Voilà l’une des formulations qui reste en mémoire après 3 jours passés à Budapest avec des représentants de différentes Églises protestantes en Europe.
La maison, ce serait l’Eglise que nous connaissons, celle qui est bien posée sur la place du village ou en pleine ville, celle qui a son fonctionnement bien établi avec un ou une pasteur.e, un conseil presbytéral, et celle qui a ses activités.
La Tiny-House, petite maison en bois minimaliste et mobile, mais pas trop, ce serait l’Eglise des groupes de maison, qui s’invente une manière de vivre autour de quelques thématiques. In fine les résidants de cette Tiny-House trouve un fonctionnement qui devient le leur, et auquel les nouveaux venus devront bien s’adapter.
La caravane, ce serait l’Eglise qui est toujours en mouvement, quelques personnes qui se déplacent pour vivre leur foi dans le monde et dont les règles ne seraient pas établies par elles, mais par le contexte dans lequel elles viennent se poser pour quelques jours ou quelques semaines.
Et si l’Eglise, c’était tout ça ensemble, en même temps, porté par une même envie de rejoindre les personnes, en étant nous-mêmes heureux de notre histoire, et inventant avec d’autres une vie croyante pour aujourd’hui ?
Si l’Eglise, c’est tout ça ensemble, alors on peut parler d’« économie mixte », de cohabitation dans une même Eglise institutionnelle ou une même communauté ecclésiale de formes traditionnelles et de formes nouvelles.
Et l’Eglise, c’est tout ça ensemble ! Par petites touches ou de manière plus construite, l’ensemble des Églises protestantes en Europe mettent l’accent sur l’importance de l’adaptation dans l’annonce de l’Évangile et sur la complémentarité des formes.
La diversité des formes est nécessaire dans un monde qui change très vite. Elle permet de rejoindre les personnes selon leur itinéraire. Elle met en musique les théologies de la dissémination et des marges.
Dissémination, parce que nous sommes comme croyants, chrétiens, protestants devenus (ultra-)minoritaires et que nous sommes dispersés dans le monde. De cette dispersion, nous pouvons faire une force, la relisant comme une manière d’être levain dans la pâte du monde.
Des marges, parce que nous sommes appelés à aller vers les personnes qui ne sont pas en Eglise, et surtout parce que nous croyons que ces personnes nous disent quelque chose du Christ dans le monde d’aujourd’hui.
Les autres Églises européennes ont témoigné de l’importance de repenser la formation initiale et continue des ministres et des non-ministres, d’inventer ou de renouer avec d’autres formes de ministères. Partout en Europe, il y a des demandes pour que la théologie soit accompagnée, mise en résonnance, travaillée en complémentarité avec des contenus d’animation, de conduite de projet, de compréhension du changement, de co-construction…
La diversité des formes et des ministères est une chance, aussi, parce qu’elle interroge nos Églises dans la définition qu’elles donnent d’elles-mêmes et dans leurs processus décisionnels.
Sur la définition : nous avons aujourd’hui des tiers-lieux qui émergent, des endroits/espaces créés par l’intuition de paroisse et qui s’ouvrent sur le monde (bistrots-spi, jardin partagé, espace de co-working en germe…) ou nous avons des expériences de type évangélisation et diaconie. Bien souvent, ces expériences nous les appelons « projets » et pas Eglise. Pourquoi ? Qu’est-ce qui nous retient de le faire ? Où l’Evangile doit-il être « correctement prêché » et les sacrements « droitement administrés » ? Est-ce dans un lieu précis d’Eglise ou est-ce dans l’Eglise comprise comme communion ? Ces questions s’entendent en Allemagne, au Pays-Bas, en Pologne, en République tchèque… et dans les 15 pays qui étaient représentés à Budapest.
Sur les processus décisionnels et les structures ecclésiales : les personnes qui vivent l’Eglise ailleurs qu’en paroisse, comment pouvons-nous leur offrir toute leur place dans la synodalité ?
En résumé, 3 jours riches et intenses de partage, de communion et de réflexion et qui résonnent fortement avec la démarche synodale « Mission et Ministères » de l’Eglise protestante unie de France. Ils nous invitent à relire les textes votés au Synode national de Mazamet, dont les Grandes orientations.
Avec les autres nous sommes appelés à :
- Approfondir notre vie en Christ, source de la Mission,
- Nous engager dans la Mission de Dieu au cœur du monde
- Oser de nouvelles formes de vie d’Eglise : ouvertes, inclusives, réceptives
- Repenser nos ministères et leur insertion dans l’Eglise en fonction de la Mission aujourd’hui
Ensemble avec Dieu, et chaque personne selon ses compétences, habitons nos maisons, dans la sobriété bâtissons des Tiny-House et partons à l’aventure en caravane !
Vivons l’Eglise dans le monde !