Textes : Jean 15, v. 1 à 17 Psaume 146 1 Rois 17, v. 10 à 16 Hébreux 9, v. 24 à 28 Marc 12, v. 38 à 44Pasteur Jean-Pierre STERNBERGER

Notes bibliquesC’est la dernière fois, dans l’évangile de Marc que l’on voit Jésus dans le temple. Il y entre en 11,15 en sort (11,19), y revient (11,27) pour ne sortir qu’en 13,1. Il n’y reviendra plus. C’est en dehors du temple qu’il annoncera la destruction de ce qui faisait l’orgueil de Jérusalem : “il ne restera pas ici pierre sur pierre” (13,2). Le texte proposé pour ce dimanche se compose d’une part d’une courte mise en garde de Jésus envers les scribes et d’autre part d’un commentaire par Jésus d’une scène à laquelle il vient d’assister. La mention des veuves dans le premier texte pourrait être l’occasion qui a permis de rattacher le second. On peut également penser que l’évangéliste préfère terminer cette série d’enseignements par un exemple concret ou plutôt par le contre-exemple de la pratique des maîtres de la loi : quand ceux-ci paradent dans les synagogues et les grands repas, la veuve passe inaperçue comme le sera son offrande aux yeux des trésoriers du temple. Les scribes, parfois appelés maîtres de la loi dans certaines traductions sont plus que de simples secrétaires. D’emblée, Marc 1,22 souligne que Jésus n’enseigne pas comme eux mais avec autorité. Ils apparaissent en 2,6 comme les premiers opposants à Jésus associés aux pharisiens en 2,16. Au chapitre 7, toujours en compagnie de pharisiens venus de Jérusalem, ils reprochent à Jésus la conduite de ses disciples (7,5). Lorsque Jésus annonce sa mort, les scribes et les prêtres sont dénoncés par Jésus comme ceux qui en veulent à sa vie (8,31; 10,33; 14,1.43.53; 15,1.31). Cela n’empêche pas les disciples de discuter avec eux (9,14-16) et se d’interroger sur leur enseignement (9,11). C’est moins cet enseignement que Jésus conteste (12,35) que leur conduite. Les scribes apparaissent presque toujours en groupe. La seule exception est celle du scribe qui interroge Jésus sur la loi et avec il tombe d’accord (12,28-34). Ce n’est donc pas une divergence théologique qui oppose Jésus et les scribes mais une façon différente de vivre et de mettre sa foi en pratique. Si on considère le développement acerbe de la critique des scribes dans les évangiles de Luc (11, 42-54) et surtout de Matthieu (23, 13-32) on peut se demander si ces attaques sont le reflet de l’opinion de Jésus ou si elles relèvent de la polémique des premiers chrétiens envers les Pharisiens qui, après 70 assument la refonte d’un Judaïsme dont le temple es détruit, un Judaïsme dont les disciples de Jésus seront désormais progressivement exclus. La seconde scène de ce passage se situe dans l’enceinte du Temple, près de la salle du trésor. Ce lieu n’était pas peut-être pas le lieu de dépôt des richesses du Temple mais celui où l’on déposait les offrandes des fidèles Le don de la veuve n’est pas raisonnable, de même que celui de Jésus ne paraît pas raisonnable à Pierre. Un don qui mérite la louange et en même temps, ce don sans réserve au trésor du Temple, géré par ceux qui dévorent les maisons des veuves, a quelque chose de dérisoire et d’absurde, de nature même à susciter la plainte. Le don de la veuve correspond à 2 leptes ce qui équivaut à très peu de chose !La Veuve : un être largement déprécié dans le monde masculin régnant. Privée de la protection de son mari, la veuve est à l’époque, une personne privée de ressources propres et sans assistance. Avec l’orphelin et l’étranger, elle appartient à la catégorie sociale des plus pauvres (Dt 24, 17 à 22)Marc accentue encore la pauvreté de cette femme en notant « Pauvre veuve »Jésus qui va quitter définitivement le Temple dénonce dans ce contexte, un système religieux qui conduit une pauvre veuve à tout donner.A l’issue du geste de la veuve, Jésus appelle ses disciples et introduit son discours d’un « Amen » qui montre l’importance et la solennité du moment et de sa déclaration.Il ne félicite nullement le geste de cette femme, ni ne porte de jugement moral ; il relève simplement qu’elle a donné plus que les riches. En effet, les riches ne jouent pas leur vie dans leur don, alors que cette femme donne tout… « elle a jeté sa vie comme les vignerons homicides ont jeté le fils en dehors de la vigne » commente E.Cuvillier. Ce don absurde et inutile devient par lui-même parabole de l’existence et même parabole du Christ lui-même qui va lui aussi donner sa vie. Pour Elian Cuvillier, le don de la veuve est une parabole de la mort de Jésus. Inutile et cependant source de vie véritable pour ceux qui en font mémoire (cf. 14, 22 à 25) L’épisode fait sens dans l’évangile de Marc depuis l’entrée triomphale (Mc 11, 1 à 10) passant par la malédiction du figuier (Mc 11, 12 à 14), la parabole des vignerons homicides (Mc 12, 1 à 12), le scandale du don de la veuve, scandale de la croix.C’est de cette mort absurde et scandaleuse que surgira la vie véritable qui est au-delà de la morale.Texte

38 Il leur disait, dans son enseignement : “Gardez-vous des scribes; ils aiment se promener avec de longues robes, être salués sur les places publiques,
39 avoir les premiers sièges dans les synagogues et les premières places dans les dîners;
40 ils dévorent les maisons des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières. Ils recevront un jugement particulièrement sévère.
41 Assis en face du Trésor, [Jésus] regardait comment la foule y mettait de la monnaie de bronze. Nombre de riches mettaient beaucoup.
42 Vint aussi une pauvre veuve qui mit deux leptes valant un quadrant.
43 Alors il appela ses disciples et leur dit : “Amen, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous ceux qui ont mis quelque chose dans le Trésor;
44 car tous ont mis de leur abondance, mais elle, elle a mis, de son manque, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.”

Proposition de prédication Depuis dix ans déjà, nos billets de banque sont sans figure humaine, et nos pièces venues de beaucoup de pays d’Europe portent de nouveau en effigie les profils de rois et de reines, de ducs et de princes, mais aussi d’écrivains ou d’animaux comme l’aigle ou la chouette. Certains regrettent ce passage à la monnaie unique et préconisent le temps d’une campagne électorale, de revenir au franc, mais quand un enfant demande comment c’était au temps des francs, nous ne savons plus s’il parle de Clovis ou de l’argent de jadis ! Les francs que certains appelaient encore “les nouveaux francs“ nous paraissent à leur tour bien anciens. Au fait, vous rappelez-vous des francs ? Vous souvenez-vous des billets de 500 francs ? Vous souvenez-vous du 50 francs Saint-Exupéry ? Et des pièces de 10 francs avec le génie de la Bastille ? Des pièces d’un ½ franc car il n’y avait pas de pièce de 50 centimes ? Et des pièces de 5 centimes qui valaient moins d’un centime d’euro ? Avez-vous le souvenir de la pièce de un centime ? Un centime de franc, moins d’1/6ème de centime d’Euro ! Elle était rare, cette pièce en 2002 mais elle avait encore cours théoriquement ! On en a même fabriqué pour les collectionneurs jusqu’en 2001 ! Mais vous souvenez-vous ce qu’on pouvez voir côté face de la pièce de 1 centime de franc ? C’était une pièce un peu plus petite que notre pièce de un centime d’euro, elle était en acier. Elle portait … un épi de blé. En ce temps-là un centime c’était déjà du blé. Est-ce pour cela que certains en ont la nostalgie ? Mais pour faire un euro d’aujourd’hui il faudrait réunir plus de 650 pièces d’un centime de franc !!Eh bien, je vais vous parler d’une pièce qui avait encore moins de valeur que la pièce d’un centime de franc. La lepte. Au temps de Jésus, cette minuscule pièce grecque valait un huitième d’as, le centime des Romains. Du coup, on ne pouvait même pas la considérer comme l’équivalent d’un grain de blé. Aussi l’appelait-on du nom de lepte, un mot grec qui signifie “pelure” ou encore “balle”, la petite peau qui entoure le grain et qui s’envole au vent quand on bat le blé. Comme un peu de poussière végétale, la lepte, c’était “peau de balle”, l’enveloppe d’un grain. Une petite piécette de pauvre très rarement mentionnée dans la Bible.Pourtant, un jour, Jésus, a su voir deux de ces petites pièces d’une lepte. Une femme les versait dans le trésor du temple. Une toute petite goutte dans l’océan des dons faits au temple. Si cette femme donnait cette somme à la collecte de notre Église, le trésorier serait embarrassé car, il lui faudrait ajouter des chiffres après la virgule. C’étaient deux grains de poussière dans le trésor du temple.Imaginez le temple de Jérusalem : des pierres colossales, un édifice gigantesque qui avait coûté une fortune et qu’à l’époque de Jésus on continuait encore de construire et donc de payer. Un temple si grand qu’il ne fut jamais achevé. Près de quarante ans plus tard, il fut détruit avant d’être terminé ! Dans ce temple luxueux, fierté de tout un peuple, dans ce temple vers lequel trois fois par jour des millions de personnes se tournaient pour prier, dans ce temple, il y avait un trésor ! Mais le trésor n’était pas ce qu’on croyait. Jésus avait remarqué dans la salle du trésor une femme, pauvre qui donnait deux leptes, quelques millimes. Ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est que Jésus, qui a chassé les marchands, Jésus que l’on décrit parfois comme un adversaire du temple, Jésus qui au chapitre suivant va annoncer la destruction du temple, Jésus fait l’éloge de cette veuve qui donne tout ce qu’elle a pour le temple. Est-ce bien logique ? On aurait pu imaginer un Jésus scandalisé, un Jésus qui reprend les quelques sous dans le tronc, court après la veuve, et les lui redonne en lui conseillant de les garder pour elle-même ou de s’acheter à manger ou autre chose. On pourrait rêver d’un Jésus façon Robin des bois, qui vole au temple si riche pour donner à la veuve si pauvre. Mais voilà : il n’en fait rien. Il la laisse faire, et au contraire, il trouve ça bien, il trouve ça beau, il souligne le sacrifice de la veuve quand il vient de critiquer ceux qui dévorent les bien des veuves. Pourtant ce qu’elle a mis dans le tronc ne va même pas payer un quart de demi-tuile pour le toit des toilettes du temple !Mais vous n’avez rien vu ? demande Jésus. Oui, elle a mis une poussière de centime de franc dans la collecte, mais cette pièce, c’est toute sa vie. C’est sa vie, qu’elle vient de mettre dans le tronc. Amen, je vous le dis, quand le temple sera détruit, et il sera bientôt détruit, la mémoire de son geste demeurera. Cette générosité-là est plus solide que le temple. Sa vie donnée, versée dans le tronc du temple est plus important que le temple lui même. Sa vie c’est le vrai temple. Elle est le véritable trésor du temple de Jérusalem.Qu’est-ce qui demeure ? Nous appelons cette maison « notre temple », et nous lui consacrons de l’argent. Il faudra toujours de l’argent pour entretenir et adapter les bâtiments… ne nous cachons pas la face : ça coûte des sous et collecte après collecte, pièce après pièce, chèque après chèque nous sommes heureux et reconnaissants de boucler nos budgets. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce qui fait la valeur de ce temple, ce ne sont pas ses murs, c’est vous qui y venez. Le capital humain de cette communauté est beaucoup plus important que le capital mobilier et si un jour nous devons vendre ou même donner ce temple, nous n’aurons rien perdu si ce n’est un lieu pour nous rassembler, nous n’aurions rien perdu si nous restons unis et si nous nous aimons les uns les autres. Ce temple n’est pas autre chose qu’un outil pour servir Dieu et nos frères. Une liturgie de sainte cène proclame que le Christ n’est pas dans le pain, mais qu’il est dans le pain partagéDe la même manière nous pouvons confesser que Dieu n’est pas dans l’argent, il est dans l’argent partagé, l’agent qui circule, l’argent prêté qui signifie la confiance, l’argent payé qui signifie la reconnaissance, l’argent donné qui signifie l’amour ou l’amitié. Peu importe la somme mais merci à ceux qui donnent ce qu’ils peuvent. Le blé est fait soit pour être mangé, soit pour être semé. Pour le manger, on en fait de la farine puis du pain que l’on partage joyeusement. Semé, il paraît être perdu mais il meurt et ressuscite pour une moisson nouvelle. L’argent que l’on garde ce n’est plus du blé, ni même de l’oseille, c’est de la balle, et même avec mille balles, cent-mille balles, des milliards de balles, vous ne pourrez faire un seul pain, et nous aurons toujours faim.Sur nos billets en Euros, des constructions vides et une carte de l’Europe. On aurait pu ça et là y faire pousser une fleur, un arbre, un peu de vie. Peu importe. Nous échangerons ces images contre des vraies fleurs, et des fruits et du pain pour que plus personne n’ait faim dans nos pays en paix. Je vous souhaite à tous d’avoir plein de blé pour pouvoir le manger cet hiver et en semer au printemps. Amen

Textes : Jean 15, v. 1 à 17 Psaume 146 1 Rois 17, v. 10 à 16 Hébreux 9, v. 24 à 28 Marc 12, v. 38 à 44Pasteur Jean-Pierre STERNBERGER

Notes bibliquesC’est la dernière fois, dans l’évangile de Marc que l’on voit Jésus dans le temple. Il y entre en 11,15 en sort (11,19), y revient (11,27) pour ne sortir qu’en 13,1. Il n’y reviendra plus. C’est en dehors du temple qu’il annoncera la destruction de ce qui faisait l’orgueil de Jérusalem : “il ne restera pas ici pierre sur pierre” (13,2). Le texte proposé pour ce dimanche se compose d’une part d’une courte mise en garde de Jésus envers les scribes et d’autre part d’un commentaire par Jésus d’une scène à laquelle il vient d’assister. La mention des veuves dans le premier texte pourrait être l’occasion qui a permis de rattacher le second. On peut également penser que l’évangéliste préfère terminer cette série d’enseignements par un exemple concret ou plutôt par le contre-exemple de la pratique des maîtres de la loi : quand ceux-ci paradent dans les synagogues et les grands repas, la veuve passe inaperçue comme le sera son offrande aux yeux des trésoriers du temple. Les scribes, parfois appelés maîtres de la loi dans certaines traductions sont plus que de simples secrétaires. D’emblée, Marc 1,22 souligne que Jésus n’enseigne pas comme eux mais avec autorité. Ils apparaissent en 2,6 comme les premiers opposants à Jésus associés aux pharisiens en 2,16. Au chapitre 7, toujours en compagnie de pharisiens venus de Jérusalem, ils reprochent à Jésus la conduite de ses disciples (7,5). Lorsque Jésus annonce sa mort, les scribes et les prêtres sont dénoncés par Jésus comme ceux qui en veulent à sa vie (8,31; 10,33; 14,1.43.53; 15,1.31). Cela n’empêche pas les disciples de discuter avec eux (9,14-16) et se d’interroger sur leur enseignement (9,11). C’est moins cet enseignement que Jésus conteste (12,35) que leur conduite. Les scribes apparaissent presque toujours en groupe. La seule exception est celle du scribe qui interroge Jésus sur la loi et avec il tombe d’accord (12,28-34). Ce n’est donc pas une divergence théologique qui oppose Jésus et les scribes mais une façon différente de vivre et de mettre sa foi en pratique. Si on considère le développement acerbe de la critique des scribes dans les évangiles de Luc (11, 42-54) et surtout de Matthieu (23, 13-32) on peut se demander si ces attaques sont le reflet de l’opinion de Jésus ou si elles relèvent de la polémique des premiers chrétiens envers les Pharisiens qui, après 70 assument la refonte d’un Judaïsme dont le temple es détruit, un Judaïsme dont les disciples de Jésus seront désormais progressivement exclus. La seconde scène de ce passage se situe dans l’enceinte du Temple, près de la salle du trésor. Ce lieu n’était pas peut-être pas le lieu de dépôt des richesses du Temple mais celui où l’on déposait les offrandes des fidèles Le don de la veuve n’est pas raisonnable, de même que celui de Jésus ne paraît pas raisonnable à Pierre. Un don qui mérite la louange et en même temps, ce don sans réserve au trésor du Temple, géré par ceux qui dévorent les maisons des veuves, a quelque chose de dérisoire et d’absurde, de nature même à susciter la plainte. Le don de la veuve correspond à 2 leptes ce qui équivaut à très peu de chose !La Veuve : un être largement déprécié dans le monde masculin régnant. Privée de la protection de son mari, la veuve est à l’époque, une personne privée de ressources propres et sans assistance. Avec l’orphelin et l’étranger, elle appartient à la catégorie sociale des plus pauvres (Dt 24, 17 à 22)Marc accentue encore la pauvreté de cette femme en notant « Pauvre veuve »Jésus qui va quitter définitivement le Temple dénonce dans ce contexte, un système religieux qui conduit une pauvre veuve à tout donner.A l’issue du geste de la veuve, Jésus appelle ses disciples et introduit son discours d’un « Amen » qui montre l’importance et la solennité du moment et de sa déclaration.Il ne félicite nullement le geste de cette femme, ni ne porte de jugement moral ; il relève simplement qu’elle a donné plus que les riches. En effet, les riches ne jouent pas leur vie dans leur don, alors que cette femme donne tout… « elle a jeté sa vie comme les vignerons homicides ont jeté le fils en dehors de la vigne » commente E.Cuvillier. Ce don absurde et inutile devient par lui-même parabole de l’existence et même parabole du Christ lui-même qui va lui aussi donner sa vie. Pour Elian Cuvillier, le don de la veuve est une parabole de la mort de Jésus. Inutile et cependant source de vie véritable pour ceux qui en font mémoire (cf. 14, 22 à 25) L’épisode fait sens dans l’évangile de Marc depuis l’entrée triomphale (Mc 11, 1 à 10) passant par la malédiction du figuier (Mc 11, 12 à 14), la parabole des vignerons homicides (Mc 12, 1 à 12), le scandale du don de la veuve, scandale de la croix.C’est de cette mort absurde et scandaleuse que surgira la vie véritable qui est au-delà de la morale.Texte

38 Il leur disait, dans son enseignement : “Gardez-vous des scribes; ils aiment se promener avec de longues robes, être salués sur les places publiques,
39 avoir les premiers sièges dans les synagogues et les premières places dans les dîners;
40 ils dévorent les maisons des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières. Ils recevront un jugement particulièrement sévère.
41 Assis en face du Trésor, [Jésus] regardait comment la foule y mettait de la monnaie de bronze. Nombre de riches mettaient beaucoup.
42 Vint aussi une pauvre veuve qui mit deux leptes valant un quadrant.
43 Alors il appela ses disciples et leur dit : “Amen, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous ceux qui ont mis quelque chose dans le Trésor;
44 car tous ont mis de leur abondance, mais elle, elle a mis, de son manque, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.”

Proposition de prédication Depuis dix ans déjà, nos billets de banque sont sans figure humaine, et nos pièces venues de beaucoup de pays d’Europe portent de nouveau en effigie les profils de rois et de reines, de ducs et de princes, mais aussi d’écrivains ou d’animaux comme l’aigle ou la chouette. Certains regrettent ce passage à la monnaie unique et préconisent le temps d’une campagne électorale, de revenir au franc, mais quand un enfant demande comment c’était au temps des francs, nous ne savons plus s’il parle de Clovis ou de l’argent de jadis ! Les francs que certains appelaient encore “les nouveaux francs“ nous paraissent à leur tour bien anciens. Au fait, vous rappelez-vous des francs ? Vous souvenez-vous des billets de 500 francs ? Vous souvenez-vous du 50 francs Saint-Exupéry ? Et des pièces de 10 francs avec le génie de la Bastille ? Des pièces d’un ½ franc car il n’y avait pas de pièce de 50 centimes ? Et des pièces de 5 centimes qui valaient moins d’un centime d’euro ? Avez-vous le souvenir de la pièce de un centime ? Un centime de franc, moins d’1/6ème de centime d’Euro ! Elle était rare, cette pièce en 2002 mais elle avait encore cours théoriquement ! On en a même fabriqué pour les collectionneurs jusqu’en 2001 ! Mais vous souvenez-vous ce qu’on pouvez voir côté face de la pièce de 1 centime de franc ? C’était une pièce un peu plus petite que notre pièce de un centime d’euro, elle était en acier. Elle portait … un épi de blé. En ce temps-là un centime c’était déjà du blé. Est-ce pour cela que certains en ont la nostalgie ? Mais pour faire un euro d’aujourd’hui il faudrait réunir plus de 650 pièces d’un centime de franc !!Eh bien, je vais vous parler d’une pièce qui avait encore moins de valeur que la pièce d’un centime de franc. La lepte. Au temps de Jésus, cette minuscule pièce grecque valait un huitième d’as, le centime des Romains. Du coup, on ne pouvait même pas la considérer comme l’équivalent d’un grain de blé. Aussi l’appelait-on du nom de lepte, un mot grec qui signifie “pelure” ou encore “balle”, la petite peau qui entoure le grain et qui s’envole au vent quand on bat le blé. Comme un peu de poussière végétale, la lepte, c’était “peau de balle”, l’enveloppe d’un grain. Une petite piécette de pauvre très rarement mentionnée dans la Bible.Pourtant, un jour, Jésus, a su voir deux de ces petites pièces d’une lepte. Une femme les versait dans le trésor du temple. Une toute petite goutte dans l’océan des dons faits au temple. Si cette femme donnait cette somme à la collecte de notre Église, le trésorier serait embarrassé car, il lui faudrait ajouter des chiffres après la virgule. C’étaient deux grains de poussière dans le trésor du temple.Imaginez le temple de Jérusalem : des pierres colossales, un édifice gigantesque qui avait coûté une fortune et qu’à l’époque de Jésus on continuait encore de construire et donc de payer. Un temple si grand qu’il ne fut jamais achevé. Près de quarante ans plus tard, il fut détruit avant d’être terminé ! Dans ce temple luxueux, fierté de tout un peuple, dans ce temple vers lequel trois fois par jour des millions de personnes se tournaient pour prier, dans ce temple, il y avait un trésor ! Mais le trésor n’était pas ce qu’on croyait. Jésus avait remarqué dans la salle du trésor une femme, pauvre qui donnait deux leptes, quelques millimes. Ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est que Jésus, qui a chassé les marchands, Jésus que l’on décrit parfois comme un adversaire du temple, Jésus qui au chapitre suivant va annoncer la destruction du temple, Jésus fait l’éloge de cette veuve qui donne tout ce qu’elle a pour le temple. Est-ce bien logique ? On aurait pu imaginer un Jésus scandalisé, un Jésus qui reprend les quelques sous dans le tronc, court après la veuve, et les lui redonne en lui conseillant de les garder pour elle-même ou de s’acheter à manger ou autre chose. On pourrait rêver d’un Jésus façon Robin des bois, qui vole au temple si riche pour donner à la veuve si pauvre. Mais voilà : il n’en fait rien. Il la laisse faire, et au contraire, il trouve ça bien, il trouve ça beau, il souligne le sacrifice de la veuve quand il vient de critiquer ceux qui dévorent les bien des veuves. Pourtant ce qu’elle a mis dans le tronc ne va même pas payer un quart de demi-tuile pour le toit des toilettes du temple !Mais vous n’avez rien vu ? demande Jésus. Oui, elle a mis une poussière de centime de franc dans la collecte, mais cette pièce, c’est toute sa vie. C’est sa vie, qu’elle vient de mettre dans le tronc. Amen, je vous le dis, quand le temple sera détruit, et il sera bientôt détruit, la mémoire de son geste demeurera. Cette générosité-là est plus solide que le temple. Sa vie donnée, versée dans le tronc du temple est plus important que le temple lui même. Sa vie c’est le vrai temple. Elle est le véritable trésor du temple de Jérusalem.Qu’est-ce qui demeure ? Nous appelons cette maison « notre temple », et nous lui consacrons de l’argent. Il faudra toujours de l’argent pour entretenir et adapter les bâtiments… ne nous cachons pas la face : ça coûte des sous et collecte après collecte, pièce après pièce, chèque après chèque nous sommes heureux et reconnaissants de boucler nos budgets. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce qui fait la valeur de ce temple, ce ne sont pas ses murs, c’est vous qui y venez. Le capital humain de cette communauté est beaucoup plus important que le capital mobilier et si un jour nous devons vendre ou même donner ce temple, nous n’aurons rien perdu si ce n’est un lieu pour nous rassembler, nous n’aurions rien perdu si nous restons unis et si nous nous aimons les uns les autres. Ce temple n’est pas autre chose qu’un outil pour servir Dieu et nos frères. Une liturgie de sainte cène proclame que le Christ n’est pas dans le pain, mais qu’il est dans le pain partagéDe la même manière nous pouvons confesser que Dieu n’est pas dans l’argent, il est dans l’argent partagé, l’agent qui circule, l’argent prêté qui signifie la confiance, l’argent payé qui signifie la reconnaissance, l’argent donné qui signifie l’amour ou l’amitié. Peu importe la somme mais merci à ceux qui donnent ce qu’ils peuvent. Le blé est fait soit pour être mangé, soit pour être semé. Pour le manger, on en fait de la farine puis du pain que l’on partage joyeusement. Semé, il paraît être perdu mais il meurt et ressuscite pour une moisson nouvelle. L’argent que l’on garde ce n’est plus du blé, ni même de l’oseille, c’est de la balle, et même avec mille balles, cent-mille balles, des milliards de balles, vous ne pourrez faire un seul pain, et nous aurons toujours faim.Sur nos billets en Euros, des constructions vides et une carte de l’Europe. On aurait pu ça et là y faire pousser une fleur, un arbre, un peu de vie. Peu importe. Nous échangerons ces images contre des vraies fleurs, et des fruits et du pain pour que plus personne n’ait faim dans nos pays en paix. Je vous souhaite à tous d’avoir plein de blé pour pouvoir le manger cet hiver et en semer au printemps. Amen

Textes : Jean 15, v. 1 à 17 Psaume 146 1 Rois 17, v. 10 à 16 Hébreux 9, v. 24 à 28 Marc 12, v. 38 à 44Pasteur Jean-Pierre STERNBERGER

Notes bibliquesC’est la dernière fois, dans l’évangile de Marc que l’on voit Jésus dans le temple. Il y entre en 11,15 en sort (11,19), y revient (11,27) pour ne sortir qu’en 13,1. Il n’y reviendra plus. C’est en dehors du temple qu’il annoncera la destruction de ce qui faisait l’orgueil de Jérusalem : “il ne restera pas ici pierre sur pierre” (13,2). Le texte proposé pour ce dimanche se compose d’une part d’une courte mise en garde de Jésus envers les scribes et d’autre part d’un commentaire par Jésus d’une scène à laquelle il vient d’assister. La mention des veuves dans le premier texte pourrait être l’occasion qui a permis de rattacher le second. On peut également penser que l’évangéliste préfère terminer cette série d’enseignements par un exemple concret ou plutôt par le contre-exemple de la pratique des maîtres de la loi : quand ceux-ci paradent dans les synagogues et les grands repas, la veuve passe inaperçue comme le sera son offrande aux yeux des trésoriers du temple. Les scribes, parfois appelés maîtres de la loi dans certaines traductions sont plus que de simples secrétaires. D’emblée, Marc 1,22 souligne que Jésus n’enseigne pas comme eux mais avec autorité. Ils apparaissent en 2,6 comme les premiers opposants à Jésus associés aux pharisiens en 2,16. Au chapitre 7, toujours en compagnie de pharisiens venus de Jérusalem, ils reprochent à Jésus la conduite de ses disciples (7,5). Lorsque Jésus annonce sa mort, les scribes et les prêtres sont dénoncés par Jésus comme ceux qui en veulent à sa vie (8,31; 10,33; 14,1.43.53; 15,1.31). Cela n’empêche pas les disciples de discuter avec eux (9,14-16) et se d’interroger sur leur enseignement (9,11). C’est moins cet enseignement que Jésus conteste (12,35) que leur conduite. Les scribes apparaissent presque toujours en groupe. La seule exception est celle du scribe qui interroge Jésus sur la loi et avec il tombe d’accord (12,28-34). Ce n’est donc pas une divergence théologique qui oppose Jésus et les scribes mais une façon différente de vivre et de mettre sa foi en pratique. Si on considère le développement acerbe de la critique des scribes dans les évangiles de Luc (11, 42-54) et surtout de Matthieu (23, 13-32) on peut se demander si ces attaques sont le reflet de l’opinion de Jésus ou si elles relèvent de la polémique des premiers chrétiens envers les Pharisiens qui, après 70 assument la refonte d’un Judaïsme dont le temple es détruit, un Judaïsme dont les disciples de Jésus seront désormais progressivement exclus. La seconde scène de ce passage se situe dans l’enceinte du Temple, près de la salle du trésor. Ce lieu n’était pas peut-être pas le lieu de dépôt des richesses du Temple mais celui où l’on déposait les offrandes des fidèles Le don de la veuve n’est pas raisonnable, de même que celui de Jésus ne paraît pas raisonnable à Pierre. Un don qui mérite la louange et en même temps, ce don sans réserve au trésor du Temple, géré par ceux qui dévorent les maisons des veuves, a quelque chose de dérisoire et d’absurde, de nature même à susciter la plainte. Le don de la veuve correspond à 2 leptes ce qui équivaut à très peu de chose !La Veuve : un être largement déprécié dans le monde masculin régnant. Privée de la protection de son mari, la veuve est à l’époque, une personne privée de ressources propres et sans assistance. Avec l’orphelin et l’étranger, elle appartient à la catégorie sociale des plus pauvres (Dt 24, 17 à 22)Marc accentue encore la pauvreté de cette femme en notant « Pauvre veuve »Jésus qui va quitter définitivement le Temple dénonce dans ce contexte, un système religieux qui conduit une pauvre veuve à tout donner.A l’issue du geste de la veuve, Jésus appelle ses disciples et introduit son discours d’un « Amen » qui montre l’importance et la solennité du moment et de sa déclaration.Il ne félicite nullement le geste de cette femme, ni ne porte de jugement moral ; il relève simplement qu’elle a donné plus que les riches. En effet, les riches ne jouent pas leur vie dans leur don, alors que cette femme donne tout… « elle a jeté sa vie comme les vignerons homicides ont jeté le fils en dehors de la vigne » commente E.Cuvillier. Ce don absurde et inutile devient par lui-même parabole de l’existence et même parabole du Christ lui-même qui va lui aussi donner sa vie. Pour Elian Cuvillier, le don de la veuve est une parabole de la mort de Jésus. Inutile et cependant source de vie véritable pour ceux qui en font mémoire (cf. 14, 22 à 25) L’épisode fait sens dans l’évangile de Marc depuis l’entrée triomphale (Mc 11, 1 à 10) passant par la malédiction du figuier (Mc 11, 12 à 14), la parabole des vignerons homicides (Mc 12, 1 à 12), le scandale du don de la veuve, scandale de la croix.C’est de cette mort absurde et scandaleuse que surgira la vie véritable qui est au-delà de la morale.Texte

38 Il leur disait, dans son enseignement : “Gardez-vous des scribes; ils aiment se promener avec de longues robes, être salués sur les places publiques,
39 avoir les premiers sièges dans les synagogues et les premières places dans les dîners;
40 ils dévorent les maisons des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières. Ils recevront un jugement particulièrement sévère.
41 Assis en face du Trésor, [Jésus] regardait comment la foule y mettait de la monnaie de bronze. Nombre de riches mettaient beaucoup.
42 Vint aussi une pauvre veuve qui mit deux leptes valant un quadrant.
43 Alors il appela ses disciples et leur dit : “Amen, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous ceux qui ont mis quelque chose dans le Trésor;
44 car tous ont mis de leur abondance, mais elle, elle a mis, de son manque, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.”

Proposition de prédication Depuis dix ans déjà, nos billets de banque sont sans figure humaine, et nos pièces venues de beaucoup de pays d’Europe portent de nouveau en effigie les profils de rois et de reines, de ducs et de princes, mais aussi d’écrivains ou d’animaux comme l’aigle ou la chouette. Certains regrettent ce passage à la monnaie unique et préconisent le temps d’une campagne électorale, de revenir au franc, mais quand un enfant demande comment c’était au temps des francs, nous ne savons plus s’il parle de Clovis ou de l’argent de jadis ! Les francs que certains appelaient encore “les nouveaux francs“ nous paraissent à leur tour bien anciens. Au fait, vous rappelez-vous des francs ? Vous souvenez-vous des billets de 500 francs ? Vous souvenez-vous du 50 francs Saint-Exupéry ? Et des pièces de 10 francs avec le génie de la Bastille ? Des pièces d’un ½ franc car il n’y avait pas de pièce de 50 centimes ? Et des pièces de 5 centimes qui valaient moins d’un centime d’euro ? Avez-vous le souvenir de la pièce de un centime ? Un centime de franc, moins d’1/6ème de centime d’Euro ! Elle était rare, cette pièce en 2002 mais elle avait encore cours théoriquement ! On en a même fabriqué pour les collectionneurs jusqu’en 2001 ! Mais vous souvenez-vous ce qu’on pouvez voir côté face de la pièce de 1 centime de franc ? C’était une pièce un peu plus petite que notre pièce de un centime d’euro, elle était en acier. Elle portait … un épi de blé. En ce temps-là un centime c’était déjà du blé. Est-ce pour cela que certains en ont la nostalgie ? Mais pour faire un euro d’aujourd’hui il faudrait réunir plus de 650 pièces d’un centime de franc !!Eh bien, je vais vous parler d’une pièce qui avait encore moins de valeur que la pièce d’un centime de franc. La lepte. Au temps de Jésus, cette minuscule pièce grecque valait un huitième d’as, le centime des Romains. Du coup, on ne pouvait même pas la considérer comme l’équivalent d’un grain de blé. Aussi l’appelait-on du nom de lepte, un mot grec qui signifie “pelure” ou encore “balle”, la petite peau qui entoure le grain et qui s’envole au vent quand on bat le blé. Comme un peu de poussière végétale, la lepte, c’était “peau de balle”, l’enveloppe d’un grain. Une petite piécette de pauvre très rarement mentionnée dans la Bible.Pourtant, un jour, Jésus, a su voir deux de ces petites pièces d’une lepte. Une femme les versait dans le trésor du temple. Une toute petite goutte dans l’océan des dons faits au temple. Si cette femme donnait cette somme à la collecte de notre Église, le trésorier serait embarrassé car, il lui faudrait ajouter des chiffres après la virgule. C’étaient deux grains de poussière dans le trésor du temple.Imaginez le temple de Jérusalem : des pierres colossales, un édifice gigantesque qui avait coûté une fortune et qu’à l’époque de Jésus on continuait encore de construire et donc de payer. Un temple si grand qu’il ne fut jamais achevé. Près de quarante ans plus tard, il fut détruit avant d’être terminé ! Dans ce temple luxueux, fierté de tout un peuple, dans ce temple vers lequel trois fois par jour des millions de personnes se tournaient pour prier, dans ce temple, il y avait un trésor ! Mais le trésor n’était pas ce qu’on croyait. Jésus avait remarqué dans la salle du trésor une femme, pauvre qui donnait deux leptes, quelques millimes. Ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est que Jésus, qui a chassé les marchands, Jésus que l’on décrit parfois comme un adversaire du temple, Jésus qui au chapitre suivant va annoncer la destruction du temple, Jésus fait l’éloge de cette veuve qui donne tout ce qu’elle a pour le temple. Est-ce bien logique ? On aurait pu imaginer un Jésus scandalisé, un Jésus qui reprend les quelques sous dans le tronc, court après la veuve, et les lui redonne en lui conseillant de les garder pour elle-même ou de s’acheter à manger ou autre chose. On pourrait rêver d’un Jésus façon Robin des bois, qui vole au temple si riche pour donner à la veuve si pauvre. Mais voilà : il n’en fait rien. Il la laisse faire, et au contraire, il trouve ça bien, il trouve ça beau, il souligne le sacrifice de la veuve quand il vient de critiquer ceux qui dévorent les bien des veuves. Pourtant ce qu’elle a mis dans le tronc ne va même pas payer un quart de demi-tuile pour le toit des toilettes du temple !Mais vous n’avez rien vu ? demande Jésus. Oui, elle a mis une poussière de centime de franc dans la collecte, mais cette pièce, c’est toute sa vie. C’est sa vie, qu’elle vient de mettre dans le tronc. Amen, je vous le dis, quand le temple sera détruit, et il sera bientôt détruit, la mémoire de son geste demeurera. Cette générosité-là est plus solide que le temple. Sa vie donnée, versée dans le tronc du temple est plus important que le temple lui même. Sa vie c’est le vrai temple. Elle est le véritable trésor du temple de Jérusalem.Qu’est-ce qui demeure ? Nous appelons cette maison « notre temple », et nous lui consacrons de l’argent. Il faudra toujours de l’argent pour entretenir et adapter les bâtiments… ne nous cachons pas la face : ça coûte des sous et collecte après collecte, pièce après pièce, chèque après chèque nous sommes heureux et reconnaissants de boucler nos budgets. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce qui fait la valeur de ce temple, ce ne sont pas ses murs, c’est vous qui y venez. Le capital humain de cette communauté est beaucoup plus important que le capital mobilier et si un jour nous devons vendre ou même donner ce temple, nous n’aurons rien perdu si ce n’est un lieu pour nous rassembler, nous n’aurions rien perdu si nous restons unis et si nous nous aimons les uns les autres. Ce temple n’est pas autre chose qu’un outil pour servir Dieu et nos frères. Une liturgie de sainte cène proclame que le Christ n’est pas dans le pain, mais qu’il est dans le pain partagéDe la même manière nous pouvons confesser que Dieu n’est pas dans l’argent, il est dans l’argent partagé, l’agent qui circule, l’argent prêté qui signifie la confiance, l’argent payé qui signifie la reconnaissance, l’argent donné qui signifie l’amour ou l’amitié. Peu importe la somme mais merci à ceux qui donnent ce qu’ils peuvent. Le blé est fait soit pour être mangé, soit pour être semé. Pour le manger, on en fait de la farine puis du pain que l’on partage joyeusement. Semé, il paraît être perdu mais il meurt et ressuscite pour une moisson nouvelle. L’argent que l’on garde ce n’est plus du blé, ni même de l’oseille, c’est de la balle, et même avec mille balles, cent-mille balles, des milliards de balles, vous ne pourrez faire un seul pain, et nous aurons toujours faim.Sur nos billets en Euros, des constructions vides et une carte de l’Europe. On aurait pu ça et là y faire pousser une fleur, un arbre, un peu de vie. Peu importe. Nous échangerons ces images contre des vraies fleurs, et des fruits et du pain pour que plus personne n’ait faim dans nos pays en paix. Je vous souhaite à tous d’avoir plein de blé pour pouvoir le manger cet hiver et en semer au printemps. Amen

Textes : Jean 15, v. 1 à 17 Psaume 146 1 Rois 17, v. 10 à 16 Hébreux 9, v. 24 à 28 Marc 12, v. 38 à 44Pasteur Jean-Pierre STERNBERGER

Notes bibliquesC’est la dernière fois, dans l’évangile de Marc que l’on voit Jésus dans le temple. Il y entre en 11,15 en sort (11,19), y revient (11,27) pour ne sortir qu’en 13,1. Il n’y reviendra plus. C’est en dehors du temple qu’il annoncera la destruction de ce qui faisait l’orgueil de Jérusalem : “il ne restera pas ici pierre sur pierre” (13,2). Le texte proposé pour ce dimanche se compose d’une part d’une courte mise en garde de Jésus envers les scribes et d’autre part d’un commentaire par Jésus d’une scène à laquelle il vient d’assister. La mention des veuves dans le premier texte pourrait être l’occasion qui a permis de rattacher le second. On peut également penser que l’évangéliste préfère terminer cette série d’enseignements par un exemple concret ou plutôt par le contre-exemple de la pratique des maîtres de la loi : quand ceux-ci paradent dans les synagogues et les grands repas, la veuve passe inaperçue comme le sera son offrande aux yeux des trésoriers du temple. Les scribes, parfois appelés maîtres de la loi dans certaines traductions sont plus que de simples secrétaires. D’emblée, Marc 1,22 souligne que Jésus n’enseigne pas comme eux mais avec autorité. Ils apparaissent en 2,6 comme les premiers opposants à Jésus associés aux pharisiens en 2,16. Au chapitre 7, toujours en compagnie de pharisiens venus de Jérusalem, ils reprochent à Jésus la conduite de ses disciples (7,5). Lorsque Jésus annonce sa mort, les scribes et les prêtres sont dénoncés par Jésus comme ceux qui en veulent à sa vie (8,31; 10,33; 14,1.43.53; 15,1.31). Cela n’empêche pas les disciples de discuter avec eux (9,14-16) et se d’interroger sur leur enseignement (9,11). C’est moins cet enseignement que Jésus conteste (12,35) que leur conduite. Les scribes apparaissent presque toujours en groupe. La seule exception est celle du scribe qui interroge Jésus sur la loi et avec il tombe d’accord (12,28-34). Ce n’est donc pas une divergence théologique qui oppose Jésus et les scribes mais une façon différente de vivre et de mettre sa foi en pratique. Si on considère le développement acerbe de la critique des scribes dans les évangiles de Luc (11, 42-54) et surtout de Matthieu (23, 13-32) on peut se demander si ces attaques sont le reflet de l’opinion de Jésus ou si elles relèvent de la polémique des premiers chrétiens envers les Pharisiens qui, après 70 assument la refonte d’un Judaïsme dont le temple es détruit, un Judaïsme dont les disciples de Jésus seront désormais progressivement exclus. La seconde scène de ce passage se situe dans l’enceinte du Temple, près de la salle du trésor. Ce lieu n’était pas peut-être pas le lieu de dépôt des richesses du Temple mais celui où l’on déposait les offrandes des fidèles Le don de la veuve n’est pas raisonnable, de même que celui de Jésus ne paraît pas raisonnable à Pierre. Un don qui mérite la louange et en même temps, ce don sans réserve au trésor du Temple, géré par ceux qui dévorent les maisons des veuves, a quelque chose de dérisoire et d’absurde, de nature même à susciter la plainte. Le don de la veuve correspond à 2 leptes ce qui équivaut à très peu de chose !La Veuve : un être largement déprécié dans le monde masculin régnant. Privée de la protection de son mari, la veuve est à l’époque, une personne privée de ressources propres et sans assistance. Avec l’orphelin et l’étranger, elle appartient à la catégorie sociale des plus pauvres (Dt 24, 17 à 22)Marc accentue encore la pauvreté de cette femme en notant « Pauvre veuve »Jésus qui va quitter définitivement le Temple dénonce dans ce contexte, un système religieux qui conduit une pauvre veuve à tout donner.A l’issue du geste de la veuve, Jésus appelle ses disciples et introduit son discours d’un « Amen » qui montre l’importance et la solennité du moment et de sa déclaration.Il ne félicite nullement le geste de cette femme, ni ne porte de jugement moral ; il relève simplement qu’elle a donné plus que les riches. En effet, les riches ne jouent pas leur vie dans leur don, alors que cette femme donne tout… « elle a jeté sa vie comme les vignerons homicides ont jeté le fils en dehors de la vigne » commente E.Cuvillier. Ce don absurde et inutile devient par lui-même parabole de l’existence et même parabole du Christ lui-même qui va lui aussi donner sa vie. Pour Elian Cuvillier, le don de la veuve est une parabole de la mort de Jésus. Inutile et cependant source de vie véritable pour ceux qui en font mémoire (cf. 14, 22 à 25) L’épisode fait sens dans l’évangile de Marc depuis l’entrée triomphale (Mc 11, 1 à 10) passant par la malédiction du figuier (Mc 11, 12 à 14), la parabole des vignerons homicides (Mc 12, 1 à 12), le scandale du don de la veuve, scandale de la croix.C’est de cette mort absurde et scandaleuse que surgira la vie véritable qui est au-delà de la morale.Texte

38 Il leur disait, dans son enseignement : “Gardez-vous des scribes; ils aiment se promener avec de longues robes, être salués sur les places publiques,
39 avoir les premiers sièges dans les synagogues et les premières places dans les dîners;
40 ils dévorent les maisons des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières. Ils recevront un jugement particulièrement sévère.
41 Assis en face du Trésor, [Jésus] regardait comment la foule y mettait de la monnaie de bronze. Nombre de riches mettaient beaucoup.
42 Vint aussi une pauvre veuve qui mit deux leptes valant un quadrant.
43 Alors il appela ses disciples et leur dit : “Amen, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous ceux qui ont mis quelque chose dans le Trésor;
44 car tous ont mis de leur abondance, mais elle, elle a mis, de son manque, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.”

Proposition de prédication Depuis dix ans déjà, nos billets de banque sont sans figure humaine, et nos pièces venues de beaucoup de pays d’Europe portent de nouveau en effigie les profils de rois et de reines, de ducs et de princes, mais aussi d’écrivains ou d’animaux comme l’aigle ou la chouette. Certains regrettent ce passage à la monnaie unique et préconisent le temps d’une campagne électorale, de revenir au franc, mais quand un enfant demande comment c’était au temps des francs, nous ne savons plus s’il parle de Clovis ou de l’argent de jadis ! Les francs que certains appelaient encore “les nouveaux francs“ nous paraissent à leur tour bien anciens. Au fait, vous rappelez-vous des francs ? Vous souvenez-vous des billets de 500 francs ? Vous souvenez-vous du 50 francs Saint-Exupéry ? Et des pièces de 10 francs avec le génie de la Bastille ? Des pièces d’un ½ franc car il n’y avait pas de pièce de 50 centimes ? Et des pièces de 5 centimes qui valaient moins d’un centime d’euro ? Avez-vous le souvenir de la pièce de un centime ? Un centime de franc, moins d’1/6ème de centime d’Euro ! Elle était rare, cette pièce en 2002 mais elle avait encore cours théoriquement ! On en a même fabriqué pour les collectionneurs jusqu’en 2001 ! Mais vous souvenez-vous ce qu’on pouvez voir côté face de la pièce de 1 centime de franc ? C’était une pièce un peu plus petite que notre pièce de un centime d’euro, elle était en acier. Elle portait … un épi de blé. En ce temps-là un centime c’était déjà du blé. Est-ce pour cela que certains en ont la nostalgie ? Mais pour faire un euro d’aujourd’hui il faudrait réunir plus de 650 pièces d’un centime de franc !!Eh bien, je vais vous parler d’une pièce qui avait encore moins de valeur que la pièce d’un centime de franc. La lepte. Au temps de Jésus, cette minuscule pièce grecque valait un huitième d’as, le centime des Romains. Du coup, on ne pouvait même pas la considérer comme l’équivalent d’un grain de blé. Aussi l’appelait-on du nom de lepte, un mot grec qui signifie “pelure” ou encore “balle”, la petite peau qui entoure le grain et qui s’envole au vent quand on bat le blé. Comme un peu de poussière végétale, la lepte, c’était “peau de balle”, l’enveloppe d’un grain. Une petite piécette de pauvre très rarement mentionnée dans la Bible.Pourtant, un jour, Jésus, a su voir deux de ces petites pièces d’une lepte. Une femme les versait dans le trésor du temple. Une toute petite goutte dans l’océan des dons faits au temple. Si cette femme donnait cette somme à la collecte de notre Église, le trésorier serait embarrassé car, il lui faudrait ajouter des chiffres après la virgule. C’étaient deux grains de poussière dans le trésor du temple.Imaginez le temple de Jérusalem : des pierres colossales, un édifice gigantesque qui avait coûté une fortune et qu’à l’époque de Jésus on continuait encore de construire et donc de payer. Un temple si grand qu’il ne fut jamais achevé. Près de quarante ans plus tard, il fut détruit avant d’être terminé ! Dans ce temple luxueux, fierté de tout un peuple, dans ce temple vers lequel trois fois par jour des millions de personnes se tournaient pour prier, dans ce temple, il y avait un trésor ! Mais le trésor n’était pas ce qu’on croyait. Jésus avait remarqué dans la salle du trésor une femme, pauvre qui donnait deux leptes, quelques millimes. Ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est que Jésus, qui a chassé les marchands, Jésus que l’on décrit parfois comme un adversaire du temple, Jésus qui au chapitre suivant va annoncer la destruction du temple, Jésus fait l’éloge de cette veuve qui donne tout ce qu’elle a pour le temple. Est-ce bien logique ? On aurait pu imaginer un Jésus scandalisé, un Jésus qui reprend les quelques sous dans le tronc, court après la veuve, et les lui redonne en lui conseillant de les garder pour elle-même ou de s’acheter à manger ou autre chose. On pourrait rêver d’un Jésus façon Robin des bois, qui vole au temple si riche pour donner à la veuve si pauvre. Mais voilà : il n’en fait rien. Il la laisse faire, et au contraire, il trouve ça bien, il trouve ça beau, il souligne le sacrifice de la veuve quand il vient de critiquer ceux qui dévorent les bien des veuves. Pourtant ce qu’elle a mis dans le tronc ne va même pas payer un quart de demi-tuile pour le toit des toilettes du temple !Mais vous n’avez rien vu ? demande Jésus. Oui, elle a mis une poussière de centime de franc dans la collecte, mais cette pièce, c’est toute sa vie. C’est sa vie, qu’elle vient de mettre dans le tronc. Amen, je vous le dis, quand le temple sera détruit, et il sera bientôt détruit, la mémoire de son geste demeurera. Cette générosité-là est plus solide que le temple. Sa vie donnée, versée dans le tronc du temple est plus important que le temple lui même. Sa vie c’est le vrai temple. Elle est le véritable trésor du temple de Jérusalem.Qu’est-ce qui demeure ? Nous appelons cette maison « notre temple », et nous lui consacrons de l’argent. Il faudra toujours de l’argent pour entretenir et adapter les bâtiments… ne nous cachons pas la face : ça coûte des sous et collecte après collecte, pièce après pièce, chèque après chèque nous sommes heureux et reconnaissants de boucler nos budgets. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce qui fait la valeur de ce temple, ce ne sont pas ses murs, c’est vous qui y venez. Le capital humain de cette communauté est beaucoup plus important que le capital mobilier et si un jour nous devons vendre ou même donner ce temple, nous n’aurons rien perdu si ce n’est un lieu pour nous rassembler, nous n’aurions rien perdu si nous restons unis et si nous nous aimons les uns les autres. Ce temple n’est pas autre chose qu’un outil pour servir Dieu et nos frères. Une liturgie de sainte cène proclame que le Christ n’est pas dans le pain, mais qu’il est dans le pain partagéDe la même manière nous pouvons confesser que Dieu n’est pas dans l’argent, il est dans l’argent partagé, l’agent qui circule, l’argent prêté qui signifie la confiance, l’argent payé qui signifie la reconnaissance, l’argent donné qui signifie l’amour ou l’amitié. Peu importe la somme mais merci à ceux qui donnent ce qu’ils peuvent. Le blé est fait soit pour être mangé, soit pour être semé. Pour le manger, on en fait de la farine puis du pain que l’on partage joyeusement. Semé, il paraît être perdu mais il meurt et ressuscite pour une moisson nouvelle. L’argent que l’on garde ce n’est plus du blé, ni même de l’oseille, c’est de la balle, et même avec mille balles, cent-mille balles, des milliards de balles, vous ne pourrez faire un seul pain, et nous aurons toujours faim.Sur nos billets en Euros, des constructions vides et une carte de l’Europe. On aurait pu ça et là y faire pousser une fleur, un arbre, un peu de vie. Peu importe. Nous échangerons ces images contre des vraies fleurs, et des fruits et du pain pour que plus personne n’ait faim dans nos pays en paix. Je vous souhaite à tous d’avoir plein de blé pour pouvoir le manger cet hiver et en semer au printemps. Amen

Textes : Jean 15, v. 1 à 17 Psaume 146 1 Rois 17, v. 10 à 16 Hébreux 9, v. 24 à 28 Marc 12, v. 38 à 44Pasteur Jean-Pierre STERNBERGER