Textes : Deutéronome 23, v. 2 à 26 Psaume 63 Zacharie 12, v. 10 & 11 ; 13, v.1 Galates 3, v. 26 à 29 Luc 9, v. 18 à 24 Pasteur Frédéric VerspeetenTélécharger le document au complet
Notes bibliquesPREMIÈRE LECTURE – Zacharie 12, 10…13, 1 Le livre de Zacharie pourrait être appelé le livre de l’espérance. Il nous montre en particulier comment l’espérance de la communauté israélite s’est précisée dans le temps. En effet ce livre présente deux parties distinctes. La première partie (chap. 1-8) contient des messages datés des années 520 à 518 avant J.-C. et prononcés par conséquent par un contemporain du prophète Aggée. Zacharie s’y exprime sous la forme de récits de visions. Celles-ci font comprendre que la reconstruction du temple ainsi que le rétablissement de Jérusalem dans son rôle central marquent l’entrée dans un temps nouveau. Pour inaugurer ce temps, Dieu choisit le gouverneur Zorobabel et le grand-prêtre Yéchoua. De plus en plus, l’espérance d’Israël va se concentrer sur l’attente du moment où Dieu régnera sur la terre entière. En même temps, elle est liée à la mission d’un homme choisi par Dieu. La deuxième partie du livre de Zacharie (chap. 9-14), écrite plus tard que la première, insiste sur ces deux aspects. Elle donne des traits particuliers à celui qui instaurera le règne de Dieu, en le présentant tour à tour comme un roi humble et victorieux, comme un berger ou comme l’envoyé mis à mort. Les évangélistes ont repris ces traits pour présenter la personne et la mission de Jésus, en particulier dans les récits concernant sa mort (voir Matt 21.4-5; Matt 26.31; Marc 14.27; Jean 19.37).Le texte de l’Évangile de ce jour va nous inviter à nous poser la question : « qui est Jésus pour nous ? Nous sauve-t-il et de quoi ? Les premiers Chrétiens se posaient ces questions tout comme nous ;Le livre de Zacharie parle de la venue « d’un esprit qui fera naître en nous bonté et supplication et ajoute: « il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur
péché et de leur souillure ». Nous pouvons nous demander si le salut est bien accompli, alors que l’humanité continue à vivre dans la haine, la violence, les égoïsmes et les désordres de toute sorte ? Notre monde reste marqué par la haine, la violence, l’égoïsme qui sont l’origine de tous nos maux… Dans le texte du livre du prophète, l’expression « En ce jour-là » revient plusieurs fois pour dire qu’il s’agit d’un accomplissement attendu depuis toujours. « Ce jour-là », sous-entendu, c’est le Jour du Seigneur : le jour que Dieu lui-même attend, le jour pour lequel il a créé le monde et l’humanité ; le jour qui verra l’aboutissement de son projet. « En ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem… » Pour tout lecteur juif, cette phrase est une allusion à la venue du
Messie : chaque fois que la
Bible parle de la maison de David, c’est du
Messie qu’il s’agit. Et ce fameux « Jour » de Dieu, c’est justement le jour où le
Messie accomplira le projet de salut de Dieu. Au moment ou cette proclamation retentit c’est que, il n’y a plus de roi à Jérusalem et encore moins de descendant de David sur le trône et ce depuis l’exil à Babylone.Zacharie, déclare : « En ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem…» : Cela veut dire que, malgré les apparences, la maison de David n’est pas oubliée, mise de coté, Dieu poursuit son projet avec elle… cela veut bien dire aussi que Jérusalem, entendez, le peuple d’Israël, reste le peuple élu pour apporter à l’humanité le salut qu’elle attend. Ensuite il déclare « je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit qui fera naître en eux bonté et supplication ». Les temps messianiques débuteront donc par la conversion de Jérusalem et du peuple « élu ». « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » : Pour Zacharie: le
Messie sera d’abord transpercé (c’est-à-dire méconnu, rejeté, tué) ; mais ensuite, les yeux de son peuple s’ouvriront et ils le reconnaîtront comme tel. Et alors, ils regretteront amèrement leur conduite, ils le pleureront, ils porteront le deuil : les expressions « ils feront une lamentation sur lui » il y aura grande lamentation dans Jérusalem… ». Tout à coup ils comprendront qu’ils ont percé celui qui était l’envoyé de Dieu. Et alors avec les yeux, ce sont les cœurs qui s’ouvriront : Ézéchiel avait dit quelque chose de semblable : « Je vous donnerai un cœur neuf, et je mettrai en vous un esprit neuf ; j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36, 26). Quand le texte parle de bonté et supplication, de lamentation, de larmes amères, il dit bien que les cœurs de pierre se sont enfin brisés : ils sont devenus des cœurs de chair. Et au fur et à mesure que nos cœurs de pierre se brisent, pour laisser la place au cœur de chair qui est en chacun de nous, nous découvrons nos complicités : tout ce que nous laissons faire par indifférence, ou par lâcheté. La dernière phrase du texte dit ce qui adviendra alors : « En ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur
péché et de leur souillure ».ils se convertiront et ne se contenterons pas de regretter l’acte qu’ils ont commis ; leurs cœurs s’ouvrirontLe
péché, la souillure, le cœur de pierre, ces yeux fermés, tout cela disparaîtra et « un fleuve d’eau vive » jaillira au sein du peuple. Pour les premiers chrétiens lisant ce texte : tout s’est bien passé comme Zacharie l’avait dit : le
Messie a été effectivement transpercé ; mais on ne peut pas dire que la transformation du cœur de l’homme soit totale et définitive.Alors attendons-nous encore quelque chose de nouveau ? ; ou Dieu nous renvoie-t-il enfin à notre liberté ? Il nous a créés libres : à nous d’accepter de lever les yeux. Il ne nous convertira pas de force cela n’aurait aucun sens et le transformerait en un dictateur redoutable.DEUXIÈME LECTURE – Galates 3, 26 – 29 Paul s’adresse ici à la communauté chrétienne de Galatie à un moment où elle traverse une grave crise. Dans ce contexte Paul proclame un des plus beau textes du message du christianisme :« Il n’y a plus ni juif ni païen, ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme… »Et il ajoute « Vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus », chaque jour qui passe dans notre monde semble nous dire le contraire…Nous voyons partout à l’œuvre le racisme et le refus de la différence, tout aussi actifs que ce qui se vivait chez les Galates… C’est là que nous sentons cruellement le fossé qui sépare l’espérance du message du nouveau testament et notre réalité. Paul insiste justement, pour nous inviter à dépasser les apparences : ce que nous appelons la réalité concrète n’est faite que de différences de sexe, de race, d’origine sociale… entre autresPaul, nous invite à ne pas nous laisser piéger par les apparences et à nous souvenir que le Christ nous unit profondément en Dieu et avec les autres. Nous sommes greffés sur Jésus-Christ. Une même sève coule dans nos veines. « Vous tous, que le
baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. » L’image du vêtement est superbe : le manteau du Christ nous enveloppe tous et il recouvre toutes nos particularités qui en deviennent accessoires. Concrètement, si Paul insiste, c’est parce que la question se pose : le texte lui-même dit bien où se situaient les problèmes… quand Paul dit « il n’y a plus ni juif ni païen » cela veut bien dire qu’entre anciens juifs et anciens païens devenus chrétiens, il y avait de sérieuses divisions ; de la même manière, les deux propositions suivantes : « il n’y a plus ni esclave ni homme libre » et « il n’y a plus l’homme et la femme » laissent deviner quelles divisions Paul appelle les Galates à surmonter. Paul ici nous livre un texte fondateur et au passage cet apôtre que l’on dit exigeant envers les femmes se révèle ici être celui qui appelle à dépasser toutes les ségrégations entre hommes et femmes : « il n’y a plus l’homme et la femme » dit-il ; « il n’y a plus que des baptisés » ; vous êtes des fidèles du Christ, c’est cela seul qui compte. Ensuite il ajoute « Il n’y a plus ni esclave ni homme libre » : là encore, cela ne veut pas dire que Paul préconise la révolution ; mais quel que soit le rang social des uns et des autres, vous aurez pour tous la même considération car tous vous êtes des baptisés. Vous ne regarderez pas avec moins de respect et de déférence celui qui vous paraît moins haut placé sur l’échelle sociale : la recommandation vaut bien encore pour nous aujourd’hui ! Je reviens sur la première distinction que Paul invite les Galates à dépasser : « Il n’y a plus ni Juif ni païen » ; on connaît le problème qui a empoisonné les premières communautés chrétiennes : la querelle que les anciens juifs devenus chrétiens faisaient aux chrétiens non-juifs, c’est-à-dire des gens qui jusqu’ici étaient des païens, des non-circoncis ; il était facile de les culpabiliser : tant qu’ils ne se pliaient pas aux règles de la religion juive, ils ne faisaient pas partie du peuple élu. Circoncis ou non, puisque nous sommes croyants, nous sommes donc les descendants d’Abraham, une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel, ou les grains de sable de la mer, comme Dieu le lui avait promis… nous sommes ses héritiers.Concrètement, quotidiennement, les inégalités et les divisions subsistent quand même parmi nous ; et toute notre vie est tiraillée entre notre destin, notre vocation de baptisés et la lourdeur des divisions qui ont bien l’air de nous coller à la peau. Mais si l’on prend Paul au sérieux, chaque fois que nous constatons que nous vivons encore sous un régime de discriminations entre nous, nous devrions nous dire que nos façons de faire sont périmées : parce que, depuis notre
baptême, nous sommes tous unis au Christ, greffés sur le Christ : au fond, ici aussi, nous devrions nous dire « qu’il ne faut pas séparer ce que Dieu a uni ».ÉVANGILE – Luc 9, 18 – 24 Jésus vient de guérir une femme et de ressusciter une fillette et de multiplier le pain pour nourrir la foule. Alors à ce moment même de son ministère il se tourne ver ses disciples et il leur demande« Qui suis-je ? ».Jésus demande à ses disciples ce qu’ils ont entendu de la foule. Que pense-t-elle de moi ? Et viens le plus dur vous, qui me suivez que pensez vous de moi ? Jésus s’interroge –t-il sur lui même ou veut-il que ses
disciples lui disent comment ils le perçoivent. Ou encore veut-il qu’ils croient en lui ?. Voilà une question très actuelle que disent nos contemporains de Jésus et nous même que disons nous de lui et qu’elle place lui laissons nous dans nos vies ?Sommes-nous prêts à nous engager à sa suite ? Les opinions de la foule dans notre texte sont surprenantes: certains croient que Jésus n’est autre que Jean-Baptiste ressuscité, d’autres le prennent pour Élie, enfin d’autres pensent qu’il est un autre
prophète ressuscité.Pour l’instant, c’est à leur tour de risquer une réponse : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Le premier, Pierre prend la parole et dit « Le
Messie de Dieu », c’est-à-dire celui qui a reçu l’onction, celui qui est habité par l’Esprit de Dieu et qui vient instaurer le Royaume de Dieu. Et d’ailleurs, pour Pierre la multiplication des pains en est la preuve : le Royaume de Dieu est déjà là. Ce qui est quand même curieux, c’est que Jésus a posé cette question ; mais dès que Pierre donne la bonne réponse, il lui interdit de la répéter ! « Il leur défendit vivement de le répéter à personne… ». Et alors il s’explique ; son explication revient à dire : oui, tu as raison au moins sur un point, je suis bien le
Messie… mais attention, le
Messie n’est pas exactement comme vous croyez ! Alors il annonce un
Messie souffrant : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, les chefs des
prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite ». Plus tard, les chrétiens reliront les prophéties d’Isaïe (Is 53 sur le Serviteur souffrant) et de Zacharie (sur le mystérieux transpercé qui, effectivement, annonçaient les souffrances du
Messie) Le
Messie à l’époque était davantage attendu comme un chef de guerre triomphant qui libérerait le peuple juif de l’occupation romaine. Jésus leur révèle autre chose le messie viendra sans puissance : sa mission est service et non puissance ; et cette révélation-là, visiblement la foule n’est pas encore prête à la recevoir. Il ne faut donc pas lui dire trop vite qu’on a reconnu le
Messie, la foule risquerait de s’emballer. Jésus avertit ceux qui le suivent qu’ils doivent, eux aussi, emprunter ce chemin de renoncement : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix chaque jour » : cette expression vise les difficultés, les épreuves de la mission d’évangélisation. Pour nous, suivre Jésus, sur ce chemin c’est accepter de nous engager dans la mission d’annonce du Royaume sans jamais espérer de triomphe spectaculaire …Prédication Luc 9, 18 à 24 Dans notre monde beaucoup de gens attendent que leurs dirigeants, les hommes et femmes politiques leur apportent le plus vite possible la satisfaction de tous leurs besoins. Sans vouloir en rien critiquer abusivement les attentes nous avons parfois l’impression que certains imaginent que par quelques petites mesures l’on changera immédiatement le quotidien de tous. A l’opposé il y a ceux qui pensent qu’au point ou nous en sommes il faut tout renverser tout casser et que des mesures qui se veulent radicales nous arracherons à nos désespoirs…Dans ces deux attitudes il y a comme un soupçon, une caricature de messianisme politique.Mais laissons là les moyens les méthodes retenons simplement que beaucoup de nos contemporains croient encore que le changement dans leur existence est possible, qu’ils l’espèrent et sont malheureusement souvent déçus… A l’époque de Jésus beaucoup attendaient un messie triomphant, un messie politique qui renverserait les impies, les détenteurs corrompus du pouvoir, un Messie qui ferait justice de manière impitoyable et qui condamnerait, jugerait et enverrait après le châtiment tous ces ennemis du bien dans la géhenne, le feu éternel qui ne s’éteindra jamais.Alors viendrait un règne de paix, mais un règne ou l’autorité, la puissance et la présence de dieu serait écrasante. Israël serait au centre et les nations seront courbées devant lui …ce langage apocalyptique nous le connaissons assez bien grâce aux différentes apocalypses apocryphes.Le peuple de l’époque de Jésus est en attente, cette dernière est vive. Les premiers chapitres de l’évangile selon Luc témoignent de cette réalité. Le cantique de Zacharie et celui de Siméon, le Magnificat en témoignent. Mais les élites sont restées ritualistes, partisanes du statut quo et des mesures minimales pour changer la vie… !Jésus vient et voilà que son ministère rejoint les délaissés, les exclus, les oubliés ou plutôt ceux que l’on ne veut plus voir et que l’on rend responsables de leur propres sort sans se sentir le moins du monde obligé de leur tendre la main, ne serais-ce qu’une fois…Le chapitre neuf de l’évangile de Luc est un tournant de l’évangile. Jusqu’ici les disciples ont suivi Jésus, ils ont été témoins de son activité. Ils ont vu comment il dominait les éléments (Luc 8,22 à 25), comment il chassait les démons et la maladie (Luc 8,26 à 39). Et même comment il avait autorité sur la mort (8,40 à 45).Jusqu’ici ils étaient passifs et voilà que Jésus les as envoyé en mission (Luc 9, 1 à 6)…cela à même suscité l’inquiétude chez Hérode (9, 7 à 9)Nous sommes ici à un tournant de la vie de Jésus et des disciples, maintenant il faut faire le point sur le sens de la mission, sur le rôle du messie et sur la conviction, la foi et l’engagement des disciples.Apparemment les œuvres de puissance réalisées par Jésus ont suscité la foi des disciples. Pierre s’est écrié spontanément : « tu est le Christ ».Mais voilà qu’elle image a-t-il du Christ ?Cette question posée concernant Pierre nous concerne nous aussi.Qu’elle image avons-nous du Christ ou de Jésus ?Autour de nous beaucoup de personnes ont sur cette question des réponses différentes. Jésus est le Fils de Dieu, un prophète, un homme éclairé, sage, un menteur, un illuminé. Et pour les chrétiens eux-mêmes il est évident que tous n’ont pas la même appréciation de ce qu’il est. Certains le voient à l’œuvre partout toujours et en toutes choses, mais d’autre ont du mal à réaliser qu’il puisse se souvenir d’eux et agir dans leur vie.Dans le texte que nous avons lu ce jour, Jésus va prendre le temps de déconstruire l’image que Pierre se fait de lui, j’entends par là l’image de la toute puissance. Cette image il l’a acquise par ce qu’il a cru, reçu entendu de son éducation religieuse traditionnelle et populaire à la fois. Jésus se révèle comme un serviteur, le serviteur de celui qui l’a envoyé : Dieu lui-même…Et ceux et celles qui sont ses disciples, ou qui le deviendrons, suivrons, ou devrons suivre, le même chemin.Ils devront renoncer à eux mêmes se charger de leur croix et avancer sur le chemin rugueux et parfois difficile de la vie. Mais sur ce chemin celui qui les guideras ne les tromperas pas, ne leur mentiras pas, ne leur fera pas miroiter les libérations politiques insensées. Il fera naître dans leur cœur et leur intelligence une nouvelle manière de vivre, une nouvelle manière de penser, d’exister, de regarder la vie ; cela ne veut pas dire que les disciples se retirerons du monde mais ils y reviendront avec le ferment de l’évangile et de la parole de Dieu qui a le pouvoir de faire toute chose nouvelle. Dès lors qu’elle conduit les humains à aimer leurs frères, à faire preuve de compassion et à briser les chaînes injustes et les séparations destructrices.Jésus ne les invite pas à la résignation mais à marcher avec la force que Dieu leur donnera en temps voulu. C’est une véritable résurrection, une autre vie dès la vie présente. Une vie qui délaisse les illusions trompeuses, le pouvoir et la puissance. Pour n’avoir que la puissance de l’amour de Dieu.Face à ce récit nous ne pouvons pas rester immobiles, mais nous devons nous interroger :Qu’elle conception avons-nous de Jésus ?du Christ ? Comptons-nous sur lui pour que par notre prière d’intercession il fasse pour nous ce que nous voulons. Ou sommes nous prêts à comprendre qu’en cherchant sa volonté nous deviendrons des êtres nouveaux, d’authentiques disciples et témoins dans ce monde.Les recherches et le travail exégétique et historique sur Jésus nous offre de lui des images différentes. Restons-nous devant ces images, ces portraits sans choisir ? Où sommes-nous prêts à nous laisser enrichir par ce que nous découvrons, à tenter de prendre le chemin qui nous invite à le suivre ?Le disciple n’est pas seulement celui qui écoute, il est aussi celui qui met en œuvre la Parole qu’il a reçu, parce qu’il croit qu’elle transforme nos existences et les relations entre les humains dans notre monde.D’une certaine manière nous sommes invités à confesser notre foi à écrire notre propre confession à ne pas nous retrancher de manière commode ou stérile derrière les grands textes traditionnels tels le symbole des apôtres par exemple. Le réciter peut être purement rituel, mais dire ce que nous croyons et tenter de la vivre même si cela parait incomplet est certainement ce que Dieu attend de chacun de nous. Ici il n’y a pas de modèle tout fait, mais un chemin qui s’ouvre devant nous parce que la parole vient féconder notre existence.Jésus vient arracher ses disciples à leur ancienne existence, il leur montre un chemin nouveau vers Dieu, vers les autres, et les conduit à penser que quelque chose de nouveau est toujours possible grâce à la bonne nouvelle.Les disciples ne sont pas seulement là pour rendre un culte agréable à Dieu, mais aussi pour montrer le chemin de la vie nouvelle. Cela ne veut pas dire qu’ils sont meilleurs. Nous avons tous été rachetés par Grâce, c’est le don gratuit de Dieu. Mais la Grâce c’est aussi la capacité de vivre la nouveauté des promesses de Dieu.Dans notre monde d’aujourd’hui il y a de nombreux combats à mener, nous ne pouvons pas relever tous les défis, nous avons besoin les uns des autres pour le faire. C’est cela la communauté des disciples, l’Église de Jésus Christ.Mais nous avons le devoir, c’est notre mission, de nous engager envers les plus pauvres, les délaissés, d’être, un peu, ceux qui avec d’autres apportent, la guérison, la nourriture, qui délivrent les aveugles qui ouvrent les oreilles des sourds. Et tout cela non pas en raison d’un quelconque pouvoir ou au nom de la toute puissance de Dieu mais par amour et par compassion. Ces deux mots sont la clef de l’œuvre même de Jésus.Les discussions théologiques et historiques sur la bible peuvent nous passionner mais elles demeureront stériles si nous ne donnons pas notre foi si nous ne faisons pas confiance à Dieu pour qu’il incarne sa parole sur notre terre. Évangile n’est pas un livre mais la parole par laquelle Dieu nous visite, le fila plomb avec lequel nous pouvons mesurer ce qui est droit et ce qui est bancale dans nos vies.Jésus n’appelle pas des hommes à devenir chrétiens il recrute des disciples. Il nous demande d’entendre qu’il ne peut rien faire sans nous et ne veux rien faire sans nous. Son combat est un combat contre la mort contre ce qui détruit, défigure, dénature.La bible nous enseigne en différents textes que le mal et la mort ne sont pas voulus par Dieu.Cela demeure pour nous difficile à comprendre… Le monde où nous vivons est tellement marqué par le mal, et il n’y a face à cela aucune réponse théologique pleinement satisfaisante,Dieu, lutte contre ce chaos. Selon Jésus les disciples sont engagés dans ce combat difficile. Ils portent leur croix mais cette croix symbole de mort est aussi symbole de mort vaincue et de vie nouvelle.Il nous invite nous aussi à participer à ce combat pour la libération des humains. Il nous fait rend participer à son combat, nous sommes acteurs de cette lutte contre la mort et le mal. Le mal et la mort restent donc les ennemis à abattre quelques soient les formes qu’ils prennent.La bible enseigne que depuis que l’homme existe, Dieu n’a cessé de faire alliance avec lui et de lui proposer son aide pour organiser le monde afin qu’il évolue vers plus d’harmonie pour le mieux être de tous. Il nous propose d’entrer dans ce combat. Nous sommes invités à nous mettre au travail sans relâche et avec ingéniosité pour repousser l’adversité. Les disciples de l’évangile ont été les témoins de la résurrection. La résurrection c’est une vie qui traverse la mort.En effet, la résurrection fait partie du programme de Dieu, La résurrection fait partie intégrante de la vie chrétienne et de l’espérance. Elle en est l’aboutissement normal. Jésus s’y trouve et nous invite à l’y rejoindre.Nous voici donc exhortés dans ce monde imparfait, troublé à ne pas perdre espoir mais à nous engager, à confesser notre foi au Christ vivant, témoin de Dieu.Dans cette nuit à laquelle ressemble parfois notre vie, nous ne pouvons que dire comme Pierre, dans une autre circonstance : « Seigneur, à qui d’autre irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » Et que disent-elles, ces paroles de la vie éternelle ? Elles disent : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive ! » Faisons bien attention ! Jésus ne dit pas : « Qu’il prenne ma croix ». Elle serait trop lourde. Il dit : « qu’il prenne sa croix ». Chacun d’entre nous a une croix dans sa vie. Il a pu la trouver à sa naissance : un handicap, une hérédité ou bien d’autres choses. Cette croix a pu lui tomber dessus au cours de sa vie : une maladie, un deuil, un accident. Tous nous avons à porter une croix. Elle est plus ou moins lourde. Nous pouvons nous laisser écraser par elle. Nous pouvons aussi la brandir avec ostentation, et en fatiguer les autres. Nous pouvons aussi, tout simplement, la ramasser, la mettre sur nos épaules et avancer en la portant, à notre rythme, avec nos coups de fatigue, nos chutes, vers la lumière.Nous ne sommes pas seuls. Écoutons bien ce que dit Jésus : « Qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Nous ne sommes pas seuls : il est avec nous. Il marche devant nous. Et ça peut tout changer. Dieu porte la croix avec nous. Il porte toutes nos croix avec nous. Ce n’est plus un Dieu magicien. C’est un Dieu de compassion, au sens fort du mot.La face du monde n’en est pas changée, mais notre cœur peut être plus léger. Un fardeau est plus léger parce qu’il est partagé, surtout quand c’est Dieu qui en prend sa part. Plus notre croix est lourde, plus il est près de nous. La compagnie qu’il préfère, il l’a dit, il l’a montré, ce sont ceux qui sont abandonnés, qui souffrent, les pauvres et les pécheurs. Nous pouvons tous nous mettre dans les rangs.Amen
Textes : Deutéronome 23, v. 2 à 26 Psaume 63 Zacharie 12, v. 10 & 11 ; 13, v.1 Galates 3, v. 26 à 29 Luc 9, v. 18 à 24 Pasteur Frédéric VerspeetenTélécharger le document au complet
Notes bibliquesPREMIÈRE LECTURE – Zacharie 12, 10…13, 1 Le livre de Zacharie pourrait être appelé le livre de l’espérance. Il nous montre en particulier comment l’espérance de la communauté israélite s’est précisée dans le temps. En effet ce livre présente deux parties distinctes. La première partie (chap. 1-8) contient des messages datés des années 520 à 518 avant J.-C. et prononcés par conséquent par un contemporain du prophète Aggée. Zacharie s’y exprime sous la forme de récits de visions. Celles-ci font comprendre que la reconstruction du temple ainsi que le rétablissement de Jérusalem dans son rôle central marquent l’entrée dans un temps nouveau. Pour inaugurer ce temps, Dieu choisit le gouverneur Zorobabel et le grand-prêtre Yéchoua. De plus en plus, l’espérance d’Israël va se concentrer sur l’attente du moment où Dieu régnera sur la terre entière. En même temps, elle est liée à la mission d’un homme choisi par Dieu. La deuxième partie du livre de Zacharie (chap. 9-14), écrite plus tard que la première, insiste sur ces deux aspects. Elle donne des traits particuliers à celui qui instaurera le règne de Dieu, en le présentant tour à tour comme un roi humble et victorieux, comme un berger ou comme l’envoyé mis à mort. Les évangélistes ont repris ces traits pour présenter la personne et la mission de Jésus, en particulier dans les récits concernant sa mort (voir Matt 21.4-5; Matt 26.31; Marc 14.27; Jean 19.37).Le texte de l’Évangile de ce jour va nous inviter à nous poser la question : « qui est Jésus pour nous ? Nous sauve-t-il et de quoi ? Les premiers Chrétiens se posaient ces questions tout comme nous ;Le livre de Zacharie parle de la venue « d’un esprit qui fera naître en nous bonté et supplication et ajoute: « il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur
péché et de leur souillure ». Nous pouvons nous demander si le salut est bien accompli, alors que l’humanité continue à vivre dans la haine, la violence, les égoïsmes et les désordres de toute sorte ? Notre monde reste marqué par la haine, la violence, l’égoïsme qui sont l’origine de tous nos maux… Dans le texte du livre du prophète, l’expression « En ce jour-là » revient plusieurs fois pour dire qu’il s’agit d’un accomplissement attendu depuis toujours. « Ce jour-là », sous-entendu, c’est le Jour du Seigneur : le jour que Dieu lui-même attend, le jour pour lequel il a créé le monde et l’humanité ; le jour qui verra l’aboutissement de son projet. « En ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem… » Pour tout lecteur juif, cette phrase est une allusion à la venue du
Messie : chaque fois que la
Bible parle de la maison de David, c’est du
Messie qu’il s’agit. Et ce fameux « Jour » de Dieu, c’est justement le jour où le
Messie accomplira le projet de salut de Dieu. Au moment ou cette proclamation retentit c’est que, il n’y a plus de roi à Jérusalem et encore moins de descendant de David sur le trône et ce depuis l’exil à Babylone.Zacharie, déclare : « En ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem…» : Cela veut dire que, malgré les apparences, la maison de David n’est pas oubliée, mise de coté, Dieu poursuit son projet avec elle… cela veut bien dire aussi que Jérusalem, entendez, le peuple d’Israël, reste le peuple élu pour apporter à l’humanité le salut qu’elle attend. Ensuite il déclare « je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit qui fera naître en eux bonté et supplication ». Les temps messianiques débuteront donc par la conversion de Jérusalem et du peuple « élu ». « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » : Pour Zacharie: le
Messie sera d’abord transpercé (c’est-à-dire méconnu, rejeté, tué) ; mais ensuite, les yeux de son peuple s’ouvriront et ils le reconnaîtront comme tel. Et alors, ils regretteront amèrement leur conduite, ils le pleureront, ils porteront le deuil : les expressions « ils feront une lamentation sur lui » il y aura grande lamentation dans Jérusalem… ». Tout à coup ils comprendront qu’ils ont percé celui qui était l’envoyé de Dieu. Et alors avec les yeux, ce sont les cœurs qui s’ouvriront : Ézéchiel avait dit quelque chose de semblable : « Je vous donnerai un cœur neuf, et je mettrai en vous un esprit neuf ; j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36, 26). Quand le texte parle de bonté et supplication, de lamentation, de larmes amères, il dit bien que les cœurs de pierre se sont enfin brisés : ils sont devenus des cœurs de chair. Et au fur et à mesure que nos cœurs de pierre se brisent, pour laisser la place au cœur de chair qui est en chacun de nous, nous découvrons nos complicités : tout ce que nous laissons faire par indifférence, ou par lâcheté. La dernière phrase du texte dit ce qui adviendra alors : « En ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur
péché et de leur souillure ».ils se convertiront et ne se contenterons pas de regretter l’acte qu’ils ont commis ; leurs cœurs s’ouvrirontLe
péché, la souillure, le cœur de pierre, ces yeux fermés, tout cela disparaîtra et « un fleuve d’eau vive » jaillira au sein du peuple. Pour les premiers chrétiens lisant ce texte : tout s’est bien passé comme Zacharie l’avait dit : le
Messie a été effectivement transpercé ; mais on ne peut pas dire que la transformation du cœur de l’homme soit totale et définitive.Alors attendons-nous encore quelque chose de nouveau ? ; ou Dieu nous renvoie-t-il enfin à notre liberté ? Il nous a créés libres : à nous d’accepter de lever les yeux. Il ne nous convertira pas de force cela n’aurait aucun sens et le transformerait en un dictateur redoutable.DEUXIÈME LECTURE – Galates 3, 26 – 29 Paul s’adresse ici à la communauté chrétienne de Galatie à un moment où elle traverse une grave crise. Dans ce contexte Paul proclame un des plus beau textes du message du christianisme :« Il n’y a plus ni juif ni païen, ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme… »Et il ajoute « Vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus », chaque jour qui passe dans notre monde semble nous dire le contraire…Nous voyons partout à l’œuvre le racisme et le refus de la différence, tout aussi actifs que ce qui se vivait chez les Galates… C’est là que nous sentons cruellement le fossé qui sépare l’espérance du message du nouveau testament et notre réalité. Paul insiste justement, pour nous inviter à dépasser les apparences : ce que nous appelons la réalité concrète n’est faite que de différences de sexe, de race, d’origine sociale… entre autresPaul, nous invite à ne pas nous laisser piéger par les apparences et à nous souvenir que le Christ nous unit profondément en Dieu et avec les autres. Nous sommes greffés sur Jésus-Christ. Une même sève coule dans nos veines. « Vous tous, que le
baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. » L’image du vêtement est superbe : le manteau du Christ nous enveloppe tous et il recouvre toutes nos particularités qui en deviennent accessoires. Concrètement, si Paul insiste, c’est parce que la question se pose : le texte lui-même dit bien où se situaient les problèmes… quand Paul dit « il n’y a plus ni juif ni païen » cela veut bien dire qu’entre anciens juifs et anciens païens devenus chrétiens, il y avait de sérieuses divisions ; de la même manière, les deux propositions suivantes : « il n’y a plus ni esclave ni homme libre » et « il n’y a plus l’homme et la femme » laissent deviner quelles divisions Paul appelle les Galates à surmonter. Paul ici nous livre un texte fondateur et au passage cet apôtre que l’on dit exigeant envers les femmes se révèle ici être celui qui appelle à dépasser toutes les ségrégations entre hommes et femmes : « il n’y a plus l’homme et la femme » dit-il ; « il n’y a plus que des baptisés » ; vous êtes des fidèles du Christ, c’est cela seul qui compte. Ensuite il ajoute « Il n’y a plus ni esclave ni homme libre » : là encore, cela ne veut pas dire que Paul préconise la révolution ; mais quel que soit le rang social des uns et des autres, vous aurez pour tous la même considération car tous vous êtes des baptisés. Vous ne regarderez pas avec moins de respect et de déférence celui qui vous paraît moins haut placé sur l’échelle sociale : la recommandation vaut bien encore pour nous aujourd’hui ! Je reviens sur la première distinction que Paul invite les Galates à dépasser : « Il n’y a plus ni Juif ni païen » ; on connaît le problème qui a empoisonné les premières communautés chrétiennes : la querelle que les anciens juifs devenus chrétiens faisaient aux chrétiens non-juifs, c’est-à-dire des gens qui jusqu’ici étaient des païens, des non-circoncis ; il était facile de les culpabiliser : tant qu’ils ne se pliaient pas aux règles de la religion juive, ils ne faisaient pas partie du peuple élu. Circoncis ou non, puisque nous sommes croyants, nous sommes donc les descendants d’Abraham, une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel, ou les grains de sable de la mer, comme Dieu le lui avait promis… nous sommes ses héritiers.Concrètement, quotidiennement, les inégalités et les divisions subsistent quand même parmi nous ; et toute notre vie est tiraillée entre notre destin, notre vocation de baptisés et la lourdeur des divisions qui ont bien l’air de nous coller à la peau. Mais si l’on prend Paul au sérieux, chaque fois que nous constatons que nous vivons encore sous un régime de discriminations entre nous, nous devrions nous dire que nos façons de faire sont périmées : parce que, depuis notre
baptême, nous sommes tous unis au Christ, greffés sur le Christ : au fond, ici aussi, nous devrions nous dire « qu’il ne faut pas séparer ce que Dieu a uni ».ÉVANGILE – Luc 9, 18 – 24 Jésus vient de guérir une femme et de ressusciter une fillette et de multiplier le pain pour nourrir la foule. Alors à ce moment même de son ministère il se tourne ver ses disciples et il leur demande« Qui suis-je ? ».Jésus demande à ses disciples ce qu’ils ont entendu de la foule. Que pense-t-elle de moi ? Et viens le plus dur vous, qui me suivez que pensez vous de moi ? Jésus s’interroge –t-il sur lui même ou veut-il que ses
disciples lui disent comment ils le perçoivent. Ou encore veut-il qu’ils croient en lui ?. Voilà une question très actuelle que disent nos contemporains de Jésus et nous même que disons nous de lui et qu’elle place lui laissons nous dans nos vies ?Sommes-nous prêts à nous engager à sa suite ? Les opinions de la foule dans notre texte sont surprenantes: certains croient que Jésus n’est autre que Jean-Baptiste ressuscité, d’autres le prennent pour Élie, enfin d’autres pensent qu’il est un autre
prophète ressuscité.Pour l’instant, c’est à leur tour de risquer une réponse : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Le premier, Pierre prend la parole et dit « Le
Messie de Dieu », c’est-à-dire celui qui a reçu l’onction, celui qui est habité par l’Esprit de Dieu et qui vient instaurer le Royaume de Dieu. Et d’ailleurs, pour Pierre la multiplication des pains en est la preuve : le Royaume de Dieu est déjà là. Ce qui est quand même curieux, c’est que Jésus a posé cette question ; mais dès que Pierre donne la bonne réponse, il lui interdit de la répéter ! « Il leur défendit vivement de le répéter à personne… ». Et alors il s’explique ; son explication revient à dire : oui, tu as raison au moins sur un point, je suis bien le
Messie… mais attention, le
Messie n’est pas exactement comme vous croyez ! Alors il annonce un
Messie souffrant : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, les chefs des
prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite ». Plus tard, les chrétiens reliront les prophéties d’Isaïe (Is 53 sur le Serviteur souffrant) et de Zacharie (sur le mystérieux transpercé qui, effectivement, annonçaient les souffrances du
Messie) Le
Messie à l’époque était davantage attendu comme un chef de guerre triomphant qui libérerait le peuple juif de l’occupation romaine. Jésus leur révèle autre chose le messie viendra sans puissance : sa mission est service et non puissance ; et cette révélation-là, visiblement la foule n’est pas encore prête à la recevoir. Il ne faut donc pas lui dire trop vite qu’on a reconnu le
Messie, la foule risquerait de s’emballer. Jésus avertit ceux qui le suivent qu’ils doivent, eux aussi, emprunter ce chemin de renoncement : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix chaque jour » : cette expression vise les difficultés, les épreuves de la mission d’évangélisation. Pour nous, suivre Jésus, sur ce chemin c’est accepter de nous engager dans la mission d’annonce du Royaume sans jamais espérer de triomphe spectaculaire …Prédication Luc 9, 18 à 24 Dans notre monde beaucoup de gens attendent que leurs dirigeants, les hommes et femmes politiques leur apportent le plus vite possible la satisfaction de tous leurs besoins. Sans vouloir en rien critiquer abusivement les attentes nous avons parfois l’impression que certains imaginent que par quelques petites mesures l’on changera immédiatement le quotidien de tous. A l’opposé il y a ceux qui pensent qu’au point ou nous en sommes il faut tout renverser tout casser et que des mesures qui se veulent radicales nous arracherons à nos désespoirs…Dans ces deux attitudes il y a comme un soupçon, une caricature de messianisme politique.Mais laissons là les moyens les méthodes retenons simplement que beaucoup de nos contemporains croient encore que le changement dans leur existence est possible, qu’ils l’espèrent et sont malheureusement souvent déçus… A l’époque de Jésus beaucoup attendaient un messie triomphant, un messie politique qui renverserait les impies, les détenteurs corrompus du pouvoir, un Messie qui ferait justice de manière impitoyable et qui condamnerait, jugerait et enverrait après le châtiment tous ces ennemis du bien dans la géhenne, le feu éternel qui ne s’éteindra jamais.Alors viendrait un règne de paix, mais un règne ou l’autorité, la puissance et la présence de dieu serait écrasante. Israël serait au centre et les nations seront courbées devant lui …ce langage apocalyptique nous le connaissons assez bien grâce aux différentes apocalypses apocryphes.Le peuple de l’époque de Jésus est en attente, cette dernière est vive. Les premiers chapitres de l’évangile selon Luc témoignent de cette réalité. Le cantique de Zacharie et celui de Siméon, le Magnificat en témoignent. Mais les élites sont restées ritualistes, partisanes du statut quo et des mesures minimales pour changer la vie… !Jésus vient et voilà que son ministère rejoint les délaissés, les exclus, les oubliés ou plutôt ceux que l’on ne veut plus voir et que l’on rend responsables de leur propres sort sans se sentir le moins du monde obligé de leur tendre la main, ne serais-ce qu’une fois…Le chapitre neuf de l’évangile de Luc est un tournant de l’évangile. Jusqu’ici les disciples ont suivi Jésus, ils ont été témoins de son activité. Ils ont vu comment il dominait les éléments (Luc 8,22 à 25), comment il chassait les démons et la maladie (Luc 8,26 à 39). Et même comment il avait autorité sur la mort (8,40 à 45).Jusqu’ici ils étaient passifs et voilà que Jésus les as envoyé en mission (Luc 9, 1 à 6)…cela à même suscité l’inquiétude chez Hérode (9, 7 à 9)Nous sommes ici à un tournant de la vie de Jésus et des disciples, maintenant il faut faire le point sur le sens de la mission, sur le rôle du messie et sur la conviction, la foi et l’engagement des disciples.Apparemment les œuvres de puissance réalisées par Jésus ont suscité la foi des disciples. Pierre s’est écrié spontanément : « tu est le Christ ».Mais voilà qu’elle image a-t-il du Christ ?Cette question posée concernant Pierre nous concerne nous aussi.Qu’elle image avons-nous du Christ ou de Jésus ?Autour de nous beaucoup de personnes ont sur cette question des réponses différentes. Jésus est le Fils de Dieu, un prophète, un homme éclairé, sage, un menteur, un illuminé. Et pour les chrétiens eux-mêmes il est évident que tous n’ont pas la même appréciation de ce qu’il est. Certains le voient à l’œuvre partout toujours et en toutes choses, mais d’autre ont du mal à réaliser qu’il puisse se souvenir d’eux et agir dans leur vie.Dans le texte que nous avons lu ce jour, Jésus va prendre le temps de déconstruire l’image que Pierre se fait de lui, j’entends par là l’image de la toute puissance. Cette image il l’a acquise par ce qu’il a cru, reçu entendu de son éducation religieuse traditionnelle et populaire à la fois. Jésus se révèle comme un serviteur, le serviteur de celui qui l’a envoyé : Dieu lui-même…Et ceux et celles qui sont ses disciples, ou qui le deviendrons, suivrons, ou devrons suivre, le même chemin.Ils devront renoncer à eux mêmes se charger de leur croix et avancer sur le chemin rugueux et parfois difficile de la vie. Mais sur ce chemin celui qui les guideras ne les tromperas pas, ne leur mentiras pas, ne leur fera pas miroiter les libérations politiques insensées. Il fera naître dans leur cœur et leur intelligence une nouvelle manière de vivre, une nouvelle manière de penser, d’exister, de regarder la vie ; cela ne veut pas dire que les disciples se retirerons du monde mais ils y reviendront avec le ferment de l’évangile et de la parole de Dieu qui a le pouvoir de faire toute chose nouvelle. Dès lors qu’elle conduit les humains à aimer leurs frères, à faire preuve de compassion et à briser les chaînes injustes et les séparations destructrices.Jésus ne les invite pas à la résignation mais à marcher avec la force que Dieu leur donnera en temps voulu. C’est une véritable résurrection, une autre vie dès la vie présente. Une vie qui délaisse les illusions trompeuses, le pouvoir et la puissance. Pour n’avoir que la puissance de l’amour de Dieu.Face à ce récit nous ne pouvons pas rester immobiles, mais nous devons nous interroger :Qu’elle conception avons-nous de Jésus ?du Christ ? Comptons-nous sur lui pour que par notre prière d’intercession il fasse pour nous ce que nous voulons. Ou sommes nous prêts à comprendre qu’en cherchant sa volonté nous deviendrons des êtres nouveaux, d’authentiques disciples et témoins dans ce monde.Les recherches et le travail exégétique et historique sur Jésus nous offre de lui des images différentes. Restons-nous devant ces images, ces portraits sans choisir ? Où sommes-nous prêts à nous laisser enrichir par ce que nous découvrons, à tenter de prendre le chemin qui nous invite à le suivre ?Le disciple n’est pas seulement celui qui écoute, il est aussi celui qui met en œuvre la Parole qu’il a reçu, parce qu’il croit qu’elle transforme nos existences et les relations entre les humains dans notre monde.D’une certaine manière nous sommes invités à confesser notre foi à écrire notre propre confession à ne pas nous retrancher de manière commode ou stérile derrière les grands textes traditionnels tels le symbole des apôtres par exemple. Le réciter peut être purement rituel, mais dire ce que nous croyons et tenter de la vivre même si cela parait incomplet est certainement ce que Dieu attend de chacun de nous. Ici il n’y a pas de modèle tout fait, mais un chemin qui s’ouvre devant nous parce que la parole vient féconder notre existence.Jésus vient arracher ses disciples à leur ancienne existence, il leur montre un chemin nouveau vers Dieu, vers les autres, et les conduit à penser que quelque chose de nouveau est toujours possible grâce à la bonne nouvelle.Les disciples ne sont pas seulement là pour rendre un culte agréable à Dieu, mais aussi pour montrer le chemin de la vie nouvelle. Cela ne veut pas dire qu’ils sont meilleurs. Nous avons tous été rachetés par Grâce, c’est le don gratuit de Dieu. Mais la Grâce c’est aussi la capacité de vivre la nouveauté des promesses de Dieu.Dans notre monde d’aujourd’hui il y a de nombreux combats à mener, nous ne pouvons pas relever tous les défis, nous avons besoin les uns des autres pour le faire. C’est cela la communauté des disciples, l’Église de Jésus Christ.Mais nous avons le devoir, c’est notre mission, de nous engager envers les plus pauvres, les délaissés, d’être, un peu, ceux qui avec d’autres apportent, la guérison, la nourriture, qui délivrent les aveugles qui ouvrent les oreilles des sourds. Et tout cela non pas en raison d’un quelconque pouvoir ou au nom de la toute puissance de Dieu mais par amour et par compassion. Ces deux mots sont la clef de l’œuvre même de Jésus.Les discussions théologiques et historiques sur la bible peuvent nous passionner mais elles demeureront stériles si nous ne donnons pas notre foi si nous ne faisons pas confiance à Dieu pour qu’il incarne sa parole sur notre terre. Évangile n’est pas un livre mais la parole par laquelle Dieu nous visite, le fila plomb avec lequel nous pouvons mesurer ce qui est droit et ce qui est bancale dans nos vies.Jésus n’appelle pas des hommes à devenir chrétiens il recrute des disciples. Il nous demande d’entendre qu’il ne peut rien faire sans nous et ne veux rien faire sans nous. Son combat est un combat contre la mort contre ce qui détruit, défigure, dénature.La bible nous enseigne en différents textes que le mal et la mort ne sont pas voulus par Dieu.Cela demeure pour nous difficile à comprendre… Le monde où nous vivons est tellement marqué par le mal, et il n’y a face à cela aucune réponse théologique pleinement satisfaisante,Dieu, lutte contre ce chaos. Selon Jésus les disciples sont engagés dans ce combat difficile. Ils portent leur croix mais cette croix symbole de mort est aussi symbole de mort vaincue et de vie nouvelle.Il nous invite nous aussi à participer à ce combat pour la libération des humains. Il nous fait rend participer à son combat, nous sommes acteurs de cette lutte contre la mort et le mal. Le mal et la mort restent donc les ennemis à abattre quelques soient les formes qu’ils prennent.La bible enseigne que depuis que l’homme existe, Dieu n’a cessé de faire alliance avec lui et de lui proposer son aide pour organiser le monde afin qu’il évolue vers plus d’harmonie pour le mieux être de tous. Il nous propose d’entrer dans ce combat. Nous sommes invités à nous mettre au travail sans relâche et avec ingéniosité pour repousser l’adversité. Les disciples de l’évangile ont été les témoins de la résurrection. La résurrection c’est une vie qui traverse la mort.En effet, la résurrection fait partie du programme de Dieu, La résurrection fait partie intégrante de la vie ch