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Deut 30.10-14
Ce texte peut être le texte d’une prédication à lui seul. J’envisage le reproduire afin de le lire ensemble en tant que « Volonté de Dieu ».
Luc 10:25-37
Jésus raconte cette histoire qui aurait eu un effet sur les auditeurs Judéens – l’idée même de recevoir les soins des mains d’un Samaritain était insupportable, avec le risque d’être souillé. La parabole n’est pas une histoire d’un vol, mais une vision d’une nouvelle réalité qui est disponible pour ceux et celles qui le « méritent » le moins. Quelques questions pour refaire la prédication :
- Qui répond négativement à cette histoire ? Pourquoi ?
- Qui répond positivement à cette histoire ? Pourquoi ?
- En relisant cette histoire est-ce que votre perception de la réalité est différente ? Et quoi est-elle changée ?
Colossiens 1.15-20
Le thème de vision est aussi présent dans la lecture de l’épître. Le Christ est l’image de Dieu. Tout comme celui qui est dans le besoin est l’image du divin.L’image de Dieu est celui qui révèle Dieu. C’est mettre une glace devant le visage, l’aspect du visage est « révélé » dans la glace.Les pistes possibles sont :
- Comment refléter l’image de Dieu dans le monde ?
- Comment trouver l’image de Dieu dans la crucifixion et la souffrance ?
- Quelle est l’efficacité de notre souffrance pour « imager » Dieu
Se présenter devant Dieu
Souvent en ce temps de vacances, nous avons des visiteurs dans nos temples. Les personnes en vacances, ou d’autres qui sont chez nous pour rendre visite aux membres de leurs familles. Ce matin, j’aimerais que vous vous présentiez les uns aux autres. Prenez quelques minutes pour se tourner dans vos bancs et dire bonjour à quelqu’un que vous ne connaissez pas. Présentez-vous, qui vous êtes, votre nom, d’où vous venez…
Au commencement, l’exercice n’est pas si facile que cela. Les questions bousculent dans nos têtes : Que dire ? Qu’est-ce que je peux dire de moi-même et qu’est-ce que j’omettrai de dire ? Nous nous présentons aux autres d’une manière différente selon les circonstances, notre humeur, l’autre en face…
Je ne me présente pas de la même manière dans la famille, chez moi ou au travail avec les collègues ou face à un représentant commercial. Encore différemment au temple ou dans une fête de mariage (« vous savez, je suis le deuxième cousin par alliance d’un tel… »). Comment nous présentons-nous et comment nous présentons-nous devant Dieu ?
Telle est la situation du maître de la loi devant Jésus. D’abord il essaie de tendre un piège à Jésus et puis voulant se justifier il dit à Jésus, « Et qui est mon prochain ? » Quelle était sa motivation pour se présenter ainsi devant Jésus ? Pour marquer des points – une sorte de combat intellectuel entre deux connaisseurs de la Loi. Ou pour se valoriser devant ses amis ? Ou encore, était-il motivé par sa position et voulu régler une fois pour toutes ce problème « Jésus » pour ses maîtres. Nous ne saurons pas la motivation exacte, mais nous sommes sûrs qu’il se tient devant Jésus, et à la mesure de ses « non-questions » il reçoit une non-réponse.
Nous pouvons remarquer que souvent Jésus a la fâcheuse habitude de ne pas répondre aux questions que l’on pose. Prendre l’exemple de Pilate qui voulait savoir ce que c’est la Vérité – pas de réponse (Jean 18.38). Peut-être Jésus fait des non-réponses parce que les questions sont souvent des opinions, ou bien des phrases pour le tester. Ce qui est le cas de notre maître de la loi, notre avocat. Jésus réplique avec une parabole. Il n’y a pas de jugement, ni trivialité ou émotivité. Une histoire qui montre comment Jésus voit le monde. Et puis, à la fin, une invitation pour chacun à voir le monde comme Jésus le voit. Qu’est-ce que Jésus veut nous montrer ? Ou plutôt, comment Jésus veut nous montrer « son» monde ? Il nous le montre du point du vue du voyageur. Cette parabole, on la connaît sous le titre « le bon samaritain », mais en réalité le personnage central n’est pas le Samaritain mais le voyageur. C’est lui qui figure dans chaque scène, il est central, il est le sujet.
Regardons une fois encore cette histoire, mais à partir du regard du voyageur. Commençons avec le commencement. Le maître de la loi se met devant Jésus qui est entouré d’une foule de gens. L’avocat est venu pour chercher des preuves : il a un procès à dresser contre Jésus pour blasphème et il a besoin d’aveux ou de preuves. Il est sûr de lui-même, de sa capacité comme avocat, de son droit et il a toute la force de la loi avec lui.Il essaie d’abord de piéger Jésus, mais Jésus connaît la loi aussi bien que lui. Dans cette première partie, il y a deux bonnes questions et deux bonnes réponses – match à égalité !
Sauf que nous les lecteurs, nous savons que des questions utilisées pour gagner sur l’adversaire n’ont pas leur place dans le Règne de Dieu, et que les questions dont on n’a aucune intention de mettre en pratique les réponses ne nous avancent pas sur le chemin vers le Royaume. Après les premières tentatives, l’avocat sort son joker, « Qui est mon prochain ? ». Derrière cette question il y a une attitude et une réponse – car il sait pertinemment qui est son prochain et qui ne l’est pas. Au lieu de lui répondre, Jésus le déplace. Souvent j’aime mettre en scène les histoires de Jésus. Avec celle-ci j’imagine le face-à-face entre l’avocat et Jésus, la foule se tient en arrière-plan attentif à ce qui va se passer. (Pour cette mise en scène je remercie John Shea pour son excellent livre, “An Experience Named Spirit”.) Jésus avance d’un pas et pose ses mains sur les épaules du maître, et le regarde dans les yeux. Pour Jésus, il n’existe que cette personne. Et il commence, les yeux dans ceux de l’autre :+« Un homme descend de Jérusalem à Jéricho…Il soutient le regard de l’autre avec la pression de ses mains sur ses épaules jusqu’à ce que l’autre comprenne que cet homme est lui-même, c’est lui qui est sur cette route dangereuse. Puis Jésus se tourne vers la foule et continue son histoire. Il parle de l’attaque, du vol, du passage à tabac. Il raconte comment cet homme à demi-mort sur le bord de la route voit deux personnes passent de l’autre côté, dont un qui fait le même travail que lui– un confrère !
Jésus nous déplace pour partager avec lui sa vision du monde, depuis le bas-côté. Je suis là, c’est moi couvert de sang, un œil au beurre noir et avec l’autre œil, j’aperçois qu’il approche. Je vois mal: la douleur et ma demi-conscience font que tout est flou. Mais sans savoir comment je sais que c’est un Samaritain. Le pire de mes cauchemars se réalise. Qu’est-ce que je pouvais attendre de lui? Qu’il passe comme les autres. Je n’ai plus rien, donc il ne peut pas me voler. Peut-être il veut tout simplement me donner un coup de pied dans les côtes… Mais non, il se baisse. Mon Dieu qu’est ce qu’il va me faire ? Il me soigne, il me prend dans ses bras. Et, Seigneur, il prend tout son temps. S’il veut m’aider qu’il fasse vite, qu’il me jette sur son âne et m’amène à l’auberge pour me dire « Et tu n’aurais pas fait la moitié de cela pour moi, toi ! ».Mais non, il fallait qu’il me lave comme une mère. Je vois mes larmes dans ses yeux. Il me masse avec de l’huile et il déchire son vêtement pour panser mes plaies. Il me soulève et me pose sur le dos de sa bête et il me conduit à l’auberge. Il me met dans un lit et m’apporte à boire et à manger. Il me couvre de couvertures. Juste entre le sommeil et la conscience, j’entends le bruit de quelques pièces de monnaie qui s’échangent de main en main, puis il donne des instructions à l’aubergiste…il dit qu’il reviendrait pour régler la différence.À aucun moment il ne m’a adressé la parole – il a communiqué seulement avec ses larmes, ses mains, ses gestes et son regard.+Du nouveau Jésus a ses mains sur les épaules de l’avocat et il plonge son regard dans ses yeux, est-ce qu’il y voit des larmes ? « À ton avis lequel était le prochain pour l’homme attaqué par les bandits ? » Et dans toute cette histoire c’est la seule question qui n’est pas un piège. À ce moment, l’avocat répond avec émotion et franchise et dans son bouleversement, il voit. Il voit le monde comme Jésus le voit – de la perspective de l’homme dans le fossé. À ce moment, quand nous apercevons le monde comme Jésus, nous n’avons plus besoin ni de questions, ni de pièges car à ce moment-là nous réalisons avec ce maître de la loi qu’il n’y a ni Samaritain, ni prêtre, ni avocat. Seulement ceux qui pleurent et ceux qui passent à côté.
Voir le monde comme Jésus le voit. Se présenter devant Dieu avec cette autre vision des choses – voilà l’invitation de Jésus. Parce que chacun de nous est en train de mourir du désir d’être soigné et de soigner comme ceux et celles qui vivent la vie en abondance.Parce que chacun de nous a besoin de recevoir et de donner de la miséricorde, de panser les blessures des autres et de recevoir leurs soins pour nous. Parce que chacun de nous a besoin de prendre soin des autres et de les accompagner jusqu’à l’enfer et y retourner s’il le faut, car nous aussi nous voulons être accompagnés sur cette même route.Non pas parce qu’il faut, ni parce que la loi nous dit de le faire, non pas parce que Jésus l’exige de nous – mais parce que vivre véritablement, c’est comme ça !
Grâce à Dieu en Christ qui nous accompagne dans toutes nos blessures et dans tous nos soins.
Thématique :Vie Chrétienne
Se présenter devant Dieu/Identité du chrétien/Perspective du monde de Jésus