Notes bibliques

Ésaïe 53.10-11
Ce troisième poème du serviteur souffrant fait écho de la vie et la mission de Moïse. Il était par excellence celui qui a donné sa vie pour que les générations futures puissent entrer dans la terre promise. Ce « sacrifice de réparation » résonne aussi avec le texte de l’Évangile et les paroles de Jésus. Il semble que la Bonne Nouvelle du Premier et du Nouveau Testament nous annonce qu’il y a des moments où nous devons capituler devant Dieu, et c’est là où nous trouverons la grâce et la force de Dieu pour nous aider à avancer.

Hébreux 4.14-16
Le grand-prêtre était celui qui passait à travers le voile pour accéder au Saint des saints. Les chrétiens ont un grand-prêtre qui au moment de sa mort a abolit cette séparation. Son sacrifice est bien un et unique, une fois pour toutes.
Le grand-prêtre était séparé du peuple dans sa fonction de sacrificateur, Jésus fait un avec tous dans son œuvre de salut. Le croyant s’attache à lui car c’est uniquement dans sa compagnie que nous trouvons la grâce, le pardon et l’amour de Dieu.

Marc 10.35-45
Le système de sacrifice était central au culte du temple avant sa destruction en 70 av C. En effet la notion de sacrifice est centrale dans la compréhension de toute religion. C’est la clé pour entrer dans le passage de Marc. Le sacrifice, et les sacrifices – une distinction que l’Église n’a pas toujours su faire et expliquer clairement. La croyance perdure qu’une fois le Messie établi dans sa gloire, Jacques et Jean pouvaient attendre des places de privilégiés. Comme c’est souvent la cas avec Jésus, il répond à une question par une question !
C’est intéressant de noter que dans l’Évangile de Matthieu « la faute » est celle de la mère des fils de Zébédée, peut-être pour éloigner les disciples de tout blâme, Jacques devient le premier martyr de l’Église (encore une fois c’est la femme biblique qui induit en erreur les hommes !).

Luke ne fait pas mention de dispute, mais seulement la réponse de Jésus. Ce qui veut dire que la force de ce passage n’est pas tant la question des disciples mais la réponse de Jésus et surtout la dernière phrase v.45 « Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup ».
Pouvons-nous conclure que l’aspect distinctif du sacrifice chrétien n’est pas à offrir quelque chose mais est uniquement une offrande de soi-même? Ici nous rejoignons la théologie où Dieu s’offre lui-même en la personne de son Fils. Une offrande comme modèle et norme de tous nos sacrifices.

Prédication
S’assoir à la droite de Dieu

Que devons-nous penser de Jacques et Jean ? Surtout le jour où ils ont demandé à Jésus de pouvoir s’asseoir l’un à sa droite et l’autre à sa gauche quand il entrera dans sa gloire.
Deux disciples qui ont osé demander ce que les autres n’ont pas pensé ? Deux disciples qui voulaient se mettre en avant. Qui voulaient être plus importants que les autres, atteindre les positions de pouvoir et d’autorité qu’ils pensaient être dans le pouvoir de Jésus à accorder.

Nous savons la réaction de Philippe, Simon, Lévi et les autres disciples quand ils ont entendu la demande. Nous savons qu’ils étaient scandalisés et fâchés avec les fils de Zébédée, ils étaient contrariés que deux d’entre eux pensaient être plus importants que les autres.
Nous avons entendu la réaction de Jésus, sa réponse aux deux disciples et sa réaction aux autres quand il a compris leur ressentiment et leur colère.
Mais ce n’est pas la réponse à la question! Que devons-nous penser de ces deux disciples ?
Est-ce que nous les condamnons pour vouloir prendre les premières places et briguer la gloire ? Est-ce que nous devons les considérer moins importants que les autres disciples, parce qu’ils se pensaient supérieurs ?Est-ce que nous pouvons tout simplement ignorer cet incident, passer aux autres récits et faire en sorte que leur demande n’a pas eu lieu ? Nous pouvons ainsi faire preuve de générosité à leur égard, les considérants comme moins doués que les autres, ayant moins de tact ou de délicatesse. Je pense que nous ferons bien de regarder un peu plus attentivement ces quelques versets car leur audacieuse demande nous rejoint dans notre vie de disciple…peut-être plus que nous aimerions l’admettre.

Nous pouvons commencer en regardant Jacques et Jean comme s’ils étaient nous-mêmes. Et nous devons entendre ce que Jésus leur a dit comme s’il nous parlait à nous.
Bien entendu je ne pense pas que j’imagine pour un seul instant que j’aurais une position élevée au ciel, dans le Royaume de Dieu ! Dieu m’en garde !
Revenons à une réalité plus terre-à-terre, par exemple quand nous sommes engagés dans une discussion politique ou sociale avec nos amis, que nous pensons avoir la solution au problème – pas une minute nous voulons prendre la place du premier ministre ou du président afin de mettre en oeuvre notre idée.
Quand je propose que nous considérons que nous sommes comme Jacques et Jean, vous pouvez penser que c’est un peu trop, que jamais de la vie je serai comme eux.

Jacques et Jean représentent uniquement ceux
qui sont imbus d’eux-mêmes
qui se pensent supérieurs aux autres
qui sont arrogants et pensent qu’ils ont toujours raison.

Peut-être, mais c’est un peu facile de penser comme ça. Comme si les paroles de Jésus dans ce chapitre n’étaient que pour les autres ! Donc entendre comme si nous étions Jacques et Jean c’est entendre les paroles de Jésus comme si elles nous étaient adressées. Et par la suite écouter ce que Jésus a dit aux autres disciples comme si nous étions ces autres disciples aussi.
Étant jeune j’ai fait un nombre de petits boulots, comme vous tous sans doute. Un peu de babysitting, un job d’été de nettoyer la plage, remplacer les ouvriers dans une usine pendant quelques semaines. Tous ces emplois m’ont apporté une vision du monde autre que celle que j’avais à la maison, et en prime un petit salaire qui m’a permis d’acheter ma première mobylette, etc. Mais à aucun moment je pensais faire carrière de babysitter. Puisque je les ai fait, je sais que ces jobs sont importants, que c’est important de les faire, et de les faire bien. Ce ne sont pas les emplois que je choisirai pour mes enfants, je pense qu’ils peuvent faire « mieux que ça ». Je ne serais pas contre le fait que mon fils puisse faire un petit boulot d’été, mais en termes de carrière je l’encouragerais à aspirer à autre chose, tout comme mes parents l’ont fait avec moi. Une phrase me vient à l’esprit que j’ai entendu chez des amis quand les résultats scolaires n’étaient pas brillants : « Tu veux passer ta vie à bosser au Mac-do ? »

Mais quand je mange dans un restaurant j’attends être servi avec politesse et discrétion. Si j’emploie quelqu’un pour tondre ma pelouse je veux qu’elle soit correctement tondue. Je trouve normal que mes poubelles soient vidées correctement, que les bordures de la route soient entretenues et que les plates-bandes dans les parcs et jardins soient fleuries. Je veux que quelqu’un s’occupe de mon environnement et que ça soit fait d’une manière professionnelle. En plus, je veux qu’on me respecte et qu’on écoute mes opinions sans nécessairement être d’accord avec moi – et je pense que nous sommes tous comme ça.

Je sais que ces souhaits ne sont pas mauvais, qu’il n’y a rien de mal en ce que j’attends de la vie en communauté. Je sais aussi que poussés à l’extrême ces désirs et besoins peuvent engendrer: insensibilité, insolence, arrogance et finalement tyrannie.
Donc comme Jacques et Jean, et les autres disciples, je sais que quand je commence à penser comme eux j’ai besoin de l’aide. Au plus profond de moi-même je ne veux pas être premier ministre ou dominer comme un seigneur, mais il y a une part en moi qui veut toujours plus que ce que je suis prêt à offrir. J’ai besoin de l’aide pour savoir que si je laisse ce germe prend racine en moi il peut à la fin prendre le contrôle de ma vie.

Ce germe est la part de Jacques et Jean dans ma vie. La part qui préfère être servie plutôt que de servir.
Celui qui est à la droite et à la gauche de Dieu n’est autre que celui qui est venu en serviteur. Il est là précisément parce qu’il s’est donné totalement, parce qu’il a servi Dieu et nous-mêmes de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force.
Il est venu en pauvreté à Bethléem, il est entré en gloire à Jérusalem sur un âne. Il est allé chercher ceux et celles qui étaient malades, mêmes des lépreux et quand la foule voulait faire de lui leur roi, il est parti chercher la solitude. Il s’est abaissé pour laver les pieds de ses disciples, et il a accepté sa mort sur une croix. Entendre les paroles de Jésus ce jour-là en chemin vers Jérusalem avec tous ses disciples, c’est comprendre qui il est. 
Quand je dis que parfois j’ai besoin de l’aide, c’est de cet aide dont je pense.
Quand je parle avec mes enfants, quand je juge ce qui est juste et bon, quand je considère quelles sont les activités qui ne sont pas dignes de moi ou de mes enfants, quand je pense aux insultes et reproches qu’on me lance, et quels sont les germes que je dois arroser dans ma vie… je pense à Jacques et à Jean.
Et puis je pense que ces deux-là étaient parmi les douze, choisis par Jésus. Que Jésus les a servis et qu’il est mort pour eux.
Notre récompense se trouve bien dans le ciel. Nous ne savons pas la forme ni l’aspect de cette récompense mais nous croyons que toute la gloire que nous pouvons avoir ici-bas n’est rien en comparaison de la joie de notre Père de nous recevoir dans ses bras.