Textes : 1 Chroniques 27, v. 1 à 34 Psaume 131 Malachie 1, v. 14 à 2, v. 10 1 Thessaloniciens 2, v. 7 à 13 Matthieu 23, v. 1 à 12 Pasteur Édith Kessler-HeitzTélécharger le document au complet

Fête de la Réformation

Notes bibliques

Il est recommandé de lire les 3 textes proposés, en commençant par l’évangile de Matthieu, puis Malachie et terminer par l’épître aux Thessaloniciens. 1. Matthieu 23,1-12 Au chapitre 21, Jésus entre dans Jérusalem ce qui est le signal que les jeux sont faits. Tous les épisodes entre les chapitres 21 et 23 viennent cristalliser l’opposition entre Jésus, révélé comme le Messie, et les autorités juives, scribes et pharisiens qui vont toujours ensemble. L’autorité de Jésus est contestée comme il contestera celle des scribes et des pharisiens. Mais ce n’est pas pour autant, un donné pour un rendu. Les différents épisodes, de la parabole des vignerons (21,33-44), et des invités (22,1-14), la controverse sur l’impôt (dans quel camp se situe Jésus ?) aboutissent à la proclamation du commandement fondamental (22,28-34). Tout s’oriente vers les événements des chap. 26-27. L’amour de Dieu va jusqu’à la mort du Christ. Entrons dans la logique de la polémique entre Jésus et les autorités juives : a) Jésus s’adresse à la foule et à ses disciples : il les prend à témoin. b) v.2 : « la chaire de Moïse » : à l’origine, c’était un siège mobile d’où le scribe interprétait la Tora. Par extension, c’est devenu synonyme de l’autorité et du pouvoir exercé par les pharisiens et les scribes. c) v.3 : Jésus ne conteste pas leur autorité, mais il pointe du doigt leur incohérence entre le dire et l’agir. Dieu attend de tout le peuple qu’il (écoute) obéisse à la Tora or les scribes et les pharisiens sont les 1ers à en prendre à leur aise avec la Loi. A partir du v.4, Jésus prend des exemples significatifs : a) v.4 : les règles de vie détournées de leur objectif : la loi devient contraignante et plus libératrice alors qu’elle est un cadre pour vivre ensemble. b) v.5 : ils portent des signes ostentatoires, phylactères et franges. Les phylactères sont de petits étuis en cuir qui contiennent des versets bibliques et en particulier le « Shema Israël » / Écoute Israël ». Les franges qui dépassent des vêtements sont une marque de piété. Ils ont besoin de se mettre en avant en occupant les 1ères places et en se faisant appeler « Rabbi » Or Jésus a incarné son autorité dans sa manière d’être et de vivre : il est venu pour un service. 2. Malachie 1,14-2,10 Qui est Malachie ? On n’en sait trop rien. Son nom signifie « mon messager » qui pourrait être un raccourci de Malachiya, (= le Seigneur est mon messager). Il a dû exercer son ministère de prophète parmi les Judéens du 5è siècle. Il y avait eu un réel enthousiasme après la reconstruction du Temple mais cela n’a eu qu’un temps. Les questions et problèmes sont semblables à ceux rencontrés par Esdras et Néhémie : corruption des prêtres, mariages avec des étrangers qui font oublier Dieu, la dîme impayée et des problèmes sociaux. Malachie répond à ce constat par des « oracles », des paroles prophétiques : rappel de l’élection d’Israël remise en cause par certains au sein même du peuple, et le culte une formalité. Les prêtres chargés d’enseigner la Tora, la rendent caduques par leur mauvais exemple : ils détournent leurs paroissiens du chemin de l’obéissance à Dieu. Chap. 1,14 : la crainte c’est le respect des nations pour Dieu Chap. 2, 1 et 2 : mise en garde des prêtres chargés de l’enseignement de la Tora v.3 : selon la Loi, il fallait brûler les excréments des animaux sacrifiés au-dehors, or les prêtres ne prenaient plus cette précaution et souillaient ainsi les sacrifices. v.4 : alliance avec Lévi : c’est la tribu chargé du service au Temple ce qui lui imposait certaines règles. v. 7 : le prophète joue sur la signification de son nom, puisque les prêtres auraient dû être des messagers de Dieu. Le prophète vient prendre leur place puisqu’ils font défaut. v.9 : Dieu les considère comme des païens. v.10 : ils prennent les patriarches pour les pères fondateurs alors que c’est Dieu qui les a créés. 3. 1 Thessaloniciens 2, 7b à 13 Le livre des Actes racontent que Paul et Silas arrivent à Thessalonique au cours de du 2è voyage et Ac 17,1-15 rapportent les circonstances de la création de cette Église. Comme d’habitude, Paul prêche d’abord 3 sabbats de suite dans les synagogues jusqu’à en être exclu. Quelques Juifs sont convaincus alors que d’autres sont jaloux du succès de la prédication de Paul. v.7b : Paul exprime la tendresse d’une personne dont l’autorité est réelle et qui choisit de l’exercer avec douceur. Paul va se comparer successivement à une mère et à un père montrant l’amour qui l’unit à ces chrétiens. v.8 : il a travaillé de ses mains pour ne pas être à la charge de cette Église, et il a proclamé la Bonne Nouvelle. v.13 : actions de grâces de Paul pour cette Église qui a reçu la Bonne Nouvelle et en vit. A l’opposé de ce que nous entendu dans les 2 autres textes, nous découvrons un Paul, disciple du Christ : l’autorité est celle du Christ et Paul est au service de cette Église. Il les encourage à vivre en disciples du Christ. Pistes de prédication1. Dieu choisit, appelle et envoie : Jésus a choisi le groupe des disciples qui partagent son ministère, mais cela ne leur donne pas de passe-droits ou des privilèges. Ils sont au service de la communauté.2. L’Évangile est d’abord une Bonne Nouvelle : à la différence de la Tora, nous sommes au bénéfice de l’Évangile, parole de vie et de liberté. Il faut en retrouver la fraîcheur.3. Rendre grâces pour toutes les bonnes choses reçues et donner envie aux autres d’en vivre.

Prédication

Dimanche de la Réformation : qu’en retenir ? Qu’en faire ? Quelle place a encore aujourd’hui la dynamique de la nouveauté initiée par les Réformateurs ? Une légende hindouiste peut être une portée d’entrée dans l’interpellation de ce dimanche. « Autrefois, tous les humains étaient des dieux. Mais ils abusèrent tant de leurs privilèges que Brahmâ, le maître des dieux, décida de leur ôter ce pouvoir de divinité. Brahmâ organisa donc un conseil pour décider d’une cachette qui soit impossible à déceler. Les dieux mineurs prirent d’abord la parole pour suggérer : – Enterrons le pouvoir de divinité tout au fond de la terre ! Mais Brahmâ répliqua : – Je vois que vous ne connaissez pas bien la curiosité de l’homme ! Il fouillera, il creusera, et un jour il finira par le trouver. – Dans ce cas, jetons-le dans la profondeur des océans ! Brahmâ soupira : – Je connais trop bien les hommes : tôt ou tard, ils iront explorer le fond des océans et remonteront le pouvoir de divinité à la surface. Ce sont d’éternels insatisfaits. Les dieux mineurs ne savaient plus que dire. – Où donc le cacher alors ? Car, si nous t’en croyons, il n’est pas d’endroit, sous terre, dans le ciel ou au fond des mers que les hommes n’atteindront un jour… Alors Brahmâ reprit la parole : – Voici ce que nous ferons ! Nous cacherons le pouvoir de divinité au plus profond du cœur des hommes, car c’est le seul endroit où ils ne songeront pas à aller le chercher. Et depuis ce temps, l’homme a fait le tour de la terre, il a creusé, il a exploré, il a fouillé le fond des mers… à la recherche de « quelque chose » qui se trouve en lui-même. L’Évangile doit-il être une cachette impossible à trouver ou au contraire l’Évangile attise-t-il notre curiosité ? De tout temps, il a fallu des interprètes pour expliquer les récits bibliques. En Israël, c’est le rôle des prêtres, puis des scribes et des pharisiens, en un mot les théologiens. Plus près de nous, on peut penser aux vitraux dans les Églises ou les œuvres musicales de Jean-Sébastien Bach ou de Haendel, par exemple. Mais garder ses découvertes pour soi, n’écrire de la musique sans jouer la jouer, créer des vitraux en laissant dans l’atelier du verrier, à quoi cela sert-il ? Rien ne sert d’être très féru dans les langues anciennes, l’exégèse et les autres disciplines théologiques, si l’étude reste emprisonnée dans un endroit clos. Jésus s’est incarné, la Parole doit aussi s’enraciner dans nos vies. Mais la difficulté est précisément là : les scribes et les pharisiens, tout comme les prêtres avaient une bonne connaissance de la Tora, tout comme Paul. Malachie, avant Jésus, ont tous les 2 pointer du doigt les incohérences des ces maîtres en théologie : l’étude et l’écoute d’un côté, et l’agir de l’autre. Certains seraient amenés à les qualifier d’hommes sincères parce qu’il leur semble bien difficile d’appliquer la Tora dans la vie de tous les jours, mais le sont-ils vraiment ? d’autres parleront plutôt d’authenticité ou de crédibilité : mais voilà les autorités juives s’arrangent avec la vérité, ils ne sont pas crédibles. En d’autres plus contemporains, on dirait qu’ils parlent la « langue de bois ». Nous savons combien les hommes et femmes publiques ne sont plus entendus à cause de leur pratique de cette réalité tellement répandue aujourd’hui. La foi d’Israël était fondée sur la Parole du Deutéronome « Écoute Israël / Shema Israël » (Deut 6). Écouter signifie aussi obéir. Or la pointe de ces récits est centrée sur la qualité de cette écoute et sa mise en pratique. Jésus ne condamne pas l’enseignement donné dans la chaire de Moïse, mais il critique et met en garde ses auditeurs sur l’incohérence et les dérives dans lesquelles ces théologiens se laissent entrainer. C’est un peu comme si un prédicateur prend plus de plaisir à rédiger une belle prédication, mais dépourvue d’émotions et désincarnée. Divers signes en sont la preuve : les signes ostentatoires, les 1ères places. Ils voulaient être vus et qu’on admire leur piété. Jésus rappelle la vocation du disciple, appelle les foules à devenir des témoins à sa suite. Il s’est fait serviteur au milieu des humains, à l’écoute de Dieu et de leurs contemporains. Dans ce 1er évangile, Jésus a rappelé que la Tora est un chemin de libération et de liberté. Vous avez entendu ce qui a été dit à vos ancêtres ? Luther a découvert en travaillant à la traduction des textes bibliques, que l’être humain est sauvé par grâce : toute sa vie en a été bouleversée. Dieu nous fait le cadeau de la vie mais pas de n’importe quelle vie. A partir de ces découvertes, Luther, Calvin et tous les témoins ont proclamé que la grâce de Dieu est un cadeau sans condition de Dieu. Et quelles conséquences en tirons-nous ? La fierté d’être protestants ? Qu’apportons-nous alors dans le dialogue œcuménique ? Sommes-nous des lecteurs assidus de la lecture quotidienne de la Bible ? Sommes-nous reconnaissants pour tous ceux et celles qui ont transmis les premiers éléments de la foi ? Qu’on soit pasteur ou membre de l’Église, nous avons été au bénéfice de quelqu’un qui nous a pris par la main pour nous mettre en route. La Parole entendue, reçue et traduite en actes dans nos vies sont des paroles qui nous engagent : la Parole de Dieu met les êtres humains en relation avec Lui et entre eux. Museler la parole humaine, étouffer le cri des prisonniers et des torturés, c’est porter atteinte à la dignité des humains. La parole devient alors un instrument de pouvoir. La chose la plus extraordinaire est que Dieu n’est pas un bavard intempestif : en effet, il crée par sa Parole, il remet debout. La Parole de Dieu demeure toujours, mais nous sommes appelés à nous emparer, à la faire nôtre pour que nous soyons missionnaires. Pour retrouver la fraîcheur de l’Évangile, écoutons l’histoire d’un homme qui était fatigué de pleurer. Il regarda autour de lui, et voyant que le bonheur était là, il étendit la main pour le prendre. C’était une fleur : il la cueillit, mais à peine dans sa main, elle s’effeuilla. C’était un rayon de soleil : il leva les yeux pour en être éclairé, et la lumière derrière un nuage s’éteignit C’était une guitare: il la caressa des doigts. Elle grinça. Ce soir-là, en rentrant, cet homme pleurait encore. Le lendemain il recommença. Sur le chemin, un petit enfant gémissait II voulut le consoler, il prit une fleur et la lui donna. Et le parfum de cette fleur l’embauma lui aussi. Une pauvre femme grelottait sous ses haillons. Il la conduisit au soleil, et lui aussi s’y réchauffa. Un groupe de jeunes chantaient. De sa guitare, il les soutint, et lui-même fut bercé par la mélodie. Ce soir-là, en rentrant, cet homme souriait.