Dimanche des RameauxTextes : Matthieu 20, v. 29 à 21, v. 11 Psaume 22Ésaïe 50, v. 4 à 9 Philippiens 2, v. 5 à 11Pasteur Eric de BonnechoseTélécharger tout le document

Notes bibliques

Il s’agit ici simplement de quelques notes bibliques, comme on joue quelques notes de musique… quelques réflexions pas très construites, comme on coupe quelques branches pour les poser sur le passage de Jésus. Pas très construites, mais tout de même rassemblées sous la thématique générale du trouble, comme un grand frisson qui parcourt les acteurs de ce récit, avant le temps de la Passion. 1. Jérusalem Les versets 1 et 10, qui encadrent ce passage, mentionnent Jérusalem. Jésus s’en approche, et Jésus y entre. C’est plus qu’un lieu, c’est plus qu’une capitale, c’est une figure. Un peu plus tard, Jésus l’apostrophera comme telle : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes… » (Matt 23,37). Figure chargée de toute l’histoire et de toute l’attente d’Israël, mais aussi figure dont Jésus perçoit immédiatement la menace : « voici que nous montons à Jérusalem, le Fils de l’homme sera livré… » (Matt 20,18). On peut prendre au sens fort les deux verbes utilisés pour l’accès à Jérusalem. D’abord Jésus y « monte » avec ses disciples, comme on accomplit un pèlerinage, avec tous ses cantiques des montées. Il se joint à l’immense foule de tous ceux qui ont accompli ce pèlerinage. Puis Jésus y « entre », dans une mise en scène royale et messianique (Ps 24 ; Za 9,9), et c’est une autre tonalité qui s’impose : celle de la conquête, de l’entrée victorieuse. On peut visualiser cette route où Jésus s’avance accompagné d’un cortège populaire ; une route qui aboutit à la porte de la ville, et Jésus qui entre sous cette porte. Image ambivalente (et quelque peu freudienne ?!) : le lieu où il pénètre est celui qui va l’engloutir. Celui qui entre en vainqueur va être vaincu, mais le lecteur de l’Evangile est appelé à croire qu’il est tout de même vainqueur ! C’est l’ensemble de ce récit qui est ambivalent, selon la foi qui habite le lecteur. Il y a de l’agitation au dehors et au-dedans de la ville, et ce n’est pas la même agitation. Au dehors la liesse, la fête, la célébration. Au-dedans l’émoi : la foule est secoué par un séisme intérieur. Matthieu emploie le verbe grec seiein, d’où vient notre séisme français : secouer, agiter, ébranler. Séisme intérieur qui, chez Matthieu, annonce les deux séismes de la mort et de la résurrection de Jésus (Matt 27,51 ; 28,4). L’Evangile est admirablement construit. A ce moment charnière, où commence le ministère de Jésus à Jérusalem et le récit de la Passion et de la Résurrection, le séisme de la foule rappelle le trouble (verbe tarassein, qui renvoie à l’image d’un bouillonnement) que cette même foule avait éprouvé à Noël (Matt 2,3). D’une effervescence à un séisme : la crise produite à Jérusalem par l’irruption de Jésus s’approfondit et s’accentue. 2. L’ânesse et l’ânon Détail amusant : Jésus semble assis sur deux ânes à la fois ! « Sur une ânesse et sur un ânon, le petit d’une bête de somme… les disciples disposèrent leurs vêtements sur eux, et Jésus s’assis dessus » (T.O.B.). Matthieu, comme souvent, a recours à une citation de l’Ancien Testament pour montrer l’accomplissement des Ecritures en Jésus. Il cite de mémoire, ou bien il emploie une traduction approximative de Zacharie 9,9 qui ne parle (dans le texte hébreu) que « d’un âne, le petit d’un ânon ». Matthieu a-t-il voulu respecter cette traduction parce qu’elle était connue de sa communauté ? Ou bien a-t-il été un peu distrait ?… Ou bien veut-il nous dire autre chose encore ? Nous voilà en tout cas avec deux ânes, alors que les autres Evangiles n’en ont qu’un. Et nous voilà avec Jésus en équilibre inconfortable sur ces deux bêtes ! On peut choisir de donner un peu de sens à cet inconfort, de plusieurs façons. D’abord, en se disant que l’inconfort vient quand Matthieu convoque l’Ancien Testament pour appuyer la reconnaissance de Jésus comme Messie. On sait que cette démarche a été nécessaire et essentielle pour les premiers chrétiens, et qu’elle est un élément de la résurrection : la reconnaissance du ressuscité par les disciples d’Emmaüs se fait après une longue explication : « il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait » (Luc 24,27). Mais la démarche demeure inconfortable : c’est un Messie qui ne colle pas bien à l’image que s’en était faite Israël. Crucifié… L’inconfort de Jésus sur ces deux ânes, c’est l’inconfort du jeune chrétien devant assumer le témoignage de l’Ancien Testament (= l’ânesse ?), et le témoignage de la passion et de la résurrection (= l’ânon ?). Et avant cela, c’est l’inconfort de Jésus, devant assumer dans sa chair ce double témoignage. Le « et » qui relie l’ânesse à l’ânon, c’est un reflet du tiret qui relie Jésus à Christ, à la fois un lien et une question. C’est l’inquiétude et la confession de foi du chrétien. 3. Qui est Jésus ? Il n’est pas surprenant, alors, d’entendre à la fin de ce passage biblique deux expressions bien différentes de la foule à propos de Jésus. D’abord la louange du peuple : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Ensuite la réponse neutre et prudente de la foule à l’émoi de Jérusalem : « c’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. » Est-ce la même foule ? Il est fécond de le penser. Ne sommes nous pas nous-mêmes, dans le balancement de notre foi, et selon les contextes et les interlocuteurs, des louangeurs audacieux (de préférence le dimanche, pendant le culte) ou des commentateurs prudents et instruits (de préférence au travail, ou au supermarché) ? L’inconfort de la confession de foi chrétienne ne nous traverse-t-il pas souvent, au point de nous faire moduler notre façon de parler du Christ ? A moins que cette modulation soit le reflet de nos questionnements, de nos alternances de confiance et d’interrogations, d’affirmation et de réserve ? Balancement entre la louange, qui exprime une liberté, une adhésion, une communion. Et le commentaire distancié, comme on l’entendrait à la télévision : « c’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée ». Balancement entre la filiation spirituelle (le fils de David) et la filiation naturelle et géographique (de Nazareth, en Galilée). Balancement entre l’interprétation messianique, la confession chrétienne dans toute sa hauteur, et l’interprétation réservée : c’est un grand homme, c’est un homme juste et bon, c’est un prophète… La bonne nouvelle de cette histoire, c’est peut-être que Jésus avance, bien que juché sur ces deux ânes. Et que nous pouvons aussi avancer, malgré nos balancements, à travers nos balancements, vers ce lieu où tout va se jouer, se nouer et se dénouer pour nous : la croix. Pistes pour la prédication Une première piste de prédication pourrait partir des 3 séismes dont parle Matthieu (paragraphe 1 de ces notes) : celui de la foule en émoi, avec toutes ses contradictions et ses questions (Matt 21,10). Celui de la croix, signifiant ce qui s’écroule avec la mort de Jésus (Matt 27,51). Et celui de la résurrection, signifiant ce qui est ébranlé par la résurrection (Matt 28,4). En quoi l’Evangile est pour moi un tremblement de terre, qu’est-ce qu’il met à terre et qu’est-ce qu’il construit ? Une autre piste est celle des deux ânes (paragraphe 2 de ces notes), c’est-à-dire de la situation inconfortable de la foi, quand elle se trouve juchée sur deux réalités différentes, ou face à deux exigences différentes. Essayer de sentir et de comprendre ce qui nous tiraille, ce qui nous défie dans l’affirmation que Jésus est le Christ, dans la nouveauté de l’Evangile. Et entendre que le Dieu aimant nous accompagne et nous donne de marcher vers lui. Dans la prédication qui suit, j’ai suivi une tout autre piste, inspirée de l’image d’un homme devant une ville. Comment entendre le fait que, pour la première fois, Jésus approche d’une ville importante ? Comment vivre le fait d’être chrétien dans un milieu urbain, dans une cité d’aujourd’hui ?

Prédication

Matthieu 21, 1-11Un homme pour une ville Jésus entre en politique Un homme et une ville. Un homme devant une ville. Certaines affiches de la récente campagne pour les élections municipales n’ont pas manqué de représenter cette image : un candidat souriant, sur fond de la ville dont il brigue le mandat. Et la question est posée à tous les passants : l’homme va-t-il conquérir la ville ? Saura-t-il lui plaire, trouver sa confiance ? Ou bien la ville lui sera-t-elle indifférente, ou même hostile ? Jésus va entrer à Jérusalem. L’homme charismatique se présente devant la ville. Y trouvera-t-il un accueil bienveillant, ou hostile ? Va-t-il la conquérir, ou va-t-il y disparaître ? Jésus entre-t-il à Jérusalem comme on entre chez soi, comme si la ville déjà millénaire et royale l’avait attendu depuis toujours ? Ou bien entre-t-il dans la ville comme un assaillant qui sait que la partie va être difficile à jouer ? Incertitude de ce face à face entre Jésus et la ville. On ne sait pas encore ce qui va en résulter. C’est le moment où le parcours de Jésus devient politique, au sens étymologique où ce parcours rejoint l’histoire d’une ville. Et dans ce moment particulier, les Evangiles ménagent comme un instant de suspens, de déséquilibre même. D’ailleurs, Jésus n’est-il pas curieusement installé sur deux bêtes à la fois ? Sur une ânesse et sur un ânon, sur l’ancien et sur le nouveau ? Une fesse sur chacun… Et dans Jérusalem, toute la foule est en émoi. Déjà, lors de la visite des Mages, souvenez-vous : la ville était troublée. Voici que le même trouble revient, plus puissant, plus inquiet : « qui est-ce ? qui est donc cet homme devant la ville ? Que devons-nous donc penser, croire et faire ? Quel choix pour nos vies ? Qu’est-ce qui risque de changer, qu’est-ce qui doit changer, qu’est-ce qui est en jeu dans cette visite ? » L’incertitude a saisi la ville, comme elle doit saisir chacun de nous : « où donc est Dieu aujourd’hui, comment reconnaître sa présence, que faire pour accueillir son projet pour la ville, pour la société dont nous faisons partie ? » « Voici que ton roi vient à toi, humble et monté sur une ânesse et sur un ânon… » En nous rappelant la prophétie de Zacharie, et en confessant ainsi la royauté de Jésus, Matthieu ouvre pour nous trois questions, qui sont autant de pistes à suivre : quelle est l’autorité de ce roi ? quelle est la marque de son pouvoir ? et quelle est sa renommée ? Trois questions bien politiques, vous en conviendrez. L’autorité royale de Jésus Matthieu commence par nous parler de l’autorité royale de Jésus. Dans les ordres que Jésus donne pour préparer son arrivée à Jérusalem, il y a effectivement quelque chose d’autoritaire et de royal. Jésus semble être obéi au doigt et à l’oeil par ses disciples, et il dispose sans aucune gêne du bien d’autrui, comme s’il avait un privilège sur toute chose ! A première vue, il s’agit là d’une autorité directive, et pas très collégiale ni démocratique… Quand on y regarde de plus près, cette royauté a également et surtout des caractères divins. Jésus voit à l’avance ce qui va se passer, où sont les deux bêtes, quelle question va être posée aux disciples qui sont priés de les lui amener… Et ce que Jésus annonce s’accomplit exactement : pour un lecteur de la Bible, c’est une signature du Dieu de la création. Il dit, et la chose est. Jésus est ici dans les habits de Dieu ! Pourtant ne peut-on pas penser que Jésus est aussi, et en même temps, dans les habits de la plus simple fraternité ? Il monte sur des ânes, au ras des gens, à la hauteur de leurs visages, comme un homme fatigué revient du champ sur sa bête de somme. Pas de vitre teintée ni de papamobile, pour ce temps de liesse et de proximité fraternelle, sous les hautes murailles de la ville. C’est Nazareth qui monte à Jérusalem, la province qui monte à Paris, la campagne qui arrive à la ville accompagnée d’odeurs de branches coupées et de poil d’animal… Jésus est avec des disciples, des gens simples de Galilée. Et pourquoi ne pas penser que les propriétaires de l’ânesse et de l’ânon sont bien connus de lui, des sympathisants qui ne s’étonnent pas outre mesure de le voir passer par là et qui sont tout heureux de lui rendre service ? Pourquoi ne pas penser que Jésus leur témoigne là son amitié fraternelle, cette amitié qui sait qu’elle peut sans crainte se reposer sur l’autre en cas de « besoin » (c’est le terme du texte) ? Jésus est à la fois dans les habits du Grand Dieu d’Israël, et dans les habits du galiléen fraternel et entreprenant, qui sait qu’il peut compter sur ses amis de Béthphagé, à quelques pas de Jérusalem. C’est l’esprit de la crèche de Bethléem, qui est toujours là. Et pourquoi ne pas penser que, là où la fraternité et la chaleur amicale se partagent dans nos villes, dans nos villages aujourd’hui encore, quelque chose de la volonté du Grand Dieu de la Bible s’accomplit et se révèle. Que là où quelqu’un ose dire à un autre en vérité « j’ai besoin de toi », un morceau de bonne nouvelle se partage. Le pouvoir royal Mais continuons avec l’Evangile, et avec cette image du vêtement, employée de façon inattendue ! Dans la culture de l’Ancien Testament en effet, le manteau est signe de dignité et de pouvoir, comme l’écharpe d’un maire aujourd’hui. Quand Elie choisit Elisée pour lui succéder, il lui jette son manteau sur les épaules. Les rois portaient un manteau royal, et l’on pourrait donc s’attendre à ce que Matthieu parle ici du vêtement royal de Jésus. Or les vêtements dont il parle sont ceux de la foule, qui s’en dépouille pour que Jésus s’asseye dessus et pour que l’ânon les piétine. Ce n’est pas seulement un gâchis, une dégradation étrange de ce bien si précieux qu’est le vêtement ! C’est le signe d’une humiliation volontaire, le signe que cette foule reconnaît son indignité devant celui qui passe. Presque un geste d’esclave devant son maître. Mais plus encore, n’est-ce pas un geste prophétique, qui annonce le dépouillement que Jésus va bientôt vivre après son arrestation ? On lui enlèvera ses vêtements, et les soldats se les partageront… Jésus apparaît ainsi comme celui qui suscite le dépouillement de soi comme lui-même l’a vécu, le dé-saisissement de sa propre vie pour qu’elle soit sans cesse plus donnée aux autres. Non pas le mépris de soi, mais l’acceptation d’un certain dépouillement pour mieux être au service de l’amour. Le pouvoir de Jésus, c’est celui d’appeler à lui, celui de relever et de susciter la reconnaissance du cœur. Car ce qui frappe, dans ce geste de la foule, c’est son côté spontané, simple, joyeux, exagéré, pas calculé. Un don de soi qui n’est pas le fruit d’une complexe et pénible cogitation intérieure. Un don de soi qui vient de l’élan du cœur, de la reconnaissance et de la joie du moment. Le titre royal Une autorité royale traversée de fraternité ; un pouvoir royal marqué par le dépouillement… Quelle est donc maintenant la renommée royale qui caractérise Jésus ? Elle est exprimée par la louange du peuple. « Hosanna au fils de David ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Hosanna au plus haut des cieux !…» C’est le comité de soutien qui est sûr de la victoire de son candidat ! Ce sont des hommes et des femmes qui sont là, mais on dirait presque des anges ! Et justement : à trop faire l’ange, on suscite des jalousies. Un peu plus tard, dans le temple, des enfants crient encore « Hosanna au fils de David »… avec cette excitation propre à l’enfance qui ne sait pas toujours bien quand il faut s’arrêter ! Or les grands prêtres et les scribes sont indignés. « Tu entends ce qu’ils disent ? » reprochent-ils à Jésus. On ne proclame pas à la légère la royauté de quelqu’un. On ne proclame pas à la légère que le Messie Royal est là, aux portes de Jérusalem ! Ces sont des titres à utiliser avec soin et à bon escient. Quand ils sont donnés à Jésus, ils suscitent la polémique, ces sont des pierres d’achoppement. Témoignage glorieux pour les uns, scandale pour les autres. On sait jusqu’où ce scandale conduira Jésus, et où ce titre de Roi sera cloué : « ici est crucifié Jésus de Nazareth, roi des juifs… » (Matt 27,37). La joie de la fête est provocatrice, elle n’est pas éloignée de la croix, elle la prépare même. La louange du peuple, ce jour là, paraît simple et saine. Elle a pourtant sa part de gravité, comme ces peuples qui, récemment, se sont réjouis d’une libération, et du départ d’un tyran, mais qui savent que tout n’est pas encore gagné et que d’autres adversaires, d’autres armes se préparent un peu plus loin. N’en va-t-il pas ainsi de la louange chrétienne ? Reconnaissance confiante et sincère pour ce que Dieu a accordé, mais sans naïveté, sans oublier que le péché demeure une réalité prégnante, et que tout simplement la vie demeure rude pour beaucoup d’entre nous. Reconnaître la royauté de Jésus, ne peut faire l’économie d’un combat. La cité séculière Dans un livre célèbre écrit il y a 40 ans, « la cité séculière », le théologien baptiste américain Harvey Cox réfléchissait aux rapports entre les Eglises chrétiennes et la cité moderne. La ville dans tout ce qu’elle a de sécularisé, dans tout ce qu’elle a de non religieux, dans tout ce qu’elle a d’anonyme et de mobile. Il affirmait notamment que l’Eglise devait y retrouver « le sens original de sa mission libératrice » à travers trois dimensions : la proclamation, le service et l’unité. Ces trois dimensions ne sont-elles pas présentes dans le récit que nous méditons ? – La proclamation, c’est la louange rendue au Dieu qui libère, malgré les oppositions et les doutes. C’est la renommée royale dont nous avons parlé. – Le service, c’est la préoccupation première de l’autre, le dépouillement de soi en faveur de celui qui est dans le besoin. C’est le vêtement royal dont nous avons parlé. – L’unité, pour Harvey Cox, c’est l’abolition de toute barrière entre les hommes, le fait que chacun puisse se reconnaître semblable à son frère et de même dignité. Ne serait-ce pas ce qui se dit aux Rameaux à travers Jésus divin et humain, roi et frère ? L’autorité royale dont nous avons parlé, cette autorité qui ne se sépare pas de la fraternité ? Ainsi, aux portes de Jérusalem, Jésus se présente à ses disciples et aux auditeurs que nous sommes. Et il nous invite – non pas à voter pour lui – mais à poursuivre son programme : proclamer, servir, réunir.

Dimanche des RameauxTextes : Matthieu 20, v. 29 à 21, v. 11 Psaume 22Ésaïe 50, v. 4 à 9 Philippiens 2, v. 5 à 11Pasteur Eric de BonnechoseTélécharger tout le document

Notes bibliques

Il s’agit ici simplement de quelques notes bibliques, comme on joue quelques notes de musique… quelques réflexions pas très construites, comme on coupe quelques branches pour les poser sur le passage de Jésus. Pas très construites, mais tout de même rassemblées sous la thématique générale du trouble, comme un grand frisson qui parcourt les acteurs de ce récit, avant le temps de la Passion. 1. Jérusalem Les versets 1 et 10, qui encadrent ce passage, mentionnent Jérusalem. Jésus s’en approche, et Jésus y entre. C’est plus qu’un lieu, c’est plus qu’une capitale, c’est une figure. Un peu plus tard, Jésus l’apostrophera comme telle : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes… » (Matt 23,37). Figure chargée de toute l’histoire et de toute l’attente d’Israël, mais aussi figure dont Jésus perçoit immédiatement la menace : « voici que nous montons à Jérusalem, le Fils de l’homme sera livré… » (Matt 20,18). On peut prendre au sens fort les deux verbes utilisés pour l’accès à Jérusalem. D’abord Jésus y « monte » avec ses disciples, comme on accomplit un pèlerinage, avec tous ses cantiques des montées. Il se joint à l’immense foule de tous ceux qui ont accompli ce pèlerinage. Puis Jésus y « entre », dans une mise en scène royale et messianique (Ps 24 ; Za 9,9), et c’est une autre tonalité qui s’impose : celle de la conquête, de l’entrée victorieuse. On peut visualiser cette route où Jésus s’avance accompagné d’un cortège populaire ; une route qui aboutit à la porte de la ville, et Jésus qui entre sous cette porte. Image ambivalente (et quelque peu freudienne ?!) : le lieu où il pénètre est celui qui va l’engloutir. Celui qui entre en vainqueur va être vaincu, mais le lecteur de l’Evangile est appelé à croire qu’il est tout de même vainqueur ! C’est l’ensemble de ce récit qui est ambivalent, selon la foi qui habite le lecteur. Il y a de l’agitation au dehors et au-dedans de la ville, et ce n’est pas la même agitation. Au dehors la liesse, la fête, la célébration. Au-dedans l’émoi : la foule est secoué par un séisme intérieur. Matthieu emploie le verbe grec seiein, d’où vient notre séisme français : secouer, agiter, ébranler. Séisme intérieur qui, chez Matthieu, annonce les deux séismes de la mort et de la résurrection de Jésus (Matt 27,51 ; 28,4). L’Evangile est admirablement construit. A ce moment charnière, où commence le ministère de Jésus à Jérusalem et le récit de la Passion et de la Résurrection, le séisme de la foule rappelle le trouble (verbe tarassein, qui renvoie à l’image d’un bouillonnement) que cette même foule avait éprouvé à Noël (Matt 2,3). D’une effervescence à un séisme : la crise produite à Jérusalem par l’irruption de Jésus s’approfondit et s’accentue. 2. L’ânesse et l’ânon Détail amusant : Jésus semble assis sur deux ânes à la fois ! « Sur une ânesse et sur un ânon, le petit d’une bête de somme… les disciples disposèrent leurs vêtements sur eux, et Jésus s’assis dessus » (T.O.B.). Matthieu, comme souvent, a recours à une citation de l’Ancien Testament pour montrer l’accomplissement des Ecritures en Jésus. Il cite de mémoire, ou bien il emploie une traduction approximative de Zacharie 9,9 qui ne parle (dans le texte hébreu) que « d’un âne, le petit d’un ânon ». Matthieu a-t-il voulu respecter cette traduction parce qu’elle était connue de sa communauté ? Ou bien a-t-il été un peu distrait ?… Ou bien veut-il nous dire autre chose encore ? Nous voilà en tout cas avec deux ânes, alors que les autres Evangiles n’en ont qu’un. Et nous voilà avec Jésus en équilibre inconfortable sur ces deux bêtes ! On peut choisir de donner un peu de sens à cet inconfort, de plusieurs façons. D’abord, en se disant que l’inconfort vient quand Matthieu convoque l’Ancien Testament pour appuyer la reconnaissance de Jésus comme Messie. On sait que cette démarche a été nécessaire et essentielle pour les premiers chrétiens, et qu’elle est un élément de la résurrection : la reconnaissance du ressuscité par les disciples d’Emmaüs se fait après une longue explication : « il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait » (Luc 24,27). Mais la démarche demeure inconfortable : c’est un Messie qui ne colle pas bien à l’image que s’en était faite Israël. Crucifié… L’inconfort de Jésus sur ces deux ânes, c’est l’inconfort du jeune chrétien devant assumer le témoignage de l’Ancien Testament (= l’ânesse ?), et le témoignage de la passion et de la résurrection (= l’ânon ?). Et avant cela, c’est l’inconfort de Jésus, devant assumer dans sa chair ce double témoignage. Le « et » qui relie l’ânesse à l’ânon, c’est un reflet du tiret qui relie Jésus à Christ, à la fois un lien et une question. C’est l’inquiétude et la confession de foi du chrétien. 3. Qui est Jésus ? Il n’est pas surprenant, alors, d’entendre à la fin de ce passage biblique deux expressions bien différentes de la foule à propos de Jésus. D’abord la louange du peuple : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Ensuite la réponse neutre et prudente de la foule à l’émoi de Jérusalem : « c’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. » Est-ce la même foule ? Il est fécond de le penser. Ne sommes nous pas nous-mêmes, dans le balancement de notre foi, et selon les contextes et les interlocuteurs, des louangeurs audacieux (de préférence le dimanche, pendant le culte) ou des commentateurs prudents et instruits (de préférence au travail, ou au supermarché) ? L’inconfort de la confession de foi chrétienne ne nous traverse-t-il pas souvent, au point de nous faire moduler notre façon de parler du Christ ? A moins que cette modulation soit le reflet de nos questionnements, de nos alternances de confiance et d’interrogations, d’affirmation et de réserve ? Balancement entre la louange, qui exprime une liberté, une adhésion, une communion. Et le commentaire distancié, comme on l’entendrait à la télévision : « c’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée ». Balancement entre la filiation spirituelle (le fils de David) et la filiation naturelle et géographique (de Nazareth, en Galilée). Balancement entre l’interprétation messianique, la confession chrétienne dans toute sa hauteur, et l’interprétation réservée : c’est un grand homme, c’est un homme juste et bon, c’est un prophète… La bonne nouvelle de cette histoire, c’est peut-être que Jésus avance, bien que juché sur ces deux ânes. Et que nous pouvons aussi avancer, malgré nos balancements, à travers nos balancements, vers ce lieu où tout va se jouer, se nouer et se dénouer pour nous : la croix. Pistes pour la prédication Une première piste de prédication pourrait partir des 3 séismes dont parle Matthieu (paragraphe 1 de ces notes) : celui de la foule en émoi, avec toutes ses contradictions et ses questions (Matt 21,10). Celui de la croix, signifiant ce qui s’écroule avec la mort de Jésus (Matt 27,51). Et celui de la résurrection, signifiant ce qui est ébranlé par la résurrection (Matt 28,4). En quoi l’Evangile est pour moi un tremblement de terre, qu’est-ce qu’il met à terre et qu’est-ce qu’il construit ? Une autre piste est celle des deux ânes (paragraphe 2 de ces notes), c’est-à-dire de la situation inconfortable de la foi, quand elle se trouve juchée sur deux réalités différentes, ou face à deux exigences différentes. Essayer de sentir et de comprendre ce qui nous tiraille, ce qui nous défie dans l’affirmation que Jésus est le Christ, dans la nouveauté de l’Evangile. Et entendre que le Dieu aimant nous accompagne et nous donne de marcher vers lui. Dans la prédication qui suit, j’ai suivi une tout autre piste, inspirée de l’image d’un homme devant une ville. Comment entendre le fait que, pour la première fois, Jésus approche d’une ville importante ? Comment vivre le fait d’être chrétien dans un milieu urbain, dans une cité d’aujourd’hui ?

Prédication

Matthieu 21, 1-11Un homme pour une ville Jésus entre en politique Un homme et une ville. Un homme devant une ville. Certaines affiches de la récente campagne pour les élections municipales n’ont pas manqué de représenter cette image : un candidat souriant, sur fond de la ville dont il brigue le mandat. Et la question est posée à tous les passants : l’homme va-t-il conquérir la ville ? Saura-t-il lui plaire, trouver sa confiance ? Ou bien la ville lui sera-t-elle indifférente, ou même hostile ? Jésus va entrer à Jérusalem. L’homme charismatique se présente devant la ville. Y trouvera-t-il un accueil bienveillant, ou hostile ? Va-t-il la conquérir, ou va-t-il y disparaître ? Jésus entre-t-il à Jérusalem comme on entre chez soi, comme si la ville déjà millénaire et royale l’avait attendu depuis toujours ? Ou bien entre-t-il dans la ville comme un assaillant qui sait que la partie va être difficile à jouer ? Incertitude de ce face à face entre Jésus et la ville. On ne sait pas encore ce qui va en résulter. C’est le moment où le parcours de Jésus devient politique, au sens étymologique où ce parcours rejoint l’histoire d’une ville. Et dans ce moment particulier, les Evangiles ménagent comme un instant de suspens, de déséquilibre même. D’ailleurs, Jésus n’est-il pas curieusement installé sur deux bêtes à la fois ? Sur une ânesse et sur un ânon, sur l’ancien et sur le nouveau ? Une fesse sur chacun… Et dans Jérusalem, toute la foule est en émoi. Déjà, lors de la visite des Mages, souvenez-vous : la ville était troublée. Voici que le même trouble revient, plus puissant, plus inquiet : « qui est-ce ? qui est donc cet homme devant la ville ? Que devons-nous donc penser, croire et faire ? Quel choix pour nos vies ? Qu’est-ce qui risque de changer, qu’est-ce qui doit changer, qu’est-ce qui est en jeu dans cette visite ? » L’incertitude a saisi la ville, comme elle doit saisir chacun de nous : « où donc est Dieu aujourd’hui, comment reconnaître sa présence, que faire pour accueillir son projet pour la ville, pour la société dont nous faisons partie ? » « Voici que ton roi vient à toi, humble et monté sur une ânesse et sur un ânon… » En nous rappelant la prophétie de Zacharie, et en confessant ainsi la royauté de Jésus, Matthieu ouvre pour nous trois questions, qui sont autant de pistes à suivre : quelle est l’autorité de ce roi ? quelle est la marque de son pouvoir ? et quelle est sa renommée ? Trois questions bien politiques, vous en conviendrez. L’autorité royale de Jésus Matthieu commence par nous parler de l’autorité royale de Jésus. Dans les ordres que Jésus donne pour préparer son arrivée à Jérusalem, il y a effectivement quelque chose d’autoritaire et de royal. Jésus semble être obéi au doigt et à l’oeil par ses disciples, et il dispose sans aucune gêne du bien d’autrui, comme s’il avait un privilège sur toute chose ! A première vue, il s’agit là d’une autorité directive, et pas très collégiale ni démocratique… Quand on y regarde de plus près, cette royauté a également et surtout des caractères divins. Jésus voit à l’avance ce qui va se passer, où sont les deux bêtes, quelle question va être posée aux disciples qui sont priés de les lui amener… Et ce que Jésus annonce s’accomplit exactement : pour un lecteur de la Bible, c’est une signature du Dieu de la création. Il dit, et la chose est. Jésus est ici dans les habits de Dieu ! Pourtant ne peut-on pas penser que Jésus est aussi, et en même temps, dans les habits de la plus simple fraternité ? Il monte sur des ânes, au ras des gens, à la hauteur de leurs visages, comme un homme fatigué revient du champ sur sa bête de somme. Pas de vitre teintée ni de papamobile, pour ce temps de liesse et de proximité fraternelle, sous les hautes murailles de la ville. C’est Nazareth qui monte à Jérusalem, la province qui monte à Paris, la campagne qui arrive à la ville accompagnée d’odeurs de branches coupées et de poil d’animal… Jésus est avec des disciples, des gens simples de Galilée. Et pourquoi ne pas penser que les propriétaires de l’ânesse et de l’ânon sont bien connus de lui, des sympathisants qui ne s’étonnent pas outre mesure de le voir passer par là et qui sont tout heureux de lui rendre service ? Pourquoi ne pas penser que Jésus leur témoigne là son amitié fraternelle, cette amitié qui sait qu’elle peut sans crainte se reposer sur l’autre en cas de « besoin » (c’est le terme du texte) ? Jésus est à la fois dans les habits du Grand Dieu d’Israël, et dans les habits du galiléen fraternel et entreprenant, qui sait qu’il peut compter sur ses amis de Béthphagé, à quelques pas de Jérusalem. C’est l’esprit de la crèche de Bethléem, qui est toujours là. Et pourquoi ne pas penser que, là où la fraternité et la chaleur amicale se partagent dans nos villes, dans nos villages aujourd’hui encore, quelque chose de la volonté du Grand Dieu de la Bible s’accomplit et se révèle. Que là où quelqu’un ose dire à un autre en vérité « j’ai besoin de toi », un morceau de bonne nouvelle se partage. Le pouvoir royal Mais continuons avec l’Evangile, et avec cette image du vêtement, employée de façon inattendue ! Dans la culture de l’Ancien Testament en effet, le manteau est signe de dignité et de pouvoir, comme l’écharpe d’un maire aujourd’hui. Quand Elie choisit Elisée pour lui succéder, il lui jette son manteau sur les épaules. Les rois portaient un manteau royal, et l’on pourrait donc s’attendre à ce que Matthieu parle ici du vêtement royal de Jésus. Or les vêtements dont il parle sont ceux de la foule, qui s’en dépouille pour que Jésus s’asseye dessus et pour que l’ânon les piétine. Ce n’est pas seulement un gâchis, une dégradation étrange de ce bien si précieux qu’est le vêtement ! C’est le signe d’une humiliation volontaire, le signe que cette foule reconnaît son indignité devant celui qui passe. Presque un geste d’esclave devant son maître. Mais plus encore, n’est-ce pas un geste prophétique, qui annonce le dépouillement que Jésus va bientôt vivre après son arrestation ? On lui enlèvera ses vêtements, et les soldats se les partageront… Jésus apparaît ainsi comme celui qui suscite le dépouillement de soi comme lui-même l’a vécu, le dé-saisissement de sa propre vie pour qu’elle soit sans cesse plus donnée aux autres. Non pas le mépris de soi, mais l’acceptation d’un certain dépouillement pour mieux être au service de l’amour. Le pouvoir de Jésus, c’est celui d’appeler à lui, celui de relever et de susciter la reconnaissance du cœur. Car ce qui frappe, dans ce geste de la foule, c’est son côté spontané, simple, joyeux, exagéré, pas calculé. Un don de soi qui n’est pas le fruit d’une complexe et pénible cogitation intérieure. Un don de soi qui vient de l’élan du cœur, de la reconnaissance et de la joie du moment. Le titre royal Une autorité royale traversée de fraternité ; un pouvoir royal marqué par le dépouillement… Quelle est donc maintenant la renommée royale qui caractérise Jésus ? Elle est exprimée par la louange du peuple. « Hosanna au fils de David ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Hosanna au plus haut des cieux !…» C’est le comité de soutien qui est sûr de la victoire de son candidat ! Ce sont des hommes et des femmes qui sont là, mais on dirait presque des anges ! Et justement : à trop faire l’ange, on suscite des jalousies. Un peu plus tard, dans le temple, des enfants crient encore « Hosanna au fils de David »… avec cette excitation propre à l’enfance qui ne sait pas toujours bien quand il faut s’arrêter ! Or les grands prêtres et les scribes sont indignés. « Tu entends ce qu’ils disent ? » reprochent-ils à Jésus. On ne proclame pas à la légère la royauté de quelqu’un. On ne proclame pas à la légère que le Messie Royal est là, aux portes de Jérusalem ! Ces sont des titres à utiliser avec soin et à bon escient. Quand ils sont donnés à Jésus, ils suscitent la polémique, ces sont des pierres d’achoppement. Témoignage glorieux pour les uns, scandale pour les autres. On sait jusqu’où ce scandale conduira Jésus, et où ce titre de Roi sera cloué : « ici est crucifié Jésus de Nazareth, roi des juifs… » (Matt 27,37). La joie de la fête est provocatrice, elle n’est pas éloignée de la croix, elle la prépare même. La louange du peuple, ce jour là, paraît simple et saine. Elle a pourtant sa part de gravité, comme ces peuples qui, récemment, se sont réjouis d’une libération, et du départ d’un tyran, mais qui savent que tout n’est pas encore gagné et que d’autres adversaires, d’autres armes se préparent un peu plus loin. N’en va-t-il pas ainsi de la louange chrétienne ? Reconnaissance confiante et sincère pour ce que Dieu a accordé, mais sans naïveté, sans oublier que le péché demeure une réalité prégnante, et que tout simplement la vie demeure rude pour beaucoup d’entre nous. Reconnaître la royauté de Jésus, ne peut faire l’économie d’un combat. La cité séculière Dans un livre célèbre écrit il y a 40 ans, « la cité séculière », le théologien baptiste américain Harvey Cox réfléchissait aux rapports entre les Eglises chrétiennes et la cité moderne. La ville dans tout ce qu’elle a de sécularisé, dans tout ce qu’elle a de non religieux, dans tout ce qu’elle a d’anonyme et de mobile. Il affirmait notamment que l’Eglise devait y retrouver « le sens original de sa mission libératrice » à travers trois dimensions : la proclamation, le service et l’unité. Ces trois dimensions ne sont-elles pas présentes dans le récit que nous méditons ? – La proclamation, c’est la louange rendue au Dieu qui libère, malgré les oppositions et les doutes. C’est la renommée royale dont nous avons parlé. – Le service, c’est la préoccupation première de l’autre, le dépouillement de soi en faveur de celui qui est dans le besoin. C’est le vêtement royal dont nous avons parlé. – L’unité, pour Harvey Cox, c’est l’abolition de toute barrière entre les hommes, le fait que chacun puisse se reconnaître semblable à son frère et de même dignité. Ne serait-ce pas ce qui se dit aux Rameaux à travers Jésus divin et humain, roi et frère ? L’autorité royale dont nous avons parlé, cette autorité qui ne se sépare pas de la fraternité ? Ainsi, aux portes de Jérusalem, Jésus se présente à ses disciples et aux auditeurs que nous sommes. Et il nous invite – non pas à voter pour lui – mais à poursuivre son programme : proclamer, servir, réunir.