Le Synode national, réuni au Lazaret (Sète) le 17 mai 2015, a adopté la décision1 qui intervient au terme d’un processus synodal de plus de 18 mois, ouvert sur un thème large : Bénir. Témoins de l’Evangile dans l’accompagnement des personnes et des couples et qui s’est progressivement concentré, au fil du travail dans les paroisses puis dans les synodes régionaux2, sur la question de la bénédiction des couples mariés de même sexe. Le Synode a notamment décidé : « Le Synode est soucieux à la fois de permettre que les couples de même sexe se sentent accueillis tels qu’ils sont et de respecter les points de vue divers qui traversent l’Eglise protestante unie. Il ouvre la possibilité, pour celles et ceux qui y voient une juste façon de témoigner de l’Evangile, de pratiquer une bénédiction liturgique des couples mariés de même sexe qui veulent placer leur alliance devant Dieu ».
Une décision synodale, parole d’Eglise
Les points de vue sur cette question précise, et plus largement sur le thème synodal, sont divers dans notre Eglise, parfois opposés. Les lectures de l’Ecriture, les arguments théologiques, la perception des attentes, le contexte social, les logiques ecclésiales, les expériences pastorales, l’histoire familiale et individuelle, les résonances intimes, se combinent dans des positionnements complexes, bien plus nuancés que ce que les propos médiatiques ou les réactions sur les réseaux sociaux semblent trop souvent indiquer. Après la décision synodale, cette diversité demeure et elle doit être respectée et même honorée. Quant à la décision synodale, parole de notre Eglise, elle doit bien évidemment elle aussi être respectée et honorée.
Le résultat des votes de chaque paragraphe (plus de 90 % de voix pour, en moyenne) ne signifie en aucun cas qu’une majorité écrasante aurait « gagné » face à une petite minorité. Après les longs travaux préparatoires et au terme de la session synodale, il dit tout autre chose, qui est très important. Il signifie que le processus d’élaboration et de rédaction du texte soumis au vote a été mené suffisamment loin pour que la plus grande partie des délégués synodaux, dans la variété même de leurs points de vue personnels exprimés en groupes et à la tribune, puisse y reconnaître la parole de notre Eglise.
La décision qui vient d’être prise, quel que soit notre légitime positionnement personnel, est une vraie décision d’Eglise. Il nous appartient de l’accueillir comme telle.
Prendre le temps de lire la décision
Chaque étape du texte est importante, ainsi que leur articulation. Nous en soulignons ici quelques aspects, dans l’ordre des paragraphes.
De 0.1 à 6 : si nous valorisons la diversité, n’oublions pas les points de consensus total, très nombreux et fondamentaux ! On en retrouve tout au long du texte, depuis la lecture des Ecritures jusqu’à l’attention aux questions de société, en passant par la communion de l’Eglise, donnée par Dieu et toujours à traduire en communion fraternelle.
En 3.5, le Synode indique qu’il a été attentif aux points de vue exprimés par nos Eglises-soeurs, des Eglises évangéliques à l’Eglise catholique, en passant par beaucoup d’autres, en France comme à l’étranger. Bien souvent, les accords ou les désaccords, selon les cas, avec ces Eglises sur les questions de conjugalité ou de mariage sont anciens, connus. Dans les jours qui viennent, le texte de la décision, accompagné d’une lettre permettant d’en préciser le contexte et les enjeux, sera envoyé aux responsables de ces Eglises-soeurs.
En 4.2.1, les différences, en particulier quant à l’interprétation des Ecritures, sont évoquées. Elles le sont brièvement (un texte de décision synodale doit rester court) mais réellement. Aucune n’est ignorée, moins encore dévalorisée.
En 4.2.2, il faut souligner que le Synode a décidé d’ouvrir une possibilité. La bénédiction de couples de même sexe mariés, qui en font la demande, ne s’impose à aucun pasteur, à aucun conseil presbytéral. Là où le pasteur et le conseil s’accordent, comme il est précisé au 5.2, elle est possible. La diversité de pratiques n’est pas une nouveauté dans notre Eglise : elle existe par exemple aussi, sous des modalités différentes, à propos de la pratique, bien plus centrale pour la vie de l’Eglise, du baptême des petits enfants.
Et maintenant ?
En Conseil presbytéral, il sera bon de lire la décision, pour s’assurer que chacun est bien au même niveau d’information. Lorsqu’il est dit que le Conseil presbytéral et le pasteur doivent s’accorder sur la réponse de principe à apporter, le Synode précise que ce doit être à l’occasion d’une demande réelle. Depuis le début, le processus synodal a abordé le sujet sous un angle pastoral et il est bon de continuer ainsi. C’est donc lorsque le pasteur sera en mesure de dire à son conseil « j’ai reçu une demande » (sans entrer dans les détails de la situation concrète, car il est tenu au secret) que le conseil et lui, en dialogue, devront décider s’ils ouvrent localement la possibilité d’une telle bénédiction.
Pour sa part, le Conseil national va constituer les deux équipes dont la création a été décidée par le Synode et dont le rôle est précisément décrit. Il demeure à l’écoute de la réception de cette décision dans les paroisses et Eglises locales. Il est prêt à répondre aux suggestions qui lui seraient faites pour favoriser cette réception.
Avec l’aide de l’Esprit saint, osons la confiance entre nous, dans la confiance au Dieu de Jésus- Christ, qui nous bénit et nous appelle à bénir ! C’est par cette exhortation que se clôt le texte adopté par le Synode. Qu’elle nous soutienne dans notre marche commune, pour être une Eglise de témoins de Jésus-Christ aujourd’hui.
1. https://acteurs.epudf.org/actualites/synode/
2. Lire le rapport des synodes régionaux et le rapport national présenté au synode national