Dimanche des rameaux

Notes bibliques

Luc 19

Verset 28 – L’Entrée à Jérusalem ouvre une période marquée par l’enseignement de Jésus dans le temple.
La structure de Luc est très proche à celle de Marc et de Matthieu, dans laquelle le ministère de Jésus est divisé en une période galiléenne et une période judéenne. Il développe longuement la narration du voyage final de Jésus à Jérusalem.

Verset 30 et 33 – Luc, lui plus que les autres, va insister sur le caractère royal et pacifique de l’événement, tout d’abord en rappelant que celui qui traverse Jérusalem est le vrai Seigneur. Alors que les propriétaires de cette terre ou les animaux qui l’habitent ne sont que des petits seigneurs.
Ayant manifesté sa royale victoire sur la mort à Jérusalem, lieu de l’accomplissement du salut, c’est vers Béthanie, que Jésus, fera sa « sortie » et se séparera des disciples(cf. actes 1,12).

A la fin de la séquence 26 (d’après Ch. L’Eplattenier, Lecture de l’évangile de Luc), Luc notera également que Jésus passait ses nuits « sur le mont des oliviers » (21,37) et c’est là qu’avant d’être souverainement élevé, il connaîtra la tentation d’échapper au dernier abaissement (22,31)
Le récit de l’Entrée à Jérusalem présente des omissions et des adjonctions caractéristiques par rapport aux parallèles des trois autres Évangiles.
Notons aussi que la version de Luc introduit quelques allusions au sacre de Salomon dont le nom signifie « Pacifique » raconté en 1 Rois, 33-40 : On fait monter Jésus sur l’ânon, le trajet est une « descente » du mont des oliviers et surtout on salue Jésus comme « Roi » dont l’entrée dans la ville est une occasion de grande allégresse.

Le verset 31 – bref et contradictoire en apparence « Le Seigneur en a besoin » nous montre toute la miséricorde de ce nouveau et vrai Seigneur, il accepte d’avoir besoin des hommes et de ce qu’ils ont. (On retrouve le texte de Philippiens 2)

Les versets 37 à 40 – sont particulièrement porteurs de l’originalité de Luc et de son souci de cohérence globale.
On sait que les pharisiens vont protester sans doute au nom de la gloire qui revient à Dieu, gloire dont ils se croient les défenseurs. (verset 39)
On remarque aussi que Luc ne laisse pas imaginer un immense succès populaire de Jésus auprès des Foules Jérusalémites.

Le Verset 40 – nous montre que la réponse de Jésus aux comportements de la scène du verset 39 n’est pas si obscure, ni négative. Les chefs spirituels qui enseignent dans la ville sainte, les pharisiens, s’indignent de ces acclamations d’allure messianique. Ils demandent à Jésus de réprimander ses disciples. Sa réplique est ambiguë. Elle semble vouloir dire que la joyeuse annonce prochaine par les disciples ne saurait être étouffée par les répressions et triompher quoi qu’il advienne.

Luc écrit après 70, on peut aussi penser que certains voient dans ces pierres celles du Temple détruit qui crieront la gloire manquée du chef, auquel s’adressaient les pharisiens.

 

Prédication

Même si Philippiens 2, 6 à 11 est le texte le plus riche théologiquement, on choisira pour ce jour des Rameaux, Luc 19, 28 à 40.
C’est l’occasion de se rappeler aussi les résonances de l’Ancien Testament, dans ce texte.
David entrant dans Jérusalem, le retour de l’Arche etc. …
On n’oubliera pas non plus combien cette fête des Rameaux montre que Jésus accepte l’hommage de ceux qui le fêtent mal et qui, déjà, ne savent pas ce qu’ils font.

Deux remarques s’imposent :
1° – Pourquoi cette venue à Jérusalem ?
2° – Le comportement des gens. Et la réponse de Jésus.

Première remarque
Qu’est-ce que peut avoir à nous dire ce vieux récit concernant l’Entrée de Jésus à Jérusalem ?
Mais puisque nous lisons les Évangiles avec l’Espoir d’entendre une parole autre que nos propres paroles, avec le projet de discerner une parole porteuse d’un Évangile qui nous est adressé, il va nous falloir chercher cette parole autre à travers ce bref récit, quitte à accepter pour commencer un certain dépaysement.
Luc, lui plus que les autres, va insister sur le caractère royal et pacifique de l’événement, tout d’abord en rappelant que celui qui traverse Jérusalem est le vrai Seigneur.
De toutes les fêtes chrétiennes, la fête des Rameaux est, sans doute, la plus ambiguë.
Noël rappelle sans équivoque la naissance du Christ, le Vendredi Saint et Pâques sa mort et sa résurrection. Pentecôte la venue du Saint Esprit.

Mais les Rameaux ?

L’entrée de Jésus à Jérusalem ! Est-on tenté de répondre.
Bien sûr, mais pourquoi Jésus va-t-il à Jérusalem, et pourquoi y entre-t-il de cette manière ?C’est ici que la réponse devient plus difficile. Car plusieurs explications sont possibles.

On peut dire :
– pour y célébrer la Pâque juive, comme la quasi-totalité des Juifs ;
– pour y commémorer, selon l’ordre de la loi, la sortie d’Égypte suivant un rite qui se perpétue de génération en génération.

Mais on peut aussi dire, d’après le texte de l’Évangile, que Jésus est venu à Jérusalem pour y être proclamé « Roi ».
Et c’est ainsi que le comprennent tous ceux qui agitent des branchages et étendent leurs vêtements en criant : « Béni soit le roi, celui qui vient au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel, Et gloire dans les lieux très hauts »

Jésus, d’ailleurs, a conforté cette interprétation en descendant solennellement, en cortège, du mont des oliviers.
Dans toutes les mémoires juives il y a la prophétie de Zacharie qui mentionne le mont des oliviers (14/4).
On se souvient aussi de cette autre prophétie de Zacharie 9/9 qui annonce comment le Messie entrera dans Jérusalem. « voici ton Roi vient à toi ».
Mais nous ne pouvons oublier, pour peu que nous connaissions l’Évangile, que Jésus, au moment de se mettre en route vers Jérusalem, annonce très clairement ce qui va s’y passer. C’est donc, d’une façon consciente, vers sa passion et vers sa mort que le Christ avance. C’est à ce qu’il va être obligé de subir qu’il doit penser quand il envoie chercher l’ânon pour s’asseoir dessus, quand il entend et encourage les cris de ses compagnons

Ce qui nous amène à notre deuxième remarque

Comment, alors, comprendre la mise en scène qu’il a organisée et les encouragements qu’il donne à l’enthousiasme de la Foule ?
« S’ils se taisent, les pierres crieront », répond-il aux pharisiens qui lui demandent de faire taire ses disciples.
En entrant dans Jérusalem d’une manière ostensible, et même un peu tapageuse, Jésus écarte donc le risque que l’on puisse penser que son arrestation est due à son imprudence, ou qu’il s’est laissé prendre au piège.

Il en fera d’ailleurs la remarque plus loin à ceux qui viendront l’arrêter quelques temps après : Pourquoi venir la nuit alors que j’étais tous les jours avec vous. De plus s’il accepte, maintenant, ce qu’il avait toujours refusé : qu’on l’acclame comme « Messie », c’est afin qu’il n’y ait pas, au moment de son exécution, de confusion possible : celui qui a été cloué sur la croix est bien le fis de Dieu, celui qu’avaient annoncé et attendu les prophètes.
Mais alors les Rameaux ?
Peut-être le moment le plus émouvant de la vie du Christ où il nous dit, tout à la fois, comme lors du lavement des pieds, qu’il est le Seigneur et que c’est comme Seigneur que nous devons l’honorer, mais que c’est en se donnant que l’on fait jaillir la vie.

Amen