32) et Jacques et Jean aimeraient bien avoir les premières places (9,34 et 10, 37). Aucun d’entre eux ne comprend ou ne veut comprendre, que le chemin que Jésus propose est un chemin de renoncement.Et voici, sur le chemin vers Jérusalem, cette rencontre avec celui qu’on appelle communément « le jeune homme riche » même si on ne sait pas s’il est jeune ; notre texte l’appelle juste « quelqu’un ». Il est peut-être vous, il est sans doute moi… Celui-là est aussi sur le chemin, il y court même : il a hâte de trouver le sens profond de sa vie, et pour cela il s’approche de Jésus avec sa question pressante sur les lèvres: « que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? »N’est-ce pas là le bât qui blesse ? Dans ce « Que faut-il faire » ? Car il en fait, des choses : il respecte la loi de Moïse, depuis son enfance. C’est un croyant sincère et pratiquant, qui applique scrupuleusement les commandements. Et pourtant, Jésus le réprimande : ne m’appelle pas « bon », il n’y a que Dieu qui est bon. Qu’est-ce que cela veut dire ? Jésus pourtant est si proche de Dieu ! Il me semble que nous avons ici un premier point à retenir : l’homme voudrait être bon lui aussi, il prend sa foi au sérieux, il cherche comment faire pour être encore meilleur, encore plus religieux. Il ne veut pas mener une vie superficielle et matérielle, non, il cherche comment hériter la vie éternelle. Et il pense qu’il doit se hisser toujours plus vers Dieu….Et voilà Jésus qui lui rappelle le B-A-BA de la religion juive : les 10 Paroles de la Thora ! Et encore : il récapitule la 2e table de la loi, celle qui parle des liens interpersonnels : tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu honoreras ton père et ta mère. Enfantin ! D’ailleurs, l’homme répond bien vite que oui, ça, il le connaît, depuis son enfance. Rappelons-nous que juste avant l’arrivée de l’homme auprès de Jésus, celui-ci avait fait la leçon à ses disciples qui voulaient refuser l’accès à des enfants. Il leur avait dit : « le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme ces enfants. En vérité, je vous déclare, qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas. » Le jeune homme riche est peut-être bien un de ceux à qui il est si difficile de devenir comme un enfant, c’est à dire se reconnaître faible et dépendant de la bonté d’un Autre.Car, nous dit Marc, il s’en alla, tout triste, car il avait beaucoup de biens. Je ne sais pas pour vous, mais moi, cette phrase toute simple me met mal à l’aise : tout donner, tout quitter ? Vendre tout ce qu’on a pour suivre Jésus, n’est-ce pas demander l’impossible ? Même si le Christ me regarde avec amour, est-ce que j’en suis capable ? Je me reconnais tellement dans ce jeune homme ! C’est vrai que c’est aussi peu probable que l’histoire du chameau qui passe par le trou d’une aiguille ! Vous voyez bien l’image qui parle pour elle-même ! Elle fait mal, cette phrase, puisqu’elle nous met devant cette radicale impossibilité de suivre le Christ sur tout le chemin ! Souvent ce petit passage a été interprété comme un appel au partage des biens, ou a servi à justifier des choix de vie de dénuement ou monastiques. Pourquoi pas ? Notre monde a un besoin urgent d’un partage plus juste des richesses, et qui mettrait en cause ceux qui ont tout abandonné pour vivre parmi les plus pauvres ?Mais il me semble que l’essentiel de l’enseignement de Jésus est ailleurs : en vue de son chemin qui mène à Jérusalem et à la mort, Rappelons-nous alors la 1e partie que Jésus n’a PAS dite des 10 Paroles : Je suis le Seigneur qui t’a libéré de l’esclavage……N’y a-t-il pas là un lien à faire ?Le peuple élu ne s’est pas libéré tout seul : Dieu s’est montré, s’est détaché de toutes les divinités qui enferment, qui demandent des services, et Il a dit : Je suis ton Dieu, je te libère de ton esclavage, et je te mène jusque dans le pays promis ! Et ici Jésus regarde le jeune homme riche, avec amour.Il lui offre de suivre son chemin, avec lui, mais l’homme en est incapable: il n’arrive pas à se détacher suffisamment de ses préoccupations.Sommes-nous alors inexorablement condamnés ? C’est la question angoissée des disciples, qui en même temps se recoupe avec une légitime fierté qu’eux au moins, ils ont été capables de quitter leur famille, leur boulot, leur souci du lendemain. Et il y a de quoi à la fois de se demander si ça suffit, et de se dire que, ma foi, on fait quand-même de gros efforts !La réponse de Jésus vient interpeller ces interrogations qui sont les nôtres, tout comme elles ont été celles de la communauté chrétienne naissante : est-ce que nous sommes dans le bon chemin ? Que faut-il faire pour avancer dans la bonne direction ? Ce que Jésus montre à ses disciples, à nous, c’est ce Dieu qui vient vers nous, qui nous accepte, non pas comme une récompense pour nos efforts, mais comme un préalable à notre relation avec lui. Un Dieu qui nous appelle à une vie sous son regard d’amour, et qui, par là même, nous libère. Un Dieu qui nous dit : toi, sur ce chemin de vie-là, tu ne seras pas seul, mais en compagnie de frères, de sœurs, d’amis et de parents avec qui marcher, prier, chanter et lutter pour un monde conforme à mon plan. Un monde où les 10 Paroles seront la loi, le viatique, mais non plus comme un joug pesant, un idéal jamais atteint, mais comme une invitation à l’amour et au partage !Littérature : Valette, Jean : L’évangile de Marc, parole de puissance, message de vie, tome II, Paris, les Bergers et les mages, 1986Cuvillier, Elian, L’Évangile de Marc, Paris/Genève, Bayard/Labor et Fides, 2002

Notes exégétiques sur Marc 10, 17- 30Le passage est pris dans un ensemble qui commence en 9, 30 avec la 2e annonce de la Passion, et se termine en 10,52. Plusieurs choses frappent dans cet ensemble : l’importance du chemin, non seulement Jésus chemine de Galilée jusqu’à Jérusalem, mais surtout le chemin a une fonction symbolique.L’importance aussi de l’enseignement aux disciples qui sont sur ce chemin avec Jésus. Soit au moyen d’enseignements proprement dit, soit sous forme de dialogue, progressivement Jésus dévoile ainsi à ses disciples, (et donc Marc à ses lecteurs, à nous !), le sens de son cheminement.La section comprend 3 parties :17-22 : le riche et Jésus23-27 : les richesses comme obstacle à l’entrée dans le Royaume de Dieu28-31 : la « récompense » du renoncement[1]Vs 17 : Jésus est « en route » (vers Jérusalem, vers la passion) et quelqu’un « court » : vers lui, et en attitude d’adoration, se jette aux pieds de Jésus. D’emblée Marc indique la quête de l’homme (dont nous ne savons pas ici s’il est jeune, ni encore qu’il est riche) comme une quête urgente du sens de la vie. Et Jésus est perçu par l’homme comme un Maître, un bon maître même, quelqu’un qui est arrivé à une grande hauteur spirituelle, et qui pourra lui donner LA réponse.L’homme est dans le « faire » et le « il faut »: il faut mériter son paradis, et pour cela, non seulement il faut obéir à la Loi, mais encore « faire » des aumônes, la charité etc.Vs 18- 19 : Jésus récuse le mot « bon », qui ne doit être utilisé que pour Dieu seul. Cette phrase a fait couler énormément d’encre exégétique : est-ce que Jésus a ainsi mis une limite entre lui et son Père ? Est-ce que Jésus se met ainsi sur le même plan que son interlocuteur ? Le terme « bon » étant réservé uniquement à Dieu dans le judaïsme, peut-être que Jésus ici veut surtout se démarquer de la quête (qui s’avérera stérile) de la perfection de l’homme ? Peut-être que Marc veut ici souligner que vouloir construire sa vie devant Dieu au regard de la Loi conduit à une impasse.[2]Vs 20-22 : Jésus le renvoie vers la double instance de jugement que sont Dieu et la Loi, qui manifestement ici ne suffisent pas, puisque l’homme a l’expérience d’un manque qui l’a conduit vers Jésus. Et « Jésus le regarda et l’aima » : il voit en l’homme son inquiétude, sa quête, sa soif de vérité. Jésus qui regarde et qui aime : Lazare, Marthe et Marie, Zachée… notre homme fait partie de cette liste de ceux que Jésus regarde avec amour.Et il lui donne le chemin à suivre : « va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres ». « Puis, viens et suis-moi. » Se défaire de tout est surtout à prendre dans le sens de changer radicalement son point de départ. Il ne s’agit plus de ramasser, que ce soit de l’argent ou des bonnes œuvres, mais bien de recevoir, car dépouillé de tout on ne peut plus que recevoir. Il ne s’agit plus d’être raisonnable et prévoyant, mais de donner sans retenue. C’est suivre le Christ au lieu de fonder sa vie sur une identité religieuse ou matérielle. Cela implique, qu’on ose changer tout l’équilibre de sa vie. Et cela est impossible à l’homme qui « s’en va, tout triste ». A remarquer ce même mot triste utilisé pour décrire Jésus à Gethsémani.[3]Vs 23-27 : le dialogue avec les disciples continue la réflexion sur les conditions pour entrer dans le Royaume : il s’agit de ressentir le manque, le désir de Dieu et non d’avoir ou de faire : mérites, richesses diverses….l’image du chameau et du trou d’aiguille (qui est bien une image, et non comme on l’a parfois cru, le nom d’une petite porte d’entrée dans Jérusalem) montre notre radicale impossibilité anthropologique d’un dépouillement total. Jusqu’à cette phrase : ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu.Vs 28-31 : enfin, la remarque de Pierre qu’eux, les disciples, ont tout donné pour suivre le Maître montre la préoccupation de la communauté marcienne devant les choix à faire. Ces gens-là ont quitté leur vie antérieure pour devenir chrétien, n’est-il pas logique que quelque part ils aimeraient bien être rétribués pour leur peine ? Notons qu’en quittant père, mère etc., ils reçoivent au centuple tout, à part un père, puisque désormais le seul Père est le Père céleste.Et, nous revoici devant le don libre de Dieu, la phrase finale qui remet en cause la logique de la rétribution : Dieu seul décide, il ne nous appartient ni de croire y arriver par notre mérite, ni de juger les autres ! [1] Jean Valette, l’Évangile de Marc, commentaire, tome II, p. 21[2] Elian Cuvillier, L’Évangile de Marc, p. 209[3] idem***PrédicationQu’on le veuille ou non, nous sommes tous sur un chemin, et tous, nous cherchons à donner un sens à ce cheminement. Croyants ou non croyants, à un moment ou un autre se pose à nous la question du sens : comment orienter ma vie, comment lui donner sens, dans quelle direction avancer ?Et sur ce chemin, se tient Jésus, lui aussi en route. Lui, il sait déjà où il va : vers Jérusalem, et vers la mort : il l’a déjà annoncé 2 fois. Mais les disciples ne veulent pas le croire. Pour eux, le chemin qu’ils ont pris doit être un chemin de réussite, de gloire, pour certains même de pouvoir : Pierre l’a vertement réprimandé lorsque Jésus annonçait sa passion (8,32) et Jacques et Jean aimeraient bien avoir les premières places (9,34 et 10, 37). Aucun d’entre eux ne comprend ou ne veut comprendre, que le chemin que Jésus propose est un chemin de renoncement.Et voici, sur le chemin vers Jérusalem, cette rencontre avec celui qu’on appelle communément « le jeune homme riche » même si on ne sait pas s’il est jeune ; notre texte l’appelle juste « quelqu’un ». Il est peut-être vous, il est sans doute moi… Celui-là est aussi sur le chemin, il y court même : il a hâte de trouver le sens profond de sa vie, et pour cela il s’approche de Jésus avec sa question pressante sur les lèvres: « que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? »N’est-ce pas là le bât qui blesse ? Dans ce « Que faut-il faire » ? Car il en fait, des choses : il respecte la loi de Moïse, depuis son enfance. C’est un croyant sincère et pratiquant, qui applique scrupuleusement les commandements. Et pourtant, Jésus le réprimande : ne m’appelle pas « bon », il n’y a que Dieu qui est bon. Qu’est-ce que cela veut dire ? Jésus pourtant est si proche de Dieu ! Il me semble que nous avons ici un premier point à retenir : l’homme voudrait être bon lui aussi, il prend sa foi au sérieux, il cherche comment faire pour être encore meilleur, encore plus religieux. Il ne veut pas mener une vie superficielle et matérielle, non, il cherche comment hériter la vie éternelle. Et il pense qu’il doit se hisser toujours plus vers Dieu….Et voilà Jésus qui lui rappelle le B-A-BA de la religion juive : les 10 Paroles de la Thora ! Et encore : il récapitule la 2e table de la loi, celle qui parle des liens interpersonnels : tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu honoreras ton père et ta mère. Enfantin ! D’ailleurs, l’homme répond bien vite que oui, ça, il le connaît, depuis son enfance. Rappelons-nous que juste av