Textes : 1 Pierre 3, v. 13 à 22 Psaume 85 Ésaïe 40, v. 1 à 11 2 Pierre 3, v. 8 à 14 Marc 1, v. 1 à 8Pasteur Guy RousseauTélécharger le document au complet

2ème dimanche de l’Avent Ce dimanche 04 clos la « Semaine de la Bible »

 

Notes bibliques

Autour de Marc – Avent : temps d’attente d’un renouveau étonnant et non une saison de plus en plus commerciale ! Temps de préparation. Déjà une semaine passée, la deuxième commence par un « commencement » ! – Commencement : Cette appellation dura presque 150 ans avant que le terme d’« Évangile » soit utilisé. À l’origine l’Évangile était la proclamation d’un message de joie. Un messager court et à chaque fois qu’il rencontre des gens il proclame, s’écrie : « la victoire est à nous », « un fils est né au roi », « un nouveau souverain monte sur le trône », … que des bonnes nouvelles. – Le 2° dimanche de l’Avent : est centré sur Jean Baptiste. – Les 4 Évangiles ne situent pas au même moment leur « commencement » :

  • Mt et Lc par la conception
  • Jn dans l’éternité (Gen 1)
  • Mc par le Baptême de Jésus

– Dans Marc le lecteur devient témoin d’un nouveau commencement présenté comme Jésus-Christ Fils de Dieu. – Marc introduit d’abord un messager, il mentionne le désert (4 fois en 1,1-13) dans lequel il prépare le chemin, il s’écrie comme un lion rugissant. (L’image symbolique de Mc est le lion ; Mt l’homme, Lc le taureau et Jn l’aigle). Ce cri sert de passerelle entre Ésaïe et Marc. – Mc reprend 2 citations :

  • Ml 3,1 : Malachie (qui veut dire « messager ») s’adresse aux descendants des Juifs revenus de l’exil Babylonien. Bien que le Temple fût reconstruit, ils étaient dans le doute : le Dieu du jugement et de la grâce était-il encore vivant ?
  • Es 40,3 : Ésaïe avait annoncé aux exilés un nouvel Exode ; ils allaient revenir ; plus encore Dieu lui-même retournerait dans la terre promise.
  • Ces 2 prophéties faisaient partie d’un recueil de prophéties sur le « roi messianique » attendu. Le Messie – et non Dieu lui-même – allait conduire ce nouvel Exode.

– Dans Mc, le messager n’est pas envoyé devant moi, mais devant toi ;

  • ainsi la route à préparer n’est pas celle du roi, mais du Messie.
  • Son rôle est de désigner celui qui doit venir et préparer son chemin.
  • Il n’est pas question de conception, de naissance extraordinaire, de généalogie ou de portée cosmique, mais de Jésus Christ et Fils de Dieu

– Au temps de David :

  • Alors que David voulait construire une maison pour le Seigneur, Dieu lui répond qu’il allait construire une maison pour son oint
  • Il y a passage de l’idée de messies/oints descendant de David à la venue du roi messianique (que l’on trouve en Es 42,1ss)

– Dans Mc l’affirmation « Fils de Dieu » est comme la clef de voûte du témoignage qu’il veut rendre à Jésus le Messie : lors du Baptême et de la Transfiguration « en lieu privé, caché » avec ses disciples ; à la crucifixion (après la question : es-tu le Fils de Dieu) « en public, au jour » le Centurion s’écrie « cet homme était vraiment Fils de Dieu », les disciples et les femmes ne sont plus là. Ainsi le lecteur chemin faisant suit le témoignage de Mc en allant d’un « Fils de Dieu » à un autre « Fils de Dieu » ; à la suite du dernier (le Centurion) il peut lui-même confesser / reconnaître Celui qu’il a découvert comme « Jésus Christ Fils de Dieu ». Autour d’Ésaïe – Les chapitres 40 à 55 forment le « Second Ésaïe » dont le 40 est le portail d’entrée dont certains thèmes seront développés. – Le centre d’intérêt de l’auteur qui semble avoir connu les méfaits des Babyloniens (42,24s) fait penser à la fin de l’exil. Il s’adresserait aux exilés vivant lui-même parmi eux. – Le passage qui suit (12 à 31) est comme une carte d’identité de Dieu : à qui comparer Dieu ? Tout à la fois proclamation, louange et foi. L’interrogation « qui » revient 16 fois pour marquer avec insistance l’importance de la question. – Cette référence à la création dont Dieu seul est l’auteur souligne la vision universelle et non pas réduite au seul peuple. – Pas étonnant que dans ce contexte l’urgence est de consoler (2 fois pour en souligner l’importance). – La voix proclame que dans le désert déjà la consolation arrive, commence. Même les vallons et collines – obstacles à franchir – ne résisteront pas à l’action salvatrice de Dieu. – Le Seigneur est fidèle à ses promesses et la Gloire du Seigneur sera dévoilée, Il n’a pas abandonné son peuple, les nations – tous – en seront les témoins. – Mais 6-8 décrit une interrogation, une lamentation semblable à celle de Job : l’homme est bien peu de chose comme l’herbe … d’accord, mais « la Parole de Dieu subsistera toujours » conclut ce passage. La Parole de Dieu fidèle à elle-même est le ressort, le point d’appui de tous ces chapitres. – Sion – Jérusalem devient ambassadrice, messagère pour annoncer que Dieu vient tel un berger qui s’occupe de chaque brebis. Lier Marc et Ésaïe – L’Évangile vérifie et actualise cette annonce : elle est déjà réalisée. – Dieu cherche à embaucher des messagers pour crier. – Orienter la prédication au choix ou entremêler des pistes :

  • Dieu cherche à embaucher hier, comme aujourd’hui, ce « commencement » est sans cesse à reprendre, à chaque génération ? à chaque atteinte « aux créations de Dieu » nature et humanité confondues ? à chaque dérapage de la justice et de la paix ?
  • Dieu rassemble son peuple à travers toutes les nations comme un berger attentif à chacun-e. Repérer les obstacles à sa réalisation – les vallons et collines – à travers les siècles et dans nos Églises pour re-découvrir un Seigneur fidèle à sa Parole et un Fils de Dieu annoncé pour accomplir cette Parole.
  • Dieu console et encourage ses témoins, que nous sommes, afin de continuer à s’écrier, à témoigner de ce Seigneur qui est toujours là.

Prédication

Accrochage : Cela fait déjà un mois et demi que nous sommes convoqués pour Noël ! Depuis ce temps, tout est fait pour le grand rendez-vous commercial. Tous les crédits, facilités de paiement, les promotions, achats groupés, etc. … sont mis en place pour nous. Oui pour nous ! Pour nous préparer à faire des cadeaux et une fête digne de ce nom. L’objectif étant fixé, nous pouvons effectivement nous organiser. Par exemple rogner sur l’alimentaire, l’utile, se serrer un peu plus la ceinture … on aura le temps au lendemain de la fête de nous lamenter, de douter sur le choix bon que nous avons fait. Oui, il vient Noël, préparons-nous ! Oui, plus ou moins malgré nous, notre attention, notre désir de faire plaisir à nos enfants, conjoints, parents, amis est stimulé, nous projette dans ces préparatifs là. Nous pensons déjà aux sourires que ces cadeaux vont provoquer. Et puis ce sera comme une lumière pour éclairer les ombres de nos difficultés, nos épreuves, nos découragements. Oui, je suis d’avance heureux de tous les visages qui vont s’éclairer ! Des mots contre les maux : L’Évangile de Marc rejoint le prophète Ésaïe dans ce cri de réconfort et de consolation, dans cette annonce hors du temps qui d’un seul coup se réalise. Attente Chaque année, au fond, nous sommes exaspérés par la commercialisation de Noël. Nous nous contentons plus ou moins de manifester notre désaccord, notre mauvaise humeur : d’ailleurs rien n’y fait. Cette façon de vivre n’est pas satisfaisante. Le peuple était désespéré, découragé : comment sortir de cette situation d’exil ? Oui, le combat est dur, le temps s’allonge, mais c’est terminé, fini. Oui, sans doute, le peuple a pêché, provoqué son exil et la colère de Dieu. Oui, mais Jérusalem (le peuple) reçoit par la grâce de Dieu le double de sa rétribution (40,2,10). Alors écoutez et voyez d’avance ce qui se réalisera : Dieu s’engage ! J’entends à travers les paroles d’Ésaïe, celle de tous les hommes de foi tout au long de la Bible. Oui Dieu redit sans cesse les mêmes choses. Mais à chaque tournant de son histoire, un homme, une femme, messager ou messagère réussit à redonner courage. Pourtant la résistance à une parole qui va à l’encontre de ce que les yeux voient est grande. Une nouvelle autre, et à plus forte raison une Bonne Nouvelle en période de crise profonde est difficile à recevoir, à accepter, à être le signe d’une remise en route, à croire, à espérer. Dieu est lucide : l’homme est comme une herbe : fragile ! Rumination De génération en génération les promesses, les prophéties, les « actes de Dieu » se transmettent, donnent courage, bousculent les doutes, affermissent l’espérance d’un futur meilleur. Les exilés reviendront en chantant, même si tout ne sera pas facile pour se réinstaller dans leur pays. Les co-baptisés de Jésus, qui déclarent vouloir changer radicalement de vie ont déjà fait du chemin pour recevoir cette nouveauté. Mais les textes reçus, entendus, font leur chemin en eux tous. Ils gardent et transmettent cette Bonne Nouvelle comme une promesse réalisable. Jean Baptiste, écrit Marc, ne peut s’empêcher de crier et crier encore que ce temps est maintenant là, que le Messie est là au milieu d’eux, qu’il suffit de l’accueillir. Ésaïe, avant lui, disait qu’attendez-vous encore ? : Votre Dieu est là ! C’est LUI qui soigne, porte et accompagne les brebis dont tu fais partie. Action La Bonne Nouvelle fait son chemin en nous, elle peut le faire pour chacun-e. C’est une parole efficace par delà nos fragilités, nos timidités, nos cécités. Dieu se réjouit – même si parfois il doit se désespérer – de nous embaucher pour crier que le combat est fini, que le commencement pour chacun-e n’est plus en attente, une utopie, une idée lumineuse, mais la réalité pour tous. Et si le fait de crier – même en tremblant – devenait acte de foi ? Transformait déjà mon regard sur CELUI qui vient encore et toujours nous rencontrer, habiter au milieu de nous ? Transformait notre regard sur tous ceux qui ont mal autour de nous, tous les peuples dont les cris vitaux montent vers nous ? Et si le fait de crier – même en sachant que le chemin est long et rude – permettait à la Parole de se frayer un chemin dans nos déserts les plus arides ? Qu’attendons-nous pour oser crier une Bonne Nouvelle sur la place publique au froid et à la critique ? Conclusion : Il est temps de partir sur les chemins intérieurs de nos vies et les chemins des hommes et femmes qui nous entourent au près et au loin. Cet homme qui se glisse entre les pécheurs pour se faire baptiser, c’est LUI le Fils de Dieu qui prend corps avec ma condition humaine. Rien ne le distingue des autres, seule la parole du Baptiste. Cet homme qui apparaît rayonnant d’une lumière éblouissante sur la montagne, c’est avec LUI que Dieu nous donne rendez-vous. Cet homme lamentable avec sa couronne d’épines, dont la vue est insupportable aux disciples qui gardent le silence au loin, que Pilate provoque en questions, c’est en LUI que Dieu se révèlera. Cet homme encore plus décevant que lamentable, pendu à la croix, co-agonisant avec les bandits, c’est LUI que le Centurion Romain (ni Juif, ni disciple, ni une des femmes fidèles à Jésus depuis le début) confesse qu’il est véritablement le Fils de Dieu. Cet homme là, n’est plus un personnage d’une histoire ancienne racontée par les anciens et dont les Écritures parlent ; Non, cet homme est là au milieu de nous – Emmanuel (Mt 1) – tout proche dans ta vie et ma vie. Il est CELUI qui sans cesse nous donne rendez-vous au cœur de nos joies, nos espérances, nos détresses et nos découragements les plus profonds, nos peurs incessantes, nos doutes récurrents. Il vient habiter nos commencements dans un accompagnement de chaque jour. Cet homme là qui vient à ta rencontre, dont tu saisis la Seigneurie avec joie, qu’attends-tu pour aller crier cette bonne nouvelle. T’es-tu préparé-e ? Ésaïe le disait il y a déjà des siècles : Tu es chargé-e d’une Bonne Nouvelle, n’aie pas peur de la faire entendre ! Amen Chant : NCTC Ps 85 Seigneur ton cœur a connu AEC 307, Alléluia 31-01 (même musique) : Oh ! viens, Jésus