Pentecôte

Notes bibliques

Romains 8.8-17
Un traité sur l’Esprit chez Paul. Peut-être le passage le plus explicite chez lui qui parle du Saint-Esprit. En effet l’Esprit est mentionné douze fois dans les versets qui précèdent notre passage. Il décrit l’Esprit comme la puissance par laquelle les chrétiens puissent vivre leur vie de témoin.
Il nous dit que nous sommes « enfants de Dieu ». Nous ne mesurons pas le choc de ces mots pour un juif au temps de Paul. Dans le Premier Testament le « titre » Fils de Dieu était réservé à quelques-uns, même si les enfants mâles étaient considérés comme « b’nia birith » (enfant de l’alliance), Fils de Dieu désigné les rois.
Ici Paul revendique ce titre pour lui-même – par adoption. Pour lui les chrétiens sont les enfants de Dieu par adoption. Paul était juif et romain, le bibliste William Barclay dans son commentaire du livre de Romains décrit le processus d’un transfert de la « patria protestas » c’est à dire du pouvoir du père biologique vers son père adoptif. L’enfant perd tous ses droits envers son père et gagne les droits chez sa nouvelle famille. Aux yeux de la loi la vie antérieure n’existe plus.
Pour Paul nous sommes adoptés par le Père et nous entrons comme frères et sœurs de son fils Jésus-Christ. Nos liens de famille d’autrefois n’existent plus. Nous héritons des parts égales avec Jésus.

Actes 2.1-11
Le Judaïsme célébrait la Pentecôte bien avant les chrétiens : Le Festival des Semaines était une célébration de la moisson et plus tard était lié au don des Commandements à Moïse.
Pourquoi choisir cette date pour célébrer l’arrivée du Saint-Esprit dans la communauté chrétienne? Ce n’était surement pas la première fois que l’Esprit s’est manifesté parmi les croyants! Pour Jean l’Esprit vient au moment des apparences du Ressuscité et pour Paul nous pouvons imaginé qu’il vient à la résurrection des 500 (1 Cor 15.6).
La différence entre les traditions ne se trouve pas en ce qui se passe, mais plutôt dans l’expérience des témoins de ce qui se passe. Pour Luc la venue de l’Esprit-Saint rend les disciples puissants pour sortir et remplir leur mission.
La citation du livre de Joël dans le texte nous renvoie à la pensée eschatologique juive où le jour du Seigneur était attendent comme un jour de jugement et de malheur, mais le texte grec de la Septante le traduit par « splendid » ou « glorieux ». Luc donc comprend la venue du Seigneur comme un événement joyeux.

Jean 14.15-26
Dans ce long discours de Jésus à la veille de sa mort, la venue de l’Esprit (consolateur ou avocat) est une promesse. Il ne faut pas oublié qu’au moment d’ écrire et de lire ce passage l’auteur et les lecteurs (y compris nous) ont déjà vécu la Pentecôte! Le passage a été composé au moins 60 ans après les événements décrits par Luc dans les Actes des Apôtres. Une promesse qui a été déjà réalisée dans la vie de ces communautés.
La promesse est en deux mouvements: la promesse de la venue de l’Esprit (15-17) et de Jésus (18-24). « Si vous m’aimez… » il est rarement question d’aimer Jésus dans le Nouveau Testament et cette expression répond à une question qui préoccupait les premières communautés: peut-on aimer Jésus alors qu’il est absent et qu’on ne l’a peut-être même pas connu de son vivant? S’agit-il d’un simple attachement spirituel, nostalgique et émotionnel? Ces discours donne la réponse claire – il s’agit « d’observer ces commandements ». En réponse de cet engagement, Jésus promet son propre engagement: Il priera le Père pour que les soient assister par un « autre Paraclet ». Pourquoi un « autre »? Parce que pour Jean, Jésus est le premier paraclet. Il est présenté (1 Jean 2.1-2) comme l’avocat auprès de Dieu. Souvent attribué aux anges dans les récits bibliques ce rôle est ré-interprété non pas comme intercesseur mais successeur. L’Esprit succède à Jésus et assure la communauté de sa présence, « qui restera avec vous pour toujours ».
Jean juxtapose un deuxième motif, « je viens à vous ». L’Esprit ne remplace pas Jésus, comme un substitut qui sera d’une valeur moindre que l’original. L’original sera présent dans l’Esprit tout comme un orphelin adopté jouit des pleins pouvoirs des autres enfants dans sa nouvelle famille.

Prédication

Les flammes d’en haut
La station météo de mon ordinateur contient beaucoup d’information, j’ai la force et la direction du vent, la couverture de nuage dans le ciel, le taux d’humidité, le niveau de précipitions et bien entendu la température.
Le thermomètre nous permet de savoir la température à un moment donné. Sur mon écran la température est affichée en gras et en grand. La température est toujours relevée à l’abri du vent et à l’ombre du soleil. Ceci permet la comparaison entre deux endroits, par exemple nous pouvons savoir s’il fait plus ou moins chaud à Aix-en-Provence qu’à Luneray. Vous allez me dire que nous n’avons pas besoin d’un thermomètre pour savoir cela!
Juste à côté de la température, affichée en petit chiffre, est le « Real Feel », la température ressentie, réelle ou authentique.
Ce matin, la température était de 11°C (écrite en gras et en grand). Le « Real Feel » par contre était de 9°C.
La différence est importante. En hiver les chiffres en gras peuvent afficher 6 °C par exemple tandis que en sortant de ma maison je ressens bien moins et le real feel affiché 0 °C ou même -1°C serait plus proche de la vérité. En été c’est souvent le contraire, sans vent, au soleil on peut « gagner » jusqu’à 10 °C de plus.
Au-delà de savoir en avance s’il faut mettre un ou deux pull-overs, ou sortir seulement en T-shirt, est la question de ma réaction à ces deux informations. Il y a des personnes qui n’ont jamais froid et qui se promènent en petit tenu en hiver, ou encore d’autres qui s’habillent toujours en manteau et bonnet, même en été.
La deuxième question est plus importante – laquelle est la vraie température ? Est-ce que la réalité s’affiche en gras ou en petit ? La réalité, c’est ce que je ressens ou est-ce qui existe en dehors de moi ?
Ces questions nous sont posées ce matin par le texte de Luc dans son deuxième livre. Il décrit ce qui s’est passé ce premier Pentecôte. Jean, dans son Évangile, transmet la promesse de Jésus. Mais les deux, ni Luc ni Jean, ne se contentent pas de seulement décrire, ils nous confrontent avec ce qui est l’essentiel et l’effet de ce qui se passe.

Le « real feel » dans les deux récits
Des flammes descendaient sur les apôtres, et le vent remplissait la maison – il faut comprendre que la maison dans la Bible n’est pas seulement la pièce dans laquelle ils se trouvaient, mais indique aussi le monde entier.
Ce matin, on n’a pas eu besoin de composer le 18 pour appeler les sapeurs-pompiers parce que les flammes ont mis le feu au temple, le vent n’a pas fait éclater les fenêtres. Rien de tout cela ne s’est produit, ce n’est pas ça la réalité (ce qui peut être écrit en gras). Mais qu’en est-il de ce qui est affiché en petit ?
Quel est le real feel, le ressenti vrai chez ces jeunes (ici vous pouvez ajouter les noms de ceux et celles qui ont fait leur confirmation) ce matin? Quel est la réalité de l’Esprit dans leurs vies, aujourd’hui et pour les jours et les années à venir? Seul le temps va nous le dire. Mais nous pouvons prier et espérer avec eux de tout ce qu’ils ont reçu ce matin dans le secret de leurs cœurs resteront avec eux.

Et quel est le real feel, le ressenti vrai, pour nous? Qu’est-ce que nous avons ressenti en étant témoins de leurs engagements ?
Quel est l’effet de l’Esprit pour nous? Cet Esprit
Qui entre dans nos vies là où il veut ?
Qui se niche dans nos cœurs quand, lui, il décide que nous avons besoin de lui ?
Qui renouvelle et redonne espoir là où il sait que nous avons besoin de sa présence ?
Quel est l’effet de la présence de l’Esprit dans ta vie ? Voici la question qui est devant nous en ce jour de la Pentecôte.
La présence de l’Esprit est affichée en gras dans notre monde, par le témoignage de l’Église depuis des siècles, par les actes gratuits de générosité de tous les jours, par le courage retrouvé pour dire, parler et agir, par les paroles qui nous viennent de « je ne sais où », par la force dans une vie qui permet à faire face à l’oppression. Sa présence est affichée, mais qu’est-ce qui est écrit en petit dans ta vie ?
Dans l’Évangile de Jean, Jésus donne sa promesse, par la promesse de l’Esprit les disciples trouvent la force dans leurs jambes pour se lever et pour quitter la pièce dans la maison, afin de suivre Jésus jusqu’au seuil de sa condamnation et de sa mort. Bien entendu nous pouvons leur faire des reproches qu’ils n’étaient pas là à la fin… C’est trop facile, est-ce que nous y serions aussi ?
Pour Luc, le don de l’Esprit a permis aux mêmes disciples de trouver le courage et le dynamisme de sortir d’une pièce où ils s’étaient enfermés pour témoigner sur la place.
La température relevée n’est que le commencement de la réalité, car c’est le real feel qui nous met en marche.
Ce matin nous aussi, nous pouvons rester sur les textes bibliques, nous pouvons ouvrir un débat savant pour SAVOIR exactement ce qui s’est passé ce jour-là. Est-ce qu’il y avait des véritables flammes, si oui comment se fait-il que les têtes des disciples n’étaient pas brûlées ? Comment un vent a pu s’introduire dans une maison où toutes les portes et fenêtres étaient fermées ? Est-ce qu’ils savaient vraiment parler dans toutes les langues différentes, quand nous savons qu’il nous faut un long apprentissage afin d’aligner deux ou trois mots correctement en allemand ? Et c’est vrai, nous pouvons passer du temps sur ces questions. Nous pouvons même les élever comme texte d’orthodoxie pour savoir si oui ou non nous avons la bonne foi chrétienne.
Là, nous restons sur le chiffre affiché en gras. La température qui est relevée à l’abri du vent et à l’ombre du soleil. Le seul chiffre qui a le pouvoir de nous déplacer c’est le « real feel ».

Face à ce petit chiffre qui est uniquement pour toi, ce chiffre personnel que toi seul peux voir, tu es devant la question :
Comment tu vas t’habiller ? Est-ce que tu vas mettre plusieurs pull-overs pour te protéger, un bonnet pour te couvrir, un cache-nez pour passer inaperçu ? Ou encore, est-ce tu restes enfermer à la maison à l’abri du vent et à l’ombre du soleil ?

Ou,
Vas-tu vivre le « real feel » de la présence de l’Esprit dans ta vie ?
Te découvrir afin de témoigner de ce tu as ressenti ?
Sortir pour sentir le vent sur le visage et de suivre sa direction pour ta vie ?
Lever les mains et la tête pour recevoir la lumière d’en haut ?
Vas-tu vivre le ressenti authentique de ce jour dans ta vie, de tous les jours ?
Vas-tu répondre avec un « oui » au ressenti vrai de l’Esprit à l’œuvre en toi ?
Aujourd’hui c’est le dimanche pour attiser les braises de ta foi, pour que la flamme d’en haut réponde à la flamme qui habite ton cœur.