Textes : Deutéronome 10, v. 1 à 22 Psaume 145 Actes 14, v. 21 à 27 Apocalypse 21, v. 1 à 5 Jean 13, v. 31 à 35Pasteur François DietzTélécharger le document au complet

Notes bibliquesDt 10, 1 – 22Il y a deux parties dans cette séquence.Dt 10, 1 à 11 le don des nouvelles tables de la loi.Et Dt 10, 11 – 22 ce qui est attendu en retour Verset 1En ce temps-là : vers la fin des quarante jours qui séparèrent les deux séjours sur la montagne, et sans doute en réponse à l’intercession de Moïse qui précède.Et tu feras une arche de bois. On pense le plus souvent que cet ordre ne fut pas donné à ce moment même, mais qu’il est identique avec celui de construire l’arche du sanctuaire (Exode 25.10), donné dans le premier séjour sur la montagne.

  1. Verset 5

Ce verset indique par anticipation ce que Moïse fit des tables après qu’il fut descendu. Le récit du séjour sur la montagne reprend au verset 40.Et elles y sont demeurées : jusqu’au moment où Moïse les déposa dans l’arche définitive, et avec celle-ci dans le Tabernacle. Cette arche provisoire fut vraisemblablement placée dans le sanctuaire provisoire dont parle Exode 33.7.

  1. Verset 6

Ce verset est une notice historique. Pour ceux qui sont intéressés par les détails…Des puits des fils de Jaakan. Cette localité, d’après Nombres 33.31 (Bené-Jaakan), était au sud de Moséra ou Moséroth. Notre verset se rapporte à une marche qui se dirigeait non plus du nord au sud, comme celle des Nombres (où les Israélites vont de Moséroth à Bené-Jaakan), mais du sud au nord. En effet, comme nous l’avons vu, revenu d’Etsion-Guéber à Kadès, le peuple se dirigea au nord-est et fit la tentative de gagner Canaan en passant au sud de la mer Morte pour atteindre par là les plaines de Moab, à l’est du Jourdain, et dans cette expédition, échoua, il refit le chemin qu’il avait fait précédemment en sens inverse. La mort d’Aaron eut lieu, d’après Nombres 33.37, précisément à ce moment-là et dans ces localités.Eléazar, son fils… Le maintien du sacerdoce en la personne du fils d’Aaron fut encore une preuve de l’exaucement de la prière de Moïse.

  1. Verset 7

De là ils partirent. Ils revinrent au sud depuis Moséra et gagnèrent les mêmes stations beaucoup plus méridionales de Gudgoda et de Jotbatha (peut-être sur le flanc sud-ouest de l’Azazimat et à l’ouest de l’Araba) par où ils avaient déjà passé en se rendant précédemment à Etsion-Guéber. C’était ici leur dernière marche dans le désert (la quarantième année) avant de passer, près de l’extrémité nord de la mer Rouge, de l’autre côté de l’Araba.

  1. Verset 8

Ceci pourrait être la reprise du discours de Moïse (l’Éternel ton Dieu, verset 9). Il mentionnerait ici la charge confiée aux Lévites comme une nouvelle preuve de l’exaucement qui lui fut accordé à Sinaï en faveur du peuple. Mais il est plus simple d’envisager ces deux versets comme une seconde notice historique insérée dans le même but que la précédente. La reprise du discours n’a lieu qu’au verset 40.Sépara la tribu de Lévi pour… bénir en son nom. Le Deutéronome parle souvent sommairement du sacerdoce en général, comme remis à la tribu de Lévi dans son ensemble, sans distinguer expressément les fonctions des sacrificateurs de celles des Lévites (33.8 et suivants) Ces derniers avaient à porter l’arche (Nombres 4.4,15) et les sacrificateurs à bénir le peuple (6.23-27). Sur la question du sacerdoce en Israël, voir Deutéronome 18.1-7, note, et l’appendice à la fin du livre.

  1. Verset 10

Et moi, je me tins sur la montagne. Moïse, après avoir indiqué par anticipation ce qu’il fit à l’égard des tables (verset 3), reprend le récit de son second séjour sur la montagne.L’Eternel m’exauça encore cette fois : en ce qu’il ne se contenta pas de maintenir sa promesse de ne pas détruire Israël, mais qu’il y ajouta l’ordre réjouissant de quitter le Sinaï pour marcher vers Canaan. Sur quoi le peuple se mit en route pour Kadès.

  1. Verset 12

Exhortation à la crainte et à l’amour de Dieu. Bénédictions et malédictions annoncées.Le sommaire de ce discours, qui est la conclusion tirée de tout ce qui précède depuis le chapitre 5 est celui-ci :Un Dieu qui a tant pardonné à un peuple privé de tout mérite, doit être aimé.Trois sections :

  • 12 et 13, sommaire du discours
  • 10.14 à 11.9, développement de la crainte et de l’amour dus à l’Éternel
  • 11.10-32, promesses et menaces.

Et maintenant : comme conséquence toute naturelle de ce que Dieu a fait pour toi.Qu’est-ce que… sinon… L’Eternel ne demande rien si ce n’est une seule chose, cette crainte qui est le tout de l’homme.En marchant : La vraie crainte se manifeste par la vie.Et en l’aimant : L’obéissance dictée par cette crainte n’est pas servile, elle a quelque chose de filial.Et en servant l’Éternel ton Dieu de tout ton cœur : Elle embrasse toutes les forces du cœur ; le cœur, en hébreu, renferme aussi l’intelligence et la volonté

  1. Verset 14

Les cieux des cieux : les cieux supérieurs qui enserrent le ciel visible.

  1. Verset 15

Seulement : Dieu, le créateur commun des hommes, ne s’est attaché qu’à vos pères, à cause de leur foi.

  1. Verset 16

Que cette préférence vous porte à rendre votre cœur digne de lui en rompant avec tous vos penchants mauvais.

  1. Verset 17

Laissez agir sur vous la grandeur de Dieu, car il ne se laissera aller à votre égard à aucune partiale prédilection, ni gagner par vos offrandes, comme un juge qui se laisse corrompre par des présents.

  1. Verset 18

S’il a une préférence, c’est pour les plus faibles ; il te l’a fait voir en te délivrant de ton état de servitude, imite sa miséricorde en usant de bonté envers les faibles qui demeurent chez toi.Lui donnant … : voulant qu’il participe à ces dons de sa main, aussi bien que toi.

  1. Verset 20

Encore l’idée de la grandeur du Dieu d’Israël, seul digne d’être adoré.Tu jureras : Tu ne prendras à témoin par serment que lui seul : voir à 6.13.En paroles (tu jureras), en actes (tu serviras), en dispositions intimes (tu t’attacheras), l’Israélite se doit tout entier à son Dieu.

  1. Verset 21

Qui est ta louange (Exode 15.11 ; Jérémie 17.14). Israël n’a pas en soi matière à se louer ; tout son mérite consiste en ce que Dieu a daigné le choisir pour son peuple.Ps 145Ce cantique de louange est le dernier des psaumes alphabétiques . Chaque verset du psaume, s’ouvrant par la lettre correspondante de l’alphabet hébreu, vient à son tour et en son rang apporter son hommage à l’Éternel. Une lettre, parmi les vingt-deux que compte l’alphabet hébreu, est omise dans notre psaume, et il ne pouvait en être autrement, si c’est à dessein que le psalmiste a donné à son cantique vingt-et-un (trois fois sept) versets. La lettre absente, le N (nun), aurait sa place entre les versets 13 et 14, à l’une des coupures du psaume.Le nom de David, dans la suscription. nous paraît, s’expliquer, comme pour d’autres psaumes de ce groupe, par la reproduction, dans ce cantique, de paroles d’anciens psaumes. Voir versets 2, 8, 15, 16.On peut intituler comme suit les trois parties principales du psaume :

  • le Roi éternel, versets 1 à 7
  • son règne, versets 8 à 13
  • la manière dont il l’exerce, versets 14 à 21.
  1. Verset 1 1 à 7

Le Roi éternel.Mon Dieu, ô Roi, littéralement : mon Dieu, le Roi, toi qui es le Roi par excellence.

  1. Verset 2

Chaque jour…, à toujours… C’est ici le cri de l’âme humaine subjuguée par la vision de la gloire et de la miséricorde divines. Elle comprend que le rôle de la créature intelligente, au sein de l’univers, est de louer Dieu, de le louer chaque jour de nouveau, et cela éternellement. L’idée même de l’interruption que la mort apportera à cette louange ne l’aborde pas, tant il est vrai qu’une telle interruption est peu conforme à l’ordre véritable des choses.

  1. Verset 3

Grand est l’Éternel… :voir Ps 48.2.

  1. Verset 5

La splendeur de la gloire de ta majesté. Dans son saisissement, le psalmiste accumule les termes destinés à rendre l’impression que fait sur lui la grandeur de l’Éternel.

  1. Verset 6

Tes actes redoutables. Ils le sont par leur grandeur même et par le caractère de jugements qu’ils revêtent parfois.

  1. Verset 7

On répandra, littéralement : On fera jaillir, comme une source bouillonnante. C’est de ce verbe naba (jaillir) qu’est dérivé le mot nabi, prophète.Ta bonté…, ta justice. Ce sont là, au sein de l’infinie grandeur de l’Éternel, comme les deux cimes étincelantes sur lesquelles se fixe le regard du psalmiste. Le terme de justice doit être pris ici, comme en plusieurs autres endroits, dans un sens beaucoup plus large que celui de justice rétributive.

  1. Verset 9

Envers tous. Il est à remarquer combien ce mot tous, accentuant l’universalité de la grâce divine, revient souvent dans ce psaume. .

  1. Verset 10

Toutes tes œuvres te loueront. C’est ici la réponse de la création à la sollicitude dont elle en l’objet de la part de l’Éternel. Au milieu de ce concert universel, le témoignage des fidèles a une importance particulière. Ils ont à faire connaître à tous (verset 12) ce qui les remplit eux-mêmes de joie, pour que, leur cantique de louange devienne celui de tous.

  1. Verset 13

Un règne de tous les siècles… Ce verset se retrouve presque textuellement dans le témoignage que Nébucadnetsar rend au Dieu suprême. Daniel 4.3.

  1. Verset 14

La manière dont l’Éternel exerce sa royauté.L’Eternel soutient ceux qui tombent.

  1. Verset 15

Ce ne sont pas seulement les hommes, mais toutes les créatures, qui s’attendent à lui et vivent de sa bonté. En son temps : à l’heure du besoin. Ce psaume était, dans l’ancienne Eglise, le psaume du repas principal de la journée.

  1. Verset 18

Qui l’invoquent en vérité. Il ne saurait être près de ceux qui l’invoquent d’une manière formaliste, parce que leur cœur reste éloigné de lui.

  1. Verset 19

Il accomplit le souhait de ceux qui le craignent. Ce souhait est lui-même inspiré par la crainte et l’amour qu’ils ont pour l’Éternel.

  1. Verset 24

C’est ici la conclusion et le résumé du psaume.Ma bouche : celle du fidèle (verset 10) ; toute chair : tout ce qui vit de la bonté de l’Éternel (versets 9 et 15).Toute chair bénira à toujours… Si nous n’avions pas la brève parole de la fin du verset 20, on pourrait croire que le psalmiste ignore la présence du mal, aussi bien que celle de la mort. Il se place au point de vue de ce qui doit être et de ce qui sera dans l’éternité, le mal ne pouvant être dans l’histoire de l’univers qu’une sorte de parenthèse, une anomalie désignée à être détruite .Ce psaume figure dans la prière juive de chaque matin : pour le juif croyant, le matin (l’aube du jour neuf) évoque irrésistiblement l’aube du JOUR définitif, celui du monde à venir, celui de la création renouvelée… Si nous allons un peu plus loin dans la spiritualité juive, le Talmud (c’est-à-dire l’enseignement des rabbins des premiers siècles après J.C.), affirme que celui qui récite ce psaume 3 fois par jour, « peut être assuré d’être un fils du monde à venir »On voit immédiatement la résonance qu’il prend alors pour nous, Chrétiens, en ce temps pascal… notre foi, c’est précisément que le Jour du Règne définitif de Dieu est déjà inauguré sous nos yeux par la
Résurrection
du Christ.Ce psaume 145, dans sa résonance nous rappelle que le notre Père que nous récitons comme disciples du christ est tout entier inspiré de ces paumes de la première Alliance.

  1. Jn 13, 31 – 35

Les premières phrases de ce texte sont comme une sorte de variations sur le mot « gloire » : « quand Judas fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant, le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire » : tout ceci nous paraît un peu compliqué, mais en fait, c’est une manière bien juive de parler : elle dit la réciprocité des relations entre le Père et le Fils, ou mieux leur union fondamentale : « Qui m’a vu a vu le Père », c’est aussi une phrase que l’évangile de Jean utilise (14, 8) ; ou encore « Moi et le Père, nous sommes un. » (10, 30) ; ici, dire que « le Fils de l’homme est glorifié, ou que Dieu est glorifié en lui », c’est dire que le Fils est le reflet du Père.Le texte dit que c’est au moment précis où Judas part dans la nuit de la trahison, que Jésus accomplit sa vocation d’être le reflet du Père. Mais Jean ne l’a pas compris tout de suite. Tout indique qu’ au moment de la sortie de Judas et dans les heures qui vont suivre : ils ont d’abord assisté impuissants à la Passion et à la mort du Christ ; ils ont vécu cette succession d’événements comme un moment d’horreur. Et ce n’est qu’ après coup, que Jean (comme les autres évangélistes) a compris que c’était en réalité l’heure de la gloire de Jésus : car c’est là que le Fils révélait jusqu’où va l’amour du Père.Et parce que le Fils trahi, abandonné de tous, persécuté par tous, persiste, lui seul contre tous, à n’être qu’amour, bienveillance, pardon, il révèle au monde jusqu’où va l’amour du Père, c’est-à-dire jusqu’à l’infini, sans limites : et alors, et c’est la deuxième partie de notre texte, ceux qui contemplent cet amour fou de Dieu deviennent capables d’aimer comme lui à leur tour. Car Jésus lie bien les deux choses : il dit « maintenant, je vais révéler au monde jusqu’où va l’amour du Père » et « maintenant je vous donne un commandement nouveau, c’est d’aimer de la même manière ». (Sous-entendu, maintenant vous en serez capables parce que vous puiserez en moi mon propre amour) ;En fait, la nouveauté, ce n’est pas le commandement d’aimer, Jésus ne l’invente pas : le commandement d’amour existe bel et bien dans l’enseignement des rabbins de son temps. Ce qui est nouveau, c’est d’aimer comme lui, mais non pas seulement à sa manière, c’est-à-dire au point d’être prêt à donner sa vie, en refusant toute puissance, toute domination, toute violence ; ce qui est nouveau, c’est encore plus que cela, c’est d’aimer vraiment comme lui, c’est-à-dire en étant complètement guidé par son Esprit.Nous sommes donc invités d’abord à un acte de foi ! Croire que son Esprit d’amour nous habite, que ses ressources d’amour nous habitent : que nous avons désormais des capacités d’amour insoupçonnées, parce que ce sont les siennes… et alors il nous devient possible d’aimer « comme » lui parce que c’est son Esprit qui agit en nous. Ac 14, 21 – 27Verset 21 Luc résume en un mot le séjours apôtres dans cette ville : annoncer l’Evangile ou la bonne nouvelle ; mais là encore ils firent un assez grand nombre de disciples. 14.22 De Derbe, Paul et Barnabas, revenant sur leurs pas, reprennent en sens inverse, à travers l’Asie Mineure, tout le voyage qu’ils avaient fait. Ils n’hésitent pas à retourner dans ces villes de Lystre, d’Iconium et d’Antioche, où ils ont souffert la persécution et où ils retrouveront les mêmes ennemis. Partout ils ont laissé des âmes converties au Sauveur, et dans leur tendre sollicitude pour elles, ils éprouvent le besoin de les affermir au milieu des dangers qui les entourent, afin qu’elles persévèrent dans la foi. Et pour que ces nouveaux disciples ne s’étonnent pas des souffrances qu’endurent les apôtres et auxquelles ils sont exposés eux mêmes, les missionnaires leur enseignent cette grande vérité que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. Verset 23Nous voyons ici l’Eglise se construire et l’importance (pour Paul) de discerner les anciens dans chaque Eglise (après avoir prié et jeûné). Verset 24 description d’un itinéraire nouveau. Est-ce le choix de Paul ou bien a-t-il entendu qu’il lui fallait se rendre dans des lieux nouveaux, Luc ne nous renseigne pas.Verset 27 Et quand ils furent arrivés et qu’ils eurent assemblé l’Eglise, ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux, et comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi.Arrivés à Antioche d’où ils avaient été recommandés à la Grâce de Dieu, (verset 26) leur premier besoin est de convoquer une assemblée de l’Eglise, afin de rendre compte de leur mission. Ce qu’ils ont fait ils l’attribuent à Dieu qui l’a fait avec eux, parce qu’ils ont travaillé dans une communion constante avec lui. Les résultats de leur voyage prouvaient d’une manière éclatante que Dieu avait ouvert aux païens la porte de la foi.Pistes de prédicationJ’en vois au moins 3 :avec Dt, qu’est-ce que Dieu attend de nous ?Nous sommes peut-être, nous les protestants plus en danger que nos frères (sœurs) chrétien(ne)s issu(e)s d’autres Eglises dans notre rapport à l’éthique, à notre compréhension de ce que Dieu attend de nous. Nous professons tellement que Dieu nous aime tels que nous sommes, dans notre situation de pécheurs que la Loi est un moment devenu anodin, presqu’un passage qui ne compte pas dans notre liturgie.Nous pouvons relire ce passage du livre du Deutéronome en nous demandant pourquoi Dieu, après que Moïse eut brisé les premières tables, en redonne de nouvelles, mais pareilles à l’identique. Parce que sa Loi est bonne et il ne s’agit pas de la changer. Même lorsque nous échouons, elle reste le baromètre de santé du peuple de Dieu. Non pas comme quelque chose de contraignant mais, en suivant la piété juive, parce qu’elle est une source de joie pour celui et celle qui la met en pratique. On y retrouve déjà le mot « Amour » à l’endroit de l’étranger…Avec l’ Acte des apôtres, la mission et le discernement des anciensOn peut se demander si dans les pays où le protestantisme est minoritaire, nous n’essayons pas d’annoncer (fièrement) le protestantisme plutôt que le message de l’Evangile. Nous mettons en avant les avancées démocratiques du fonctionnement de notre Eglise, la foi centrée sur les Ecritures plutôt que sur ce que la tradition dit d’elles. Sans voir que si cela a été vrai, cela n’est plus. Les études bibliques sont de moins en moins fréquentées, après le KT, nos jeunes quittent l’Eglise, nos cotisants deviennent moins nombreux. Le petit troupeau de protestants historiques est en train de fondre comme la neige au soleil. Beaucoup s’en inquiètent mais sans s’interroger sur les raisons. Elles sont nombreuses (sécularisation, le zapping du religieux, l’éclatement des familles pour une catéchèse suivie, la foi vécue comme une part de sa vie et non comme la totalité de sa vie, ….). Le passage du livre des Actes ne permet pas de tout résoudre. Mais nous pouvons y puiser deux choses. D ‘abord, ça ne se passe pas toujours bien : juste avant notre passage (au verset 19) Paul est lapidé (rien n’est dit sur Barnabas). La seconde chose, c’est que Paul et Barnabas, avant de quitter les Eglises, jeûnent et prient avant de désigner les anciens qui auront à édifier les communautés naissantes. Une invitation pour nous à nous interroger sur nos façons de discerner les anciens, nos conseillers qui sont en charge, non seulement de la gestion, mais de l’édification de nos Eglises.Avec Jean, l’ amour du christ et de ses disciplesC’est au moment où tout semble perdu que tout devient lumineux. Sommes-nous dans un film de Walt Disney ou de bataille intense (Braveheart, Kingdom of heaven, Titanic, ….) ? Comment pouvons-nous accorder une telle confiance à Dieu ? Faut-il mourir pour être fidèle ? Dans les situations extrêmes, certains n’ont pas reculé et d’autres oui. Jésus ne parlera pas en mal de Pierre et ne lui retirera rien de son amour. Ce n’est donc pas vers cela qu’il faut se tourner mais essayer de comprendre en quoi ce commandement est un commandement nouveau : c’est dans le pari fou que Dieu nous guidera quelles que soient les situations. Comme dans le Notre Père où nous récitons un peu machinalement et maladroitement « ne nous soumets pas à la tentation » nous pouvons dire mais plus de façon affirmative qu’interrogative « ne nous abandonne pas quand vient la tentation »…Pour la prédication, je prends en considération et Jean et le passage des Actes. Le début de la prédication est typique d’une situation (nord de la France de dissémination) où le protestantisme (réformé et même évangélique) est très minoritaire. On veillera, pour celles et ceux qui liraient cette prédication sans trop la changer à tenir compte de cet élément.PrédicationAvoir confiance en DieuBien que nous nous en défendions, nous annonçons souvent plus l’Eglise que l’Evangile. Ce n’est pas un prêtre qui vous dit cela mais un pasteur, fier d’appartenir à une Eglise ouverte et désireuse d’annoncer l’Evangile. Mais il faut être lucide et reconnaître que l’appartenance à une Eglise teinte notre lecture des Ecritures. Quand Luther constate que l’épître de Jacques fait une part belle aux œuvres, il s’emporte et n’aurait pas hésité à enlever cette épître de paille du canon du nouveau testament. Nous ne recevons jamais l’évangile pur, l’eau pure de la source (pour cela il faudrait être un enfant qui rencontre Jésus) mais toujours de l’eau qui se situe entre la source et l’estuaire. Vous naissez dans une famille réformée, ce seront vos parents ou vos grands-parents ou les moniteurs-trices de l’école biblique et le pasteur qui vous présenteront Jésus. Vous naissez dans une famille catholique et la culture sera différente. Et pourtant l’eau qui nous désaltère provient de la même source. La déclaration de foi de notre nouvelle Eglise (Protestante Unie de France) dont nous faisons lecture maintenant à l’ouverture de nos assemblées générales et de nos synodes nous rappelle cela à sa façon. L’axe premier, c’est le christ Jésus à qui rendent témoignage les Ecritures. Et la mission de l’Eglise, c’est de « proclamer l’Evangile de Jésus-Christ, message libérateur et générateur de confiance ». Elle dit où est la source, mais cette source n’est atteignable qu’à un endroit du fleuve. Voilà pourquoi il nous est difficile d’être pleinement satisfait et voilà aussi pourquoi nous reconnaissons avec lucidité la faillibilité de nos Eglises. Pas la peine de fouiller trop loin pour trouver de nombreux exemples où les Eglises chrétiennes, catholique, orthodoxe, protestante se sont fourvoyés, où l’Evangile n’a plus été vécu comme la norme nourrissante. Oui bien souvent c’est le protestantisme quenous annonçons et non l’Evangile.C’est le drame des religions, au moins du christianisme qui surgit d’abord au matin de Pâques, devant un tombeau vide. C’est cette découverte proclamée par des femmes d’abord, pare des hommes ensuite, que malgré la mort de Jésus, rien n’est définitivement perdu, que sa voix, ses gestes, ce qu’il a dit et fait continue d’agir comme s’il était encore vivant. Cette espérance folle qui fait que si ça agit, c’est que c’est vrai. La religion, c’est d’abord l’irruption du sacré dans le cœur des êtres humains et qui rend toute chose possible. Le problème, c’est que cette irruption ne reste irruption que pour peu de temps. Très vite, la religion devient institution, sujette à des luttes de pouvoir plus ou moins calqués sur des luttes de compréhension. Nous voyons cela très vite arriver dans le livre des Actes, la communauté de Jérusalem autour de Jacques (tiens le frère de Jésus entend tenir un rôle?) et Pierre qui ne veut pas laisser beaucoup de place à Paul. Ce sera très vite le temps des « Pères de l’Eglise », les conciles qui visent à éradiquer les hérésies et donc les hérétiques, ce sera le temps des croisades, de la chasse aux sorcières, puis celle des guerres de religion, les compromissions entre foi et politique, l’alliance du sabre et du goupillon, tous mettant aux frontons des armées « Dieu est avec nous, Gott mitt uns, God is on our side, …). Ce passage de Jean est au centre de la prédication de Jésus, non pas un détail obscur mais un point central de l’Evangile. L’amour des ennemis est au centre de la prédication de Jésus. Comment cela est-il possible ? Pour Jésus, me direz-vous, cela est au fond assez simple. Comme protestants (comme chrétiens), nous savons que la grâce de Dieu est offerte à chaque homme, du plus contestable et même condamnable. Dieu n’offre pas son amour de manière conditionnelle, lorsqu’ayant fait le chemin vers lui et confessé nos péchés, il consente à nous accueillir. L’image de Dieu, c’est celle du Père courant à la rencontre du fils perdu sur des chemins de traverse. Alors pourquoi résistons-nous à cette commande de l’amour de l’ennemi ? J’oserais dire parce que nous ne nous y exerçons pas. Qui d’entre-nous pratique le stop ? Qui d’entre-nous, plutôt que de s’imaginer que celui ou celle qui lève le pouce au bord de la route a en tête de nous voler ou de nous détrousser, voit dans cet homme ou cette femme-là une personne qui a besoin de notre aide. Si vous ne vous arrêtez-pas, en effet, il y a peu de chance que vous accédiez un jour au miracle de pouvoir aimer vos ennemis. Mais si vous le faites, si vous vous laissez guider par Dieu, vous ferez alors des rencontres étonnantes, faites de très peu, quelques mots échangés, quelques propos parfois dits du bout des lèvres et parfois des choses fortes comme le chante Brassens dans « l’Auvergnat ». Oui pensez à cette chanson de « l’auvergnat » car elle est digne de l’Evangile. Ainsi, pas à pas, vous apprendrez que l’homme n’est pas appelé à être un loup pour l’homme, un prédateur de sa vie ou de ses richesses et vous serez finalement plus heureux. A qui dit «Impossible pour moi », je réponds « rien n’est impossible pour moi ». A qui dit « utopie que tout cela », je réponds que « le Roytaume n’est pas de ce monde » et qu’il est bien temps que nos yeux s’ouvrent et que nous cessions de nous faire dicter nos comportements par le monde. Et, si au lieu de nous « moquer » plus ou moins gentiment de nos frères catholiques qui, au moment de Pâques, pratiquent le lavement des pieds (c’est juste avant notre texte du jour), nous le vivions, peut-être découvririons-nous qu’il n’y a rien de scandaleux à se sentir inférieur parce que Dieu ne nous abandonne pas et ne nous aime pas moins. Se sentir aimés en étant faibles, peut-être est-ce là la clef de l’Evangile, nous qui le plus souvent nous formons des carapaces doctrinaires des plus solides. C’est peut-être là où nous pêchons quand nous oublions que c’est l’Evangile que nous avons à vivre et à annoncer avant que nos habitudes et nos traditions ecclésiales.Et si nous pensons que cela ne changera rien, alors ne parlons pas du Royaume de Dieu. Les disciples étaient peut-être moins récalcitrants que nous le sommes devenus. Qui n’a entendu et même dit « nous n’arriverons pas à éliminer la misère » et qui n’a pas, lors d’une catastrophe et devant un appel à la solidarité, restreint son geste et cessé de donner, assorti d’une remarque « ça ne servira à rien »… Celui qui dit cela n’entend pas l’Evangile. Quand la foule est auprès de Jésus et qu’il va falloir la nourrir, nous disons avec les disciples « renvoie-les, nous n’avons rien pour les nourrir »… Or, comme les disciples, nous avons toujours qui, un morceau de pain, qui un verre d’eau… Et ne pas croire qu’à la commande de Jésus, il pourvoira au reste, c’est ne pas le prendre au sérieux. Pour être fidèle au christ, il ne s’agit pas de chercher à découvrir la source pure (et si vous avez déjà été à la découverte de la source de tel ou tel autre fleuve, vous trouverez de toute façon plusieurs lieux où l’on nous dit que celle-ci est la VRAIE source…), mais d’aller vers l’estuaire. Et en commençant par les petites choses, peut-être découvrirons-nous que nous sommes capables de plus grandes choses encore.Le Seigneur sera notre secours. Amen !