Textes : Luc 14, v. 7 à 24 Psaume 34 Josué 5, v. 10 à 12 2 Corinthiens 5, v. 17 à 21 Luc 15, v. 1 à 3 & 11 à 32 Pasteur Guy RousseauTélécharger le document au complet

Notes bibliques Ce Psaume 34 a plusieurs caractéristiques : – C’est un psaume alphabétique à savoir : chaque verset commence et respecte l’ordre des lettres de l’alphabet hébreu. Ce qui pour un juif est le gage d’une présentation complète de la foi en Dieu. – Cette louange pose la question de l’accompagnement du juste par notre Seigneur « Pourquoi le juste n’a pas une vie sereine ? » Cette question accompagne et a accompagné presque tous les fidèles, ceci depuis le commencement de la relation entre Dieu et l’homme. – J’ai aussi ajouté quelques réflexions rapides sur le chant à plusieurs voix dans nos assemblées, car il est bon de savoir pourquoi le chant est important. Prédication « Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sera continuellement dans ma bouche. » Non seulement le Psalmiste se lance dans la louange, mais il nous encourage vigoureusement à louer le Seigneur « magnifiez avec moi et exaltons ensemble le Seigneur ». Il donne ensuite un certain nombre de raisons de louer notre Père -«le Seigneur a les yeux fixé sur le Juste. Il l’accompagne tout au long de sa vie. » C’est là une des réflexions bibliques des plus difficiles que pose ici le psalmiste. Beaucoup de croyants y sont confrontés et leur foi vient y buté. Confronté à la réalité ou à la dureté de la vie ceux-ci se posent alors la question : « Pourquoi le juste n’a-t-il pas la vie que le psalmiste prévoie ou annonce ? En effet, de nombreux justes n’ont pas eu la vie que le psalmiste annonçait, alors que souvent l’on enviait celle que menait des « méchants ». La distorsion entre la parole du psalmiste et la dure réalité est peut-être une des raisons pour laquelle, aujourd’hui, beaucoup de croyants ont de la difficulté à louer notre Père. -Nous sommes aussi comme coincés entre les professionnels de la louange qui agitent les mains à tour de bras et à tout propos (!) et nos propres pratiques huguenotes, où la sobriété est de mise !!! D’où notre gêne à louer notre Père quand nous sommes en assemblée, sauf à chanter en chœur ou à participer à la prière que mène le prédicateur. Le psalmiste demande à ses frères de louer le Seigneur. En effet, le jour où il a prié le Seigneur, celui-ci l’a délivré de ses anxiétés, « ainsi, délivré de mes anxiétés, la paix m’a envahi, je suis apaisé, je peux goûter cette paix qui me fuyait. Au lieu de voir mes journées et mes nuits envahies ou pourries par des peurs irraisonnées, je peux à nouveau me reposer, dormir en paix. Je peux reconstituer mes forces qui m’abandonnaient, se délitaient sous le poids de la fatigue que génère le manque de sommeil. Je peux à nouveau concentrer toute mon énergie, ma réflexion, ma prière sur ma vie quotidienne et ma vie sociale. Oui, je peux à nouveau bénir le Seigneur et le louer sans arrière-pensées. » J’ai souvent entendu ce genre de témoignage de délivrance. Le Psalmiste affirme ensuite « tous ceux qui s’adressent au Seigneur ne seront jamais déçus. » Encore une affirmation qui fait problème, dans la société, comme dans nos églises, car nombre de témoignage viennent infirmer celui du psalmiste : « J’ai beau eu chercher, prier, louer le Seigneur, je n’ai jamais eu la moindre réponse de sa part. Silence radio sur toute la ligne. » Les croyants sont confrontés et éprouvent le silence de Dieu. Et tout aussi régulièrement, ils lancent ce « pourquoi m’abandonnes-tu ?» Et ce cri déchire leur vie, leur prière, comme leur recherche du dieu de Jésus-Christ. Mais alors, qu’a-t-elle d’extraordinaire cette louange ? Car face à celle-ci, nous entendons aussi les témoignages de ceux qui chantent les louanges ou les bienfaits de celui ou celle qui les a délivrés de leur mal. Et ceci, avec d’autant plus de force et d’enthousiasme me que leur mal était violent ou tenace. Je laisse cette interrogation sans réponse. Le psalmiste continue et enfonce le clou. « Ceux qui s’adressent au Seigneur ne sont jamais déçus. » Non seulement notre Père entend et sauve, mais il assure le service après vente « il envoie son ange qui campe auprès, autour de ceux qui Le respectent pour les sauver (v.8). » Dans notre relation fidèle avec notre Père, il y a toujours quelque chose de plus à vivre. Plus qu’un appel à louer, à chanter, c’est un appel à expérimenter cette bonté du Seigneur. Ne peuvent en parler droitement que ceux et celles qui en vivent. C’est un catéchisme pour le faible, l’enfant, comme pour celui qui se croit arrivé « Veux-tu être heureux ? Alors, voici le secret du bonheur : fuit le mal et agit bien. » Tout au long de la Bible, nous trouvons ces paroles. Vit ta vie devant Dieu et tu verras… Nous passons ainsi de la louange à la connaissance ou la reconnaissance de ce que Dieu nous demande de vivre avec Lui, sous son regard. Ce que nous nommons en général bien et mal. Or, dans la Bible, le Bien et le Mal ne sont jamais des constructions intellectuelles. C’est toujours très concrètement qu’ils sont vécus devant Dieu et avec le prochain. Toute la vie de Jésus, ses paroles, ses gestes en sont les vivants témoignages. Jésus n’est jamais dans l’abstraction, même quand il parle avec les pharisiens qui étaient de redoutables rhéteurs et théoriciens du droit, du bien et du mal. C’est ce que je trouve d’extraordinaire avec le Dieu de Jésus-Christ. Il ne nous fait jamais de grandes théories sur la vie, sur le comment aider ou non telle ou telle personne ? Doit-elle être accueillie ou non, soignée ou non, expulsée ou non ? Il nous dit ceci « c’est ton prochain ? Et bien, fait ce que tu as à faire. » C’est ce qu’illustre la parabole du Samaritain, nous sommes en plein dedans. C’est aussi ce que Dieu demandait déjà à Jérémie « conduisez-vous et agissez plutôt comme il convient : rendez une vraie justice… (Jer.7/5)» Ces paroles se passent de commentaires Alors pourquoi chanter ou louer le Seigneur ? Le chant de louange, de confession de foi ou de prière a porté la foi des premiers chrétiens tout comme, avant eux, il a porté celle des juifs. Ainsi, par-delà la louange individuelle que nous portons à notre Père, le chant d’assemblée est aussi un bon moyen de dire et de renforcer notre foi. Comment ? Tous ceux qui chantent en chorale vous le diront : en groupe, chanter c’est produire, ressentir, dégager une énergie peu commune. Certes, cette énergie est non quantifiable, mais elle est bien réelle. Voilà une bonne raison de louer notre Père tous ensembles. Cette technique sera reprise par tous les régimes autoritaires, pour ne pas dire totalitaires de la terre. Le chant est de tous les meetings et tous chantent d’un même cœur. Si vous n’êtes pas convaincus, regardez donc les reportages sur les grandes assemblées nazies, le chant qui s’élève porte littéralement les participants !!! Mais ce n’est pas une raison pour abandonner le chant. Les objectifs des régimes politiques et ceux de l’église ne sont pas les mêmes. Au 16°siècle, les réformateurs ont compris qu’en faisant chanter l’assemblée systématiquement à plusieurs voix, cela soudait les fidèles et leur permettait d’exprimer ou de vivre leurs ressentis à travers mélodie et paroles du chant. Ressenti : à savoir tout ce qui est difficile d’exprimer de vive voix en réunion, par excès de timidité ou parce que les mots nous manquent !!! En chantant, tous vibrent des mêmes sensations que provoquent l’harmonie ou les paroles. De plus, le chant de par ses paroles et nuances théologiques éduque l’assemblée des fidèles, presque tout autant que la prédication, qui fait plus appel à l’intellect. C’est pour cela qu’il est bon de participer aux assemblées. Une dernière remarque, le chant d’assemblée à plusieurs voix est aussi une école de la démocratie. Il fait apparaître ceci, et c’est plus subtil qu’on le croit : ce n’est pas celui qui lance le chant qui est le plus important, mais bien l’assemblée. Nous vivons alors la démocratie et non plus la hiérarchique comme dans l’église catholique ou la république jacobine. Nous voici enfin arrivé. Nous sommes partis de 2 interrogations : la louange pourquoi faire ? A quoi ça sert ? Nous sommes arrivé à ce constat : elle est importante non seulement pour fortifier notre foi personnelle mais aussi, pour se sentir en harmonie avec les autres chrétiens avec qui nous partageons les mêmes chants, harmonie, théologie et ecclésiologie, puisque nous vivons dans la même église. Amen