Textes : Marc 1, v. 1 à 13 Psaume 67 Nombres 6, v. 22 à 27 Galates 4, v. 4 à 7 Luc 2, v. 16 à 21Pasteur Georges PhilipTélécharger le document au complet
Pour ce premier jour et premier dimanche de l’année, je m’attacherai aux deux textes de l’Ancien Testament. Ces deux textes nous parlent de bénir et de bénédiction. La bénédiction est d’abord une parole et un acte de Dieu qui rejoint le peuple d’Israël par la bouche du prêtre Aaron et de ses successeurs. Elle est alors au centre de la prière qui monte du cœur du fidèle. Elle le conduit à l’action de grâce et à la demande incessante de cette bénédiction pour lui, et pour toute l’humanité. C’est ce mouvement d’échange, de bénédiction et d’action de grâce que je vais m’efforcer de traduire. N’est-il pas, en effet l’expression de la vie et de la foi de l’Église et à travers elle celle de tous les hommes. Nombres 6, 22-27 Cette majestueuse bénédiction conclut 4 chapitres de prescriptions relatives à la tribu de Lévi chargée d’assister les prêtres pour la célébration du culte, aux impuretés majeures, (lèpre, infidélités diverses, adultère), et enfin au naziréat (consécration temporaire ou définitive au Seigneur). Donnée par Dieu, elle sera donc prononcée par des prêtres (Aaron et ses fils). Ainsi elle subsistera de génération en génération. Précisons qu’une bénédiction n’est pas une parole magique. Elle est porteuse d’un message bénéfique pour celui qui la reçoit avec confiance. Ainsi, elle confirme ce que Dieu est pour son peuple, dans l’Alliance, et les promesses de bonheur qui en découlent. Les prêtres n’ont aucun pouvoir et aucune autorité en dehors de leur pleine obéissance au Seigneur. Ils sont intermédiaires, voire intercesseurs. C’est le rôle de l’Église aujourd’hui et un des aspects du Sacerdoce universel : prier pour le monde, bénir les hommes et les nations, enfin être fidèles afin que le monde connaisse que le seul Dieu, c’est le Seigneur, manifesté dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus Christ. v. 24 : « fasse briller sa face » = Hébraïsme, offrir un visage souriant. « t’accorde sa grâce » = Celle-ci n’est pas automatique. Elle dépend de la souveraine liberté de Dieu acceptée…ce qui ne va pas de soi pour l’homme naturel, car elle est le contraire du mérite. Elle est donc absolument « injuste ». v. 26 : « Porte sur toi son regard » = Hébraïsme, offrir un visage bienveillant, accueillir favorablement. « Te donne la paix » = le shalom – mot au sens très large qui traduit tous les aspects bénéfiques et heureux dus à l’attention que Dieu porte à son peuple et à tout fidèle. (par exemple : santé, réussite, vie paisible, bonnes relations, prospérité, bien-être, etc.) v. 27 : Israël porte le nom du Seigneur devant le monde, de même que l’Église aujourd’hui porte celui du Christ. Responsabilité redoutable pour laquelle Il compte sur nous et nous fait confiance. Ainsi la bénédiction nous rappelle que nous sommes à Lui et que le servir droitement est une source intarissable de bonheur.
C’est bien la bénédiction qui est au centre de ce psaume, mais la voix qui l’évoque, au lieu de venir « d’en haut » comme dans Nombres 6, se trouve « ici bas » et elle l’appelle, la désire, l’accueille et la réclame encore. v. 2 : reprend une partie de la bénédiction de Nombres 6. Mais le « Nous » a remplacé le « Vous » et notons qu’avant la bénédiction, c’est la miséricorde de Dieu qui est implorée. v. 3 : C’est à cela qu’on connaîtra le vrai visage de Dieu. On n’invente pas Dieu. En faisant grâce et bénissant, Dieu se révèle et avec Lui, son projet de salut. Ainsi on discerne et reconnaît le Dieu qui bénit à ses œuvres : par exemple la pluie pour les récoltes. v. 3-4 : Cette demande du psalmiste est pour le monde entier. Puisqu’on reconnaît Dieu à ce qu’il fait, et non à ce qu’il est, il est accessible à tous les hommes et à toutes les nations, même s’ils ne savent le nommer. Mais sans doute faut-il comprendre qu’Israël, recevant la miséricorde et la bénédiction de Dieu devient pour tous et pour les nations le signe qui leur permettra de le connaître et donc de le louer. On est alors près de la promesse faite à Abram : « En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » (Genèse 12,3) v. 5 : « tu juges » ou gouvernes. Il ne s’agit pas pour Dieu de condamner et punir, mais de gouverner, de conduire et donc de faire du bien à tous. « tu conduis » Dieu n’est pas seulement berger d’Israël mais de toutes les nations. v. 6 : La réponse à la bénédiction, c’est l’action de grâce, c’est remercier. Même si elle ne connaissent pas Dieu, les nations diront merci pour Israël qui est le signe visible de la présence et de la droiture du Dieu « inconnu ». v. 7 : Ce psaume est vraisemblablement lié à la fête des récoltes. Les bonnes récoltes libèrent de l’angoisse pour l’année à venir. C’est donc évidemment une bénédiction de Dieu ; car tout vient de Lui. v. 8 : Toutefois, la bénédiction n’est ni due, ni automatique. Il convient donc de la demander à nouveau et sans cesse. Cette prière est signe de la confiance et de l’espérance qu’Israël met dans son Dieu. Mais cette prière contient aussi l’espoir et l’attente que toute la terre reconnaisse le Dieu d’Israël comme seul Dieu, qu’elle le respecte et mette sa foi en Lui.
Nombres 6, 22-27 et Psaume 67 Depuis hier soir minuit, partout et pour tous ce ne sont que des souhaits et des vœux, toujours les mêmes : « Tous mes vœux ! » – « Mes meilleurs vœux ! » – « Bonne année et Bonne Santé ! » etc. etc. Ca ne coûte pas cher ; ça n’engage à rien, alors on peut être généreux. Et comme ça nous oblige à dire ces belles paroles avec le sourire, ça nous fait du bien, paraît-il. Donc, ne nous privons pas. Mais ce premier jour de l’année se trouve être un dimanche. Et comme vous avez eu le courage de vous lever et de répondre à l’invitation hebdomadaire de notre Seigneur, vous n’avez pas été déçu. Vous avez encore une fois entendu cette belle et majestueuse bénédiction que de génération en génération les prêtres d’Israël doivent prononcer de la part de Dieu, sur le peuple d’Israël. Une bénédiction que rien ne peut altérer ni interrompre, car elle traduit l’inépuisable fidélité du Seigneur sur son peuple et sur chacun de ceux qui en fait partie. Les vœux et souhaits qu’elle formule ont pour nous une valeur et une importance infiniment plus considérable que nos aimables vœux et souhaits qui ne nous engagent pas et qui pour cette raison seront vite oubliés. En effet, dans les paroles de cette bénédiction, il est bien question du Dieu qui s’engage envers celles et ceux qui ont mis leur espérance en Lui. Il confie sa parole à des hommes choisis et mis à part pour la porter sans faiblesse ni négligence. Elle doit sans cesse retentir, d’abord pour rappeler qu’il est le Seigneur, un Dieu qui bénit et qui veille sur son peuple ; mais aussi pour encourager, relever, pour éveiller et nourrir la foi et l’espérance. Que du bon, que du bien et que du bonheur. Tel est le destin de ceux qui aiment fidèlement le Seigneur. C’est Lui qui promet et s’engage. Je vous propose d’entendre cette majestueuse bénédiction avec des mots très simples pour aider à en saisir toute la portée. « Que le Seigneur dise du bien de toi, qu’il te fasse entendre des paroles bonnes, des paroles qui font du bien, et qu’il veille sur toi avec bonté et sans relâche. Que le Seigneur ait pour toi un visage souriant qui exprime son bonheur de te voir debout devant lui, et vivant. Il connaît tes faiblesses et ta fragilité, mais son amour pour toi les dépasse infiniment et tu peux compter sur lui en toutes circonstances. Si tu trébuches, c’est lui qui te relèvera ; si le malheur ou la tristesse t’accable, il séchera tes larmes et te réconfortera et si tu es sans force, il te portera. Que le Seigneur te regarde avec bienveillance comme un père regarde son enfant et qu’il comble ta vie de bienfaits : la santé bien sûr, mais aussi une vie paisible, pleine de bonnes relations avec tes proches, tes voisins et tes compagnons de travail, des projets qui réussissent pour le bonheur du plus grand nombre, etc. etc. Avec Lui à tes côtés, ta vie sera comblée. » Que nous entendions cela pour nous-mêmes, pour nos familles ou notre église, n’est pas insignifiant en ce début d’année. Nous y trouvons la promesse dans laquelle le Seigneur fidèle s’engage envers ses enfants. Mais nous y trouvons aussi un appel de Dieu et une vocation commune. Car si, depuis Jésus Christ, le sacerdoce hérité d’Aaron n’a plus sa légitimité unique, nous partageons avec Jésus Christ et avec nos frères et sœurs un sacerdoce commun qui nous appelle à demander sans cesse la bénédiction de Dieu sur notre terre et tous ceux qui l’habitent. Les guerres, les cataclysmes, les maladies et famines et autres malheurs ont conduit beaucoup de personnes à douter, à se décourager et même à exprimer de la colère et de la rancœur envers ce Dieu censé bénir. Gardons-nous de les juger. Écoutons plutôt le Psaume 67 qui nous conduit à découvrir l’effet retour de la bénédiction de Dieu sur nous. Conscients de celle-ci, il nous appartient de l’attendre, de la recevoir et de la vivre en toutes circonstances. En d’autres termes, il nous appartient de manifester, en même temps que nous l’annonçons que, malgré les apparences ou même les évidences, Dieu veut du bien pour tous. Dieu est en fait le Dieu des bons et des méchants, des croyants et des incroyants. Depuis Abram, il a promis que toutes les familles de la terre seraient bénies dans le nom de celui qui le premier avait eu foi en Lui, sans le connaître. Avec Jésus Christ nous avons le bonheur de connaître le vrai visage de Dieu. Sa venue parmi nous, sa vie offerte pour tous n’est-elle pas le comble de la bénédiction de Dieu sur notre humanité tout entière, une bénédiction que rien ni personne ne pourront jamais remettre en cause. Mais cela nous revêt d’une responsabilité qui ne doit pas nous faire peur ni nous dérober, mais au contraire nous remplir de bonheur, car elle nous atteste et nous confirme le sens profond et fort de la bénédiction de Dieu. C’est parce qu’Il est à nos côtés et qu’Il veille sur nous et sur son Église, qu’Il sait qu’il peut compter sur nous et nous faire confiance. La bénédiction de Dieu ne fait pas de ses enfants des êtres passifs mais des sujets actifs et engagés, humblement certes mais aussi sans crainte ni réserve. C’est donc bien à une vie riche et comblée de joie que nous sommes appelés. Mon souhait, mon vœu est que, chaque jour de cette année qui s’ouvre, vous trouve affermis dans la foi et la reconnaissance. Si comme le dit l’apôtre Paul, « Tout concourt au bien de ce qui aiment Dieu » – et il le dit parce qu’il l’a expérimenté et éprouvé – alors nous pouvons avancer avec assurance. Celui qui au début de ce culte nous a accueilli dans sa grâce et sa paix nous enverra tout à l’heure dans le monde avec l’assurance que sa bénédiction fidèle éclairera et donnera sens à chaque heure de notre vie. Amen. Suggestions : Chants : Psaume 67 : « Que Dieu nous bénisse » AEC 312, « Seigneur, que ton règne admirable » NCTC 175, Alléluia 32-09 : « O Jésus qui vins parmi nous » AEC 616, NCTC 279, Alléluia 47-04 : « Confie à Dieu ta route ». Strophes 1-2-4 Confession de foi de Henri Capieu : Nous croyons en Dieu malgré son silence et son secret. Liturgie ERF : Accompagner les familles en deuil. Bénédiction : reprendre Nombres 6, 24-26