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Notes bibliques

Colossiens 1.11-20 

Paul nous dépeint sa vision de l’évolution spirituelle divine et ce que sera l’humanité quand tout sera réconcilié en Dieu. Une vision de la christologie de Paul qui est parmi les écrits les plus puissants du Nouveau Testament. Paul expose quatre éléments du plan divin :

    1. Jésus est la manifestation humaine de Dieu
    2. Tous font partie de l’Église confessante
    3. La totalité (unicité) de la création
    4. Tous peuvent venir à Dieu par le Christ par la foi

Ce texte est aussi ancré dans l’histoire spécifique de la communauté chrétienne à Colosse autour de 30 ans après la résurrection de Jésus.

D’autres pensent que la communauté contenait des disciples « Esséniens » (Edouard Schweizer The Letter to the Colossians : A Commentary). Dans son commentaire Schweitzer voit les versets 15-20 comme un cantique de louange au Christ en deux strophes. La première strophe s’adresse aux problèmes du monde présent. La deuxième strophe annonce la réconciliation et réunification avec Dieu à travers le Christ.

George Caird, dans son commentaire, nie l’existence d’un cantique ancien, mais suggère que nous avons ici la christologie de Paul. La mort et la résurrection de Jésus retournent toutes les autres autorités et inaugurent un nouvel âge de souveraineté sur toute la création. Par le baptême, le croyant est intégré dans la mort et la résurrection du Christ, le baptême remplace la circoncision comme symbole d’une relation nouvelle avec Dieu. 

 

Luc 23. 35-43 

Le lieu Golgotha était sur la route en dehors des murailles de la ville. En crucifiant dans un endroit public les Romains voulaient passer un message de dissuasion et de montrer leur puissance par la terreur. Pourquoi crucifier un roi ? Les citoyens romains furent exécutés par décapitation. Des rois tombèrent normalement sur les champs de bataille. Les juifs ne se considèrent, ni furent considérés comme des citoyens romains.

Les textes de la Passion montrent que c’est le cri du peuple qui demande la crucifixion. A l’époque où Luc écrit son évangile (80-85), les Romains considéraient que les Chrétiens étaient des traîtres et la mort d’un héros martyrisé avait du sens pour son auditoire Romano-Grec.

La compréhension chrétienne de la royauté de Jésus est basée sur la croyance que Jésus était le Messie tant attendu, mais non d’un roi issu des pages du Premier Testament. Luc reflète ces idées dans la moquerie dont Jésus est victime sur la croix (v.37). La clé de la vision chrétienne est la croyance que Dieu intervient dans la marche d’histoire par les actes des humains, prêts à se sacrifier et à mourir afin d’établir le règne de Dieu. La célébration du Christ Roi est l’occasion d’honorer toute l’histoire de la rédemption de l’humanité par Dieu à travers l’incarnation, la crucifixion, la résurrection et l’ascension qui est présentée dans les Évangiles.

Au-delà des autorités qui peuvent demander notre allégeance, l’Évangile déclare une fois pour toutes que Dieu a agi définitivement en Jésus Christ pour tout ramener à lui. Le croyant est appelé à vivre « maintenant et ici » cette autorité dans sa vie et ainsi de s’engager dans sa mission pour sauver ce monde.

 

Prédication

Christ le Roi 

Pour terminer l’année chrétienne, le dernier dimanche avant l’Avent, le lectionnaire propose comme thème « Christ le Roi ». C’est un thème qui a fasciné des artistes à travers des siècles.

Souvent Christ le Roi trône au-dessus des portes ouest de la plupart de nos cathédrales en Europe. Il est présent sur le plafond de la chapelle Sixtine. Plus moderne est le Christ en tapisserie au-dessus l’autel dans la cathédrale de Coventry.

En musique aussi, le thème est annoncé par les fanfares de Dies Irae dans le Requiem de Verdi. L’apôtre Paul n’avait que ces mots. Avec ses mots, il nous conduit sur les cimes de la louange. I

ci dans cette atmosphère raréfiée de la haute montagne, nous avons besoin de chacun, besoin de rester connecté par des liens d’amour et de fraternité. En ce dimanche, nous approchons le sommet de notre foi. Ce même roi, nous le trouvons dans les contrebas avant de le percevoir sur les hauteurs de la montagne. Et Luc nous l’indique monté sur une croix. Nous avançons vers les préparatifs de Noël, nous sommes dans les soucis des invitations, de budget et des listes. Nous attendons de voir venir notre sauveur comme un enfant, un bébé dans toute sa fragilité. Et l’image qui nous est offerte à la fin de cette année est d’un être humain déchiré par l’agonie, la douleur et la mort.

La royauté du Christ ne réside pas dans le fait qu’il s’est sauvé lui-même, mais parce que son amour sacrificiel restaure et sauve l’humanité. Il est là comme une déclaration d’amour et de pardon, car ceux qui lui font du mal, « ne savent pas ce qu’ils font » – même si ces mots sont absents des meilleurs manuscrits de l’Évangile de Luc la force est présente dans leur message.

Luc nous dépeint ceux qui reçoivent ce pardon du Christ crucifié : Le peuple, qui n’a rien fait pour empêcher sa mort, mais qui ne l’injurie pas non plus. Les chefs se moquent de lui avec les mêmes mots que la confession de foi de Pierre au moment de la transfiguration – mais ils ne savent pas ce qu’ils disent, ils ne comprennent pas. Les soldats font écho à l’inscription sur la croix de Jésus – et encore ils ne comprennent pas la vérité contenue dans ces quelques mots. Enfin un des « autres » criminels participe à la moquerie, « Si tu es le Christ, sauves-toi toi-même et sauves-nous aussi ».Seul l’autre criminel le défend. Il s’adresse à lui en le nommant « Jésus » souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume.

Seul un roi a un royaume. Le roi se trouve encore plus bas que les contrebas, les piedmonts, il se trouve au fond avec des criminels. Il se trouve de tout temps avec le peuple, les chefs, les soldats et les criminels, les parias et les rejetés. Nous n’avons pas à regarder loin pour percevoir ce roi sur son trône de bois. Il est tout le temps là où Luc nous le dit : au seuil de son royaume sur une croix.

Voici notre premier pas sur le sentier que Paul nous indiquera plus tard. Le sentier qui commence dans les ténèbres afin d’être transporté dans son royaume. Maintenant le sentier monte et nous quittons tout ce qui pour nous est familier. La marche devient plus pénible, et nous arrivons à tel point qu’en regardant en bas nous discernons le chemin déjà parcouru, tout en étant également conscient de ce qui reste à faire. Trop loin pour retourner, mais pas assez loin pour percevoir le sommet. Nous sommes face au conflit que Paul éprouvait entre connaître la gloire que nous connaissons et la gloire à venir. Nous regardons avec lui à travers une fenêtre obscurcie, nous ne voyons que des images vagues et indéfinies. Parmi toutes les impressions qui nous viennent à travers le brouillard de la montagne nous entendons des chants et des louanges comme ces voix qui entonnent ce cantique avec lequel Paul ouvre sa lettre aux gens de Colosse. Mais ce cantique nous ne le chantons pas pour le moment, nous avons encore de la route à faire. Nos cœurs sont occupés à faire circuler le sang pour l’effort de notre ascension.

Un pas après l’autre nous apprenons ce que c’est d’être disciple. L’autre face de notre amour pour les autres – c’est l’amour pour soi-même. La parole résonne dans nos oreilles intérieures qu’un disciple aime son voisin comme lui-même, non « à la place », non « plus que», mais « comme » lui-même. Cet amour n’est pas l’infatuation avec soi-même ni le narcissisme destructeur, ni l’auto-félicitation de l’égocentrique. Cet amour est celui qui reconnaît que notre plus grand bien est de connaître Dieu, et en le connaissant de trouver la vie éternelle. Cet amour nous apprend à chérir ce qui est l’essentiel pour nous. Pour survivre sur les flancs de la montagne nous avons besoin d’une carte, d’une boussole, de nourriture et des vêtements chauds.

En Christ, nous avons sa Parole pour nous guider, son don de lui-même dans le pain et le vin pour nous nourrir et l’armure de Dieu pour nous protéger. Parfois nous pensons que nous avons besoin de plus que cela et à d’autres moments nous pensons que nous n’en avons pas besoin du tout. Notre chemin n’est pas tracé pour nous, nous apprenons à avancer par la foi. Les artistes utilisent leurs dons afin de nous communiquer leur vision de foi en bois, en peinture et en musique. Nous ne sommes pas des artistes, néanmoins nous partageons la même vision du Christ. Un pas après l’autre, nous approchons le sommet, l’amour grandira dans nos cœurs. Notre foi transcrira cette vision dans nos vies, une communication par nos actes, nos paroles nos gestes et nos prières. Nous sommes des Michel-Ange en train de peindre la chapelle Sixtine dans nos vies. Dans les circonstances de nos vies, dans nos situations, là où Dieu nous place avec nos voisins, nos familles, nos collègues de travail avec le matériel qui est le nôtre : nos habitudes, nos pensées, notre approche si personnelle. Nous transformons ce que nous avons compris de son amour dans les gestes de tous les jours pour rendre la vision visible aux autres. Car nous aussi, un jour nous arrivons au sommet. En lui tout a été créé, toi et moi.Tout a été créé par lui et pour lui, y compris toi et moi. C’est en lui que tout se tient, toi et moi… et tous les autres. Ces paroles sont puissantes.

Le Christ vient pour rassembler autour de lui un peuple, un royaume qui ne connaît pas de limites. Il n’est pas un roi sans peuple, un seigneur sans royaume. Nous sommes son peuple et un jour nous serons autour de lui avec toute la création. Ce n’est pas facile de capturer l’étendue de cette vision. Nous ne savons pas comment, ni quand.

Nous vivons dans un monde sans Dieu, qui fonctionne très bien sans la croix et le sacrifice. Nous vivons dans un monde où l’amour, la foi et l’espérance font face avec détermination et conviction à ce qui détruit et sépare. Le chemin nous semble encore trop long pour savoir si oui ou non le Christ va vaincre la mort. Notre foi ne nous dit pas comment ces choses vont arriver, notre foi nous dit que la montagne a un sommet, et qu’à la fin toutes choses convergeront vers lui. De notre sommet, nous regardons plus loin et nous voyons, comme pour la première fois le commencement de toutes choses. La fête du Christ le Roi est le dimanche avant le temps de préparation pour Noël. L’avant-dernier pas vers le commencement. Ce commencement nous conduira vers un roi né dans une étable, le même qui remettra à Dieu lui-même toute la création.

Jean commence son Évangile à la fin de tout. C’est lui qui nous parle d’Alpha et d’Oméga, de la première parole et de la dernière. Quand la parole fut prononcée au commencement Dieu était dans le mystère de la relation entre le Père, le Fils et l’Esprit. La parole prononcée donna naissance à la création. Quand la dernière parole sera annoncée tout sera comme au commencement, ou presque. Le Père et le Fils et l’Esprit et toute la création seront liés ensemble. Nous n’aurons plus besoin d’un temple pour nous dire sa présence, ni d’une lumière pour nous illuminer, ni d’un commandement pour l’aimer. Car tout sera réconcilié avec lui-même aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux. 

 

 

Suggestion de cantiques

    • AEC 262, Alléluia 51-16 : « Roi des rois »
    • AEC 151, Alléluia 12-01 : « Je louerai l’Éternel »
    • AEC 254, NCTC 186, Alléluia 33-12 : »Entonnons un saint cantique »
    • AEC 268, Alléluia 41-36 : « Oui, tu es digne »
    • AEC 312 : « Seigneur, que ton règne admirable »
    • AEC 454, NCTC 199, Alléluia 33-08 : « Nous voici devant ta croix »
 

 

Thématique : Christ Roi/Commencement, convergence de toutes choses/Sommet de la foi/ Marche vers christ/Discipolat/