Textes : Genèse 17, v. 1 à 14 Psaume 66Actes 8, v. 5 à 17 1 Pierre 3, v. 15 à 18 Jean 14, v. 15 à 21Pasteur Andrew RossiterTélécharger tout le document
Les deux textes des Actes des Apôtres et de Jean partagent le même thématique – l’esprit. Promis par Jésus en Jean et effectif dans le passage des Actes. Jean 14.15-24 Ce passage commence au verset 15 et se termine au verset 24 (non le verset 21 comme proposé par le lectionnaire) car la force des paroles de Jésus commence et se termine avec ce que c’est de garder les commandements. L’Esprit demeurera avec ceux et celles qui obéissent à Jésus et gardent ses commandements. Devant l’anxiété de la mort de Jésus et la promesse de persécution, Jean propose un Jésus qui parle de l’amour comme autre chose qu’un simple sentiment. C’est la réponse au commandement de celui qui est amour. Actes 8.5-17 Ici nous reprenons aussi le thème de la persécution, il faut noter que la persécution n’est pas en soi un frein à l’annonce de l’évangile! Luc brosse une image de l’église primitive « en mouvement », la prédication est en trois points: le Royaume de Dieu (8.12), la résurrection de Jésus (8.4-5, 12) et le don de l’Esprit Saint (8.15-17). Simon est là pour nous rappeler que chaque croyant est capable de « tomber » devant le spectaculaire de la foi, d’attendre les miracles et de voir des visions. Il est jaloux du « pouvoir » qui est entre les mains de Philippe et veut contrôler la puissance de l’Esprit pour lui-même. Il sait que celui qui jouit d’un tel pouvoir peut commander toute une communauté. Simon est différent de l’Ethiopien qui va rencontrer Philippe en chapitre 8, L’Ethiopien suit Philippe pour devenir membre de la communauté, Simon veut la contrôler. 1 Pierre 3.15-18 Ce texte me semble bien adapter pour être reproduit en « Volonté de Dieu » et dit par l’ensemble de l’assemblée.
La force de l’amour Le sculpteur Danois Bertel Thorvaldsen (1770-1844) est le seul artiste non-italien d’avoir une œuvre au Vatican. Il s’agit d’une sculpture du Pape Pie VII, mais il n’avait pas le droit de signer son œuvre parce qu’il était protestant. Il est connu surtout pour son Christ ressuscité, l’original se trouve dans la Cathédrale Protestante de Notre Dame à Copenhague, c’est probablement le Christ le plus copié dans le monde. En effet on en voit plusieurs en France qui « trônent » carrefours et églises. Le projet d’origine était de créer un Christ triomphant, une statue en splendeur et puissance avec son regard tourné vers le ciel et ses bras levés en autorité et domination. Thorvaldsen a sculpté d’abord un modèle dans la glaise, et l’a laissé reposer dans son atelier. Le vernissage de ce modèle était programmé pour le lendemain. Malheureusement il a laissé ouverte une fenêtre. La brume de mer s’est infiltrée et a agi sur la glaise. Le matin quand il a ouvert les portes de son atelier Thorvaldsen a découvert un Christ tout autre, les bras pendaient sur ses côtés et la tête reposait presque sur la poitrine. Il était catastrophé ! Comment faire ? Annuler le vernissage ? Il s’est reculé d’un pas et contemplé son Christ travaillé par les embruns de la mer. A ses yeux le Christ était encore plus vrai qu’avant. A la place de l’inscription « Suis mes commandements » il a écrit, « Viens à moi ». Le Christ glorieux est devenu le berger qui accueille. Plus tard il a réalisé la statue en marbre, et c’est celle-ci qui se trouve dans la Cathédrale. Une copie exacte existe aux Etats-unis, à Salt Lake City dans le temple principal des Mormons, ici il porte le titre « Le Dernier Adam ». Ce Christ en douceur est celui qui domine l’espace et le temps de l’univers entier. Selon le texte de la Genèse, la transformation de la glaise d’Adam se fait par la brume du souffle de Dieu. Il y a deux récits de la création dans le livre de Genèse, le chapitre 1 qui trace la création en sept jours et le deuxième chapitre nous raconte la création de l’homme de la terre. Ou comme dit Chouraqui, « tiré de la terre », « le glébeux », ou encore « la poussière de la glèbe ». Dieu insuffle dans cette glaise la « haleine de vie ». Une fois que l’esprit divin est ajouté à la matière physique, elle devient vivante. Adam devient un « être vivant ». Il est la seule créature à recevoir la brume transformatrice de Dieu comme source de sa vie. Paul reprend cette image et nous dit qu’il a fallu attendre un second Adam, le « dernier Adam » selon 1 Corinthiens 15.45 « le dernier Adam est rempli de l’Esprit Saint, qui lui donne la vie ». Si Adam, par le don du souffle de Dieu devient humain, le dernier Adam, Jésus, rempli de l’Esprit nous souffle cet Esprit de Vérité et nous transforme, comme il a transformé ce groupe d’homme et de femmes apeuré en communauté de vie. Cette communauté née de l’Esprit, nous l’appelons l’Église. Ici est le miracle du don de Dieu, le don de son Esprit. Car les esprits, il y en a : Quand une équipe de foot traîne de deux buts à zéro, il faut une bonne dose de « l’esprit d’équipe » pour remonter la pente et gagner le match. Quand les rivières débordent et inondent les villes dans le Var ou dans l’est de la France, en étalant boue et saletés dans les maisons et les entreprises, il faut de « l’esprit de communauté » pour resserrer les coudes et s’entraider. Quand dans les rues commerciales de nos villes nous voyons les mendiants, il nous faut se souvenir de « l’esprit de Noël » pour leur venir en aide. Ces esprits, si importants et nécessaires, sont nés de notre humanité. Tout comme ce premier Adam, nos bonnes volontés de changer les choses sont fragiles et éphémères. Comme pour Adam, nos désirs d’améliorer les choses sont marqués par la désobéissance, l’égoïsme et l’avarice, et tôt ou tard tout passera. L’esprit insufflé dans l’Église n’est pas fissuré ou affaibli parce que cet Esprit est le Christ lui-même. C’est l’esprit de vérité que le Christ nous promet ce matin. C’est l’esprit de vérité répandu à la première Pentecôte donnant naissance à l’Église. C’est l’esprit qui crée la vie nouvelle et qui donne naissance à une humanité nouvelle. A partir de cet événement tout croyant porte le nom du Christ (en Anglais le prénom se dit « chrisitian name »). Quand l’Évangile rencontre des obstacles comme éprouvait Philippe en Samarie, il faut l’Esprit Saint pour libérer les personnes de l’emprise de « mauvais esprits ». Notre tout premier souffle en sortant du ventre nous donne la vie. Notre premier souffle après avoir accepté Jésus comme sauveur, ami et compagnon nous confirme l’amour de Dieu. Le miracle de la première création, malgré la diversité, les failles et les chutes, était que tout se tenait ensemble. Le miracle de la deuxième création en Christ est que tout est entré dans une unité qui tend vers un accomplissement par l’amour. Le directif de Jésus est au plus clair : « Aime-moi en respectant mes commandements », et son commandement est, « Aimez-vous les uns les autres comme moi je vous ai aimé ». L’esprit de vérité n’est autre que cet amour, un esprit qui possède la puissance de transformer un groupe peureux en apôtres. Un esprit qui dégage la force qui nous soude ensemble dimanche après dimanche et jusqu’à samedi prochain en une communauté croyante, ouverte, joyeuse et généreuse. Ce souffle de Christ a, au mois, trois caractéristiques :
- Il a la sensitivité d’un stéthoscope
- La stabilité d’un gyroscope
- Et l’acuité d’un télescope.
Par le stéthoscope, nous détectons les battements d’un cœur et les aberrations dans les poumons. L’esprit de vérité est sensible aux battements du cœur de la communauté, à ces palpitations qui indiquent la présence d’une malaise ou une peine, ou un tort subi. L’esprit de vérité peut discerner les changements profonds dans notre société, dans notre monde, et détecter quand les choses dérapent avant que ça se produit. Et l’amour qui accompagne cet esprit à la puissance de pénétrer dans les fibres du croyant en lui donnant courage et force pour agir avec discernement. Le gyroscope est un appareil qui tourne sur un axe afin d’indiquer toujours la même direction. Dans les vassaux spatiaux, les boussoles n’ont aucune utilité, ce sont les gyroscopes qui indiquent la direction à prendre. Quoi que le monde puisse jeter sur la communauté centrée sur le Christ, elle a un centre de gravité constant. Le monde peut se retourner sur lui-même, et même se mettre à l’envers, l’amour du Christ vécu dans la communauté a toujours la capacité de se fixer sur la direction de sa grâce, son accueil et son pardon. Le télescope nous permet de voir plus loin qu’avec nos yeux. La promesse de Jésus est pour maintenant – tout de suite pour les disciples autour de lui, et elle est aussi « pas encore ». L’amour n’est pas mis en question parce qu’il ne se réalise pas dans l’immédiat. L’amour incarné dans cet esprit de vérité n’est pas caduc parce que l’Église n’est pas parfaite ou que la communauté de cet esprit est incapable de le vivre pleinement. L’amour du Christ n’échoue jamais. Le monde peut faillir : nous pouvons ne pas réaliser que tout cet amour est pour nous, pour moi, nous pouvons ne pas accepter le don de l’esprit de vérité dans nos vies. Mais Dieu en Christ nous offre toujours, sans cesse, cet esprit comme une nouvelle façon de vivre. Nous pouvons être tentés à suivre les façons de ce monde en force, en triomphe, en cherchant à gagner ou nous pouvons laisser la brume divine nous pénétrer, car elle seule à le pouvoir de nous persuader d’ouvrir nos bras en geste d’accueil et d’acceptation. « Viens à moi », il dit. « Viens à moi » proclame la statue de Thorvaldsen. Viens à moi, je te donne l’esprit pour que tu demeures dans mon amour.