Textes : Job 8, v. 1 à 22 Ps 19 Nombres 11, v. 25 à 29 Jacques 5, v. 1 à 6 Marc 9, v. 38 à 48Pasteur François DietzTélécharger le document au complet
Notes et remarques bibliques Nb 11 : Juste avant, le peuple (le texte biblique parle d’un ramassis de gens) au désert regrette la viande… Moïse discute avec Dieu et Dieu promet de la viande jusqu’à ce qu’ils en soient dégoûtés… Moïse se plaint d’exercer seul… Et réclame une aide… 24 – 29 : Le souffle donné par Dieu à Moïse se reporte sur 70 anciens. Gerhard Von Rad, dans sa Théologie de l’Ancien Testament (Labor et Fides) explique qu’il s’agit sans doute d’un texte tardif (sans le dater), lorsqu’Israël se voit confronté à des manifestations « extatiques » (pensons à des transes) de prophètes et que la Tradition jusque-là ignorait : s’agit-il de l’Esprit de Dieu à l’œuvre ou d’autre chose dont il faut se méfier ? En le reliant à Moïse, le judaïsme opère un changement et admet ces nouveaux phénomènes comme venant de Dieu lui-même. Jc 5, 1 –v 6 : Malheur aux riches qui se sont engraissés sur le dos des ouvriers En plusieurs occasions, Jacques (attribuée à Jacques le frère de Jésus, la lettre semble plutôt dater de la fin du 1er siècle et est une lettre envoyée par un membre appartenant aux communautés juives à des communautés qui vivent en diaspora pour les édifier et insister sur la pratique…) s’en prend aux riches en 1, 9 – 11, en 2, 2 – 4 ; 5 – 12 ; 15 – 16v ; en 4, 13 – 17. Mais ici, le ton se durcit. Et cela fait écho sans doute aux béatitudes (Matthieu et Luc) où Jésus s’adresse aux pauvres. Généralement, on relève que Luc parle des pauvres et Matthieu des pauvres « en esprit ». Les exégètes s’accordent à dire que Matthieu a spiritualisé le discours initial qui devait être proche de celui donné dans l’évangile de Luc. La question qu’il faut nous poser est celle-ci : qui sont ces riches ? S’agit-il de riches au sein des communautés chrétiennes ou des riches en général ? Dans les passages cités ci-dessus, Jacques parle des riches au sein des communautés et le premier mouvement serait de voir cela comme un aboutissement des tensions. Mais il semble au contraire, puisque précisément il n’est plus fait mention de riches au sein des communautés, que cette apostrophe concerne les riches en général. L’aveuglement des riches réside dans le détournement qui s’opère…. Les richesses sont vues comme des idoles qui finissent par s’imposer et trompent. Voir comment Jacques grossit à l’extrême des détails et utilise même à dessein des faits non attestés : les vêtements de luxe deviennent de la nourriture pour les vers et l’or et l’argent rouillent ( il faut comprendre que l’on ne voit pas qu’on est rouillé de l’intérieur puisque précisément l’or et l’argent ne rouillent pas en fait). Mc 9, 38 – 48 Je pense qu’il faut distinguer, dans le passage qui nous est proposé, les versets 38 à 41 des suivants… En Mc 9 : 38 – 41, la problématique est que d’autres que les disciples agissent dans le nom de Jésus. On peut voir ce passage de deux façons : soit une question rencontrée du vivant de Jésus (par exemple quelqu’un qui aurait entendu l’enseignement de Jésus sans faire partie du groupe restreint des 12 apôtres) soit une question qui se pose au sein du christianisme naissant. Je penche personnellement pour cette seconde « lecture ». C’est exactement ce qui est arrivé à Paul (mais sans doute à d’autres)…. Et la communauté initiale, regroupée autour de Jacques, le frère de Jésus et de Pierre a eu à se poser ce genre de questions. Peuvent-ils, ces nouveaux convertis, au nom de Jésus, sans avoir été explicitement désignés par lui, annoncer en actes et en paroles l’évangile puisqu’ils ne font pas partie du « troupeau initial »? C’est ni plus ni moins la question de la succession apostolique qui est posée à travers ce passage. Certains répondent qu’il faut établir des « codes », des cadres qui permettent d’organiser la transmission de l’héritage (nous reprenons cette question dans une des pistes possibles de prédication 42 – 48 les causes de chute : faut-il vraiment se couper la main, renoncer à un œil, … ? Connaissez-vous ce poème de Khalil Gibran tiré de Le fou, celui qui a écrit Le prophète (plus connu) : On m’a raconté dans ma jeunesse qu’en une certaine cité les gens vivaient selon les Écritures: « Je vais aller à la recherche de cette ville et donc de la félicité. » Elle était éloignée. J’ai fait des provisions pour mon voyage. Après quarante jours, j’atteignis cette cité et au quarante et unième jour, j’y entrai. Et que vis-je ? Les habitants avaient chacun un seul œil et une seule main. Je fus étonné et je me dis en moi-même: « Comment se fait-il que dans cette sainte ville, on ait un œil et une main? » Je vis alors qu’ils étaient eux aussi étonnés: ils s’émerveillaient grandement parce que j’avais deux mains et deux yeux. Comme ils parlaient entre eux, je les questionnai: « Est-ce réellement là la Cité bénie où chacun vit selon les Écritures? » Ils dirent: « Oui, c’est la cité sainte. – Et quoi, dis-je, que vous est-il arrivé? Où sont votre œil droit et votre main droite? » Ils furent émus. Ils me dirent: « Viens avec nous et tu verras. » Ils me prirent au temple, au centre de la cité. Au temple, je vis un amas de mains et d’yeux desséchés. « Hélas, dis-je, quel conquérant cruel vous a-t-il traité de la sorte? » Un murmure s’éleva parmi eux. Un des plus vieux s’avança et dit: « Nous nous sommes mutilés. Dieu nous a permis de vaincre le démon qui est en nous. » Il me conduisit vers le maître-autel et- tous les présents suivirent. Il me montra une inscription gravée sur le maître -autel et j’y lus: Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi. Car il est préférable pour toi qu’un seul de tes membres périsse, mais que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi. Alors je compris. Je me retournai vers la foule et criai: « N’y a-t-il pas parmi vous un être, homme ou femme, ayant ses deux yeux et ses deux mains? » Ils me répondirent: « Non, pas un, sauf ceux qui sont encore trop jeunes pour lire les Saintes Écritures et pour en comprendre les commandements. » Quand nous sortîmes du temple, je quittai sur-le-champ la Cité bénie parce que je n’étais plus enfant et que j’étais capable de comprendre les Saintes Écritures. K Gibran décrit exactement ce qui ne va pas dans ce récit de Marc si nous le lisons au premier degré. Et sans un travail minutieux, nous risquons de dire des choses que l’évangile de Jésus, ouvert et prompt au pardon ne pourrait accepter. Il me semble qu’un coin du ciel s’éclaircit si on considère à qui Jésus parle, les disciples, et non pas à un public vaste. Ce n’est pas un enseignement général sur les attitudes qui doivent régir l’humanité. (Matthieu ancre lui cela dans le registre de la moralité et de la sexualité (Mt 5, 27ss) alors que) Marc parle simplement de faire tomber les « petits qui croient »…. Autrement dit, Jésus place plus haut que tout non pas, comme on le lit souvent (imprégnés de ce que dit l’évangile de Matthieu), une irréprochabilité mais un précepte : celui de ne pas faire tomber les petits. Qui sont les disciples, comment les caractériser ? Comme des hommes de foi, des hommes qui sont investis de la puissance de la foi, c’est-à-dire d’une confiance absolue que Dieu intervient dans leur vie. Ce n’est pas, encore une fois, dans un registre moral que Jésus s’exprime, mais dans le registre de la foi…. S’il fallait le traduire autrement, il faudrait le rapprocher de ce que dit Jésus dit ailleurs « tenez votre lumière allumée », « vous êtes le sel de la terre », « qui veut sauver la vie la perdra », « ne vous souciez pas du lendemain », …. Pistes de prédication J’en vois au moins 4 :
- La première, évidente, pourrait être sur ce passage de la lettre de Jacques pour tordre le cou une bonne fois pour toutes à cet adage qu’on entend (malheureusement) tout au long d’un ministère : « il ne faut pas mélanger l’évangile à la politique… » Mais attention ! Après avoir fustigé les riches, Jacques va plus loin et nous oblige à regarder ce qui peut-être nous ferait envie (déposséder les riches pour espérer en avoir un peu ou peut-être prendre leur place). Jacques est radical : ce sont les richesses qui pourrissent tout. Un Jacques Ellul qui dénonçait les nouvelles idoles serait ici utile à relire ; on pourrait aussi faire un clin d’œil à Pierre Valdes et aux pauvres de Lyon…
- Nb 11 seul ou Nb 11 en lien avec Mc 9, 38 – 41:
Nb 11 permet et encourage une prédication sur l’Esprit de Dieu, est-il stéréotypé ? Réservé ? Jusqu’où souffle-t-il ? Suscite-t-il des prophètes hors du cadre religieux ? Et Nb 11 est aussi un texte qui invite à parler des demandes adressées à Dieu et des réponses qu’il fait. Je m’explique : Moïse, fatigué, harassé, écœuré par l’attitude du peuple versatile demande à Dieu de le tuer. Mais Dieu ne veut pas la mort de Moïse et trouve le moyen de lui permettre de continuer sa tâche. Nous disons parfois « Toi qui nous comble au-delà de nos prières »…
- Mc 9, 38 – 41 : l’exorciste qui n’appartient pas au groupe : qui est contre nous ? (je choisis celle-ci)
- Mc 9, 42 – 48 : devons-nous subir des mutilations à chaque chute ?
Est-ce bien Jésus qui parle ainsi ? Ou est-ce Matthieu ? Terribles sentences qui, prises au pied de la lettre, conduisent les fidèles, par peur de s’automutiler, à ne plus vivre au grand jour de l’évangile ? Il faut alors rendre l’auditoire attentif au contexte du texte. Ce passage prend place juste après que les disciples se soient querellés pour savoir qui, parmi eux, était le plus grand (Mc 9, 33-37) et c’est à eux, et seulement indirectement aux lecteurs et auditeurs que Jésus s’adresse. Jésus ici parle aux personnes, qui comme les disciples se réclameraient d’une vie de foi, qui proclameraient que Dieu appelle, suscite, aime, propose, etc.… mais qui, dans leur cœur, ou par leurs attitudes, seraient en fait préoccupés de savoir s’ils le font bien, mieux que leur voisin, s’ils ont des chances d’être remarqués, désignés comme le meilleur… Ce sont eux qui risquent de faire chuter ou détourner les petits de l’évangile. Non pas dans un sens moral, non pas parce qu’ils ont mal fait, mais parce que leur foi était, non pas insuffisante comme on le dit ou le pense parfois, mais mal dosée, mal calibrée, centrée ailleurs que sur l’essentiel qui est l’amour de Dieu pour tous. Ces sentence sévères sont donc là pour provoquer une sorte d’électrochoc et non pas à prendre au pied de la lettre. _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ PREDICATION Marc 9, 38 – 48 Frères et sœurs et chers amis, Permettez-moi de commencer, de façon humoristique, à présenter les prédications auxquelles vous avez échappé aujourd’hui. D’abord, j’aurais pu rapprocher les propos de l’épitre de Jacques de ceux de dangereux gauchistes pour tordre le cou, peut-être pas de façon définitive, mais pour un temps au moins, à cette sentence que l’on entend souvent dans les églises : « le pasteur ne doit pas faire de politique» ou de façon plus douce « l’Évangile ne se situe pas sur le même terrain que la politique ». Jacques, pour le dire brièvement, nous appelle au moins à être vigilent à la place que prennent les richesses dans notre vie. Ensuite, j’aurais pu tenter de montrer comment la fin du passage de Marc n’est surtout pas à prendre au pied de la lettre. Et pour montrer l’écart entre l’évangile de Jésus, tout fait d’ouverture et le message de l’Église qui, malheureusement restreint l’audace de l’évangile en érigeant des préceptes, je partage avec vous un conte (bref) de Khalil Gibran, poète iranien (plus connu pour son livre Le prophète… Ce conte est tiré de Le fou : On m’a raconté dans ma jeunesse qu’en une certaine cité les gens vivaient selon les Écritures: « Je vais aller à la recherche de cette ville et donc de la félicité. » Elle était éloignée. J’ai fait des provisions pour mon voyage. Après quarante jours, j’atteignis cette cité et au quarante et unième jour, j’y entrai. Et que vis-je ? Les habitants avaient chacun un seul œil et une seule main. Je fus étonné et je me dis en moi-même: « Comment se fait-il que dans cette sainte ville, on ait un œil et une main? » Je vis alors qu’ils étaient eux aussi étonnés: ils s’émerveillaient grandement parce que j’avais deux mains et deux yeux. Comme ils parlaient entre eux, je les questionnai: « Est-ce réellement là la Cité bénie où chacun vit selon les Écritures? » Ils dirent: « Oui, c’est la cité sainte. – Et quoi, dis-je, que vous est-il arrivé? Où sont votre œil droit et votre main droite? » Ils furent émus. Ils me dirent: « Viens avec nous et tu verras. » Ils me prirent au temple, au centre de la cité. Au temple, je vis un amas de mains et d’yeux desséchés. « Hélas, dis-je, quel conquérant cruel vous a-t-il traité de la sorte? » Un murmure s’éleva parmi eux. Un des plus vieux s’avança et dit: « Nous nous sommes mutilés. Dieu nous a permis de vaincre le démon qui est en nous. » Il me conduisit vers le maître-autel et- tous les présents suivirent. Il me montra une inscription gravée sur le maître -autel et j’y lus: Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi. Car il est préférable pour toi qu’un seul de tes membres périsse, mais que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi. Alors je compris. Je me retournai vers la foule et criai: « N’y a-t-il pas parmi vous un être, homme ou femme, ayant ses deux yeux et ses deux mains? » Ils me répondirent: « Non, pas un, sauf ceux qui sont encore trop jeunes pour lire les Saintes Écritures et pour en comprendre les commandements. » Quand nous sortîmes du temple, je quittai sur-le-champ la Cité bénie parce que je n’étais plus enfant et que j’étais capable de comprendre les Saintes Écritures. C’est donc finalement sur la discussion proposée par les disciples à Jésus sur l’exorciste, étranger au groupe des 12, que je voudrais partager avec vous quelques remarques. Si nous n’avions pas commencé par lire ce passage de l’évangile et que nous avions fait appel à notre mémoire, pour répondre à la question « Jésus aborde la question de qui est pour nous ou contre nous, mais que dit-il ? », il y a fort à parier que nombre d’entre nous auraient plutôt cité l’évangile de Matthieu (Mt 12, 30) : « qui n’est pas avec moi (nous) est contre moi (nous)! » Il y a bien sûr, entre les deux, un écart et qui relate comment nous pouvons envisager le rapport des chrétiens avec ceux qui ne le sont pas, entre ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur… Matthieu décrit le langage de la peur (parce que l’étranger ou plus simplement l’extérieur nous fait peur, nous fermons nos portes à double-tour, nous érigeons des murailles pour nous préserver…), Marc décrit celui de la différence (l’étranger est un autre moi-même, alors pas besoin de tout fermer car je sais que je ne rentrerais chez quelqu’un qu’à son invitation… Nombre de peuples dans le monde vivent selon ce principe… Et il y a peu de temps encore il en était de même chez nous. Mais aujourd’hui la peur domine… Dans notre texte, le guérisseur extérieur au cercle des 12 (apôtres) est, faut-il le rappeler, un guérisseur, quelqu’un qui vient au-secours des possédés. Dans la remarque des disciples, nous voyons poindre le drame de l’Église en construction puis de l’Église-institution. L’Église a d’abord dit « en dehors de l’Église point de salut », mais elle continue à dire « en dehors de la Tradition nous ne pouvons avoir un socle solide… Et n’allons pas croire que cela ne guette que l’Église catholique. A bien des égards, notre Église, fière de ses origines, est parfois protestante avant que d’être chrétienne. Bon nombre de nos concitoyens qui ne connaissent le christianisme qu’à travers ce qu’ils perçoivent des Églises seraient surpris de l’audace du message et de la pratique de Jésus s’ils venaient à les connaître. Mais pour cela, il faudrait que nous cessions d’être sur la défensive et que nous acceptions de penser que d’autres suivent des routes parallèles aux nôtres. Est-on chrétien parce qu’on a reçu le baptême, qu’on fréquente les Églises ou est-on chrétien quand on conforme sa vie au message de l’évangile ? Je vous laisse la réponse, votre réponse… Paul Tillich, un théologien allemand, a déclaré plusieurs fois que les 3 grands prophètes du XX° siècle avaient pour noms Marx, Freud et Nietzsche. On peut les rapprocher de ces remarques de penseurs, qui, à l’extérieur de l’Église, ne reprochent pas aux chrétiens de l’être mais de ne pas l’être assez. Oui bien souvent nous ne croyons même pas à l’évangile, quand Jésus dit qu’avec la foi, la confiance en Lui et en nous, nous dirions aux montagnes de se déplacer et elles se déplaceraient. Oui quand nous sommes appelés, nous différons : j’ai ceci à faire ou à finir… Et d’autres alors, heureusement répondent à cet appel. Ils répondent ainsi mystérieusement à un appel dont ils ne savent pas l’origine. Ce sont eux les exorcistes étrangers qui ne font pas peur à Jésus car ils ne sont pas contre Lui mais avec lui. Tout comme il y a des personnes qui accueillent les disciples parce qu’ils reconnaissent en eux les porteurs du Royaume de Dieu, on retrouve une partie (au moins) de Dieu dans tout ce qui est humainement vrai et bon. Nous connaissons bien cela à travers la place que nous accordons à ce que nous appelons « les œuvres et mouvements » (le diaconat, les mouvements de jeunesse comme le scoutisme, les fondations comme celle de John Bost, …). De manière cyclique, revient ce débat. A certaines d’entre elles, parfois, nous leur rappelons qu’il leur faut avoir une référence explicite à l’évangile, au nom du christ…. Au vu de ce que nous enseigne la théologie chrétienne, sans doute cette remarque trouve un enracinement, mais au nom de ce que Jésus dit ici dans ce passage, nous n’avons pas raison. Matthieu préconise la fermeture, et Marc nous appelle à l’ouverture. Matthieu nous propose la vigilance vis-à-vis du monde extérieur et Marc la confiance en l’humanité. Pour le Jésus de Marc, les chemins qui mènent à Dieu peuvent différer. Dieu peut permettre à cet homme étranger au groupe des 12, il peut être présent en lui dans son action qui expulse les mauvais esprits de la peur et de l’aliénation. Et Jésus reconnaît en lui une certaine présence du Royaume de Dieu qu’il annonçait, présence non dans les mots ou le signe d’appartenance (tout le monde ne porte pas sa croix huguenote autour du cou). Dans ce registre, les frontières s’estompent. L’Église du christ ne se limite pas à celles et ceux, qui s’étant déplacés ce dimanche, sont venus partager la Parole, car il existe des hommes et des femmes, à l’extérieur de nos lieux, fort heureusement qui sont, comme le dit Paul, des étrangers sur la terre parce qu’ils n’ont qu’une seule patrie que le ciel (2 Co 5, 1). Amen !