2e dimanche de carêmeTextes : Ésaïe 34, v. 1 à 17 Psaume 33Genèse 12, v. 1 à 8 2 Timothée 1, v. 8 à 10 Matthieu 17, v. 1 à 9Pasteur Frédéric VerspeetenTélécharger tout le document

 

2e dimanche de carêmeTextes : Ésaïe 34, v. 1 à 17 Psaume 33Genèse 12, v. 1 à 8 2 Timothée 1, v. 8 à 10 Matthieu 17, v. 1 à 9Pasteur Frédéric VerspeetenTélécharger tout le document

Notes bibliques

Deuxième dimanche Carême 20141ère lecture : La vocation d’Abraham (Gn 12, 1-4a) Psaume : Ps 32, 4-5, 18-19, 20.22 2ème lecture : Dieu nous appelle à connaître sa gloire (2Tm 1, 8b-10) Évangile : La Transfiguration (Mt 17, 1-9) texte de la prédicationQuelques notes en introduction aux lectures du jourGenèse 12,1-4Ce texte occupe une place majeure dans la Bible. Il marque le début de la vocation d’Abraham et le début de l’histoire des patriarches puis du peuple hébreu. Les chapitres précédents du livre de la Genèse (chapitres 1 à 11) traitent de la condition humaine en général et de la violence inhérente à celle-ci. Avec des constats difficiles, le récit du déluge nous dit par exemple que Dieu a dû se résoudre à effacer cette humanité. La terre s’étant repeuplée avec Noé et ses enfants, Dieu entreprend de faire quelque chose de nouveau à partir d’Abraham. Il le choisit pour faire alliance avec lui. Le premier testament va reprendre périodiquement cette notion d’un dieu qui fait alliance avec les hommes.L’alliance avec Abraham, comme l’alliance avec Noé, est inconditionnelle. Dieu s’engage unilatéralement en lui accordant sa bénédiction. Dans le langage biblique, la bénédiction est une parole forte qui produit nécessairement son effet. Elle a un lien avec la fécondité. Lors de la création du monde en six jours, Dieu bénit ses créatures à partir du cinquième jour, à partir du moment où elles sont devenues des êtres vivants. Il bénit d’abord les poissons et les oiseaux, au cinquième jour. Le sixième jour, il bénit les humains, mais curieusement, il ne bénit pas les animaux terrestres. Cette différence de traitement entre les animaux illustre la notion biblique de bénédiction.Dans notre texte, la bénédiction est également liée à la fertilité. Dieu veut faire d’Abraham le père d’une grande nation. Mais la bénédiction n’est pas accordée exclusivement à cette nation au détriment des autres peuples : En toi seront bénies toutes les familles de la terre. L’histoire sainte commence. Son cœur est l’Alliance que Dieu conclut avec Abraham et sa descendance. Son sommet est l’Alliance nouvelle en Jésus Christ.Matthieu 17,1-9Les références bibliques se bousculent dans ce texte : la montagne de Dieu où le Seigneur se révèle à Moïse et à Elie (Ex 24,15-18 ; 1 R 19,8) ; la nuée, signe de la présence de Dieu avec les hommes (Ex, 40,34-35) ; la voix du ciel, comme lors du baptême de Jésus mais qui ajoute : Écoutez-le comme en Dt 18,15 où Moïse annonce au peuple qu’un jour Dieu fera se lever un prophète semblable à lui. Le visage et les vêtements de Jésus brillent d’une lumière céleste, comme brille le visage de Moïse descendant de la montagne du Sinaï après s’être entretenu avec le Seigneur (Ex 34,29). Les tentes évoquent la fête des tentes (Lv 23,33-36) au cours de laquelle les Juifs se remémorent les abris de fortune des Hébreux lors de leur traversée du désert et fêtent l’alliance du Sinaï avec le don de la Loi (les dix commandements).Dans cette vision , les trois apôtres les plus proches de Jésus découvrent la vraie nature du Christ. Mais ils ne peuvent pas encore comprendre ce mystère pleinement. Ils ne le pourront qu’après l’épreuve de la passion, dans la lumière du matin de Pâque.

Prédication

“La transfiguration”Lecture biblique: Matthieu 17, 1-13Il y a dans la Bible des récits surprenants, des récits où Dieu se manifeste de manière inattendue. L’histoire dite de “la transfiguration” en fait partie. Nous avons du mal à imaginer que Jésus marchant avec ses disciples devienne tout à coup étincelant de lumière. Voilà qu’il ne converse plus avec ses disciples, mais qu’il est en train de parler avec Moïse et Elie, au sommet d’une montagne !Déjà le fait de nous présenter Jésus en gloire nous pose problème, parce que nous avons plutôt l’habitude de le voir en croix, ou en butte à des adversaires !Les évangiles synoptiques jusqu’ici nous le présentaient comme un homme voilà que maintenant il est comme pénétré d’une réalité toute autre.Dans la version originale de l’évangile, le mot de «transfiguration » vient du verbe grec “metamorphozein”. Dans ce récit l’on nous dit que Jésus fait plus que changer d’apparence, et qu’il passe par une sorte de métamorphose, de transformation. Pourtant ce récit n’est pas un récit isolé dans la Bible.Pour mieux comprendre cet étrange récit, nous pouvons à revenir à un passage de l’Ancien Testament; un passage qui lui ressemble beaucoup: Celui de la “métamorphose” de Moïse dans le livre de l’Exode (Exode 24, 12-18 – Exode 34, 29-35), lorsque Dieu conclut sa première alliance avec le peuple d’Israël.L’Exode raconte que Moïse s’est fait accompagner par trois hommes pour monter avec lui sur le Sinaï. Un peu plus loin, il mentionne qu’une nuée le couvre (ou une fumée, c’est le même mot), et puis surgit une voix qui parlait à Moïse venant de la nuée.De la même manière, Jésus choisit trois disciples, Pierre, Jacques et Jean, pour monter sur une hauteur. Et eux aussi verront une nuée au milieu de laquelle une voix se fera entendre… Ces similitudes entre les deux récits ne sont pas dues au hasard. Elles nous disent d’emblée: de même que Moïse a reçu de Dieu l’alliance avec Israël, de même, en Jésus, Dieu vient signer une nouvelle alliance avec son peuple. L’on nous dit même que lorsque Moïse redescendit de la montagne Il avait le visage rayonnant de lumière. Le contact direct avec Dieu avait rendu la peau de sa figure éclatante.Dans ces deux récits il s’agit de décrire l’indescriptible et notamment de parler de cette lumière qui irradiait la face de Moïse ou du corps du Christ.Pour les rédacteurs des évangiles et particulièrement pour Matthieu, Jésus devient, lui aussi, rayonnant de lumière. Il y a ici comme une continuité directe avec la Première Alliance. Pourtant, cette fois-ci, Jésus ne va pas redescendre de la montagne avec une loi gravée dans la pierre. Non, il descend avec une parole, une parole que Dieu prononce sur lui: ”Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui que j’ai choisi. Écoutez-le !”.Désormais Jésus nous révèle que la Parole de Dieu ne sera plus inscrite sur des tables de pierre. Sa parole qui deviendra le commandement nouveau. Matthieu s’était d’ailleurs fortement centré sur cela lorsqu’il nous a présenté le sermon sur la montagne ; il y a ici une alliance nouvelle basée sur la vérité de l’être et du cœur et non sur le rite. Jésus ne brandit pas de nouvelles tables de pierre, pas d’objet sacré, mais il va leur donner sa parole, avant de se donner lui-même, d’offrir sa vie. Le matin de pâques ne sera pas ténèbres mais lumière, la lumière de Dieu qui traversera les ténèbres humaines et ouvrira devant eux une espérance sans limite.La nouvelle alliance que Dieu conclut avec les hommes est donc une alliance du cœur! Il y a ici une étape qui est franchie, Dieu croit encore en l’homme il ne lui donne plus des tables de pierre à méditer mais il ose croire que l’’homme peut entendre, comprendre, aimer sa parole et qu’elle peut jaillir de la vie de celui qui se laisse modeler par elle. Désormais le Christ sera absent physiquement après l’ascension mais des hommes et femmes pétris de sa parole seront ses humbles témoins et la parole jaillira de leur cœur…La présence de Moïse et Elie sur cette montagne en train de parler avec Jésus souligne que les témoins de l’ancienne alliance accueillent la nouvelle: Moïse symbolise la Loi, et Elie les prophètes; ils témoignent que toute la foi d’Israël vient s’accomplir maintenant dans la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Pour les auteurs des évangiles, Jésus n’est pas une histoire isolée, mais c’est bel et bien le plan de Dieu qui se poursuit, un plan de salut, d’amour ou le Dieu vivant cherche à être toujours plus près de l’homme.Les disciples, Pierre, Jean et Jacques, sont les témoins privilégiés de cette scène. Ils ont alors bien du mal à comprendre ce qui se passe. Ils le comprendront plus tard ; d’abord ils vivront les moments douloureux de l’arrestation de leur maître, la peur des persécutions, et ensuite ils arriveront progressivement à cette certitude de la foi : Le ressuscité est vivant et sa lumière jaillira du cœur des hommes qui écoutent sa parole. Jésus deviendra alors pour eux le vainqueur de toutes les détresses humaines.Jésus dans ce récit appelle ces trois disciples : Pierre, Jacques, Jean pour être avec eux il les appelle à l’écart, il se retire sur la montagne ; il recherche un temps mis à part, un moment de recul par rapport à ce monde ; en invitant les disciples à le suivre il les convie à faire de même à échapper et à leurs préoccupations quotidiennes. Nous avons nous aussi besoin parfois de nous extraire de ces obligations du quotidien qui nous écrasent, nous préoccupent, nous rendent esclaves d’une vie dont nous finissons par nous demander si elle a véritablement un sens ?On peut dire qu’au travers de cette invitation Jésus nous invite à un temps de retrait pour trouver à nouveau dans nos vies le chemin vers Dieu. Prenons nous le temps ? Un temps, pour nous mettre en retrait, pour tout reconsidérer à la lumière de sa parole. Sommes-nous encore capable et disponibles pour vivre ce temps de retraite spirituelle salutaire, pour chercher la face de Dieu, certains dirons pour rester dans la contemplation ?…Pierre, dont les réactions sont souvent surprenantes et déroutantes, comprend qu’il y a ici quelque chose d’essentiel, une brèche ouverte avec la dimension spirituelleAlors Pierre aimerait prolonger, ce moment hors du temps : “Si tu veux, je vais dresser ici trois tentes…”. Il aimerait faire durer cet instant privilégié en haut de la montagne. Il voudrait rester “là-haut” le plus longtemps possible.Et dans un sens, il a raison: pour lui comme pour nous, il est essentiel de prendre le temps de méditer, au calme; de vivre un ressourcement, et une communion avec Dieu. Sinon, nous perdons le but, la direction et le sens de la mission confiée à chaque disciple. …Mais en plus nous perdons peut être aussi le sens des actes répétitifs et dérisoires du quotidien.Et là Jésus surprend ses disciples, non ils ne vont pas demeurer là, ils ne vont pas s’enfermer dans un univers spirituel parallèle. Jésus incite ses amis à se relever pour descendre de la montagne.Le Christ de la même manière nous invite à nous relever. Le récit de la transfiguration est un récit qui annonce la résurrection ; il indique aux disciples présents bien avant le matin de Pâques que la résurrection a déjà commencé. Il nous invite à entrer dans cette logique de vie dynamique de Dieu. Il invite ses disciples à entrer dès cet instant et à commencer à vivre de cette nouveauté.Déjà ici-bas nous sommes entrés dans ce changement radical, dans cette métamorphose de la résurrection. Dieu nous appelle nous aussi, à vivre notre foi dans le monde au contact des autres, dans la réalité de chaque jour. Et cela en étant porteurs de la Parole qu’il nous a révélée et qu’il a placée devant nous et en nous jusqu’à nous !Cette parole reçue et vécue non seulement dans nos temps de retraites mais aussi dans la vie de tous les jours.Jésus nous invite à chercher, écouter, recevoir pour donner ce que nous aurons nous-mêmes reçu. Nous arrêter, réfléchir, méditer.Puis nous remettre en marche, aller de l’avant pour mieux rejoindre les autres. C’est à cela que nous invite cet étrange récit de la transfiguration. Avancer. Car nous ne sommes pas seuls, Dieu fait route avec nous ; au-delà de nos angoisses il nous dit que nous pouvons marcher sans crainte, en nous appuyant sur notre foi et sur ses promesses.Il nous conduit à reprendre courage, à lever les yeux ; à prendre conscience que la lumière éclatante qui rayonne du ressuscité peut émaner aussi de chacun de nous…De nombreuses œuvres d’art représentent Moïse avec une auréole, cela a été inventé au moyen âge et le but de cette représentation était de faire prendre conscience à tous les chrétiens qu’ils étaient habités d’une lumière vive, reçue d’En-Haut, et qui rayonnait autour d’eux ; la lumière de L’Évangile, la lumière de la vie communiquée par Dieu, la lumière de la vie éternelle. Le personnage ainsi revêtu d’une auréole devenait celui dont on disait : « il a laissé vivre en lui la lumière de Dieu et cela s’est vu dans sa manière d’être, de parler et d’agir ». Ces représentations, ces peintures ne disent –elles pas en images ce que nous sommes appelés à être par la grâce de Dieu. L’intention de Dieu. Son plan d’amour qui nous arrache aux ténèbres et à la mort n’a pas changée.Nous sommes invités à avancer, mais a aussi prendre le temps de nous ressourcer.Nous poser les questions vitales du genre : « qui donc est Dieu pour moi aujourd’hui ? Et comment puis-je rendre compte et vivre de ce que je crois savoir ou avoir compris de lui ? »Le retrait du monde, le nécessaire face à face intime avec Dieu nous ramène au monde ou nous vivons pour que nous soyons des témoins engagés ; que nous soyons capables avec d’autres d’être des porteurs d’espérance dans les lieux de conflits de notre monde.Face à toutes ces choses devant lesquelles nous nous sentons impuissants, avec le sentiment d’errer dans ce monde sans pour autant y déceler la présence de Dieu, jaillit un message, une voix qui nous redit :« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui que j’ai choisi. Écoutez-le !”.Nous sommes conviés à nous mettre à l’écoute de Jésus, à prier, à nous réunir en Église, … mais avant tout et surtout à nous mettre à l’écoute de sa Parole, la lire, la méditer, la transmettre… Tout cela pour qu’elle nous métamorphose à notre tour.Nous serons tantôt en haut, pour nous ressourcer, nous faire du bien; tantôt en bas, pour apporter plus loin la force et le sens qu’il nous a donnés.Écouter Jésus, c’est devenir rayonnants à notre tour, rayonnants de joie et de paix, rayonnants de foi, d’espérance et d’amour. Comme Pierre, Jacques ou Jean, nous sommes appelés à devenir les témoins de l’alliance que Dieu conclut avec ses enfants, en Christ. Et grâce à l’Esprit de Dieu, à la lecture de sa Parole, nous pouvons commencer à être transfigurés, nous pouvons devenir des signes visibles de cette Nouvelle Alliance qui sauve et rend lumineux !Nous sommes invités à aller de l’avant, pour être des témoins de l’Amour du Père.Invités aussi à prendre le temps de la méditation, de l’écoute et de la prière, afin d’être nourris par l’Évangile et pouvoir ainsi apporter un peu de tendresse à notre monde déchiré.Amen