(Reprise)

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Notes bibliques

L’histoire de Zachée est archi-connue, mais qui dit « histoire archi-connue » dit sans doute aussi « lecture convenue ».

Le prédicateur ou la prédicatrice se trouve confronté au défi de rendre cette histoire archi-connue vivante et significative pour ses auditeurs. L’approche narrative proposée par J.-N. Aletti (L’art de raconter Jésus. L’écriture narrative de l’évangile de Luc, Seuil, 1989), mais aussi l’attention portée aux enjeux théologiques et ecclésiologiques et au contexte historique et sociologique qui sous-tendent le récit, dont témoigne le commentaire de F. Bovon (L’Évangile selon Saint Luc 15,1-19,27, Commentaire du NT IIIc, Labor et Fides,2001), nous ont guidé dans notre lecture du récit de la rencontre de Jésus et de Zachée , sans que nous ayons suivi une méthode bien définie. Le commentaire déjà ancien de F. Godet (1872) ainsi que la Lecture de l’évangile de Luc de Ch. L’Eplattenier (Desclée, 1982) nous ont aussi été bien utiles.

 

1. Quelques remarques sur le contexte de la péricope

Lc 19, 1-10 est une petite unité narrative centrée sur la personne de Zachée, mais cette unité est reliée à ce qui précède et à ce qui suit et s’insère dans un ensemble plus vaste –l’évangile de Luc- concernant la personne de Jésus.

 

1. 1. Le contexte large : Jésus en chemin vers Jérusalem 

Les différents épisodes de la vie de Jésus rapportés par Luc entre 9,51 et 19,27 (ou 19,44) s’inscrivent dans le cadre de la montée de Jésus et de ses disciples vers Jérusalem. Si nous sommes en présence d’une certaine unité narrative et dramatique soulignée par quelques sommaires (9,51 ; 13,22 ; 17,11) et par la dernière annonce de la Passion en 18,31-34, l’agencement des épisodes au sein de cette unité n’est pourtant pas évident, ni l’itinéraire suivi par Jésus : on a l’impression, au premier abord, que l’évangéliste a profité de ce cadre assez souple et large pour y faire entrer tous les matériaux qui étaient précieux à ses yeux.

Plusieurs agencements et fils conducteurs ont été proposés :

a) d’après Ch L’Epplatenier (p.121s), une profonde cohérence sous-tend les récits, les discours et les paraboles de la section 9,51 à 19,28. Au cours de la montée de Jésus vers Jérusalem se précise la nature du salut que Dieu offre aux hommes en même temps que se confirme l’appel à suivre Jésus, comme disciple. Il découpe la section en 8 séquences :

  • – l’envoi sur le chemin du Seigneur (9,51-10,37)
  • – l’écoute des vrais disciples (10,38-12,12),
  • – le royaume offert aux petits ((12,13-13,21),
  • – dedans ou dehors (13,22-14,35),
  • – perdus et retrouvés ou la joie partagée ((15,1-32),
  • – Dieu ou l’argent (16,1-17,10),
  • – la foi entre l’acquis et l’attendu (17-11-18,8) et
  • – un bouquet d’images du salut (18,9-19,28)

 

b) Pour D. Marguerat (Introduction au NT, Labor et fides, 2000,p.86ss), la montée vers Jérusalem est avant tout un cadre interprétatif : « Il est un moyen littéraire dont use le narrateur pour placer ses traditions sous l’emblème d’un Jésus qui monte à Jérusalem » (p.93).

En s’appuyant sur les deux sommaires en 13,22 et 17,11, il distingue 3 parties au sein de la section :

    • 9,51-13,21 : l’existence croyante,
    •  13,22-17,10 : l’invitation au Royaume et
    •  17,11-19,28 : face à la fin des temps.

F. Bovon propose la même organisation de la section.

 

c) J.-N. Aletti prolonge la section jusqu’à 19,44. A partir de 19,45 le thème de la montée de Jésus vers Jérusalem fait place à celui de la présence et de l’enseignement de Jésus dans le temple et les pharisiens et la foule, présents tout au long du parcours, cèdent la place aux grands-prêtres, aux scribes et au peuple.

Le fait de rattacher le récit de l’entrée royale de Jésus à Jérusalem (19,29-44) à la section de la montée vers Jérusalem amène J.-N. Aletti à placer l’ensemble de cette section sous le thème de la royauté et du royaume de Jésus : « Les chapitres qui couvrent le voyage constituent en réalité une proclamation du Règne qui vient avec Jésus. Et Luc présente toutes les composantes du thème (9,51-18,30) avant de désigner explicitement l’acteur grâce auquel elles se réalisent, Jésus, nommé et acclamé Roi (cf. 18,31-19,44) (p.122).

Mais si la montée de Jérusalem s’achève avec l’acclamation royale, le récit a aussi une dimension dramatique avec la mise à nu du refus de croire des contemporains et la double annonce de la mort de Jésus (18,31ss) et de la destruction de Jérusalem (19,41ss).

Voici le découpage de la section proposé par J.-N. Aletti :

    • – 9,51-13,21 : le lecteur sait pourquoi Jésus prend le chemin de Jérusalem,
    • – 13,22-18,30 : les disciples et les pharisiens sont informés de la raison qui fait monter Jésus à Jérusalem,
    • – 18,31-19,44 : Jésus annonce aux Douze que Jérusalem sera le lieu de sa Passion.

La manière dont nous définissons les thèmes principaux et l’agencement qui sous-tendent la grande section de la montée de Jésus à Jérusalem détermine notre lecture du récit de la rencontre entre Jésus et Zachée. Mais le récit a aussi sa cohérence propre. Nous voulons maintenant situer ce récit par rapport à son contexte plus proche. 

 

.1. 2. Le contexte proche

Luc 19,1-10 est une péricope bien délimitée. Zachée, qui surgit au v.2 (« Et voici, un homme… »), donne au récit son unité et son originalité, même si Jésus demeure la figure principale avec la conclusion du v.10. Ce récit est par ailleurs bien relié à ce qui précède et à ce qui suit. Le v.11 situe la parabole des mines (Luc 19,11-28) immédiatement après la rencontre de Jésus avec Zachée, toujours à Jéricho ; les auditeurs sont les gens qui murmuraient au v.7. La proximité de Jérusalem est soulignée deux fois (aux v.11 et 28), rappelant l’annonce de la Passion en 8,31.

Depuis 18,31 les épisodes sont placés sous le signe de la proximité de Jérusalem et de la Passion de Jésus. D’autre part, la rencontre de Jésus avec Zachée est très proche, dans l’espace et dans le temps, de la guérison de l’aveugle devant Jéricho (Luc 18,35-43). Luc a sans doute déplacé cette guérison qui chez Marc se déroulait à Jéricho (Mc 10,46-52) pour pouvoir situer la rencontre avec Zachée à Jéricho même. Alors que chez Marc, l’entrée de Jésus à Jérusalem suit immédiatement la guérison de l’aveugle Bartimée,

Luc a intercalé à cet endroit la rencontre avec Zachée (provenant de sa source propre) et la parabole des mines (provenant de la source des logia commune à Luc et à Matthieu ( cf. Mt 25,14-30)). En plus de cette proximité, la guérison de l’aveugle et la rencontre avec Zachée présentent certaines affinités : les gens ou la foule font obstacle à la rencontre ; ici Jésus est identifié comme « Fils de David », là comme « le Fils de l’homme qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». J.-N. Aletti voit dans cette affirmation une allusion à Ézéchiel 34,16 où Dieu est présenté sous les traits d’un berger et d’un roi qui prend soin lui-même des brebis perdues et abandonnées par les rois et les bergers terrestres.

La mention du Fils de l’homme en 19,10 renvoie aussi à celle de 18,31. Le thème de la vue est présent dans les deux récits de l’aveugle et de Zachée. A la proposition de Ch. L’Eplatenier pour lequel 18,9-19,28 est « un bouquet d’images du salut » et à celle de D. Marguerat et de F. Bovon pour qui 17,11-19,27 « est constituée par des paraboles orientées vers l’eschatologie », nous préférons celle de J.-N. Aletti considérant 18,31-19,44 comme une unité narrative concluant la section de la montée vers Jérusalem.

Dans cette unité encadrée par les annonces de la Passion de Jésus et de la destruction de Jérusalem, l’accent est mis sur Jérusalem et sur le règne de Jésus et de Dieu, même si d’autres thèmes, comme celui de l’accueil et du refus du salut, sont également présents. 

 

2. 1. Quelques remarques générales 

En guise d’une première approche, quelques points de vue d’exégètes.

– F. Godet : « Jésus accepte cette apologie de Zachée, qui a bien son prix contre les murmures de la foule : et sans donner la moindre valeur méritoire à ces institutions et à ces aumônes extraordinaires, il déclare que Zachée est l’objet de la grâce divine aussi bien que peuvent l’être ceux qui l’accusent. Son entrée dans sa maison y apporte le salut » (p.275).

– Ch. L’Epplatenier : « La fonction de ce nouveau récit est d’insister sur le second aspect de la conversion. Si ce dernier mot n’est pas dans le texte, les versions qui le mettent en sous-titre n’ont pas tort. Nous allons voir Zachée, autre point d’accrochage avec le récit évangélique global, « faire des fruits conformes à la conversion », comme le réclamait Jean-Baptiste, notamment à la corporation des collecteurs d’impôts (Lc 3, 8 et 12) » (p.206).

– F. Bovon : « Une histoire où s’entrechoquent ou s’articulent mille thèmes lucaniens : la marche, la richesse, le désir de voir, le renversement des valeurs, la rencontre, l’aujourd’hui du salut, l’identité et la mission de Jésus (p.234).

W.P. Loeve : « L’épisode de Zachée représente la quintessence de l’évangile entier » (cité par F. Bovon, p.243).

– J.-F. Aletti : « En finissant par une révélation de Jésus sur lui-même, un Jésus qui sait qui il est, ce qu’il fait, doit faire, pour qui et quand, le narrateur indique immédiatement la portée christologique de l’épisode, ce que confirmera une étude du contexte » (p.23).

 

A la suite de ces points de vue, on peut repérer essentiellement deux débats qui dominent l’interprétation de Luc 19,1-10. Suscité par le commentaire de F. Godet, le premier débat concerne l’interprétation de l’affirmation de Zachée au v.8 : « Voici, Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait une fausse déclaration contre quelqu’un, je lui rends le quadruple ». La phrase étant au présent, un temps utilisé pour désigner une action qui dure ou se répète, des exégètes soutiennent à la suite de F. Godet que Zachée défend sa probité, il fait l’apologie de sa conduite ; il a toujours agi conformément à la loi, malgré les suspicions qui pèsent sur lui et sur sa corporation. Jésus ne fait que restaurer la dignité et la vérité de cet homme anéanti par la rumeur. Pour Ch. L’Epplatenier, cette interprétation est « un grave contresens, qu’interdit la logique du récit comme tout le contexte lucanien. Le verbe au présent exprime une décision prise à l’instant, conséquence de la rencontre bouleversante avec Jésus, ce que soulignera le nouvel « aujourd’hui » de la déclaration finale » (p.206). Les deux lectures sont possibles grammaticalement et elles ne sont peut-être pas si exclusives l’une de l’autre. F. Godet a aussi soulevé la question du « paulinisme » de ce récit qu’il a attribué à une source araméenne (l’expression redondante « un homme appelé du nom de » au v.2 et l’accumulation des « et » font penser à une traduction d’un original sémitique). « Luc me paraît se situer théologiquement -écrit F. Bovon (p.243)- entre l’apôtre Paul et Jacques, l’auteur de l’épître. » Un second débat concerne les rôles respectifs de Jésus et de Zachée. J.-N. Aletti écrit : « Selon que l’on fait de Zachée ou de Jésus le protagoniste de l’épisode, l’interprétation change. Dans le premier cas, le récit semble devoir insister sur le bénéficiaire du salut, sur son itinéraire et sa transformation, laquelle se manifeste au niveau éthique par l’attention aux pauvres. Dans le second, le récit pointera le regard sur Jésus, qui porte le salut et a conscience d’être envoyé pour cela. Les 2 hypothèses ont leurs tenants… » (p.20).

Les uns, comme Luther, sont attentifs à la quête de Zachée et à sa découverte du salut dans la rencontre avec Jésus ; les autres, en tenant compte du contexte, sont davantage attentifs à la personne et à la mission de Jésus, à la dimension christologique du récit. Pour F. Bovon, la question «Jésus ou Zachée ? » est liée à celle du genre littéraire : à quel type de récit avons-nous affaire ? « Quand ils considèrent Zachée comme le principal protagoniste, les exégètes tour à tour comprennent l’épisode comme un apophtegme biographique, une légende personnelle, une histoire de conversion ou un récit de quête. Quand ils sont impressionnés au contraire par l’attitude et les sentences du Maître, ils parlent d’une histoire de Jésus. Quand ils sont sensibles enfin à la polémique, ils rangent la scène parmi les controverses ou les récits apologétiques» (p.236.). Mais l’art du récit ne réside-t-il pas justement dans la combinaison de plusieurs points de vue : deux affirmations concernant la marche et la venue de Jésus (v.1 et 10) encadrent un récit centré sur la quête, la rencontre et la découverte de Zachée. De Jésus, notre attention est portée vers Zachée, et de Zachée de nouveau vers Jésus. Nous concluons ces remarques introductives en évoquant la manière dont F. Bovon, qui ne renonce pas à l’exégèse historico-critique, conçoit la relation du récit avec son contexte historique, ainsi que l’histoire de la tradition et de la rédaction. Derrière ce texte, il y a une histoire, une tradition, une communauté en débat, un texte en devenir… Et la visée du texte est aussi d’agir sur la vie de la communauté, sur la façon dont elle se comprend et sur son témoignage vers l’extérieur. F. Bovon suppose 4 phases ou niveaux dans l’histoire de la tradition et de la rédaction qui a abouti au récit lucanien de la rencontre de Jésus avec Zachée (p.337s) :

    • Un niveau archaïque : un récit gardant le souvenir de l’aventure arrivée à Zachée, le petit et puissant chef des péagers de Jéricho, chez qui Jésus est venu loger.
    • Un 2e niveau : le récit devient un récit de vocation et de controverse comparable à celui de Lévi en Luc 5,27-32.
    • Un 3e niveau : le récit est recueilli dans la source propre de Luc. A ce stade, la présence et le statut des riches dans la communauté chrétienne font problème. Le récit justifie la présence des riches à condition qu’ils rencontrent le Christ et mettent leurs biens au service des autres.
    • Un 4e niveau : Luc retouche le récit et l’insère dans son évangile, il souligne (v.10) le rôle salvifique de Jésus qui, tel un berger, cherche les brebis perdues d’Israël.

Cette reconstitution hypothétique mais assez vraisemblable de la préhistoire du récit tente de rendre compte du mélange de genres. 

 

.2. 2. Analyse de détail 

v. 1 Entré dans la ville de Jéricho, Jésus (son nom n’est pas rappelé, ce qui situe ce récit à la suite du précédent) a l’intention de la traverser sans s’arrêter. La sécheresse du propos contraste avec la louange du peuple qui concluait la guérison de l’aveugle (18,43). A propos de Jéricho, cette petite notice extraite du Dictionnaire du Nouveau Testament de Xavier Léon-Dufour (p 311) : «Site néolithique. Appelée aussi «ville des palmiers », reconstruite avec magnificence par Hérode le Grand près des ruines d’une cité cananéenne du même nom, dans une oasis très fertile de la profonde dépression du Jourdain. Elle est reliée à Jérusalem à travers le désert de Juda par 37km d’une route escarpée favorable au brigandage ».

v. 1 Un homme fait irruption de manière inattendue. Sa présentation maladroite se fait en trois traits : son nom, sa profession et sa situation économique, conséquence de son activité. Zachée est un nom sémitique signifiant « celui qui est pur ». Le chef péager est le patron de plusieurs collecteurs d’impôts. « Il devait y avoir à Jéricho –écrit F. Godet (p.272)- un bureau de péage principal, tant à cause de l’exportation du baume qui croissait dans cette oasis, et qui se vendait dans tous les pays du monde, qu’en raison du transit considérable qui avait lieu sur cette route, par laquelle on allait de Pérée en Judée et en Égypte ». La richesse de Zachée est mise en relation avec sa profession : les deux caractérisent son image à Jéricho. J.-N. Aletti souligne le caractère neutre de la présentation de Zachée par le narrateur. Ce sont les autres personnages du récit, la foule et Jésus, qui par la suite vont porter un jugement sur sa personne en l’appelant “pécheur” ou “fils d’Abraham » (p.20). A partir d’une première présentation sommaire, Zachée va se dévoiler progressivement au lecteur, au travers de ses gestes et de ses paroles, des paroles de Jésus et de la foule, jusqu’à la déclaration finale de Jésus : « lui aussi est un fils d’Abraham ».

v. 3 En même temps que Zachée est présenté comme quelqu’un en recherche (il veut voir Jésus, voir qui il est), les obstacles qui entravent sa recherche (la foule, sa petite taille) sont évoqués. Si Zachée cherche à voir Jésus, c’est aussi parce qu’il ne le connaît pas. A la différence des disciples (9,18-22), il ne sait pas qui est Jésus. Le verbe « chercher », écrit F. Bovon, est important chez Luc et peut désigner la quête de la vérité, de la santé, d’un sens à la vie ou du salut (p.240). On peut faire un parallèle avec Hérode qui lui aussi « cherchait » à voir Jésus (9,9). Dans son enseignement sur la prière, Jésus avait dit : « Cherchez et vous trouverez » (11,9). Même si le premier mobile de la recherche de Zachée est la simple curiosité, il y a derrière cette curiosité un mobile plus profond que le lecteur ne découvre que progressivement, en même temps que la personne de Zachée lui est dévoilée. Il est frappant, note J.-N. Aletti, que l’évangéliste ne dise pas d’emblée la vraie raison qui empêche Zachée de voir Jésus, à savoir sa mauvaise image de pécheur auprès de la foule, et avance la petitesse de sa taille (p.21). Mais celle-ci suffit provisoirement pour expliquer son geste.

v. 4 « La petitesse de Zachée explique bien sûr le geste de grimper sur un arbre », écrit F. Bovon (p.240). Zachée contourne l’obstacle de la foule et supplée à sa petite taille par deux gestes : « courir en avant » et « monter sur un sycomore ». Sa motivation se renforce : voir Jésus, ne pas rater son passage à Jéricho qui est une occasion unique. L’attitude de Zachée illustre et préfigure l’acclamation que la multitude réservera à Jésus à Jérusalem : « Béni soit celui qui vient… » ; pour Zachée, la venue de Jésus est comme une bénédiction qu’il ne veut pas manquer. Il faut associer les gestes de Zachée (chercher à voir, courir, monter) à ceux de Jésus (entrer, traverser, venir). A propos du sycomore : « Inconnu en Occident, ce sycomore est une essence qui croît en plaine, ne perd pas son feuillage, possède un large tronc court et de grosses branches basses largement étalées. Il n’était donc pas difficile d’y grimper » (F. Bovon, p. 241).

v. 5 De Zachée et de sa quête, nous revenons à Jésus qui s’avance vers le lieu où se trouve Zachée. La réalité dépasse l’attente : non seulement Zachée voit Jésus passer, mais celui-ci aussi le regarde, et en plus l’interpelle par son nom : « Zachée ». F. Godet a tenté de gommer le côté surnaturel de cette scène : « Jésus fut-il rendu attentif à sa présence sur l’arbre par les regards du peuple qui se posèrent sur lui ? Entendait-il en même temps prononcer son nom dans la foule ? Dans ce cas, il n’est nullement nécessaire de voir, dans l’allocution de Jésus, l’effet d’un savoir surnaturel » (p.273). F. Bovon n’hésite pas à parler de l’ « omniscience surhumaine » de Jésus (p.241). « Laissant de côté toute reconstruction de type historique ou psychologique, nous devons répondre ici en termes de stratégie narrative » écrit J.-N. Aletti (p. 23 ) Celui-là même que Zachée cherche à voir et dont il ne sait pas qui il est le connaît et porte son regard sur lui. En fait, c’est Jésus qui est venu chercher Zachée. L’importance accordée au voir (le verbe « voir » revient plusieurs fois dans les v.1-7) rapproche le récit de Zachée de celui de l’aveugle qui le précède : « deux itinéraires vers la lumière, deux destins différents, mais qui dévoilent un pan nouveau de l’identité de Jésus », écrit J.-N. Aletti (p.33).Le fait de voir Jésus et de le confesser comme Seigneur (v.8) conduit Zachée à voir également ses prochains.

Alors que l’aveugle guéri suit Jésus comme disciple (18,43), Zachée restera dans sa maison, mais il voit désormais ses prochains et sa propre richesse avec d’autres yeux. A l’injonction, « hâte-toi de descendre », suit une affirmation de Jésus qui motive cette injonction, « car aujourd’hui, il me faut demeurer dans ta maison ». Le récit se poursuit sous le signe du mouvement et de l’urgence mais, cette fois-ci, l’initiative appartient à Jésus qui demande à Zachée de faire le mouvement inverse (descendre) de celui qu’il a fait (courir et monter) par crainte de la foule. La parole de Jésus opère un changement dans la vie de Zachée : il montait dans le sycomore pour se cacher, voilà qu’il est appelé à descendre ; il évitait la foule, voilà qu’il va être joyeux et se tenir debout face à la foule, devant Jésus. Les termes « aujourd’hui » et « il faut » disent la manifestation du salut ici et maintenant, dans le mouvement de la venue de Jésus. La venue de Jésus et la quête de Zachée convergent et aboutissent dans le fait que Jésus va demeurer dans la maison de Zachée ; c’est une métaphore du salut comme le soulignera le v. 9. Il y a un contraste entre les verbes de mouvement du début et le verbe « demeurer » au v.5.

Recherché par Zachée, proposé dans la venue de Jésus, le salut devient une réalité dans l’expérience de la rencontre et de la foi. Le terme «maison » ne désigne pas seulement le lieu où se manifeste et se réalise le salut, mais encore la manière dont le salut se réalise, comme le remarque Ch. L’Epplatenier, « Ce n’est pas le salut d’une âme, mais celui d’un homme avec toute sa dimension sociale » (p.207). Il faut aussi, avec J.-N. Aletti (p.24 ), se rappeler que la maison de Zachée est un lieu impur, frappé d’interdit : c’est ce lieu impur, signe d’exclusion, que le salut vient investir.

v. 6 La réponse de Zachée ne tarde pas, elle s’exprime au travers de ses gestes et de ses émotions. Il descend, il accueille Jésus, il est joyeux. Ces verbes, qui font penser aux paraboles de Luc 15, disent l’accueil et l’expérience du salut ; accueilli par Jésus, Zachée l’accueille à son tour dans sa maison. 

v. 7 « Le bonheur de l’un provoque l’aigreur des autres » (F. Bovon, p.241) : les murmures de tous (faut-il inclure les disciples non mentionnés dans ce récit parmi ceux qui murmurent ?) rappellent les murmures des pharisiens et des scribes en 15,2, voyant Jésus accueillir les pécheurs et manger avec eux. Alors que le péager de la parabole (18,9-14) se reconnaissait lui-même comme pécheur, ici ce sont « tous » qui désignent Zachée comme pécheur, ils dévoilent la vraie raison de son isolement. Mais leurs reproches s’adressent avant tout à Jésus (on peut noter qu’ils parlent de Jésus à la troisième personne) : « S’il y a quelque chose de choquant ici pour les foules, ce n’est pas le statut de Zachée, mais l’initiative de l’autre. Dans son laconisme, l’observation « il est allé manger chez un pécheur » laisse place à tous les sous-entendus : un prophète réagirait-il ainsi (Luc 7,39) ? » (J.-N. Aletti, p.22). 

v. 8 Face aux murmures de la foule, Zachée se tient debout et s’adresse à Jésus, mais aussi à la foule. Aussi bien le narrateur que Zachée désignent Jésus avec le titre « Seigneur », qui est celui de la confession de la communauté chrétienne. Nous avons déjà évoqué le débat autour des présents « je donne » et « je rends » : Zachée rappelle-t-il l’attitude qui a toujours été la sienne (F. Godet) ou dit-il son intention, sa volonté qui découle de sa rencontre avec Jésus (Ch. L’Epplatenier, F. Bovon, J.-N. Aletti) ? S’il est vrai que l’image de pécheur de Zachée auprès de la foule cache autant qu’elle révèle son identité – il est et n’est pas à la fois cette image, il est à la fois juste et pécheur, comme dirait Luther, il n’est pas non plus possible de « sauver » Zachée en disant, comme le fait F. Godet : « Dans un métier comme le sien, il était facile de commettre des injustices involontaires. D’ailleurs Zachée avait sous ses ordres beaucoup d’employés dont il ne pouvait répondre » (p.275). Dans la proposition conditionnelle, « si j’ai fait une fausse déclaration contre quelqu’un », Zachée n’exprime pas une éventualité, mais un fait (le verbe est à l’indicatif). Faut-il parler, avec F. Godet, d’apologie de Zachée ou le terme de confession est-il plus approprié ? Nous comprenons sans doute ce verset selon notre orientation théologique, mais il nous faut nous rappeler, avec F. Bovon, que Luc et sa communauté cherchaient sans doute à réconcilier Paul et Jacques, les différentes traditions dont ils étaient les héritiers, quant à la manière d’accueillir les riches dans la communauté. Si la promesse de Zachée est en deçà de ce qu’exigeait jusqu’ici le Jésus lucanien de ses disciples, à savoir « une mise à disposition de tous les biens » (F. Bovon, p.242, cf. 12,33 ; 14,33 ; 18,22), elle dépasse par contre ce que prescrivait la loi mosaïque (Ex 22,3.6 ; Lv 5,21-24 ; Nb 5,6-7) ; elle équivaut à une généralisation d’Exode 21,37 prescrivant la restitution de 4 moutons en compensation d’un mouton volé. « Cependant le texte insiste moins sur le respect des lois que sur la générosité de Zachée » (F. Bovon, p.243). Le verbe sukophanteô a comme sens précis celui de « faire une fausse déclaration au tribunal » et comme sens plus large celui de faire du tort à quelqu’un. Ici, il faut sans doute le prendre avec son sens précis, alors qu’en 3,14, dans la recommandation de Jean-Baptiste aux soldats, il avait un sens plus général.

v. .9-10 Le récit se termine avec deux paroles de Jésus ; la seconde a une portée plus générale et renvoie à celles de 5,32 et de 9,55 (présente seulement dans certains manuscrits). Le verset 9a reprend le v.5 : la venue et la présence de Jésus sont associées à la manifestation du salut, le lien avec la maison est souligné. Il ne faut sans doute pas comprendre (contre F. Godet) l’expression « fils d’Abraham » à la manière de Paul qui lui donne un sens spirituel et large (par le Christ et la foi en Christ, les païens sont faits descendants d’Abraham, Ga 3,6ss, Ro 4,1ss). Jésus a plutôt en vue ici « les brebis perdues d’Israël » (cf. v.10). Zachée faisait partie de ces brebis perdues d’Israël. Mais, parce que Jésus l’a cherché et par sa conversion, il a retrouvé sa place parmi les descendants d’Abraham, comme la femme guérie et remise debout (Luc 13,10ss). Il produit désormais les fruits qui témoignent de sa conversion, les fruits qui sont indissociables de sa qualité de fils d’Abraham (cf. 3,8). Dans la parole finale du v.10, Jésus ne s’attribue pas le titre de Seigneur, mais celui de Fils de l’homme ; ce titre, en même temps qu’il renvoie à la Passion de Jésus (18,31ss), est associé ici aux verbes « venir », « chercher » et « sauver » et au terme « ce qui est perdu », verbes et termes qui disent, chez Ézéchiel (34,16) l’action de Dieu en faveur du peuple délaissé par ses responsables. « La fonction attribuée ici au Fils de l’homme correspond à celle que Dieu, le berger d’Israël, assume en s’associant à David, son serviteur dans la prophétie d’Ézéchiel » (F. Bovon, p.244). F. Bovon et J.-N. Aletti y voient une allusion à la royauté messianique de Jésus que Jérusalem a refusé de reconnaître, mais que des aveugles, des péagers et des pécheurs ont confessé en même temps qu’ils ont, par la foi, fait l’expérience de l’œuvre salvatrice de Dieu. 

 

Prédication

Quel est donc ce singulier personnage appelé Zachée dont nous parle l’Évangile d’aujourd’hui ?

Nous pensons bien le connaître après avoir entendu l’histoire de sa rencontre avec Jésus, rapportée par l’évangéliste Luc. Il nous est présenté de manière si vraie et si vivante, avec ses élans et ses peurs. Nous avons assisté à sa rencontre inattendue avec Jésus, moment chargé d’émotion, de joie et de spontanéité. Et au travers de cette rencontre, nous avons aussi appris des choses sur sa vie, son passé et ses relations, des choses qu’il portait comme un fardeau. Nous avons en outre entrevu l’avenir plus lumineux qui s’ouvrait pour lui après cette rencontre. Nous gardons de lui l’image d’un homme joyeux et généreux. Zachée n’a donc plus de secret pour nous. Pourtant est-ce bien le cas ? Sommes-nous si sûrs de le connaître ? Ne serait-ce pas une illusion ? Qu’est-ce donc que connaître quelqu’un ? Qui, de la foule qui le traitait de pécheur ou de Jésus qui l’appelait « fils d’Abraham », a vraiment connu Zachée ? Et nous ? Pouvons-nous dire qui fut cet homme et ce qu’il a vécu au plus profond de lui-même ?

Zachée, dans cette histoire, se révèle à nous au travers de plusieurs voix, au travers de sa propre voix, mais surtout au travers des voix du narrateur et des autres personnages de l’histoire, la foule et Jésus. Son identité est constituée par toutes ces voix plus ou moins discordantes qui se font entendre au fil de l’histoire. Si ces différentes voix nous révèlent Zachée, elles nous le cachent tout autant : chaque voix en effet comporte une part de silence, une part de non-dit. Si par exemple le narrateur tait la véritable raison qui empêche Zachée de voir Jésus, sa petite taille n’étant qu’un élément secondaire, l’opinion exprimée par la foule, « c’est un pécheur », si elle révèle la cause de son exclusion, est aussi comme un écran qui nous cache l’identité de cet homme. Peut-on dire de la déclaration finale de Jésus, « lui aussi est un fils d’Abraham», qu’elle nous révèle enfin la vraie personnalité de Zachée, Jésus sachant ce qu’il y a dans l’homme (Jean 2, 25) ? Mais le sens de la déclaration de Jésus n’est sans doute pas de mettre en lumière la vraie personnalité de cet homme injustement méprisé par la foule ; elle exprime plutôt le regard bienveillant que Dieu porte sur Zachée.

 Zachée reste en fin de compte une énigme pour nous, tel –si la comparaison n’est trop incongrue- un personnage de roman policier dont l’auteur, jouant avec le lecteur, se plaît à la fois à révéler et à cacher l’identité. Essayons donc, tel un détective, de faire le point sur les informations dont nous disposons au sujet de Zachée, en précisant bien les sources de nos informations. Il y a d’abord ce que l’évangéliste ou le narrateur nous apprend de lui. Il s’appelle Zachée, il est le chef des collecteurs d’impôts à Jéricho, il est riche –il doit sans doute y avoir un lien entre sa fortune et son métier, il est de petite taille. Il a cherché à voir Jésus lorsque celui-ci, en route vers Jérusalem, traversait Jéricho avec le groupe de ses disciples ; à cause de la foule compacte rassemblée le long de la rue, il a couru en avant et escaladé un sycomore pour voir Jésus qui devait passer à cet endroit. Or, pour une raison inconnue, Jésus s’est arrêté, a commandé à Zachée de descendre de l’arbre et a fait une halte chez lui, dans sa maison. Zachée était visiblement heureux de pouvoir accueillir chez lui le prophète de Nazareth, de passage dans sa ville. Aux informations de l’évangéliste, il nous faut joindre celles que nous avons entendues dans la foule ; tous disaient, en effet, en murmurant, lorsque Jésus se rendait chez Zachée : « c’est chez un pécheur qu’il est allé loger ».

Pour les habitants de Jéricho, le cas de Zachée est entendu, ils le rejettent et le condamnent unanimement. Nous supposons que sa fortune doit leur paraître suspecte. Son métier, qui l’amène à collaborer avec le pouvoir romain et qui est souvent associé à des pratiques frauduleuses, le rend odieux à leurs yeux. Il est pour eux comme un homme sans loi, un hérétique ou un païen qu’on évite de fréquenter. La charge que fait peser la foule sur Zachée est lourde, mais ne condamnons pas l’homme avant que nous l’ayons entendu lui-même. Nous avons son témoignage ; n’est-ce pas sa propre parole qui révèle le mieux l’identité et la vérité d’un être humain ? Or voilà ce que Zachée, réagissant aux murmures de la foule, a déclaré en présence de Jésus : « Voici, Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait une fausse déclaration contre quelqu’un, je rends le quadruple ». La déclaration est faite avec assurance, une assurance qui est surprenante pour quelqu’un qui nous a été présenté comme un homme craintif et louvoyant, évitant les confrontations directes. Le narrateur a d’ailleurs souligné cette assurance de Zachée en précisant qu’il se tenait debout lorsqu’il fit sa déclaration, alors que jusque-là, il n’avait cessé de bouger et de se cacher des autres. Faite avec assurance, la déclaration exprime aussi clairement l’intention de Zachée, son souci de la justice, sa générosité, sa compassion envers les pauvres et les victimes d’un pouvoir dur, sans égards pour les administrés.

Mais à y regarder de plus près, sa déclaration n’est pas sans ambiguïté. Que nous apprend-elle exactement sur Zachée ? Reconnaît-il ses torts, ses entorses à l’égard de la Loi, tout en s’engageant devant Jésus et la foule à respecter dorénavant le droit et à se montrer généreux et compréhensif envers ses concitoyens pressurés par le pouvoir romain ? Ou, selon l’interprétation de certains, clame-t-il son innocence face à la foule, en prenant Jésus comme témoin ? N’est-il pas lui-même victime de la calomnie et de la rumeur, de la mauvaise image qui colle à son métier et des préjugés qui sont associés à la richesse ?

Ne faut-il pas comprendre sa déclaration, selon les termes d’un exégète du 19e siècle, François Godet, comme une apologie, comme une protestation contre l’opinion commune qui fait de lui un personnage malhonnête, opportuniste et sans cœur, alors qu’il essaie de mener sa vie et de faire son travail le plus scrupuleusement possible ?

Bref, Zachée est-il ce pécheur invétéré que la foule a désigné, mais que la rencontre avec Jésus a converti et transformé ou est-il, contrairement à ce que tous disent et pensent, un homme honorable et généreux, un homme qui, en tout cas, n’est pas pire que les autres et ne mérite pas l’ostracisme dont il est l’objet ? Du Zachée coupable ou du Zachée vertueux, lequel choisir ? Il reste pour nous, au delà de sa déclaration, un personnage complexe et énigmatique. L’étiquette « pécheur » que la foule lui a accolée ne saurait résumer son identité et sa propre parole ne nous révèle pas sans ambiguïté qui il est.

Entre toutes ces voix discordantes, le véritable Zachée se soustrait à notre investigation. Peut-être la célèbre formule de Luther, qui n’est que le constat de notre perplexité face à ce qui fait la vérité d’un être humain, pourrait-elle s’appliquer à Zachée : à la fois juste et pécheur ? Telle semble être la conclusion provisoire de l’enquête que nous avons menée au sujet de Zachée.Mais il nous reste à convoquer un dernier témoin, Jésus. Nous nous rappelons bien la dernière parole qu’il a dite avec autorité à la foule en désignant Zachée : « Lui aussi est un fils d’Abraham ». Il a aussi dit que le salut était venu pour la maison de Zachée. Jésus a-t-il voulu dire aux gens de la foule que Zachée avait le droit d’être là au même titre qu’eux tous ? Il semble bien qu’il ait rendu à Zachée sa qualité de citoyen et même d’être humain, qui lui avait été déniée. A la différence de tous les autres, Jésus aurait-il vraiment su ce qui était dans le cœur de Zachée, ce qu’il était en vérité, quelle a été sa conduite ? Serait-ce sur la base de cette connaissance intime de Zachée qu’il l’aurait réhabilité ? N’a-t-il pas prouvé son omniscience, sa connaissance de toute chose, lorsqu’il a appelé Zachée par son nom, sans l’avoir jamais vu auparavant ? Pourtant, le sens de la déclaration de Jésus n’est pas sans doute à chercher dans la véritable identité de Zachée que Jésus aurait été le seul à connaître, mais plutôt dans la propre identité de Jésus qu’il a lui-même proclamée : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».

C’est à partir de son identité de Fils de l’homme, venu chercher et sauver ce qui était perdu, que Jésus a pu dire à Zachée une parole qui libère et qui guérit, une parole qui a conféré une identité et un lieu à cet homme en recherche, sans identité et sans paix. 

 

Thématique : Zachée/Identité/Enigme/Figure du pécheur et du juste/Jésus révélateur identité et libérateur/