Textes : Ps 118, v. 17 à 23 Actes 4, v. 32 à 351 Jean 5, v. 1 à 6 Jean 20, v. 19 à 31Pasteur Christian BarbéryTélécharger le document au complet

Notes bibliques

v.19 : C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. C’était donc le dimanche. Ce n’est pas une précision chronologique. Jean écrit son évangile environs 50 ans après les faits, les chrétiens avaient déjà pris l’habitude de se réunir le dimanche pour fêter la résurrection de Jésus. Le dimanche = jour du Seigneur = jour de la résurrection Dimanche = pour les juifs, le premier jour de la semaine, un jour de travail. 7ème jour = samedi = repos et prière. C’est un lendemain de sabbat que Jésus est ressuscité et plusieurs fois il s’est montré vivant à ses apôtres après sa résurrection, chaque fois, le premier jour de la semaine. Autrement dit, le premier jour pour les chrétiens est le premier jour des temps nouveaux. Nouvelle création. « les disciples avaient verrouillé les portes… » Jean souligne le contraste : les disciples sont enfermés, ils ont peur. On les comprend : le Maître a été mis à mort et peut-être que les disciples pourraient suivre le même sort. Le « tout est verrouillé » s’oppose au Christ qui va et vient avec une grande liberté. Surtout, il n’a pas l’air de connaître la peur. Il dit « la paix soit avec vous » = salut juif habituel (shalom) mais drôle de salutation quand même après ce qui vient de se passer. Est-ce qu’on peut être dans la paix après le Vendredi Saint ? Intéressant ce verset car ce qui s’oppose à la foi n’est pas le manque de foi mais la peur. v. 20 : Voyant le Seigneur Le verbe utilisé signifie « voir » et « comprendre ». Montrant son côté = les marques sont bien là dans ses mains et ses pieds, son côté : la Résurrection ne gomme donc pas la mort. La foi chrétienne traverse la mort mais ne passe pas à côté comme d’autres systèmes de pensée (immortalité, réincarnation, etc.) v. 21 : La paix soit avec vous » La paix (shalom) = atteste la mission qui vient du Père. Plus que l’arrêt des conflits ou la quiétude personnelle, la paix inaugure les temps messianiques. Plusieurs fois, le Christ ressuscité prononce Shalom. Il faut que Jésus s’y prenne à deux fois. Alors, les disciples peuvent réellement être dans la paix, non pas comme si rien n’était arrivé mais malgré ce qui est arrivé. v. 22 : Ayant ainsi parlé Jésus répandit son souffle sur eux… Est-ce une allusion à la Pentecôte ? Nous pouvons le croire. On est frappé en tous cas du lien entre le don de l’Esprit et la mission de réconciliation. Dans la Bible, l’esprit est toujours donné en lien avec la mission, en vue de la mission et la mission = réconcilier les hommes avec Dieu. Tout le reste en découle. « de même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » v. 21 C’est un ordre : allez annoncer que les péchés sont remis c’est-à-dire pardonnés. Soyez les ambassadeurs de la réconciliation universelle. Si vous n’y allez pas, il n’y aura pas de réconciliation possible. Le Père m’a envoyé pour annoncer la réconciliation universelle, pour dire que Dieu ne tient pas compte des péchés des hommes mais qu’il est amour et pardon ! Le seul péché à la racine de tout, c’est de ne pas croire que Dieu est amour ! Reste la phrase du v. 23 : être maintenu dans son péché ? C’est ignorer l’amour de Dieu. Il dépend de vous, dit Jésus, que vos frères connaissent cet amour. Jean 20, v. 24 à 29 : Nouvelle séquence une semaine plus tard v. 24 & 25 : Rencontre entre les disciples et le Christ, en particulier Thomas. Dans l’évangile, la foi naît d’une rencontre. Thomas veut « voir » et « comprendre » = 2 verbes importants (langage gnostique pour mieux démystifier la gnose ?) Thomas est l’exemple du disciple qui refuse de croire sans avoir vu. Il a besoin de certitudes. Il faudrait lui dire que la théologie s’intéresse moins à ce qui est sûr qu’à ce qui est peu sûr. Différence entre la vérité scientifique et la vérité théologique. Bernanos : « la foi, c’est 24 heures de doute, moins une seconde ! » v. 26 à 29 : Thomas, modèle type du croyant. Mais la peur a disparu chez les disciples v. 27 : Le Christ ressuscité rejoint Thomas là où il est. Les signes sont là qui appelle la foi sans le doute. v. 28 : La confession de foi de Thomas termine l’épisode.« J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé », dira Paul. C’est la confession de Thomas qui fait de lui non plus un sceptique mais un croyant.Ce passage décrit la naissance de l’Église.

Prédication

Thèmes : le Doute, le Pardon et l’Envoi Thomas, celui qui a douté. C’est ainsi que l’évangile de Jean nous le présente faisant de ce disciple le « type » même du sceptique, celui qui a besoin de « voir » pour « croire » ; non seulement celui qui demande à « voir », mais encore à « toucher », l’exemple donc à ne pas suivre puisque « bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru ». Dans cette Béatitude, il en va évidemment des communautés contemporaines de la rédaction de l’évangile et qui sont donc déjà éloignés dans le temps du Jésus historique, mais il en va aussi de chacun d’entre nous aujourd’hui et donc de toute l’Église dont la foi ne pourra s’appuyer sur des preuves historiques. Mais s’il y avait des preuves, pourrait-on encore parler de foi ? La foi n’est-ce pas accepter avec confiance là où rien n’est moins sûr. La théologie n’est-elle pas la science qui s’occupe de ce qui est moins sûr que de ce qui est certain ? Bien sûr, il ne nous est pas demandé de croire à l’aveuglette, sans penser et sans mettre en oeuvre toutes nos facultés de raisonnement. ET c’est pourquoi cette nécessité de penser la foi, de la structurer, l’Évangile de Jean en tient déjà compte et c’est peut-être même l’objectif de notre passage. Reprenons notre récit. Première scène : les disciples sont rassemblés dans une maison fermée. Partagés entre crainte des autorités et sentiment d’expectative devant le fait que Jésus, le Seigneur, est bel et bien devant eux et que celui qui est là au milieu de la communauté est le crucifié. Il y a dans cette scène une immédiateté et une évidence qui les conduisent à reconnaître le Seigneur. Tout est donné et en même temps tout est à lire. Les disciples adhèrent sans questionnement. Deuxième scène : c’est l’envoi après une nouvelle salutation. Et l’envoi des disciples se calque sur l’envoi de Jésus par le Père. C’est parce que Dieu s’est fait homme en Jésus Christ, c’est parce qu’il a été crucifié et qu’il est présent parmi nous qu’il existe désormais un nouveau type d’envoi des hommes vers les hommes, une nouvelle mission à accomplir dans l’humanité ; elle ne s’accomplit pas par la force des hommes envoyés, mais elle naît dans la Présence créatrice du ressuscité. Et cette Présence, c’est l’Esprit Saint comme puissance de vie. Jésus souffle sur eux ! Comme Dieu a soufflé sur l’homme pour lui donner la vie. Il s’agit d’une nouvelle vie donnée, d’un nouveau souffle au soir de la résurrection. D’un nouveau commencement. Ce commencement, ce n’est pas seulement le don de la vie mais l’annonce du Pardon. Pardon inscrit dans les plaies du crucifié et donné comme objet premier de la mission ; car c’est du Pardon que jaillit la vie et c’est du pardon que jaillit la foi. Bien sûr, il y a ce verset énigmatique qui parle du pouvoir de remise des péchés. Pouvoir accordé aux apôtres. En ce 500ème anniversaire de la naissance de Calvin, citons le Réformateur à ce sujet : « Jésus n’ordonne point (sic) des confesseurs qui examinent les péchés et fautes en barbotant à l’oreille, mais des annonciateurs de son Évangile qui fassent retentir leur voix, qui scellent dans les fidèles la Grâce de la purification acquise par Jésus Christ ». Il ne s’agit donc pas d’une absolution ou d’une condamnation magique liée à l’aveu des fautes, mais il s’agit d’une Parole qui anticipe, qui annonce et qu’il s’agit d’accueillir. Et Calvin ajoute : « Quiconque entend la voix de l’Évangile, s’il ne reçoit et n’embrasse pas la rémission des péchés qui est promise et offerte, est coupable de damnation éternelle ». Sans doute, ne dirions-nous pas les choses de la même manière aujourd’hui, mais l’idée essentielle est que le Christ n’est pas venu pour juger les hommes mais que ce sont les hommes qui se jugent eux-mêmes en refusant la Parole de vie et de Pardon qui leur est proposée. Comment en effet serions-nous pardonnés si nous refusions de signer l’accusé de réception de ce Pardon ? Mais allons plus loin dans notre lecture avec le deuxième temps qui se tient 8 jours après. Au centre de cette réunion, il y a Thomas et son incrédulité. Qu’en est-il de ce doute ? Ce n’est pas un refus. Non, ce doute se présente à la fois comme un lieu de liberté pour l’homme et comme celui de son erreur. Et cette erreur ne peut-être déjouée que par la Grâce de Dieu et par la décision de l’homme de répondre à cette Grâce. L’erreur, c’est de refuser la confiance pour acquérir la certitude. L’erreur, c’est de confondre ce qui est de l’ordre de la foi et ce qui est de l’ordre du savoir. Nous croyons que Jésus est le Seigneur, nous l’affirmons, mais nous ne le savons pas de manière scientifique et rationnelle. Notre foi est sans preuves, ce qui ne signifie pas qu’elle soit sans raison, sans questions ni sans intelligence ; mais elle est avant tout réponse à un appel et acte de confiance. D’ailleurs Thomas ne doute pas du Seigneur, il doute de sa présence au milieu des disciples en tant que Celui-ci est le crucifié. Regarde et touche, dit Jésus. Pourquoi cette concession à la faiblesse humaine ? C’est peut-être la première manifestation du Pardon. Le premier pardon accordé, c’est celui de notre doute et de notre incrédulité. Car c’est là que tout se joue. C’est là que tout commence. L’homme ne peut devenir un homme de foi que parce que Dieu lui pardonne son doute, son manque de confiance. C’est le premier article de la confession du péché : « Seigneur, viens au secours de mon incrédulité ». Et le travail de Dieu en nous, de Jésus Christ présent parmi nous, de l’Esprit qui nous accompagne, c’est ce secours de première urgence. Ce secours qui s’opère dans sa Parole. Il nous parle pour que nous croyions en Lui et pour que, croyant en Lui, nous soyons sauvés et recevions la vie. De notre lecture, retenons 2 choses alors. D’abord le doute en ce qu’il est le lieu premier de notre aveu devant Dieu. L’aveu de notre difficulté à croire, de nos résistances, de tous nos « oui, mais ». C’est dans ce doute que nous nous plaçons devant Dieu. Deuxième chose : l’envoi. Dieu nous envoie dans le monde pour témoigner de son Pardon. Pour le faire, nous avons l’Esprit qui nous accompagne. Bien curieuse personne. Dieu est Dieu, Jésus est Jésus, mais l’Esprit ? Qui est-il ? On le prie, on l’accueille, on le remercie. Il est peut-être ce mouvement, ce geste de Dieu en nous. Respiration de Dieu, souffle qui porte l’homme et l’anime. Bon esprit, Saint Esprit. Visage caché mais souriant de Dieu…