Reprise
Notes bibliques
Texte de « lecture suivie » proposé par la liste « la Bible en 6 ans »
Ecclésiaste 8/ 1 à 17
La TOB divise en 4 péricopes ces 16 versets et donne les titres suivants :
- versets 1 à 4 : Le sage face au pouvoir
V1: Plusieurs traductions ont traduit : « la dureté de son visage en est transformée » par « et celui qui est dur de visage sera haï ». On peut comprendre « celui qui est dur de visage en est transformé ». L’auteur biblique conteste cet énoncé. Un conseiller royal doit céder devant l’autorité du roi.
V.2 : On peut comprendre qu’il s’agit du serment fait par le conseiller au Nom de Dieu d’obéir au roi. On peut aussi penser au serment de Dieu au sujet de la dynastie davidique.
En fait, dans ce passage, l’Ecclésiaste recommande à l’entourage du roi de faire bonne figure, même si celui-ci se trompe, et de lui être fidèle en raison du serment de fidélité.
- Versets 5 à 9 : Le juste ignore l’heure du jugement
V.5 : l’Ecclésiaste cite une opinion de l’époque qui dit que l’obéissance sera toujours récompensée en temps voulu, pour la contester aux versets suivants.
V.6 à 9 Personne, même le sage, ne connaît l’heure du jugement, ni de sa mort. Mais s’il y a un temps où un homme domine sur les autres hommes pour les rendre malheureux, la brutalité et la violence ne procurent pas plus d’avantages que l’obstination et la dureté. C’est à dire que Le crime ne paie pas.
- 10 à 15 : la joie reste possible malgré l’absence de rétribution
V.10 : différence de traduction entre la TOB et SEGOND : la première ne parle que du méchant qui, après sa mort, est soit honoré, soit oublié alors la traduction de SEGOND aurait le sens suivant : Souvent le méchant est honoré même après sa mort, alors que le juste est souvent oublié.
V11 et 12 : Comme le méchant ne semble pas puni, il persévère dans le mal. Mais l’auteur sait que le vrai bonheur est donné par la crainte de Dieu.
V.13. D’après les sages, le bonheur n’est pas pour le méchant, car il ne craint pas la face de Dieu. Mais pour l’Ecclésiaste cette doctrine est démentie par les faits, car (V.14) il y a des justes qui connaissent l’injustice, et de méchants qui connaissent le bonheur sur terre.
V.15 : le simple bonheur de manger, boire et se réjouir procure la joie, que l’on soit bon où méchant.
- 16 à 17 : La sagesse dépose son bilan de faillite
Bien que toujours insatisfait, l’homme peut goûter la joie de vivre, c’est un don de Dieu. Mais aucun sage ne peut connaître le fond des choses ni le secret de la destinée.
Piste possible de prédication sur ce seul texte
Plan
1) Introduction : Dans la troisième partie du livre de l’Ecclésiaste (Ch.7 à 12), l’auteur traite de la Sagesse. Il réagit contre le conformisme de certains sages et leur rhétorique vide ; Il exhorte l’homme à l’engagement dans l’existence.
2) Commenter le passage proposé en développant ensemble ou l’une seule des 4 idées du texte : Prudence à avoir face au pouvoir humain (ne pas jouer au martyr). Ignorance de tout homme sur l’avenir. Joie profonde possible donnée par Dieu même si la vie est difficile. Vanité de la Sagesse (de la science ?) à proposer des solutions définitives.
3) Conclusion : l’Ecclésiaste n’est ni optimiste, ni pessimiste, ni opportunisme. C’est un esprit réaliste et lucide Il a la passion du vrai, et de l’authentique. Pour lui, la vie est bonne, c’est un don de Dieu qu’il faut accueillir avec joie, sans tenter de faire l’ange ou la bête.
Textes proposés par L’Église catholique et les Églises « historiques » « de l’intérieur »
Ésaïe 50, v. 5 à 9
Le début du chapitre 50, dans les versets 1 à 11, présente 2 procès. Le premier, des versets 1 à 3, se déroule entre Dieu et les israélites incrédules. Le second 4 à 11, entre le prophète et les israélites récalcitrants. Dans le style des confessions de Jérémie, le héraut de Dieu retrace les différents aspects de son existence : accueil de la Parole de Dieu( V.4), fidélité à la transmettre ( V.5), persécutions rencontrées de la part de ses compatriotes trop bien installés à Babylone pour ne pas redouter les effets (V.6) , protestation d’innocence (V.7) , appel en comparution des adversaires (V.8) , affirmation de confiance envers Dieu ( V.8 et 9 ). Sous leurs différences les deux procès se rejoignent puisque le Seigneur et son envoyé ne font qu’un.
Avec des textes dans les ch. 42, 49 et 53, c’est un passage du second Ésaïe décrivant le serviteur souffrant. La tradition israélite voit dans ce serviteur l’image du peuple d’Israël, et les chrétiens y voient l’annonce de la venue du Christ.
Jacques 2, v. 1 à 5
V1 : la Bible SEGOND traduit « ne faites acception de personne », la TOB « ne mêlez pas des cas de partialité », la Traduction Parole de Vie « Ne faites pas de différence ». Ce mot s’oppose à la Foi en Christ parce que la seule gloire qui compte, pour le croyant, est celle du Seigneur. Dans le Christ, Dieu ne fait aucun favoritisme, en particulier dans le domaine du jugement. Le chrétien ne saurait agir différemment.
V.2 à 4 : Jacques donne un exemple très concret, bien humain.
V 5 : L’élection divine opère un renversement de la pauvreté selon le monde. Tous peuvent être riches devant Dieu.
Marc 8, v. 27 à 35
2 parties dans ce passage :
- Qui est Jésus pour ses contemporains ? Confession de Foi de Pierre.
- Jésus annonce ses souffrances et sa mort. Comment suivre Jésus.
Qui est Jésus pour ses contemporains ? Confession de Pierre
Ce court récit, préparé déjà par un autre se situant aux versets 14 à 16 du chapitre 6, montre comment les disciples, dont la Foi est exprimée par la confession de Pierre, vont au-delà des réponses insuffisantes à la question posée par l’activité de Jésus : Il ne vient pas pour préparer la venue d’un autre : Il est le Sauveur définitif. Le mot « Christ », dans la bouche de Pierre, signifie que Jésus est le Messie, celui qu’annonçaient et préparaient les prophètes, y compris Jean le Baptiste. A l’époque de la rédaction de Marc, ce titre exprime la foi de l’Église en Jésus.
Le verset 30, montrant la réaction de Jésus, n’implique, selon Marc, aucune désapprobation à l’égard du titre de Christ, qu’il acceptera en 14/62. Ce titre tombe sous la consigne de silence, comme celui de « Fils de Dieu » et les autres expressions de la Foi de l’Église. Cette annonce est prématurée avant l’achèvement de la Mission de Jésus par sa Mort et sa Résurrection. Pour comprendre l’insistance de Marc sur le secret de Jésus, Il faut tenir compte non seulement des ambiguïtés des titres messianiques juifs, insuffisants pour définir la mission de Jésus, mais aussi des progrès de la Foi de l’Église Primitive et de l’application de Marc à relire la vie terrestre de Jésus à la lumière de la Révélation de Pâques.
Jésus annonce ses souffrances et sa mort. Comment le suivre !
V.31 « Jésus commence à enseigner ». Désormais l’enseignement de Jésus porte sur la manière dont il va accomplir sa mission. Cet enseignement, réservé à ses disciples, donne son unité à cette partie du livre jusqu’à 10/45. Il caractérise une seconde phase de la révélation de Jésus, cette foi, explicite, après la phase des paraboles et des signes.
« Le Fils de l’Homme ». Ce titre, décalqué dune expression sémitique, ne se trouve que, dans les Évangiles, sur les lèvres de Jésus. . La communauté primitive y a reconnu une des expressions typiques de Jésus de Nazareth de préférence aux autres titres qu’elle s’est plu à lui discerner (Seigneur, Christ, Fils de Dieu). La plupart des commentateurs rattachent cette expression à la tradition apocalyptique (Daniel 7/13 et le Livre d’Énoch (apocryphe). Selon celle-ci, le Fils de l’Homme vient au dernier jour pour juger les pécheurs et sauver les justes. En désignant ainsi Jésus, la communauté primitive manifeste une originalité qu’on peut attribuer à Jésus. Elle montre Celui qui anticipe le jugement et inaugure l’ère messianique. Relié ici à la description prophétique du Serviteur de Dieu, le titre prend une signification nouvelle par rapport au judaïsme car il unit paradoxalement la Grâce et la Croix
« les anciens, les grands prêtres et les scribes ». Il s’agit des membres du grand Sanhédrin, collège de 71 membres qui gouvernait le peuple juif. Il comprenait des représentants de l’aristocratie laïque (les anciens), des grandes familles sacerdotales, parmi lesquelles on choisissait le grand Prêtre et les scribes, ou interprètes de la Loi. .
« les trois jours ». Dans la terminologie de l’époque, pour décrire le temps entre la mort et la résurrection de Jésus, le premier jour est le vendredi saint, jour de la mort de Jésus, le samedi saint est le 2ème jour – et le dimanche de Pâques le 3e jour. Le Christ ressuscitera non pas après trois jours, complets mais en comptant un premier jour bien entamé, un second jour et l’aube d’un 3e jour.
Verset 32 « la réprimande de Pierre ». La réaction de Pierre illustre bien la difficulté à associer le titre de Christ avec les perspectives de la passion et de la mort. Peut être cela explique la mise à l’écart en Marc de ce titre (et ceux de Saint et de Fils de Dieu) jusqu’à la Passion.
Verset 33 « Satan ». En s’opposant à la Passion du Christ, Pierre endosse le rôle de Satan, qui, déjà au désert, a tenté de détourner Jésus de l’obéissance à Dieu. Pierre quitte la place de disciple (qu’il avait prise au verset 29) qui doit marcher derrière Jésus.
Verset 34 « se charger de sa croix ». Sous cette forme, cette parole suppose que l’existence du disciple authentique est définie par celle de Jésus. Il s’agit de le suivre dans le renoncement à soi même, ce qui signifie l‘acceptation de la Croix, en fait accepter de risquer sa vie pour la cause de Jésus et de l’Évangile.
Verset 35 « et de l’Évangile ». Ces mots ne se trouvent pas dans certains manuscrits. L’œuvre du Christ se poursuit dans la prédication de l’Évangile. Celui-ci peut conduire le disciple au sacrifice de sa vie comme la mission de Jésus l’a conduit à la croix.
Pistes possibles de prédication
a) Chercher le fil rouge entre les 4 textes de ce jour. On pourrait partir du livre de l’Ecclésiaste et de sa « prudence » vis à vis d’une opposition de certains aux puissants, censés être mauvais par définition. Cette opposition pourrait conduire à la mise à l’écart de ceux qui se veulent « prophètes » ou « sages » et à ce qu’ils considéreraient comme un martyre. Cette opposition peut aussi être devant la prétention de la science à tout expliquer (prétention qui se manifestait surtout au 19e et 20e siècle).
Puis à partir des textes du prophète Ésaïe et de l’Évangile de Marc, montrer que, s’il ne faut pas chercher le martyre à tout prix, il ne faut pas mettre son « drapeau dans sa poche». Le prophète souffrant l’a fait pour être fidèle à la Loi, sans attendre de sa fidélité une quelconque récompense. Et Jésus de Nazareth l’a fait, par amour pour son Père et par amour pour l’Humanité. Nous sommes invités à suivre ces deux exemples en portant notre croix.
Mais attention, cela ne veut pas dire forcement souffrir le martyre. A partir du texte de Jacques, dire qu’il nous faut être fidèles et renoncer à nous-mêmes, même et surtout dans les toutes petites choses de la vie de tous les jours Faire acception de personne signifie que, nous oubliant nous même et oubliant les petits calculs de préséance et d’intérêt, nous faisons attention à tous ceux que Dieu nous donne de côtoyer brièvement ou plus longuement.
b) à partir de la question « qui est le Christ ? » de l’Évangile du jour comment vivons-nous un possible (ou impossible) dialogue avec les musulmans ?
Ils affirment que le prophète Mahomet est la révélation finale
Jésus ne serait qu’un prophète annonçant Mahomet
Les chrétiens affirment que le Christ est à la fois le premier et le dernier. Que des hommes ont pu vivre avant le Christ, mais en vivant selon l’Esprit de Dieu, c’est comme s’ils vivaient après le Christ. Et inversement, des hommes vivant après la venue de Jésus sur la terre vivent comme si c’était avant sa venue car ils ne l’ont pas reconnu comme Sauveur et Seigneur, dans leur vie de tous les jours. .
Certes Mahomet est venu chronologiquement après Jésus. Il a prêché la fidélité et la soumission à Dieu seul (Rappelons-nous que « Islam » veut dire soumis) Mais n’est ce pas un avertissement du Seigneur aux chrétiens de l’époque et de tous les temps suivants ? L’Église du 7ème siècle était loin d’être fidèle et donnait un bien triste spectacle de divisions et de goût du pouvoir. Et bien souvent nous continuons dans cette voie.
c) à partir de l’attitude de l’apôtre Pierre qui, dans un premier temps confesse sa Foi, et ensuite va se faire traiter de « Satan » par Jésus.
De tout temps, l’être humain est tenté de porter au pinacle, pour ne pas dire adorer, un chef, un homme politique, une vedette, un artiste, etc. L’Église catholique va peut-être un peu dans ce sens en canonisant les témoins remarquables, avec le danger du culte des saints et les superstitions s’y rapportant.
Et dans l’autre sens, l’être humain peut vouer aux gémonies le même type de personnage, lui trouvant tous les défauts et toutes les tares. (voir le débat politique où l’adversaire est par définition mauvais).
Or le passage de l’Évangile proposé ce jour nous montre Pierre tel qu’il est, avec son intuition qui lui fait reconnaître à l’avance le Christ, et la pierre d’achoppement qu’il peut être ensuite pour Jésus. La Bible n’est pas « l’Histoire officielle du parti », changeant au gré des variations politiques. Elle décrit les témoins tels qu’ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts.
En cette année « CALVIN », saurons nous reconnaître à la fois la grandeur et les petitesses du Réformateur et l’aimer tel qu’il était, avec la manière de penser et de vivre de son époque , et non pas tel que nous voudrions qu’il soit.
Prédication
Marc 8, 27-35
« Si quelqu’un veut venir avec moi, il ne doit plus penser à lui-même. Il doit porter sa croix et me suivre »
Porter sa croix, voici une expression familière et populaire dont le sens premier s’est atténué au cours des siècles. Porter sa croix, c’est – de nos jours – supporter avec plus ou moins de philosophie et de patience les petits ennuis de la vie, les tracas, les mesquineries. Chacun porte sa croix avec plus ou moins de force, plus ou moins de bonheur.
Mais les mots et les expressions vieillissent, perdent petit à petit leur sens originel, généralement beaucoup plus fort. Il faut se souvenir ce que signifiait exactement cette expression, pour un esclave vivant il y a 2000 ans, au temps de l’empire romain. Le supplice de la croix était réservé à ceux qui n’avaient plus la condition humaine, plus d’existence légale, de personnalité juridique, de liberté. Quand un esclave avait fait une faute grave aux yeux de son maître, il pouvait aussi perdre la seule chose qui lui restait, c’est à dire la vie. Et ceci dans des conditions atroces. Il était pendu par les bras à un poteau et tout le poids de son corps reposait sur son thorax. Petit à petit, il mourrait étouffé. Le supplice pouvait durer des heures, suivant la résistance du supplicié. Porter sa croix, ce n’était donc pas à l’époque accepter avec plus ou moins de philosophie les petits tracas de la vie courante, mais c’était marcher au supplice et à la mort. Et de plus, cette mort était considérée comme infamante pour les gens de la bonne société de l’époque.
Et voici que le Christ va subir ce supplice, il va être crucifié et il propose à ses disciples de l’imiter, de porter à leur tour la croix.
Se charger de sa croix… Le Christ s’en est vraiment chargé. Il a renoncé à tout pouvoir, à toute sécurité, à toute domination. Il s’est fait homme véritable et a choisi la mort la plus scandaleuse, celle des esclaves, des êtres les plus malheureux de son époque.
Dans notre texte, Jésus ne fait pas de promesse démagogique, il ne fait pas miroiter une victoire facile. Au contraire, il indique la rudesse du chemin, la difficulté qu’il y a d’être un véritable disciple. C’est la mort qu’il promet, le supplice, le martyre. Et autant que la Tradition le rapporte exactement, tous les disciples qui ce jour-là ont entendu l’appel de Jésus, tous ont porté leur croix, et sont morts martyrs.
A la suite des 12 apôtres, les premiers lecteurs de ce texte, vers l’an 70 à 80 après la naissance du Christ, ont, à leur tour, accepté de porter leur croix et, en renonçant à eux-mêmes, sont morts martyrs, soit dans le feu, soit dans les jeux du cirque. Les premiers chrétiens sont déjà morts, avec la persécution de l’empereur Néron. Ceux du temps de l’empereur Dioclétien s’apprêtent à connaître le même sort. Pour les hommes et les femmes des premières communautés chrétiennes, porter sa croix a un sens très fort, une portée radicale : Être chrétien en ce temps-là, c’est presque à coup sûr aller vers le martyre.
Et cela a duré, avec des hauts et des bas, au moins trois siècles, sans compter les martyrs des siècles suivants, du temps de la Réforme par exemple, pour ne parler que de nos ancêtres spirituels. Et cela dure encore aujourd’hui : Dans bien des pays, il ne fait pas bon être disciple du Christ : Ceux-ci portent leur croix en étant menacés dans leur vie.
Mais voici qu’en France aujourd‘hui, et dans d’autres pays du monde, les persécutions ont cessé, et nous pouvons remercier Dieu de cette grâce qui nous est faite.
Mais alors que veut dire pour nous, chrétiens de France: « renoncer à soi-même et porter sa croix » ? Oui, comment garder la force de l’expression évangélique, toute sa rigueur, tout son caractère étonnant, sinon scandaleux ?
Car c’est vrai qu’il n’est pas trop difficile de dire que l’on croit en Jésus Christ. Certes quelques personnes vous regarderont avec pitié, ou comme ringards ou avec un peu de curiosité ou de condescendance. On se moquera plus ou moins gentiment de vous, mais on n’ira pas vous mettre à mort pour autant.
Porter sa croix aujourd’hui, dans notre situation actuelle, qu’est-ce que cela veut dire pour nous ?
C’est peut-être là qu’il faut se souvenir de ce qui précède les 3 mots de l’expression « porter sa croix ». Le Christ nous demande de « renoncer à nous-mêmes » ou – suivant les traductions – « de ne plus penser à soi seulement ». Suivre Jésus, c’est consentir à mourir à soi-même. De nombreux cas concrets peuvent être évoqués ici : Par exemple ceux d’entre nous qui avons des enfants, avons-nous accepté de bon cœur qu’ils ne suivent pas forcément la route que nous aurions souhaitée pour eux ? Et l’on pourrait penser à bien d’autres choses encore
Mais ce n’est pas à moi de vous dire ce qui vous pèsera le plus pour renoncer à vous même, et du coup de porter votre croix dans le sens fort et radical du terme. Chacun de nous en conscience doit le faire pour lui même et non pour les autres.
Cependant je ne voudrais donner qu’un seul exemple, qui peut nous parler et faire image en nos cœurs.
Nous pouvons remarquer combien de sportifs de haut niveau travaillent pendant de nombreuses années pour arriver au mieux de leur forme en vue de monter sur le podium. On peut comprendre alors que la victoire est un objectif qui passe avant tout le reste. Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, il n’est pas facile de renoncer à triompher, car notre société pousse les sportifs (et les autres) à réussir à tout prix.
Et pourtant ! Je peux citer dans ce domaine ce qui est – à mon point de vue – le témoignage d’un renoncement significatif. Il y a quelque temps, j’ai entendu un journaliste rapporter une anecdote qui s’est passée en 1924, au cours des Jeux Olympiques de cette année-là. Les deux meilleurs coureurs de la course de demi-fond (en gros 10 km), ceux qui devaient obtenir logiquement une médaille, sont au coude à coude dans la dernière épreuve et dans la dernière ligne droite, l’un des deux a un léger avantage. Et voilà qu’il trébuche et tombe durement sur le sol. Est-il blessé ? Son concurrent, pour ne pas dire son rival, s’arrête, revient en arrière, et l’aide à se relever. Ils repartent de plus belle, mais au moment de franchir la ligne, celui qui était tombé, s’efface, parce que cela lui paraît normal, dira-t-il après la course. Il laisse l’autre franchir la ligne le premier. Mais celui ci refuse la médaille, en donnant comme motif que si son concurrent n’avait pas trébuché, il aurait sûrement gagné la course.
Finalement, devant un tel esprit, digne de la devise olympique qui rappelle que l’essentiel n’est pas de gagner mais de participer, le jury classe les deux coureurs à égalité.
Le journaliste rapportant cette histoire n’a pas dit si les deux coureurs étaient disciples du Christ. Mais, même si c’est dans un domaine seulement profane, cet exemple peut nous suggérer ce que peut être un renoncement à soi-même.
Il ne s’agit pas pour nous de devenir des champions de course à pied, mais d’accepter de renoncer éventuellement à ce qui nous tient le plus à cœur, s’il s’agit de témoigner de l’Évangile.
Il faut bien reconnaître que ce n’est pas facile. Nous sommes tellement encombrés de nos petites personnes, nous ne renonçons pas volontiers à ce qui est le centre de notre vie. Et pourtant le Christ nous demande de savoir renoncer à tout cela, même – et surtout – si ce qui est le moteur de notre vie est parfaitement honorable.
Tout à l’heure, nous chanterons « O Jésus ta croix domine ». Que ce soit notre prière, notre appel à l’aide. Le Christ, parce qu’il nous a précédé sur le chemin, parce qu’il a connu notre condition humaine, parce que, par sa victoire sur la Croix, il est présent à nos côtés, le Christ saura nous aider à porter notre croix, à renoncer à nous-mêmes et à être des témoins de l’Évangile.
Amen
Cantique après le message
AEC 449, NCTC 202, Alléluia 33-21 : « O Jésus, ta croix domine »