Notes bibliques
Introduction
L’évangile de Jean est presque à part comparé aux trois autres. Son cadre chronologique et géographique diffère assez nettement des synoptiques tout comme ses perspectives théologiques. Les thèmes qui y sont traités le sont en profondeur. Les récits sont longs et laisse place à une importante méditation.
Jésus, l’homme historique, est le « logos », le verbe de Dieu préexistant et incarné (1, 14). Il est l’envoyé de Dieu et il est le chef de son Église.
Les exégètes s’accordent sur les deux grandes parties qui subdivisent l’Évangile de Jean. Il y a en plus un prologue et un épilogue. Le texte qui nous est proposé fait partie de la seconde partie (chap. 13 à 20). A l’intérieur de cette partie, les discours d’adieux prennent une large place et traitent les questions essentielles de la foi.
En effet, dans la nuit qui précède son arrestation, Jésus réunit ses disciples pour un dernier repas. Il sait son heure proche. Son départ est imminent et donc son absence. Il se doit de préparer le temps de son absence. Il sait qu’il sera bien difficile pour ceux qui ont cru en lui de tenir longtemps. Comment croiront-ils en un absent ?
Les discours d’adieux qui regroupent les paroles de Jésus en cette période crucial, visent à montrer la continuité entre Jésus incarné et le Christ qui se révèle dans l’Église. Jésus leur fait part de ce que sera leur condition au moment où il ne sera plus physiquement à leurs côtés. Il veut leur permettre de penser pour mieux vivre la relation qu’ils auront désormais après l’événement de la croix. Le thème hautement important de tout ce 4ème Évangile qui permet ce lien est : l’Amour.
Jésus incarné, Le christ de l’Église, est la révélation même de l’amour de Dieu. Dieu a aimé le monde. Il aime le Christ. Par amour, le Christ donne sa vie pour le salut des hommes. Par amour, Christ est uni au Père. Cette union doit permettre l’union des hommes avec le Fils et entre eux.
Ce qui est en jeu ici dans les discours d’adieux, c’est la vie des chrétiens sans la présence physique du Christ. C’est ce que l’on appelle : le temps de l’Église. Les discours d’adieux ouvrent donc ce temps de l’Église dans le monde.
Le monde dans l’Évangile de Jean tient une place capitale dans son développement. Le monde apparaît comme un adversaire des croyants. Ces derniers subissent sa haine et son hostilité. Les chrétiens y vivent dans l’insécurité et y sont même persécutés.
Les discours d’adieux traitent en profondeur ces réalités. L’objectifs clairement affiché consiste à restructurer la foi de tous les croyants mise à mal par les agressions du monde.
Le Chapitre 17 ou la Prière de Jésus pour ses disciples
Le chapitre 17 dans son ensemble rapporte la prière de Jésus pour ses disciples. Cette prière concerne son ministère auprès de l’humanité. On l’a souvent appelé : prière sacerdotale. Le texte du jour ne concerne que la partie finale de la dite prière. Mais, elle présente l’avantage de récapituler tous les thèmes évoqués plus haut tout en élargissant la prière aux futurs croyants.
Voilà comment ce texte nous ouvre à une dimension hautement spirituelle. Il tourne notre regard sur le ministère de Jésus et sur la personne du Christ. Il nous plonge en même temps dans la réalité du monde avec ses conflits, ses doutes, ses traumatismes, etc. pour nous révéler que c’est au cœur de nos chaos que le message de l’Évangile prend tout son sens.
Jésus prie juste avant qu’il ne soit arrêté. Il dit la communion qui est établie entre le Père et lui. Il veut révéler à ses disciples que c’est en sa personne que Dieu se manifeste. L’union entre son Père et lui est porteur de sens et est la clé de toute l’histoire du Salut. Jésus intercède.
Prière pour l’unité
Jésus place au centre de sa prière l’action de ses disciples. En demandant à son père que l’unité pour les siens soit identique à celle qui existe entre son père et lui. Il s’agit d’une pleine unité de cœur et d’esprit et cette unité découle de la relation en vérité que Jésus a avec son Père. Jésus ne fait rien sans le Père, et le Père voit l’accomplissement de sa Parole dans le Fils. Les disciples sont invités à vivre cette communion totale.
Prière pour la foi
« Que tous soient un … afin que le monde croie que tu m’as envoyé » v. 22 … et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » v.23
Prière de la manifestation de l’amour
Dieu aime le monde comme il aime son Fils. L’amour est le moteur de son action.
Prédication
Actualité du dimanche : C’est le dimanche qui suit la fête de l’Ascension. Jésus est maintenant absent. Comment la foi des disciples peut-elle ou doit elle se structurer avec le Christ qui a disparu de leur vue ?
L’absence peut être tragique. La mort de quelqu’un, qui plus est d’un proche, peut nous ébranler. Son absence peut nous être difficile à assumer. Il est important de ne pas minimiser cet événement très douloureux pour l’Homme qu’un la mort. En même temps, nous sommes bien conscients que l’absence n’est pas signe de vide. L’absence peut être profondément habitée. Il est des absences qui se préparent. Et bien préparée, une absence est bien appréhendée et elle permet de mieux grandir. Comme un parent prépare son enfant à vivre sa vie d’adulte dans l’autonomie, Jésus prépare ses disciples à vivre sans sa présence physique. Il veut susciter en eux la foi qui gardera toute sa pertinence et sa force après son départ. Il constitue pour eux les conditions d’une vie épanouie dans ce monde qui peut leur être hostile.
I. Déjà, les disciples, se rendent bien compte même si cela leur reste comme une énigme : Jésus, en qui ils ont placé toute leur confiance, le Messie, le Fils du Dieu vivant, ne suscite pas toujours aussi autour de lui la sympathie. Quelle expérience cruelle que ce divorce avec le monde qui doit l’accueillir. Les disciples ressentent une grande peine. Quels avantages tirent-ils alors de leur adhésion au Christ, qui plus est va se dérober à leur vue. La situation est bien loin d’être la plus facile.
Dans nos vies, encore aujourd’hui, sommes confrontés à toutes ces contradictions. A quoi cela sert-il de croire quand au nom même de cette foi, nous sommes persécutés. Nous pouvons avoir une pensée pour tous ces chrétiens qui doivent se cacher pour vivre leur foi. Ceux là même qui par un courage parfois difficile d’imaginer, témoignent de leur foi. A quoi cela sert-il de croire quand les drames ne nous épargnent pas ? Quand nos prières restent sans réponse ? Quand notre être se détruit en profondeur ? A quoi cela sert-il de croire quand les injustices demeurent criantes ? Quand l’identité humaine est bafouée ou ébranlée ? Si nous portons de telles questions, assurément, nous sommes au cœur de la réalité de l’Évangile de ce matin.
Comment tenir ? Comment faire face ?
II. Jésus dans sa prière, prend à bras le corps toutes ces problématiques et nous vient en aide. Il prie pour ses disciples. Il prie pour ceux qui ont bénéficié directement de son enseignement. Mais, il prie aussi pour tous ceux qui viendront à lui, grâce à la grande houle de témoins. Il prie pour tous ceux qui croiront en lui dans les générations futures. Il ne doute pas du succès de l’évangélisation que porteront ses disciples. Voilà qui doit certainement nous rassurer presque ! et nous laisser à notre juste place. Nous avons à témoigner de ce qui nous fait vivre et Dieu lui-même prend en charge le reste pour toucher les cœurs des hommes et des femmes qui nous écoutent. Oui, Jésus le dit avec conviction, d’autres le suivront. Nous sommes la certitude du succès de l’évangélisation.
Jésus prie pour chacun d’entre nous afin que tous nous soyons avec lui pour partager sa gloire éternelle auprès du Père. Il prie pour notre unité. L’unité qui dit notre cohésion et qui respecte chacun dans sa singularité. Et c’est l’amour qui permet cela.
III. La prière de Jésus est donc une manière de nous appeler à vivre dans l’amour. Quand on parle de l’amour, bien des compréhensions peuvent se succéder dans nos esprits, mais, Jésus nous invite à vivre de cet Amour qui le lie à son Père. Cet Amour qui établit une telle communion entre eux que celle-ci déborde pour nous prendre tous et nous introduire dans ce vaste système qui nous lie les uns aux autres et chacun étant lié au Christ. Le mouvement peut paraître complexe mais, il est incessant : l’amour va du Père au Fils, du Fils au Père et à ses disciples, des disciples au Fils, et encore, du Fils au Père. C’est dans cet élan, dans ce torrent d’amour que nous sommes invités, bien plus appelés car c’est là notre vocation chrétienne, à vivre et à vivre dans l’unité.
IV. L’unité pour laquelle Jésus prie a deux dimensions : celle qui fonde la relation entre Jésus et Dieu et celle qui se résume dans ce «commandement nouveau» de l’amour réciproque. Cette double dimension de l’unité est un défi posé à tous les hommes et un défi pour le monde. Qui est Jésus ? Est-ce Celui que le Père a envoyé pour le révéler ? Pour nous qui recevons le Christ comme Seigneur et qui le suivons, il nous est donné ce message évangélique, encore aujourd’hui. Ce Message révèle la relation unique de Jésus au Père et la manifestation de Dieu, à travers non seulement les paroles et les œuvres de Jésus mais bien plus, en sa personne pour le Salut de tous. Voilà comment nous présentons au monde le même défi que Jésus lui-même. Jésus a mis le monde au défi de le suivre en proclamant n’être qu’un avec le Père et en révélant la gloire de Dieu. De même, dans la mesure où nous sommes un dans le Père et le Fils, et dans la mesure où Jésus nous a donné la gloire qu’il a reçue du Père, ce défi lancé au monde continue à travers notre vie, nous qui croyons en lui et le suivons.
V. La prière de Jésus est pour nous. Pour nous porter. Pour nous aider à réorienter notre vie dans la direction de l’amour. Dans notre couple, avec nos amis, au travail, dans l’Église, dans nos engagements associatifs, il veut nous aider à inscrire cette réorientation sur notre cœur.
Puissions-nous alors partager sans cesse la gloire que Jésus a en commun avec le Père depuis l’origine. Puissions-nous partager l’amour qui les lie.
Amen