Textes : Ps 30 Ézéchiel 18, v. 21 à 322 Corinthiens 8, v. 7 à 15 Marc 5, v. 21 à 43Pasteur Jean-Pierre SternbergerTélécharger le document au complet

Notes bibliques

– VALETTE Jean, L’évangile de Marc Parole de puissance message de vie, Les Bergers et les Mages, tome 1, (Paris, 1986) – SCHELL Suzanne, “ Du sang perdu à la parole perdue ”, in Bulletin du Centre Protestant d’Études, 1-2/1987, p. 17-21 – LEONARD Philippe, « Évangile de Jésus-Christ selon Saint Marc », Cahier Évangile, 133/2005 Mc 5, 21-43 est un récit hors du commun. Une guérison vient y prendre place au sein d’un autre récit de guérison. Luc se servira de ce matériel pour relater la première des résurrections qu’il attribue à Jésus (la seconde étant celle du fils de la veuve de Naïm Lc 7, 11-17), lesquelles correspondent d’une part aux deux résurrections opérées par Élie et Élisée : le fils de la veuve de Sarepta en 1 R 17, 21-24 et le fils de la Shunamite (2 R 4, 21-37, Shunem = Naïm) et d’autre part aux deux résurrections attribuées à Pierre (Tabitha) et à Paul (l’homme tombé de la fenêtre) dans les Actes. Marc ignore ce schéma. Il insiste sur les questions de l’urgence du salut (Jésus comme S.A.M.U. du salut) et de la concurrence des souffrances ; Jésus perd son temps avec une femme déjà guérie quand il pourrait courir au chevet d’une enfant encore en vie ! Mais Jésus n’est pas une machine à guérir et les deux victimes s’avèrent être dans des situations de solidarité bien plus que de concurrence. v. 21 Jésus arrive sur la rive ouest du lac. Cette notification répond à celle de 5,1 quand Jésus arrive sur la rive est, païenne, du lac (cf. Mt 4,15-16) v. 22 Jaïros (Jaïrus ou Jaïre dans certaines traductions) est le seul personnage présenté nominativement dans le récit. Son nom correspond à l’hébreu Yaïr qui désigne un juge originaire de Galaad qui dirigea Israël pendant 22 ans eut 30 fils selon Jg 10, 3-4. Ce nom d’un personnage respectable convient assez bien au responsable évoqué en Mc 5 même si ici ce n’est pas d’un de ses fils dont il est question mais de sa fille. Comme son homonyme le chef de la synagogue pouvait également être originaire de Transjordanie toute proche. Mt 9,18-26 voit en lui un « chef » (arcôn). Or ce notable portant un nom de notable vient tomber ainsi aux pieds de Jésus. v. 23 construction étrange = « disant :  »ma fille est à sa fin » afin que… » (fin de l’histoire ??) v. 24  »sunthlibon » : se retrouve en 24 et 31 comme le verbe de la foule qui (op)presse Jésus. Ici le sujet n’est pas évident : « il partit avec lui, une grande foule l’accompagnait et le pressait ». De qui est-ce l’histoire : de Jésus (accompagné de Jaïros) ou de Jaïros. On peut aussi se demander qui la foule accompagne-t-elle : suit-elle le prophète ou le responsable de la synagogue ? Qui des deux attire les gens ? Le texte ne répond pas laissant entendre que c’est aussi le fait que pour une fois Jésus est sollicité par une autorité religieuse qui suscite la curiosité. v. 25 la femme est décrite comme « étant dans une perte de sang » le mot traduit par  »perte » signifie aussi écoulement, règle, et délivrance (2 Co.1.11) la femme souffre depuis 12 ans entre les mains de nombreux médecins. C’est l’âge de la jeune fille qui va mourir (v. 42). Le chiffre 12 peut renvoyer soit au temps (12 heures de jour, 12 mois de l’année) soit à Israël et aux 12 tribus. 12 ans, c’est aussi pour la jeune fille le temps des premières règles qui la rendent impure 12 fois par an comme est impure la femme atteinte d’une perte de sang depuis 12 ans. v. 26 ayant tout dépensé = le mot se retrouve en 2 Co 12,15 v. 28 même construction en  »oti » qu’au v. 23 : « car elle disait  »si je touchais son vêtement je serai sauvée » » v. 29 et 34, « le mal » de la femme est décrit par le mot  »mastigos » qui ne se retrouve avec ce sens qu’en Mc 3,10 (= Lc 16,21) ; en Ac 22,24 et Heb 11,36, le mot désigne un fouet v. 30 sur le miracle par contact avec les vêtements voir Mc 6,56 ; Ac 5,15 ; 19, 11-12 (cf. Mc 3,10) v. 33 « elle lui dit toute la vérité ». De quelle vérité s’agit-il ? Il se pourrait que le texte fonctionne à plusieurs niveaux : la femme avoue à Jésus son geste et ce qui lui est arrivé. Son aveu fait connaître à la foule un miracle qui lui était resté caché. Dans le même temps, elle avoue également qu’alors qu’elle était impure elle a délibérément enfreint la loi dans l’espoir d’être guérie par le seul contact des vêtements de Jésus : elle a donc fait preuve et de non-respect de la loi et d’une foi un peu superstitieuse, quasi-magique. Les deux propositions du texte sont à lire en parallèles : ce qui est arrivé // toute la vérité. Comment alors comprendre que Jésus lui répond « ta foi t’a sauvée » quand cette foi est tout sauf orthodoxe ? Mais le contexte de l’évangile de Luc permet une autre lecture tout aussi intéressante selon laquelle il faudrait distinguer deux temps dans l’intervention de la femme : elle avoue tout d’abord ce qui s’est passé puis elle dit « toute la vérité ». Le mot de « vérité » est rare dans Mc. En dehors de ce passage, il n’apparaît qu’au chapitre 12 lorsque des pharisiens reconnaissent la justesse de l’enseignement de Jésus conforme à la vérité (Mc 12, 14) ce que confirme quelques versets plus loin le scribe d’accord avec Jésus sur l’essentiel de la foi (Mc 12, 32). Dans les deux cas, « la vérité » c’est celle de la foi authentifiée de Jésus. Si on se souvient que le récit de Mc 5, 23ss se situe sur la rive occidentale du Lac, la rive juive, quand la rive orientale est peuplée de païens qui mangent du porc et côtoient les démons (début du chapitre). Lue à la lumière du chapitre 12, la parole de la femme prend une tout autre ampleur : il pourrait s’agir non d’une histoire personnelle ou d’un aveu (« toute sa vérité ») mais d’une confession de foi au dieu d’Israël qui sauve le pauvre qui crie vers lui. Dans ce cas, c’est cette foi qui sauve la femme, une foi que Jésus recommande à Jaïrus, lorsqu’il lui dit : « ne crains pas, crois seulement » (v. 36) v. 34 Jésus dit « ma fille » : lui aussi tout comme Jaïros a une fille malade. C’est donc un nouveau trait qui induit un rapprochement entre les deux personnages. Il dit « sois guérie de ton mal » alors qu’elle est déjà guérie : la guérison a précédé la parole mais tout se passe comme si Jésus venait rétablir de l’ordre en nommant la guérison sur la puissance qui sort de quelqu’un voir Lc 6,19 (c’est un point largement commenté par Jean Valette) v. 35 le moment de la mort de l’une coïncide dans le récit avec la guérison de l’autre. le verbe  »skulleô  » pour  »déranger » ne se retrouve que dans ce passage et son // en Lc 8,49 d’une part et dans le récit de la guérison du serviteur du centurion en Lc 7,6 d’autre part. Le déroulement de ce dernier récit présente en effet beaucoup de similitudes avec celui de la guérison de la fille de Jaïros. v. 37 le groupe de Pierre, Jacques et Jean est également mentionné pour la transfiguration en Mc 9,2 et Gethsamané en 14,33 (13,3 avec André). Cette présence souligne l’importance de l’épisode comme le fait que les paroles de Jésus soient citées dans leur langue originale. Le lecteur est introduit dans un cercle très restreint de témoins (loin de la foule envahissante) et initié à une vérité étonnante : comme le prophète Élie, Jésus peut redonner la vie à un mort. v. 38 Jésus observe ( »theorei  ») : c’est plus que le simple fait de « voir ». Le même verbe sert pour les esprits impurs qui reconnaissent Jésus (Mc 3,11), les voisins qui constatent que le démoniaque est guéri (5,15), Jésus qui observe comment les gens versent leur offrande au temple (12,41), les femmes qui regardent la crucifixion (15, 40 et 47) puis constatent que la pierre du tombeau est roulée (16,4). Chaque fois que ce verbe apparaît dans Mc, il anticipe ou entérine un événement extraordinaire. La présence des pleureuses signifie que les rites de deuil ont commencé et donc que l’enfant est considérée comme morte. v. 41 Jésus qui jusque-là a parlé de « l’enfant », s’adresse à elle en l’appelant  »Talitha ». C’est un mot très affectueux apparenté à l’hébreu  »Thale »,  »agneau » (Es 40,11 ; 65, 25) à l’arabe  »Thalan » ou  »Thaluw » =  »jeune gazelle ». L’évangéliste traduit en grec par  »korasion », diminutif de  »koré » qui désigne la jeune fille. Ce dernier mot est utilisé au chapitre suivant pour parler de Salomé, la fille d’Hérodiade qui danse et pour qui Hérode va faire tuer Jean-Baptiste (6,22.28). v. 42  »kai euthus » » « et aussitôt » : le même terme (surabondant dans Mc) introduit les miracles des v. 29 et 42 v. 43 le fait qu’elle mange finit de signifier qu’il ne s’agit pas d’un fantôme. La phrase de Jésus joue dans le récit un rôle similaire à la mention des pleureuses au v. 38. Leur présence signifiait la mort de la petite fille, la nourriture qu’on lui sert signifie qu’elle est bien vivante. Je vous propose une traduction inspirée très largement pas la Nouvelle Bible Segond mais permettant de retrouver certaines nuances du texte grec (ou araméen à propos de  »Thalitha ») et introduisant le vouvoiement qui n’est existe pas dans le grec mais me semble convenir au contexte du récit. On ne tutoie pas le chef de la synagogue à qui j’ai rendu son nom hébreu. Enfin j’ai généralisé l’emploi du présent pour traduire les aoristes grecs ce qui, me semble-t-il, rend le texte plus vivant.

21 Jésus regagne l’autre rive en bateau, et une grande foule se rassemble auprès de lui. Il était au bord de la mer.
22 Un des chefs de la synagogue, nommé Yaïr, arrive ; le voyant, il tombe à ses pieds
23 et le supplie instamment : « Ma fille vit ses derniers instants ; viens, impose-lui les mains, afin qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. »
24 Il s’en va avec lui. Une grande foule le suit et le presse de toutes parts.
25 Or il y avait là une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans.
26 Elle avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins, et elle avait dépensé tout ce qu’elle possédait sans en tirer aucun avantage ; au contraire, son état avait plutôt empiré.
27 Ayant entendu parler de Jésus, elle vient dans la foule, par derrière, et touche son vêtement.
28 Car elle se disait : « Si je touche ne serait-ce que ses vêtements, je serai sauvée ! »
29 Aussitôt sa perte de sang s’arrête, et elle sait, dans son corps, qu’elle est guérie de son mal.
30 Jésus sait aussitôt, en lui-même, qu’une force est sortie de lui. Il se retourne dans la foule et dit : « Qui a touché mes vêtements ? »
31 Ses disciples lui disent : « Vous voyez la foule qui vous presse de toutes parts, et vous dites :  »Qui m’a touché ? » »
32 Mais il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela.
33 Sachant ce qui lui était arrivé, la femme, tremblant de peur, vient se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité.
34 Mais il lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton mal. »
35 Il parlait encore lorsque arrivent de chez le chef de la synagogue des gens qui disent : « Votre fille est morte ; pourquoi importuner encore le maître ? »
36 Mais Jésus, qui a surpris ces paroles, dit au chef de la synagogue : « N’ayez pas peur, croyez seulement. »
37 Et il ne laisse personne l’accompagner, si ce n’est Pierre, Jacques et Jean, frère de Jacques.
38 Ils arrivent chez le chef de la synagogue ; là il voit de l’agitation, des gens qui pleurent et qui poussent de grands cris.
39 Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. »
40 Eux se moquent de lui. Mais lui les chasse tous, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, ainsi que ceux qui l’accompagnaient, et il entre là où se trouvait l’enfant.
41 Il saisit l’enfant par la main et lui dit : « Talitha, mon agneau, koum, debout, » ce qui se traduit :  »Jeune fille, je te le dis, réveille-toi ! »
42 Aussitôt la jeune fille se lève et se met à marcher – en effet, elle avait douze ans. Ils sont saisis d’une grande stupéfaction.
43 Il leur fait de sévères recommandations pour que personne ne le sache, et il dit de lui donner à manger.

Prédications

liturgie Pour introduire le thème de la prédication je vous propose le texte d’une chanson de Michèle Bernard : Mon Paillasson (sur le disque « Des nuits noires du monde »

 
 
D’accord, c’est écrit  »Welcome » sur mon paillasson Mais moi j’suis là pour personne, j’suis dans ma maisonJ’ai un code secret des triples verrousFoutez-moi la paix, j’ai pas besoin d’vousRevendeurs, sondeurs, recruteurs, déjà donné !Nouveaux drogués, anciens tôlardsRescapés de la greffe du coeurTondeurs de chiens, marchands d’pinards Peintres de la bouche et du pied,P’tits enfants du sou des écoles,Champion d’la cuisine intégrée,Haré Krishna, Mormons, catholes. D’accord, c’est écrit  »Welcome » sur mon paillasson Quand j’vois toutes ces mains qui sonnent, c’est une obsessionElles me prennent mes sous, ma vie spirituelleMe plantent des p’tits clous au fond d’la cervelleEt non j’nouvrirai pas ma porteJe vais m’facher !Enl’vez votre œil de mon judasJ’m’en fous si vot’chandelle est morteJ’veux pas savoir qui c’est qu’est là !Pas la peine d’essuyer vos piedsÇa m’fout l’cafard, ça m’rend maladeTout c’monde qui a besoin de moi pour croûterOn n’entre plus j’me barricade
J’ai déjà donné, j’ai déjà donné !J’ai déjà donné, j’ai déjà donné !J’ai déjà donné, j’ai déjà donné !D’accord, c’est écrit  »Welcome » sur mon paillasson J’les vois dans mon téléphone ma télévisionJ’ose même plus sortir, Ils sont là qui m’guettent.Arrêtez ou j’tire dans la chevillette.J’en peux plus ça finira malJ’en ai assez !J’m’en fous, j’appelle la policeY’a trop d’misère c’est pas normalTout l’monde au trou, qu’on en finisse J’y suis pour rien, j’suis pas tout seulJ’ai des voisins, tentez vot’chanceEnl’vez vos pieds, quittez mon seuil de tolérance. »Welcome » qu’il dit mon paillasson Made in France.

Textes : Ps 30 Ézéchiel 18, v. 21 à 322 Corinthiens 8, v. 7 à 15 Marc 5, v. 21 à 43Pasteur Jean-Pierre SternbergerTélécharger le document au complet

Notes bibliques

– VALETTE Jean, L’évangile de Marc Parole de puissance message de vie, Les Bergers et les Mages, tome 1, (Paris, 1986)- SCHELL Suzanne, “ Du sang perdu à la parole perdue ”, in Bulletin du Centre Protestant d’Études, 1-2/1987, p. 17-21- LEONARD Philippe, « Évangile de Jésus-Christ selon Saint Marc », Cahier Évangile, 133/2005Mc 5, 21-43 est un récit hors du commun. Une guérison vient y prendre place au sein d’un autre récit de guérison. Luc se servira de ce matériel pour relater la première des résurrections qu’il attribue à Jésus (la seconde étant celle du fils de la veuve de Naïm Lc 7, 11-17), lesquelles correspondent d’une part aux deux résurrections opérées par Élie et Élisée : le fils de la veuve de Sarepta en 1 R 17, 21-24 et le fils de la Shunamite (2 R 4, 21-37, Shunem = Naïm) et d’autre part aux deux résurrections attribuées à Pierre (Tabitha) et à Paul (l’homme tombé de la fenêtre) dans les Actes. Marc ignore ce schéma. Il insiste sur les questions de l’urgence du salut (Jésus comme S.A.M.U. du salut) et de la concurrence des souffrances ; Jésus perd son temps avec une femme déjà guérie quand il pourrait courir au chevet d’une enfant encore en vie ! Mais Jésus n’est pas une machine à guérir et les deux victimes s’avèrent être dans des situations de solidarité bien plus que de concurrence. v. 21 Jésus arrive sur la rive ouest du lac. Cette notification répond à celle de 5,1 quand Jésus arrive sur la rive est, païenne, du lac (cf. Mt 4,15-16) v. 22 Jaïros (Jaïrus ou Jaïre dans certaines traductions) est le seul personnage présenté nominativement dans le récit. Son nom correspond à l’hébreu Yaïr qui désigne un juge originaire de Galaad qui dirigea Israël pendant 22 ans eut 30 fils selon Jg 10, 3-4. Ce nom d’un personnage respectable convient assez bien au responsable évoqué en Mc 5 même si ici ce n’est pas d’un de ses fils dont il est question mais de sa fille. Comme son homonyme le chef de la synagogue pouvait également être originaire de Transjordanie toute proche. Mt 9,18-26 voit en lui un « chef » (arcôn). Or ce notable portant un nom de notable vient tomber ainsi aux pieds de Jésus.v. 23 construction étrange = « disant :  »ma fille est à sa fin » afin que… » (fin de l’histoire ??)v. 24  »sunthlibon » : se retrouve en 24 et 31 comme le verbe de la foule qui (op)presse Jésus. Ici le sujet n’est pas évident : « il partit avec lui, une grande foule l’accompagnait et le pressait ». De qui est-ce l’histoire : de Jésus (accompagné de Jaïros) ou de Jaïros. On peut aussi se demander qui la foule accompagne-t-elle : suit-elle le prophète ou le responsable de la synagogue ? Qui des deux attire les gens ? Le texte ne répond pas laissant entendre que c’est aussi le fait que pour une fois Jésus est sollicité par une autorité religieuse qui suscite la curiosité. v. 25 la femme est décrite comme « étant dans une perte de sang » le mot traduit par  »perte » signifie aussi écoulement, règle, et délivrance (2 Co.1.11) la femme souffre depuis 12 ans entre les mains de nombreux médecins. C’est l’âge de la jeune fille qui va mourir (v. 42). Le chiffre 12 peut renvoyer soit au temps (12 heures de jour, 12 mois de l’année) soit à Israël et aux 12 tribus. 12 ans, c’est aussi pour la jeune fille le temps des premières règles qui la rendent impure 12 fois par an comme est impure la femme atteinte d’une perte de sang depuis 12 ans. v. 26 ayant tout dépensé = le mot se retrouve en 2 Co 12,15v. 28 même construction en  »oti » qu’au v. 23 : « car elle disait  »si je touchais son vêtement je serai sauvée » »v. 29 et 34, « le mal » de la femme est décrit par le mot  »mastigos » qui ne se retrouve avec ce sens qu’en Mc 3,10 (= Lc 16,21) ; en Ac 22,24 et Heb 11,36, le mot désigne un fouet v. 30 sur le miracle par contact avec les vêtements voir Mc 6,56 ; Ac 5,15 ; 19, 11-12 (cf. Mc 3,10)v. 33 « elle lui dit toute la vérité ». De quelle vérité s’agit-il ? Il se pourrait que le texte fonctionne à plusieurs niveaux : la femme avoue à Jésus son geste et ce qui lui est arrivé. Son aveu fait connaître à la foule un miracle qui lui était resté caché. Dans le même temps, elle avoue également qu’alors qu’elle était impure elle a délibérément enfreint la loi dans l’espoir d’être guérie par le seul contact des vêtements de Jésus : elle a donc fait preuve et de non-respect de la loi et d’une foi un peu superstitieuse, quasi-magique. Les deux propositions du texte sont à lire en parallèles : ce qui est arrivé // toute la vérité. Comment alors comprendre que Jésus lui répond « ta foi t’a sauvée » quand cette foi est tout sauf orthodoxe ?Mais le contexte de l’évangile de Luc permet une autre lecture tout aussi intéressante selon laquelle il faudrait distinguer deux temps dans l’intervention de la femme : elle avoue tout d’abord ce qui s’est passé puis elle dit « toute la vérité ». Le mot de « vérité » est rare dans Mc. En dehors de ce passage, il n’apparaît qu’au chapitre 12 lorsque des pharisiens reconnaissent la justesse de l’enseignement de Jésus conforme à la vérité (Mc 12, 14) ce que confirme quelques versets plus loin le scribe d’accord avec Jésus sur l’essentiel de la foi (Mc 12, 32). Dans les deux cas, « la vérité » c’est celle de la foi authentifiée de Jésus. Si on se souvient que le récit de Mc 5, 23ss se situe sur la rive occidentale du Lac, la rive juive, quand la rive orientale est peuplée de païens qui mangent du porc et côtoient les démons (début du chapitre). Lue à la lumière du chapitre 12, la parole de la femme prend une tout autre ampleur : il pourrait s’agir non d’une histoire personnelle ou d’un aveu (« toute sa vérité ») mais d’une confession de foi au dieu d’Israël qui sauve le pauvre qui crie vers lui. Dans ce cas, c’est cette foi qui sauve la femme, une foi que Jésus recommande à Jaïrus, lorsqu’il lui dit : « ne crains pas, crois seulement » (v. 36) v. 34 Jésus dit « ma fille » : lui aussi tout comme Jaïros a une fille malade. C’est donc un nouveau trait qui induit un rapprochement entre les deux personnages. Il dit « sois guérie de ton mal » alors qu’elle est déjà guérie : la guérison a précédé la parole mais tout se passe comme si Jésus venait rétablir de l’ordre en nommant la guérison sur la puissance qui sort de quelqu’un voir Lc 6,19 (c’est un point largement commenté par Jean Valette)v. 35 le moment de la mort de l’une coïncide dans le récit avec la guérison de l’autre.le verbe  »skulleô  » pour  »déranger » ne se retrouve que dans ce passage et son // en Lc 8,49 d’une part et dans le récit de la guérison du serviteur du centurion en Lc 7,6 d’autre part. Le déroulement de ce dernier récit présente en effet beaucoup de similitudes avec celui de la guérison de la fille de Jaïros. v. 37 le groupe de Pierre, Jacques et Jean est également mentionné pour la transfiguration en Mc 9,2 et Gethsamané en 14,33 (13,3 avec André). Cette présence souligne l’importance de l’épisode comme le fait que les paroles de Jésus soient citées dans leur langue originale. Le lecteur est introduit dans un cercle très restreint de témoins (loin de la foule envahissante) et initié à une vérité étonnante : comme le prophète Élie, Jésus peut redonner la vie à un mort. v. 38 Jésus observe ( »theorei  ») : c’est plus que le simple fait de « voir ». Le même verbe sert pour les esprits impurs qui reconnaissent Jésus (Mc 3,11), les voisins qui constatent que le démoniaque est guéri (5,15), Jésus qui observe comment les gens versent leur offrande au temple (12,41), les femmes qui regardent la crucifixion (15, 40 et 47) puis constatent que la pierre du tombeau est roulée (16,4). Chaque fois que ce verbe apparaît dans Mc, il anticipe ou entérine un événement extraordinaire. La présence des pleureuses signifie que les rites de deuil ont commencé et donc que l’enfant est considérée comme morte. v. 41 Jésus qui jusque-là a parlé de « l’enfant », s’adresse à elle en l’appelant  »Talitha ». C’est un mot très affectueux apparenté à l’hébreu  »Thale »,  »agneau » (Es 40,11 ; 65, 25) à l’arabe  »Thalan » ou  »Thaluw » =  »jeune gazelle ». L’évangéliste traduit en grec par  »korasion », diminutif de  »koré » qui désigne la jeune fille. Ce dernier mot est utilisé au chapitre suivant pour parler de Salomé, la fille d’Hérodiade qui danse et pour qui Hérode va faire tuer Jean-Baptiste (6,22.28). v. 42  »kai euthus » » « et aussitôt » : le même terme (surabondant dans Mc) introduit les miracles des v. 29 et 42v. 43 le fait qu’elle mange finit de signifier qu’il ne s’agit pas d’un fantôme. La phrase de Jésus joue dans le récit un rôle similaire à la mention des pleureuses au v. 38. Leur présence signifiait la mort de la petite fille, la nourriture qu’on lui sert signifie qu’elle est bien vivante. Je vous propose une traduction inspirée très largement pas la Nouvelle Bible Segond mais permettant de retrouver certaines nuances du texte grec (ou araméen à propos de  »Thalitha ») et introduisant le vouvoiement qui n’est existe pas dans le grec mais me semble convenir au contexte du récit. On ne tutoie pas le chef de la synagogue à qui j’ai rendu son nom hébreu. Enfin j’ai généralisé l’emploi du présent pour traduire les aoristes grecs ce qui, me semble-t-il, rend le texte plus vivant.

21 Jésus regagne l’autre rive en bateau, et une grande foule se rassemble auprès de lui. Il était au bord de la mer.
22 Un des chefs de la synagogue, nommé Yaïr, arrive ; le voyant, il tombe à ses pieds
23 et le supplie instamment : « Ma fille vit ses derniers instants ; viens, impose-lui les mains, afin qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. »
24 Il s’en va avec lui. Une grande foule le suit et le presse de toutes parts.
25 Or il y avait là une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans.
26 Elle avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins, et elle avait dépensé tout ce qu’elle possédait sans en tirer aucun avantage ; au contraire, son état avait plutôt empiré.
27 Ayant entendu parler de Jésus, elle vient dans la foule, par derrière, et touche son vêtement.
28 Car elle se disait : « Si je touche ne serait-ce que ses vêtements, je serai sauvée ! »
29 Aussitôt sa perte de sang s’arrête, et elle sait, dans son corps, qu’elle est guérie de son mal.
30 Jésus sait aussitôt, en lui-même, qu’une force est sortie de lui. Il se retourne dans la foule et dit : « Qui a touché mes vêtements ? »
31 Ses disciples lui disent : « Vous voyez la foule qui vous presse de toutes parts, et vous dites :  »Qui m’a touché ? » »
32 Mais il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela.
33 Sachant ce qui lui était arrivé, la femme, tremblant de peur, vient se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité.
34 Mais il lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton mal. »
35 Il parlait encore lorsque arrivent de chez le chef de la synagogue des gens qui disent : « Votre fille est morte ; pourquoi importuner encore le maître ? »
36 Mais Jésus, qui a surpris ces paroles, dit au chef de la synagogue : « N’ayez pas peur, croyez seulement. »
37 Et il ne laisse personne l’accompagner, si ce n’est Pierre, Jacques et Jean, frère de Jacques.
38 Ils arrivent chez le chef de la synagogue ; là il voit de l’agitation, des gens qui pleurent et qui poussent de grands cris.
39 Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. »
40 Eux se moquent de lui. Mais lui les chasse tous, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, ainsi que ceux qui l’accompagnaient, et il entre là où se trouvait l’enfant.
41 Il saisit l’enfant par la main et lui dit : « Talitha, mon agneau, koum, debout, » ce qui se traduit :  »Jeune fille, je te le dis, réveille-toi ! »
42 Aussitôt la jeune fille se lève et se met à marcher – en effet, elle avait douze ans. Ils sont saisis d’une grande stupéfaction.
43 Il leur fait de sévères recommandations pour que personne ne le sache, et il dit de lui donner à manger.

Prédications

liturgie Pour introduire le thème de la prédication je vous propose le texte d’une chanson de Michèle Bernard : Mon Paillasson (sur le disque « Des nuits noires du monde »

 
 
D’accord, c’est écrit  »Welcome » sur mon paillasson Mais moi j’suis là pour personne, j’suis dans ma maisonJ’ai un code secret des triples verrousFoutez-moi la paix, j’ai pas besoin d’vousRevendeurs, sondeurs, recruteurs, déjà donné !Nouveaux drogués, anciens tôlardsRescapés de la greffe du coeurTondeurs de chiens, marchands d’pinards Peintres de la bouche et du pied,P’tits enfants du sou des écoles,Champion d’la cuisine intégrée,Haré Krishna, Mormons, catholes. D’accord, c’est écrit  »Welcome » sur mon paillasson Quand j’vois toutes ces mains qui sonnent, c’est une obsessionElles me prennent mes sous, ma vie spirituelleMe plantent des p’tits clous au fond d’la cervelleEt non j’nouvrirai pas ma porteJe vais m’facher !Enl’vez votre œil de mon judasJ’m’en fous si vot’chandelle est morteJ’veux pas savoir qui c’est qu’est là !Pas la peine d’essuyer vos piedsÇa m’fout l’cafard, ça m’rend maladeTout c’monde qui a besoin de moi pour croûterOn n’entre plus j’me barricade
J’ai déjà donné, j’ai déjà donné !J’ai déjà donné, j’ai déjà donné !J’ai déjà donné, j’ai déjà donné !D’accord, c’est écrit  »Welcome » sur mon paillasson J’les vois dans mon téléphone ma télévisionJ’ose même plus sortir, Ils sont là qui m’guettent.Arrêtez ou j’tire dans la chevillette.J’en peux plus ça finira malJ’en ai assez !J’m’en fous, j’appelle la policeY’a trop d’misère c’est pas normalTout l’monde au trou, qu’on en finisse J’y suis pour rien, j’suis pas tout seulJ’ai des voisins, tentez vot’chanceEnl’vez vos pieds, quittez mon seuil de tolérance. »Welcome » qu’il dit mon paillasson Made in France.

Première proposition de prédication

prédication donnée à Poissy le dimanche 26 avril 2009 La misère du monde «La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part». Rarement les propos d’un homme politique ont été si mal compris et transmis. Quand, en 1990, Michel Rocard s’exprime ainsi, il ne fait pas de doute que c’est la deuxième partie de sa phrase qu’il veut souligner : pour lui, la France doit s’engager dans la lutte contre la misère. Or cette partie-là de sa phrase a été purement et simplement jetée aux oubliettes de l’histoire ! « La France ne peut accueillir toute la misère du monde » à, voilà ce qu’il est resté dans les mémoires. Les commentateurs étaient trop heureux de fournir à bas prix une tranche de déculpabilisation à leurs compatriotes. On ne peut pas accueillir toute la misère du monde, c’est un homme de gauche qui l’a dit, qui plus est un ministre socialiste et en plus un protestant. Qu’est-ce que la Cimade peut répondre à cela ? Toute la misère du monde, c’est vrai, qu’elle est souvent encombrante. Nous en savons tous quelque chose. Je ne sais pas comment la misère du monde a eu mon adresse, mais j’ai l’impression qu’à certaines périodes, elle s’est donnée rendez-vous dans ma boîte aux lettres, la misère du monde : des éclopés, des cancéreux, des orphelins, des réfugiés, des myopathes, des aveugles suivis par leurs chiens, des chômeurs, l’Église… A l’approche de Noël, il y a plus de demandes d’aide dans ma boîte que de cartes de voeux. A cela s’ajoutent les coups de fil aux heures des repas. Comment puis-je refuser, moi qui vient juste de quitter la table, de donner un peu d’argent à la misère du monde ? Je suis d’accord avec Michel Rocard car je suis comme la France, je ne peux pas tous les porter et je comprends très bien ceux qui ne portent personne. C’est déjà assez de se porter soi-même voir de se supporter et supporter l’image qu’on a de soi. Je ne suis pas Mère Thérésa et Mère Thérésa n’était pas Joséphine ange gardien ; je ne suis pas Jésus et Jésus n’était pas Supermann. Même Jésus, parfois, s’est laissé débordé par la « misère du monde ». Prenez le récit que nous venons de lire, l’histoire de la femme qui est venue voler une guérison à Jésus alors qu’il courrait pour sauver quelqu’un d’autre. Quelle audace elle a, la misère du monde ! Dans ce texte de l’évangile de Marc, Jésus me fait l’effet d’un conducteur d’ambulance : à la fois chauffeur, médecin et réanimateur. On est pris par l’action : un type arrive paniqué : il faut à tous prix venir sauver sa fille et juste à ce moment une femme vient se mettre en travers du chemin. Tout autour, il y a une foule de gens qui encombre les couloirs et les rues, des spectateurs, des gens de bonne volonté, des pleureuses. Il ne manque que George Clooney, les sirènes, la musique, une petite histoire d’amour entre un médecin et une infirmière et on est dans le feuilleton  »urgence ». Jésus va-t-il arriver à temps ? Quelle pathologie va-t-on croiser au prochain épisode ? Quand pourra-t-on trouver le temps de souffler un peu ? Comment va-t-on pouvoir attendre la semaine prochaine pour voir la suite des aventures de nos héros ? Et puis soudain Jésus s’arrête. La musique se tait. La foule aussi. On n’est plus dans urgence. Jésus regarde autour de lui. Il dit « qui m’a touché ? ». Est-ce que nous sommes encore touchés à force de voir le mal ? J’espère. J’espère que nous ne sommes pas blindés à force de voir de la misère et du sang sur nos écrans, à force d’entendre s’égrener jour après jour les chiffres de l’économie et le nombre de licenciements. À force de voir nos boîtes aux lettres déborder de demandes pathétiques. Jésus est touché par la femme et se laisse toucher par cette détresse-là qui ne se voit pas mais qui est d’autant plus présente qu’elle est obligée de se taire, parce qu’elle est mise en concurrence avec une autre souffrance, plus présentable, plus acceptable, plus socialement correcte. Reprenons les acteurs de ce récit. Je vous propose de distinguer trois groupes de personnages dans cette histoire ; un groupe très nombreux, un groupe très important et un groupe très discret. Le premier groupe rassemble la quasi-totalité des personnages présents : c’est la foule. La foule joue un rôle essentiel dans l’évangile de Marc. Dans cet évangile, la foule prend presque toute la place. Parfois, elle empêche Jésus de passer ; elle le repousse sur le rivage, elle l’empêche de respirer. Ici, elle n’est pas trop encombrante mais elle n’aide en rien. Elle est spectatrice et impuissante. Elle est à l’image de ces médecins qui pendant 12 ans ont essayé de guérir la femme et qui n’ont réussi qu’à la dépouiller de ce qu’elle avait. Depuis ces médecins-là ont disparu. Ils se sont fondus dans la foule. Cette foule, on peut aussi la sentir menaçante quand la femme accepte de dire ce qui s’est passé. Car la foule est la gardienne de l’ordre public. Elle peut se sentir agressée par cette femme impure qui s’est glissée au milieu d’elle. Rendez-vous compte, pour arriver jusqu’à Jésus, la femme a fendu la foule. Elle a touché des hommes purs et des femmes purifiées. Il leur faudra certainement pour les plus rigoristes d’entre eux se laver entièrement et changer de vêtements. Et qui sait si elle ne les a pas en plus contaminés ? Les médecins ne savent pas ce qu’elle a et quand on ne sait pas l’origine d’une maladie, on se méfie deux fois plus. Bien sûr, rien de cela n’est écrit dans le texte. On ne dit pas ces choses-là devant Jésus et à haute voix. Mais on le pense très fort, si fort que l’hostilité de la foule envers la femme est tangible, envers la femme et même envers Jésus quand Jésus prend fait et cause pour la femme. Et puis, très vite, c’est trop tard. De la foule sortent les messagers de mort. « Votre fille est morte, disent-ils, ne dérangez pas le maître ». La mauvaise nouvelle se double d’une terrible question : la femme n’est-elle pas indirectement responsable de la mort de la petite fille ? Si Jésus n’avait pas été retardé, la petite serait encore vivante : il aurait pu la sauver. Maintenant c’est trop tard et c’est leur faute. A elle puisqu’elle l’a dérangé ; à lui puisqu’il s’est arrêté lorsqu’il a été dérangé. Contre leur avis Jésus va devoir remonter le courant du chagrin. Il fait taire les pleureuses. Il traverse la foule comme on remonterait un fleuve pour retrouver la source de ce mal et pour tarir cette source comme il a asséché la source de sang de la femme. Une fois arrivé à la maison de Yaïr, Jésus renvoie la foule, les médecins, les pleureuses. C’est un petit groupe d’hommes et de femmes qui entre dans la maison. Dans ce petit groupe se trouvent trois des personnages les plus importants du récit. Ces personnages importants vont deux par deux : Yaïr et sa fille d’une part, Jésus et la femme d’autre part. Dans la maison, tout se passe entre Jésus et la petite. Jésus touche la main de l’enfant comme la main de la femme avait touché son vêtement à lui. Alors se produit l’incroyable : la petite de 12 ans qui était morte se trouve guérie comme est guérie la femme qui depuis 12 ans était malade. Elle se lève, elle marche, elle va manger, reprendre une vie normale. Bientôt peut-être croisera-t-elle dans la rue la femme qui a été guérie le même jour qu’elle. J’imagine le jour où elles feront connaissance. Que se diront-elles ? A coup sûr, elles se reconnaîtront, ce qui est normal. D’une certaine manière elles sont nées le même jour, puisque le même jour, elles sont revenues à la vie. Ce fait constitue donc pour elles deux une « co-naissance », comme si elles étaient soeurs jumelles, nées le même jour au même endroit. Mais elles ne sont pas soeurs. Elles ne sont pas soeurs puisqu’elles ont des pères différents. La petite est fille de Yaïr. La femme est fille de Jésus. C’est lui-même qui le dit lorsqu’il l’appelle « ma fille » : « ma fille, ta foi t ‘a sauvée ». Jésus n’a pas l’habitude d’appeler les gens « mon fils « ou « ma fille ». Ce cas est même unique dans les évangiles. Non seulement Jésus guérit la femme mais il l’adopte, il devient père