2e dimanche de Pâques

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Notes bibliques 

Actes 3.11-19

Les prédications dans les Actes des Apôtres ne sont pas autant des compte-rendus de ce qu’il a été dit à telle ou telle occasion mais plutôt des prédications « générales », toutes contiennent les mêmes thèmes. Ici l’accent est mis sur le fait que son propre peuple a rejeté Jésus et qu’il accomplit l’attente d’un Messie souffrant. La prédication affirme que c’est la résurrection qui est la preuve que Jésus est le Messie tant attendu.

 

1 Jean 2;1-5,

Les croyants sont « comme » des enfants, mais qui deviendront comme lui. Un changement de vie est l’étape nécessaire d’une relation vivante avec Dieu.

v.4 souligne l’idée juive que le péché était avant tout désobéissance à la Loi. Un thème de cette lettre est le dualisme entre le bien et le mal symbolisé souvent par la lumière et les ténèbres, la vérité et le mensonge, le monde et Dieu. Ici nous sommes au cœur du monde chrétien du premier siècle où les traditions eschatologique juives et les pensées mystiques païennes se rencontrent. Jean montre que Jésus, celui sans péché ou celui qui a obéi, est le seul (v.5) capable d’enlever les péchés du monde.

 

Luc 24.35-48

Luc termine son évangile avec l’apparition de Jésus ressuscité pour « prouver » à ces disciples qu’il était « réel » et non pas un fantôme. Luc insiste sur le fait que Jésus invite ses disciples de le toucher, il mange et il parle. Luc écrit cinq décennies après les événements de la résurrection et il veut faire comprendre la vérité de ce qui s’est passé.

L’Église peut maintenant enseigner que Jésus est le Messie, car cet enseignement vient de sa bouche !

 

« …pour qu’ils comprennent »

 

Activité pour introduire la prédication

Demander à un volontaire de venir devant tout le monde. Donnez-lui une pomme et demandez-lui de croquer dans la pomme, mâcher et avaler le morceau. Maintenant demandez-lui de décrire le goût de cette pomme.

Vous trouverez difficile, sinon impossible de décrire le goût d’une pomme. En effet la seule manière de faire savoir aux autres le goût qu’elle a est de découper la pomme en autant de morceaux que de personnes présentes pour que tout le monde puisse en manger !

 

Prédication

Aujourd’hui, comme dimanche dernier, nos lectures nous racontent la visite du Christ ressuscité aux disciples pour leur montrer les marques de son amour. Il prend le temps de les enseigner, de répéter ce qu’il leur avait dit avant de mourir et puis il « ouvre leur intelligence pour qu’ils comprennent les écritures ».

Voici ce qui est dit dans les livres saints: le Messie va mourir, et le troisième jour, il se releva de la mort. En son nom, voici ce qu’on annoncera à tous les peuples, en commençant par Jérusalem. (Luc 24.46)

…il ouvre leur intelligence pour qu’ils comprennent…

mais pourquoi ne l’a-t-il pas fait avant?

Pourquoi Jésus n’a pas ouvert leur intelligence avant de mourir, pour qu’ils comprennent le sens de sa passion pendant son temps de souffrance, d’abandon et de mort?

 

En arrivant en France (il y  quelques années maintenant) j’ai découvert une différence de détail, mais radicale, dans les approches pédagogiques entre la France et les pays anglo-saxons. En France on explique, puis on fait ou on expérimente. Il faut comprendre d’abord ce que nous allons faire avant de le faire. Tandis que dans les pays anglo-saxons c’est le contraire. On a tendance à faire et puis après on en tire les leçons.

 

Parfois c’est bien plus simple d’expliquer d’abord. Nous avons moins de risque de malentendu, d’erreur et de perte. Surement ça aurait été plus facile si Jésus avait pris le temps nécessaire pour expliquer sa mission, sa mort et sa résurrection avant de monter vers Jérusalem! Ce n’est pas le cas – tout au long des évangiles nous voyons les disciples lents à comprendre, aveugles à la réalité, trébuchant sur le sens d’un mot à tel point que Jésus devait reprendre plusieurs fois son enseignement.

Je crois que c’était impossible pour les disciples de comprendre avant les événements du week-end de Pâques. Rien n’aurait pu les préparer.

Il y a l’histoire d’un explorateur qui revient dans son pays après une longue expédition en Amazonie. Les peuples de chez lui sont avides d’entendre et d’apprendre sur ce fleuve majestueux, sur ce pays avec ces plantes et animaux. Mais comment le décrire? Comment mettre en mots ce qu’il a ressenti, ce qu’il a vu ? Comment décrire les odeurs et les parfums qu’il n’a jamais senti dans sa vie avant ? Comment rendre audible le bruit de la forêt la nuit, le sens du danger qu’il y avait à chaque moment de son séjour ?

L’explorateur fait ce que tout explorateur fait : Il a dit à ses interlocuteurs à la fin de chacune de ses conférences « allez-y vous-mêmes et vivez ce que j’ai vécu ». Et il a dessiné une carte en indiquant la route à prendre, les dangers à éviter et les points importants à ne pas manquer. Il a indiqué également les lieux où il a trouvé refuge, aide et communion avec les populations locales.

Les gens ont pris la carte, ils l’ont mis dans un cadre et accroché sur les murs d’une maison ou d’un musée. Il y en avait qui en faisaient des copies. Après un certain temps ceux qui en ont fait des copies connaissaient la carte si bien qu’ils sont devenus experts de ce fleuve, de la forêt et de la vie là-bas. À tel point qu’ils en parlaient aux autres, leurs enseignaient avec beaucoup de détail tout ce qu’ils « savaient ».

 

Lire les écritures, les étudier, les traduire -nous pouvons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour comprendre le sens de ce qui est écrit dans les textes bibliques, mais si ces récits, ces événements ne deviennent pas notre expérience nous ne sommes pas encore entrés dans le message.

Souvent nous sommes comme les disciples avant la résurrection, nous nous reculons devant les paroles de Jésus:

    • souffrir pour l’amour
    • porter la croix
    • renoncer à la famille pour l’Évangile
    • la nécessité de mourir afin de vivre.

 

Nous sommes plus à l’aise avec d’autres paroles, ce sont celles-ci que nous entendons plus facilement:

    • les pauvres hériteront la terre
    • la gloire éclatera pour les fidèles

 

Mais nous ne pouvons pas entendre une parole sans recevoir l’autre:

    • Nous n’héritons pas la terre sans porter le fardeau des plus faibles
    • Nous n’entrons pas dans le Royaume sans mettre Dieu devant nos propres désirs
    • Nous n’aurons pas la vie sans passer par la mort.

 

Comprendre cela c’est avoir notre intelligence ouverte à la réalité de maintenant et la réalité que Dieu voit déjà dans nos vies. Jésus est le lien qui tient ensemble ces deux facettes de la même réalité de notre existence. Jésus est celui, qui par sa mort et par sa résurrection fait le pont entre la réalité de notre existence ici et maintenant et la vie offerte par Dieu.

Jésus revient pour ouvrir l’intelligence de ses disciples, parce qu’il n’aurait pas pu faire autrement. Avant la résurrection son histoire était incomplète. Les disciples n’auraient pas pu comprendre les écritures avant l’expérience de la résurrection. Nous commençons notre vie de croyant comme ces premiers disciples, nous ne pouvons pas saisir les écritures et voir dans les mots et les phrases, non plus les contradictions et les « erreurs », mais le sens pour notre vie. Nous devons saisir les écritures à travers la résurrection du Christ. Sans vivre la réalité de la résurrection dans nos vies nous sommes comme les gens qui ont assisté aux conférences du savant de l’Amazonie ou ceux qui n’ont pas goûté la pomme… nous savons beaucoup sur lui, sur l’Amazone, nous voyons la couleur et la forme de la pomme mais ce ne sont pas les expériences qui sont entrées en nous. Ce ne sont pas les réalités qui font partie de notre réalité et de notre être.

Jésus revient et rend visite à ses disciples, non pas pour les rassurer ou pour leur donner ses dernières instructions, ou des messages secrets mais pour montrer le chemin pour comprendre. Seulement le Christ ressuscité a le pouvoir de nous indiquer le chemin de la vie, la vie avec lui.

Entre dans la vie du ressuscité et tu comprendras vraiment, tu en vivras et tu en loueras Dieu.