Textes : Ps 25 Jérémie 33, v. 14 à 161 Thessaloniciens 3, v. 12 à 4, v. 2 Luc 21, v. 25 à 36Pasteur Jean-Luc CremerTélécharger le document au complet

1er dimanche de l’Avent

Notes bibliques

Quelques notes et idées. À mon avis, les textes de la Parousie sont toujours difficiles à commenter. Il me semble qu’il ne faut pas tomber dans « le piège » d’imaginer une date ou dire que attention, Jésus revient bientôt, dans l’idée de faire peur aux gens. C’est pour cette raison que j’ai préféré partager sur ce qui nous est demandé aujourd’hui. C’est aujourd’hui qu’il faut relever la tête et nous redresser. Alors nous serons prêts pour le jour où Jésus reviendra en gloire. On peut développer le thème du présent et aussi, ce que signifie ce geste de relever la tête, dans la vie aujourd’hui ; dans l’Église, dans le travail, dans la famille, etc.… mais aussi, dans la prière et la fidélité à Dieu, dans la méditation etc. En même temps le texte nous invite à ne pas fermer les yeux. Regardez le figuier et les signes qu’il nous donne. Donc oui regardons, observons, et travaillons au partage de l’Évangile. Mais il ne faut pas vivre dans le peur ou l’angoisse de ce qu’il peut arriver. Il nous est demandé d’être vigilent. Le verbe voir et mis à l’honneur dans ce texte : v. 25 : Il y aura des signes. Les signes, on les voit. v. 27 : Alors on verra le fils de l’homme… v. 29 : Voyez le figuier. v. 30 : Vous savez de vous-même en, regardantv. 31 : Quand vous verrez ces choses arriver … Comme piste de prédication, on peut partir sur la vue. Est-ce qu’on sait voir ? Qu’est-ce que l’on voit.Pour un culte avec des enfants et/ou des jeunes. On peut imager la prédication avec une personne dont on bande les yeux et qui avance en se laissant guider. Et demander ce que cela fait. Du coup on peut prêcher sur ce que nous voyons dans la vie.Mais comme dans les récits de l’AT Dieu parle à travers les éléments de la nature « les puissances des cieux seront ébranlées. » et du coup on peut avoir peur, mais c’est Dieu le maître des éléments, et nous devons avoir confiance. Les images des différents signes sont souvent utilisées pour la colère de Dieu. Elles sont aussi typiques des textes apocalyptiques.Tout ce qui nous est raconté dans ce texte est conduit par Dieu. C’est Dieu le maître du temps et de l’univers. « Ses paroles ne passeront pas. Sa fidélité sera toujours là quoiqu’il arrive. »

 

 

Prédication

Ce texte, proposé à notre méditation de ce matin, me semble particulièrement bien adapté aux temps que nous vivons aujourd’hui. Nous n’avons jamais été aussi proches du règne de Dieu qu’aujourd’hui, et demain le sera encore plus. Mais dans ce temps de l’attente, que se passe t-il aujourd’hui ? Où en sommes-nous ? Des plus sceptiques aux plus illuminés nous trouvons toutes sortes de théories qui ne restent malgré tout que des idées culpabilisantes qui personnellement me dérangent beaucoup. Pour essayer de se faire une idée de notre place dans le monde aujourd’hui, en lien avec ce texte de Luc, regardons simplement ce que nous dit Jésus. « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et, sur la terre, une angoisse des nations qui sauront que faire au bruit de la mer. » La science aujourd’hui nous permet d’observer et de comprendre pas mal de choses concernant les éclipses lunaires ou solaires, les tremblements de terre, les étoiles filantes et sur le fait que le niveau des océans monte d’année en année. Il se passe donc des évènements sur la planète terre et ailleurs qui bousculent et transforment la vie. Du coup la mort sévit injustement à n’importe qu’elle moment en n’importe qu’elle lieu. Nous savons tous par exemple que l’état de Californie va un jour se détacher du continent américain. Nous savons que des îles dans le pacifique et en mer de chine vont vite disparaître sous l’eau. Tout cela s’explique, mais il n’empêche que nous avons peur quand nous y songeons et sommes terrorisés quand ces évènements catastrophiques arrivent, comme le tsunami en Asie il y a quelques années. Les progrès de la science, qui nous permettent de vivre en temps réel ce qui se vit à l’autre bout du monde, qui analysent les mouvements de la terre et des eaux, alimentent nos connaissances, mais du coup nous angoissent car nous pouvons savoir ce qui va se passer…. Peut être. Et comme le dit Luc, c’est bien la terreur qui habite alors l’humanité. Le ciel qui gronde, la terre qui tremble, nous fait bien sûr penser à la façon dont Dieu parle quelques fois dans la Bible. J’imagine les disciples de Jésus, écoutant ce dernier. Ils sont peut être, même sûrement en chemin. Même si Jésus leur annonce des signes et des évènements catastrophiques, ils sont loin d’imaginer ce qu’il va se passer. Et nous sommes bien souvent dans le même état que les disciples. Notre confort matériel et spirituel, nous empêchent bien souvent d’imaginer que des temps difficiles peuvent nous atteindre. Il faut malheureusement vivre des temps de souffrance, de peur, de cataclysme, pour penser à Dieu et nous tourner vers lui en pensant à son jugement, au bras étendu de sa colère comme le dit Esaïe le prophète. (Es. 5, 25). Comme l’écrit Bonhoeffer : « c’est bien un fait que seule la misère nous réveille et nous pousse à la prière. Je ressens cela chaque fois comme une honte et s’en est une ».(Dietrich Bonhoeffer, Résistance et soumission, Labor et Fides, P 93) Oui, la peur nous saisi et alors nous sommes comme paralysés. Mais le texte de ce matin, s’il parle de notre vie, évoque surtout des évènements qui dépassent l’humain. Luc nous parle d’un jour où « les puissances des cieux seront ébranlées ». C’est-à-dire un temps où la colère de Dieu nous effrayera tellement que nous serons comme anéantis par la frayeur des évènements. Et ce jour là, « le Fils de l’homme viendra entouré d’une nuée dans la plénitude de la puissance et de la gloire ». Cette image que Jésus décrit à ses amis est loin de correspondre à Jésus qui marche en sandale et en tunique de gros draps à côté d’eux. Elle est loin du Jésus tellement humble, tellement doux dont nous désirons temps être l’ami. Ce jour là, il y aura de quoi avoir peur si l’on n’a toujours pas compris qui est vraiment Jésus. Si on n’a toujours pas compris qu’il est venu dans le monde pour nous donner la vie, la vraie vie en mourant à notre place. Ce jour là, oui les hommes auront tous peur ! Alors seront-nous de ceux qui essaient de fuir ? Serons-nous de ceux qui se donneront la mort ? Serons-nous de ceux qui essaieront de se cacher ? Serons-nous de ceux qui se redresseront et relèveront la tête ? Car voyez-vous, ces temps très difficiles, ne sont pas des évènements livrés à eux même. Qui est le maître du temps et des évènements ? C’est comme le dit Karl Barth, « Jésus le maître du temps » (Dogmatique La doctrine de la création Chapitre 47). Oui il a vécu dans son temps comme tout homme, pour vivre en tant qu’homme. Toutefois en vertu de son unité avec Dieu, il vit dans son temps qui est le sien, non seulement avec Dieu, mais pour Dieu. Et élu et appelé par Dieu, il dresse le royaume et accomplit l’alliance de Dieu parmi les hommes. Jésus le maître du temps et non pas nous, les humains ? Voilà bien encore un renversement de ce que nous avons pourtant l’habitude de vivre au quotidien. Oui, spirituellement nous le savons, que le temps appartient à Dieu. Mais nous passons notre vie à vouloir maîtriser le temps, et nous sommes bien souvent en port à faux avec ce que nous vivons et ce que nous proclamons. Mais ce matin, le texte nous redit haut et fort que nous ne sommes pas maître du temps et qu’au moment voulu par Dieu, il faudra bien se rendre à l’évidence. Et ce jour là, serons-nous de ceux qui se redresseront et relèveront la tête ? Je ne peux pas répondre à votre place à cette question. Par contre je l’espère. J’espère que le jour où Jésus reviendra en gloire, il trouvera des hommes et des femmes debout et non pas avachis. Mais chers amis, je crois que seront debout ce jour là, ceux qui dès aujourd’hui se tiennent debout. Et je crois que si nous croyons que Jésus est le maître du temps, nous croyons aussi qu’il a établit les limites de l’être humain, parce qu’il était avant lui et qu’il sera après lui. Le Dieu éternel est l’espérance qui nous permet à nous, hommes et femmes, de vivre dans notre temps. Il ne faut pas être paralysé ou focalisé sur la parousie, c’est-à-dire sur la fin des temps. Il faut la prendre en compte, savoir que ce jour là Jésus reviendra en gloire pour juger le monde, mais ce qui adviendra de nous personnellement, ne doit en aucun cas nous inquiéter. Ceux qui ont peur, c’est ceux qui n’ont pas la conscience très tranquille. Et puis même, cette question du temps à venir ne nous appartient pas. C’est aujourd’hui qu’il faut relever la tête. C’est aujourd’hui que Jésus veut venir dans note vie, notre maison, comme il l’a demandé à Zachée. C’est aujourd’hui, qu’il nous demande de relever la tête, de lutter contre les injustices, les tortures. C’est aujourd’hui qu’il nous veut à son service, pour partager du temps avec les autres. C’est aujourd’hui qu’il nous demande de ne pas juger l’autre. C’est aujourd’hui qu’il nous demande de bouger notre Eglise. C’est aujourd’hui qu’il nous demande de nous impliquer financièrement. C’est aujourd’hui qu’il nous demande de prier. C’est aujourd’hui qu’il nous demande de partager ce qu’il a fait pour nous. Il me revient cette petite phrase que mes parents m’ont très souvent répétée. « Ne remets pas à demain ce que tu peux faire aujourd’hui. » Ils m’interpellaient très souvent par rapport à mon travail scolaire, mais je pense que nous pouvons l’appliquer à l’appel de Dieu pour chacun de nous. Pour nous les chrétiens qu’est-ce qui nous retient ? La crise ? Alors il faut amasser notre argent plutôt que de le partager ? Notre besoin de nous protéger alors il faut qu’on se garde du temps pour nous ? Nos fondamentalismes, qui nous empêchent d’entendre des avis différents ? Notre besoin de sécurité qui nous fait nous replier sur nous même plutôt que de nous ouvrir aux autres ? Dans le fond, qu’est ce qui nous empêche bien souvent de relever nos têtes aujourd’hui et de nous redresser ? D’autres priorités, peut être ? Chacun de nous avons nos réponses. Il faut je le crois, simplement dire merci pour le temps d’aujourd’hui, et oser vibre la confiance avec Dieu. Car vous le savez bien, « le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas ». dit Jésus. Alors où mettons nous notre confiance ? Dans le ciel et la terre ou dans les paroles de Jésus ? Amen.