Textes : Ps 138 Ésaïe 22, v. 19 à 23Romains 11, v. 33 à 36 Matthieu 16, v. 13 à 20Pasteur Hugues LehnebachTélécharger le document au complet
Ps. 138, Gen 45,1-15 ; Es. 22, 19-23 ; Rom. 11, 33-36; Mat. 16, v. 13-20C’est, dit Pierre Bonnard, la première fois dans l’évangile de Matthieu que Jésus annonce ses souffrances et sa résurrection. Cette annonce sera réitérée au chapitre suivant et au ch. 20. Dans ce texte nous avons la rencontre de deux thèmes : l’annonce du fait que Jésus est le Messie et celui de sa Passion. P. Bonnard considère que cette annonce de la Passion fait partie de l’enseignement donné aux disciples ( Ch. 13, 53 à 17, 27 ) selon lequel les disciples fidèles au Messie souffrant doivent accueillir les petits et se pardonner mutuellement. V. 13 : Où se passe l’entretien entre Jésus et Pierre ? A Césarée de Philippe, village peuplé en majorité de païens. Est-ce la raison pour laquelle un sujet faisant polémique en milieu Juif pouvait y être abordé ? C’est bien en se rendant dans cette région que Jésus interroge ses disciples. Dans Marc et dans Luc Jésus dit « Qui suis-je au dire des foules ? » Dans Matthieu Jésus dit : « Que disent les hommes au sujet du Fils de l’homme ? » Ce qui permettra ensuite de relancer la question en interrogeant les disciples. Fils de l’homme : selon l’apocalypse juive ce terme désigne le juge céleste aux derniers jours. (Cf. Dan.7, 13 ). Jésus est ce révélateur des deniers jours. Il est également un homme qui s’avance vers la mort. V. 14 : Ce qu’en pensent les disciples : Il y a variété d’opinions. Tous pensent que Jésus pourrait être un envoyé de Dieu. On attendait effectivement une intervention décisive de Dieu pour le jugement et le salut des hommes. Les gens s’interrogent. Est-il le baptiste ressuscité ? Élie la figure de l’apocalyptique juive ? Un grand prophète du passé comme Jérémie ? A remarquer qu’ils se réfèrent à une figure du passé. Houziaux fait une remarque intéressante au sujet des titres de Jésus. Le judaïsme tardif du 1er et du second siècle après Jésus Christ faisait une distinction entre Dieu lui-même et la puissance divine qui avait présidé à la création du monde. ( Ce n’était pas Dieu lui-même qui avait créé le monde ). Cette puissance était appelée Fils de Dieu ou Parole de Dieu. C’est en fonction du sens que pouvait avoir certains titres qu’ils furent attribués à Jésus par l’église primitive. Jésus a été ainsi considéré tout naturellement comme incarnation du Verbe, de la Parole de Dieu et du Fils de Dieu. C’est typique déjà pour Paul et Jean. Les titres de « grand prêtre », de « serviteur souffrant » reflétaient également une compréhension due au judaïsme tardif. Dans certains milieux on attendait la disparition du temple et la venue du grand prêtre idéal qui remplacerait ce temple détruit vu la corruption de la prêtrise. Jésus ne s’en est-il pas pris au clergé et aux marchands du Temple ? N’a-t-il pas annoncé la disparition du Temple ? De ce fait donc Jésus a pris la place du Temple de Jérusalem, centre de la foi juive, et le Christ est devenu centre de la foi du christianisme primitif. V. 15-16 : Jésus ne pose pas une question concernant sa nature, son être. Jésus demande : « Qu’est-ce que les gens pensent de ma mission par rapport à Dieu et par rapport au peuple ? ». En fait mis à part le fait qu’ils pensent qu’il est envoyé par Dieu, les gens ne se posent pas la question concernant sa mission. Puis Jésus demande : « et vous ? N’avez-vous rien à dire à mon sujet ? ». Pierre répond « Tu es le Fils du Dieu vivant ». Pour certains exégètes cela signifierait que Pierre affirme donc clairement l’origine divine et la nature divine de Jésus, son égalité avec le Père. Bonnard opte pour considérer que les titres de Christ et de Fils de Dieu sont simplement deux termes de valeur équivalente désignant l’envoyé eschatologique de Dieu pou le salut des hommes. « La mention du Dieu vivant. …désigne Jésus comme le représentant ( qui rend présent ) Dieu qui intervient dans l’histoire pour juger et sauver son peuple ». V. 17 : « Tu es heureux…. » Le bonheur de Pierre est d’avoir reconnu et confessé le Christ. Cette révélation est donnée par Dieu. Jésus lui donne le nom de Pierre, fils de Jonas. Comme Barjona en araméen signifie anarchiste, révolutionnaire, doit-on en déduire que Pierre serait un partisan du mouvement anti romain des zélotes ? On ne sait. Jésus emploie ensuite les termes de chair et sang. C’est une expression juive qui désigne l’homme tout entier mais abandonné à sa faiblesse naturelle. V. 18 : « Tu es Pierre… » Le mot « pierre » n’était pas connu comme nom propre avant l’ère chrétienne. C’est la traduction d’un mot qui signifie rocher, roc. La question qui se pose est celle-ci : Est-ce bien sur la personne de Pierre en tant que confesseur du Christ que Jésus édifiera son église ? Ou est-ce sur sa foi ou sur sa confession ? C’est ce que pense plus spontanément le protestantisme. C’est le Christ qui édifie, construit l’église et non Pierre. Il ne délègue pas ses pouvoirs. « Je bâtirai mon Église » se rapporte au temps qui suivra sa mort et sa résurrection. Il ne s’agit pas de la manifestation du Royaume mais de la communauté messianique que Jésus rassemble déjà. Un Messie sans peuple messianique était impensable. Cullmann considère que cette parole du Christ matthéen correspond à la reconstruction du Temple, ce qui jouera un rôle décisif au procès de Jésus. Ajoutons que cette parole ne s’adresse strictement qu’à Pierre et non à ses successeurs éventuels. C’est donc bien la personne historique de Pierre, en tant qu’apôtre et confesseur de la foi, qui demeure le fondement unique sur lequel Jésus bâtit son église. Les derniers mots du verset veulent dire que les portes de l’Hadès ( le séjour des morts jusqu’à la résurrection finale et non l’enfer ) ne pourront retenir dans la mort ceux qui appartiendront à la communauté messianique. Cette idée juive selon laquelle les membres de la communauté messianique des derniers jours ne seraient point retenus par la mort était courante ( Es. 38, 10 ; Job 38, 17 ; Ps. 9, 14 ; Sagesse 16, 13 ). V. 19 « Je te donnerai… » Le Christ matthéen promet à Pierre de lui donner ces clefs après sa résurrection et non après sa victoire messianique terrestre comme l’auraient compris ses contemporains. D’après Mat. 18, v. 18 et Jn. 20, v. 23 ce pouvoir n’est pas réservé à Pierre mais à l’ensemble du collège apostolique. Lier et délier concerne l’absolution des péchés. Ces verbes signifient dans le judaïsme contemporain interdire et permettre, soit exclure ou réintroduire dans la communauté. V. 20 : L’interdiction est adressée aux disciples et non plus comme par le passé aux malades guéris par Jésus. C’est la messianité de Jésus qui ne doit pas être dite aux hommes car elle ne peut être comprise que par ceux qui accepteront de partager les souffrances du Christ ( Les versets qui suivent préviennent que les disciples du Christ sont appelés à souffrir).
Intentions : Plutôt que de reprendre le débat centré sur « tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église », je propose de transposer la question posée aux disciples « Et vous qui dites-vous que je suis ? » en distinguant dans une première partie les raisons possibles de la réponse donnée au temps de Jésus lui-même ; dans une deuxième partie la réponse que nous pourrions donner aujourd’hui compte tenu du décalage historique et culturel. Enfin dans une troisième partie je suggère de dresser un inventaire de la diversité des réponses que nous donnerions à titre personnel en tant que chrétien aujourd’hui même. Enfin il me semble possible de terminer en s’interrogeant sur la confession de foi que chacun pourrait choisir en fonction de son type personnel de spiritualité ( et non en fonction de convictions dogmatiques ).
- 1. Les titres attribués à Jésus
1.1 par ses contemporains L’Église primitive attribuait à Jésus des titres comme « Parole de Dieu », « Agneau de Dieu », « Sagesse de Dieu », « Messie », « Fils de Dieu », « Seigneur », « Lumière du monde », « Chemin, vérité et vie ». Or des théologiens comme Borg affirment qu’aucun de ces titres n’a été couramment utilisé pendant le ministère de Jésus. Il est vraisemblable dit-il, que Jésus lui-même ne se considérait pas comme « Fils de Dieu » mais que ce sont les disciples qui après sa mort ont témoigné de leur foi en mettant ces propos dans la bouche même de Jésus pour que leur témoignage soit plus convaincant. En effet Jésus manifestait avec tant de force que sa vie était remplie de la présence de Dieu, que sans faire de Jésus lui-même une divinité, ils le sentaient si proche de Dieu, dans une telle osmose avec lui, qu’ils avaient le sentiment que Jésus était de la même nature que Dieu, qu’il était pénétré de son Esprit comme un fils peut être en communion parfaite avec son père. Pour eux Jésus n’était pas Dieu lui-même, mais en contact avec lui la présence de Dieu se faisait réelle. 1.2 Exploitations de ces titres aux premiers siècles de l’église (A question mal comprise, mauvaise réponse ) Les titres attribués par l’église primitive à Jésus ont donné matière à des développements qui ont nourri les débats pendant des siècles dans l’église. Dès le deuxième siècle les chrétiens se sont efforcés de répondre à la question : qui est Jésus ? Mais au lieu de répondre à la question de la mission de Jésus par rapport au peuple et par rapport à Dieu, ils ont fait de la philosophie en utilisant les outils intellectuels mis à l’époque à leur disposition par la pensée grecque pour répondre à la question qu’eux-mêmes se posaient : quelle est la nature du Christ ? Les uns pensaient que Jésus était bien le Messie tant attendu révélateur de Dieu mais qu’il n’était pas de nature divine. Jésus était pour eux tout simplement un homme comme tous les autres, nés d’un homme et d’une femme, de Joseph et de Marie. On les appelait les ébionites. D’autres, les docètes, pensaient que Dieu n’avait pu laisser mourir Jésus sur la croix. C’était pour eux impensable pour un être de nature divine. Aussi croyaient-ils que Jésus était d’une nature purement spirituelle, avec une apparence de corps comme le nôtre. Ainsi étaient-il persuadés que Jésus n’avait pas vécu dans sa chair les terribles épreuves de la crucifixion. Pour d’autres encore, les gnostiques, Jésus était une sorte d’intermédiaire entre Dieu et les anges. Devant toutes ces dérives les docteurs de l’église ont entrepris une réflexion approfondie pour résoudre ce problème posé par la nature du Christ. Très vite une autre question s’est posée : Comment Dieu peut-il être unique alors qu’il existe sous la forme de Dieu Père, du Saint Esprit et de Jésus lui-même, Fils de Dieu ? Ces débats ont duré plusieurs siècles. Il nous en reste des textes comme le Symbole des Apôtres que nous récitons de temps à autres surtout quand nous nous trouvons avec les catholiques pensant peut être faire ainsi de l’œcuménisme. Mais est-ce si sûr ? Quand nous étions de gentils catéchumènes, cela nous conduisait à poser parfois des questions embarrassantes à notre pasteur. Devenus adultes nous n’en parlons plus comme si nous avions enfin résolu le problème. En fait, la question posée par Jésus ne concernait pas sa nature, ne consistait pas à savoir s’il était de nature divine, véritablement Fils de Dieu. Jésus souhaitait seulement savoir si les gens avaient compris la raison pour laquelle il exerçait son ministère, quel était le sens de son message, quelle était sa mission et non savoir si les gens croyaient qu’il était bien de nature divine. Il interroge alors ses disciples comme s’il s’agissait de faire une évaluation de l’effet de son ministère sur les foules. Certes ! les disciples n’étaient pas experts en sondages d’opinion. Mais ils pouvaient sans peine donner leur point de vue, rapporter ce qu’ils entendaient autour d’eux. Jésus souhaitait savoir si les personnes qui l’écoutaient avaient compris, perçu quelle était sa mission. Et il demande « Qui dit –on que je suis ? » Les disciples déclinent alors les titres que le peuple lui attribuait. Ces titres faisaient référence à leur culture religieuse fortement influencée par le judaïsme du temps.
- 2. Les titres attribués à Jésus aujourd’hui
2.1 Par nos contemporains agnostiques A la question de Jésus : « Que disent les gens d’aujourd’hui à mon sujet ? », que penserions-nous répondre ? Pouvons-nous dire ce que les gens qui nous entourent pensent aujourd’hui de Jésus ? Essayons. Les uns disent que Jésus n’a jamais existé et que le christianisme est une mystification organisée par l’église pour mieux asservir les populations, asseoir sa domination. C’est ce que développent des philosophes très écoutés comme Onfray. D’autres pensent qu’il était simplement un sage, un homme hors du commun à l’image d’un Gandhi ou d’un Martin Luther King et que sa pensée a eu un grand rayonnement. Le Larousse de poche dit que le Christ est simplement un objet de piété. Certains dictionnaires disent encore que le Christ est le Rédempteur annoncé pour les chrétiens. Un autre philosophe qui connaît un grand succès, André Comte-Sponville, tente de démontrer le bien fondé de l’athéisme. Il parle beaucoup des raisons qu’il a de ne pas croire en Dieu mais parle peu de Jésus. Il dit à son sujet s’être forgé une espèce de Christ intérieur, « doux et humble de cœur » mais purement humain dont l’amour est le message essentiel. Il le situe donc dans les exemples à suivre. Dans le meilleur des cas, les personnes interrogées diraient peut-être que Jésus était un mystique juif, un guérisseur, un prophète social, un fondateur de religion. Triste bilan de l’église Finalement nous pourrions répondre à Jésus qu’il est aujourd’hui totalement ignoré par un très grand nombre de personnes qui s’en font une idée à partir de ce qu’ils savent des églises. Nous dirions que les gens pensent plus spontanément « église », « christianisme » que « Jésus Christ ». L’image est de ce fait souvent négative car l’église a en effet très souvent soutenu par le passé les pouvoirs en place, justifié les conquêtes coloniales comme en Amérique latine, ou organisé elle-même les persécutions comme l’inquisition. 2.2 Par nous chrétiens Mais, si Jésus nous demandait, à nous chrétiens, de répondre à la question « qui suis-je pour vous-même aujourd’hui ? », nous serions incapables de répondre d’une façon unanime, d’avoir la même réponse. Il est certain que nous ne reprendrions pas spontanément les titres utilisés par le judaïsme tardif. De ce fait nous ne dirions pas que Jésus est « Fils de Dieu », Grand prêtre », « Serviteur souffrant » même si ces notions nous parlent compte tenu de nos lectures bibliques. Le décalage entre le Christ du christianisme primitif, le Christ de Luther libérant ce dernier de son angoisse et le Christ au devant duquel nous nous efforçons d’aller aujourd’hui est immense. Certes ! Nous retenons pour fondamental le message transmis par Luther de la justification par la foi, ce qui se traduit pour nous par la certitude que le Christ nous a révélé l’amour infini que Dieu a pour chacun, que c’est cela qui nous donne de la valeur et non les œuvres ou l’obéissance à la loi. Mais nous laissons sans doute un peu de côté l’aspect sacrificiel du Christ qui, pour Luther, avait payé de son sang le prix de notre péché pour nous racheter aux yeux de Dieu. Nous sommes convaincus que Jésus a sacrifié sa vie, qu’il a été jusqu’au bout de son combat pour un monde meilleur, contre les étroitesses religieuses de son époque. Mais nous ne croyons peut être plus comme le firent nos pères que la cruauté de ses souffrances devait contrebalancer la gravité de nos péchés pour satisfaire la justice de Dieu. Le salut dans l’au-delà qui préoccupait les chrétiens au temps de la Réforme n’est plus notre souci primordial. Par contre le sens à donner à notre vie nous importe davantage et c’est là que la rencontre avec la personne de Jésus Christ tel qu’il est annoncé dans les évangiles nous semble essentiel, fondamental. Chacun alors cultive sa spiritualité de façon particulière, spécifique.
- 3. Pour une confession de foi personnelle
Jésus nous interpelle ce matin et nous demande : « Et toi, qui dis-tu que je suis ? ». Nous voici alors contraints de répondre en vérité, au plus profond de nous-même. Si nous nous efforçons de faire le point dans le secret de notre cœur, il est évident qu’aucun de nous n’a le même parcours, la même façon de dire comment il a été conduit à se déclarer disciple du Christ. Est-ce que je fais partie de ceux qui ont vécu au contact du Christ une rencontre brutale, une prise de conscience qu’ils peuvent marquer d’une croix car ils n’oublieront jamais ces instants ? Mon adhésion au Christ est-elle l’aboutissement d’une réflexion, d’une méditation nourrie au sein de ma communauté, d’une réflexion qui a cheminé lentement avant de s’imposer en moi avec plus ou moins de force ? La conviction qui s’est imposée à moi est-elle comparable à celle qui habitait un Jacques Ellul pour qui l’affirmation de l’espérance de la victoire sur la mort, de la résurrection quelle qu’en soit la forme, peut seule triompher de l’absurdité du monde ici-bas ? Que la libération suscitée par Dieu et annoncée par Jésus se produit toujours à nouveau quelles que soient les situations de malheur imaginables ? Ou encore Jésus est-il celui avec lequel il est possible d’établir la même relation que celle que les disciples avaient avec lui avant Pâques quand il transformait leur vie ? jusqu’à pouvoir dire peut être comme l’apôtre Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » Gal. 2, 20 ? Enfin, peut-être êtes-vous celui ou celle qui vit son adhésion au Christ, sa spiritualité, en militant engagé ( à la CIMADE, au diaconat…), considérant que Jésus a été chargé d’un véritable projet politique, d’une mission royale, c’est-à-dire d’une mission humaine qui invite à le suivre pour participer à la construction d’un Royaume censé rétablir la dignité de l’homme. Cette réflexion explique le choix à faire parmi nos confessions de foi. Les unes nous invitent à la rencontre avec Jésus de Nazareth, avec l’homme qui se rend proche, partageant notre humanité. Les autres restent centrées sur la puissance qui vient d’ailleurs, d’en haut et se réfèrent aux dogmes plus classiques des églises. L’essentiel est bien que chacun, responsable de sa foi, de sa compréhension de l’Écriture, réponde à la question que lui pose Jésus « Qui dis-tu que je suis pour toi ? » avec les mots qui sont les siens. Amen