Textes : Ps 84 1 Samuel 1, v. 20 à 281 Jean 3, v. 1 à 24 Luc 2, v. 40 à 52Pasteur Georges Philip-BergeracTélécharger le document au complet

Notes bibliques

Introduction Nous sommes dans les derniers jours de l’année civile, ce temps rituel que l’on nomme communément « les fêtes de fin d’année ». On est allé au temple pour célébrer Noël. Bientôt, ce sera le temps des bons vœux, parfois des bilans et des bonnes résolutions. Or, trois de nos textes ont quelques points communs : ils évoquent des pèlerinages, à l’occasion d’événements plus ou moins importants, au sanctuaire (silo ou le temple de Jérusalem) principal, qui rassemblent les fidèles. Ils mettent en scène l’être humain, dans une des étapes de sa vie, l’enfant, l’adolescent ou l’adulte. Ces textes ont-ils quelque chose à dire à des protestants, entre Noël et le Nouvel an ? Nous avons choisi de mettre le Psaume 84 au centre de la prédication. Notes sur les textes1 Samuel 1, 20-28 Si on lit ou choisit ce texte, il sera nécessaire de raconter brièvement les circonstances extraordinaires de la naissance de Samuel. Comme c’est souvent le cas dans l’Ancien testament, c’est le signe que l’enfant est promis à un destin exceptionnel.v. 20 : Samuel est né. Anne dit : « c’est au Seigneur que je l’ai demandé », à rapprocher du v. 28 : « il est demandé par le Seigneur ».v. 21 : Pèlerinage annuel et rituel du père de Samuel : avec un sacrifice.v.24 : Pèlerinage exceptionnel des parents et de Samuel : avec actions de grâce et offrande non-sacrificielle du petit enfant à Celui qui l’a donné. (On peut mettre ce passage en parallèle avec celui d’Abraham sacrifiant son fils Isaac- Genèse 22).Enfin, on n’aura pas manqué de remarquer que c’est Anne, la femme, l’épouse et la mère qui prend les initiatives et les décisions, et que, d’autre part, le petit Samuel n’est pas considéré comme trop jeune pour être associé à la vie cultuelle.Luc 2, 40-52 Le pèlerinage évoqué a lieu au temple de Jérusalem. Il concerne un adolescent qui participe avec ses parents à un rituel annuel. Rien n’indique que Jésus soit revenu dans ces lieux depuis sa présentation, (ou consécration) au Seigneur (Luc1, 22-23). Douze ans, c’est aussi l’âge de la Bar-Mitsva, où l’enfant accède au statut d’adulte et a le droit de lire la Torah en public, lors des offices. Les versets 40 et 51 qui attestent la sagesse de Jésus et la faveur de Dieu à son égard, encadrent ce court récit que Luc est seul à rapporter. On y voit deux parents, venus retrouver comme chaque année, leurs frères et sœurs dans la foi, perdre leur enfant qui leur échappe.Cette séparation, bien naturelle à l’adolescence, annonce une séparation plus profonde entre une foi qui se traduit par l’observance de la loi et une autre qui est recherche de la volonté du Père et obéissance librement voulue. Cette dernière traduit la condition des vrais enfants de Dieu que Jésus révèle et inaugure, et les relations nouvelles qu’elle instaure. (cf. : Luc 8, 19-21, Luc11, 28, Luc 14, 25-27.Psaume 84v.2 : Un pèlerin arrive à Jérusalem, devant le temple.v.3 : Ce n’est pas un geste rituel ou légaliste, mais l’expression d’un désir profond de tout son être, qui s’est traduit par une marche longue et parfois périlleuse dont il ne revendique aucun mérite, car sa récompense est d’être là : ce sont les jours qu’il va passer dans ces lieux.v.4-5 : Le temple n’est pas, évidemment, le lieu où Dieu est enfermé. Mais il est le signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple et de la Création tout entière. Ainsi, avec toutes les créatures, tous les êtres humains qui savent et comprennent cela sont « Bienheureux » et assument leur véritable vocation : « Célébrer le Seigneur ».v.6 : Cette deuxième béatitude concerne tous les humains. Le pèlerinage au temple n’est pas un acte méritoire. C’est un acte librement et joyeusement décidé et vécu pour affermir la foi et la vie du fidèle.v.7-8 : Ces versets traduisent la détermination du pèlerin qu’aucune épreuve ne fait reculer, mais qui, au contraire, accroît le désir et la joie qui l’entraînentv.9-10 : Une petite pensée pour le Roi, qui est l’Oint du Seigneur, son Messie. Ce Messie lui rappelle qu’il fait partie d’une communauté dont le Roi est la figure Notons ici que le terme de « Roi » est réservé à Dieu et non à son Messie, ce qui pourrait indiquer que ce Psaume est ancien.v.11 : Être au temple, même dans ces parvis, cela veut dire rencontrer réellement le Dieu vivant et rien ne peut égaler l’intensité de ce temps que le pèlerin va vivre.

Prédication

Frères et sœurs, Devant nous, le temps court. Nous sommes à la fin d’une année que nous avons nommée 2009. Elle a connu toutes sortes d’événements : des guerres, des crises, des souffrances de toutes sortes, mais aussi des occasions de reprendre courage et d’espérer. Nous sommes là, devant ce constat et nous ne savons que penser. L’an qui s’ouvre sera-t-il meilleur ? La paix viendra-t-elle ? La justice parviendra-t-elle à trouver sa place ? Quand nous regardons le temps passé, nous trouvons bien peu de raisons d’être optimistes. Soyons raisonnables. Les guerres et les conflits persistent. La faim ne cesse de meurtrir plus d’un milliard d’êtres humains alors qu’il y a des excès ici et ailleurs. La crise financière ne fait que révéler des scandales dans la vie économique de nos sociétés occidentales. Il y a toujours des dictatures et le déni des droits de la personne humaine, de chaque être humain, de chaque enfant de Dieu. Où va-t-on ? Le Psaume 84 que nous avons lu nous parle d’un homme qui fait un pèlerinage. Un pèlerinage, c’est un temps dans notre vie où nous quittons le lieu, la situation où nous sommes habituellement pour aller ailleurs. Ailleurs mais pas n’importe où. Deux questions se posent à nous : – L’histoire a-t-elle un sens ? – Notre vie a-t-elle un sens ? La première question est complexe et n’a peut-être pas de réponse. Les événements de l’histoire vont dans tous les sens. On ne peut certainement pas se réfugier dans l’idée que l’histoire est un progrès. Les faits vont dans tous les sens. Il y a des choses magnifiques qui font espérer et d’autres catastrophiques qui font douter de tout. Que fait Dieu ? Dieu est-t-il seulement là ? L’auteur de notre Psaume 84 regarde les choses autrement. Dieu n’est pas n’importe où. Il est là où on le cherche. Cet homme se rend à Jérusalem, non parce que c’est un lieu sacré mais parce que là, il pourra retrouver avec ses frères, Celui qu’il cherche et désire. Pour lui, l’Histoire, son histoire a un but, retrouver son Seigneur, se retrouver devant lui. Là est le sens de sa vie. Là est son véritable bonheur. Faut-il aller à Jérusalem pour vivre et connaître cela ? Ce n’est bien sûr pas indispensable. Dieu n’est lié ni à un lieu ni même à une circonstance particulière. Il est là où nous sommes. En cette fin d’année et au seuil de l’année qui s’ouvre, Dieu est là. Il est au bout du parcours accompli, et il est bon de chercher à y discerner sa présence. Il est là, au seuil de l’année qui s’ouvre. Son projet, son désir est toujours le même : le bonheur de l’être humain. La question qui se pose à nous est : Comment vivre cela ? En fait, la réponse est simple et évidente. Ce n’est pas un scoop, mais c’est incontournable. Dieu se fait connaître, se manifeste là où on le cherche. Pour le reconnaître, nous n’avons pas besoin du Temple de Jérusalem, ni d’aucun autre lieu. Il est présent dans la personne de Jésus Christ, son fils, mort sur la croix, ressuscité et toujours vivant parmi nous. Cela peut paraître abstrait. Pas pour la foi ! Car la foi n’est pas une simple adhésion à des idées, des valeurs ou des dogmes. Elle est la rencontre avec le Seigneur vivant. Elle est l’accueil dans nos vies, là où nous sommes, là où nous vivons, du Seigneur vivant. Une année nouvelle s’ouvre. Dieu est là au seuil de cette année. Il n’en définit pas les contours, ça c’est notre tâche et notre responsabilité. Mais en toutes circonstances, il est là, bien présent autour de nous. Des choix s’offrent à nous. Des engagements se dessinent. Nous pouvons hésiter, mesurer ce que cela va entraîner. C’est tout à fait normal et humain. J’ajouterai même : sage. Ce qui est sûr, c’est que dans toutes les circonstances de notre vie nous ne sommes pas seuls. Il est avec nous dans nos bons choix comme dans nos errances pour les corriger, si seulement nous voulons nous confier à lui. Alors ! Une année s’achève. Relisons lucidement ce qui s’est passé. Ce qui a été positif et ce qui fut regrettable ou désastreux. Mais une page blanche est là devant nous. Elle s’écrira avec tout ce que nous dirons et ferons. Confiants dans l’aide de l’Esprit Saint, soyons assurés que nos entreprises pourront participer à la réalisation d’un monde moins inhumain, plus juste et plus pacifique : elles annonceront la venue du règne de Dieu où enfin tout sera accompli selon sa volonté. Bonne et heureuse année à tous.