Notes bibliques

Nous avons laissé de côté l’admirable texte de l’épitre aux Corinthiens qui fonde notre conception des ministères pour nous centrer sur le texte proposé dans l’évangile de Luc. Luc est reconnu comme théologien et comme écrivain. En rédigeant son évangile il a l’intention de réaliser une œuvre littéraire porteuse d’un message qui est sa raison de vivre.

L’ordonnance de l’œuvre de Luc
L’évangile de Luc comme le livre des Actes commence par un prologue, ce qui indique bien que ces deux livres sont une œuvre homogène. Le préambule de l’évangile établit une parallèle entre Jean Baptiste et Jésus, après quoi l’on entre au temps de Jésus dès le chapitre 4 avec la prédication faite à Nazareth. C’est là qu’il commence son ministère qui s’achèvera sur la croix aux portes de Jérusalem au terme d’une longue montée vers la ville. La finale de l’Évangile est l’instruction aux disciples et l’annonce de l’envoi de l’Esprit Saint manifestement présent du début à la fin.

Le prologue de Luc dit Odon Vallet est un chef d’œuvre. Jésus s’exprimait en araméen. Entre le grec et l’araméen les différences sont énormes. Luc écrit en grec et va toucher ainsi des millions de païens. Luc parle de serviteurs de la Parole. Il s’est soigneusement informé auprès de ceux qui avaient obtenus des informations transmises par des témoins oculaires. Il a certainement puisé dans des documents divers (appelés la source Q par les exégètes) et d’autres récits comme l’évangile de Marc. La citation qu’il reproduit du livre d’Ésaïe est tirée de la traduction de la Septante. Il s’agit de la première traduction de l’A.T. en grec entreprise à l’intention des juifs émigrés dans le bassin méditerranéen. Ce travail échelonné de 250 à 150 avant J.C.

Prégnance de l’Esprit saint
Au terme de 40 jours de tentation au désert, (Lc. 4, 1-13), Jésus revient en Galilée. Luc relie donc explicitement la venue de l’Esprit sur Jésus au moment de son baptême dans le Jourdain (Lc. 3, 22) au récit de la tentation : « Jésus rempli d’Esprit saint revint du Jourdain, et il était dans le désert conduit par l’Esprit » (Lc. 4,1). L’affirmation que c’est sous la mouvance de l’Esprit que Jésus va inaugurer son ministère public est évidente. Luc le précise  « Jésus se retira par la puissance de l’Esprit en Galilée » ( Lc. 4, 14a).

Parallèle matthéen
L’évangile de Matthieu est construit différemment. Nous ne retrouvons le récit de cette prédication de Jésus à Nazareth (Matthieu 13, 53 ss ) que dans une quatrième phase, après que les foules aient écouté la prédication du royaume, après la définition du rôle des apôtres, et enfin après le refus du mystère du Règne par les pharisiens. Luc a fait de ce récit au début de son évangile un exemple de l’accomplissement des prophéties, tout particulièrement de celles d’Esaïe, dans le ministère de Jésus.

La prédication à Nazareth
Luc situe cette première intervention de Jésus dans le cadre de la liturgie synagogale. Tout membre masculin du peuple élu pouvait prendre part au service. C’est ce que fait Jésus en suivant rigoureusement toutes les étapes du déroulement liturgique Il entre dans la synagogue. Il se lève pour la lecture. On lui remet le livre du prophète Ésaïe. Il le déroule, choisit un passage, le lit, et remet le rouleau au servant. Il s’assied et commente. Luc reprend la citation d’Ésaïe en suivant le texte de la septante.

 

Luc 4, 18-19 És. 61, 1-2 a
   
L’Esprit du Seigneur (est) sur moi parce L’Esprit du Seigneur (est) sur moi parce
qu’il m’a oint pour évangéliser les pauvres qu’il m’a oint pour évangéliser les pauvres
  pour guérir ceux qui ont le cœur brisé,
il m’a envoyé pour proclamer aux captifs il m’a envoyé pour proclamer aux captifs
la liberté et aux aveugles le retour à la vue la liberté et aux aveugles le retour à la vue
pour renvoyer les opprimés en liberté  
Pour proclamer une année de grâce du Seigneur pour annoncer une année de grâce du Seigneur
  et un jour de vengeance.

La citation « renvoyer les opprimés en liberté » provient d’És. 58, 6. Cette interpolation s’explique car le chapitre 58 est largement utilisé dans le Nouveau Testament (cf. Ac. 8, 23 = És. 58, 6b ; Mat. 25, 35 ss = És. 58, 7). Jésus s’applique à lui-même les deux poèmes eschatologiques d’És. 60 à 62. Ces poèmes annonçaient la restauration du peuple d’Israël avec la résurrection de Jérusalem comme centre religieux. En témoigne cet extrait: «…pour la cause de Jérusalem je ne me tiendrai pas tranquille jusqu’à ce que ressorte comme une clarté sa justice et son salut comme un flambeau qui brûle » (És. 62, 1) ou encore « Voici ce que le Seigneur fait entendre jusqu’à l’extrémité de la terre : dites à la fille de Sion : voici ton salut qui vient… » És 62, 11). Cette restauration est associée à la venue d’un prophète qui rappelle la figure du Serviteur. Le Messie à venir sera un prophète. C’est bien ce que veut signifier la paraphrase d’És. 61, 1 : Le prophète dit : « l’esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a oint pour annoncer la Bonne nouvelle ». Jésus reprend ce texte à son propre compte et se déclare le prophète messianique annoncé par Isaïe. Cela avait été clairement annoncé à son baptême (Lc. 3, 22 ). La parole prophétique dit Luc se réalise et s’accomplit avec la venue de Jésus ici et maintenant car sa mission commence. Luc 4, 21 « Alors il commença à leur dire « Aujourd’hui cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez ».Cet aujourd’hui de Dieu dans le temps humain est un moment exceptionnel de grâce dans l’histoire humaine. Les témoins de l’événement en sont conscients comme l’affirme Luc quand il dit : «  Tous lui rendaient témoignage. Ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche ». Ce que dit Jésus est pour Luc l’expression de la grâce que Dieu fait aux hommes. Jésus est pour Luc la parole, la grâce agissante de Dieu.

Par la suite l’on verra les habitants de Nazareth attendre des signes et des miracles pour croire. IIs vont manquer de foi. Tous dans la synagogue vont entrer en fureur et jeter Jésus hors de la ville. Selon eux, Jésus n’st que le fils d’un charpentier. Il blasphème. C’en est de trop. C’est une anticipation de la crucifixion.

Note concernant la citation d’Ésaïe 61 (D’après les notes de la TOB)

Le livre d’Ésaïe est composé de trois parties. La première est attribuée à un prophète appelé à prophétiser en 740 sur une période de 40 années environ. Cette période prospère dans le royaume de Juda correspondrait au règne d’Ozias ou d’Azarias. Le message des chapitres 40 à 55 a été prononcé entre 550 et 539 après les victoires de Cyrus. Ésaïe 56 à 66 serait l’œuvre d’un seul et même prophète qui s’inspire du second Ésaïe. Ce prophète anonyme interviendrait entre 537 et 520, soit quand un groupe d’exilés est revenu. On a posé les fondations du Temple qui avait été détruit pour le réédifier. Mais Les travaux n’avançaient guère vu les difficultés intérieures. Les murs sont dans un triste état de délabrement. La communauté autour et dans Jérusalem est composée de Juifs revenus d’exil, de Juifs restés dans le pays, et d’étrangers qui s’étaient établis à la faveur de l’exil d’une partie de la population. Il faut prendre en compte les Juifs de la diaspora. Cette période est prodigieusement riche et créative puisque ce serait, d’après les travaux récents des ethnologues et des historiens, la période de rédaction du pentateuque.

 

Pistes de réflexion pour la prédication
Rigueur du message que nous adresse Luc
Luc se présente comme un écrivain qui, après avoir mis en ordre les documents dont il dispose, entend non seulement nous faire comprendre la signification qu’ont pour lui les paroles et les actions de Jésus, mais veut aussi nous faire partager ce qui lui a été révélé au contact de ces témoignages. Il n’entend pas rapporter des événements historiques dans leur déroulement chronologique. Il ne tient pas une sorte de journal de bord de l’épopée de Jésus. Il n’est pas un historien au sens où nous l’entendons aujourd’hui. C’est Schweitzer qui a le plus clairement fait comprendre que s’efforcer de retrouver les paroles et les gestes authentiquement prononcées ou vécus par Jésus était illusoire. La démonstration scientifique de la vérité historique des événements rapportés dans les récits bibliques est en grande partie impossible. L’essentiel est de saisir le ressenti, le vécu de ceux qui avaient cheminé aux côtés du Christ tel qu’ils l’avaient transmis et partagé avec leurs contemporains et avec nous aujourd’hui. Quand un accident survient les gendarmes s’efforcent d’établir un constat rigoureux, le plus objectif, le plus scientifique possible. Ils mettent de côté leur émotion pour faire le relevé des courbes, des impacts de la collision des deux voitures. Les témoins ne parlent pas de l’accident de la même façon. Ces derniers, submergés par l’émotion, font part de leurs impressions en déformant parfois les faits afin de mieux faire comprendre et partager ce qu’ils viennent de vivre. De la même façon c’est ce vécu, en l’occurrence cette expérience spirituelle vécue aux côtés de Jésus que l’évangéliste désire mettre à la portée des païens de culture grecque. C’est ainsi que par la présence de l’Esprit, nous pouvons nous même, la partager et la vivre à notre tour.

1. Une époque critique
1.1 Pour les juifs d’alors
En effet les Juifs réunis dans la synagogue de Nazareth vivaient une période historique critique. Leur monde était en train de basculer d’un univers dans l’autre. L’empire romain régnait en maître sur leur pays. Cela avait des conséquences non seulement politiques mais surtout culturelles. L’élite avait certainement conscience qu’un bouleversement s’annonçait qui mettait en question leurs fondamentaux religieux. De fait, quelques décennies plus tard Jérusalem sera mise à feu et à sang. La population survivante après le massacre par Titus sera dispersée. Juifs et chrétiens seront persécutés. Puis l’Empire romain va sous la conduite de l’empereur Constantin opter pour le christianisme qui deviendra religion d’État.

1.2 Pour nous aujourd’hui
Nous vivons nous aussi les prolégomènes d’une période critique. Oui c’est bien ce que nous vivons bien que le contexte dans lequel nous sommes soit totalement différent. De nouveaux paradigmes, de nouveaux systèmes de référence se sont imposé dans notre société. (Une cassure s’est produite à partir des années 60, cassure marquée par le contrôle des naissances, l’évolution du statu de la femme, le développement des nouvelles technologies.) Nous sommes entrés dans un monde désenchanté car on en a chassé Dieu. Ce monde est non seulement désenchanté mais déshumanisé. Les philosophes des Lumières avaient laïcisé les valeurs issues du christianisme. L’humanisme avait idéalisé la nation, puis la démocratie. Les Droits de l’homme étaient devenus le système de valeurs ou de références faisant loi. Mais sous la poussée de l’individualisme, du néo libéralisme, de la société technicienne, de nouveaux systèmes de références irrigant la culture néo-païenne dans laquelle nous vivons se sont imposés et fonctionnent avec la même force que la religion autrefois. Et la déshumanisation de notre société est systématiquement mise en œuvre. La préoccupation essentielle est celle de l’affirmation de notre moi. L’individu prétend se déterminer lui-même, se réaliser seul, s’affirmer par ses résultats, par sa réussite sociale. Dès la maternelle on apprend au petit enfant à entrer en concurrence avec ses camarades pour avoir un bon point. Le sens à donner à sa vie ? C’est sans intérêt si cela ne se monnaye pas. C’est ce qu’on enseigne inconsciemment à nos petits enfants. Ce sont les slogans que nous martèlent les puissants.

2. L’humanité en quête du salut

Et les conséquences sont désastreuses. Le dogme du profit est érigé en devoir absolu. Chacun est devenu un numéro sans nom, et doit sans cesse s’adapter, vivre dans l’instant, sans pouvoir donner sens à son travail. C’est souvent un robot ou un ordinateur qui dicte sa conduite à l’ouvrier ou à l’employé. Et il est seul. Dès qu’il commence à établir la moindre relation sociale sur son lieu de travail, le DRH le change de poste pour rompre les liens établis avec ses collègues afin qu’il vive avec le stress et du coup produise davantage. Certains n’en peuvent plus et se suicident.

Grâce à la dérégulation mondialisée c’est la spéculation financière qui impose sa loi aux responsables politiques, aux entreprises et aux citoyens. Nous pourrions compléter le tableau en faisant une allusion à la remise en cause de la société de croissance, aux craintes pour l’avenir de la planète et de notre monde. Il est clair que nous sentons tous que nous allons nous aussi basculer dans un autre monde. Le drame est que chacun, nous même sans nous en rendre compte sommes rentrés dans le système. En prendre conscience, c’est nous repentir pour entrer en résistance comme le firent les chrétiens de l’église primitive. Ce monde sans Dieu est sourd aux paroles de l’Évangile. Le respect de l’homme, l’égalité, la liberté, la fraternité, ces valeurs de l’humanisme aux références chrétiennes n’ont plus cours. Mais d’où nous viendra le salut puisque le christianisme officiel n’a plus aucune prise sur le réel ? C’est alors que Jésus lui-même nous interpelle comme il avait interpellé ses auditeurs dans la synagogue. La bonne nouvelle de l’Évangile va nous libérer en nous donnant les bons repères si nous l’accueillons par la foi, avec confiance.

2.1 C’est alors que Jésus intervient
Jésus s’était levé, avait pris le rouleau contenant les écrits du prophète que lui présentait le servant et avait lu les paroles prononcées parle prophète inconnu dont les discours nous sont conservés dans les chapitres 56-65. Il a gommé le passage faisant allusion au jour de vengeance.

« L’Esprit du Seigneur est sur moi Il m’a consacré pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé pour proclamer la délivrance aux prisonniers et le don de la vue aux aveugles, pour libérer les opprimés, pour annoncer l’année où le Seigneur manifestera sa grâce. »
Les auditeurs de la synagogue sont saisis par cette lecture. Un grand silence se fait. Tous avaient les yeux fixés sur lui. Jésus ajoute « Aujourd’hui, cette Écriture est accomplie pour vous qui l’entendez ! »
Jésus est placé au centre de l’Histoire. Avec lui sont entraînés ceux qui l’écoutent et suivent ses paroles. Sont entraînés ceux qui sont en marge de la société. Les pauvres, les exclus, les déracinés du monde. Ils ne sont plus aveugles car ils deviennent lucides. Cet événement nous concerne Nous participons à l’histoire de Dieu. Nous sommes conviés à nous laisser emporter par cette force et à devenir des témoins et des acteurs de cette aventure ; pour prendre le parti des opprimés, agir pour libérer les prisonniers ; mettre nos moyens au service de l’Évangile et de nos prochains.

2.2 Le salut nous est donné en Jésus Christ
Jésus ce matin nous convoque devant Dieu pour faire silence dans le secret, pour faire le bilan de notre vie en entendant les paroles prononcées par le prophète inconnu du livre d’Esaîe. Alors nous tenant debout, debout devant Dieu, nous prenons conscience soudain de la personne que nous sommes en vérité prêt à recevoir par la foi, avec confiance, la force de participer à notre mesure à l’avènement du royaume. Jésus nous redonne alors toute notre dignité, avec un sens à notre existence, let la conscience de notre responsabilité. Il nous délivre de tous les déterminismes du passé. Il nous tourne délibérément vers l’avenir, vers le renouvellement de toutes choses nouvelles auxquelles Dieu nous appelle. Une force, un courant nous emportera toujours plus loin, nous empêchant de nous installer.

C’est le Christ vivant, Christ ressuscité qui nous arrache alors à nos habitudes, nous permet de sortir des systèmes de pensée démoniaques que distillent la société et dont nous sommes prisonniers. Il a ouvert les portes du royaume. Il nous ouvre des perspectives nouvelles. Il nous redonne confiance en nous-mêmes. Il nous rend libres. Libres de nous laisser entraîner par la puissance divine pour participer au grand mouvement que Christ a initié en indiquant les nouvelles routes. Nous pourrons alors garder le riche héritage reçu, l’intégrer dans cet élan pour l’avenir, et accepter les transformations créatrices en répondant positivement à son appel. « C’est en Lui en effet que la justice de Dieu est révélée par la foi et pour la foi selon ce qu’il est écrit : le juste vivra par la foi ». Oui ! Vivons en communion avec le Christ ressuscité qui fait de nous des enfants de Dieu. Le dynamisme créateur de Dieu nous appelle à devenir de nouvelles créatures pour participer à l’avènement de son royaume. Car comme le rappelle le pasteur Castelnau en citant Matthieu :
Dieu se trouve… au cœur du monde comme « le levain qu’une femme a enfoui dans la pâte pour la faire lever » (Matthieu 13.33). Il ouvre sans cesse l’avenir, introduisant des possibilités nouvelles dans nos pensées et dans le monde : mais il ne détermine pas de manière autoritaire les événements. Il n’impose pas mais laisse l’homme libre d’accepter pour sa joie ou de refuser pour son malheur ce qu’il suggère. Il propose, il appelle, influence, enthousiasme ; il tient compte des résultats qui en adviennent pour modifier son action : c’est la joie qu’il veut pour ce monde « qu’il aime tant » (Jean 3.16). Il est créateur, non seulement au-dedans de nous les hommes, mais Il participe à tout ce qui se passe, à toutes les réalités auxquelles nous avons affaire et d’abord à nous-mêmes. Il agit en tout ce qui bouge ; rien n’échappe à son action de même que rien n’échappe aux rayons du soleil et à l’air qui nous baigne. Alors oui, nous voulons l’écouter, répondre à son appel et devenir à notre mesure des artisans à l’œuvre pour qu’advienne son royaume.

Amen

Dans les notes bibliques, au paragraphe : L’ordonnance de l’œuvre de Luc, le Pasteur LEHNEBACH cite la source Q.

Une explication très sommaire de cette source Q
Lorsque l’on regarde les évangiles de Matthieu et de Luc, on s’aperçoit qu’ils ont de nombreux passages ayant pour sources d’inspiration l’évangile de Marc et l’Ancien Testament.
Si d’autres passages sont propres soit à Matthieu ou à Luc, on remarque que certains passages sont communs à Matthieu et à Luc mais qu’ils sont absents de Marc ou de l’Ancien Testament. Les biblistes ont suggéré l’existence d’une autre source commune, dite « Document Q » (de l’allemand « Quelle » qui signifie « source »).