Textes : Esdras 1, v. 1 à 2, v. 70 Psaume 25 Jérémie 33, v. 14 à 16 1 Thessaloniciens 3, v. 12 à 4, v.2 Luc 21, v. 25 à 36 Pasteur Richard BENNAHMIAS
Textes : Esdras 1, v. 1 à 2, v. 70 Psaume 25Jérémie 33, v. 14 à 16 1 Thessaloniciens 3, v. 12 à 4, v.2 Luc 21, v. 25 à 36 Pasteur Richard BENNAHMIAS
Textes : Esdras 1, v. 1 à 2, v. 70 Psaume 25Jérémie 33, v. 14 à 16 1 Thessaloniciens 3, v. 12 à 4, v.2 Luc 21, v. 25 à 36 Pasteur Richard BENNAHMIAS
1er dimanche de l’AventTextes : Esdras 1, v. 1 à 2, v. 70 Psaume 25Jérémie 33, v. 14 à 16 1 Thessaloniciens 3, v. 12 à 4, v.2 Luc 21, v. 25 à 36 Pasteur Richard BENNAHMIAS
1er dimanche de l’AventTextes : Esdras 1, v. 1 à 2, v. 70 Psaume 25Jérémie 33, v. 14 à 16 1 Thessaloniciens 3, v. 12 à 4, v.2 Luc 21, v. 25 à 36 Pasteur Richard BENNAHMIASTélécharger le note
1er dimanche de l’AventTextes : Esdras 1, v. 1 à 2, v. 70 Psaume 25Jérémie 33, v. 14 à 16 1 Thessaloniciens 3, v. 12 à 4, v.2 Luc 21, v. 25 à 36 Pasteur Richard BENNAHMIASTélécharger l’ensemble du document
PrédicationL’Éternelle nouveauté de la ParoleDifficile, en écoutant cette prophétie de Jésus, de ne pas aussitôt penser à l’exceptionnelle puissance de l’ouragan « Sandy ». Nous avons tous encore en mémoire les images des catastrophes qu’il a provoquées, de la mer des Caraïbe à la côte Est des États-Unis et du Canada. Nous avons peut-être oublié qu’Haïti se relève à peine d’un tremblement de terre qui avait semé la désolation sur cette terre déjà misérable. L’apocalypse hier, aujourd’hui, demainLes anciens considéraient que les catastrophes naturelles étaient envoyées par les dieux en punition des péchés que l’humanité avait commis contre eux. Au temps de Jésus, elles étaient de plus interprétées comme les signes avant coureurs de la fin des temps, comme des événements « apocalyptiques ». Dans nos journaux, à la radio, à la télévision, sur les blogs ou sur les réseaux sociaux, nombreux sont celles et ceux qui n’ont pas hésité à qualifier d’apocalyptiques les images de ce phénomène climatique et de ses effets dévastateurs. Nul doute que de nombreux prédicateurs intégristes ne manqueront pas d’affirmer que la catastrophe qui frappe New-York n’est que la juste expiation de l’arrogance et de la dépravation de cette Babylone moderne … en attendant que le ciel ne leur tombe sur la tête à eux aussi, comme un démenti cinglant de leur prétention à parler au nom de leurs propres dieux. Les gens plus sérieux ne manqueront pas d’y voir une preuve du réchauffement climatique et une conséquence de notre consommation boulimique et irresponsable des énergies fossiles. À 2000 ans d’intervalle, le fond du discours est le même et, si on remonte encore plus en arrière dans l’histoire, il est peut-être aussi vieux que Noé. Le plus étonnant, c’est que, depuis le temps que le monde n’en finit pas de finir, nous soyons encore là pour tenir des discours apocalyptiques et nous laisser séduire par eux.Et depuis 2000 ans, nous n’avons toujours pas vu le Fils de l’Homme. Le Fils de l’Homme est le héros des discours apocalyptiques les plus répandus dans les milieux où Jésus évolue. Comme très souvent dans les évangiles, Jésus, quand il parle du Fils de l’Homme, laisse toujours planer une équivoque : parle-t-il de lui ou bien parle-t-il de quelqu’un d’autre ? La lettre du texte ne permet pas de trancher. Si Jésus laisse entendre qu’il est lui-même ce héros apocalyptique, l’incarne-t-il de façon aussi banalement glorieuse ? Pourquoi alors affirmerait-il avec insistance, ailleurs dans les évangiles, que la fin et le renouvellement des temps se jouent définitivement dans le drame de la passion, de la croix et de la résurrection ? Pour les premiers chrétiens, il était évident que leur génération ne passerait pas sans que le ressuscité ne revienne enfin « entouré d’une nuée dans la plénitude de la puissance et de la gloire ». Mais nous, 2000 ans ou 80 générations après, nous attendons toujours. Est-ce vraiment ainsi que Jésus reviendra ? Est-ce vraiment ainsi qu’il revient ? Faut-il finalement nous lasser d’attendre et laisser nos cœurs s’alourdir dans l’ivresse, les beuveries et les soucis de la vie ? Ou dans l’épouvante, le ressentiment et le mépris à l’égard de ce monde de toute façon perdu ? Debout !Nous pouvons nous convaincre de cette évidence : Jésus n’est pas l’inventeur des discours apocalyptiques. C’est simplement pour lui une manière de s’adapter à notre manière archaïque de voir les choses pour faire passer la nouveauté de son message. Qui pourra nier qu’il y a quelque chose de morbide dans notre complaisance pour les discours apocalyptiques, de quelque nature qu’ils soient, écologiques, économiques, sociaux, démographiques, et, récemment, à propos du « mariage pour tous » : « symboliques » et « anthropologiques ». À quelles expiations, à quels sacrifices, à quels renoncements, à quelles humiliations ne sommes-nous pas prêts à consentir pour échapper aux évènements dont la menace, réelle ou imaginaire, s’accumule au dessus de nous ? Notre monde ne va-t-il pas bientôt s’effondrer ? Et même si nous n’y croyons qu’à moitié, comme il y a certainement un peu de vrai dans tout ça, nous avons quand même le sentiment que, d’une manière ou d’une autre, il nous faudra nous allonger à terre pour éviter d’être frappés par la foudre.Et c’est là que Jésus nous dit : « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête » et un peu plus loin : « C’est debout et non pas rampant devant lui que le Fils de l’Homme vous attend » !Ce que le figuier révèleIl y a quand même quelque chose d’extraordinaire dans cette prophétie de Jésus : alors que tout saute de tous les cotés, que le soleil, la lune et les étoiles se mettent à danser la java, que toutes les digues sont rompues par une mer en furie, que le ciel nous tombe sur la tête, que c’est le sauve qui peut général … voilà qu’au beau milieu de son apocalypse, Jésus se met à nous raconter une histoire de figuier qui bourgeonne en hiver ! A-t-il perdu la tête, ou cherche-t-il au contraire à nous faire retrouver la nôtre ? Dans le chaos dans lequel nous sommes plongés et au sein duquel nous ne savons plus où tourner la tête, Jésus dirige notre regard non pas sur les signes des temps qui s’achèvent, mais sur les signes des temps qui viennent. Il ne prêche pas la fin du monde, mais l’avènement du monde qui vient. Mieux : ce monde à venir, si nous en croyons Jésus, a déjà commencé à advenir dès la première génération chrétienne, il y a 2000 ans. Voilà 2000 ans que les bourgeons du Royaume de Dieu grossissent et parfois même éclosent, au sein même de notre monde. Voilà 2000 ans que le Règne de Dieu s’approche. La question que nous pose Jésus, c’est : Nous laisserons-nous fasciner par le catastrophisme des prédicateurs de déclin ou serons-nous capables de discerner les bourgeons du Règne de Dieu ? C’est bien à une « conversion » que Jésus nous appelle : à la conversion du regard que nous portons sur notre monde. Jésus est-il vraiment sérieux ? Tout cela nous dépasse ! Et, au fond, qu’avons-nous à faire de ces vastes perspectives cosmiques, sinon à nous y perdre, de toute façon ? La surprenante modestie de la parabole du figuier nous invite aussi à des considérations plus intimes : quand tout va mal dans notre vie, quand pour des raisons réelles ou imaginaires, nous broyons du noir parce que nous avons le sentiment que tout s’effondre autour de nous, Jésus nous invite, pour nous reconstruire à partir de là, à convertir le regard que nous portons sur notre existence vers les bonheurs, aussi infimes soient-ils, que Dieu nous tend dans notre quotidien : un sourire, un rayon de soleil, un bourgeon de figuier en hiver … Et aussi à offrir ses signes aux autres. Pourquoi ce que Dieu fait pour chacune et chacun d’entre nous, ne le ferait-il pas pour notre humanité toute entière et pour notre univers ?Le ciel et la terre sont passés ; toujours nouvelle, la Parole demeureLe ciel et la terre peuvent bien passer dit Jésus, et ils sont passés : un des effets de ce que Frédéric Nietzsche diagnostique comme la « mort de Dieu », c’est qu’il n’y a plus désormais pour nous ni haut, ni bas ; autrement dit : nous ne pouvons plus sérieusement nous représenter le ciel comme la demeure des dieux. Nous nous représentons désormais la terre comme une infime petite boule bleue flottant dans un univers quasiment infini et rempli de vide. « Il n’y a plus ni haut, ni bas », cela signifie aussi que nous sommes désormais seuls comptables de nos valeurs. Toutes les « valeurs », tous les « invariants » fussent-ils « anthropologiques » ou « symboliques », sur lesquels nous pensions autrefois pouvoir nous appuyer comme sur des absolus imposés d’en haut et de toute éternité, sont devenues relatifs à notre humanité et à ses choix. Cela signifie seulement que nos « valeurs » exigent désormais de nous beaucoup plus de discernement, de confiance, de responsabilité et peut-être aussi de liberté qu’autrefois, parce que, ainsi que Jésus le dit du sabbat, ils sont désormais à notre service. Le ciel et la terre sont passés, dans la passion et sur la croix. Mais ce que nous raconte le fragile bourgeon du figuier, c’est que la Parole, créatrice depuis toujours, et salutaire depuis la résurrection, demeure éternellement, éternellement nouvelle et éternellement source de nouveauté. C’est ce qui en fait depuis 2000 ans l’éternelle modernité.Pour apocalyptique qu’elle soit, la description faites par Jésus des catastrophes passées, présentes et à venir reste ainsi une invitation à la lucidité sur l’arrière-fond de tohu-bohu à partir duquel Dieu crée et ne cesse de créer par le souffle de son Esprit. Jésus ne nous demande pas de renoncer à cette lucidité ; il nous invite, à sa suite, à être plus lucide encore que tous les experts en fin du monde et tous les prophètes de mort. De ce tohu-bohu en ébullition qui nous environne, un monde nouveau est en train de naître. Ses bourgeons éclosent de partout. Celles et ceux qui, armés d’une confiance inébranlable dans le Dieu créateur et sauveur, dont lui, Jésus, incarne la parole créatrice, celles et ceux dont la prière attentive ouvre les yeux sur le monde, ceux-là et celles-là, parce qu’ils savent les discerner les signes de l’approche du Règne de Dieu, échapperont à tous les évènements à venir.Apocalypse pour tout le mondeMais il y a plus encore dans l’apocalypse de Jésus : si nous devons rester en éveil, c’est parce que le règne de Dieu tombe toujours sur nous par surprise … mais comme une bonne surprise pas comme une mauvaise ! Comme le filet de Pierre et Jacques sur la mer de Galilée quand Jésus les a recrutés. Comme un filet que les pécheurs ne cessent de jeter à l’eau pour ramener le plus de poissons possibles. Comme un filet pour pécher les hommes et les femmes, pour les faire sortir de l’eau qui les noie et les ramener à l’air libre, qui les fait vivre. Et les mailles de ce filet, ce sont toutes celles et tous ceux qui, depuis 80 générations, n’ont jamais cessé d’espérer sa venue, d’en discerner l’approche dans ce qui ce qui se manifestait de vie nouvelle dans les réussites, les luttes et les espoirs de leur temps. Où étaient-ils, les bourgeons de l’approche du règne de Dieu quand « Sandy » frappait Haïti ou New-York ? Sinon dans toutes ces femmes et tous ces hommes, bénévoles ou professionnels, sur le terrain ou dans les états-majors de crise, qui, alors qu’ils partageaient l’angoisse commune, unissaient malgré tout leurs efforts pour que la catastrophe épargne le plus de vies humaines possible. Depuis 2000 ans, un monde nouveau est en train d’émerger du tohu-bohu du monde ancien. Dans la prière, la réflexion et l’action, nous aussi, à notre tour, nous y avons notre part, aussi modeste soit notre contribution à relever, à sauver, à soigner celles et ceux que le tohu bohu menace d’engloutir, mais aussi à encourager, à aider, à nous associer à toutes celles et tous ceux qui, dans ce monde en recomposition, osent imaginer et créer du nouveau en vue d’améliorer notre condition commune.Amen Chants Psaume 2Alléluia 31/05 : « Veillez enfants des hommes »AEC 311, NCTC 161, Alléluia 31/09 : « Comment te reconnaître »
PrédicationL’Éternelle nouveauté de la ParoleDifficile, en écoutant cette prophétie de Jésus, de ne pas aussitôt penser à l’exceptionnelle puissance de l’ouragan « Sandy ». Nous avons tous encore en mémoire les images des catastrophes qu’il a provoquées, de la mer des Caraïbe à la côte Est des États-Unis et du Canada. Nous avons peut-être oublié qu’Haïti se relève à peine d’un tremblement de terre qui avait semé la désolation sur cette terre déjà misérable. L’apocalypse hier, aujourd’hui, demainLes anciens considéraient que les catastrophes naturelles étaient envoyées par les dieux en punition des péchés que l’humanité avait commis contre eux. Au temps de Jésus, elles étaient de plus interprétées comme les signes avant coureurs de la fin des temps, comme des événements « apocalyptiques ». Dans nos journaux, à la radio, à la télévision, sur les blogs ou sur les réseaux sociaux, nombreux sont celles et ceux qui n’ont pas hésité à qualifier d’apocalyptiques les images de ce phénomène climatique et de ses effets dévastateurs. Nul doute que de nombreux prédicateurs intégristes ne manqueront pas d’affirmer que la catastrophe qui frappe New-York n’est que la juste expiation de l’arrogance et de la dépravation de cette Babylone moderne … en attendant que le ciel ne leur tombe sur la tête à eux aussi, comme un démenti cinglant de leur prétention à parler au nom de leurs propres dieux. Les gens plus sérieux ne manqueront pas d’y voir une preuve du réchauffement climatique et une conséquence de notre consommation boulimique et irresponsable des énergies fossiles. À 2000 ans d’intervalle, le fond du discours est le même et, si on remonte encore plus en arrière dans l’histoire, il est peut-être aussi vieux que Noé. Le plus étonnant, c’est que, depuis le temps que le monde n’en finit pas de finir, nous soyons encore là pour tenir des discours apocalyptiques et nous laisser séduire par eux.Et depuis 2000 ans, nous n’avons toujours pas vu le Fils de l’Homme. Le Fils de l’Homme est le héros des discours apocalyptiques les plus répandus dans les milieux où Jésus évolue. Comme très souvent dans les évangiles, Jésus, quand il parle du Fils de l’Homme, laisse toujours planer une équivoque : parle-t-il de lui ou bien parle-t-il de quelqu’un d’autre ? La lettre du texte ne permet pas de trancher. Si Jésus laisse entendre qu’il est lui-même ce héros apocalyptique, l’incarne-t-il de façon aussi banalement glorieuse ? Pourquoi alors affirmerait-il avec insistance, ailleurs dans les évangiles, que la fin et le renouvellement des temps se jouent définitivement dans le drame de la passion, de la croix et de la résurrection ? Pour les premiers chrétiens, il était évident que leur génération ne passerait pas sans que le ressuscité ne revienne enfin « entouré d’une nuée dans la plénitude de la puissance et de la gloire ». Mais nous, 2000 ans ou 80 générations après, nous attendons toujours. Est-ce vraiment ainsi que Jésus reviendra ? Est-ce vraiment ainsi qu’il revient ? Faut-il finalement nous lasser d’attendre et laisser nos cœurs s’alourdir dans l’ivresse, les beuveries et les soucis de la vie ? Ou dans l’épouvante, le ressentiment et le mépris à l’égard de ce monde de toute façon perdu ? Debout !Nous pouvons nous convaincre de cette évidence : Jésus n’est pas l’inventeur des discours apocalyptiques. C’est simplement pour lui une manière de s’adapter à notre manière archaïque de voir les choses pour faire passer la nouveauté de son message. Qui pourra nier qu’il y a quelque chose de morbide dans notre complaisance pour les discours apocalyptiques, de quelque nature qu’ils soient, écologiques, économiques, sociaux, démographiques, et, récemment, à propos du « mariage pour tous » : « symboliques » et « anthropologiques ». À quelles expiations, à quels sacrifices, à quels renoncements, à quelles humiliations ne sommes-nous pas prêts à consentir pour échapper aux évènements dont la menace, réelle ou imaginaire, s’accumule au dessus de nous ? Notre monde ne va-t-il pas bientôt s’effondrer ? Et même si nous n’y croyons qu’à moitié, comme il y a certainement un peu de vrai dans tout ça, nous avons quand même le sentiment que, d’une manière ou d’une autre, il nous faudra nous allonger à terre pour éviter d’être frappés par la foudre.Et c’est là que Jésus nous dit : « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête » et un peu plus loin : « C’est debout et non pas rampant devant lui que le Fils de l’Homme vous attend » !Ce que le figuier révèleIl y a quand même quelque chose d’extraordinaire dans cette prophétie de Jésus : alors que tout saute de tous les cotés, que le soleil, la lune et les étoiles se mettent à danser la java, que toutes les digues sont rompues par une mer en furie, que le ciel nous tombe sur la tête, que c’est le sauve qui peut général … voilà qu’au beau milieu de son apocalypse, Jésus se met à nous raconter une histoire de figuier qui bourgeonne en hiver ! A-t-il perdu la tête, ou cherche-t-il au contraire à nous faire retrouver la nôtre ? Dans le chaos dans lequel nous sommes plongés et au sein duquel nous ne savons plus où tourner la tête, Jésus dirige notre regard non pas sur les signes des temps qui s’achèvent, mais sur les signes des temps qui viennent. Il ne prêche pas la fin du monde, mais l’avènement du monde qui vient. Mieux : ce monde à venir, si nous en croyons Jésus, a déjà commencé à advenir dès la première génération chrétienne, il y a 2000 ans. Voilà 2000 ans que les bourgeons du Royaume de Dieu grossissent et parfois même éclosent, au sein même de notre monde. Voilà 2000 ans que le Règne de Dieu s’approche. La question que nous pose Jésus, c’est : Nous laisserons-nous fasciner par le catastrophisme des prédicateurs de déclin ou serons-nous capables de discerner les bourgeons du Règne de Dieu ? C’est bien à une « conversion » que Jésus nous appelle : à la conversion du regard que nous portons sur notre monde. Jésus est-il vraiment sérieux ? Tout cela nous dépasse ! Et, au fond, qu’avons-nous à faire de ces vastes perspectives cosmiques, sinon à nous y perdre, de toute façon ? La surprenante modestie de la parabole du figuier nous invite aussi à des considérations plus intimes : quand tout va mal dans notre vie, quand pour des raisons réelles ou imaginaires, nous broyons du noir parce que nous avons le sentiment que tout s’effondre autour de nous, Jésus nous invite, pour nous reconstruire à partir de là, à convertir le regard que nous portons sur notre existence vers les bonheurs, aussi infimes soient-ils, que Dieu nous tend dans notre quotidien : un sourire, un rayon de soleil, un bourgeon de figuier en hiver … Et aussi à offrir ses signes aux autres. Pourquoi ce que Dieu fait pour chacune et chacun d’entre nous, ne le ferait-il pas pour notre humanité toute entière et pour notre univers ?Le ciel et la terre sont passés ; toujours nouvelle, la Parole demeureLe ciel et la terre peuvent bien passer dit Jésus, et ils sont passés : un des effets de ce que Frédéric Nietzsche diagnostique comme la « mort de Dieu », c’est qu’il n’y a plus désormais pour nous ni haut, ni bas ; autrement dit : nous ne pouvons plus sérieusement nous représenter le ciel comme la demeure des dieux. Nous nous représentons désormais la terre comme une infime petite boule bleue flottant dans un univers quasiment infini et rempli de vide. « Il n’y a plus ni haut, ni bas », cela signifie aussi que nous sommes désormais seuls comptables de nos valeurs. Toutes les « valeurs », tous les « invariants » fussent-ils « anthropologiques » ou « symboliques », sur lesquels nous pensions autrefois pouvoir nous appuyer comme sur des absolus imposés d’en haut et de toute éternité, sont devenues relatifs à notre humanité et à ses choix. Cela signifie seulement que nos « valeurs » exigent désormais de nous beaucoup plus de discernement, de confiance, de responsabilité et peut-être aussi de liberté qu’autrefois, parce que, ainsi que Jésus le dit du sabbat, ils sont désormais à notre service. Le ciel et la terre sont passés, dans la passion et sur la croix. Mais ce que nous raconte le fragile bourgeon du figuier, c’est que la Parole, créatrice depuis toujours, et salutaire depuis la résurrection, demeure éternellement, éternellement nouvelle et éternellement source de nouveauté. C’est ce qui en fait depuis 2000 ans l’éternelle modernité.Pour apocalyptique qu’elle soit, la description faites par Jésus des catastrophes passées, présentes et à venir reste ainsi une invitation à la lucidité sur l’arrière-fond de tohu-bohu à partir duquel Dieu crée et ne cesse de créer par le souffle de son Esprit. Jésus ne nous demande pas de renoncer à cette lucidité ; il nous invite, à sa suite, à être plus lucide encore que tous les experts en fin du monde et tous les prophètes de mort. De ce tohu-bohu en ébullition qui nous environne, un monde nouveau est en train de naître. Ses bourgeons éclosent de partout. Celles et ceux qui, armés d’une confiance inébranlable dans le Dieu créateur et sauveur, dont lui, Jésus, incarne la parole créatrice, celles et ceux dont la prière attentive ouvre les yeux sur le monde, ceux-là et celles-là, parce qu’ils savent les discerner les signes de l’approche du Règne de Dieu, échapperont à tous les évènements à venir.Apocalypse pour tout le mondeMais il y a plus encore dans l’apocalypse de Jésus : si nous devons rester en éveil, c’est parce que le règne de Dieu tombe toujours sur nous par surprise … mais comme une bonne surprise pas comme une mauvaise ! Comme le filet de Pierre et Jacques sur la mer de Galilée quand Jésus les a recrutés. Comme un filet que les pécheurs ne cessent de jeter à l’eau pour ramener le plus de poissons possibles. Comme un filet pour pécher les hommes et les femmes, pour les faire sortir de l’eau qui les noie et les ramener à l’air libre, qui les fait vivre. Et les mailles de ce filet, ce sont toutes celles et tous ceux qui, depuis 80 générations, n’ont jamais cessé d’espérer sa venue, d’en discerner l’approche dans ce qui ce qui se manifestait de vie nouvelle dans les réussites, les luttes et les espoirs de leur temps. Où étaient-ils, les bourgeons de l’approche du règne de Dieu quand « Sandy » frappait Haïti ou New-York ? Sinon dans toutes ces femmes et tous ces hommes, bénévoles ou professionnels, sur le terrain ou dans les états-majors de crise, qui, alors qu’ils partageaient l’angoisse commune, unissaient malgré tout leurs efforts pour que la catastrophe épargne le plus de vies humaines possible. Depuis 2000 ans, un monde nouveau est en train d’émerger du tohu-bohu du monde ancien. Dans la prière, la réflexion et l’action, nous aussi, à notre tour, nous y avons notre part, aussi modeste soit notre contribution à relever, à sauver, à soigner celles et ceux que le tohu bohu menace d’engloutir, mais aussi à encourager, à aider, à nous associer à toutes celles et tous ceux qui, dans ce monde en recomposition, osent imaginer et créer du nouveau en vue d’améliorer notre condition commune.Amen Chants Psaume 2Alléluia 31/05 : « Veillez enfants des hommes »AEC 311, NCTC 161, Alléluia 31/09 : « Comment te reconnaître »
PrédicationL’Éternelle nouveauté de la ParoleDifficile, en écoutant cette prophétie de Jésus, de ne pas aussitôt penser à l’exceptionnelle puissance de l’ouragan « Sandy ». Nous avons tous encore en mémoire les images des catastrophes qu’il a provoquées, de la mer des Caraïbe à la côte Est des États-Unis et du Canada. Nous avons peut-être oublié qu’Haïti se relève à peine d’un tremblement de terre qui avait semé la désolation sur cette terre déjà misérable. L’apocalypse hier, aujourd’hui, demainLes anciens considéraient que les catastrophes naturelles étaient envoyées par les dieux en punition des péchés que l’humanité avait commis contre eux. Au temps de Jésus, elles étaient de plus interprétées comme les signes avant coureurs de la fin des temps, comme des événements « apocalyptiques ». Dans nos journaux, à la radio, à la télévision, sur les blogs ou sur les réseaux sociaux, nombreux sont celles et ceux qui n’ont pas hésité à qualifier d’apocalyptiques les images de ce phénomène climatique et de ses effets dévastateurs. Nul doute que de nombreux prédicateurs intégristes ne manqueront pas d’affirmer que la catastrophe qui frappe New-York n’est que la juste expiation de l’arrogance et de la dépravation de cette Babylone moderne … en attendant que le ciel ne leur tombe sur la tête à eux aussi, comme un démenti cinglant de leur prétention à parler au nom de leurs propres dieux. Les gens plus sérieux ne manqueront pas d’y voir une preuve du réchauffement climatique et une conséquence de notre consommation boulimique et irresponsable des énergies fossiles. À 2000 ans d’intervalle, le fond du discours est le même et, si on remonte encore plus en arrière dans l’histoire, il est peut-être aussi vieux que Noé. Le plus étonnant, c’est que, depuis le temps que le monde n’en finit pas de finir, nous soyons encore là pour tenir des discours apocalyptiques et nous laisser séduire par eux.Et depuis 2000 ans, nous n’avons toujours pas vu le Fils de l’Homme. Le Fils de l’Homme est le héros des discours apocalyptiques les plus répandus dans les milieux où Jésus évolue. Comme très souvent dans les évangiles, Jésus, quand il parle du Fils de l’Homme, laisse toujours planer une équivoque : parle-t-il de lui ou bien parle-t-il de quelqu’un d’autre ? La lettre du texte ne permet pas de trancher. Si Jésus laisse entendre qu’il est lui-même ce héros apocalyptique, l’incarne-t-il de façon aussi banalement glorieuse ? Pourquoi alors affirmerait-il avec insistance, ailleurs dans les évangiles, que la fin et le renouvellement des temps se jouent définitivement dans le drame de la passion, de la croix et de la résurrection ? Pour les premiers chrétiens, il était évident que leur génération ne passerait pas sans que le ressuscité ne revienne enfin « entouré d’une nuée dans la plénitude de la puissance et de la gloire ». Mais nous, 2000 ans ou 80 générations après, nous attendons toujours. Est-ce vraiment ainsi que Jésus reviendra ? Est-ce vraiment ainsi qu’il revient ? Faut-il finalement nous lasser d’attendre et laisser nos cœurs s’alourdir dans l’ivresse, les beuveries et les soucis de la vie ? Ou dans l’épouvante, le ressentiment et le mépris à l’égard de ce monde de toute façon perdu ? Debout !Nous pouvons nous convaincre de cette évidence : Jésus n’est pas l’inventeur des discours apocalyptiques. C’est simplement pour lui une manière de s’adapter à notre manière archaïque de voir les choses pour faire passer la nouveauté de son message. Qui pourra nier qu’il y a quelque chose de morbide dans notre complaisance pour les discours apocalyptiques, de quelque nature qu’ils soient, écologiques, économiques, sociaux, démographiques, et, récemment, à propos du « mariage pour tous » : « symboliques » et « anthropologiques ». À quelles expiations, à quels sacrifices, à quels renoncements, à quelles humiliations ne sommes-nous pas prêts à consentir pour échapper aux évènements dont la menace, réelle ou imaginaire, s’accumule au dessus de nous ? Notre monde ne va-t-il pas bientôt s’effondrer ? Et même si nous n’y croyons qu’à moitié, comme il y a certainement un peu de vrai dans tout ça, nous avons quand même le sentiment que, d’une manière ou d’une autre, il nous faudra nous allonger à terre pour éviter d’être frappés par la foudre.Et c’est là que Jésus nous dit : « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête » et un peu plus loin : « C’est debout et non pas rampant devant lui que le Fils de l’Homme vous attend » !Ce que le figuier révèleIl y a quand même quelque chose d’extraordinaire dans cette prophétie de Jésus : alors que tout saute de tous les cotés, que le soleil, la lune et les étoiles se mettent à danser la java, que toutes les digues sont rompues par une mer en furie, que le ciel nous tombe sur la tête, que c’est le sauve qui peut général … voilà qu’au beau milieu de son apocalypse, Jésus se met à nous raconter une histoire de figuier qui bourgeonne en hiver ! A-t-il perdu la tête, ou cherche-t-il au contraire à nous faire retrouver la nôtre ? Dans le chaos dans lequel nous sommes plongés et au sein duquel nous ne savons plus où tourner la tête, Jésus dirige notre regard non pas sur les signes des temps qui s’achèvent, mais sur les signes des temps qui viennent. Il ne prêche pas la fin du monde, mais l’avènement du monde qui vient. Mieux : ce monde à venir, si nous en croyons Jésus, a déjà commencé à advenir dès la première génération chrétienne, il y a 2000 ans. Voilà 2000 ans que les bourgeons du Royaume de Dieu grossissent et parfois même éclosent, au sein même de notre monde. Voilà 2000 ans que le Règne de Dieu s’approche. La question que nous pose Jésus, c’est : Nous laisserons-nous fasciner par le catastrophisme des prédicateurs de déclin ou serons-nous capables de discerner les bourgeons du Règne de Dieu ? C’est bien à une « conversion » que Jésus nous appelle : à la conversion du regard que nous portons sur notre monde. Jésus est-il vraiment sérieux ? Tout cela nous dépasse ! Et, au fond, qu’avons-nous à faire de ces vastes perspectives cosmiques, sinon à nous y perdre, de toute façon ? La surprenante modestie de la parabole du figuier nous invite aussi à des considérations plus intimes : quand tout va mal dans notre vie, quand pour des raisons réelles ou imaginaires, nous broyons du noir parce que nous avons le sentiment que tout s’effondre autour de nous, Jésus nous invite, pour nous reconstruire à partir de là, à convertir le regard que nous portons sur notre existence vers les bonheurs, aussi infimes soient-ils, que Dieu nous tend dans notre quotidien : un sourire, un rayon de soleil, un bourgeon de figuier en hiver … Et aussi à offrir ses signes aux autres. Pourquoi ce que Dieu fait pour chacune et chacun d’entre nous, ne le ferait-il pas pour notre humanité toute entière et pour notre univers ?Le ciel et la terre sont passés ; toujours nouvelle, la Parole demeureLe ciel et la terre peuvent bien passer dit Jésus, et ils sont passés : un des effets de ce que Frédéric Nietzsche diagnostique comme la « mort de Dieu », c’est qu’il n’y a plus désormais pour nous ni haut, ni bas ; autrement dit : nous ne pouvons plus sérieusement nous représenter le ciel comme la demeure des dieux. Nous nous représentons désormais la terre comme une infime petite boule bleue flottant dans un univers quasiment infini et rempli de vide. « Il n’y a plus ni haut, ni bas », cela signifie aussi que nous sommes désormais seuls comptables de nos valeurs. Toutes les « valeurs », tous les « invariants » fussent-ils « anthropologiques » ou « symboliques », sur lesquels nous pensions autrefois pouvoir nous appuyer comme sur des absolus imposés d’en haut et de toute éternité, sont devenues relatifs à notre humanité et à ses choix. Cela signifie seulement que nos « valeurs » exigent désormais de nous beaucoup plus de discernement, de confiance, de responsabilité et peut-être aussi de liberté qu’autrefois, parce que, ainsi que Jésus le dit du sabbat, ils sont désormais à notre service. Le ciel et la terre sont passés, dans la passion et sur la croix. Mais ce que nous raconte le fragile bourgeon du figuier, c’est que la Parole, créatrice depuis toujours, et salutaire depuis la résurrection, demeure éternellement, éternellement nouvelle et éternellement source de nouveauté. C’est ce qui en fait depuis 2000 ans l’éternelle modernité.Pour apocalyptique qu’elle soit, la description faites par Jésus des catastrophes passées, présentes et à venir reste ainsi une invitation à la lucidité sur l’arrière-fond de tohu-bohu à partir duquel Dieu crée et ne cesse de créer par le souffle de son Esprit. Jésus ne nous demande pas de renoncer à cette lucidité ; il nous invite, à sa suite, à être plus lucide encore que tous les experts en fin du monde et tous les prophètes de mort. De ce tohu-bohu en ébullition qui nous environne, un monde nouveau est en train de naître. Ses bourgeons éclosent de partout. Celles et ceux qui, armés d’une confiance inébranlable dans le Dieu créateur et sauveur, dont lui, Jésus, incarne la parole créatrice, celles et ceux dont la prière attentive ouvre les yeux sur le monde, ceux-là et celles-là, parce qu’ils savent les discerner les signes de l’approche du Règne de Dieu, échapperont à tous les évènements à venir.Apocalypse pour tout le mondeMais il y a plus encore dans l’apocalypse de Jésus : si nous devons rester en éveil, c’est parce que le règne de Dieu tombe toujours sur nous par surprise … mais comme une bonne surprise pas comme une mauvaise ! Comme le filet de Pierre et Jacques sur la mer de Galilée quand Jésus les a recrutés. Comme un filet que les pécheurs ne cessent de jeter à l’eau pour ramener le plus de poissons possibles. Comme un filet pour pécher les hommes et les femmes, pour les faire sortir de l’eau qui les noie et les ramener à l’air libre, qui les fait vivre. Et les mailles de ce filet, ce sont toutes celles et tous ceux qui, depuis 80 générations, n’ont jamais cessé d’espérer sa venue, d’en discerner l’approche dans ce qui ce qui se manifestait de vie nouvelle dans les réussites, les luttes et les espoirs de leur temps. Où étaient-ils, les bourgeons de l’approche du règne de Dieu quand « Sandy » frappait Haïti ou New-York ? Sinon dans toutes ces femmes et tous ces hommes, bénévoles ou professionnels, sur le terrain ou dans les états-majors de crise, qui, alors qu’ils partageaient l’angoisse commune, unissaient malgré tout leurs efforts pour que la catastrophe épargne le plus de vies humaines possible. Depuis 2000 ans, un monde nouveau est en train d’émerger du tohu-bohu du monde ancien. Dans la prière, la réflexion et l’action, nous aussi, à notre tour, nous y avons notre part, aussi modeste soit notre contribution à relever, à sauver, à soigner celles et ceux que le tohu bohu menace d’engloutir, mais aussi à encourager, à aider, à nous associer à toutes celles et tous ceux qui, dans ce monde en recomposition, osent imaginer et créer du nouveau en vue d’améliorer notre condition commune.Amen Chants Psaume 2Alléluia 31/05 : « Veillez enfants des hommes »AEC 311, NCTC 161, Alléluia 31/09 : « Comment te reconnaître »
PrédicationL’Éternelle nouveauté de la ParoleDifficile, en écoutant cette prophétie de Jésus, de ne pas aussitôt penser à l’exceptionnelle puissance de l’ouragan « Sandy ». Nous avons tous encore en mémoire les images des catastrophes qu’il a provoquées, de la mer des Caraïbe à la côte Est des États-Unis et du Canada. Nous avons peut-être oublié qu’Haïti se relève à peine d’un tremblement de terre qui avait semé la désolation sur cette terre déjà misérable. L’apocalypse hier, aujourd’hui, demainLes anciens considéraient que les catastrophes naturelles étaient envoyées par les dieux en punition des péchés que l’humanité avait commis contre eux. Au temps de Jésus, elles étaient de plus interprétées comme les signes avant coureurs de la fin des temps, comme des événements « apocalyptiques ». Dans nos journaux, à la radio, à la télévision, sur les blogs ou sur les réseaux sociaux, nombreux sont celles et ceux qui n’ont pas hésité à qualifier d’apocalyptiques les images de ce phénomène climatique et de ses effets dévastateurs. Nul doute que de nombreux prédicateurs intégristes ne manqueront pas d’affirmer que la catastrophe qui frappe New-York n’est que la juste expiation de l’arrogance et de la dépravation de cette Babylone moderne … en attendant que le ciel ne leur tombe sur la tête à eux aussi, comme un démenti cinglant de leur prétention à parler au nom de leurs propres dieux. Les gens plus sérieux ne manqueront pas d’y voir une preuve du réchauffement climatique et une conséquence de notre consommation boulimique et irresponsable des énergies fossiles. À 2000 ans d’intervalle, le fond du discours est le même et, si on remonte encore plus en arrière dans l’histoire, il est peut-être aussi vieux que Noé. Le plus étonnant, c’est que, depuis le temps que le monde n’en finit pas de finir, nous soyons encore là pour tenir des discours apocalyptiques et nous laisser séduire par eux.Et depuis 2000 ans, nous n’avons toujours pas vu le Fils de l’Homme. Le Fils de l’Homme est le héros des discours apocalyptiques les plus répandus dans les milieux où Jésus évolue. Comme très souvent dans les évangiles, Jésus, quand il parle du Fils de l’Homme, laisse toujours planer une équivoque : parle-t-il de lui ou bien parle-t-il de quelqu’un d’autre ? La lettre du texte ne permet pas de trancher. Si Jésus laisse entendre qu’il est lui-même ce héros apocalyptique, l’incarne-t-il de façon aussi banalement glorieuse ? Pourquoi alors affirmerait-il avec insistance, ailleurs dans les évangiles, que la fin et le renouvellement des temps se jouent définitivement dans le drame de la passion, de la croix et de la résurrection ? Pour les premiers chrétiens, il était évident que leur génération ne passerait pas sans que le ressuscité ne revienne enfin « entouré d’une nuée dans la plénitude de la puissance et de la gloire ». Mais nous, 2000 ans ou 80 générations après, nous attendons toujours. Est-ce vraiment ainsi que Jésus reviendra ? Est-ce vraiment ainsi qu’il revient ? Faut-il finalement nous lasser d’attendre et laisser nos cœurs s’alourdir dans l’ivresse, les beuveries et les soucis de la vie ? Ou dans l’épouvante, le ressentiment et le mépris à l’égard de ce monde de toute façon perdu ? Debout !Nous pouvons nous convaincre de cette évidence : Jésus n’est pas l’inventeur des discours apocalyptiques. C’est simplement pour lui une manière de s’adapter à notre manière archaïque de voir les choses pour faire passer la nouveauté de son message. Qui pourra nier qu’il y a quelque chose de morbide dans notre complaisance pour les discours apocalyptiques, de quelque nature qu’ils soient, écologiques, économiques, sociaux, démographiques, et, récemment, à propos du « mariage pour tous » : « symboliques » et « anthropologiques ». À quelles expiations, à quels sacrifices, à quels renoncements, à quelles humiliations ne sommes-nous pas prêts à consentir pour échapper aux évènements dont la menace, réelle ou imaginaire, s’accumule au dessus de nous ? Notre monde ne va-t-il pas bientôt s’effondrer ? Et même si nous n’y croyons qu’à moitié, comme il y a certainement un peu de vrai dans tout ça, nous avons quand même le sentiment que, d’une manière ou d’une autre, il nous faudra nous allonger à terre pour éviter d’être frappés par la foudre.Et c’est là que Jésus nous dit : « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête » et un peu plus loin : « C’est debout et non pas rampant devant lui que le Fils de l’Homme vous attend » !Ce que le figuier révèleIl y a quand même quelque chose d’extraordinaire dans cette prophétie de Jésus : alors que tout saute de tous les cotés, que le soleil, la lune et les étoiles se mettent à danser la java, que toutes les digues sont rompues par une mer en furie, que le ciel nous tombe sur la tête, que c’est le sauve qui peut général … voilà qu’au beau milieu de son apocalypse, Jésus se met à nous raconter une histoire de figuier qui bourgeonne en hiver ! A-t-il perdu la tête, ou cherche-t-il au contraire à nous faire retrouver la nôtre ? Dans le chaos dans lequel nous sommes plongés et au sein duquel nous ne savons plus où tourner la tête, Jésus dirige notre regard non pas sur les signes des temps qui s’achèvent, mais sur les signes des temps qui viennent. Il ne prêche pas la fin du monde, mais l’avènement du monde qui vient. Mieux : ce monde à venir, si nous en croyons Jésus, a déjà commencé à advenir dès la première génération chrétienne, il y a 2000 ans. Voilà 2000 ans que les bourgeons du Royaume de Dieu grossissent et parfois même éclosent, au sein même de notre monde. Voilà 2000 ans que le Règne de Dieu s’approche. La question que nous pose Jésus, c’est : Nous laisserons-nous fasciner par le catastrophisme des prédicateurs de déclin ou serons-nous capables de discerner les bourgeons du Règne de Dieu ? C’est bien à une « conversion » que Jésus nous appelle : à la conversion du regard que nous portons sur notre monde. Jésus est-il vraiment sérieux ? Tout cela nous dépasse ! Et, au fond, qu’avons-nous à faire de ces vastes perspectives cosmiques, sinon à nous y perdre, de toute façon ? La surprenante modestie de la parabole du figuier nous invite aussi à des considérations plus intimes : quand tout va mal dans notre vie, quand pour des raisons réelles ou imaginaires, nous broyons du noir parce que nous avons le sentiment que tout s’effondre autour de nous, Jésus nous invite, pour nous reconstruire à partir de là, à convertir le regard que nous portons sur notre existence vers les bonheurs, aussi infimes soient-ils, que Dieu nous tend dans notre quotidien : un sourire, un rayon de soleil, un bourgeon de figuier en hiver … Et aussi à offrir ses signes aux autres. Pourquoi ce que Dieu fait pour chacune et chacun d’entre nous, ne le ferait-il pas pour notre humanité toute entière et pour notre univers ?Le ciel et la terre sont passés ; toujours nouvelle, la Parole demeureLe ciel et la terre peuvent bien passer dit Jésus, et ils sont passés : un des effets de ce que Frédéric Nietzsche diagnostique comme la « mort de Dieu », c’est qu’il n’y a plus désormais pour nous ni haut, ni bas ; autrement dit : nous ne pouvons plus sérieusement nous représenter le ciel comme la demeure des dieux. Nous nous représentons désormais la terre comme une infime petite boule bleue flottant dans un univers quasiment infini et rempli de vide. « Il n’y a plus ni haut, ni bas », cela signifie aussi que nous sommes désormais seuls comptables de nos valeurs. Toutes les « valeurs », tous les « invariants » fussent-ils « anthropologiques » ou « symboliques », sur lesquels nous pensions autrefois pouvoir nous appuyer comme sur des absolus imposés d’en haut et de toute éternité, sont devenues relatifs à notre humanité et à ses choix. Cela signifie seulement que nos « valeurs » exigent désormais de nous beaucoup plus de discernement, de confiance, de responsabilité et peut-être aussi de liberté qu’autrefois, parce que, ainsi que Jésus le dit du sabbat, ils sont désormais à notre service. Le ciel et la terre sont passés, dans la passion et sur la croix. Mais ce que nous raconte le fragile bourgeon du figuier, c’est que la Parole, créatrice depuis toujours, et salutaire depuis la résurrection, demeure éternellement, éternellement nouvelle et éternellement source de nouveauté. C’est ce qui en fait depuis 2000 ans l’éternelle modernité.Pour apocalyptique qu’elle soit, la description faites par Jésus des catastrophes passées, présentes et à venir reste ainsi une invitation à la lucidité sur l’arrière-fond de tohu-bohu à partir duquel Dieu crée et ne cesse de créer par le souffle de son Esprit. Jésus ne nous demande pas de renoncer à cette lucidité ; il nous invite, à sa suite, à être plus lucide encore que tous les experts en fin du monde et tous les prophètes de mort. De ce tohu-bohu en ébullition qui nous environne, un monde nouveau est en train de naître. Ses bourgeons éclosent de partout. Celles et ceux qui, armés d’une confiance inébranlable dans le Dieu créateur et sauveur, dont lui, Jésus, incarne la parole créatrice, celles et ceux dont la prière attentive ouvre les yeux sur le monde, ceux-là et celles-là, parce qu’ils savent les discerner les signes de l’approche du Règne de Dieu, échapperont à tous les évènements à venir.Apocalypse pour tout le mondeMais il y a plus encore dans l’apocalypse de Jésus : si nous devons rester en éveil, c’est parce que le règne de Dieu tombe toujours sur nous par surprise … mais comme une bonne surprise pas comme une mauvaise ! Comme le filet de Pierre et Jacques sur la mer de Galilée quand Jésus les a recrutés. Comme un filet que les pécheurs ne cessent de jeter à l’eau pour ramener le plus de poissons possibles. Comme un filet pour pécher les hommes et les femmes, pour les faire sortir de l’eau qui les noie et les ramener à l’air libre, qui les fait vivre. Et les mailles de ce filet, ce sont toutes celles et tous ceux qui, depuis 80 générations, n’ont jamais cessé d’espérer sa venue, d’en discerner l’approche dans ce qui ce qui se manifestait de vie nouvelle dans les réussites, les luttes et les espoirs de leur temps. Où étaient-ils, les bourgeons de l’approche du règne de Dieu quand « Sandy » frappait Haïti ou New-York ? Sinon dans toutes ces femmes et tous ces hommes, bénévoles ou professionnels, sur le terrain ou dans les états-majors de crise, qui, alors qu’ils partageaient l’angoisse commune, unissaient malgré tout leurs efforts pour que la catastrophe épargne le plus de vies humaines possible. Depuis 2000 ans, un monde nouveau est en train d’émerger du tohu-bohu du monde ancien. Dans la prière, la réflexion et l’action, nous aussi, à notre tour, nous y avons notre part, aussi modeste soit notre contribution à relever, à sauver, à soigner celles et ceux que le tohu bohu menace d’engloutir, mais aussi à encourager, à aider, à nous associer à toutes celles et tous ceux qui, dans ce monde en recomposition, osent imaginer et créer du nouveau en vue d’améliorer notre condition commune.Amen Chants Psaume 2Alléluia 31/05 : « Veillez enfants des hommes »AEC 311, NCTC 161, Alléluia 31/09 : « Comment te reconnaître »
PrédicationL’Éternelle nouveauté de la ParoleDifficile, en écoutant cette prophétie de Jésus, de ne pas aussitôt penser à l’exceptionnelle puissance de l’ouragan « Sandy ». Nous avons tous encore en mémoire les images des catastrophes qu’il a provoquées, de la mer des Caraïbe à la côte Est des États-Unis et du Canada. Nous avons peut-être oublié qu’Haïti se relève à peine d’un tremblement de terre qui avait semé la désolation sur cette terre déjà misérable. L’apocalypse hier, aujourd’hui, demainLes anciens considéraient que les catastrophes naturelles étaient envoyées par les dieux en punition des péchés que l’humanité avait commis contre eux. Au temps de Jésus, elles étaient de plus interprétées comme les signes avant coureurs de la fin des temps, comme des événements « apocalyptiques ». Dans nos journaux, à la radio, à la télévision, sur les blogs ou sur les réseaux sociaux, nombreux sont celles et ceux qui n’ont pas hésité à qualifier d’apocalyptiques les images de ce phénomène climatique et de ses effets dévastateurs. Nul doute que de nombreux prédicateurs intégristes ne manqueront pas d’affirmer que la catastrophe qui frappe New-York n’est que la juste expiation de l’arrogance et de la dépravation de cette Babylone moderne … en attendant que le ciel ne leur tombe sur la tête à eux aussi, comme un démenti cinglant de leur prétention à parler au nom de leurs propres dieux. Les gens plus sérieux ne manqueront pas d’y voir une preuve du réchauffement climatique et une conséquence de notre consommation boulimique et irresponsable des énergies fossiles. À 2000 ans d’intervalle, le fond du discours est le même et, si on remonte encore plus en arrière dans l’histoire, il est peut-être aussi vieux que Noé. Le plus étonnant, c’est que, depuis le temps que le monde n’en finit pas de finir, nous soyons encore là pour tenir des discours apocalyptiques et nous laisser séduire par eux.Et depuis 2000 ans, nous n’avons toujours pas vu le Fils de l’Homme. Le Fils de l’Homme est le héros des discours apocalyptiques les plus répandus dans les milieux où Jésus évolue. Comme très souvent dans les évangiles, Jésus, quand il parle du Fils de l’Homme, laisse toujours planer une équivoque : parle-t-il de lui ou bien parle-t-il de quelqu’un d’autre ? La lettre du texte ne permet pas de trancher. Si Jésus laisse entendre qu’il est lui-même ce héros apocalyptique, l’incarne-t-il de façon aussi banalement glorieuse ? Pourquoi alors affirmerait-il avec insistance, ailleurs dans les évangiles, que la fin et le renouvellement des temps se jouent définitivement dans le drame de la passion, de la croix et de la résurrection ? Pour les premiers chrétiens, il était évident que leur génération ne passerait pas sans que le ressuscité ne revienne enfin « entouré d’une nuée dans la plénitude de la puissance et de la gloire ». Mais nous, 2000 ans ou 80 générations après, nous attendons toujours. Est-ce vraiment ainsi que Jésus reviendra ? Est-ce vraiment ainsi qu’il revient ? Faut-il finalement nous lasser d’attendre et laisser nos cœurs s’alourdir dans l’ivresse, les beuveries et les soucis de la vie ? Ou dans l’épouvante, le ressentiment et le mépris à l’égard de ce monde de toute façon perdu ? Debout !Nous pouvons nous convaincre de cette évidence : Jésus n’est pas l’inventeur des discours apocalyptiques. C’est simplement pour lui une manière de s’adapter à notre manière archaïque de voir les choses pour faire passer la nouveauté de son message. Qui pourra nier qu’il y a quelque chose de morbide dans notre complaisance pour les discours apocalyptiques, de quelque nature qu’ils soient, écologiques, économiques, sociaux, démographiques, et, récemment, à propos du « mariage pour tous » : « symboliques » et « anthropologiques ». À quelles expiations, à quels sacrifices, à quels renoncements, à quelles humiliations ne sommes-nous pas prêts à consentir pour échapper aux évènements dont la menace, réelle ou imaginaire, s’accumule au dessus de nous ? Notre monde ne va-t-il pas bientôt s’effondrer ? Et même si nous n’y croyons qu’à moitié, comme il y a certainement un peu de vrai dans tout ça, nous avons quand même le sentiment que, d’une manière ou d’une autre, il nous faudra nous allonger à terre pour éviter d’être frappés par la foudre.Et c’est là que Jésus nous dit : « Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête » et un peu plus loin : « C’est debout et non pas rampant devant lui que le Fils de l’Homme vous attend » !Ce que le figuier révèleIl y a quand même quelque chose d’extraordinaire dans cette prophétie de Jésus : alors que tout saute de tous les cotés, que le soleil, la lune et les étoiles se mettent à danser la java, que toutes les digues sont rompues par une mer en furie, que le ciel nous tombe sur la tête, que c’est le sauve qui peut général … voilà qu’au