3eme dimanche de l’Avent Textes : Éphésiens 6, v. 10 à 24 Luc 1, v. 46 à 54Ésaïe 61, v. 1 à 11 1 Thessaloniciens 5, v. 16 à 24 Jean 1, v. 6 à 8 & 19 à 28 Pasteur Françoise Pujol (Reprise)Télécharger tout le document

 

3eme dimanche de l’Avent Textes : Éphésiens 6, v. 10 à 24 Luc 1, v. 46 à 54 Ésaïe 61, v. 1 à 11 1 Thessaloniciens 5, v. 16 à 24 Jean 1, v. 6 à 8 & 19 à 28 Pasteur Françoise Pujol (Reprise)Télécharger tout le document

 

3eme dimanche de l’Avent Textes : Éphésiens 6, v. 10 à 24 Luc 1, v. 46 à 54 Ésaïe 61, v. 1 à 11 1 Thessaloniciens 5, v. 16 à 24 Jean 1, v. 6 à 8 & 19 à 28 Pasteur Françoise Pujol (Reprise)Télécharger tout le document

 

3eme dimanche de l’Avent Textes : Éphésiens 6, v. 10 à 24 Luc 1, v. 46 à 54 Ésaïe 61, v. 1 à 11 1 Thessaloniciens 5, v. 16 à 24 Jean 1, v. 6 à 8 & 19 à 28 Pasteur Françoise Pujol (Reprise)Télécharger tout le document

Notes bibliques

Contexte :Luc 1, 1 à 2, 40 est un ensemble très soigneusement construit par l’auteur. Il entrecroise les naissances de Jean-Baptiste et de Jésus :

 

A Annonce de la naissance du Baptiste

A’ Annonce de la naissance de Jésus B rencontre des 2 mères enceintes (rencontre des 2 enfants in utero !) C Naissance du Baptiste + accueil par un cantique (de Zacharie) C’ Naissance de Jésus + accueil par un cantique (de Syméon) Notre texte, appelé cantique de Marie ou d’après la traduction latine « Le Magnificat », se situe au centre (partie B). Il se présente comme la réponse de Marie à la salutation inspirée d’Élisabeth (voir 1, 39-45). Genre littéraire et composition : Ce texte est un cantique, un poème dans le style des psaumes de louange de l’AT. Il est très proche du cantique d’Anne en 1Sm 2, 1 à 10 quant à son style et aux thèmes traités. C’est en fait une mosaïque de textes de l’AT. La louange personnelle est tissée de réminiscences bibliques (les Psaumes notamment : voir les renvois dans les notes des Bibles) et liturgiques. L’arrivée de Jésus (pas cité toutefois dans le chant de Marie) est dans la lignée de l’AT et l’accomplit. Le texte fonctionne par élargissement, en deux parties

  1. V 46 à 49 : Marie parle de ce qui lui advient personnellement.
  2. V 50 à 55 : sa louange s’élargit à une évocation générale du salut de Dieu.

Commentaire : -1ère partie (v 46 à 49) : Marie ne répond pas à la question d’Élisabeth au v 43, mais la réalité du signe annoncé par l’ange (Élisabeth, elle aussi, est enceinte) fait jaillir la louange de la bouche de Marie. La joie est très présente dans l’Évangile de Luc. Les v 46-47 présentent un parallélisme typique de la poésie hébraïque qui dit la jubilation de Marie. C’est aussi une reprise d’Habaquq 3, 18. Mon âme c’est mon moi conscient et intérieur, appelé souvent dans les Psaumes à louer Dieu (Ps 103, 1). Le mot est en parallèle avec mon esprit (les facultés affectives). Leur action ? Exalter Dieu : reconnaître et proclamer sa grandeur. Le second verbe est passif : l’esprit s’est rempli d’allégresse. C’est un verbe qui n’existe pas en grec mais qui est forgé par la Bible (traduction grecque de l’AT et NT). Il signifie « se réjouir » avec une tonalité de plénitude, d’accomplissement. Il est au passé. Quelque chose de décisif est accompli qui réjouit de façon ultime. Trois termes synonymes avec des nuances : le Seigneur, Dieu, mon Sauveur. L’action du Seigneur est salutaire et il est confessé comme un sauveur personnel. Le v 48 donne le motif de la louange : Dieu a porté son regard sur sa servante qui est de condition humble, basse, d’un milieu social peu élevé. C’est le sens. Ce n’est pas une supposée qualité morale de Marie qui est mise ici en avant (d’où « son humble servante  » est ambigu). Elle dit qu’elle est quelconque : Dieu vient en pleine pâte humaine ordinaire. Le regard de Dieu est cause de louange. L’allusion à Anne est évidente. En 1 Sm 1, 11, dans sa prière de supplication elle disait : « Seigneur…porte ton regard sur la basse condition de ta servante ». Les mêmes mots sont utilisés dans la traduction grecque de l’AT et notre texte. La situation de Anne, stérile, renvoie à un abaissement infligé. Sans enfant, elle est déconsidérée, comme les humbles socialement auxquels le mot pour basse condition renvoie également. La deuxième partie du v 48 cite Gn 30, 13 : Léa sera heureuse ou bienheureuse car sa servante lui a donné un fils. Marie sera dite heureuse ou bienheureuse en raison de celui dont elle est enceinte. Son bonheur est un cadeau de Dieu et ne renvoie à aucun mérite personnel. Le v 49 cite Dt 10, 21. Les grandes choses faites par Dieu sont les délivrances de son peuple élu. La venue de Jésus est comparée à l’événement salutaire par excellence : la sortie d’Égypte. Marie actualise et personnalise l’action salutaire du Seigneur, elle relit son histoire avec les mots et les réalités de tout Israël. Dieu manifeste pleinement son être (signifié par son nom), sa sainteté, en intervenant fidèlement pour les siens, en sauvant son peuple. Marie témoin de cette action ne peut que proclamer : saint est son Nom. – 2ème partie (v 50 à 55) : Le mot bonté (pitié, compassion) encadre cette 2ème partie où Marie s’efface complètement pour élargir son regard dans le temps, à la succession des générations (v 50 et 55) et dans l’espace, à toutes les catégories sociales (v 51 à 53). Au v 50 : « Craindre Dieu » : aimer respectueusement (un supérieur). V 50 Sa bonté de générations en générations V 51 Il est intervenu : série de renversements dont Dieu est le sujet A dispersé les orgueilleux Dieu abaisse A jeté à bas les puissants abaisse A élevé les humbles élève A comblé les affamés élève A renvoyé à vide les riches abaisse Est venu en aide à Israël son serviteur élève V 54 Sa bonté V 55 pour Abraham et sa descendance pour toujours Il s’agit d’un rappel de l’agir de Dieu pour Israël, fondé sur sa compassion. C’est en même temps l’annonce du programme virtuel du salut qui sera accompli par l’enfant à naître. Dieu renverse les situations (cf. Ps 75, 8). Lui seul a la compétence de juger et de mettre en évidence les vraies valeurs. Il a le pouvoir d’inverser les valeurs anciennes pour en établir de nouvelles. L’intervention salutaire de Dieu rendra prioritairement justice aux écrasés (voir les Béatitudes de Luc 6, 20-26).L’évangile de Luc insiste sur cet aspect. Les orgueilleux, les puissants, les riches sont les figures des pouvoirs politiques et économiques qui écrasent les plus faibles et que Dieu vient contester et renverser. Les humbles, les affamés sont notamment dans les Psaumes les « petits » socialement, qui attendent de Dieu la justice, la délivrance. Le dernier mot est à l’élévation : celle d’Israël, appelé serviteur, l’Israël si souvent dominé et faible témoin de Dieu (Es 53). Marie voit cela accompli déjà. La liturgie célèbre au présent l’avènement du nouveau monde à venir et incite à une action actuelle en conformité avec ce que Dieu veut et va instituer. Ce texte devrait toujours venir contester tous les pouvoirs qui écrasent (sous la dictature en Argentine le texte avait été amputé : trop contestataire !).