Nouvelle note pour la semaine à venir
Juste quelques lignes…
Textes : 2 Timothée 1, v. 1 à 18 Ps 128 Genèse 2, v. 18 à 24 Hébreux 2, v. 9 à 11 Marc 10, v. 2 à 16 Pasteur Éric GEORGE
Notes sur le texte Les épîtres à Timothée On appelle traditionnellement épitres pastorales les lettres à Tite et Timothée car elles contiennent des conseils et directives adressés aux « pasteurs » des Églises. La date de leur rédaction reste un grand sujet de discussion entre spécialiste, il suffit probablement d’être conscient qu’elles furent rédigées à un moment où le christianisme commence à s’organiser, à poser les jalons de l’organisation des Églises locales et la relation entre elles ainsi qu’à chercher une certaine unité de doctrine. Timothée Il est souvent dangereux de trop vouloir spéculer sur la psychologie des personnages apparaissant dans la Bible mais puisque la lettre est adressée à Timothée et que celui-ci n’est pas un inconnu dans le texte biblique, pour bien comprendre l’épître, il est intéressant de relever les informations qu’une autre source (le livre des actes et d’autres lettres de Paul) nous donnent sur cet auxiliaire (Ac. XIX, 22) de Paul. Né de mère juive et de père grec (et sans doute païen puisque Timothée ne fut pas circoncis enfant), Timothée apparaît souvent sous la plume de Paul comme une personnalité timide, (I Co XVI, 10). Rien d’étonnant à ce que l’impétueux « apôtre des gentils » l’exhorte à plus d’audace. Mais cette timidité, que l’origine de Timothée explique sans doute en partie, n’a pas empêché Timothée d’occuper une place importante dans l’Église naissante. Quelques remarques sur le texte Une description de la foi Le ton de l’épître est ici donné, il s’agit clairement d’exhorter Timothée à plus d’assurance. Toutefois, il est important de souligner à quel point les dangers et difficultés de la foi sont affirmés et passés sous silence. L’argument de Paul n’est pas de dire que la foi devrait se vivre sans encombre, sans doute et sans questions, l’argument consiste à souligner que l’objet de la foi est attesté par un long héritage et surtout par la solidité de la Parole de Dieu. Une filiation reconnue A l’époque de la rédaction de la deuxième lettre à Timothée, la rupture avec le judaïsme est consommée. Dès lors, il est remarquable qu’en évoquant ses propres ancêtres ainsi que l’aïeule de Timothée, Paul inscrive à ce point la foi chrétienne dans la filiation de la foi juive. Malgré la rupture, on peut lire dans cette reconnaissance les germes de la réconciliation.***Prédication La foi… Qu’y a-t-il de plus personnel ? Que ce soit la foi au Dieu de Jésus Christ, en Allah ou en Adonaï, que ce soit la foi en un idéal, qu’y a-t-il de plus intime que cette conviction qui nous pousse et nous conduit et que nous avons tant de mal à expliquer ou même à décrire. La foi est tellement personnelle que certains aimeraient bien en proscrire l’expression dans l’espace public, tellement personnelle que nous même avons bien du mal à l’exposer, à la dévoiler. Notre foi ne regarde que nous, elle n’appartient qu’à nous. Mais d’où nous vient cette foi, si intime, si personnelle ? Dans notre assemblée, ce matin, certains sont chrétiens parce que leurs parents l’étaient. Bien sûr, ils ont, un jour pris position, se sont engagés eux-mêmes quand d’autres, élèvés de la même manière, dans la même foi ont pris une autre position. Pourtant, leur foi est un héritage (et l’on sait qu’il y a bien des manières de recevoir et vivre un héritage) D’autres peut-être, ont rencontré Jésus-Christ, ont entendu sa Bonne Nouvelle par d’autres biais. Peut-être que tous nous pourrions nous reconnaître dans ce Timothée que Paul nous présente ce matin. Ceux dont le protestantisme est inscrit dans le patrimoine génétique, qui sont porteurs d’un sang de galériens se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive fidèle à qui son mentor dit « j’ai bien connu ta mère ». Ceux dont le christianisme a traversé différentes Églises, peut-être des passages à vide, se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive et d’un grec (païen ou vraisemblablement Craignant-Dieu), cet homme au carrefour de deux cultures dont les exhortations de Paul nous font sentir les questions et peut être les hésitations (« ranime la flamme », « ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné » sont bien des exhortations que l’on adresse à quelqu’un qui hésite). Enfin, ceux qui vivent leur foi comme une rupture, ou tout au moins une bifurcation par rapport à leur passé devraient se reconnaître dans ce jeune homme qui a eu l’audace de prendre ce chemin nouveau, de suivre cette foi naissante qu’était alors le christianisme. Oui, nous pouvons tous aisément nous reconnaître en Timothée et entendre la manière dont Paul lui parle de la foi. Cette foi souligne-t-il est un héritage : cette foi qui est présente en toi, était présente en ta grand-mère et en ta mère. (A noter qu’ici, Paul dont on conspue souvent la misogynie célèbre bien la foi des femmes et ne la distingue pas de la foi des hommes). Et je crois qu’il est important qu’à l’heure où l’individualisme est la règle, nous puissions affirmer, proclamer même que notre foi est un héritage. Un héritage familial, souvent, mais en quoi cela serait-il dévalorisant d’avoir entendu la Bonne Nouvelle de Jésus Christ d’abord dans sa famille ? En quoi, cela réduirait-il la liberté de notre adhésion ? Mais ce n’est pas seulement un héritage familial, même si notre famille n’était pas chrétienne, en recevant la Bonne Nouvelle, nous avons reçu un message vieux de 2000 ans, un message qui ne nous tombe pas du ciel mais dont des hommes et des femmes se sont fait les porteurs et les relais. Oui, être chrétien c’est toujours être au bénéfice d’un héritage, d’une transmission. Mais ce n’est pas un héritage qui enferme, ce n’est pas un héritage qui nous impose un cadre dont nous ne pourrions pas nous libérer. Peut-être Eunice et Loïs, juives pieuses, ont-elle été très surprises de voir leur fils et petit-fils marcher avec les disciples du crucifié, peut-être ce chemin a-t-il été un vécu comme un drame familial. Nous n’en savons rien. Mais ce que nous savons c’est que Paul l’affirme à Timothée, « ton christianisme n’est pas une trahison du judaïsme de ta famille » et il va même plus loin : « tu peux rendre grâce pour la foi de tes ancêtre, même si la tienne ne s’exprime plus de la même manière ». Être au bénéfice d’un héritage ne signifie pas que nous devions nous enfermer dans un moule familial ou que nous soyons appelés à répéter sans cesse les mêmes mots ou les mêmes rites. Cette grâce qui nous est accordée depuis avant les temps, cette grâce dont nous vivons aujourd’hui, cet amour de Dieu, nous sommes appelés à le vivre et à le dire dans nos mots à nous et dans la reconnaissance pour ceux qui nous l’ont transmis. Mais la foi n’est pas qu’un héritage, elle est aussi un don de Dieu. La question ici, n’est pas de se demander pourquoi certains ont reçu ce don et d’autres pas, il s’agit juste, pour nous qui croyons, d’être reconnaissants de ce cadeau qui nous a été fait. Pourquoi Paul insiste-t-il tant sur le fait que notre foi est une foi reçue ? Parce que Paul sait bien que cette foi n’est pas toujours facile à vivre, qu’elle passe par des moments où elle nous semble s’éteindre « Ranime la flamme », par des moments où nous avons peur de la dire et de la vivre. En France nous sommes épargnés par les persécutions que pouvait craindre Timothée et que peuvent encore redouter aujourd’hui un trop grand nombre de nos frères et sœurs en Christ, mais nous connaissons pourtant bien la peur de la moquerie, la gêne. « N’aie pas honte » nous dit Paul. Paul sait bien que l’Église même n’est pas toujours un bel exemple de la foi, qu’elle est même parfois un contre témoignage « tous ceux d’Asie m’ont abandonné ». Vraiment, Paul ne dresse pas de la vie croyante un tableau idéalisé et c’est bien Nous rappeler que notre foi est un héritage, c’est nous sortir de l’isolement dans lequel nous nous sentons parfois. Nous rappeler que notre foi est un don de Dieu, c’est nous appeler à une audace que ne peuvent pas (ou en tout cas que ne devraient pas) nous donner nos convictions personnelles. Ma foi m’a été donnée et c’est un encouragement à vivre la responsabilité qui vient avec cette foi. N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur. Oui, frères et sœurs, cette foi que nous avons reçues, nous sommes appelés à la vivre et ainsi à en témoigner, à prendre à notre tour notre place dans cette grande chaîne de témoins. Et quand ce cadeau nous semblera difficile à porter et à vivre, regardons à ce grand cortège qui nous l’a apporté et laissons-nous porter par lui. Ainsi, nous trouverons la force, d’être à notre tour témoins de la Bonne Nouvelle pour ceux qui viennent après nous. Amen
Textes : 2 Timothée 1, v. 1 à 18 Ps 128 Genèse 2, v. 18 à 24 Hébreux 2, v. 9 à 11 Marc 10, v. 2 à 16 Pasteur Éric GEORGES
Notes sur le texteLes épîtres à TimothéeOn appelle traditionnellement épitres pastorales les lettres à Tite et Timothée car elles contiennent des conseils et directives adressés aux « pasteurs » des Églises. La date de leur rédaction reste un grand sujet de discussion entre spécialiste, il suffit probablement d’être conscient qu’elles furent rédigées à un moment où le christianisme commence à s’organiser, à poser les jalons de l’organisation des Églises locales et la relation entre elles ainsi qu’à chercher une certaine unité de doctrine. Timothée Il est souvent dangereux de trop vouloir spéculer sur la psychologie des personnages apparaissant dans la Bible mais puisque la lettre est adressée à Timothée et que celui-ci n’est pas un inconnu dans le texte biblique, pour bien comprendre l’épître, il est intéressant de relever les informations qu’une autre source (le livre des actes et d’autres lettres de Paul) nous donnent sur cet auxiliaire (Ac. XIX, 22) de Paul. Né de mère juive et de père grec (et sans doute païen puisque Timothée ne fut pas circoncis enfant), Timothée apparaît souvent sous la plume de Paul comme une personnalité timide, (I Co XVI, 10). Rien d’étonnant à ce que l’impétueux « apôtre des gentils » l’exhorte à plus d’audace. Mais cette timidité, que l’origine de Timothée explique sans doute en partie, n’a pas empêché Timothée d’occuper une place importante dans l’Église naissante.Quelques remarques sur le texteUne description de la foiLe ton de l’épître est ici donné, il s’agit clairement d’exhorter Timothée à plus d’assurance. Toutefois, il est important de souligner à quel point les dangers et difficultés de la foi sont affirmés et passés sous silence. L’argument de Paul n’est pas de dire que la foi devrait se vivre sans encombre, sans doute et sans questions, l’argument consiste à souligner que l’objet de la foi est attesté par un long héritage et surtout par la solidité de la Parole de Dieu. Une filiation reconnueA l’époque de la rédaction de la deuxième lettre à Timothée, la rupture avec le judaïsme est consommée. Dès lors, il est remarquable qu’en évoquant ses propres ancêtres ainsi que l’aïeule de Timothée, Paul inscrive à ce point la foi chrétienne dans la filiation de la foi juive. Malgré la rupture, on peut lire dans cette reconnaissance les germes de la réconciliation.***Prédication La foi… Qu’y a-t-il de plus personnel ? Que ce soit la foi au Dieu de Jésus Christ, en Allah ou en Adonaï, que ce soit la foi en un idéal, qu’y a-t-il de plus intime que cette conviction qui nous pousse et nous conduit et que nous avons tant de mal à expliquer ou même à décrire. La foi est tellement personnelle que certains aimeraient bien en proscrire l’expression dans l’espace public, tellement personnelle que nous même avons bien du mal à l’exposer, à la dévoiler. Notre foi ne regarde que nous, elle n’appartient qu’à nous.Mais d’où nous vient cette foi, si intime, si personnelle ?Dans notre assemblée, ce matin, certains sont chrétiens parce que leurs parents l’étaient. Bien sûr, ils ont, un jour pris position, se sont engagés eux-mêmes quand d’autres, élèvés de la même manière, dans la même foi ont pris une autre position. Pourtant, leur foi est un héritage (et l’on sait qu’il y a bien des manières de recevoir et vivre un héritage)D’autres peut-être, ont rencontré Jésus-Christ, ont entendu sa Bonne Nouvelle par d’autres biais.Peut-être que tous nous pourrions nous reconnaître dans ce Timothée que Paul nous présente ce matin.Ceux dont le protestantisme est inscrit dans le patrimoine génétique, qui sont porteurs d’un sang de galériens se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive fidèle à qui son mentor dit « j’ai bien connu ta mère ». Ceux dont le christianisme a traversé différentes Églises, peut-être des passages à vide, se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive et d’un grec (païen ou vraisemblablement Craignant-Dieu), cet homme au carrefour de deux cultures dont les exhortations de Paul nous font sentir les questions et peut être les hésitations (« ranime la flamme », « ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné » sont bien des exhortations que l’on adresse à quelqu’un qui hésite).Enfin, ceux qui vivent leur foi comme une rupture, ou tout au moins une bifurcation par rapport à leur passé devraient se reconnaître dans ce jeune homme qui a eu l’audace de prendre ce chemin nouveau, de suivre cette foi naissante qu’était alors le christianisme.Oui, nous pouvons tous aisément nous reconnaître en Timothée et entendre la manière dont Paul lui parle de la foi.Cette foi souligne-t-il est un héritage : cette foi qui est présente en toi, était présente en ta grand-mère et en ta mère. (A noter qu’ici, Paul dont on conspue souvent la misogynie célèbre bien la foi des femmes et ne la distingue pas de la foi des hommes). Et je crois qu’il est important qu’à l’heure où l’individualisme est la règle, nous puissions affirmer, proclamer même que notre foi est un héritage. Un héritage familial, souvent, mais en quoi cela serait-il dévalorisant d’avoir entendu la Bonne Nouvelle de Jésus Christ d’abord dans sa famille ? En quoi, cela réduirait-il la liberté de notre adhésion ? Mais ce n’est pas seulement un héritage familial, même si notre famille n’était pas chrétienne, en recevant la Bonne Nouvelle, nous avons reçu un message vieux de 2000 ans, un message qui ne nous tombe pas du ciel mais dont des hommes et des femmes se sont fait les porteurs et les relais. Oui, être chrétien c’est toujours être au bénéfice d’un héritage, d’une transmission.Mais ce n’est pas un héritage qui enferme, ce n’est pas un héritage qui nous impose un cadre dont nous ne pourrions pas nous libérer. Peut-être Eunice et Loïs, juives pieuses, ont-elle été très surprises de voir leur fils et petit-fils marcher avec les disciples du crucifié, peut-être ce chemin a-t-il été un vécu comme un drame familial. Nous n’en savons rien. Mais ce que nous savons c’est que Paul l’affirme à Timothée, « ton christianisme n’est pas une trahison du judaïsme de ta famille » et il va même plus loin : « tu peux rendre grâce pour la foi de tes ancêtre, même si la tienne ne s’exprime plus de la même manière ». Être au bénéfice d’un héritage ne signifie pas que nous devions nous enfermer dans un moule familial ou que nous soyons appelés à répéter sans cesse les mêmes mots ou les mêmes rites. Cette grâce qui nous est accordée depuis avant les temps, cette grâce dont nous vivons aujourd’hui, cet amour de Dieu, nous sommes appelés à le vivre et à le dire dans nos mots à nous et dans la reconnaissance pour ceux qui nous l’ont transmis.Mais la foi n’est pas qu’un héritage, elle est aussi un don de Dieu. La question ici, n’est pas de se demander pourquoi certains ont reçu ce don et d’autres pas, il s’agit juste, pour nous qui croyons, d’être reconnaissants de ce cadeau qui nous a été fait.Pourquoi Paul insiste-t-il tant sur le fait que notre foi est une foi reçue ?Parce que Paul sait bien que cette foi n’est pas toujours facile à vivre, qu’elle passe par des moments où elle nous semble s’éteindre « Ranime la flamme », par des moments où nous avons peur de la dire et de la vivre. En France nous sommes épargnés par les persécutions que pouvait craindre Timothée et que peuvent encore redouter aujourd’hui un trop grand nombre de nos frères et sœurs en Christ, mais nous connaissons pourtant bien la peur de la moquerie, la gêne. « N’aie pas honte » nous dit Paul. Paul sait bien que l’Église même n’est pas toujours un bel exemple de la foi, qu’elle est même parfois un contre témoignage « tous ceux d’Asie m’ont abandonné ». Vraiment, Paul ne dresse pas de la vie croyante un tableau idéalisé et c’est bien Nous rappeler que notre foi est un héritage, c’est nous sortir de l’isolement dans lequel nous nous sentons parfois. Nous rappeler que notre foi est un don de Dieu, c’est nous appeler à une audace que ne peuvent pas (ou en tout cas que ne devraient pas) nous donner nos convictions personnelles. Ma foi m’a été donnée et c’est un encouragement à vivre la responsabilité qui vient avec cette foi.N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur. Oui, frères et sœurs, cette foi que nous avons reçues, nous sommes appelés à la vivre et ainsi à en témoigner, à prendre à notre tour notre place dans cette grande chaîne de témoins. Et quand ce cadeau nous semblera difficile à porter et à vivre, regardons à ce grand cortège qui nous l’a apporté et laissons-nous porter par lui. Ainsi, nous trouverons la force, d’être à notre tour témoins de la Bonne Nouvelle pour ceux qui viennent après nous.Amen
Textes : 2 Timothée 1, v. 1 à 18 Ps 128 Genèse 2, v. 18 à 24 Hébreux 2, v. 9 à 11 Marc 10, v. 2 à 16Pasteur Éric GEORGES
Notes sur le texteLes épîtres à TimothéeOn appelle traditionnellement épitres pastorales les lettres à Tite et Timothée car elles contiennent des conseils et directives adressés aux « pasteurs » des Églises. La date de leur rédaction reste un grand sujet de discussion entre spécialiste, il suffit probablement d’être conscient qu’elles furent rédigées à un moment où le christianisme commence à s’organiser, à poser les jalons de l’organisation des Églises locales et la relation entre elles ainsi qu’à chercher une certaine unité de doctrine. Timothée Il est souvent dangereux de trop vouloir spéculer sur la psychologie des personnages apparaissant dans la Bible mais puisque la lettre est adressée à Timothée et que celui-ci n’est pas un inconnu dans le texte biblique, pour bien comprendre l’épître, il est intéressant de relever les informations qu’une autre source (le livre des actes et d’autres lettres de Paul) nous donnent sur cet auxiliaire (Ac. XIX, 22) de Paul. Né de mère juive et de père grec (et sans doute païen puisque Timothée ne fut pas circoncis enfant), Timothée apparaît souvent sous la plume de Paul comme une personnalité timide, (I Co XVI, 10). Rien d’étonnant à ce que l’impétueux « apôtre des gentils » l’exhorte à plus d’audace. Mais cette timidité, que l’origine de Timothée explique sans doute en partie, n’a pas empêché Timothée d’occuper une place importante dans l’Église naissante.Quelques remarques sur le texteUne description de la foiLe ton de l’épître est ici donné, il s’agit clairement d’exhorter Timothée à plus d’assurance. Toutefois, il est important de souligner à quel point les dangers et difficultés de la foi sont affirmés et passés sous silence. L’argument de Paul n’est pas de dire que la foi devrait se vivre sans encombre, sans doute et sans questions, l’argument consiste à souligner que l’objet de la foi est attesté par un long héritage et surtout par la solidité de la Parole de Dieu. Une filiation reconnueA l’époque de la rédaction de la deuxième lettre à Timothée, la rupture avec le judaïsme est consommée. Dès lors, il est remarquable qu’en évoquant ses propres ancêtres ainsi que l’aïeule de Timothée, Paul inscrive à ce point la foi chrétienne dans la filiation de la foi juive. Malgré la rupture, on peut lire dans cette reconnaissance les germes de la réconciliation.***Prédication La foi… Qu’y a-t-il de plus personnel ? Que ce soit la foi au Dieu de Jésus Christ, en Allah ou en Adonaï, que ce soit la foi en un idéal, qu’y a-t-il de plus intime que cette conviction qui nous pousse et nous conduit et que nous avons tant de mal à expliquer ou même à décrire. La foi est tellement personnelle que certains aimeraient bien en proscrire l’expression dans l’espace public, tellement personnelle que nous même avons bien du mal à l’exposer, à la dévoiler. Notre foi ne regarde que nous, elle n’appartient qu’à nous.Mais d’où nous vient cette foi, si intime, si personnelle ?Dans notre assemblée, ce matin, certains sont chrétiens parce que leurs parents l’étaient. Bien sûr, ils ont, un jour pris position, se sont engagés eux-mêmes quand d’autres, élèvés de la même manière, dans la même foi ont pris une autre position. Pourtant, leur foi est un héritage (et l’on sait qu’il y a bien des manières de recevoir et vivre un héritage)D’autres peut-être, ont rencontré Jésus-Christ, ont entendu sa Bonne Nouvelle par d’autres biais.Peut-être que tous nous pourrions nous reconnaître dans ce Timothée que Paul nous présente ce matin.Ceux dont le protestantisme est inscrit dans le patrimoine génétique, qui sont porteurs d’un sang de galériens se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive fidèle à qui son mentor dit « j’ai bien connu ta mère ». Ceux dont le christianisme a traversé différentes Églises, peut-être des passages à vide, se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive et d’un grec (païen ou vraisemblablement Craignant-Dieu), cet homme au carrefour de deux cultures dont les exhortations de Paul nous font sentir les questions et peut être les hésitations (« ranime la flamme », « ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné » sont bien des exhortations que l’on adresse à quelqu’un qui hésite).Enfin, ceux qui vivent leur foi comme une rupture, ou tout au moins une bifurcation par rapport à leur passé devraient se reconnaître dans ce jeune homme qui a eu l’audace de prendre ce chemin nouveau, de suivre cette foi naissante qu’était alors le christianisme.Oui, nous pouvons tous aisément nous reconnaître en Timothée et entendre la manière dont Paul lui parle de la foi.Cette foi souligne-t-il est un héritage : cette foi qui est présente en toi, était présente en ta grand-mère et en ta mère. (A noter qu’ici, Paul dont on conspue souvent la misogynie célèbre bien la foi des femmes et ne la distingue pas de la foi des hommes). Et je crois qu’il est important qu’à l’heure où l’individualisme est la règle, nous puissions affirmer, proclamer même que notre foi est un héritage. Un héritage familial, souvent, mais en quoi cela serait-il dévalorisant d’avoir entendu la Bonne Nouvelle de Jésus Christ d’abord dans sa famille ? En quoi, cela réduirait-il la liberté de notre adhésion ? Mais ce n’est pas seulement un héritage familial, même si notre famille n’était pas chrétienne, en recevant la Bonne Nouvelle, nous avons reçu un message vieux de 2000 ans, un message qui ne nous tombe pas du ciel mais dont des hommes et des femmes se sont fait les porteurs et les relais. Oui, être chrétien c’est toujours être au bénéfice d’un héritage, d’une transmission.Mais ce n’est pas un héritage qui enferme, ce n’est pas un héritage qui nous impose un cadre dont nous ne pourrions pas nous libérer. Peut-être Eunice et Loïs, juives pieuses, ont-elle été très surprises de voir leur fils et petit-fils marcher avec les disciples du crucifié, peut-être ce chemin a-t-il été un vécu comme un drame familial. Nous n’en savons rien. Mais ce que nous savons c’est que Paul l’affirme à Timothée, « ton christianisme n’est pas une trahison du judaïsme de ta famille » et il va même plus loin : « tu peux rendre grâce pour la foi de tes ancêtre, même si la tienne ne s’exprime plus de la même manière ». Être au bénéfice d’un héritage ne signifie pas que nous devions nous enfermer dans un moule familial ou que nous soyons appelés à répéter sans cesse les mêmes mots ou les mêmes rites. Cette grâce qui nous est accordée depuis avant les temps, cette grâce dont nous vivons aujourd’hui, cet amour de Dieu, nous sommes appelés à le vivre et à le dire dans nos mots à nous et dans la reconnaissance pour ceux qui nous l’ont transmis.Mais la foi n’est pas qu’un héritage, elle est aussi un don de Dieu. La question ici, n’est pas de se demander pourquoi certains ont reçu ce don et d’autres pas, il s’agit juste, pour nous qui croyons, d’être reconnaissants de ce cadeau qui nous a été fait.Pourquoi Paul insiste-t-il tant sur le fait que notre foi est une foi reçue ?Parce que Paul sait bien que cette foi n’est pas toujours facile à vivre, qu’elle passe par des moments où elle nous semble s’éteindre « Ranime la flamme », par des moments où nous avons peur de la dire et de la vivre. En France nous sommes épargnés par les persécutions que pouvait craindre Timothée et que peuvent encore redouter aujourd’hui un trop grand nombre de nos frères et sœurs en Christ, mais nous connaissons pourtant bien la peur de la moquerie, la gêne. « N’aie pas honte » nous dit Paul. Paul sait bien que l’Église même n’est pas toujours un bel exemple de la foi, qu’elle est même parfois un contre témoignage « tous ceux d’Asie m’ont abandonné ». Vraiment, Paul ne dresse pas de la vie croyante un tableau idéalisé et c’est bien Nous rappeler que notre foi est un héritage, c’est nous sortir de l’isolement dans lequel nous nous sentons parfois. Nous rappeler que notre foi est un don de Dieu, c’est nous appeler à une audace que ne peuvent pas (ou en tout cas que ne devraient pas) nous donner nos convictions personnelles. Ma foi m’a été donnée et c’est un encouragement à vivre la responsabilité qui vient avec cette foi.N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur. Oui, frères et sœurs, cette foi que nous avons reçues, nous sommes appelés à la vivre et ainsi à en témoigner, à prendre à notre tour notre place dans cette grande chaîne de témoins. Et quand ce cadeau nous semblera difficile à porter et à vivre, regardons à ce grand cortège qui nous l’a apporté et laissons-nous porter par lui. Ainsi, nous trouverons la force, d’être à notre tour témoins de la Bonne Nouvelle pour ceux qui viennent après nous.Amen
Textes : 2 Timothée 1, v. 1 à 18 Ps 128 Genèse 2, v. 18 à 24 Hébreux 2, v. 9 à 11 Marc 10, v. 2 à 16Pasteur Éric GEORGES
Notes sur le texteLes épîtres à TimothéeOn appelle traditionnellement épitres pastorales les lettres à Tite et Timothée car elles contiennent des conseils et directives adressés aux « pasteurs » des Églises. La date de leur rédaction reste un grand sujet de discussion entre spécialiste, il suffit probablement d’être conscient qu’elles furent rédigées à un moment où le christianisme commence à s’organiser, à poser les jalons de l’organisation des Églises locales et la relation entre elles ainsi qu’à chercher une certaine unité de doctrine. Timothée Il est souvent dangereux de trop vouloir spéculer sur la psychologie des personnages apparaissant dans la Bible mais puisque la lettre est adressée à Timothée et que celui-ci n’est pas un inconnu dans le texte biblique, pour bien comprendre l’épître, il est intéressant de relever les informations qu’une autre source (le livre des actes et d’autres lettres de Paul) nous donnent sur cet auxiliaire (Ac. XIX, 22) de Paul. Né de mère juive et de père grec (et sans doute païen puisque Timothée ne fut pas circoncis enfant), Timothée apparaît souvent sous la plume de Paul comme une personnalité timide, (I Co XVI, 10). Rien d’étonnant à ce que l’impétueux « apôtre des gentils » l’exhorte à plus d’audace. Mais cette timidité, que l’origine de Timothée explique sans doute en partie, n’a pas empêché Timothée d’occuper une place importante dans l’Église naissante.Quelques remarques sur le texteUne description de la foiLe ton de l’épître est ici donné, il s’agit clairement d’exhorter Timothée à plus d’assurance. Toutefois, il est important de souligner à quel point les dangers et difficultés de la foi sont affirmés et passés sous silence. L’argument de Paul n’est pas de dire que la foi devrait se vivre sans encombre, sans doute et sans questions, l’argument consiste à souligner que l’objet de la foi est attesté par un long héritage et surtout par la solidité de la Parole de Dieu. Une filiation reconnueA l’époque de la rédaction de la deuxième lettre à Timothée, la rupture avec le judaïsme est consommée. Dès lors, il est remarquable qu’en évoquant ses propres ancêtres ainsi que l’aïeule de Timothée, Paul inscrive à ce point la foi chrétienne dans la filiation de la foi juive. Malgré la rupture, on peut lire dans cette reconnaissance les germes de la réconciliation.***Prédication La foi… Qu’y a-t-il de plus personnel ? Que ce soit la foi au Dieu de Jésus Christ, en Allah ou en Adonaï, que ce soit la foi en un idéal, qu’y a-t-il de plus intime que cette conviction qui nous pousse et nous conduit et que nous avons tant de mal à expliquer ou même à décrire. La foi est tellement personnelle que certains aimeraient bien en proscrire l’expression dans l’espace public, tellement personnelle que nous même avons bien du mal à l’exposer, à la dévoiler. Notre foi ne regarde que nous, elle n’appartient qu’à nous.Mais d’où nous vient cette foi, si intime, si personnelle ?Dans notre assemblée, ce matin, certains sont chrétiens parce que leurs parents l’étaient. Bien sûr, ils ont, un jour pris position, se sont engagés eux-mêmes quand d’autres, élèvés de la même manière, dans la même foi ont pris une autre position. Pourtant, leur foi est un héritage (et l’on sait qu’il y a bien des manières de recevoir et vivre un héritage)D’autres peut-être, ont rencontré Jésus-Christ, ont entendu sa Bonne Nouvelle par d’autres biais.Peut-être que tous nous pourrions nous reconnaître dans ce Timothée que Paul nous présente ce matin.Ceux dont le protestantisme est inscrit dans le patrimoine génétique, qui sont porteurs d’un sang de galériens se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive fidèle à qui son mentor dit « j’ai bien connu ta mère ». Ceux dont le christianisme a traversé différentes Églises, peut-être des passages à vide, se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive et d’un grec (païen ou vraisemblablement Craignant-Dieu), cet homme au carrefour de deux cultures dont les exhortations de Paul nous font sentir les questions et peut être les hésitations (« ranime la flamme », « ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné » sont bien des exhortations que l’on adresse à quelqu’un qui hésite).Enfin, ceux qui vivent leur foi comme une rupture, ou tout au moins une bifurcation par rapport à leur passé devraient se reconnaître dans ce jeune homme qui a eu l’audace de prendre ce chemin nouveau, de suivre cette foi naissante qu’était alors le christianisme.Oui, nous pouvons tous aisément nous reconnaître en Timothée et entendre la manière dont Paul lui parle de la foi.Cette foi souligne-t-il est un héritage : cette foi qui est présente en toi, était présente en ta grand-mère et en ta mère. (A noter qu’ici, Paul dont on conspue souvent la misogynie célèbre bien la foi des femmes et ne la distingue pas de la foi des hommes). Et je crois qu’il est important qu’à l’heure où l’individualisme est la règle, nous puissions affirmer, proclamer même que notre foi est un héritage. Un héritage familial, souvent, mais en quoi cela serait-il dévalorisant d’avoir entendu la Bonne Nouvelle de Jésus Christ d’abord dans sa famille ? En quoi, cela réduirait-il la liberté de notre adhésion ? Mais ce n’est pas seulement un héritage familial, même si notre famille n’était pas chrétienne, en recevant la Bonne Nouvelle, nous avons reçu un message vieux de 2000 ans, un message qui ne nous tombe pas du ciel mais dont des hommes et des femmes se sont fait les porteurs et les relais. Oui, être chrétien c’est toujours être au bénéfice d’un héritage, d’une transmission.Mais ce n’est pas un héritage qui enferme, ce n’est pas un héritage qui nous impose un cadre dont nous ne pourrions pas nous libérer. Peut-être Eunice et Loïs, juives pieuses, ont-elle été très surprises de voir leur fils et petit-fils marcher avec les disciples du crucifié, peut-être ce chemin a-t-il été un vécu comme un drame familial. Nous n’en savons rien. Mais ce que nous savons c’est que Paul l’affirme à Timothée, « ton christianisme n’est pas une trahison du judaïsme de ta famille » et il va même plus loin : « tu peux rendre grâce pour la foi de tes ancêtre, même si la tienne ne s’exprime plus de la même manière ». Être au bénéfice d’un héritage ne signifie pas que nous devions nous enfermer dans un moule familial ou que nous soyons appelés à répéter sans cesse les mêmes mots ou les mêmes rites. Cette grâce qui nous est accordée depuis avant les temps, cette grâce dont nous vivons aujourd’hui, cet amour de Dieu, nous sommes appelés à le vivre et à le dire dans nos mots à nous et dans la reconnaissance pour ceux qui nous l’ont transmis.Mais la foi n’est pas qu’un héritage, elle est aussi un don de Dieu. La question ici, n’est pas de se demander pourquoi certains ont reçu ce don et d’autres pas, il s’agit juste, pour nous qui croyons, d’être reconnaissants de ce cadeau qui nous a été fait.Pourquoi Paul insiste-t-il tant sur le fait que notre foi est une foi reçue ?Parce que Paul sait bien que cette foi n’est pas toujours facile à vivre, qu’elle passe par des moments où elle nous semble s’éteindre « Ranime la flamme », par des moments où nous avons peur de la dire et de la vivre. En France nous sommes épargnés par les persécutions que pouvait craindre Timothée et que peuvent encore redouter aujourd’hui un trop grand nombre de nos frères et sœurs en Christ, mais nous connaissons pourtant bien la peur de la moquerie, la gêne. « N’aie pas honte » nous dit Paul. Paul sait bien que l’Église même n’est pas toujours un bel exemple de la foi, qu’elle est même parfois un contre témoignage « tous ceux d’Asie m’ont abandonné ». Vraiment, Paul ne dresse pas de la vie croyante un tableau idéalisé et c’est bien Nous rappeler que notre foi est un héritage, c’est nous sortir de l’isolement dans lequel nous nous sentons parfois. Nous rappeler que notre foi est un don de Dieu, c’est nous appeler à une audace que ne peuvent pas (ou en tout cas que ne devraient pas) nous donner nos convictions personnelles. Ma foi m’a été donnée et c’est un encouragement à vivre la responsabilité qui vient avec cette foi.N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur. Oui, frères et sœurs, cette foi que nous avons reçues, nous sommes appelés à la vivre et ainsi à en témoigner, à prendre à notre tour notre place dans cette grande chaîne de témoins. Et quand ce cadeau nous semblera difficile à porter et à vivre, regardons à ce grand cortège qui nous l’a apporté et laissons-nous porter par lui. Ainsi, nous trouverons la force, d’être à notre tour témoins de la Bonne Nouvelle pour ceux qui viennent après nous.Amen
Textes : 2 Timothée 1, v. 1 à 18 Ps 128 Genèse 2, v. 18 à 24 Hébreux 2, v. 9 à 11 Marc 10, v. 2 à 16Pasteur Éric GEORGES
Notes sur le texteLes épîtres à TimothéeOn appelle traditionnellement épitres pastorales les lettres à Tite et Timothée car elles contiennent des conseils et directives adressés aux « pasteurs » des Églises. La date de leur rédaction reste un grand sujet de discussion entre spécialiste, il suffit probablement d’être conscient qu’elles furent rédigées à un moment où le christianisme commence à s’organiser, à poser les jalons de l’organisation des Églises locales et la relation entre elles ainsi qu’à chercher une certaine unité de doctrine. Timothée Il est souvent dangereux de trop vouloir spéculer sur la psychologie des personnages apparaissant dans la Bible mais puisque la lettre est adressée à Timothée et que celui-ci n’est pas un inconnu dans le texte biblique, pour bien comprendre l’épître, il est intéressant de relever les informations qu’une autre source (le livre des actes et d’autres lettres de Paul) nous donnent sur cet auxiliaire (Ac. XIX, 22) de Paul. Né de mère juive et de père grec (et sans doute païen puisque Timothée ne fut pas circoncis enfant), Timothée apparaît souvent sous la plume de Paul comme une personnalité timide, (I Co XVI, 10). Rien d’étonnant à ce que l’impétueux « apôtre des gentils » l’exhorte à plus d’audace. Mais cette timidité, que l’origine de Timothée explique sans doute en partie, n’a pas empêché Timothée d’occuper une place importante dans l’Église naissante.Quelques remarques sur le texteUne description de la foiLe ton de l’épître est ici donné, il s’agit clairement d’exhorter Timothée à plus d’assurance. Toutefois, il est important de souligner à quel point les dangers et difficultés de la foi sont affirmés et passés sous silence. L’argument de Paul n’est pas de dire que la foi devrait se vivre sans encombre, sans doute et sans questions, l’argument consiste à souligner que l’objet de la foi est attesté par un long héritage et surtout par la solidité de la Parole de Dieu. Une filiation reconnueA l’époque de la rédaction de la deuxième lettre à Timothée, la rupture avec le judaïsme est consommée. Dès lors, il est remarquable qu’en évoquant ses propres ancêtres ainsi que l’aïeule de Timothée, Paul inscrive à ce point la foi chrétienne dans la filiation de la foi juive. Malgré la rupture, on peut lire dans cette reconnaissance les germes de la réconciliation.***Prédication La foi… Qu’y a-t-il de plus personnel ? Que ce soit la foi au Dieu de Jésus Christ, en Allah ou en Adonaï, que ce soit la foi en un idéal, qu’y a-t-il de plus intime que cette conviction qui nous pousse et nous conduit et que nous avons tant de mal à expliquer ou même à décrire. La foi est tellement personnelle que certains aimeraient bien en proscrire l’expression dans l’espace public, tellement personnelle que nous même avons bien du mal à l’exposer, à la dévoiler. Notre foi ne regarde que nous, elle n’appartient qu’à nous.Mais d’où nous vient cette foi, si intime, si personnelle ?Dans notre assemblée, ce matin, certains sont chrétiens parce que leurs parents l’étaient. Bien sûr, ils ont, un jour pris position, se sont engagés eux-mêmes quand d’autres, élèvés de la même manière, dans la même foi ont pris une autre position. Pourtant, leur foi est un héritage (et l’on sait qu’il y a bien des manières de recevoir et vivre un héritage)D’autres peut-être, ont rencontré Jésus-Christ, ont entendu sa Bonne Nouvelle par d’autres biais.Peut-être que tous nous pourrions nous reconnaître dans ce Timothée que Paul nous présente ce matin.Ceux dont le protestantisme est inscrit dans le patrimoine génétique, qui sont porteurs d’un sang de galériens se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive fidèle à qui son mentor dit « j’ai bien connu ta mère ». Ceux dont le christianisme a traversé différentes Églises, peut-être des passages à vide, se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive et d’un grec (païen ou vraisemblablement Craignant-Dieu), cet homme au carrefour de deux cultures dont les exhortations de Paul nous font sentir les questions et peut être les hésitations (« ranime la flamme », « ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné » sont bien des exhortations que l’on adresse à quelqu’un qui hésite).Enfin, ceux qui vivent leur foi comme une rupture, ou tout au moins une bifurcation par rapport à leur passé devraient se reconnaître dans ce jeune homme qui a eu l’audace de prendre ce chemin nouveau, de suivre cette foi naissante qu’était alors le christianisme.Oui, nous pouvons tous aisément nous reconnaître en Timothée et entendre la manière dont Paul lui parle de la foi.Cette foi souligne-t-il est un héritage : cette foi qui est présente en toi, était présente en ta grand-mère et en ta mère. (A noter qu’ici, Paul dont on conspue souvent la misogynie célèbre bien la foi des femmes et ne la distingue pas de la foi des hommes). Et je crois qu’il est important qu’à l’heure où l’individualisme est la règle, nous puissions affirmer, proclamer même que notre foi est un héritage. Un héritage familial, souvent, mais en quoi cela serait-il dévalorisant d’avoir entendu la Bonne Nouvelle de Jésus Christ d’abord dans sa famille ? En quoi, cela réduirait-il la liberté de notre adhésion ? Mais ce n’est pas seulement un héritage familial, même si notre famille n’était pas chrétienne, en recevant la Bonne Nouvelle, nous avons reçu un message vieux de 2000 ans, un message qui ne nous tombe pas du ciel mais dont des hommes et des femmes se sont fait les porteurs et les relais. Oui, être chrétien c’est toujours être au bénéfice d’un héritage, d’une transmission.Mais ce n’est pas un héritage qui enferme, ce n’est pas un héritage qui nous impose un cadre dont nous ne pourrions pas nous libérer. Peut-être Eunice et Loïs, juives pieuses, ont-elle été très surprises de voir leur fils et petit-fils marcher avec les disciples du crucifié, peut-être ce chemin a-t-il été un vécu comme un drame familial. Nous n’en savons rien. Mais ce que nous savons c’est que Paul l’affirme à Timothée, « ton christianisme n’est pas une trahison du judaïsme de ta famille » et il va même plus loin : « tu peux rendre grâce pour la foi de tes ancêtre, même si la tienne ne s’exprime plus de la même manière ». Être au bénéfice d’un héritage ne signifie pas que nous devions nous enfermer dans un moule familial ou que nous soyons appelés à répéter sans cesse les mêmes mots ou les mêmes rites. Cette grâce qui nous est accordée depuis avant les temps, cette grâce dont nous vivons aujourd’hui, cet amour de Dieu, nous sommes appelés à le vivre et à le dire dans nos mots à nous et dans la reconnaissance pour ceux qui nous l’ont transmis.Mais la foi n’est pas qu’un héritage, elle est aussi un don de Dieu. La question ici, n’est pas de se demander pourquoi certains ont reçu ce don et d’autres pas, il s’agit juste, pour nous qui croyons, d’être reconnaissants de ce cadeau qui nous a été fait.Pourquoi Paul insiste-t-il tant sur le fait que notre foi est une foi reçue ?Parce que Paul sait bien que cette foi n’est pas toujours facile à vivre, qu’elle passe par des moments où elle nous semble s’éteindre « Ranime la flamme », par des moments où nous avons peur de la dire et de la vivre. En France nous sommes épargnés par les persécutions que pouvait craindre Timothée et que peuvent encore redouter aujourd’hui un trop grand nombre de nos frères et sœurs en Christ, mais nous connaissons pourtant bien la peur de la moquerie, la gêne. « N’aie pas honte » nous dit Paul. Paul sait bien que l’Église même n’est pas toujours un bel exemple de la foi, qu’elle est même parfois un contre témoignage « tous ceux d’Asie m’ont abandonné ». Vraiment, Paul ne dresse pas de la vie croyante un tableau idéalisé et c’est bien Nous rappeler que notre foi est un héritage, c’est nous sortir de l’isolement dans lequel nous nous sentons parfois. Nous rappeler que notre foi est un don de Dieu, c’est nous appeler à une audace que ne peuvent pas (ou en tout cas que ne devraient pas) nous donner nos convictions personnelles. Ma foi m’a été donnée et c’est un encouragement à vivre la responsabilité qui vient avec cette foi.N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur. Oui, frères et sœurs, cette foi que nous avons reçues, nous sommes appelés à la vivre et ainsi à en témoigner, à prendre à notre tour notre place dans cette grande chaîne de témoins. Et quand ce cadeau nous semblera difficile à porter et à vivre, regardons à ce grand cortège qui nous l’a apporté et laissons-nous porter par lui. Ainsi, nous trouverons la force, d’être à notre tour témoins de la Bonne Nouvelle pour ceux qui viennent après nous.Amen
Textes : 2 Timothée 1, v. 1 à 18 Ps 128 Genèse 2, v. 18 à 24 Hébreux 2, v. 9 à 11 Marc 10, v. 2 à 16Pasteur Éric GEORGES
Notes sur le texteLes épîtres à TimothéeOn appelle traditionnellement épitres pastorales les lettres à Tite et Timothée car elles contiennent des conseils et directives adressés aux « pasteurs » des Églises. La date de leur rédaction reste un grand sujet de discussion entre spécialiste, il suffit probablement d’être conscient qu’elles furent rédigées à un moment où le christianisme commence à s’organiser, à poser les jalons de l’organisation des Églises locales et la relation entre elles ainsi qu’à chercher une certaine unité de doctrine. Timothée Il est souvent dangereux de trop vouloir spéculer sur la psychologie des personnages apparaissant dans la Bible mais puisque la lettre est adressée à Timothée et que celui-ci n’est pas un inconnu dans le texte biblique, pour bien comprendre l’épître, il est intéressant de relever les informations qu’une autre source (le livre des actes et d’autres lettres de Paul) nous donnent sur cet auxiliaire (Ac. XIX, 22) de Paul. Né de mère juive et de père grec (et sans doute païen puisque Timothée ne fut pas circoncis enfant), Timothée apparaît souvent sous la plume de Paul comme une personnalité timide, (I Co XVI, 10). Rien d’étonnant à ce que l’impétueux « apôtre des gentils » l’exhorte à plus d’audace. Mais cette timidité, que l’origine de Timothée explique sans doute en partie, n’a pas empêché Timothée d’occuper une place importante dans l’Église naissante.Quelques remarques sur le texteUne description de la foiLe ton de l’épître est ici donné, il s’agit clairement d’exhorter Timothée à plus d’assurance. Toutefois, il est important de souligner à quel point les dangers et difficultés de la foi sont affirmés et passés sous silence. L’argument de Paul n’est pas de dire que la foi devrait se vivre sans encombre, sans doute et sans questions, l’argument consiste à souligner que l’objet de la foi est attesté par un long héritage et surtout par la solidité de la Parole de Dieu. Une filiation reconnueA l’époque de la rédaction de la deuxième lettre à Timothée, la rupture avec le judaïsme est consommée. Dès lors, il est remarquable qu’en évoquant ses propres ancêtres ainsi que l’aïeule de Timothée, Paul inscrive à ce point la foi chrétienne dans la filiation de la foi juive. Malgré la rupture, on peut lire dans cette reconnaissance les germes de la réconciliation.***Prédication La foi… Qu’y a-t-il de plus personnel ? Que ce soit la foi au Dieu de Jésus Christ, en Allah ou en Adonaï, que ce soit la foi en un idéal, qu’y a-t-il de plus intime que cette conviction qui nous pousse et nous conduit et que nous avons tant de mal à expliquer ou même à décrire. La foi est tellement personnelle que certains aimeraient bien en proscrire l’expression dans l’espace public, tellement personnelle que nous même avons bien du mal à l’exposer, à la dévoiler. Notre foi ne regarde que nous, elle n’appartient qu’à nous.Mais d’où nous vient cette foi, si intime, si personnelle ?Dans notre assemblée, ce matin, certains sont chrétiens parce que leurs parents l’étaient. Bien sûr, ils ont, un jour pris position, se sont engagés eux-mêmes quand d’autres, élèvés de la même manière, dans la même foi ont pris une autre position. Pourtant, leur foi est un héritage (et l’on sait qu’il y a bien des manières de recevoir et vivre un héritage)D’autres peut-être, ont rencontré Jésus-Christ, ont entendu sa Bonne Nouvelle par d’autres biais.Peut-être que tous nous pourrions nous reconnaître dans ce Timothée que Paul nous présente ce matin.Ceux dont le protestantisme est inscrit dans le patrimoine génétique, qui sont porteurs d’un sang de galériens se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive fidèle à qui son mentor dit « j’ai bien connu ta mère ». Ceux dont le christianisme a traversé différentes Églises, peut-être des passages à vide, se reconnaîtrons dans ce fils d’une juive et d’un grec (païen ou vraisemblablement Craignant-Dieu), cet homme au carrefour de deux cultures dont les exhortations de Paul nous font sentir les questions et peut être les hésitations (« ranime la flamme », « ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné » sont bien des exhortations que l’on adresse à quelqu’un qui hésite).Enfin, ceux qui vivent leur foi comme une rupture, ou tout au moins une bifurcation par rapport à leur passé devraient se reconnaître dans ce jeune homme qui a eu l’audace de prendre ce chemin nouveau, de suivre cette foi naissante qu’était alors le christianisme.Oui, nous pouvons tous aisément nous reconnaître en Timothée et entendre la manière dont Paul lui parle de la foi.Cette foi souligne-t-il est un héritage : cette foi qui est présente en toi, était présente en ta grand-mère et en ta mère. (A noter qu’ici, Paul dont on conspue souvent la misogynie célèbre bien la foi des femmes et ne la distingue pas de la foi des hommes). Et je crois qu’il est important qu’à l’heure où l’individualisme est la règle, nous puissions affirmer, proclamer même que notre foi est un héritage. Un héritage familial, souvent, mais en quoi cela serait-il dévalorisant d’avoir entendu la Bonne Nouvelle de Jésus Christ d’abord dans sa famille ? En quoi, cela réduirait-il la liberté de notre adhésion ? Mais ce n’est pas seulement un héritage familial, même si notre famille n’était pas chrétienne, en recevant la Bonne Nouvelle, nous avons reçu un message vieux de 2000 ans, un message qui ne nous tombe pas du ciel mais dont des hommes et des femmes se sont fait les porteurs et les relais. Oui, être chrétien c’est toujours être au bénéfice d’un héritage, d’une transmission.Mais ce n’est pas un héritage qui enferme, ce n’est pas un héritage qui nous impose un cadre dont nous ne pourrions pas nous libérer. Peut-être Eunice et Loïs, juives pieuses, ont-elle été très surprises de voir leur fils et petit-fils marcher avec les disciples du crucifié, peut-être ce chemin a-t-il été un vécu comme un drame familial. Nous n’en savons rien. Mais ce que nous savons c’est que Paul l’affirme à Timothée, « ton christianisme n’est pas une trahison du judaïsme de ta famille » et il va même plus loin : « tu peux rendre grâce pour la foi de tes ancêtre, même si la tienne ne s’exprime plus de la même manière ». Être au bénéfice d’un héritage ne signifie pas que nous devions nous enfermer dans un moule familial ou que nous soyons appelés à répéter sans cesse les mêmes mots ou les mêmes rites. Cette grâce qui nous est accordée depuis avant les temps, cette grâce dont nous vivons aujourd’hui, cet amour de Dieu, nous sommes appelés à le vivre et à le dire dans nos mots à nous et dans la reconnaissance pour ceux qui nous l’ont transmis.Mais la foi n’est pas qu’un héritage, elle est aussi un don de Dieu. La question ici, n’est pas de se demander pourquoi certains on