Textes : 1 Chroniques 20, v. 1 à 21, v. 17 Exode 22, v. 20 à 26 Psaume 18 1 Thessaloniciens 1, v. 5 à 10 Matthieu 22, v. 34 à 40Pasteur Michel BlockTélécharger le document au complet

Notes bibliques

La prédication proposée s’appuie sur le texte de l’Évangile selon Matthieu. Je ne pense utiliser que le texte des Chroniques, en plus de celui de l’évangile. 1 Chroniques 20, v. 1 à 21, v.17 : Ce texte est proposé dans le cadre de la lecture quotidienne continue du livre des Chroniques par « Parole Pour Tous », et vient donc en plus des autres lectures « classiques » pour ce dimanche. On peut le découper en deux parties : Le chapitre 20 relate des combats entre Israël et les Philistins, combats dont les champions d’Israël sortent victorieux. David ne semble pas prendre lui-même une part déterminante dans ces victoires (seule allusion à son éventuelle présence au verset 8), et apparait plutôt comme un souverain profitant des réussites de ses guerriers (versets 1 à 3). Les versets 1 à 17 du chapitre 21 évoquent l’épisode du recensement que David décide de faire, contre l’avis de Joab, un des guerriers victorieux évoqués précédemment. Un tel dénombrement de la population est une faute spirituelle grave aux yeux de Dieu. C’est un acte d’impiété, « soit parce qu’il était destiné à compter les troupes et la puissance du peuple, prélude à l’organisation d’une armée régulière remplaçant la levée en masse des volontaires pour les « guerres du Seigneur » selon l’ancienne tradition, soit parce qu’il empiétait sur les prérogatives de Dieu qui pouvait seul connaître son peuple et lui accorder ses bénédictions sans mesure » (note de la T.O.B.). Au regard du chapitre 20, il semble que David ait été mu par l’orgueil, qui lui fait profiter de la gloire des victoires de ses guerriers (20. 3). Ceci me semble confirmé par la mention du verset 1 du chapitre 21, qui explique que ce recensement s’est fait sous l’impulsion du Satan (une des trois seules mentions de ce nom dans tout l’Ancien Testament). Ps 18 : Ce texte, très imagé, donne lui-même les circonstances supposées de sa rédaction (verset 1). Il commence par une magnifique déclaration d’amour pour Dieu, et se développe dans un récit de libération du serviteur de Dieu par la main de son maitre puissant. Progressivement, le psaume s’oriente davantage vers une louange pour l’action libératrice de Dieu que tout homme peut éprouver, que vers le mémorial de son action passée. Exode 22, v. 20 à 26 : Une série de prescriptions d’éthique sociale en faveur du droit des étrangers et des plus faibles (veuve, orphelin, pauvre). 1 Thessaloniciens 1, v. 5 à 10 : Paul décrit la ferveur des Thessaloniciens, et ses conséquences pratiques, déployées dans l’accueil qu’ils ont réservé à l’apôtre, et la façon dont ils ont abandonné leurs anciens cultes païens. Pour Paul, tout cela est le signe de l’action de l’Esprit Saint parmi eux (verset 5). Matthieu 22, v. 34 à 40 : Cet extrait relate la discussion entre Jésus et les pharisiens au sujet du plus grand commandement de la Loi. Il prend place dans un cadre polémique de plus en plus brutal. Jésus a fait une entrée remarquée à Jérusalem (Chapitre 21, 1 à 11) et dans le temple (versets 12 à 17), et depuis, les principaux responsables de ces lieux s’opposent à lui, contestant son autorité (versets 23 à 27) et cherchant à le prendre en défaut dans son enseignement (chapitre 22, versets 15 à 40). Dans ses réponses, en paraboles (chapitre 21, verset 28 à chapitre 22, verset 14), ou sous forme directe, Jésus se montre d’une grande virulence à leur encontre. Même si les versets qui nous concernent n’ont pas la teneur acerbe des paraboles évoquées précédemment, ou encore de l’altercation sur l’impôt dû à César (22. 15-22), ce contexte crispé ne doit pas être ignoré. Verset 34 : Ce verset relie notre épisode à la rencontre précédente entre Jésus et les sadducéens, autour de la question de la résurrection. Il est clair que l’atmosphère est tendue entre Jésus et ses interlocuteurs. Les pharisiens ont appris qu’il a réduit au silence (littéralement, « muselé », verbe employé dans la parabole des noces au verset 12, pour désigner le mutisme de l’homme entré dans la salle des noces sans habit de circonstance; ou encore, en Marc 1.25, pour désigner l’ordre que Jésus adresse au démon) les sadducéens. Plus qu’un sous-entendu dévalorisant (comparant les saducéens à des chiens devant être muselés) cette allusion dénote le mauvais esprit qui anime les contradicteurs de Jésus. Le fait est que ses adversaires n’entendent pas lui laisser de répit. Le texte grec fait apparaitre que l’assemblée des pharisiens se tient dans le « même lieu » que celle des sadducéens. Il se dégage de cette note l’impression d’une succession des contradicteurs, au moins sur le même « théâtre d’opération », sinon dans le même laps de temps. Verset 35 : Celui qui interroge Jésus est un « légiste », un spécialiste de la loi. L’exigence est placée très haut. Mais l’intention n’est pas d’évaluer ses connaissances, mais plutôt de le tenter (verbe grec identique pour parler de l’action du diable au désert, au chapitre 4). Matthieu ne nous dit rien de plus concernant la nature de cette tentation (la question posée par le légiste relève plus de l’estimation d’un savoir), qui peut dès lors apparaître plus simplement comme une mise à l’épreuve. Verset 36 : La nature de la question montre toutefois que l’on veut évaluer davantage que les connaissances légales de Jésus. Il s’agit, à travers cette question, de savoir s’il est capable d’énoncer une règle de vie simple. Est-il, ainsi, le bon guide qu’il prétend être ? Cela m’évoque l’anecdote impliquant un grand rabbin de la période de Jésus, Hillel, à qui un centurion romain aurait dit qu’il se convertirait au judaïsme si le maitre parvenait à définir sa religion dans le temps qu’il tiendrait debout sur une jambe. La réponse de Hillel est assez proche de celle de notre texte, elle énonce une forme de la « règle d’or » : « Ce que tu n’aimes pas qu’on te fasse, ne le fais pas à ton prochain. Voilà toute la Torah, le reste n’est que commentaires. Maintenant va donc étudier. » Verset 37 : La citation que Matthieu retranscrit de Dt. 6. 4-5 est incomplète. Seul Marc la donne dans son entier. Il s’agit sans doute pour Matthieu de rappeler le sens et l’enracinement de toute la Loi dans la volonté souveraine de Dieu (commentaire de Pierre Bonnard). Ce sens réside dans l’amour total que l’homme doit avoir pour Dieu. Il est pour moi important de remarquer que c’est ce seul commandement là qui est d’abord cité par Jésus. Verset 38 : Cette dernière remarque me parait confirmée par ce verset dans lequel Jésus dit que ce commandement est le plus grand et le premier. Ce qui signifie qu’aucun autre ne le dépasse en importance, et que si un autre l’égale, il ne peut toutefois pas prendre la prééminence. L’amour de Dieu est à la source de tout autre amour. La relation à Dieu est première, antécédente à toute autre relation. Verset 39 : Ainsi, le commandement d’amour du prochain est au même niveau d’importance et de gravité que celui de l’amour de Dieu, mais lui demeure second, parce que c’est lui qui est semblable, et non l’inverse. On voit bien que si Jésus avait dit que c’est le commandement d’amour de Dieu qui est semblable à celui de l’amour des hommes, c’est ce dernier qui aurait la primauté. Le commandement de l’amour du prochain est semblable, de la même manière que l’homme a été fait à la ressemblance de Dieu (la traduction grecque de la Bible, emploie, en Genèse 1, un mot de même racine que celui employé ici chez Matthieu). C’est parce que l’homme est à la ressemblance de Dieu que le commandement d’amour du prochain est semblable à celui de l’amour de Dieu. Je rejoins ainsi Pierre Bonnard, quand il dit que les mots « comme toi-même » ont le même sens que l’expression « de tout ton cœur, de toute ton âme, toute ta pensée » du verset précédent. Verset 40 : Dans ce verset, Jésus affirme que le sens de toute la Loi tient dans le commandement d’amour. Sans ces deux commandements, le reste de la Loi n’a pas de sens.

Prédication

1 Chroniques 20, v. 1 à 21, v.17 Matthieu 22, v. 34 à 40 L’amour pour Dieu, à la racine de nos vies. «De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes. » Pour définir l’être humain, le qualifier, la Bible a souvent recours à des images végétales. Ainsi, il est souvent comparé à un arbre, ou à de l’herbe, particulièrement dans les psaumes. On peut trouver la comparaison étonnante, quand on pense à l’immobilité d’une plante, qui n’a pas grand-chose à voir avec les déplacements permanents de l’être humain, ou encore aux très nombreux cycles de dépouillement et de floraison nouvelle qu’un arbre peut connaitre au long de sa vie, alors que l’être humain ne peut expérimenter qu’une seule fois le trajet de son existence. En quoi donc y a-t-il un parallèle entre l’être humain et une plante ? Je crois que cela tient au fait qu’un végétal aussi bien qu’un humain se doivent d’avoir d’abord un enracinement sain pour se développer. Là où cet enracinement sera concret pour une plante, il sera symbolique et relationnel chez l’être humain. Mais pour l’un comme pour l’autre, cet enracinement est fondamental. La chose ne fait aucun doute pour un arbre ou une fleur. Mais nous pouvons en être convaincu au sujet de l’être humain quand on se souvient de l’expérience que l’on a mené en tentant d’élever des nourrissons sans leur adresser un mot, ni le moindre geste de tendresse, en se contentant de leur assurer un bien être physiologique, par la nourriture, la boisson, le vêtement et les soins. Aucun n’a survécu, tant le contact verbal et affectif est essentiel à la croissance et à la vie de l’être humain. Au-delà de la question relationnelle, c’est plus généralement celle du cadre de vie sociale d’un être humain qui peut faire penser à l’enracinement d’une plante. Or il n’y a pas de vie sociale possible sans lois, qui définissent les conditions de notre existence les uns avec les autres. Cela, le judaïsme en a toujours été convaincu. Mais il apporte, selon moi, un autre éclairage sur cette question, quand il affirme que la loi n’est pas seulement faite pour être mise en pratique, mais aussi aimée. Je pense ainsi, par exemple à certains versets très significatifs du célèbre psaume 119 : « Je fais mes délices de tes prescriptions, je n’oublie pas ta parole. (Verset 16) ; Je suis rongé par le désir qui en tout temps me porte vers tes règles. (Verset 20) ; Je fais mes délices de tes commandements que j’aime. (Verset 47). » C’est que la Loi était pour le judaïsme de l’époque de Jésus, le seul canal qui reliait à Dieu. C’est par l’observation aimante des commandements que le juif pieux pensait pouvoir obtenir le bonheur, est c’est d’ailleurs dans cette situation que le psaume 1, par exemple, compare l’être humain à un arbre florissant. On comprend donc que quelqu’un comme Jésus, qui au cours de son ministère a en maintes occasions remis en question la mise en pratique de la Loi ait pu apparaitre comme quelqu’un de dangereux. C’est ce qui me parait expliquer, sans bien sûr hélas le justifier, la tension de plus en plus vive qui a opposé Jésus et les tenants du respect de l’autorité religieuse légale, comme ici les pharisiens. Cela me fait penser d’ailleurs qu’un texte, comme un être humain, a besoin de son enracinement. Dans le cas du passage de l’évangile de Matthieu qui nous intéresse aujourd’hui, la tension dont je viens de parler peut ne pas sembler très forte, si le passage n’est lu que pour lui-même. Tout cela à l’air d’une évaluation des connaissances de Jésus en matière de Loi. Aucune réaction de colère des pharisiens après l’intervention de Jésus, aucune invective de celui-ci contre les scribes. Et pourtant, frères et sœurs ! Quelle terrible tension ! Quelle affreuse ambiance semble ici planer dans la cour du temple où tous sont rassemblés. J’en veux pour preuve quelques détails du texte : « Les pharisiens apprirent qu’il avait réduit au silence les sadducéens. » Ce premier verset de notre passage fait allusion à la discussion célèbre au sujet de la résurrection. Mais c’est le verbe « réduire au silence » qui ici me semble important à relever. Il signifie littéralement « museler », et est employé ailleurs dans les évangiles pour désigner notamment la façon dont Jésus a fait taire les démons, ou a ramené le calme parmi les éléments déchainés. Cela semble signifier que Jésus est moins aux prises avec ses contradicteurs qu’avec le mauvais esprit qui les anime. Un mauvais esprit que Matthieu relève dans la suite du texte, quand il dit que les pharisiens ont choisit un légiste, un spécialiste de la Torah, pour « éprouver » Jésus. Quand on sait que ce verbe veut tout aussi bien dire « tenter », et que Matthieu l’a par exemple employé pour parler des tentatives du diable contre Jésus après qu’il ait passé quarante jours au désert au début de son ministère, on comprend que l’on n’est pas en face d’une simple évaluation des connaissances religieuses de Jésus. On ne cherche pas à lui faire passer un examen, mais à le prendre au piège, en défaut. Tout ici est sous le signe de l’hostilité. Reste que la question posée peut sembler anodine. Quels sont les enjeux qui se cachent derrière le fait de savoir quel est le plus grand commandement ? Il me semble qu’il s’agit, à travers cette question, de savoir si Jésus est bien le bon guide qu’il prétend être. A-t-il saisi quel est le cœur de la Loi ? Est-il digne de conduire le peuple sur ce chemin si essentiel de la relation à Dieu ? Manifestement, la réponse qu’il a formulée n’a pas soulevé d’objections. Cependant, je crois qu’il est utile de nous pencher sur ce que Jésus a dit, car les implications de ses affirmations sont encore pleines de sens aujourd’hui. Une première remarque me semble devoir être faite, même si elle n’est pas pour nous plaire. Le plus grand commandement, pour Jésus, est celui de l’amour de Dieu. Même quand il ajoute le commandement d’amour du prochain immédiatement après, il me semble qu’il insiste sur la primauté du commandement d’amour de Dieu. Il dit bien que ce « tu aimeras ton prochain » est second. Alors, je n’insisterai pas sur le fait que commander d’aimer, que ce soit Dieu ou les hommes, peut apparaitre comme une exigence impossible, mais je tiens surtout à relever le manque d’humanisme d’une telle réponse, pour aujourd’hui en particulier. Même au sein de nos Églises, il n’est pas toujours de bon ton de dire que c’est Dieu qui doit venir d’abord. On juge préférable de donner la première place à l’être humain, dans un effort indiscutablement louable de lutte contre l’intolérance ou le fanatisme. Car enfin, donner la première place à Dieu, n’est-ce pas courir le risque de devenir un intégriste ? Et puis, comment alors être audible à nos contemporains ? Car c’est peu dire que notre société a du mal à supporter des discours où l’homme n’est pas mis à la première place, quand bien même elle fonctionne en contradiction avec ses propres principes. Alors ? Qu’en est-il ? A suivre Jésus, devons devenir des antis humanistes, hostiles aux droits de l’homme, à l’émancipation de l’être humain ? Je ne le crois pas du tout. Jésus en effet, ne fait pas que dire que le commandement d’amour du prochain est second. Il dit aussi qu’il est « semblable » au « tu aimeras le Seigneur ». Alors en effet une chose qui est semblable à une autre, est forcément en seconde place. Mais elle ne lui est pas inférieure. Et c’est ici une nuance très importante. Les deux commandements ont autant d’importance et de gravité l’un que l’autre, d’après ce que dit Jésus. Mais il est simplement essentiel de se rappeler que le second ne peut aller sans ou avant le premier. Oui, Dieu est à l’origine de l’être humain, qui a été créé à sa ressemblance. Dès lors, ne pas respecter l’homme, c’est en fait ne pas respecter Dieu, mais ne pas respecter Dieu, c’est se condamner tôt où tard à ne plus respecter l’homme. C’est ce que je reçois dans ce récit du livre des Chroniques, qui nous montre bien l’interdépendance entre l’amour de l’humanité et l’amour pour Dieu. C’est peu dire que David a ici manqué de respect pour les peuples vaincus qu’il « condamna aux scies, aux herses de fer et aux haches », autre manière de parler des travaux forcés. Mais cet irrespect traduit, il me semble, plus profondément, un orgueil qui a atteint David, quand il «prit la couronne de la tête de son roi ». En hébreu, l’expression traduite ici par « son roi » peut aussi désigner le nom propre « Milkom », nom du dieu du peuple vaincu. David prit la couronne de la tête du dieu. Autrement dit, David se prit pour un dieu. Comment dès lors continuer à aimer celui qui devrait être son seul Seigneur ? L’enjeu est ici, à mon sens, essentiellement spirituel, plus que moral. Ce n’est pas que David fasse quelque chose de mal, mais il se met spirituellement en danger, et donc se met en danger, tout court. Cet orgueil auquel il commence à succomber ouvre la porte au Satan, qu’il semble se mettre à écouter davantage que son Dieu. Le péché jaillit alors, immanquablement, sous la forme de ce recensement, que notre texte comprend comme une faute vis-à-vis du Seigneur. Nous pouvons remarquer que cette impiété, ce péché à l’égard de Dieu, a les êtres humains pour objet. Nous voyons donc bien qu’en réalité, l’interdépendance entre les deux commandements d’amour de Dieu et du prochain n’est pas une invention de Jésus, mais une affirmation de la Bible toute entière. Mais alors, en quoi ce que Jésus a dit a-t-il pu être jugé digne d’être retenu dans les évangiles ? Si cela n’est pas aussi innovant que cela, si le judaïsme le disait déjà, pourquoi le retenir ici ? On voit bien d’ailleurs que ce propos ne semble pas avoir attisé davantage la colère des pharisiens. Sans doute parce que Jésus, dans ses autres invectives contre les docteurs de la loi, n’a fait que pointer chez eux tous leurs manquements au respect de ces deux commandements fondamentaux. Ainsi, dans le chapitre qui suit immédiatement celui dont nous avons entendu un extrait, nous pouvons lire : « Quel malheur pour vous, scribes et pharisiens, hypocrites ! Vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et vous laissez de côté ce qui est le plus important dans la loi : la justice, la compassion et la foi; c’est cela qu’il fallait pratiquer, sans laisser de côté le reste. » Si les pharisiens sont d’accord avec Jésus sur le principe de l’importance des deux commandements d’amour de Dieu et du prochain, Jésus leur fait remarquer qu’ils ne vivent pas selon ce principe, qu’ils ne le mettent pas en pratique. C’est leur hypocrisie qu’ainsi il révèle, et c’est cela je crois, qui les met en fureur. Mais aussi, je pense que pour les chrétiens que nous sommes, cette équivalence des deux commandements trouve en Jésus bien plus que celui qui l’a affirmée. En Jésus-Christ, ces deux commandements ont été absolument mis en pratique, incarnés. A travers Jésus, nous découvrons l’homme qui a su aimer Dieu « de tout son cœur, de toute son âme et de toute son intelligence », aussi bien que « son prochain comme lui-même. » Mais je crois pouvoir dire plus. En Jésus-Christ, nous recevons l’annonce bouleversante d’un Dieu qui a aimé les êtres humains comme lui-même, au point de leur donner sa vie. Gardons bien alors au cœur que si l’amour de Dieu est premier, cela est en vérité une très bonne nouvelle. Car sans cela, nous ne saurons jamais aimer en vérité. Jésus nous a ouvert le chemin de l’amour authentique, celui qui reconnait qu’il n’est pas sa propre origine, mais qui dans cette humilité-là, peut se déployer dans toute sa plénitude. Ainsi, à la suite de Jésus-Christ, nous pouvons, non pas réciter une bonne formule de catéchisme quant au plus grand commandement, mais découvrir un chemin de vie, dans la mise en pratique de ce qui demeure le fondement de toute existence : l’amour. Que cette certitude nous donne confiance dans la vie, dans notre vie de tous les jours, qui devient ainsi une occasion de rencontrer Dieu à chaque instant où nous aimons nos frères, et de nous ouvrir à nos frères, à chaque fois que nous nous tournons vers Dieu. Ainsi soit-il.