Textes : Ps 48 Ésaïe 50, v. 4 à 7 Philippiens 2, v. 6 à 11Luc 19, v. 28 à 44 Marc 11, v. 1 à 10Pasteur Jean-Jacques BonnevilleTélécharger le document au complet
Pourquoi fêtons-nous les rameaux ? En quoi est-ce un jour particulier ? y-a-t-il ce jour là et de façon particulière, quelque chose d’essentiel pour notre foi ? Pâques d’accord c’est à partir de cet événement que se fonde notre foi. Noël à la limite, il a bien fallu la naissance de Jésus pour qu’il y ait Pâques, Pentecôte est aussi un moment essentiel pour les chrétiens, pour la vie de l’Église, mais pourquoi les Rameaux et pas un dimanche pour fêter le premier ou le dernier miracle de Jésus, le sermon sur la montagne, ou l’entrée à Jéricho? Ce jour des rameaux, d’acclamation c’est le dimanche de Pâques que nous devrions l’avoir et même chaque dimanche ! Les Rameaux, est-ce seulement pour signifier l’entrée dans ce que, traditionnellement, on appelle la semaine sainte même si on ne parle que des jeudis et vendredi saints, qui ne sont même plus indiqués dans nos calepins ? Ou bien ce jour des rameaux fait-il effectivement partie de cette semaine pascale en l’introduisant, en l’ouvrant? Jour des rameaux, selon la tradition, mais pas selon l’évangile de Luc . Chez Luc pas de foule en délire, juste des disciples qui font une petite manifestation. Selon Luc des manteaux jonchent le sol, mais pas le moindre rameau agité sur le passage du héros. Il ne nous reste presque plus rien des images que nous avons en tête si ce n’est cette entrée quelque peu bruyante dans la ville de Jérusalem. Les branches de palmier, agitées à son passage, on les trouve chez Jean. Chez Mathieu ce sont des branches d’arbres vite coupées et étendues sur le chemin. Seul Marc parle de rameaux étendu sur le sol à son passage. Reprenons notre texte, celui que nous donne Marc à écouter, à méditer. Jésus et ses disciples arrivent aux portes de Jérusalem. Ils ne sont sans doute pas les seuls puisque nous sommes à quelques jours de la Pâque juive, ce temps où l’on se rend en masse pour offrir un sacrifice, au temple. Jésus, comme tous les pèlerins fera d’ailleurs du temple sa première destination, mais pour en chasser les marchands. Il arrive à Jérusalem. Il avait averti ses disciples à trois reprises qu’il y montait pour y mourir. C’est donc en sachant ce qui l’attend qu’il avance vers Jérusalem. Pour comprendre ce qui se passe ce jour-là à Jérusalem, il faut je crois revenir au moment où, dans l’évangile de Marc, Jésus annonce pour la première fois qu’il doit souffrir et mourir avant de ressusciter. Jésus vient de demander à ses disciples : « qui dites-vous que je suis ». Pierre prend le risque de répondre : « tu es le Christ». Christ, c’est la traduction du mot hébreu Messie. Christ et Messie sont des mots équivalents qui désignent celui qui a été oint ou consacré, ce qui signifie que Dieu l’a choisi pour remplir une tâche particulière ou une mission importante. Ce titre de Christ ou de Messie n’a rien de nouveau. Dans l’histoire d’Israël Dieu intervient ainsi par des hommes tels Moïse, David ou Elie pour ne citer que les plus connus. Du temps de Jésus beaucoup attendaient avec espoir et impatience que Dieu envoie un messie afin de restaurer politiquement et religieusement Israël. A travers les textes d’évangile que nous avons parcouru depuis le début de l’année, nous avons vu que Jésus remplit des fonctions identiques à celle de Moïse ou Elie. Comme un nouveau Moïse il vient restaurer et confirmer l’alliance du peuple avec Dieu ; On voit en lui le prophète Elie ressuscité, le messager de Dieu. Toutefois et même si parfois on le nomme Fils de David, rien dans ce qu’il a pu dire ou faire jusqu’alors ne nous permet de penser qu’il est le nouveau David, le roi capable de rassembler et de conduire un peuple mis sous la tutelle romaine. Seule la manifestation de l’entrée à Jérusalem va nous aider à faire ce rapprochement. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il sera mis en croix, l’inscription portée au dessus de la croix mentionnera « celui-ci est le roi des juifs ». C’est peut-être pour cela que Jésus va organiser son entrée à Jérusalem. Il veut entrer dans la ville comme l’Écriture le prévoyait et y être acclamé comme le roi, fût-ce dans le désordre et la confusion des esprits, comme l’est l’espérance de cette ville. Jésus apparaît bien, à travers ce récit, comme celui qui a voulu tout cela, comme celui qui a tout préparé avec soin pour une entrée remarquée dans la cité. Il a pris l’initiative des choses. Étonnante attitude de Jésus, lui toujours si réservé à l’égard des manifestations publiques, lui qui a recommandé sévèrement à ses disciples de ne dire à personne qu’il est le Christ, lui qui souvent s’éloigne de la foule pour prier, le voici qui prend l’initiative d’une manifestation à haut risque, à la veille de la Pâque, au moment ou les aspirations nationalistes ont le plus de chance d’avoir un écho sur l’occupant romain. Pourtant tout est dérisoire dans ce récit. D’abord la monture, un ânon. On est loin de l’entrée royale de David ou Salomon dans leur ville. Pas de char, pas de musiciens, pas de danseur, ni de service d’ordre comme on peut en voir lors du déplacement du président de la République ! ! Qui alors pouvait percevoir les signes de cette royauté nouvelle ? Humilité, fragilité, douceur, telles sont les marques de son pouvoir. La domination par la force, que ce soit celle des armes ou de l’économie n’a pas cours ce matin là à Jérusalem. Lui seul pouvait inventer ce chemin nouveau avec la complicité de ses disciples qui sont là pour l’acclamer. Une toute petite manifestation qui ne passe pourtant pas inaperçue puisque beaucoup de gens s’associent à cette marche dit l’évangile. Pour les disciples le moment est venu d’acclamer Jésus comme le Messie ; une grande joie les a saisi tous. Il leur est donné de vivre une révélation ; cet homme qui les accompagnait depuis tous ces mois, c’est lui le Messie; ils ne se sont pas trompés: le dénouement est proche. Béni soit le règne qui vient. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’ils avaient tout compris et qu’ils avaient bien saisi le sens du ministère de Jésus. Mais Jésus n’est-il justement pas celui qui chemine avec nos ambiguïtés, nos confusions, nos désirs, nos espoirs ? Si Jésus attendait que les humains aient une espérance claire et sûre pour venir vers eux, en quoi serait-il le Sauveur ? Et qui pourrait, aussi aujourd’hui, le louer ? Cette fête traduit bien toutes nos ambiguïtés par rapport à ce que nous attendons de Dieu, et pourtant la joie éclate, Marc nous l’atteste. Elle est forte, et elle peut aussi se transmettre à ceux qui sont autour de nous, comme les disciples le montrent en entraînant avec eux beaucoup de monde. Cette joie est donnée comme un cadeau, au seuil du sombre début de cette semaine pascale. Elle est pleine d’espérance, d’une espérance qui sera réorientée par le jour de Pâques. Aux Rameaux les disciples peuvent donner libre cours, à leur joie, en chantant un passage du psaume 118 : “Béni soit celui qui vient, le roi !” ils ne savent pas encore que la royauté de Jésus ne sera pas celle qu’ils espéraient, mais l’espérance et la joie qui les habitent leur permettront de suivre Jésus jusqu’à devenir les témoins de sa résurrection et du royaume nouveau dont il est venu donner des signes. Je crois que la fête des rameaux veut nous entraîner sur ce même chemin pour qu’à notre tour il nous soit donné au terme de la semaine qui vient de reconnaître en lui le ressuscité. Cantiques AEC 443, NCTC 195, Alléluia 33-33 : « C’est toi Jésus qu’ils ont chanté », Str. 1,3. AEC 777, Alléluia 54-09 : « Quand Jésus entre à Jérusalem », Str. 1, 2, 3. AEC 257, NCTC 256, Alléluia 41-07 : « Jésus, ton nom est le plus beau », Str. 1, 2, 4. CONFESSION DES PÉCHÉS Le jour des rameaux tu as envoyé tes disciples chercher un ânon pour te porter, tu leur as dit si on vous demande pourquoi, vous direz le Seigneur en a besoin . Pour nous, Lorsqu’on nous a dit au sujet de nos biens : « Le Seigneur en a besoin », nous ne les avons pas donnés comme une chose qui t’appartienne, Seigneur. Nous ne t’avons remis que nos fardeaux. Lorsque tu as marché sur le chemin de notre vie, nous n’avons pas abandonné le lourd manteau de nos acquis, de nos certitudes ou de nos avoirs pour qu’il serve à ton avancée. Et lorsque tu t’es approché de nous, nous ne t’avons pas reçu comme notre roi, nous n’avons pas chanté, nous n’avons pas crié de joie, nous avons plutôt fermé les portes de nos vies. Pardonne-nous, reviens vers nous.