Textes : Actes 18, v. 18 à 28 Ps 15Genèse 18, v. 1 à 10 Colossiens 1, v. 24 à 28 Luc 10, v. 38 à 42Pasteur Jean-Luc CremerTélécharger le document au complet
A la lecture de ce texte, voilà quelques pistes de réflexion.* Ne pas opposer les Marthe et les Marie. Elles habitent toutes les deux en nous.* Pas de jugement de la part de Jésus. Mais il s’agit d’être à sa place au bon moment. Celle-ci varie selon les lieux, les temps de la vie, les personnes avec qui nous sommes.* Alors que Jésus est en route, il s’arrête dans une maison. La route c’est celle qui va à Jérusalem où il va mourir. Jésus pourtant toujours accompagné est seul. Dans cette agitation, Marie est assise et elle prend le temps de l’écouter. Elle sait qu’il ne sera pas toujours là.* Il y a aussi un face à face qui n’a pas lieu. On aimerait que Marthe et Marie se parlent. Mais dans l’histoire Marthe s’adresse à Jésus et celui-ci lui répond. Marie elle ne prend pas la parole.* Élargissement du texte avec la fratrie Caïn – Abel et la question : qu’as-tu fait de ton frère ? Question de la jalousie.* Se poser aussi la question de ce qu’est la bonne part, la seule chose importante, face aux nombreuses autres occupations.* On peut aussi faire le parallèle avec « il y a un temps pour toutes choses » Ecclésiaste 3, 1.Bibliographie : – Parole pour chacun, Éditions Olivetan. Elia Cuvillier. P. 104 – 110 – Revue Lire & Dire N°36 1998/2 Rédigé par : Alain Monnard
Nous sommes en présence ce matin de ce texte bien connu des paroissiens où Jésus est reçu dans la maison de Marthe. Cette dernière habite avec sa sœur Marie et d’autres textes nous précisent que Lazare leur frère vit aussi avec eux. Je vous propose d’aborder cette courte histoire, à travers trois temps. Le premier, Marthe et Marie, deux sœurs différentes. Ensuite Jésus fait halte alors qu’il est en chemin. Et enfin, nous terminerons par cette question : qu’as-tu fait de ton frère ? Dans la maison où Jésus et ses amis sont reçus, deux sœurs habitent. Marie est là, complètement passive, elle se contente d’écouter les paroles de Jésus. Marthe, l’autre sœur, consciente de ses responsabilités d’hôtesse s’active pour servir le maître, afin que tout se déroule le mieux possible. Surgit alors cette parole : « Seigneur tu ne te soucies pas de ce que ma sœur me laisse faire le travail toute seule ? Dis-lui donc de m’aider. » Pourquoi serait-ce toujours les mêmes qui se fatiguent ? Et là, face à cette plainte complètement compréhensible et justifiée, voilà la surprenante et choquante réponse de Jésus : « Marie à choisi la bonne part. » Oui Jésus dit que celle qui reste assise et qui se contente d’écouter a fait le bon choix ! Très rapidement nous pourrions alors nous laisser tenter par le piège qui oppose les contemplatifs des actifs, comme si les uns étaient supérieurs aux autres, comme si certains étaient meilleurs que d’autres. Chacun est régulièrement partagé entre ces deux façons de vivre et d’agir. Mais il ne s’agit pas de faire parti d’un groupe ou d’un autre, mais plutôt de réaliser que ces deux possibilités se retrouvent toujours dans nos propres vies. Nous sommes tour à tour, selon les lieux, les moments de notre vie, nos centres d’intérêts, nos humeurs du moment, les gens avec qui nous sommes, passifs ou actifs, à l’écoute ou au service. Il y a des temps de notre vie où nous recevons beaucoup, d’autres où nous donnons beaucoup. L’épisode de ce matin ne nous dit pas non plus ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire lorsque nous recevons quelqu’un, serait-il Jésus lui-même. Il met en scène, deux façons d’exister devant l’autre, de comprendre son existence devant Dieu et devant les hommes qui nous sont donnés de rencontrer. Du coup, la présence de ces deux femmes nous donne deux images de l’existence humaine. Marthe, vers qui va souvent notre sympathie. Elle nous représente si bien en effet. Sa vie voudrait s’épanouir dans ce qu’elle fait. Elle occupe une place importante sans qui la maison ne « tournerait pas rond ». Marthe est indispensable pour les autres, elle est un véritable pilier sans qui la famille, les associations caritatives ou sportives dans les quelles elle est impliquée, l’église locale, ne vivraient pas. Tout repose sur elle ! Elle est indispensable pour les autres et les autres lui sont indispensables. Elle a besoin du regard des autres, de leur compréhension et comprend difficilement que ces derniers ne s’enthousiasment pas autant face à leur travail, leur implication, leur peine et leurs engagements. Mais il faut bien comprendre que Marthe, n’est pas l’autre à côté de moi. Marthe s’est l’individu qui, en chacun de nous existe par et pour ce qu’il fait. Nous avons tous une place, une image à défendre dans la société. Et nous souhaitons que ceux qui nous entourent acceptent cette image que nous donnons de nous. La souffrance vient alors, lorsque ce que nous voulons faire voir semble rencontrer l’indifférence ou l’opposition. Marie représente ici une autre image de la vie qui ne se construit pas sur un faire, ou un paraître, mais sur l’écoute de la parole du Christ. Il ne s’agit pas alors de faire telle ou telle chose, mais plutôt d’être appelé. Il ne s’agit pas d’essayer de prouver aux autres différentes qualités afin d’être reconnu et aimé, mais comme un enfant qui reçoit son nom de ses parents, comprendre que l’on est reconnu d’abord parce qu’un Autre nous a appelé et aimé le premier sans avoir à prouver quoi que ce soit. Marthe et Marie sont donc deux exemples de compréhension de la vie qui s’interrogent continuellement sur la façon d’être présent devant Dieu, les autres et lui-même. Marthe est la personne en nous qui pense que c’est par ses actions liées au savoir, à la possession, à l’action en générale qu’elle peut exister. Marie est la personne en nous qui peut exister en recevant de Dieu une parole qui ne me demande rien d’autre que de me savoir aimé et reconnu tel que je suis. Cette histoire dans la maison de Marthe, se situe alors que Jésus est en chemin. Oui Jésus est en route vers Jérusalem. Il sait qu’il va être arrêté, qu’il va être torturé, qu’il va être trahi, qu’il va mourir. Oui c’est sur ce chemin qui le mène à la mort, que Jésus marche résolument seul. Les disciples bien sûr sont là. La foule est là. Cette dernière est plus friande des éventuels miracles que Jésus peut faire, que des paroles qu’il partage. Et les disciples, ne comprennent pas grand chose à ce que leur maître essaie de leur partager par rapport à la loi, l’amour du prochain, le royaume de Dieu, sa mort et sa résurrection. Oui tout le monde semble être avec Jésus, alors qu’en vérité il est seul face à l’incrédulité et l’incompréhension de ceux qui le suivent. Personne ne prend vraiment le temps de l’écouter. Sur ce chemin de solitude, ce jour là, une personne assise à ses pieds, l’écoute. Tout ce qu’elle pourrait faire d’important ce jour, passe après l’écoute des paroles de Jésus. Marie a choisi ce jour là la bonne part qui ne lui sera jamais retirée, par rapport aux soucis et aux occupations du quotidien qui n’auront plus de valeur une fois le moment passé. Ce jour là dans sa solitude, Jésus rencontre Marie, qui prend le temps de l’écouter. Sur la route qui le mène vers Jérusalem, Jésus a rencontré une femme qui prend le temps de s’arrêter pour entendre les paroles de la vie. Ce jour là, c’est ça qui était important pour Marie. Une autre fois c’est peut être de s’activer dans la maison qui aura sa priorité. Mais le Maître de la vie ne sera pas toujours là, alors que le travail domestique lui sera encore là demain et jusqu’à la fin. Du coup nous comprenons bien que la question qui nous est posé aujourd’hui est la suivante : Où est ma place ? Ou encore suis-je à ma place aujourd’hui ? Il ne s’agit pas de juger qui que ce soit. Il ne s’agit pas de dire que quelqu’un est meilleur que l’autre ! Il s’agit d’être confiant parce qu’appelé à être au bon endroit au bon moment. Et alors le rôle que nous pouvons avoir est complètement justifié qu’il soit dans le faire ou dans l’écoute. Et du coup nous sommes heureux car il n’y a plus de place pour la jalousie, et la rancœur. C’est alors que raisonne dans ma vie cette question : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » C’est Dieu qui interroge Caïn alors que celui-ci vient de le tuer ? C’est aussi cette question qui nous interpelle ce matin. Car par jalousie, par désir de reconnaissance, que n’avons-nous pas fait ? Dans le livre de la Genèse, il s’agit de deux frères. A Béthanie il s’agit de deux sœurs. Jalousie, car dans ces deux histoires, Dieu est violement pris à partie car il semble préférer l’un par rapport à l’autre. Et cette question nous est régulièrement posée quand nous sommes en face de personnes à qui tout semble réussir alors que nous pouvons en mériter autant. Quand nous pensons que Dieu se détourne de nous. Quand nous opposons les actifs des contemplatifs. Quand nous nous sentons mal aimé, et peu reconnu dans ce que nous faisons. Oui, qu’as-tu fait de ton frère ? T’es-tu réjoui de son bonheur ? C’est cet appel là qui nous est fait aujourd’hui. Le Christ nous invite, non pas vers la réussite matérielle ou intellectuelle qui a comme compagnon de route la peur de l’échec ou l’orgueil du parvenu. Il nous invite à regarder vers la croix et à écouter une parole unique qui s’adresse à chacun de nous. Une parole de Père qui nous dit : tel que tu es je t’aime, tu es mon enfant. Et le reste alors ? Certes il est important. Le travail, les amis, les solidarités. Mais rien de tout cela n’a plus d’importance que ceci : Tu as un nom ; tu ne l’as pas acheté, tu n’as pas à le défendre face à des jaloux. Ta place est unique. Tu es à moi, je t’aime. Et si entendre et vivre de cela est important pour nous, si cela est important pour la Marthe qui est en nous, alors cela l’est pour tous les gens qui nous entourent. Que cette parole vous rassure, vous relève, vous appelle à être témoin. Amen.
Textes : Actes 18, v. 18 à 28 Ps 15Genèse 18, v. 1 à 10 Colossiens 1, v. 24 à 28 Luc 10, v. 38 à 42Pasteur Jean-Luc CremerTélécharger le document au complet
A la lecture de ce texte, voilà quelques pistes de réflexion.* Ne pas opposer les Marthe et les Marie. Elles habitent toutes les deux en nous.* Pas de jugement de la part de Jésus. Mais il s’agit d’être à sa place au bon moment. Celle-ci varie selon les lieux, les temps de la vie, les personnes avec qui nous sommes.* Alors que Jésus est en route, il s’arrête dans une maison. La route c’est celle qui va à Jérusalem où il va mourir. Jésus pourtant toujours accompagné est seul. Dans cette agitation, Marie est assise et elle prend le temps de l’écouter. Elle sait qu’il ne sera pas toujours là.* Il y a aussi un face à face qui n’a pas lieu. On aimerait que Marthe et Marie se parlent. Mais dans l’histoire Marthe s’adresse à Jésus et celui-ci lui répond. Marie elle ne prend pas la parole.* Élargissement du texte avec la fratrie Caïn – Abel et la question : qu’as-tu fait de ton frère ? Question de la jalousie.* Se poser aussi la question de ce qu’est la bonne part, la seule chose importante, face aux nombreuses autres occupations.* On peut aussi faire le parallèle avec « il y a un temps pour toutes choses » Ecclésiaste 3, 1.Bibliographie : – Parole pour chacun, Éditions Olivetan. Elia Cuvillier. P. 104 – 110 – Revue Lire & Dire N°36 1998/2 Rédigé par : Alain Monnard
Nous sommes en présence ce matin de ce texte bien connu des paroissiens où Jésus est reçu dans la maison de Marthe. Cette dernière habite avec sa sœur Marie et d’autres textes nous précisent que Lazare leur frère vit aussi avec eux.Je vous propose d’aborder cette courte histoire, à travers trois temps.Le premier, Marthe et Marie, deux sœurs différentes. Ensuite Jésus fait halte alors qu’il est en chemin. Et enfin, nous terminerons par cette question : qu’as-tu fait de ton frère ?Dans la maison où Jésus et ses amis sont reçus, deux sœurs habitent. Marie est là, complètement passive, elle se contente d’écouter les paroles de Jésus. Marthe, l’autre sœur, consciente de ses responsabilités d’hôtesse s’active pour servir le maître, afin que tout se déroule le mieux possible. Surgit alors cette parole : « Seigneur tu ne te soucies pas de ce que ma sœur me laisse faire le travail toute seule ? Dis-lui donc de m’aider. »Pourquoi serait-ce toujours les mêmes qui se fatiguent ?Et là, face à cette plainte complètement compréhensible et justifiée, voilà la surprenante et choquante réponse de Jésus : « Marie à choisi la bonne part. »Oui Jésus dit que celle qui reste assise et qui se contente d’écouter a fait le bon choix !Très rapidement nous pourrions alors nous laisser tenter par le piège qui oppose les contemplatifs des actifs, comme si les uns étaient supérieurs aux autres, comme si certains étaient meilleurs que d’autres.Chacun est régulièrement partagé entre ces deux façons de vivre et d’agir. Mais il ne s’agit pas de faire parti d’un groupe ou d’un autre, mais plutôt de réaliser que ces deux possibilités se retrouvent toujours dans nos propres vies. Nous sommes tour à tour, selon les lieux, les moments de notre vie, nos centres d’intérêts, nos humeurs du moment, les gens avec qui nous sommes, passifs ou actifs, à l’écoute ou au service.Il y a des temps de notre vie où nous recevons beaucoup, d’autres où nous donnons beaucoup. L’épisode de ce matin ne nous dit pas non plus ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire lorsque nous recevons quelqu’un, serait-il Jésus lui-même. Il met en scène, deux façons d’exister devant l’autre, de comprendre son existence devant Dieu et devant les hommes qui nous sont donnés de rencontrer. Du coup, la présence de ces deux femmes nous donne deux images de l’existence humaine.Marthe, vers qui va souvent notre sympathie. Elle nous représente si bien en effet. Sa vie voudrait s’épanouir dans ce qu’elle fait. Elle occupe une place importante sans qui la maison ne « tournerait pas rond ». Marthe est indispensable pour les autres, elle est un véritable pilier sans qui la famille, les associations caritatives ou sportives dans les quelles elle est impliquée, l’église locale, ne vivraient pas. Tout repose sur elle ! Elle est indispensable pour les autres et les autres lui sont indispensables. Elle a besoin du regard des autres, de leur compréhension et comprend difficilement que ces derniers ne s’enthousiasment pas autant face à leur travail, leur implication, leur peine et leurs engagements.Mais il faut bien comprendre que Marthe, n’est pas l’autre à côté de moi. Marthe s’est l’individu qui, en chacun de nous existe par et pour ce qu’il fait. Nous avons tous une place, une image à défendre dans la société. Et nous souhaitons que ceux qui nous entourent acceptent cette image que nous donnons de nous. La souffrance vient alors, lorsque ce que nous voulons faire voir semble rencontrer l’indifférence ou l’opposition.Marie représente ici une autre image de la vie qui ne se construit pas sur un faire, ou un paraître, mais sur l’écoute de la parole du Christ.Il ne s’agit pas alors de faire telle ou telle chose, mais plutôt d’être appelé. Il ne s’agit pas d’essayer de prouver aux autres différentes qualités afin d’être reconnu et aimé, mais comme un enfant qui reçoit son nom de ses parents, comprendre que l’on est reconnu d’abord parce qu’un Autre nous a appelé et aimé le premier sans avoir à prouver quoi que ce soit.Marthe et Marie sont donc deux exemples de compréhension de la vie qui s’interrogent continuellement sur la façon d’être présent devant Dieu, les autres et lui-même.Marthe est la personne en nous qui pense que c’est par ses actions liées au savoir, à la possession, à l’action en générale qu’elle peut exister. Marie est la personne en nous qui peut exister en recevant de Dieu une parole qui ne me demande rien d’autre que de me savoir aimé et reconnu tel que je suis.Cette histoire dans la maison de Marthe, se situe alors que Jésus est en chemin. Oui Jésus est en route vers Jérusalem. Il sait qu’il va être arrêté, qu’il va être torturé, qu’il va être trahi, qu’il va mourir. Oui c’est sur ce chemin qui le mène à la mort, que Jésus marche résolument seul. Les disciples bien sûr sont là. La foule est là. Cette dernière est plus friande des éventuels miracles que Jésus peut faire, que des paroles qu’il partage.Et les disciples, ne comprennent pas grand chose à ce que leur maître essaie de leur partager par rapport à la loi, l’amour du prochain, le royaume de Dieu, sa mort et sa résurrection. Oui tout le monde semble être avec Jésus, alors qu’en vérité il est seul face à l’incrédulité et l’incompréhension de ceux qui le suivent. Personne ne prend vraiment le temps de l’écouter.Sur ce chemin de solitude, ce jour là, une personne assise à ses pieds, l’écoute. Tout ce qu’elle pourrait faire d’important ce jour, passe après l’écoute des paroles de Jésus. Marie a choisi ce jour là la bonne part qui ne lui sera jamais retirée, par rapport aux soucis et aux occupations du quotidien qui n’auront plus de valeur une fois le moment passé.Ce jour là dans sa solitude, Jésus rencontre Marie, qui prend le temps de l’écouter. Sur la route qui le mène vers Jérusalem, Jésus a rencontré une femme qui prend le temps de s’arrêter pour entendre les paroles de la vie.Ce jour là, c’est ça qui était important pour Marie. Une autre fois c’est peut être de s’activer dans la maison qui aura sa priorité. Mais le Maître de la vie ne sera pas toujours là, alors que le travail domestique lui sera encore là demain et jusqu’à la fin.Du coup nous comprenons bien que la question qui nous est posé aujourd’hui est la suivante : Où est ma place ? Ou encore suis-je à ma place aujourd’hui ?Il ne s’agit pas de juger qui que ce soit. Il ne s’agit pas de dire que quelqu’un est meilleur que l’autre ! Il s’agit d’être confiant parce qu’appelé à être au bon endroit au bon moment. Et alors le rôle que nous pouvons avoir est complètement justifié qu’il soit dans le faire ou dans l’écoute. Et du coup nous sommes heureux car il n’y a plus de place pour la jalousie, et la rancœur.C’est alors que raisonne dans ma vie cette question : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » C’est Dieu qui interroge Caïn alors que celui-ci vient de le tuer ?C’est aussi cette question qui nous interpelle ce matin. Car par jalousie, par désir de reconnaissance, que n’avons-nous pas fait ?Dans le livre de la Genèse, il s’agit de deux frères. A Béthanie il s’agit de deux sœurs. Jalousie, car dans ces deux histoires, Dieu est violement pris à partie car il semble préférer l’un par rapport à l’autre. Et cette question nous est régulièrement posée quand nous sommes en face de personnes à qui tout semble réussir alors que nous pouvons en mériter autant.Quand nous pensons que Dieu se détourne de nous. Quand nous opposons les actifs des contemplatifs. Quand nous nous sentons mal aimé, et peu reconnu dans ce que nous faisons.Oui, qu’as-tu fait de ton frère ? T’es-tu réjoui de son bonheur ?C’est cet appel là qui nous est fait aujourd’hui. Le Christ nous invite, non pas vers la réussite matérielle ou intellectuelle qui a comme compagnon de route la peur de l’échec ou l’orgueil du parvenu. Il nous invite à regarder vers la croix et à écouter une parole unique qui s’adresse à chacun de nous. Une parole de Père qui nous dit : tel que tu es je t’aime, tu es mon enfant.Et le reste alors ? Certes il est important. Le travail, les amis, les solidarités. Mais rien de tout cela n’a plus d’importance que ceci : Tu as un nom ; tu ne l’as pas acheté, tu n’as pas à le défendre face à des jaloux. Ta place est unique. Tu es à moi, je t’aime.Et si entendre et vivre de cela est important pour nous, si cela est important pour la Marthe qui est en nous, alors cela l’est pour tous les gens qui nous entourent.Que cette parole vous rassure, vous relève, vous appelle à être témoin. Amen.
Textes : Actes 18, v. 18 à 28 Ps 15Genèse 18, v. 1 à 10 Colossiens 1, v. 24 à 28 Luc 10, v. 38 à 42Pasteur Jean-Luc CremerTélécharger le document au complet
A la lecture de ce texte, voilà quelques pistes de réflexion.* Ne pas opposer les Marthe et les Marie. Elles habitent toutes les deux en nous.* Pas de jugement de la part de Jésus. Mais il s’agit d’être à sa place au bon moment. Celle-ci varie selon les lieux, les temps de la vie, les personnes avec qui nous sommes.* Alors que Jésus est en route, il s’arrête dans une maison. La route c’est celle qui va à Jérusalem où il va mourir. Jésus pourtant toujours accompagné est seul. Dans cette agitation, Marie est assise et elle prend le temps de l’écouter. Elle sait qu’il ne sera pas toujours là.* Il y a aussi un face à face qui n’a pas lieu. On aimerait que Marthe et Marie se parlent. Mais dans l’histoire Marthe s’adresse à Jésus et celui-ci lui répond. Marie elle ne prend pas la parole.* Élargissement du texte avec la fratrie Caïn – Abel et la question : qu’as-tu fait de ton frère ? Question de la jalousie.* Se poser aussi la question de ce qu’est la bonne part, la seule chose importante, face aux nombreuses autres occupations.* On peut aussi faire le parallèle avec « il y a un temps pour toutes choses » Ecclésiaste 3, 1.Bibliographie : – Parole pour chacun, Éditions Olivetan. Elia Cuvillier. P. 104 – 110 – Revue Lire & Dire N°36 1998/2 Rédigé par : Alain Monnard
Nous sommes en présence ce matin de ce texte bien connu des paroissiens où Jésus est reçu dans la maison de Marthe. Cette dernière habite avec sa sœur Marie et d’autres textes nous précisent que Lazare leur frère vit aussi avec eux.Je vous propose d’aborder cette courte histoire, à travers trois temps.Le premier, Marthe et Marie, deux sœurs différentes. Ensuite Jésus fait halte alors qu’il est en chemin. Et enfin, nous terminerons par cette question : qu’as-tu fait de ton frère ?Dans la maison où Jésus et ses amis sont reçus, deux sœurs habitent. Marie est là, complètement passive, elle se contente d’écouter les paroles de Jésus. Marthe, l’autre sœur, consciente de ses responsabilités d’hôtesse s’active pour servir le maître, afin que tout se déroule le mieux possible. Surgit alors cette parole : « Seigneur tu ne te soucies pas de ce que ma sœur me laisse faire le travail toute seule ? Dis-lui donc de m’aider. »Pourquoi serait-ce toujours les mêmes qui se fatiguent ?Et là, face à cette plainte complètement compréhensible et justifiée, voilà la surprenante et choquante réponse de Jésus : « Marie à choisi la bonne part. »Oui Jésus dit que celle qui reste assise et qui se contente d’écouter a fait le bon choix !Très rapidement nous pourrions alors nous laisser tenter par le piège qui oppose les contemplatifs des actifs, comme si les uns étaient supérieurs aux autres, comme si certains étaient meilleurs que d’autres.Chacun est régulièrement partagé entre ces deux façons de vivre et d’agir. Mais il ne s’agit pas de faire parti d’un groupe ou d’un autre, mais plutôt de réaliser que ces deux possibilités se retrouvent toujours dans nos propres vies. Nous sommes tour à tour, selon les lieux, les moments de notre vie, nos centres d’intérêts, nos humeurs du moment, les gens avec qui nous sommes, passifs ou actifs, à l’écoute ou au service.Il y a des temps de notre vie où nous recevons beaucoup, d’autres où nous donnons beaucoup. L’épisode de ce matin ne nous dit pas non plus ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire lorsque nous recevons quelqu’un, serait-il Jésus lui-même. Il met en scène, deux façons d’exister devant l’autre, de comprendre son existence devant Dieu et devant les hommes qui nous sont donnés de rencontrer. Du coup, la présence de ces deux femmes nous donne deux images de l’existence humaine.Marthe, vers qui va souvent notre sympathie. Elle nous représente si bien en effet. Sa vie voudrait s’épanouir dans ce qu’elle fait. Elle occupe une place importante sans qui la maison ne « tournerait pas rond ». Marthe est indispensable pour les autres, elle est un véritable pilier sans qui la famille, les associations caritatives ou sportives dans les quelles elle est impliquée, l’église locale, ne vivraient pas. Tout repose sur elle ! Elle est indispensable pour les autres et les autres lui sont indispensables. Elle a besoin du regard des autres, de leur compréhension et comprend difficilement que ces derniers ne s’enthousiasment pas autant face à leur travail, leur implication, leur peine et leurs engagements.Mais il faut bien comprendre que Marthe, n’est pas l’autre à côté de moi. Marthe s’est l’individu qui, en chacun de nous existe par et pour ce qu’il fait. Nous avons tous une place, une image à défendre dans la société. Et nous souhaitons que ceux qui nous entourent acceptent cette image que nous donnons de nous. La souffrance vient alors, lorsque ce que nous voulons faire voir semble rencontrer l’indifférence ou l’opposition.Marie représente ici une autre image de la vie qui ne se construit pas sur un faire, ou un paraître, mais sur l’écoute de la parole du Christ.Il ne s’agit pas alors de faire telle ou telle chose, mais plutôt d’être appelé. Il ne s’agit pas d’essayer de prouver aux autres différentes qualités afin d’être reconnu et aimé, mais comme un enfant qui reçoit son nom de ses parents, comprendre que l’on est reconnu d’abord parce qu’un Autre nous a appelé et aimé le premier sans avoir à prouver quoi que ce soit.Marthe et Marie sont donc deux exemples de compréhension de la vie qui s’interrogent continuellement sur la façon d’être présent devant Dieu, les autres et lui-même.Marthe est la personne en nous qui pense que c’est par ses actions liées au savoir, à la possession, à l’action en générale qu’elle peut exister. Marie est la personne en nous qui peut exister en recevant de Dieu une parole qui ne me demande rien d’autre que de me savoir aimé et reconnu tel que je suis.Cette histoire dans la maison de Marthe, se situe alors que Jésus est en chemin. Oui Jésus est en route vers Jérusalem. Il sait qu’il va être arrêté, qu’il va être torturé, qu’il va être trahi, qu’il va mourir. Oui c’est sur ce chemin qui le mène à la mort, que Jésus marche résolument seul. Les disciples bien sûr sont là. La foule est là. Cette dernière est plus friande des éventuels miracles que Jésus peut faire, que des paroles qu’il partage.Et les disciples, ne comprennent pas grand chose à ce que leur maître essaie de leur partager par rapport à la loi, l’amour du prochain, le royaume de Dieu, sa mort et sa résurrection. Oui tout le monde semble être avec Jésus, alors qu’en vérité il est seul face à l’incrédulité et l’incompréhension de ceux qui le suivent. Personne ne prend vraiment le temps de l’écouter.Sur ce chemin de solitude, ce jour là, une personne assise à ses pieds, l’écoute. Tout ce qu’elle pourrait faire d’important ce jour, passe après l’écoute des paroles de Jésus. Marie a choisi ce jour là la bonne part qui ne lui sera jamais retirée, par rapport aux soucis et aux occupations du quotidien qui n’auront plus de valeur une fois le moment passé.Ce jour là dans sa solitude, Jésus rencontre Marie, qui prend le temps de l’écouter. Sur la route qui le mène vers Jérusalem, Jésus a rencontré une femme qui prend le temps de s’arrêter pour entendre les paroles de la vie.Ce jour là, c’est ça qui était important pour Marie. Une autre fois c’est peut être de s’activer dans la maison qui aura sa priorité. Mais le Maître de la vie ne sera pas toujours là, alors que le travail domestique lui sera encore là demain et jusqu’à la fin.Du coup nous comprenons bien que la question qui nous est posé aujourd’hui est la suivante : Où est ma place ? Ou encore suis-je à ma place aujourd’hui ?Il ne s’agit pas de juger qui que ce soit. Il ne s’agit pas de dire que quelqu’un est meilleur que l’autre ! Il s’agit d’être confiant parce qu’appelé à être au bon endroit au bon moment. Et alors le rôle que nous pouvons avoir est complètement justifié qu’il soit dans le faire ou dans l’écoute. Et du coup nous sommes heureux car il n’y a plus de place pour la jalousie, et la rancœur.C’est alors que raisonne dans ma vie cette question : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » C’est Dieu qui interroge Caïn alors que celui-ci vient de le tuer ?C’est aussi cette question qui nous interpelle ce matin. Car par jalousie, par désir de reconnaissance, que n’avons-nous pas fait ?Dans le livre de la Genèse, il s’agit de deux frères. A Béthanie il s’agit de deux sœurs. Jalousie, car dans ces deux histoires, Dieu est violement pris à partie car il semble préférer l’un par rapport à l’autre. Et cette question nous est régulièrement posée quand nous sommes en face de personnes à qui tout semble réussir alors que nous pouvons en mériter autant.Quand nous pensons que Dieu se détourne de nous. Quand nous opposons les actifs des contemplatifs. Quand nous nous sentons mal aimé, et peu reconnu dans ce que nous faisons.Oui, qu’as-tu fait de ton frère ? T’es-tu réjoui de son bonheur ?C’est cet appel là qui nous est fait aujourd’hui. Le Christ nous invite, non pas vers la réussite matérielle ou intellectuelle qui a comme compagnon de route la peur de l’échec ou l’orgueil du parvenu. Il nous invite à regarder vers la croix et à écouter une parole unique qui s’adresse à chacun de nous. Une parole de Père qui nous dit : tel que tu es je t’aime, tu es mon enfant.Et le reste alors ? Certes il est important. Le travail, les amis, les solidarités. Mais rien de tout cela n’a plus d’importance que ceci : Tu as un nom ; tu ne l’as pas acheté, tu n’as pas à le défendre face à des jaloux. Ta place est unique. Tu es à moi, je t’aime.Et si entendre et vivre de cela est important pour nous, si cela est important pour la Marthe qui est en nous, alors cela l’est pour tous les gens qui nous entourent.Que cette parole vous rassure, vous relève, vous appelle à être témoin. Amen.