Notes bibliques

Proverbes : La sagesse est un bon acquis.
Notes :
Verset 3 : « j’étais un fils pour mon père » (Segond) et «bon » fils   ( TOB et PAROLE DE VIE )
Littéralement, c’est le mot fils qui est dans le texte hébreu. Il faut l’expliciter et préciser ««bon fils » ou «disciple assidu et fidèle »
Versets 5 et 7 : le mot «acquiers » est employé 2 fois au verset 5 et 3 fois au verset 7. Ce mot signifie soit une acquisition, soit possession par suite d’une acquisition de quelque ordre que ce soit.
Le texte suggère l’idée d’un achat à grand prix. Il peut résumer ces 9 versets (voir le titre )
Versets 8 et 9 : La sagesse doit être aimée d’amour, comme on aime une personne ; Il y a là une personnalisation de la sagesse.

Commentaire : Si, dans les Proverbes Dieu ne parle pas, (le verbe »Dabar » n’est pas employé pour Dieu, sauf au chapitre 30/ versets 5 et 6 – encore qu’il ne s’agit pas de YHWH mais d’un » Eloha = divinité » – la Sagesse, sa première créature, elle, parle en son nom et indique le chemin qui mène à la vie. Il est donc important pour le fidèle d’acquérir cette sagesse, qui est une personne vivante. Elle pourrait être comparée à la Thora, dans une vision vétéro-testamentaire plus classique, ou à Jésus Christ dans une optique néo-testamentaire.

Hébreux 12, v. 18 à 24a :
Ce passage est la conclusion théologique de l’épître aux Hébreux. En effet, le dernier chapitre (13 ) sera consacré à des exhortations diverses et il constitue une sorte d’appendice.
En un raccourci saisissant, l’auteur rappelle l’essentiel de son message qu’il a développé tout au cours de sa lettre :  «Dieu nous parle par son Fils«. Ici, une dernière fois, en un contraste saisissant, il oppose la Parole dite autrefois à celle qui fut dite dans les derniers jours. Il oppose la terreur de l’Ancienne Alliance à la Grâce de la Nouvelle.
Dans notre passage, il commence par décrire la scène du Sinaï au moment de la promulgation de la Loi. Les prodiges (feu, bruit, obscurité, etc.… ) étaient, pour le peuple, des signes célestes qui attestaient la présence de Dieu. Mais pour celui qui s’est approché du Seigneur dans la Nouvelle Alliance, la manifestation du Sinaï apparaît comme quelque chose de terrestre et de matériel et surtout de terrifiant. Et la Voix qui s’y est fait entendre, parce qu’elle est Parole de la Sainteté est encore plus terrible que tous les phénomènes naturels la précédant. Aussi, devant la Montagne Sainte, le peuple recule d’effroi et Moïse lui-même est saisi d’épouvante.
Par contre, Dieu dont nous nous sommes approchés par le Fils, ne nous a pas parlé d’une montagne tonnante et fumante, mais de celle de Sion, qui est la cité du Dieu Vivant, la Jérusalem céleste. Par ces mots, l’auteur oppose au théâtre terrestre et occasionnel de l’apparition de Dieu, sa résidence céleste et permanente. La capitale terrestre, avec sa colline sainte est l’image prophétique des lieux célestes, demeure de Dieu et de son Peuple. Là se trouvent des myriades d’anges, unis à l’Église des «premiers nés » de l’Ancienne comme de la Nouvelle Alliance. C’est parce qu’ils sont des Justes, grâce à la sanctification opérée pour ceux qui sont en Jésus Christ, qu’ils peuvent se tenir en la sainte présence de Dieu. Là se trouve aussi Jésus, celui par qui il est possible de s’approcher de Dieu sans trembler. Le sang versé par lui, loin de crier vengeance comme celui d’Abel, proclame l’immensité infinie de la grâce divine.

Luc :
Verset 1 : Luc est le seul, chez évangélises à montrer les pharisiens assez favorables à Jésus pour l’inviter à leur table (aussi en 7/36 et 11/37 )  et même le prévenir de la menace d’Hérode (13/31 ) ; Il est sur ce point sans doute plus près de la réalité historique que Marc et surtout Mathieu, pour qui les pharisiens sont systématiquement les adversaires de Jésus. Le jugement plus nuancé de Luc peut être dû à l’influence de Paul qui est resté fier d’avoir été un pharisien.
Verset 7 : Le mot «parabole » que l’on trouve chez SEGOND, la TOB et la Bible de Jérusalem a son sens biblique de «sentence, sagesse». À première vue, Jésus donne aux versets 8 à 10 une leçon d’habilité sociale, comparable à Proverbes 25/67. Mais son conseil s’achève au verset 11 par une leçon d’humilité qui s’oppose aux prétentions hiérarchiques du monde juif de l’époque.
Verset 11 : cette sentence qui s’inspire d’Ézéchiel 21/31, condamne l’orgueilleuse assurance des pharisiens (cf. 16/15 ) qui sera repris en 18/14.
Verset 12 : le contexte du repas évoque l’invitation. Jésus en tire un appel à la générosité envers les pauvres et le désintéressement.
Verset 13 le conseil de Jésus va à l’encontre de tous les usages habituels. Tous les malheureux énumérés ici sont des types de pauvres.  
Verset 14 : «  Tu seras heureux » Jésus formule une béatitude pour ceux qui sont désintéressés.
« La résurrection des justes » :  en s’appuyant sur ce texte et sur 20/35, plusieurs ont pensé que Luc n’admettait pas de résurrection pour les pécheurs. Mais Luc annonce en Actes 24/15 une résurrection des justes et des pécheurs. Ses expressions ici et en 20 /35 s’expliquent par le fait que seuls les justes parviennent à la vie véritable.

Commentaire : Le repas en commun est toujours, dans l’Ancien Orient, l’expression de la communion la plus intime. L’amitié que le Seigneur a conclue avec nous est telle qu’Il nous donne accès à sa propre table où le repas est servi à notre intention. C’est là pour le Nouveau Testament l’expression la plus complète de la Grâce. Apparemment il s’agit de règles de bonne conduite et d’entraide. En réalité, le discours de Jésus est étroitement lié à cette future commensalité dans le Royaume de Dieu. Au cours du repas, Jésus fait une remarque en voyant que les convives choisissent les meilleures places. Ces hommes pieux, qui se nomment les «séparés » obéissent pourtant aux commandement de ce monde, étant possédés comme tous les autres par la convoitise de la première place. Le verset 11 nous précise que l’hôte qui reçoit Jésus n’est pas n’importe qui. De même qu’ils sont tous conviés dans sa demeure par un notable pharisien pour le repas du sabbat, de même ils doivent tous se considérer comme les invités de Dieu. La folle poursuite de la gloire n’est pas seulement condamnée par la bonne conduite et la morale, elle trahit surtout un désordre dans nos relations avec Dieu.
On est un homme du Monde tant que l’affection dépend des qualités que l’autre possède à nos yeux ou de l’enrichissement que l’on attend de Lui. . On est un homme du Royaume de Dieu quand on cesse de faire ces calculs de réciprocité qui commande toutes les relations mondaines.

Bibliographie :
BIBLE – versions SEGOND – TOB, Jérusalem, Parole de Vie
André LELIEVRE, « la Sagesse des Proverbes »
Jean Samuel JAVET, « Dieu nous parla » – Commentaire de l’Épître aux Hébreux
H. GOLLWITZER, «  La joie de Dieu » – Commentaire de l’Évangile de LUC

 

QUELQUES PISTES pour de possibles prédications
Quelle est l’unité de ces 3 textes ? On pourrait dire que le fil rouge qui réunit ces textes, c’est l’idée que la Parole du Dieu Vivant se manifeste de différentes manières. Soit par l’écoute et l’acquisition d’une Sagesse Vivante ( Proverbes), soit par une libre et intelligente obéissance à la Loi divine, non prisonnière de dogmes ou de traditions religieuses ( Hébreux ), soit enfin par l’humilité et l’attention aux autres dont l’exemple parfait est la Vie du Christ ( Luc ). IL s’agit d’aimer ( Proverbes ), sans crainte ( Hébreux ), comme Jésus a aimé l’Humanité. en général et dans bien des situations particulières ( Luc ). Les trois textes nous exhortent à ne pas nous laisser enfermer dans des «idolâtries » ( déifier la sagesse humaine( Proverbes ) – les lois religieuses devenues obsolètes ( Hébreux ) – la Morale et les bonnes manières ( Luc )).
A partir du texte des Proverbes, se demander quelle est la vraie sagesse que nous enseigne le Christ dans l’Évangile de Luc ? Pour cela, on peut raconter de manière vivante la différence entre le Paradis et l’Enfer, d’après un texte rabbinique. L’enfer serait comme un banquet où il y a de nombreuses nourritures, posées au centre d’une immense table. Mais les bras des convives sont trop courts pour saisir la nourriture, les cuillères que les gens possèdent ont des manches infiniment plus longs que les bras, et l’on ne peut prendre la nourriture avec la main, parce trop chaude. Du coup les invités meurent de faim malgré les efforts de chacun pour atteindre individuellement les plats pourtant très abondants. Le Paradis serait aussi comme un banquet, avec une situation identique, à ceci près que, au lieu de penser seulement à soi, chacun nourrirait solidairement, à la cuillère, celui qui est en face de lui. Tous mangeraient à leur faim. La sagesse donnée par Dieu et que nous exhorte le Christ à avoir dans ce récit de repas n’est –elle pas de tenir compte des autres autant que de soi ?
En essayant de suivre les recommandations de Jésus dans le texte de Luc, et en mettant à la dernière place, ne découvre-t-on pas que cette dernière place est déjà prise par le Christ ? Ce récit n’est – il pas une annonce de ce que fera le Christ au moment de sa Passion : prendre la dernière place sur la croix, être abaissé dans le tombeau afin que SON Père lui dise ensuite «  « Monte plus haut en ressuscitant » ?

 

Prédication

La lecture de la Bible me gêne parfois : Soit je ne comprends pas tel ou tel passage, rendu obscur par les siècles qui séparent le moment où il a été écrit du moment où je le lis. Soit je peux être choqué par tel ou tel récit décrivant ce qui me semble des horreurs, ou recommandant des actions qui me heurtent.

Par exemple, dans l’Évangile proposé aujourd’hui à notre réflexion, le conseil que le Christ donne peut nous surprendre et nous étonner. C’est quand il voit que tous les invités d’un responsable religieux de son temps veulent prendre les premières places. À ces hommes qui ont soif d’honneur, Jésus semble recommander une fausse humilité, une sorte de calcul savant et astucieux pour être sûr, non seulement d’avoir la première place, mais de l’avoir avec beaucoup d’honneurs et de vanité. En effet, quelle est cette «combine» (comme on peut dire familièrement ) que de faire semblant de choisir la dernière place pour être assuré d’être d’abord remarqué par cette modestie apparente, et surtout de se retrouver à une place plus conforme à son rang ou à ses capacités. Où est l’Évangile dans tout cela ? Où est le salut, la libération, le service des autres ?

Ceux d’entre nous qui ont fait un séjour en Nouvelle Calédonie ont pu connaître un étonnement un peu semblable. Là-bas, quand, au cours d’une célébration ou d’une rencontre, une chorale canaque est invitée à se lever et à venir chanter devant tout le monde, il se passe un certain temps, pour ne pas dire un temps certain, avant que les membres de la chorale consentent à se lever et à venir se mettre en place. Dans ce cas-là, les bons occidentaux que nous sommes, pour qui le temps compte, et si plus est, nous sommes assis inconfortablement sur un siège de fortune, ou sur le sable, cela peut nous énerver. On pense alors «qu’ils sont longs ! Quelle lenteur ! «
Mais ceux qui sont plus au fait de la coutume mélanésienne savent que, à l’appel de la chorale, comme les chanteurs ne sont pas forcément les mêmes d’une fois sur l’autre, chacun doit d’abord regarder qui est là, observer quel est le rang coutumier de tel ou tel, et ne se lever que dans un ordre bien précis. Ceci, non par orgueil, mais au contraire par humilité et par respect pour les plus anciens. Qu’importe alors si on perd un peu de temps. Ce qui compte, c’est que le groupe ne soit pas troublé, et chacun soit reconnu à sa vraie place.

Et c’est peut-être cela que, entre autres, le Christ a voulu dire, quand il a donné ce conseil à ses auditeurs d’y a 20 siècles, et qu’il veut nous dire, nous qui voulons être aujourd’hui ses disciples. Non, ce n’est pas une combine plus moins astucieuse pour être bien placé, une politesse plus ou moins hypocrite. Il a rappelé et rappelle que, dans l’Église et dans le Monde, il s’agit de ne pas penser seulement à soi, mais aussi aux autres, de tenir compte des autres.

Pour les pharisiens, le maître de la maison et ses invités, cela voulait dire : « Ne pensez pas dans votre orgueil de gens religieux, parvenus à un certain degré de perfection, que chacun de vous est « à part». (car c’est ce que veut dire le mot «pharisien» ) et qu’il doit être bien placé. Vous êtes certes invités, mais pensez que dans l’assistance, il y a sans doute des gens plus honorables que vous. Quand vous entrez dans la salle, ne vous précipitez pas pour avoir une bonne place. Prenez le temps de regarder les autres, de les saluer, prenez un peu de recul. Et pour avoir du recul, il vaut mieux être au fond de la salle, à la dernière place ; Si vous faites attention à vos frères, vous avez des chances qu’on fasse aussi attention à vous, on sera attentif à votre bien être, à votre accueil, et finalement, vous serez heureux du bonheur des autres. «

Ce récit peut aussi nous parler. Bien sûr, la plupart d’entre-nous ne sont pas esclaves d’un protocole rigide. Et nous savons que les premières places ne sont pas forcément les meilleures. Il vaut mieux parfois être dans l’ombre, comme une éminence grise, efficace et bénéficiant du pouvoir réel, loin des feux des projecteurs, plutôt que de trôner aux places d’apparat, et ne plus avoir de vie privée.
Et la plus part d’entre nous sont des personnes de condition modeste, sans ambition, vivant tranquillement là où le Seigneur nous a appelé. Mais en ces temps de rencontre qu’ont été les vacances, ou en ces temps de rentrée scolaire ou ecclésiale, quand nous allons découvrir de nouvelles figures dans les différents milieux que nous fréquentons, peut-être que ce conseil du Christ pourra nous aider à mieux vivre en ces temps ou chacun, trop souvent, cherche à se faire une place au mépris des autres.

Un simple exemple : pensons à la difficulté de faire «son trou» comme on dit familièrement, quand on arrive dans un lieu peu connu, dans une nouvelle équipe de travail, dans un groupe déjà constitué. Il n’est jamais facile de s’intégrer. Plusieurs attitudes sont possibles : Il y a celui qui ne fera pas l’effort d’aller vers les autres, et dira, dès le départ « Ils ne sont pas accueillants !». Il y a celui qui, au contraire, foncera et se présentera avec beaucoup d’assurance, en tentant d’imposer sa présence, ignorant la grande loi sociologique qui fait que tout groupe humain déjà constitué a tendance à rejeter tout nouveau, surtout s’il s’impose avec ce que le groupe prend pour de l’arrogance.
Enfin il y a celui qui ira vers les autres, avec tact et discrétion, qui saura écouter, qui ne monopolisera pas la parole, et finalement se fera accepter sans problème, en trouvant sa place tout naturellement.

Ce fut l’attitude de Jésus de Nazareth. Tout au long de sa vie, il fut présent, discret, efficace. De plus, par sa mort sur la croix, il a pris volontairement la dernière place, celle d’un esclave. Et le Christ, de nos jours, bien que vivant, ne se révèle que dans la Foi. Il ne s’impose pas. C’est à chacun de nous de le découvrir et de lui dire ce que le maître de la maison dit dans le passage biblique du jour : « Ami, monte plus haut, prend la première place… dans mon cœur. «

AMEN