Textes : Marc 8, v. 22 à 9 v. 1 Psaume 147 Job 7, v. 1 à 7 1 Corinthiens 9, v. 16 à 23 Marc 1, v. 29 à 39Pasteur Guy RousseauTélécharger le document au complet

Notes bibliques

Introduction – La première section (1,1 – 3,12) des 6 sections que l’on peut repérer dans l’Évangile de Marc – à laquelle la péricope 1,29-39 appartient, expose l’impact de l’Évangile sur la foule juive et note que Jésus s’entoure dès le début de son ministère de disciples destinés à prendre la relève. Ce qui sera confirmé par la deuxième section (3,13 – 6,13). – Cet impact est attribué à l’enseignement « étonnant » de Jésus, et aux récits de miracles. Il est à noter que presque la moitié des chapitres 1 à 13 concerne des guérisons diverses. – Prendre la relève semble être l’appel réitéré de Marc à l’action missionnaire sur les pas du Ressuscité. – L’épisode de la guérison de la belle mère de Simon semble prendre cet axe : le verbe se lever (hgeirn) place d’emblée l’évangile sous le signe de la Résurrection dont la sixième et dernière mention est celle de Jésus – ressuscité (16,6). Quelques notes Autour de 3 mots : – La fièvre : comprise comme l’expression d’une malédiction en raison d’une faute commise. Déjà Lév 26 souligne le lien entre la désobéissance et « des malheurs terribles » ou « fièvres qui usent les yeux » ! Les discours des « amis de Job » insistent sur la faute supposée commise qui est à l’origine de tous ses malheurs. La fièvre et toutes les formes de maux de santé (paralysie, cécité, lèpre, …) ont toutes la même conséquence dans la vie. L’exclusion de la société (quartier, ville, synagogue, Temple) ; la solitude, qui ne veut pas dire abandon car souvent un membre de la famille, des amis vont trouver ou apporter le malade à Jésus ; le sentiment profond – souvent exprimé dans les Psaumes – que la relation avec Dieu est brisée. – La guérison va entraîner de fait une restauration de toutes les conséquences, même si le texte ne précise pas les ruptures et donc les rétablissements. Le plus visible est le lien entre la guérison et le service ou le témoignage (même si celui-ci est « interdit » par Jésus). Ici « la fièvre la quitta et elle se mit à les servir ». A noter que Jésus ose la toucher : à ses yeux elle n’est pas impure, ni maudite. Marc prendra le temps de placer son Évangile sous le signe de la guérison corporelle et intérieure. – Servir : c’est selon ce texte la conséquence de la ré – intégration (famille, donc société) de la belle mère de Simon. C’est oublier deux points : Jésus dira à la fin de la 4ième section (8,22 – 10,52 dont l’objet est l’humble service à l’image du Maître) « … Quiconque veut être grand parmi vous, sera l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir … » 10,43-45. – Cette attitude indique la fin de la fièvre, la fin de l’isolement ou « l’incapacité sociale » d’avoir un rôle et l’ouverture d’un nouveau possible ou retrouvé : servir. Marc choisit de placer son Évangile sous le signe du service de l’Autre qui passe par l’autre. Les Actes des apôtres (Ac 6,1-7) présente le choix des diacres à cet effet pour servir à côté de ceux qui ont le service de la Parole. – Ressuscite : ce n’est pas se lever pour changer de position, mais véritablement ressusciter. Première utilisation de ce verbe que l’on retrouve encore pour le paralysé descendu par le toit, l’homme à la main sèche dans la synagogue, la résurrection de la fille de Jaïrus, le démonique qui part proclamer la Bonne Nouvelle et enfin le jeune homme qui dit aux femmes qu’Il Est Ressuscité. – Il est vrai que d’autres vont se lever et servir, tel Lévi (2,14-15), mais ce n’est pas ce verbe. Même si 9/10 lépreux choisissent une autre voie, le service comme gratitude est le fruit de ce réveil, cette résurrection hors des sentiers battus, hors du monde, donc dans ce Royaume que Jésus vient inaugurer. Marc place son Évangile dans une véritable dynamique entre les fièvres et les maux qui convoque la vie et provoque le service ! Le contexte – Avant : l’appel des 4 premiers disciples qui le suivent, et un certain nombre de guérisons multiples non détaillées (sauf celle du possédé par un démon) non significatives. Provoquant l’étonnement et déjà la question récurrente chez Marc : Qui est Jésus ? Par sa Parole Jésus a autorité sur les démons, il les libère, Marc présente Jésus comme LE libérateur de toutes les puissances néfastes et opposées à Dieu. – Après : l’étonnement provoque la venue en nombre de tous les malades et le désir de rompre avec le rôle que la foule veut faire jouer à Jésus. Une petite information sur le désir de Jésus de s’isoler pour prier. Sa vocation prêcher – enseigner : sa Parole appelle, guérit, réintroduit dans le monde, ressuscite celui à qui elle s’adresse. – Décidemment l’Évangile est trop riche ! Remarque Si on fait une lecture de l’Évangile axée sur la proclamation de la Bonne Nouvelle du Ressuscité, mon regret est que ce texte ne soit pas choisi pour Pâques ! Ce qui n’interdit pas d’en parler début février, après tout la foi chrétienne confesse plus que tout la Passion – Résurrection du Christ Jésus ! Prédications – Il est possible de bâtir 3 prédications, chacune centrée sur un mot (Fièvre, Servir ou Ressuscite). En prenant appui sur les occurrences de Marc. Même si cela risque d’aboutir à une prédication « biblique » ou « étude biblique » c’est un exercice passionnant à la portée de chacun-e. Ami prédicateur tu as encore le temps ! – Lectures possibles de Lev 26,14ss sur le lien péché – maladie ; Job 7,1-7 sur le cri de solitude ; I Co 9,16-23 sur l’Évangélisation, ce dont Jésus à vocation. – J’ai choisi de laisser le côté « guérisseur forcé » du texte et celui de vouloir « prêcher », pour me concentrer sur l’axe « ressuscite ». Le risque franchi et assumé est de trahir le texte en lui donnant un rôle de « portail d’entrée ». Cantiques possiblesPsaumes 138, 147C’est mon joyeux service Alléluia 44-05 ; 44-06Consacre à ton service ARC 425 ; NCTC 301 ; Alléluia : 44-05Qu’il fait bon à ton service ARC 426 ; Alléluia 44-08Ta volonté, Seigneur mon Dieu ARC 608, NCTC 284, Alléluia 45-01Tu me veux à ton service ARC 427 ; NCTC 302 ; Alléluia 44-07

Prédication

Avertissement : le texte qui suit est volontairement disposé en paragraphes pour en faciliter la lecture et afin que le prédicateur s‘approprie les idées et écrive sa prédication avec ses mots et expressions familières. Par exemple « l’accrochage » le remplacer par une situation qui vous a marqué. Accrochage En période de fin et début d’année, tout est fait pour que nous puissions donner et financer les projets d’associations. La corde sensible de l’émotion fait partie des arguments d’appel aux dons, voir à s’engager plus si on vibre avec ferveur ! Il y en a pour tous les goûts, dramatiques, scandaleux, provocateurs, même inhumains. Par exemple, placardée en masse dans le métro à Paris un chien et un chat aux regards tristes s’adressaient aux passants : « Venez nous adopter », un numéro de téléphone et « Noël d’Assistance aux Animaux ». Juste à côté c’était l’Unicef et son cri d’alarme pour les enfants. Le don de soi pour ces animaux a deux fonctions : les arracher à la mort en les ressuscitant et cela procure par notre service, une valeur ajoutée à notre vie ! Vous comprenez par ce fait divers, – que j’aurai préféré que cela soit pour des enfants, femmes et hommes de Somalie ou de tout autre pays dont la situation humanitaire est un désastre ; – mais aussi que c’est pourtant en donnant et en se donnant, en se mettant à servir que nous témoignons de la transformation que le Christ opère en nous … Le service Le service / témoignage comme conséquence souvent visible de la guérison, met l’accent sur l’impossibilité du malade de le faire. Après la guérison du possédé (dans le récit précédent), celle de la belle mère de Simon est presque anodine, du moins la sobriété du récit la montre comme évidente. La fièvre, comme tout autre mal, est tellement liée au péché, à la rupture avec Dieu comme nous l’avons entendu dans le Lévitique, qu’il était difficile d’envisager tout acte envers l’autre, y compris chez les siens. Le « mal subi » était assorti d’un rejet. On dirait aujourd’hui « une double peine ». Comment ne pas être surpris, étonné, de nos jours un repos ou une convalescence serait prescrit. Mais la vie bouillonne, la reconnaissance ne peut attendre, la femme ne « ressuscite » pas pour enfiler des pantoufles ! Elle doit être manifeste, visible, palpable, proclamée. La guérison pour elle-même n’a pas de sens, elle ouvre sur un avenir possible, nouveau, différent. Servir est finalement la chose la plus naturelle, comme de suivre Jésus ou raconter ce qu’Il a opéré comme transformation physique ou intérieure. Ressuscite Jésus s’est embarqué dans une drôle d’aventure avec les hommes : dire sa rencontre avec les humains. L’Évangile de Marc commence par une affirmation : « Jésus-Christ Fils de Dieu » qui sera confirmée par le Centenier au pied de la Croix. Celle-ci s’illumine par la résurrection. Le grec utilise deux verbes pour « se lever ». L’un indique simplement le mouvement. L’autre aussi … mais il va au delà. A la fois déplacement physique et geste symbolique, porteur de sens. Son expression dans Marc : ◊ Jésus est dès le début porteur de cette dynamique. Il commence par la guérison de la belle mère de Pierre. Première guérison individuelle marquée par le signe de la résurrection : « il la fit lever » = ressusciter précise le texte. Nous l’avons vu, elle se met aussitôt à les servir ! ◊ L’audace des 4 amis portant un paralysé, descendu par un trou du toit, sera conclue par « Lève-toi » = ressuscite. Comme pour dire la quête et le don d’une vie restaurée. La démarche périlleuse des amis, la remise en place de la délicate question du pardon par Jésus, sont les signes avant coureurs de cette vie donnée par pure grâce. L’homme peut partir et bondir de joie, son brancard sous le bras ! ◊ Un jour de sabbat où tout est interdit ou presque, Jésus ose convoquer la vie et réintégrer l’homme à la main sèche dans la société. Par un scandaleux « Lève-toi, là au milieu ! » = ressuscite, proclamant l’appel à la vie hors la loi, il arrache cet homme au jugement et le replace dans la société, chez les siens, au milieu de tous. Oui, c’est une bonne vie nouvelle qu’il reçoit ! ◊ A la jeune fille que l’on croyait déjà morte, à entendre les cris et pleurs de douleur, Jésus en patois lui dit « Talitha koumi, jeune fille lève-toi » = ressuscite, signifiant par là le combat et la victoire annoncée sur la mort. Le cri – prière du chef de la Synagogue est reçu, entendu. Même si Jésus continue la route à côté du drame qui s’annonce, ses paroles proclament pourtant la Résurrection de la jeune fille. Il invite à ne désespérer d’aucune situation ! ◊ Enfin, le démoniaque rejeté par tous se transformera en « disciple » en annonçant la Bonne Nouvelle. Bravant la peur des autres, Jésus lui tend la main et « le fit se lever » déjà ressuscité, prêt à en témoigner. Nous sommes toujours surpris par le secret dans lequel Jésus veut œuvrer et la réalité qui ne peut se taire ! ◊ La dernière utilisation est donnée par un « jeune homme » dans le tombeau « Jésus de Nazareth, qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n’est point ici … » ! Jésus provoque la « non – vie » et convoque la vie pour chaque enfant, chaque femme, chaque homme. Marc prend 16 chapitres pour arriver à ce point, pour aider le lecteur ou l’auditeur à la recevoir. Il a roulé la mort, désormais les hommes sont menacés de résurrection ! ◊ Qu’en est-il aujourd’hui ? Nous avons tous constaté et/ou admiré la force du témoignage de personnes se sachant gravement malades ou condamnées. Ainsi de nos jours nous constatons un changement du regard : les malades confessent que leur relation avec Dieu n’est pas brisée, mais qu’elle est une force ! Est-ce à dire qu’avant même la fin ou l’issue de la maladie, une « grâce de Dieu » leur est déjà accordée ? Ils goûtent déjà comme une résurrection en eux ? Que penser ou dire d’autres ? Jésus nous entraîne dans son aventure, par amour pour tous ces enfants, ces femmes, ces hommes en « mal être », ou en « manque du sens de leur vie ». ◊ Et alors ? C’est bien beau, mais ce n’est plus notre époque … pourtant à la Fête de Noël nous avons prié en pensant comme dit le cantique : « C’est Noël chaque fois que … » l’on fait un geste pour l’autre. Geste simple, à la portée de tous qui peut embellir, transformer et même changer la vie ! • Je crois – que Jésus nous pense et nous rend capables de modifier le cours de la vie de ceux qui nous entourent – qu’aucune compétence particulière est nécessaire, car depuis toujours Dieu nous accepte et nous appelle avec ce que nous sommes, non pour être des « héros », mais des « martyrs », c’est à dire des témoins et des acteurs – simples serviteurs ! pas de performance, de rendement, de politique du chiffre ou d’un but précis à atteindre – qu’il ne s’est pas promené sur la terre en faisant du bien à quelques uns pour le plaisir des gens – qu’à chaque époque des femmes et des hommes se sont « levés » pour les maux physiques et moraux et donner ainsi un immense espoir – qu’aujourd’hui encore dans les pires situations Dieu nous appelle et nous envoie comme ses disciples à sa suite, nous lève de nos sièges confortables. Il nous bouscule pour que nous soyons profondément heureux de poser les signes de son Royaume. – en sa présence encore aujourd’hui, dans des lieux et des milieux où il n’est pas attendu. • C’est quoi ? – tu te crois inapte, handicapé-e face aux autres, trop jeune ou trop âgé ? – tu penses ne pas avoir assez de connaissance de la Bible ou de Dieu, assez de temps, assez d’argent ? – c’est n’importe quoi ! – il est grand temps que tu relises dans la Bible les choix étonnant de Dieu, à nos yeux c’est souvent n’importe qui ! • Super, et alors ? – Laisse-toi aller à offrir ton aide, ton sourire, ta présence, une visite… – Laisse-toi aller à organiser un goûter, une soirée, un moment de chants et/ou de musique avec des amis pour ceux qui sont seuls, découragés, malades … – Laisse-toi aller, c’est gratuit – même si cela te prend du temps, de l’argent – et tout bénéfice pour l’autre qui ne t’a rien demandé ! – Laisse la vie s’épanouir, ne la muselle pas, ne la retiens pas … n’oublie pas que Dieu travaille avec toi et ne te laissera pas tomber ! Amen !