Reprise
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Le texte peut se découper en 4 parties :
- v. 38 : L’accueil de Jésus
- vv. 39 à 40a : Marie aux pieds de Jésus
- v. 40b Marthe se plaint de Marie
- vv. 41 à 42 : la bonne part
Tout au long de ces 5 versets il y a une opposition entre Marthe et Marie :- c’est Marie à qui Jésus dit qu’elle a choisi la bonne part et curieusement c’est Marthe qui a invité Jésus et qui l’a accueilli (v.39). C’est d’autant plus étonnant que dans la société juive de l’époque ce n’était pas la règle que cela se passe ainsi.
Marthe fait un acte provocateur. Mais il ne va pas aller plus loin, elle va revenir à une place plus habituelle pour une femme de son temps : s’occuper des affaires de la maison.- de même pas plus que Marthe n’aurait dû inviter et accueillir Jésus, pas plus Marie n’aurait dû rester à écouter Jésus sans rien faire. Elle aurait dû être active comme sa sœur. Marie a une attitude de disciple, que seul un homme pouvait avoir. – Marthe parle, alors que Marie se tait et écoute. D’ailleurs pour se plaindre de sa sœur, Marthe ne s’adresse pas à elle, mais à Jésus.Jésus est interpellé par Marthe sur l’attitude de sa sœur et a une réponse pleine d’affection pour elle. En disant deux fois son nom (Marthe, Marthe, v. 41), il ne la remet pas en place, en la méprisant pour ce qu’elle fait. Jésus lui dit la nécessité de choisir la bonne part, à l’image de sa sœur Marie.
– Un texte spécial pour les personnes engagées dans notre genre. Vous savez ceux qui sont sur tous les fronts : CP, C paroisse, commissions de travail et autres équipes d’animation. Sans compter les CA de toutes ces œuvres protestantes qu’il faut continuer à faire vivre…
L’histoire de Marthe, c’est la nôtre. Parce que oui, nous sommes de ceux qui s’inquiètent et qui s’agitent pour beaucoup de choses. Et comment en serait-il autrement ? Le travail ne va pas se faire tout seul, et si l’on veut que les dossiers avancent, il faut bien que certains aillent au charbon.
La part de Marie est peut-être la meilleure, mais pas la plus efficace. Hein, qui va faire le bulletin de la paroisse, organiser le prochain repas, préparer la prochaine réunion, si ce n’est pas nous ? – D’ailleurs, s’il n’y avait pas Marthe, il n’y aurait pas non plus de récit. C’est grâce à Marthe que l’Évangile est partagé ce jour-là. Grâce à Marthe que Jésus s’arrête ce jour-là pour prêcher (c’est elle qui le reçoit). Grâce à Marthe il y a prédication : c’est elle qui questionne, conteste, interpelle, alors que Marie est un personnage bien muet. Et ce jour-là justement, Marthe en a ras-le-bol. D’avoir un agenda surchargé et de passer son temps à courir. De toujours devoir jongler entre l’extrêmement urgent et le super urgent sans qu’il y ait de place pour le quotidien normal.
Marthe aussi aimerait bien s’asseoir et prendre le temps de boire le café avec son invité ! Ben oui, tout le monde a le droit d’en avoir ras-le-bol et de le montrer. Qui sait, on attend même souvent que cela suscite des vocations dans l’entourage… Et si je me mettais en grève, tiens ? Ah ah, ils seraient bien obligés les autres (que je soupçonne toujours d’être des Marie) de le faire ce bulletin ou ce repas !!! En tout cas, c’est dans ce sens-là que Marthe aimerait bien être reconnue et soutenue par Jésus. Qu’il reconnaisse sa fatigue et qu’il suscite de l’aide. Oui, ce jour-là, c’est ce ras-le-bol qui a besoin d’être rencontré par une bonne nouvelle.
– Le seul problème, c’est que Marthe, fidèle à elle-même, a déjà décidé quelle serait cette bonne nouvelle : que Marie l’aide. Et c’est là que Jésus l’attend au tournant : non seulement il ne répond pas à son attente, mais en plus il retourne le couteau dans la plaie : c’est Marie qui a choisi la meilleure part. Alors celle-là, c’est la meilleure ! C’est le cas de le dire !!! C’est quoi cette « meilleure part » qui ne produit aucune action, aucun engagement ? C’est quoi, cette foi béate (Marie était peut-être mystique… quelle horreur !) montrée en exemple alors qu’elle ne passe pas la rampe de ses effets pratiques ? Nous, on est pragmatique, hein, on reconnaît l’arbre à ses fruits et le croyant à ses engagements. S’il vous plaît, à d’autres le coup de la meilleure part. Et si nous sommes si soucieux de témoigner de cet Évangile qui nous fait vivre, c’est bien pour montrer son importance dans nos existences, non ? D’ailleurs, on a bien vu ce que cela a donné, toutes ces générations de parpaillots qui se complaisaient dans le témoignage implicite… Pas grand chose sur les générations suivantes ! Il n’y a qu’à voir, les protestants on les cherche aujourd’hui.. Surtout ceux qui pourraient s’engager…
– Alors quelle est cette « meilleure part » qui est la bonne nouvelle attendue ? Eh bien la meilleure part, c’est qu’au lieu de passer son temps à travailler, Jésus permet à Marthe de commencer à se laisser travailler par sa Parole.
Non plus faire, mais se laisser faire. Non plus avoir le souci des autres, mais accepter qu’un autre ait le souci d’elle.
Parce que ce jour-là, c’est bien avec Marthe que Jésus prend le temps de discuter. « Marthe, tu t’agites et tu t’inquiètes, je l’ai bien compris. Il n’y a qu’une seule chose qui puisse apaiser ton inquiétude et ton agitation : laisse le Seigneur se faire ton prochain, s’occuper de toi, et justifier une vie que ni ton souci, ni ton agitation ne sauveront du dérisoire ou de l’absurde. Cesse de croire que le salut de ton monde est au bout de ton balai. Cesse de croire que le salut de ta paroisse se trouvera dans les activités que tu porteras à bout de bras. Marthe… tu ne pourras partager que ce que tu auras reçu. Et la seule chose inépuisable qui t’es donnée est l’amour et l’attention de ton Seigneur pour toi. » – Témoigner de la « meilleure part », de l’Évangile, c’est peut-être parfois pas tant agir pour « boucher les trous » que de baisser les bras pour reconnaître notre faiblesse et notre lassitude. Laisser le trou remonter à la surface, y compris de nos vies d’Église, pour que le Christ lui-même puisse nous y rejoindre. Aujourd’hui le pasteur n’est pas là. Il n’est pas en grève, il n’est pas non plus terrassé par une quelconque maladie qui aurait tiré le signal d’alarme de son épuisement. Mais il avait besoin de temps pour préparer sa prochaine prédication. Aujourd’hui, le conseil ne traitera pas tous les points à l’ordre du jour, et Mme Michu qui attend depuis des mois la décision de la nouvelle clé attendra un mois de plus. Mais on a pris le temps de parler ensemble de nos lassitudes et de nos attentes. Parce que c’est là que Jésus nous attend. Et si parfois, l’action la plus appropriée était justement de s’arrêter d’agir pour re découvrir la grâce. Re découvrir la légèreté et la joie qu’avait fait fuir la certitude des obligations.
Propositions de cantiques
- Ps 42, Alléluia 42A « Comme un cerf altéré »
- AEC 509, NCTC 215, Alléluia 35-06 « Viens, Saint-Esprit »
- AEC 181, Alléluia 14-09 « Cherchez d’abord »
Thématique : Service
Marthe/Marie/La bonne part