Textes : Ps 90 Proverbes 3, v. 13 à 20Hébreux 4, v. 12 & 13 Marc 10, v. 17 à 30Pasteur Marc CoumontTélécharger le document au complet

Notes bibliques

Note sur l’ensemble des textes

Psaume 90 : Le psaume s’ouvre par une double confession de foi : Dieu protecteur et Dieu créateur. Il se poursuit par une confession (collective) des péchés qui souligne la fragilité, la vulnérabilité de l’humain (l’image de la fleur qui sèche et se fane), et le peu de durée de son existence. Devant ce qui est vécu comme colère divine, un appel à la pitié divine retentit dans la confiance et l’espérance : « Affermis l’œuvre de nos mains ». C’est-à-dire : Fais en sorte que notre travail ne soit pas vain ! Proverbes 3, 13-20 : Ouvrant par une béatitude concernant l’homme, ce passage développe l’éloge de la sagesse. D’une valeur incomparable, la sagesse est plus précieuse que tous les trésors et ses fruits font le bonheur de l’homme. Sa transcendance est telle qu’elle œuvrait déjà avec le Dieu créateur et organisateur du monde. Si la sagesse est le dénominateur commun de tous les peuples, elle est, pour les chrétiens, révélée et donnée en Jésus-Christ, et, sur la croix, la sagesse des sages vacille (1 Cor. 1, 18-25). Hébreux 4,12-13, Ce court texte est un éloge, cette fois, de la Parole de Dieu ! Accumulation d’épithètes qui identifient la Parole de Dieu avec Dieu lui-même. Le lecteur comprend alors que c’est devant Dieu que nous sommes responsables : la Parole de Dieu une fois reçue, il faut non seulement y répondre, mais en répondre. Marc 10, v. 17 à 30 : Passage intitulé, selon les Bibles, l’homme riche, l’homme riche et Jésus, Jésus et l’homme riche, l’appel du riche, le jeune homme riche ….. C’est avant tout l’histoire d’une rencontre, ne constituant en rien une théorie ou doctrine sociale. Cependant, le récit peut être bouleversant, stupéfiant : un homme que Jésus « aime » (v.21), des disciples effrayés (v. 24), une image restée dans toute les mémoires (le chameau et l’aiguille du v. 25), l’angoisse des disciples : »Qui peut être sauvé ? (v. 26) et l’encadrement du passage par le rappel que Dieu seul est bon et qu’à Lui, rien n’est impossible (v. 18 et 27). Ces textes sont choisis comme chaque dimanche, par souci œcuménique, selon les critères de nos frères catholiques (28ème dimanche ordinaire, Année B), C’est au mois d’octobre que le lectionnaire nous propose cette lecture de l’homme riche et de sa rencontre avec Jésus. Nous sommes une semaine après la fête de François d’Assise, qui illustra, sans être le seul, la lignée des hommes riches qui abandonnent leurs richesses aux pauvres …. Le pasteur Alphonse Maillot, dans ses notes homilétiques sur ce passage notait :…Il ne faut pas tricher avec ce texte,… il faut accepter de le prendre en pleine figure, et en pleine poitrine, (là où loge le portefeuille) ! Notes bibliques Marc 10, v. 17 à 27 Choix du texte : Le passage précisé dans le lectionnaire comprend en plus les versets 28 à 31 de Marc 10. Cependant, ces derniers versets traitent moins de la richesse que des sacrifices et renonciations annoncés aux disciples sur le plan relationnel, familial, social, pour de nouveaux frères et sœurs en Christ (figure de la communauté ecclésiale). C’est donc le texte qui va de Marc 10, v.17 à Marc 10, v.27 qui sera choisi pour la prédication de ce jour. Contexte proche dans l’Évangile de Marc : Le chapitre 10 de l’Évangile de Marc regroupe 3 enseignements : sur le mariage, sur les enfants, sur les richesses, suivis de la 3ème annonce de la Passion de Jésus. Viennent alors, le récit du pouvoir entre les disciples et la guérison de l’aveugle Bartimée. Le chapitre 11 débute l’entrée à Jérusalem. Le thème de la dépossession de soi et de ses prérogatives, au profit d’une grâce que seul Dieu accorde, en conflit avec la Loi, invite les disciples à une suivance coûteuse où la croix se profile à l’horizon. Épisode présent dans les trois évangiles synoptiques : Matthieu 19, v.16 à 26, Luc 18, v.18 à 27 avec Marc déclinent, dans le même contexte, l’entretien de Jésus au sujet de la vie éternelle, le thème de la bonté de Dieu (accord de Mc et Lc, contre Mt), la citation des commandements où seul Mt ajoute l’amour explicite du prochain (Lév. 19,18), l’invitation à vendre et donner aux pauvres, et l’image du chameau pour dire la quasi impossibilité , pour un riche, d’entrer dans le Royaume Nouveau. En suivant le récit …. v.17 Comme il se mettait en chemin, souligne l’aspect « rencontre » de ce dialogue sur la route quelqu’un sans précision ! On ne saura que plus tard (v.22) qu’il avait de grands biens. C’est l’Évangile de Matthieu, dans le texte parallèle, qui le qualifie de « jeune homme» et Luc, un « notable »! accourut et se mit à genoux devant lui attitude pour le moins extraordinaire pour lui demander : Bon maître, expression unique dans le Nouveau testament, Il est important de noter que le « bon » relève du bien, de la sainteté, de la perfection., que dois-je faire pour hériter? quelle(s) condition(s) remplir pour « hériter » de la vie éternelle ? Celle-ci, ou encore le Royaume, serait donc de l’ordre du « faire », au bout de quelques bonnes œuvres ! Mais la notion d’héritage est là paradoxale, car hériter consiste à partager un lot, reçu sur l’initiative d’un autre, même si l’enjeu signifie obtenir en propriété définitive et inaliénable la vie éternelle Elle n’est pas une vie après la mort ni une réalité de l’au-delà, mais une réalité du siècle à venir, du siècle qui vient, différente de la vie éternelle dans l’Évangile de Jean, qui est à saisir ici et maintenant v.18 Jésus lui dit : Pourquoi me dis-tu bon ? Nul n’est bon, que Dieu seul. L’évocation de la bonté de Dieu constitue une énigme dans ce dialogue et l’on peut se demander pourquoi, Jésus commence ses déclarations sur le fait que « Dieu seul est bon » ! C’est peut-être le moment où l’entretien va échouer. En effet, on peut parler d’échec de la rencontre au sens où l’homme s’en ira tout triste (il disparaît ainsi au verset 22). En disant Dieu seul est bon, Jésus signifie que personne d’autre, et pas même son interlocuteur (ni même les disciples ?), ne peut se prévaloir d’une bonté ! En quoi Dieu est-il bon ? L’évangile ferait découvrir que Dieu est bon car il donne tout ce qu’il a (même son Fils unique !!). Comment faire comme Dieu et donner tout ce qu’on a ?? On ne peut que réaliser son inaptitude à un tel don. v.19 Tu connais les commandements : Jésus sait sans doute ce qui va se passer, mais il reste pédagogue et développe le décalogue : Ne commets pas de meurtre; ne commets pas d’adultère; ne commets pas de vol; ne fais pas de faux témoignage; ne fais de tort à personne; honore ton père et ta mère. L’ordre des commandements ne respecte pas tout à fait celui d’Exode 20, et fait apparaître deux particularités. D’une part l’absence de la « première table », c’est à dire les commandements concernant Dieu, son nom, son image, le commandement de Sabbat,… et d’autre part, l’introduction d’un commandement de nature « économique : « Tu ne frauderas pas, traduit aussi par « Tu n’extorqueras pas » ! Plus imagé que « ne fais de tort à personne » v.20 Il lui répondit : Maître, j’ai observé tout cela depuis ma jeunesse. Décèle-t-on dans cette phrase une déception ? Cela suffirait-il pour hériter la vie éternelle ? v.21 Jésus le regarda premier des trois « regards » de Jésus, voir ci-après, v. 23 et 27 et l’aima; L’évangéliste Marc est le seul à utiliser ce verbe pour parler de l’amour de Jésus pour quelqu’un et il est le seul des trois à utiliser ici ce verbe. Cette phrase est bouleversante. En lien avec le regard, Jésus découvre dans cette rencontre, le mystère d’une vie, une sincérité, un drame, qui font de cet homme l’objet spécifique de l’amour personnel du Christ. Jésus aime sans doute, à travers lui, ce qu’il y a de plus dramatique dans l’espérance et l’attente religieuse de son peuple. Et justement parce que Jésus aime cet homme, il va encore essayer de lever la barrière qui empêche l’entrée dans le Royaume. L’amour de Jésus pour cet homme ne se traduit pas par « va en paix ! » mais, paradoxalement, par une exigence : il lui dit : Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. L’opposition des termes peut être soulignée. « Tout » s’oppose à « Un » trésor. Ce que « tu as » (présent) s’oppose à « tu auras » (futur du verbe avoir, posséder) Les pauvres : on pense aux béatitudes, c’est à eux, dans l’Évangile que le Royaume est annoncé. Dieu et son règne sont leur seule sécurité, leur seule espérance. Ne pas rester à l’aspect économique de la pauvreté. Puis viens et suis-moi. Comme pour Simon, Jean, Jacques, Lévi,…. L’appel à suivre, à devenir « disciple » Quelques manuscrits ont ajouté « ayant pris ta croix » v.22 Mais lui s’assombrit à cette parole et s’en alla tout triste, Au lieu d’obéir à l’appel du maître, doublement triste (deux termes expriment ici la tristesse), cet homme repart. car il avait beaucoup de biens. L’expression souligne le grand nombre de « possessions » d’où l’appellation d’homme « riche ». Un récit de l’évangéliste particulièrement habile, on apprend à la fin : il était riche ! L’homme disparaît, et son exemple particulier est repris par Jésus qui va généraliser à partir de cet exemple. v.23 Jésus, regardant autour de lui, dit à ses disciples : Qu’il est difficile à ceux qui ont des biens d’entrer dans le royaume de Dieu ! Jésus dépasse le cas particulier, s’adresse à ses disciples : les riches ne sont pas exclus du salut, mais n’arrivent pas à entrer dans le Royaume de Dieu. Ce n’est pas Dieu qui leur barre le chemin, mais leurs « biens », jeu de mots !! v.24 Les disciples étaient effrayés par ses paroles. Le mot est fort, il signifie sidérés, stupéfaits, déconcertés,…. Mais Jésus reprit : Mes enfants, c’est donc bien aux disciples que Jésus s’adresse Mesurant leur perplexité, Jésus réitère son jugement à leur intention, Les disciples, comprenant qu’ils sont visés dans cette généralisation, seront littéralement interloqués (cf. v.26) qu’il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Conclusion provisoire ! v.25 Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. Célèbre image du chameau et du chas de l’aiguille. On a essayé d’adoucir cette image en remplaçant une lettre par une autre dans le mot grec (il s’agirait d’un câble et non d’un chameau), on a évoqué une des portes de Jérusalem, … Un récit rabbinique se sert, dans un propos semblable, de l’éléphant ! Alors, gardons l’image et retenons cette image de la quasi-impossibilité, pour les riches, d’entrer dans le Royaume. v.26 Les disciples, plus ébahis encore, se disaient les uns aux autres : Alors, qui peut être sauvé ? A la seconde injonction de Jésus, « Suis-moi », les disciples avaient déjà répondu. Sans doute n’avaient-ils pas de richesses et nul besoin de les vendre. Mais devant le radicalisme des propos de Jésus, ils peuvent penser que la richesse n’est qu’un cas particulier d’une difficulté générale et ils posent alors la question du salut : être sauvé ! Ici, le salut, est synonyme de l’entrée dans le Royaume ou encore de la vie éternelle du v. 17. v.27 Jésus les regarda et dit : C’est impossible pour les humains, mais non pas pour Dieu, car tout est possible pour Dieu Jésus « regarde », pour la 3ème fois. Il est sensible au désespoir de ses compagnons et pour accroître la solennité de sa réponse, il énonce ce principe libérateur : le salut est hors d’atteinte des hommes, quels qu’ils soient, mais le don du salut est entre les mains de Dieu pour qui tout est possible. Pistes pour une prédication (suggestions de Daniel Alibert) 1/ Qu’est-ce que la vie éternelle ? « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17/3). Il s’agit donc de ne pas se tromper de sens : plutôt que de spéculer sur l’au-delà (la vie après la mort), interrogeons-nous sur l’en deçà (la vie avant la mort). Dans la foi en Jésus Christ, notre vie devant Dieu est porteuse d’un germe d’éternité qui dépasse l’ici et maintenant de notre humanité. Mais c’est dans cet ici et maintenant que commence la vie éternelle. Avec ses conséquences économiques ….. 2/ Tout abandonner pour suivre Jésus ? Il s’agit simplement (?) d’abandonner toute prétention à fonder notre existence sur le triptyque être-avoir-faire, pour nous en remettre à la seule grâce de Dieu dans la foi en Jésus Christ. Car tout est possible à Dieu. 3/ Être un bon chrétien ? Être « un bon chrétien », au sens où le jeune homme riche était « un bon juif », c’est toujours possible, à la portée de nos moyens. Cela relève seulement de règles de conduite, de pratiques religieuses, d’une bonne théologie… D’un système, en somme. Le jeune homme riche ressent confusément que ce n’est pas suffisant. Et c’est pourquoi il vient au Christ qui lui propose la radicalité d’une libération de ce système, de tous les systèmes : un amour libérateur qui est à recevoir par la seule grâce de Dieu. A recevoir et à offrir autour de nous. 4/ Le(s) regard(s) de JésusJésus regarde le « jeune homme riche », fixe son regard, à deux reprises, sur les disciples. A travers lui, à travers eux, c’est nous qu’il regarde, chacun d’entre nous personnellement. Un regard qui est à la fois interpellation et message d’amour. Un regard en qui toutes nos questions, toutes nos angoisses peuvent trouver leur apaisement, pour peu qu’on accepte de s’y abandonner en toute confiance.

Prédication

Un titre peut en cacher un autre … Il est des titres qui ont la vie dure : « le jeune homme riche » est de ceux-là. Je propose de suivre ce personnage tel qu’il entre en scène ; Puis de méditer sur « richesse et pauvreté » et dans une 3ème partie, revisiter le texte du jour avec une autre clef. Dans l’évangile de Marc, un homme accourt, il n’a pas de nom, un anonyme qui peut être …nous ! Découvrons-le à travers sa question religieuse : Que puis-je faire pour hériter la vie éternelle ? Il est classique de le peindre ainsi : juif fidèle, soucieux de respecter la Loi. Sans doute accourt-il aux pieds de Jésus car il cherche à s’appuyer sur une autorité reconnue et voit, dans le Rabbi Jésus un maître qui peut l’aider à mieux interpréter la Loi, dans laquelle il désire trouver, une source renouvelée de vie dans le monde à venir, un chemin de vie éternelle … future … Chacun a remarqué que dans sa question, il envisage le cheminement comme un « faire » et non un « croire », comme des actes à accomplir plus qu’une confiance à éprouver. Qu’il questionne en terme d’héritage à recevoir le rend sympathique car se glisse dans l’héritage, une grâce reçue qui vient … d’un autre, d’un « tout autre « ? La réponse de Jésus évoque une sélection de commandements placés dans la deuxième table, celle des rapports, non pas avec Dieu, mais avec les autres. Une petite variante, dans la bouche de Jésus, omet la « Convoitise » (10ème commandement) pour introduire l’interdiction de la fraude, petite notation plus « économique ». … pour la suite ! La deuxième table de la Loi constitue un résumé certes réducteur de celle-ci, mais qui n’est pas sans valeur aux yeux de Jésus puisque son accomplissement, quotidien, amènera Jésus à aimer cet homme, ce verbe aimer que seul l’évangéliste Marc utilise pour parler de l’amour de Jésus pour quelqu’un ! Jésus aime cet homme qui dit avoir fait le bien pour autrui, tout au long de sa vie. Combien de gens rencontrés aujourd’hui placent ainsi leur confiance dans l’homme et dans l’accomplissement de bonnes actions, en dehors de toute conviction religieuse. Jésus prend cet homme là où il en est, pas de reproches, pas d’enseignement, pas de théorie … Nous aussi, la Parole de Dieu vient à nous là où nous sommes, là où nous en sommes … Mais une chose manque ! et vient alors la radicalité d’un acte, se défaire de tout ce que l’on possède, le vendre et le donner aux pauvres … Se défaire de son avoir, phrase problématique qui va nous révéler la richesse de l’homme, l’importance de ses « acquis ».L’homme riche ! Le pouvoir de l’argent, dans ses multiples effets mériterait évidemment de longs développements. Avoir ou ne pas avoir reste une des grandes déterminations de l’être humain. Posséder de l’argent est pour certains un mode d’asservissement : on est possédé à son tour par ce que l’on possède … Ne rien posséder ne protège pas plus car s’insinue le désir de posséder plus, de gagner plus … Être pauvre, dans nos sociétés bien dotées, expose parfois à la convoitise, à la corruption, L’évangile, en termes d’économie, de richesse et de pauvreté, conjugue le radicalisme et le réalisme. Et dans la réalité, la pauvreté n’est jamais une vertu. La pauvreté est oppressive, étouffante, elle asservit celui qu’elle tient dans ses griffes, elle dégrade et exclut. Elle n’est jamais choisie, mais subie. Les personnes parfois remarquables, que nous honorons à cause de leur pauvreté évangélique, (et c’est aussi une réalité), n’ont pas toujours été pauvres. D’abord, elles ont souvent choisi cette situation, elles ont maîtrisé leur choix de vie, elles sont d’une grande rigueur morale et spirituelle, sans parler de l’éducation reçue et conservée. Mais quel message face à la richesse et à l’abondance ? Celui des béatitudes, Bienheureux les pauvres…… Celui que Jésus lui-même met en valeur : la productivité, la fécondité, l’aisance des enfants de ce siècle devant l’inertie, la stérilité, la maladresse des enfants de lumières (l’intendant infidèle ou les Talents…) Et par ailleurs, nous le savons bien, Jésus personnifie l’adversaire de Dieu en le désignant par le mot araméen de « Mammon » Nul ne peut adorer l’un et l’autre ….. Évoquons aussi le Magnificat, où, dans la bouche de Marie, se trouve la louange : « Il a rassasié de bien les affamés, et il a renvoyé les riches les mains vides …. » Dans la Bible, les propos économiques, sont plus de l’ordre de la prédication que de la jurisprudence, plus du rappel prophétique que des règlements coutumiers. Prophétiquement, Jésus engage une lutte sans merci en faveur des exclus, des pauvres, des gens que frappe le malheur. Pas un modèle mais un engagement prophétique qui le conduira, avec d’autres motifs, ….jusqu’à la croix. La radicalité des propos de Jésus dénonce la richesse comme écran, la richesse comme obstacle, qui fait que le riche ne peut pas vivre en dépendant intimement et concrètement de ce que Dieu accorde. Le riche ne peut comprendre non plus la manière que Jésus a de prendre du temps, de perdre du temps, pour me regarder, m’aimer, sans me juger …. L’image invraisemblable du chameau terrorise littéralement les disciples de Jésus et les amène à greffer, sur la question de la richesse, la question du salut. Le dépouillement, le dessaisissement que les disciples ont sans doute expérimenté n’est pas une fin en soi. Être pauvre n’est pas une vertu salutaire et il est des manières de s’appauvrir qui reviennent à un salut par les œuvres. Tout dépend de la voix entendue au secret de notre cœur. S’appauvrir comme une œuvre, où s’appauvrir pour donner …. Pour le riche, sa libération ne sera pas de se libérer de quelque chose, mais de se libérer vers quelqu’un Jésus bien sûr, mais aussi vers le pauvre d’abord, sinon, ce ne serait pas vers Jésus et le Royaume qu’il se dirigerait, mais encore vers lui-même. La libération, il la trouvera dans le don, ici, de sa fortune aux pauvres. Comme 3ème partie, retrouvons alors le don ! Le début du récit comporte une énigme : Un homme vient à Jésus, pose une question d’ordre spirituelle légitime comme nous l’avons vu, mais Jésus relève immédiatement l’adjectif utilisé : « Bon Maître » avec cette affirmation : « Nul n’est bon que Dieu seul » ou plus simplement « Dieu seul est bon « Trouverons-nous dans ce récit la bonté de Dieu comme une clef ? Si Dieu seul est bon, personne alors ne saurait l’être !! Et surtout pas notre homme découvert riche et possesseur de grands biens. Alors Jésus, qui lui propose de vendre et de donner, lui propose un don qui ne peut aboutir. Pourquoi Dieu seul est-il bon ? Tout l’évangile répond : parce qu’il donne tout ce qu’il a. Dieu donne son fils unique, lui seul peut réaliser ce don qui conduit les humains à la vie éternelle (L’évangile de Jean le proclame : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils, son unique …….) Dieu donne tout ce qu’il a : en proposant à l’homme de tout donner, Jésus lui propose de faire comme Dieu ! De jouer à Dieu ! Jésus sait ce qui va se passer mais il espère qu’en partant à la recherche de sa propre bonté, vite limitée, il pourra mesurer quelle est la bonté infinie, de Dieu à son égard. Oui, Dieu seul peut faire ce sacrifice de tout donné. C’est ce que Jésus voulait expliquer et l’on comprend la tristesse de l’homme riche. Et Jésus peut souligner combien il est difficile, en particulier aux riches, d’entrer dans la perspective du Royaume. Cela est même impossible, même s’ils donnent tout. Le riche peut être héroïque, mais il ne saurait être divin et bon. Dieu seul est bon… Parce que Dieu seul est Dieu ! L’homme riche, qui n’avait pas de nom a disparu du récit, mais sa question a été le détonateur : impossible à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu mais il est tout aussi impossible de faire son salut tout seul. Dieu seul est bon, Dieu seul est Dieu, et rien ne lui est impossible. Jésus propose, aujourd’hui comme hier, une aventure de liberté, le suivre et le servir. Agir et rendre manifeste le projet de justice et de réconciliation pour tous. Pour faire l’expérience du don, il nous faut nous placer en face du don que Dieu fait, en face de l’évangile qui se résume en ces mots : Dieu seul est bon. Être témoin de l’Évangile implique certes des fidélités qui coûtent et parfois même déchirent. C’est à ce prix que se découvrent dans la vie concrète, un bonheur qui est avant-goût du Royaume de Dieu. Amis que Jésus regarde et aime, saisissez la chance de vous alléger ! Afin d’entrer, joyeux et lestes, dans le Royaume de Dieu. Et « Louez Dieu car il est bon… ». Comme le chante le psaume 136 …. Amen