Textes : Job 40, v. 1 à 24 Psaume 93Daniel 7, v. 13 & 14 Apocalypse 1, v. 5 à 8 Jean 18, v. 33 à 37Pasteur Nadine HELLER

Notes exégétiquesNous nous trouvons du point de vue du temps liturgique au dernier dimanche de l’année. À partir de dimanche prochain s’ouvre un autre temps, celui de l’Avent celui de l’attente de celui qui vient. Les textes du jour nous invitent à nous poser la question de la royauté de Jésus. De quel ordre est cette royauté ?Les notes qui suivent sont rédigées d’après le commentaire de Jean Zumstein : L’Évangile selon Saint Jean (13-21) Commentaire du Nouveau Testament IVb Deuxième Série, Labor et Fides Nous sommes ici en présence du premier interrogatoire de Jésus par Pilate. Il est constitué de trois questions auxquelles Jésus donnera trois réponses. Et l’entretien finit sur une question de Pilate qui reste en suspends : qu’est ce que la Vérité ?v. 33 Comme le procès de Jésus est un procès qui réclame la peine capitale, Pilate selon la loi en vigueur est obligé de se saisir de l’affaire, il n’y a que lui qui peut prononcer la sentence.Par ailleurs l’acte d’accusation porte sur la royauté de Jésus, Pilate est donc obligé d’examiner le « cas Jésus », dans la mesure ou l’affirmation de cette royauté pourrait mettre en danger le pouvoir romain en place. Jésus est il un agitateur à prendre au sérieux ou simplement un trublion parmi tant d’autres ?Comme souvent dans l’Évangile de Jean, ce qui est acte d’accusation pour les uns (il usurpe le titre de roi des juifs, il dit qu’il est le messie) est confession de foi pour les autres (Jésus est roi, il est le Messie attendu).v. 34 à la question de Pilate « Toi, es-tu le roi des Juifs ? », Jésus répond « dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit à mon sujet ? ». Par cette réponse, Jésus oblige Pilate à se distancier des accusateurs et en même temps en posant une question il démontre qu’il n’est pas une victime mais qu’il reste bel et bien « souverain ».v. 35 ceux qui condamnent Jésus ce sont les dirigeants du peuple juif, les dirigeants religieux. Pilate montre ainsi que l’accusation ne vient pas de lui.La question « qu’as-tu fait ? » est en accord avec la procédure romaine qui accordait à l’accusé le droit de se justifier et de donner sa version des faits.v. 36 « Ma royauté n’est pas de ce monde ». Il s’agit là pour Jésus d’une manière de dire à la fois oui et non. Oui il est bel et bien roi, mais il ne l’est pas dans le sens où on l’entend habituellement : « elle a une autre origine et une autre structure que la royauté telle qu’elle a cours dans le monde. Ses valeurs, son exercice et son but n’ont rien à faire avec la royauté en usage parmi les hommes. La Royauté du Christ est une royauté eschatologique (c’est-à-dire une royauté relative aux temps derniers).A. ce n’est pas une royauté politique au sens où Pilate l’entend, elle est universelle et transcendante. Jésus n’est pas un Zélote, ce n’est pas un nationaliste qui veut éjecter l’occupant romain pour prendre le pouvoir à sa place. La royauté de Jésus est liée à l’événement de la révélation.B. cette royauté n’est pas du monde mais elle s’exerce dans le monde.C. cette royauté s’exerce sur tout homme et sur la totalité de la personne. En même temps elle est liée à la Passion du Christ. Le Christ-roi est un roi crucifié, son trône c’est la croix.v.37 « Es-tu donc roi ? »À cette question Jésus répond positivement. Oui, je suis né pour cela, je suis venu dans le monde pour cela. Jésus est donc à la fois vrai homme et vrai Dieu. Il est incarné et il « vient d’ailleurs, il est né et il est verbe (cf. le début de l’évangile, la parole faire chair). Jésus est l’envoyé du Père. Et en lui c’est Dieu qui vient dans le monde.À travers son enseignement et ses actes Jésus a rendu témoignage à la Vérité.La vérité c’est ce sur quoi on peut s’appuyer, c’est quelque chose de fiable. La Vérité c’est la réalité de Dieu.Cette Vérité demande à être accueillie, c’est une question de foi.« La royauté de Jésus n’est pas une évidence qui se prête à la vérification, c’est une prétention qui appelle à un acte de foi. Seul celui qui abandonne les évidences du monde pour se laisser habiter par la parole de Dieu, reconnait le révélateur (=Jésus) »Du coup c’est aussi au lecteur de l’Évangile, à nous, de décider où nous nous plaçons, accueillons-nous cette véritéNotre passage se termine par la question de Pilate :« Qu’est ce que la vérité ? »Il semblerait que Pilate n’ai pas compris de quoi il en retourne…Prédication Le fait d’avoir une liste de lectures dominicales commune avec nos frères et sœurs catholiques nous amène en quelque sorte à vivre à leur rythme. Chez eux aujourd’hui c’est le « dimanche du Christ roi de l’univers ». C’est toujours important de savoir ces détails, parce que cela nous permet de comprendre le sens des lectures proposées.En tous cas, même si nous ne vivons pas toujours les mêmes temps forts, une chose nous est commune, c’est le rythme de l’année ecclésiastique. Du point de vue de ce rythme là, aujourd’hui c’est le dernier dimanche de l’année. À partir de dimanche prochain avec le premier dimanche de l’Avent, c’est un autre temps qui s’ouvre, celui de l’attente de ce Dieu qui vient vers nous en Jésus-Christ.Nous voici donc, avec ce passage de l’évangile de Jean que nous venons de lire, projetés à la toute fin de la vie de Jésus.La scène se déroule lors de son procès, il s’agit de la comparution devant Pilate.Et la question centrale de tout ce passage est celui de la royauté.Tout part de la question de Pilate :Es-tu le roi des juifs ?Pourquoi Pilate pose t il cette question ?Avait-il peur du pouvoir révolutionnaire de Jésus ?Peut-être, mais si on y réfléchit on peut se dire que si Jésus représentait une véritable menace pour le pouvoir romain, cela ferait belle lurette qu’on l’aurait arrêté ! Pilate n’avait pas besoin qu’on lui désigne Jésus… Ce qui est sûr en tous cas c’est qu’il profite des accusations des autorités religieuses locales juives, pour évincer un potentiel fauteur de trouble. Ainsi le pouvoir politique de l’occupant et le pouvoir religieux en place agissent la main dans la main, chacun travaillant pour ses intérêts propres.Et du coup la question de Pilate reste pertinente :Es-tu le roi des juifs ?En d’autres termes, la question est de savoir si Jésus menace le pouvoir en place.La question ne concerne donc pas seulement le pouvoir politique mais aussi le pouvoir religieux.Et au final, il me semble que tout le monde a peur !En tous cas tous les pouvoirs en place sont, d’une manière ou d’une autre ébranlés ou en tous cas dérangés par Jésus.Et quand Pilate revient à la charge en demandant « qu’as-tu fait ? »Jésus répond par cette phrase bien connue de tous :« Ma royauté n’est pas de ce monde, elle n’est pas d’ici… »Une phrase qui a provoqué et qui provoque encore bien des débats. Une phrase qu’on a volontiers employée pour dire : le domaine sur lequel s’étend la royauté du Christ c’est le ciel, cette royauté est une réalité spirituelle qui ne concerne qu’une partie de nous-mêmes.Jésus et sa royauté relégués au ciel ! Et nous, nous sommes en bas et c’est tant mieux car là au moins on fait ce qu’on veut. Car la dernière chose dont nous avons besoin c’est que le ciel vienne se mêler des affaires de la terre !Ainsi Jésus règnerait sur l’au-delà, et nous nous serions ici-bas et nous ne voulons surtout pas qu’il vienne nous déranger ! Nous ne voulons surtout pas qu’il vienne remettre en cause les pouvoirs politiques et religieux en place…Mais précisément Jésus vient déranger l’ordre établi, il ne sait d’ailleurs faire que cela !Quand Jésus dit que sa royauté n’est pas de ce monde il dit simplement que c’est une royauté qui ne se dit pas et qui ne s’impose pas avec les moyens du monde. Il n’est pas question pour Jésus de lever des troupes de partisans qui iraient combattre pour lui, ou qui se livreraient à toutes sortes de luttes armées pour le délivrer.Et pourtant Jésus revendique bel et bien une forme de souveraineté, mais elle est autre. Ce n’est pas une souveraineté qui n’aurait rien à faire avec le monde ni avec les pouvoirs religieux ou politiques. Au contraire…Jésus est un point d’interrogation, il est lui-même la parole qui vient questionner et le politique et le religieux bien établis et qui aimeraient tant se passer de lui.La sphère politique aimerait se passer des questions que pose Jésus en reléguant Jésus au ciel en disant ça concerne le spirituel mais pas la vie de tous les jours c’est une affaire privée. Pas question que Jésus vienne poser des questions sur l’égalité, sur la justice, sur le vivre ensemble, sur la non-violence. Sur la manière dont le politique gère les affaires de la cité et du monde.La sphère religieuse elle aussi aimerait bien se passer des questions de Jésus pour continuer à ronronner tranquillement. Les religieux tout ce qu’ils veulent c’est que leur système perdure. Ils ne veulent pas être questionnés sur leur foi, sur leur manière de voir Dieu…Alors oui, Jésus dit qu’il n’est pas le roi du monde et il le précise bien car la nuance est de taille :Jésus déclare qu’il est celui qui est venu dans le mondequ’il est la parole venue dans le mondequ’il est le témoin de la vérité venu dans le monde Cette parole et cette vérité chacun est appelé à s’y confronterEt c’est toute notre vie, notre vivre, notre dire et notre faire qui sont questionnés par cette parole et cette vérité-là.Selon l’expression que Jésus emploie à la fin du texte, nous sommes appelés à être dans la vérité.Être dans la vérité ce n’est pas seulement dire ou être témoins de la vérité en paroles c’est aussi faire la vérité, poser des actes.Ainsi la royauté de Jésus n’est pas une royauté spirituelle ou céleste, destinée uniquement aux âmes et à l’éternité, mais elle est un règne de justice et de paix qui rend témoignage à la justice et à la vérité.Et Jésus parle bien « d’être » dans la vérité et non de la posséder.Chez Jean il y a cette notion très forte de ce que cela veut dire « être vivant ». Est vivant celui /celle qui est en relation avec le Christ et avec DieuÊtre de la vérité c’est entendre, la voix du ChristEt cette écoute et ce que provoque cette écoute ce n’est pas seulement la conversion, la prière et le fait de chanter des cantiques et d’aller sagement au culte tous les dimanches matins…Cette conversion et cette écoute c’est aussi faire résonner dans nos vies cette parole du Christ qui nous pousse à poser des actes qui font régner chaque jour un peu plus la justice et la paix sur terre et tout autour de nous.Être de la vérité c’est aussi, à la suite du Christ, se faire l’écho de cette parole qui vient questionner les pouvoirs établis, qu’ils soient religieux ou politiques et qui vient nous questionner nous aussi en premier lieu.Car la parole du Christ est toujours une parole qui questionne, une parole qui ne nous laisse pas ronronner tranquillement au coin du feu, c’est une parole qui nous pousse à aller dehors pour témoigner de la vérité en paroles et en actes.« La vie Chrétienne ne peut avoir aujourd’hui que deux aspects :La prière et l’action pour les hommes, selon la justice.Toute pensée, toute parole et toute organisation, dans le domaine du Christianisme doivent renaitre à partir de cette prière et de cette action. »D. BonnhoefferAmen

Textes : Job 40, v. 1 à 24 Psaume 93Daniel 7, v. 13 & 14 Apocalypse 1, v. 5 à 8 Jean 18, v. 33 à 37Pasteur Nadine HELLER

Notes exégétiquesNous nous trouvons du point de vue du temps liturgique au dernier dimanche de l’année. À partir de dimanche prochain s’ouvre un autre temps, celui de l’Avent celui de l’attente de celui qui vient. Les textes du jour nous invitent à nous poser la question de la royauté de Jésus. De quel ordre est cette royauté ?Les notes qui suivent sont rédigées d’après le commentaire de Jean Zumstein : L’Évangile selon Saint Jean (13-21) Commentaire du Nouveau Testament IVb Deuxième Série, Labor et Fides Nous sommes ici en présence du premier interrogatoire de Jésus par Pilate. Il est constitué de trois questions auxquelles Jésus donnera trois réponses. Et l’entretien finit sur une question de Pilate qui reste en suspends : qu’est ce que la Vérité ?v. 33 Comme le procès de Jésus est un procès qui réclame la peine capitale, Pilate selon la loi en vigueur est obligé de se saisir de l’affaire, il n’y a que lui qui peut prononcer la sentence.Par ailleurs l’acte d’accusation porte sur la royauté de Jésus, Pilate est donc obligé d’examiner le « cas Jésus », dans la mesure ou l’affirmation de cette royauté pourrait mettre en danger le pouvoir romain en place. Jésus est il un agitateur à prendre au sérieux ou simplement un trublion parmi tant d’autres ?Comme souvent dans l’Évangile de Jean, ce qui est acte d’accusation pour les uns (il usurpe le titre de roi des juifs, il dit qu’il est le messie) est confession de foi pour les autres (Jésus est roi, il est le Messie attendu).v. 34 à la question de Pilate « Toi, es-tu le roi des Juifs ? », Jésus répond « dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit à mon sujet ? ». Par cette réponse, Jésus oblige Pilate à se distancier des accusateurs et en même temps en posant une question il démontre qu’il n’est pas une victime mais qu’il reste bel et bien « souverain ».v. 35 ceux qui condamnent Jésus ce sont les dirigeants du peuple juif, les dirigeants religieux. Pilate montre ainsi que l’accusation ne vient pas de lui.La question « qu’as-tu fait ? » est en accord avec la procédure romaine qui accordait à l’accusé le droit de se justifier et de donner sa version des faits.v. 36 « Ma royauté n’est pas de ce monde ». Il s’agit là pour Jésus d’une manière de dire à la fois oui et non. Oui il est bel et bien roi, mais il ne l’est pas dans le sens où on l’entend habituellement : « elle a une autre origine et une autre structure que la royauté telle qu’elle a cours dans le monde. Ses valeurs, son exercice et son but n’ont rien à faire avec la royauté en usage parmi les hommes. La Royauté du Christ est une royauté eschatologique (c’est-à-dire une royauté relative aux temps derniers).A. ce n’est pas une royauté politique au sens où Pilate l’entend, elle est universelle et transcendante. Jésus n’est pas un Zélote, ce n’est pas un nationaliste qui veut éjecter l’occupant romain pour prendre le pouvoir à sa place. La royauté de Jésus est liée à l’événement de la révélation.B. cette royauté n’est pas du monde mais elle s’exerce dans le monde.C. cette royauté s’exerce sur tout homme et sur la totalité de la personne. En même temps elle est liée à la Passion du Christ. Le Christ-roi est un roi crucifié, son trône c’est la croix.v.37 « Es-tu donc roi ? »À cette question Jésus répond positivement. Oui, je suis né pour cela, je suis venu dans le monde pour cela. Jésus est donc à la fois vrai homme et vrai Dieu. Il est incarné et il « vient d’ailleurs, il est né et il est verbe (cf. le début de l’évangile, la parole faire chair). Jésus est l’envoyé du Père. Et en lui c’est Dieu qui vient dans le monde.À travers son enseignement et ses actes Jésus a rendu témoignage à la Vérité.La vérité c’est ce sur quoi on peut s’appuyer, c’est quelque chose de fiable. La Vérité c’est la réalité de Dieu.Cette Vérité demande à être accueillie, c’est une question de foi.« La royauté de Jésus n’est pas une évidence qui se prête à la vérification, c’est une prétention qui appelle à un acte de foi. Seul celui qui abandonne les évidences du monde pour se laisser habiter par la parole de Dieu, reconnait le révélateur (=Jésus) »Du coup c’est aussi au lecteur de l’Évangile, à nous, de décider où nous nous plaçons, accueillons-nous cette véritéNotre passage se termine par la question de Pilate :« Qu’est ce que la vérité ? »Il semblerait que Pilate n’ai pas compris de quoi il en retourne…Prédication Le fait d’avoir une liste de lectures dominicales commune avec nos frères et sœurs catholiques nous amène en quelque sorte à vivre à leur rythme. Chez eux aujourd’hui c’est le « dimanche du Christ roi de l’univers ». C’est toujours important de savoir ces détails, parce que cela nous permet de comprendre le sens des lectures proposées.En tous cas, même si nous ne vivons pas toujours les mêmes temps forts, une chose nous est commune, c’est le rythme de l’année ecclésiastique. Du point de vue de ce rythme là, aujourd’hui c’est le dernier dimanche de l’année. À partir de dimanche prochain avec le premier dimanche de l’Avent, c’est un autre temps qui s’ouvre, celui de l’attente de ce Dieu qui vient vers nous en Jésus-Christ.Nous voici donc, avec ce passage de l’évangile de Jean que nous venons de lire, projetés à la toute fin de la vie de Jésus.La scène se déroule lors de son procès, il s’agit de la comparution devant Pilate.Et la question centrale de tout ce passage est celui de la royauté.Tout part de la question de Pilate :Es-tu le roi des juifs ?Pourquoi Pilate pose t il cette question ?Avait-il peur du pouvoir révolutionnaire de Jésus ?Peut-être, mais si on y réfléchit on peut se dire que si Jésus représentait une véritable menace pour le pouvoir romain, cela ferait belle lurette qu’on l’aurait arrêté ! Pilate n’avait pas besoin qu’on lui désigne Jésus… Ce qui est sûr en tous cas c’est qu’il profite des accusations des autorités religieuses locales juives, pour évincer un potentiel fauteur de trouble. Ainsi le pouvoir politique de l’occupant et le pouvoir religieux en place agissent la main dans la main, chacun travaillant pour ses intérêts propres.Et du coup la question de Pilate reste pertinente :Es-tu le roi des juifs ?En d’autres termes, la question est de savoir si Jésus menace le pouvoir en place.La question ne concerne donc pas seulement le pouvoir politique mais aussi le pouvoir religieux.Et au final, il me semble que tout le monde a peur !En tous cas tous les pouvoirs en place sont, d’une manière ou d’une autre ébranlés ou en tous cas dérangés par Jésus.Et quand Pilate revient à la charge en demandant « qu’as-tu fait ? »Jésus répond par cette phrase bien connue de tous :« Ma royauté n’est pas de ce monde, elle n’est pas d’ici… »Une phrase qui a provoqué et qui provoque encore bien des débats. Une phrase qu’on a volontiers employée pour dire : le domaine sur lequel s’étend la royauté du Christ c’est le ciel, cette royauté est une réalité spirituelle qui ne concerne qu’une partie de nous-mêmes.Jésus et sa royauté relégués au ciel ! Et nous, nous sommes en bas et c’est tant mieux car là au moins on fait ce qu’on veut. Car la dernière chose dont nous avons besoin c’est que le ciel vienne se mêler des affaires de la terre !Ainsi Jésus règnerait sur l’au-delà, et nous nous serions ici-bas et nous ne voulons surtout pas qu’il vienne nous déranger ! Nous ne voulons surtout pas qu’il vienne remettre en cause les pouvoirs politiques et religieux en place…Mais précisément Jésus vient déranger l’ordre établi, il ne sait d’ailleurs faire que cela !Quand Jésus dit que sa royauté n’est pas de ce monde il dit simplement que c’est une royauté qui ne se dit pas et qui ne s’impose pas avec les moyens du monde. Il n’est pas question pour Jésus de lever des troupes de partisans qui iraient combattre pour lui, ou qui se livreraient à toutes sortes de luttes armées pour le délivrer.Et pourtant Jésus revendique bel et bien une forme de souveraineté, mais elle est autre. Ce n’est pas une souveraineté qui n’aurait rien à faire avec le monde ni avec les pouvoirs religieux ou politiques. Au contraire…Jésus est un point d’interrogation, il est lui-même la parole qui vient questionner et le politique et le religieux bien établis et qui aimeraient tant se passer de lui.La sphère politique aimerait se passer des questions que pose Jésus en reléguant Jésus au ciel en disant ça concerne le spirituel mais pas la vie de tous les jours c’est une affaire privée. Pas question que Jésus vienne poser des questions sur l’égalité, sur la justice, sur le vivre ensemble, sur la non-violence. Sur la manière dont le politique gère les affaires de la cité et du monde.La sphère religieuse elle aussi aimerait bien se passer des questions de Jésus pour continuer à ronronner tranquillement. Les religieux tout ce qu’ils veulent c’est que leur système perdure. Ils ne veulent pas être questionnés sur leur foi, sur leur manière de voir Dieu…Alors oui, Jésus dit qu’il n’est pas le roi du monde et il le précise bien car la nuance est de taille :Jésus déclare qu’il est celui qui est venu dans le mondequ’il est la parole venue dans le mondequ’il est le témoin de la vérité venu dans le monde Cette parole et cette vérité chacun est appelé à s’y confronterEt c’est toute notre vie, notre vivre, notre dire et notre faire qui sont questionnés par cette parole et cette vérité-là.Selon l’expression que Jésus emploie à la fin du texte, nous sommes appelés à être dans la vérité.Être dans la vérité ce n’est pas seulement dire ou être témoins de la vérité en paroles c’est aussi faire la vérité, poser des actes.Ainsi la royauté de Jésus n’est pas une royauté spirituelle ou céleste, destinée uniquement aux âmes et à l’éternité, mais elle est un règne de justice et de paix qui rend témoignage à la justice et à la vérité.Et Jésus parle bien « d’être » dans la vérité et non de la posséder.Chez Jean il y a cette notion très forte de ce que cela veut dire « être vivant ». Est vivant celui /celle qui est en relation avec le Christ et avec DieuÊtre de la vérité c’est entendre, la voix du ChristEt cette écoute et ce que provoque cette écoute ce n’est pas seulement la conversion, la prière et le fait de chanter des cantiques et d’aller sagement au culte tous les dimanches matins…Cette conversion et cette écoute c’est aussi faire résonner dans nos vies cette parole du Christ qui nous pousse à poser des actes qui font régner chaque jour un peu plus la justice et la paix sur terre et tout autour de nous.Être de la vérité c’est aussi, à la suite du Christ, se faire l’écho de cette parole qui vient questionner les pouvoirs établis, qu’ils soient religieux ou politiques et qui vient nous questionner nous aussi en premier lieu.Car la parole du Christ est toujours une parole qui questionne, une parole qui ne nous laisse pas ronronner tranquillement au coin du feu, c’est une parole qui nous pousse à aller dehors pour témoigner de la vérité en paroles et en actes.« La vie Chrétienne ne peut avoir aujourd’hui que deux aspects :La prière et l’action pour les hommes, selon la justice.Toute pensée, toute parole et toute organisation, dans le domaine du Christianisme doivent renaitre à partir de cette prière et de cette action. »D. BonnhoefferAmen

Textes : Job 40, v. 1 à 24 Psaume 93Daniel 7, v. 13 & 14 Apocalypse 1, v. 5 à 8 Jean 18, v. 33 à 37Pasteur Nadine HELLER

Notes exégétiquesNous nous trouvons du point de vue du temps liturgique au dernier dimanche de l’année. À partir de dimanche prochain s’ouvre un autre temps, celui de l’Avent celui de l’attente de celui qui vient. Les textes du jour nous invitent à nous poser la question de la royauté de Jésus. De quel ordre est cette royauté ?Les notes qui suivent sont rédigées d’après le commentaire de Jean Zumstein : L’Évangile selon Saint Jean (13-21) Commentaire du Nouveau Testament IVb Deuxième Série, Labor et Fides Nous sommes ici en présence du premier interrogatoire de Jésus par Pilate. Il est constitué de trois questions auxquelles Jésus donnera trois réponses. Et l’entretien finit sur une question de Pilate qui reste en suspends : qu’est ce que la Vérité ?v. 33 Comme le procès de Jésus est un procès qui réclame la peine capitale, Pilate selon la loi en vigueur est obligé de se saisir de l’affaire, il n’y a que lui qui peut prononcer la sentence.Par ailleurs l’acte d’accusation porte sur la royauté de Jésus, Pilate est donc obligé d’examiner le « cas Jésus », dans la mesure ou l’affirmation de cette royauté pourrait mettre en danger le pouvoir romain en place. Jésus est il un agitateur à prendre au sérieux ou simplement un trublion parmi tant d’autres ?Comme souvent dans l’Évangile de Jean, ce qui est acte d’accusation pour les uns (il usurpe le titre de roi des juifs, il dit qu’il est le messie) est confession de foi pour les autres (Jésus est roi, il est le Messie attendu).v. 34 à la question de Pilate « Toi, es-tu le roi des Juifs ? », Jésus répond « dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit à mon sujet ? ». Par cette réponse, Jésus oblige Pilate à se distancier des accusateurs et en même temps en posant une question il démontre qu’il n’est pas une victime mais qu’il reste bel et bien « souverain ».v. 35 ceux qui condamnent Jésus ce sont les dirigeants du peuple juif, les dirigeants religieux. Pilate montre ainsi que l’accusation ne vient pas de lui.La question « qu’as-tu fait ? » est en accord avec la procédure romaine qui accordait à l’accusé le droit de se justifier et de donner sa version des faits.v. 36 « Ma royauté n’est pas de ce monde ». Il s’agit là pour Jésus d’une manière de dire à la fois oui et non. Oui il est bel et bien roi, mais il ne l’est pas dans le sens où on l’entend habituellement : « elle a une autre origine et une autre structure que la royauté telle qu’elle a cours dans le monde. Ses valeurs, son exercice et son but n’ont rien à faire avec la royauté en usage parmi les hommes. La Royauté du Christ est une royauté eschatologique (c’est-à-dire une royauté relative aux temps derniers).A. ce n’est pas une royauté politique au sens où Pilate l’entend, elle est universelle et transcendante. Jésus n’est pas un Zélote, ce n’est pas un nationaliste qui veut éjecter l’occupant romain pour prendre le pouvoir à sa place. La royauté de Jésus est liée à l’événement de la révélation.B. cette royauté n’est pas du monde mais elle s’exerce dans le monde.C. cette royauté s’exerce sur tout homme et sur la totalité de la personne. En même temps elle est liée à la Passion du Christ. Le Christ-roi est un roi crucifié, son trône c’est la croix.v.37 « Es-tu donc roi ? »À cette question Jésus répond positivement. Oui, je suis né pour cela, je suis venu dans le monde pour cela. Jésus est donc à la fois vrai homme et vrai Dieu. Il est incarné et il « vient d’ailleurs, il est né et il est verbe (cf. le début de l’évangile, la parole faire chair). Jésus est l’envoyé du Père. Et en lui c’est Dieu qui vient dans le monde.À travers son enseignement et ses actes Jésus a rendu témoignage à la Vérité.La vérité c’est ce sur quoi on peut s’appuyer, c’est quelque chose de fiable. La Vérité c’est la réalité de Dieu.Cette Vérité demande à être accueillie, c’est une question de foi.« La royauté de Jésus n’est pas une évidence qui se prête à la vérification, c’est une prétention qui appelle à un acte de foi. Seul celui qui abandonne les évidences du monde pour se laisser habiter par la parole de Dieu, reconnait le révélateur (=Jésus) »Du coup c’est aussi au lecteur de l’Évangile, à nous, de décider où nous nous plaçons, accueillons-nous cette véritéNotre passage se termine par la question de Pilate :« Qu’est ce que la vérité ? »Il semblerait que Pilate n’ai pas compris de quoi il en retourne…Prédication Le fait d’avoir une liste de lectures dominicales commune avec nos frères et sœurs catholiques nous amène en quelque sorte à vivre à leur rythme. Chez eux aujourd’hui c’est le « dimanche du Christ roi de l’univers ». C’est toujours important de savoir ces détails, parce que cela nous permet de comprendre le sens des lectures proposées.En tous cas, même si nous ne vivons pas toujours les mêmes temps forts, une chose nous est commune, c’est le rythme de l’année ecclésiastique. Du point de vue de ce rythme là, aujourd’hui c’est le dernier dimanche de l’année. À partir de dimanche prochain avec le premier dimanche de l’Avent, c’est un autre temps qui s’ouvre, celui de l’attente de ce Dieu qui vient vers nous en Jésus-Christ.Nous voici donc, avec ce passage de l’évangile de Jean que nous venons de lire, projetés à la toute fin de la vie de Jésus.La scène se déroule lors de son procès, il s’agit de la comparution devant Pilate.Et la question centrale de tout ce passage est celui de la royauté.Tout part de la question de Pilate :Es-tu le roi des juifs ?Pourquoi Pilate pose t il cette question ?Avait-il peur du pouvoir révolutionnaire de Jésus ?Peut-être, mais si on y réfléchit on peut se dire que si Jésus représentait une véritable menace pour le pouvoir romain, cela ferait belle lurette qu’on l’aurait arrêté ! Pilate n’avait pas besoin qu’on lui désigne Jésus… Ce qui est sûr en tous cas c’est qu’il profite des accusations des autorités religieuses locales juives, pour évincer un potentiel fauteur de trouble. Ainsi le pouvoir politique de l’occupant et le pouvoir religieux en place agissent la main dans la main, chacun travaillant pour ses intérêts propres.Et du coup la question de Pilate reste pertinente :Es-tu le roi des juifs ?En d’autres termes, la question est de savoir si Jésus menace le pouvoir en place.La question ne concerne donc pas seulement le pouvoir politique mais aussi le pouvoir religieux.Et au final, il me semble que tout le monde a peur !En tous cas tous les pouvoirs en place sont, d’une manière ou d’une autre ébranlés ou en tous cas dérangés par Jésus.Et quand Pilate revient à la charge en demandant « qu’as-tu fait ? »Jésus répond par cette phrase bien connue de tous :« Ma royauté n’est pas de ce monde, elle n’est pas d’ici… »Une phrase qui a provoqué et qui provoque encore bien des débats. Une phrase qu’on a volontiers employée pour dire : le domaine sur lequel s’étend la royauté du Christ c’est le ciel, cette royauté est une réalité spirituelle qui ne concerne qu’une partie de nous-mêmes.Jésus et sa royauté relégués au ciel ! Et nous, nous sommes en bas et c’est tant mieux car là au moins on fait ce qu’on veut. Car la dernière chose dont nous avons besoin c’est que le ciel vienne se mêler des affaires de la terre !Ainsi Jésus règnerait sur l’au-delà, et nous nous serions ici-bas et nous ne voulons surtout pas qu’il vienne nous déranger ! Nous ne voulons surtout pas qu’il vienne remettre en cause les pouvoirs politiques et religieux en place…Mais précisément Jésus vient déranger l’ordre établi, il ne sait d’ailleurs faire que cela !Quand Jésus dit que sa royauté n’est pas de ce monde il dit simplement que c’est une royauté qui ne se dit pas et qui ne s’impose pas avec les moyens du monde. Il n’est pas question pour Jésus de lever des troupes de partisans qui iraient combattre pour lui, ou qui se livreraient à toutes sortes de luttes armées pour le délivrer.Et pourtant Jésus revendique bel et bien une forme de souveraineté, mais elle est autre. Ce n’est pas une souveraineté qui n’aurait rien à faire avec le monde ni avec les pouvoirs religieux ou politiques. Au contraire…Jésus est un point d’interrogation, il est lui-même la parole qui vient questionner et le politique et le religieux bien établis et qui aimeraient tant se passer de lui.La sphère politique aimerait se passer des questions que pose Jésus en reléguant Jésus au ciel en disant ça concerne le spirituel mais pas la vie de tous les jours c’est une affaire privée. Pas question que Jésus vienne poser des questions sur l’égalité, sur la justice, sur le vivre ensemble, sur la non-violence. Sur la manière dont le politique gère les affaires de la cité et du monde.La sphère religieuse elle aussi aimerait bien se passer des questions de Jésus pour continuer à ronronner tranquillement. Les religieux tout ce qu’ils veulent c’est que leur système perdure. Ils ne veulent pas être questionnés sur leur foi, sur leur manière de voir Dieu…Alors oui, Jésus dit qu’il n’est pas le roi du monde et il le précise bien car la nuance est de taille :Jésus déclare qu’il est celui qui est venu dans le mondequ’il est la parole venue dans le mondequ’il est le témoin de la vérité venu dans le monde Cette parole et cette vérité chacun est appelé à s’y confronterEt c’est toute notre vie, notre vivre, notre dire et notre faire qui sont questionnés par cette parole et cette vérité-là.Selon l’expression que Jésus emploie à la fin du texte, nous sommes appelés à être dans la vérité.Être dans la vérité ce n’est pas seulement dire ou être témoins de la vérité en paroles c’est aussi faire la vérité, poser des actes.Ainsi la royauté de Jésus n’est pas une royauté spirituelle ou céleste, destinée uniquement aux âmes et à l’éternité, mais elle est un règne de justice et de paix qui rend témoignage à la justice et à la vérité.Et Jésus parle bien « d’être » dans la vérité et non de la posséder.Chez Jean il y a cette notion très forte de ce que cela veut dire « être vivant ». Est vivant celui /celle qui est en relation avec le Christ et avec DieuÊtre de la vérité c’est entendre, la voix du ChristEt cette écoute et ce que provoque cette écoute ce n’est pas seulement la conversion, la prière et le fait de chanter des cantiques et d’aller sagement au culte tous les dimanches matins…Cette conversion et cette écoute c’est aussi faire résonner dans nos vies cette parole du Christ qui nous pousse à poser des actes qui font régner chaque jour un peu plus la justice et la paix sur terre et tout autour de nous.Être de la vérité c’est aussi, à la suite du Christ, se faire l’écho de cette parole qui vient questionner les pouvoirs établis, qu’ils soient religieux ou politiques et qui vient nous questionner nous aussi en premier lieu.Car la parole du Christ est toujours une parole qui questionne, une parole qui ne nous laisse pas ronronner tranquillement au coin du feu, c’est une parole qui nous pousse à aller dehors pour témoigner de la vérité en paroles et en actes.« La vie Chrétienne ne peut avoir aujourd’hui que deux aspects :La prière et l’action pour les hommes, selon la justice.Toute pensée, toute parole et toute organisation, dans le domaine du Christianisme doivent renaitre à partir de cette prière et de cette action. »D. BonnhoefferAmen

Textes : Job 40, v. 1 à 24 Psaume 93Daniel 7, v. 13 & 14 Apocalypse 1, v. 5 à 8 Jean 18, v. 33 à 37Pasteur Nadine HELLER

Notes exégétiquesNous nous trouvons du point de vue du temps liturgique au dernier dimanche de l’année. À partir de dimanche prochain s’ouvre un autre temps, celui de l’Avent celui de l’attente de celui qui vient. Les textes du jour nous invitent à nous poser la question de la royauté de Jésus. De quel ordre est cette royauté ?Les notes qui suivent sont rédigées d’après le commentaire de Jean Zumstein : L’Évangile selon Saint Jean (13-21) Commentaire du Nouveau Testament IVb Deuxième Série, Labor et Fides Nous sommes ici en présence du premier interrogatoire de Jésus par Pilate. Il est constitué de trois questions auxquelles Jésus donnera trois réponses. Et l’entretien finit sur une question de Pilate qui reste en suspends : qu’est ce que la Vérité ?v. 33 Comme le procès de Jésus est un procès qui réclame la peine capitale, Pilate selon la loi en vigueur est obligé de se saisir de l’affaire, il n’y a que lui qui peut prononcer la sentence.Par ailleurs l’acte d’accusation porte sur la royauté de Jésus, Pilate est donc obligé d’examiner le « cas Jésus », dans la mesure ou l’affirmation de cette royauté pourrait mettre en danger le pouvoir romain en place. Jésus est il un agitateur à prendre au sérieux ou simplement un trublion parmi tant d’autres ?Comme souvent dans l’Évangile de Jean, ce qui est acte d’accusation pour les uns (il usurpe le titre de roi des juifs, il dit qu’il est le messie) est confession de foi pour les autres (Jésus est roi, il est le Messie attendu).v. 34 à la question de Pilate « Toi, es-tu le roi des Juifs ? », Jésus répond « dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit à mon sujet ? ». Par cette réponse, Jésus oblige Pilate à se distancier des accusateurs et en même temps en posant une question il démontre qu’il n’est pas une victime mais qu’il reste bel et bien « souverain ».v. 35 ceux qui condamnent Jésus ce sont les dirigeants du peuple juif, les dirigeants religieux. Pilate montre ainsi que l’accusation ne vient pas de lui.La question « qu’as-tu fait ? » est en accord avec la procédure romaine qui accordait à l’accusé le droit de se justifier et de donner sa version des faits.v. 36 « Ma royauté n’est pas de ce monde ». Il s’agit là pour Jésus d’une manière de dire à la fois oui et non. Oui il est bel et bien roi, mais il ne l’est pas dans le sens où on l’entend habituellement : « elle a une autre origine et une autre structure que la royauté telle qu’elle a cours dans le monde. Ses valeurs, son exercice et son but n’ont rien à faire avec la royauté en usage parmi les hommes. La Royauté du Christ est une royauté eschatologique (c’est-à-dire une royauté relative aux temps derniers).A. ce n’est pas une royauté politique au sens où Pilate l’entend, elle est universelle et transcendante. Jésus n’est pas un Zélote, ce n’est pas un nationaliste qui veut éjecter l’occupant romain pour prendre le pouvoir à sa place. La royauté de Jésus est liée à l’événement de la révélation.B. cette royauté n’est pas du monde mais elle s’exerce dans le monde.C. cette royauté s’exerce sur tout homme et sur la totalité de la personne. En même temps elle est liée à la Passion du Christ. Le Christ-roi est un roi crucifié, son trône c’est la croix.v.37 « Es-tu donc roi ? »À cette question Jésus répond positivement. Oui, je suis né pour cela, je suis venu dans le monde pour cela. Jésus est donc à la fois vrai homme et vrai Dieu. Il est incarné et il « vient d’ailleurs, il est né et il est verbe (cf. le début de l’évangile, la parole faire chair). Jésus est l’envoyé du Père. Et en lui c’est Dieu qui vient dans le monde.À travers son enseignement et ses actes Jésus a rendu témoignage à la Vérité.La vérité c’est ce sur quoi on peut s’appuyer, c’est quelque chose de fiable. La Vérité c’est la réalité de Dieu.Cette Vérité demande à être accueillie, c’est une question de foi.« La royauté de Jésus n’est pas une évidence qui se prête à la vérification, c’est une prétention qui appelle à un acte de foi. Seul celui qui abandonne les évidences du monde pour se laisser habiter par la parole de Dieu, reconnait le révélateur (=Jésus) »Du coup c’est aussi au lecteur de l’Évangile, à nous, de décider où nous nous plaçons, accueillons-nous cette véritéNotre passage se termine par la question de Pilate :« Qu’est ce que la vérité ? »Il semblerait que Pilate n’ai pas compris de quoi il en retourne…Prédication Le fait d’avoir une liste de lectures dominicales commune avec nos frères et sœurs catholiques nous amène en quelque sorte à vivre à leur rythme. Chez eux aujourd’hui c’est le « dimanche du Christ roi de l’univers ». C’est toujours important de savoir ces détails, parce que cela nous permet de comprendre le sens des lectures proposées.En tous cas, même si nous ne vivons pas toujours les mêmes temps forts, une chose nous est commune, c’est le rythme de l’année ecclésiastique. Du point de vue de ce rythme là, aujourd’hui c’est le dernier dimanche de l’année. À partir de dimanche prochain avec le premier dimanche de l’Avent, c’est un autre temps qui s’ouvre, celui de l’attente de ce Dieu qui vient vers nous en Jésus-Christ.Nous voici donc, avec ce passage de l’évangile de Jean que nous venons de lire, projetés à la toute fin de la vie de Jésus.La scène se déroule lors de son procès, il s’agit de la comparution devant Pilate.Et la question centrale de tout ce passage est celui de la royauté.Tout part de la question de Pilate :Es-tu le roi des juifs ?Pourquoi Pilate pose t il cette question ?Avait-il peur du pouvoir révolutionnaire de Jésus ?Peut-être, mais si on y réfléchit on peut se dire que si Jésus représentait une véritable menace pour le pouvoir romain, cela ferait belle lurette qu’on l’aurait arrêté ! Pilate n’avait pas besoin qu’on lui désigne Jésus… Ce qui est sûr en tous cas c’est qu’il profite des accusations des autorités religieuses locales juives, pour évincer un potentiel fauteur de trouble. Ainsi le pouvoir politique de l’occupant et le pouvoir religieux en place agissent la main dans la main, chacun travaillant pour ses intérêts propres.Et du coup la question de Pilate reste pertinente :Es-tu le roi des juifs ?En d’autres termes, la question est de savoir si Jésus menace le pouvoir en place.La question ne concerne donc pas seulement le pouvoir politique mais aussi le pouvoir religieux.Et au final, il me semble que tout le monde a peur !En tous cas tous les pouvoirs en place sont, d’une manière ou d’une autre ébranlés ou en tous cas dérangés par Jésus.Et quand Pilate revient à la charge en demandant « qu’as-tu fait ? »Jésus répond par cette phrase bien connue de tous :« Ma royauté n’est pas de ce monde, elle n’est pas d’ici… »Une phrase qui a provoqué et qui provoque encore bien des débats. Une phrase qu’on a volontiers employée pour dire : le domaine sur lequel s’étend la royauté du Christ c’est le ciel, cette royauté est une réalité spirituelle qui ne concerne qu’une partie de nous-mêmes.Jésus et sa royauté relégués au ciel ! Et nous, nous sommes en bas et c’est tant mieux car là au moins on fait ce qu’on veut. Car la dernière chose dont nous avons besoin c’est que le ciel vienne se mêler des affaires de la terre !Ainsi Jésus règnerait sur l’au-delà, et nous nous serions ici-bas et nous ne voulons surtout pas qu’il vienne nous déranger ! Nous ne voulons surtout pas qu’il vienne remettre en cause les pouvoirs politiques et religieux en place…Mais précisément Jésus vient déranger l’ordre établi, il ne sait d’ailleurs faire que cela !Quand Jésus dit que sa royauté n’est pas de ce monde il dit simplement que c’est une royauté qui ne se dit pas et qui ne s’impose pas avec les moyens du monde. Il n’est pas question pour Jésus de lever des troupes de partisans qui iraient combattre pour lui, ou qui se livreraient à toutes sortes de luttes armées pour le délivrer.Et pourtant Jésus revendique bel et bien une forme de souveraineté, mais elle est autre. Ce n’est pas une souveraineté qui n’aurait rien à faire avec le monde ni avec les pouvoirs religieux ou politiques. Au contraire…Jésus est un point d’interrogation, il est lui-même la parole qui vient questionner et le politique et le religieux bien établis et qui aimeraient tant se passer de lui.La sphère politique aimerait se passer des questions que pose Jésus en reléguant Jésus au ciel en disant ça concerne le spirituel mais pas la vie de tous les jours c’est une affaire privée. Pas question que Jésus vienne poser des questions sur l’égalité, sur la justice, sur le vivre ensemble, sur la non-violence. Sur la manière dont le politique gère les affaires de la cité et du monde.La sphère religieuse elle aussi aimerait bien se passer des questions de Jésus pour continuer à ronronner tranquillement. Les religieux tout ce qu’ils veulent c’est que leur système perdure. Ils ne veulent pas être questionnés sur leur foi, sur leur manière de voir Dieu…Alors oui, Jésus dit qu’il n’est pas le roi du monde et il le précise bien car la nuance est de taille :Jésus déclare qu’il est celui qui est venu dans le mondequ’il est la parole venue dans le mondequ’il est le témoin de la vérité venu dans le monde Cette parole et cette vérité chacun est appelé à s’y confronterEt c’est toute notre vie, notre vivre, notre dire et notre faire qui sont questionnés par cette parole et cette vérité-là.Selon l’expression que Jésus emploie à la fin du texte, nous sommes appelés à être dans la vérité.Être dans la vérité ce n’est pas seulement dire ou être témoins de la vérité en paroles c’est aussi faire la vérité, poser des actes.Ainsi la royauté de Jésus n’est pas une royauté spirituelle ou céleste, destinée uniquement aux âmes et à l’éternité, mais elle est un règne de justice et de paix qui rend témoignage à la justice et à la vérité.Et Jésus parle bien « d’être » dans la vérité et non de la posséder.Chez Jean il y a cette notion très forte de ce que cela veut dire « être vivant ». Est vivant celui /celle qui est en relation avec le Christ et avec DieuÊtre de la vérité c’est entendre, la voix du ChristEt cette écoute et ce que provoque cette écoute ce n’est pas seulement la conversion, la prière et le fait de chanter des cantiques et d’aller sagement au culte tous les dimanches matins…Cette conversion et cette écoute c’est aussi faire résonner dans nos vies cette parole du Christ qui nous pousse à poser des actes qui font régner chaque jour un peu plus la justice et la paix sur terre et tout autour de nous.Être de la vérité c’est aussi, à la suite du Christ, se faire l’écho de cette parole qui vient questionner les pouvoirs établis, qu’ils soient religieux ou politiques et qui vient nous questionner nous aussi en premier lieu.Car la parole du Christ est toujours une parole qui questionne, une parole qui ne nous laisse pas ronronner tranquillement au coin du feu, c’est une parole qui nous pousse à aller dehors pour témoigner de la vérité en paroles et en actes.« La vie Chrétienne ne peut avoir aujourd’hui que deux aspects :La prière et l’action pour les hommes, selon la justice.Toute pensée, toute parole et toute organisation, dans le domaine du Christianisme doivent renaitre à partir de cette prière et de cette action. »D. BonnhoefferAmen

Textes : Job 40, v. 1 à 24 Psaume 93Daniel 7, v. 13 & 14 Apocalypse 1, v. 5 à 8 Jean 18, v. 33 à 37Pasteur Nadine HELLERTélécharger la note

Notes exégétiquesNous nous trouvons du point de vue du temps liturgique au dernier dimanche de l’année. À partir de dimanche prochain s’ouvre un autre temps, celui de l’Avent celui de l’attente de celui qui vient. Les textes du jour nous invitent à nous poser la question de la royauté de Jésus. De quel ordre est cette royauté ?Les notes qui suivent sont rédigées d’après le commentaire de Jean Zumstein : L’Évangile selon Saint Jean (13-21) Commentaire du Nouveau Testament IVb Deuxième Série, Labor et Fides Nous sommes ici en présence du premier interrogatoire de Jésus par Pilate. Il est constitué de trois questions auxquelles Jésus donnera trois réponses. Et l’entretien finit sur une question de Pilate qui reste en suspends : qu’est ce que la Vérité ?v. 33 Comme le procès de Jésus est un procès qui réclame la peine capitale, Pilate selon la loi en vigueur est obligé de se saisir de l’affaire, il n’y a que lui qui peut prononcer la sentence.Par ailleurs l’acte d’accusation porte sur la royauté de Jésus, Pilate est donc obligé d’examiner le « cas Jésus », dans la mesure ou l’affirmation de cette royauté pourrait mettre en danger le pouvoir romain en place. Jésus est il un agitateur à prendre au sérieux ou simplement un trublion parmi tant d’autres ?Comme souvent dans l’Évangile de Jean, ce qui est acte d’accusation pour les uns (il usurpe le titre de roi des juifs, il dit qu’il est le messie) est confession de foi pour les autres (Jésus est roi, il est le Messie attendu).v. 34 à la question de Pilate « Toi, es-tu le roi des Juifs ? », Jésus répond « dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit à mon sujet ? ». Par cette réponse, Jésus oblige Pilate à se distancier des accusateurs et en même temps en posant une question il démontre qu’il n’est pas une victime mais qu’il reste bel et bien « souverain ».v. 35 ceux qui condamnent Jésus ce sont les dirigeants du peuple juif, les dirigeants religieux. Pilate montre ainsi que l’accusation ne vient pas de lui.La question « qu’as-tu fait ? » est en accord avec la procédure romaine qui accordait à l’accusé le droit de se justifier et de donner sa version des faits.v. 36 « Ma royauté n’est pas de ce monde ». Il s’agit là pour Jésus d’une manière de dire à la fois oui et non. Oui il est bel et bien roi, mais il ne l’est pas dans le sens où on l’entend habituellement : « elle a une autre origine et une autre structure que la royauté telle qu’elle a cours dans le monde. Ses valeurs, son exercice et son but n’ont rien à faire avec la royauté en usage parmi les hommes. La Royauté du Christ est une royauté eschatologique (c’est-à-dire une royauté relative aux temps derniers).A. ce n’est pas une royauté politique au sens où Pilate l’entend, elle est universelle et transcendante. Jésus n’est pas un Zélote, ce n’est pas un nationaliste qui veut éjecter l’occupant romain pour prendre le pouvoir à sa place. La royauté de Jésus est liée à l’événement de la révélation.B. cette royauté n’est pas du monde mais elle s’exerce dans le monde.C. cette royauté s’exerce sur tout homme et sur la totalité de la personne. En même temps elle est liée à la Passion du Christ. Le Christ-roi est un roi crucifié, son trône c’est la croix.v.37 « Es-tu donc roi ? »À cette question Jésus répond positivement. Oui, je suis né pour cela, je suis venu dans le monde pour cela. Jésus est donc à la fois vrai homme et vrai Dieu. Il est incarné et il « vient d’ailleurs, il est né et il est verbe (cf. le début de l’évangile, la parole faire chair). Jésus est l’envoyé du Père. Et en lui c’est Dieu qui vient dans le monde.À travers son enseignement et ses actes Jésus a rendu témoignage à la Vérité.La vérité c’est ce sur quoi on peut s’appuyer, c’est quelque chose de fiable. La Vérité c’est la réalité de Dieu.Cette Vérité demande à être accueillie, c’est une question de foi.« La royauté de Jésus n’est pas une évidence qui se prête à la vérification, c’est une prétention qui appelle à un acte de foi. Seul celui qui abandonne les évidences du monde pour se laisser habiter par la parole de Dieu, reconnait le révélateur (=Jésus) »Du coup c’est aussi au lecteur de l’Évangile, à nous,