Textes : 1 Pierre 1, v. 1 à 12 Psaume 80 Ésaïe 63, v. 16 à 64, v. 7 1 Corinthiens 1, v. 3 à 9 Marc 13, v. 33 à 37Pasteur Fabienne Ambs-SzafarczykTélécharger le document au complet
1er dimanche de l’Avent Reprise des Notes bibliques Monsieur Jacques VALLUIS Marc 13, v. 33 à 37
- Le passage concerné se situe à la fin d’un enseignement eschatologique dispensé par Jésus. Ce discours consacré aux fins dernières, qualifié par certains commentateurs comme l’apocalypse de Marc, est essentiellement conclu par une brève mais véhémente exhortation à la vigilance.
- À cet égard, l’enseignement porte au principal sur ce que doit être l’attitude du chrétien dans le présent.
- Le récit est plus une comparaison qu’une vraie parabole : c’est l’exemple d’un maître de maison qui part en voyage. Au temps de Jésus les gens voyageaient beaucoup plus qu’on l’imagine, simplement les déplacements étaient plus lents et partant, les absences plus longues. Au moment de son départ le maître confie à chacun une tâche précise toutefois seul le portier est cité. Il est le personnage central et rien n’est dit sur les autres serviteurs.
- En effet, le gardien est celui qui doit permettre au maître de maison de rentrer chez lui. Il est donc superflu dans cette perspective d’évoquer les autres serviteurs et les tâches qui leurs sont assignées.
- On notera que rien n’est dit sur ce que fait le maître à son retour, mais on est rendu attentif au fait qu’il s’agit du « vrai maître ».
- Il est possible que ce ne soit pas seulement aux quatre, ni aux douze disciples que ce chapitre XIII soit destiné. Cependant, on peut s’interroger s’il n’y a pas une distinction entre les apôtres(le portier) et tous (les serviteurs).
- On peut comprendre l’intention de l’auteur du récit évangélique en songeant à sa communauté : les serviteurs, ce sont tous les fidèles ; ils ont reçu leur mission particulière du Christ et ils sont exhortés à être vigilants. A ce titre la fin du texte est particulièrement explicite : « ce que je vous dis, je le dis à tous, soyez vigilants ! ».
- Le fait que le maître s’en aille à l’étranger se retrouve dans deux autres paraboles : celle des mauvais vignerons (12,1) et dans celle des talents (Mt.25, 14 ; Lc 19,12), mais le sens n’y est pas le même. Il n’y a pas de parallèle rigoureusement direct avec ce texte. Mais le thème de la vigilance détermine chez Matthieu de longs développements (XXIV v.36 à XXV v.30).
- L’Église jusqu’à la fin est en danger d’être séduite, prise au dépourvu, surprise, là où au contraire elle devrait être attentive et vigilante puisque dûment prévenue. Luc (XVIII, 8) laisse même entrevoir que lorsque le Fils de l’homme viendra, il est possible qu’il ne trouve sur la terre aucune attente, et que son retour survienne au milieu du sommeil général de l’Église et du monde.
10. Il ne fait pas de doute que la vigilance doit être continue, c’est pourquoi le texte fait expressément référence aux quatre veilles de la nuit, qui correspondent au découpage des temps nocturnes. 11. Le moment de la parousie, c’est-à-dire le temps de l’advenue du Christ est une question centrale. Les premiers chrétiens attendaient impatiemment ce retour, puis voyant que « depuis que les pères se sont endormis tout demeure comme dès le commencement de la création » (II Pierre 3,4) ils s’étonnèrent et même se mirent à vivre sans travailler « dans le désordre » (II Thess. 3,11-12). Il fallut les ramener à la raison : mille ans devant le Seigneur ne sont-ils pas comme un jour ? Jésus avait d’ailleurs précisé que nul ne connaissait la date « pas même le Fils, seul le Père » (Mt XXIV, 36) et que ce jour viendrait par surprise avec la soudaineté du déluge (Mt XXIV, 37-39). 12. L’intention de Marc est claire : il cherche avant tout à exhorter ses auditeurs à la vigilance, et ce, d’une manière générale, en songeant à l’imminence de la venue du Royaume de Dieu ; toutefois, à vue humaine, le maître peut tarder à venir. 13. L’important, c’est de n’être pas endormi au moment voulu car même si les signes annonciateurs de sa venue sont visés au début du chapitre, il peut arriver brusquement et prendre au dépourvu, soit avant… soit plus tard ! 14. Cette exhortation, si insistante, trois fois répétée, correspond parfaitement à l’attitude fondamentale de l’Église des premiers temps qui était eschatologique ; le ton particulier que peut prendre telle ou telle recommandation concrète en vertu de la proximité supposée de l’évènement ne change rien : Il faut être prêt, sans restriction pour le jour du Seigneur. 15. Ainsi la vigilance eschatologique doit toujours être précisée, formulée concrètement, en fonction de la situation historique dans laquelle on se trouve ; ce peut être le refus des tentations du monde qui se détourne de Dieu, l’attention particulière que l’on prête à l’urgence des tâches terrestres et de tout ce que l’on appelle les engagements temporels. La vigilance constante du Chrétien est donc tout un programme !
Deux petites remarques : . Cette méditation s’inspire d’une prédication du pasteur Louis Simon, . Bien avoir en mémoire quand on médite ce passage, c’est ce verset 37, « ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez » Le temps de l’avent s’ouvre, le lectionnaire de l’Église nous invite à méditer ces textes qui nous invite à la vigilance pour ne pas perdre de vue l’horizon qui est le nôtre par de là les troubles et les inquiétudes que porte le monde à savoir : Jésus est bien le commencement, l’alpha, mais aussi l’oméga, la fin. C’est lui qui dira le dernier mot sur toutes choses et nous accueillera à notre dernier souffle. Dans le déroulement de la vie de Jésus tel que Marc nous le raconte ces paroles concluent son ministère, nous sommes à la veille de son arrestation, de son entrée en passion. C’est la toute dernière parabole que Jésus raconte à ses disciples dans l’Évangile de Marc. Ils sont déjà au Mont des Oliviers, Jésus sait que son arrestation est proche et même imminente. C’est comme son testament. Au moment où sa fin approche, car il ne se fait plus d’illusion, tous l’accusent et complotent contre lui pour le mettre à mort. Il donne alors son dernier message, il répète encore une fois le cœur de l’Évangile comme pour être sûr que tous l’ont bien entendu et bien reçu. C’est ce texte qui nous est donné aujourd’hui à nous assemblés pour écouter la Parole. Il est surprenant car c’est la bonne nouvelle d’un Dieu qui est comparable à un homme qui part en voyage et qui pour cela donne tous ses pouvoirs à ses serviteurs. Oh certes en parcourant les évangiles on peut constater que cette situation insolite est évoquée de très nombreuses fois, tel un refrain. C’est comme si Jésus avait voulu souligner cela plus que tout, et pour cela il n’a pas hésité à le répéter. Et pourtant il semble bien que nous avons du mal à en tenir vraiment compte. Car c’est un Évangile qui réclame beaucoup de courage si on veut l’annoncer et beaucoup de foi si on veut en vivre. (Jésus d’ailleurs le payera de sa vie) Le Seigneur que je vous annonce dit Jésus est un Seigneur qui s’en va ! Non parce qu’il vous tiendrait en piètre estime, bien au contraire, parce qu’il veut mettre le comble de son amour pour vous. Mon Dieu c’est un homme qui part en voyage et dès lors confie tous pouvoirs à ses serviteurs. Souvenez-vous de toutes ces paraboles où on entend ce même refrain. Celle de l’homme qui loue sa vigne et part en voyage, celle des talents ou des mines, celle du semeur qui va dormir au lieu de surveiller son champ et même celle du berger qui abandonne son troupeau pour en chercher une. Oui à chaque fois Jésus proclame la même bonne nouvelle. Il révèle ainsi le grand secret du Dieu de Jésus: Mon Dieu est un Seigneur qui part en voyage et qui s’en va loin ! Nullement parce qu’il serait lassé de nous et de notre méchanceté mais bien parce qu’il nous aime comme personne au monde ne nous a jamais aimé. Bien plus dit Jésus: » Mon Dieu est le seul de tous à être amour, le seul à vouloir tout vous confier quand il part en voyage. » Le Dieu de Jésus est le seul à s’écarter, à s’effacer, pour vous remettre toute son autorité. Tout ce qu’il est : sa Parole, son Esprit. Ainsi toute l’initiative, toutes les responsabilités, tous les risques à courir, tous les choix, tous les droits sont confiés aux serviteurs. Et cela est tellement incroyable qu’on a du mal à le prendre en compte en vérité, à chasser de nos pensées et de nos mémoires ces fausses images de Dieu, comme celui auquel nul n’échappe, comme celui qui contrôle tout, qui surveille tout, qui serait comme un grand œil policier qui verrait même les choses cachées et secrètes. À ce Dieu, nul n’échappe à son contrôle, il occupe toujours tout le terrain. Il s’agit alors d’une angoissante présence qui confisque toute liberté à l’homme et réduit ses sujets à des marionnettes. Ce dieu là est une idole nous dit Jésus. Mon Dieu, mon Père est comme un homme qui part en voyage et confie tous ses biens à ses serviteurs parce qu’il a confiance en eux. Mais comment accepter un tel bouleversement ? Comment vivre avec un Dieu qui dit : je m’en vais, alors vivez comme des hommes libres, responsables, lancez-vous dans la vie et que chacun trouve et accomplisse sa tâche, son œuvre propre, sa vie personnelle à inventer… à risquer. Oui le Seigneur s’en va, mais comme la mère recule tout en gardant se bras ouverts pour accueillir son enfant qui fait ses premiers pas. Je vous lâche la main dit Dieu mais vivez comme des grands puisque je vous aime. Par amour Dieu creuse devant l’homme un espace de liberté pour qu’il puisse vivre. Pour cela une exhortation lui est faite: Veillez, une seule Veillez ! Afin de ne pas être trouvé endormi quand le maître viendra. C’est cette exhortation qui traverse tout le temps de l’avent. Il s’agit de se tenir prêt pour accueillir celui qui vient. Cette formule fait alors tellement partie de la liturgie qu’on n’y prête plus guère attention. Il arrive aussi qu’on rattache cette exhortation à la fin des temps. Ainsi elle devient également très lointaine et peu concrète. Tant et tant de générations ont déjà attendu ce retour du Seigneur qu’on ne sait plus trop bien comment la vivre au quotidien cette vigilance ! Comment entrer aujourd’hui en état de vigilance et devenir sentinelle pour guetter le passage du voyageur ? Peut-être faut-il déjà rappeler que ce n’est pas seulement à la fin des temps que nous attendons la venue du messie; mais que ce Dieu qui part en voyage est aussi ce visiteur inconnu qui passe. Ce compagnon qui fait route avec nous pour éclairer le sens de notre histoire et nous fait confesser comme les pèlerins d’Emmaüs: notre cœur ne brûlait-il pas quand il nous expliquait les Écritures en chemin. Ainsi ce n’est pas une seule fois dans un futur lointain que Dieu vient visiter mais à tout moment de notre vie: au soir comme au matin aujourd’hui et demain. Un visiteur discret qui ne sonnera pas de la trompette et ne voudra pas même s’imposer. Mais nous, occupés à nos propres affaires, envahis par des sollicitations multiples, saurons-nous encore le laisser nous interpeller, et venir à notre rencontre ? Pour cela il suffit juste d’un peu d’attention, d’un peu de recul et de cet amour brûlant qui guette l’ami qui ne saurait tarder. Alors; oui, notre Dieu est comme un homme qui part en voyage et nous confie tous ses biens, mais soyons vigilant il est aussi ce mystérieux visiteur qui passe. AMEN.